Elle s’appelle Eden Golan – tout
un programme – et risque d’entrer dans l’histoire comme Gaza Hell. Elle a 20
ans et a deux passeports : russe et israélien. Née à Kfar Saba, une ville
israélienne édifiée sur les ruines du village palestinien du même nom, d’un
père letton et d’une mère ukrainienne, elle a passé 13 ans de sa courte vie en
Russie, où elle a commencé une carrière de chanteuse de variété. Elle vient d’être
sélectionnée pour représenter Israël à l’Eurovision 2024, qui aura lieu en mai
prochain à Malmö en Suède. Il y a de fortes chances qu’elle n’y mette jamais
les pieds. Explication.
Ce sont les Islandais qui ont
lancé le mouvement : en décembre dernier, la Société des Auteurs et
Compositeurs (FTT), représentant 440 artistes islandais (l’Islande compte 375 000
habitants) ont lancé un appel à la RÚV, la Radiodiffusion nationale, pour qu’elle
ne participe pas à l’Eurovision tant qu’Israël en ferait partie. Les Finlandais
ont suivi : 1400 artistes ont demandé la même chose à leur chaîne publique.
Les musiciens et artistes norvégiens (350), suédois (1005) et danois (300) ont
lancé des appels similaires dans le courant du mois de janvier, imités par les
Irlandais, dont 15 000 personnes ont signé l’appel.
C’est qu’Israël est considérée
comme faisant partie de l’Europe dans divers domaines : football et autres
sports, musique et autres arts. Il ne manque que le domaine politique : l’UE
n’a jamais examiné la demande faite il une quarantaine d’années par le
charismatique leader radical italien Marco Pannella d’accueillir Israël.
Israël a participé au concours
Eurovision depuis 1973 ; elle en a été l’hôte en 1979, 1999 et 2019 et a
remporté quatre fois la première place, en 1978, 1979, 1998 et 2018.
L’Union européenne de
radio-télévision (UER/EBU), qui organise ce concours, a répondu la même chose à
toutes demandes d’exclusion d’Israël : « L’Eurovision n’est pas un concours
entre gouvernements, mais entre artistes. Il ne fait pas de politique ». C’est
au nom de cet argument qu’elle a exclu la Russie en 2022, quelques jours après
le déclenchement de l’invasion (ou de l’opération militaire spéciale, selon les
goûts) de l’Ukraine. Commentant cette décision, Martin Österdahl, superviseur
exécutif de l’Eurovision, avait déclaré : « Lorsque nous disons que nous
ne sommes pas politiques, ce que nous devrions toujours défendre, ce sont les
valeurs fondamentales et suprêmes de la démocratie ».
Eden Golan a été sélectionnée au
cours d’un événement organisé par la Société publique de radiodiffusion
israélienne (KAN), où elle a chanté “I Don't Want To Miss A Thing” du groupe
Aerosmith, sur une scène remplie de chaises vides représentant les Israéliens
captifs à Gaza, les fameux otages qui sont au centre de la dramaturgie mise en
scène par Israël. KAN a ensuite annoncé que la chanson qu’elle présenterait à
Malmö avait pour titre « October Rain » [Pluie d’Octobre]. La
direction de l’UER a aussitôt fait savoir qu’elle examinerait le texte de la
chanson pour voir s’il avait un contenu politique, auquel cas celle-ci serait
rejetée. Le ministre israélien de la Culture Miki Zohar a aussitôt qualifié
cette annonce de « scandaleuse » et KAN a fait savoir qu’en cas de
rejet, elle ne proposerait pas d’autre texte. De plus, Eden Golan ne participera
pas à la cérémonie d’inauguration de Malmö, pour des « raisons de sécurité »
et parce qu’elle coïncidera avec Yom Hachoa, le Jour de la Shoah.
Il y a donc de fortes
chances qu’Israël se retrouve de fait exclu de ce grand moment de spectacle
marchand qui est un véritable horror show.
Questions : si jamais
Eden Golan était retenue et devait se produire sur la scène de de l’Arena de
Malmö, arborant le ruban jaune de la campagne israélienne « Bring Them
Home », qu’en penseraient les organisateurs de ce concours « apolitique » ?
Et que pensent ces mêmes organisateurs du fait que la chanteuse s’est produite
dans plusieurs grands événements en Russie, dont l’un en Crimée après son
annexion (ou sa libération selon les goûts) par la Russie ? Ne devrait-elle
pas être frappée par les mesures d’exclusion de la Russie de l’Eurovision ?
En attendant, la guerre
des images et des discours sur tous les médias en ligne bat son plein. Et les
valeureux Scandinaves continuent leur combat. Ci-dessous, des photos de deux
actions devant le siège de la NRK, la radio-télévision publique norvégienne à
Marienlyst (Oslo) en janvier. Les activistes ont annoncé qu’ils et elles
feraient des sit-in tous les jours pour exiger de la NRK qu’elle ne diffuse pas
le concours si Israël y participe.
Peu de pays
ont autant besoin d’honneur et de fierté nationaux qu’Israël. Qu’il s’agisse
des Jeux olympiques, de l’Eurovision ou du championnat du monde de backgammon,
chaque victoire israélienne en 16e de finale d’un championnat de
badminton suscite la « fierté nationale ». Chaque médaille au
championnat de taekwondo en Albanie « apporte de l’honneur ». Une
médaille d’or au concours de cerceaux en groupe de gymnastique rythmique le
place sur la carte du monde, le championnat européen de planches de surf RSX
rehausse son statut parmi les nations. Une ex- Israélienne représentant le
Luxembourg à l’Eurovision de cette année ? « La fierté bleue et blanche ».
Des
Palestiniens conduisent une charrette tirée par un âne sur une route de plage
détruite dans la ville de Gaza, lundi 19 février. Photo : Kosay Al
Nemer/Reuters
Il est peu
probable qu’il existe un autre pays dans lequel des réalisations aussi mineures
soient considérées comme aussi importantes. C’est comme si quelqu’un, quelque
part dans le monde, avait une meilleure opinion du Kazakhstan parce que l’un de
ses athlètes a un jour remporté une compétition de patinage artistique. En
Israël, cela est considéré comme un événement national qui mérite un appel du
président.
Ce désir
puéril de reconnaissance pourrait être touchant, voire émouvant - un jeune pays
qui fait son chemin - si Israël n’avait pas renoncé à son honneur sur les
questions importantes. Si l’on fait abstraction de ses succès sportifs et de l’Eurovision,
Israël est un pays sans honneur. Peut-être s’imagine-t-il qu’Eden Golan se
produisant à Malmö couvrira ce qui se passe à Khan Younès. Mais, bien sûr, c’est
un faux espoir.
Il est
difficile de croire qu’un pays si soucieux de son honneur agisse comme s’il ne
se souciait pas de sa position internationale. La guerre dans la bande de Gaza
a abaissé le statut d’Israël à un niveau sans précédent, mais Israël a fermé
les yeux et l’esprit une fois de plus, de manière puérile, en espérant que s’il
ignore la réalité, il pourra ignorer le déshonneur. Il ne fait rien pour
améliorer son statut et sa dignité et retrouver un peu de fierté.
Il est
difficile de penser à d’autres pays dont la conduite les a conduits à La Haye à
deux reprises en l’espace de quelques semaines pour génocide et pour des
délibérations sur ce qui est clairement une occupation illégale. Et Israël ? Il
pense que le crachat sur son visage est de la pluie. Il accuse le juge maudit,
l’antisémitisme, l’hypocrisie et la méchanceté du monde. Il ne veut pas
contester les accusations qui pèsent sur lui. Ce n’est même pas une question d’intérêt.
Toutes les grandes chaînes de télévision du monde ont retransmis les séances du
tribunal de La Haye cette semaine, alors que seul Israël les a ignorées. Ni
intéressant, ni important. Si nous fermons les yeux, ils ne nous verront pas.
Si nous ignorons La Haye, La Haye disparaîtra.
Mais La Haye
vit et respire, et ses procédures auraient dû causer un grand embarras et une
grande honte à Israël. Après que le monde a vu Gaza, a vu et s’est effondré -
il n’y a pas d’être humain qui ne réagisse pas de la sorte - les audiences de
La Haye ont suivi. Incisives, fondées et sérieuses sur l’accusation de
génocide, et plus encore sur l’occupation. Mais Israël n’en tient pas compte.
Israël
envahira Rafah, même si cela signifie que sa position aux yeux du monde se
dégrade davantage. Il ne participera pas aux délibérations de La Haye sur l’occupation.
Cela ne fera que montrer qu’il n’a pas de ligne de défense. Israël a renoncé à
ce qui lui restait de dignité. Il se moque d’être un pays ostracisé,
marginalisé (si le monde entier est contre nous, peu importe notre
comportement) tant que cela ne se traduit pas par des mesures concrètes à son
encontre.
Mais au-delà
du pont aérien d’armes usaméricain, du veto du Conseil de sécurité de l’ONU et
de l’absence de sanctions jusqu’à présent, le pays, tout comme une personne,
dispose d’un atout important : sa bonne réputation. Israël y a renoncé.
Peut-être a-t-il désespéré du monde, peut-être a-t-il découvert qu’il pouvait
se passer de sa bonne réputation. Cela ne fait certainement pas partie des
facteurs qu’il prend en considération avant et après chaque guerre.
Il n’y a
pas si longtemps, ce même monde était amoureux de l’État d’Israël, lorsqu’il
agissait en tant que membre de la famille des nations. Le monde est peut-être
cynique et n’aime que le pouvoir, comme Israël se le dit, mais il y a aussi la
justice, le droit international et les considérations morales, la société
civile et l’opinion publique, et ils sont importants - au moins autant que l’« honorable »
troisième place à l’Eurovision 2023.
Así, el 21 de febrero, dos nuevos
“metecos” entrarán en el Panteón: Missak y Mélinée Manouchian, armenios,
apátridas, comunistas y combatientes de la Resistencia, se unirán a Joséphine
Baker, Simone Veil y otros 80 “grandes hombres” (entre ellos, 8 mujeres) en
este “templo republicano” cuya cúpula está coronada por una cruz cristiana, en
el más puro espíritu del laicismo a la francesa.
Una cruz cuyas apariciones y
desapariciones han seguido los cambios de régimen de los últimos 244 años. La
Convención de 1791 convirtió la iglesia de Sainte-Geneviève , construida antes
de la Revolución, en un “Panteón” inspirado en el Panteón de Roma, para
enterrar a Mirabeau, Voltaire, Rousseau, Descartes y otros. Napoleón I la
transformó en iglesia, Luis Felipe volvió a secularizarla en 1830, antes de que
Napoleón III la convirtiera en lugar de culto cristiano, luego la Comuna de
París aserró los brazos de la cruz, colgando en ella una bandera roja.
El Orden moral instaurado por los versalleses, que masacraron a los comuneros
-uno de los cuales, el periodista Jean-Baptiste Millière, fue fusilado de
rodillas en la escalinata del Panteón-, restauró la cruz, y en 1885 la
República enterró allí a Víctor Hugo con gran pompa y ceremonia. El que había
escrito en 1852 en su panfleto Napoleón el pequeño: “Él [Napoleón III] clavó
un clavo sagrado en el muro del Panteón y colgó de este clavo su golpe de
Estado”.
Y ninguna de las repúblicas que
se han sucedido desde entonces se ha preocupado por la presencia de esta cruz
en lo alto del “Templo”. La cruz tampoco molesta a los francmasones que
convencieron a Macron para que honrara a esos dos terroristas apátridas, Missak
y Mélinée.
Así pues, nuestros dos armenios
serán homenajeados el miércoles en presencia de Madame Le Pen, que acaba de
acoger en las filas de su partido a Fabrice Leggeri, que dimitió de su cargo de
director de la agencia Frontex en 2022 para evitar los inconvenientes de una
investigación sobre sus prácticas ilegales de devolución de solicitantes de
asilo a sus países y se prepara para un cómodo final de su carrera como
eurodiputado.
Si los Manouchian y sus camaradas
polacos, italianos, españoles, húngaros y rumanos hubieran vivido en la Europa
del siglo XXI, probablemente no habrían sido fusilados, sino simplemente internados
en centros de detención y enviados de vuelta en chárteres a los infiernos de
los que habían huido. Si Macron hubiera verdaderamente querido honrar a los metecos
FTP-MOI (Francotiradores y
Partisanos- Mano de Obra Inmigrada) que murieron
por Francia, debería haber incluido en el Panteón a los 23 mártires del 21 de
febrero de 1944, como pedían los firmantes del llamamiento que figura a
continuación. Pero era pedirle demasiado-FG
“Missak Manouchian debería ir al
Panteón con todos sus compañeros”
Mientras que los resistentes
Missak y Mélinée Manouchian entrarán en el Panteón el 21 de febrero de 2024,
sus 22 compañeros del grupo FTP-MOI también merecen este honor, afirma un
colectivo de descendientes de estos mártires e intelectuales, entre ellos
Costa-Gavras, Delphine Horvilleur, Patrick Modiano, Edgar Morin y Annette
Wieviorka, en una tribuna publicada en Le Monde.
Mural del pintor Popof en
homenaje al grupo Manouchian, esquina de la rue du Surmelin y la rue Darcy,
Ménilmontant, París 20 (Foto Marie-José PL)
Señor Presidente de la República,
le escribimos esta carta con la esperanza de evitar una injusticia. El 18 de
junio anunció usted su decisión de que los restos mortales de Missak Manouchian
y su esposa, Mélinée, fueran trasladados al Panteón en febrero de 2024, con
motivo del octogésimo aniversario del martirio del grupo de resistencia contra
la ocupación nazi y sus colaboradores franceses. El 21 de febrero de 1944,
veintidós hombres fueron fusilados en el Mont-Valérien. La única mujer de su
red fue decapitada en Stuttgart el 10 de mayo de 1944.
Retrato de Manouchian en la
prisión de Fresnes, por Christian Guémy alias C215
Nos alegramos de su decisión. Con
ella se pone fin a un largo periodo de olvido y se reconoce la contribución
decisiva de los resistentes internacionalistas a la liberación de Francia y al
restablecimiento de la República. Manouchian y sus compañeros pertenecían a los
Francotiradores y partisanos – Mano de obra emigrada (FTP-MOI), una unidad de
la Resistencia comunista compuesta en su mayoría por extranjeros, refugiados e
inmigrantes. “Veintitrés extranjeros y, sin embargo, nuestros hermanos”,
recordaba Louis Aragon al homenajearlos en su poema “L'Affiche rouge” [El
cartel rojo], en el que evocaba sus nombres “difíciles de pronunciar”.
Plaza Henri-Krasucki, distrito 20 de París
En estos tiempos inciertos, en
los que se ciernen nuevas sombras, en los que amenazan la xenofobia, el
racismo, el antisemitismo y todas las formas de rechazo del otro, del
extranjero y del diferente, este homenaje patriótico y republicano es un
mensaje de fraternidad que recuerda que Francia siempre ha estado hecha del
mundo, de la diversidad de sus pueblos y de la pluralidad de sus culturas
gracias a la contribución de todas sus comunidades de origen extranjero. Es,
sobre todo, un mensaje universal que subraya hasta qué punto los ideales de
igualdad de derechos, sin distinción de nacimiento, credo o apariencia,
proclamados inicialmente por la Declaración de los Derechos Humanos de 1789,
por los que Manouchian y sus compañeros dieron su vida, pueden inspirar al
mundo entero.
Sin olvidar a ninguno
Señor Presidente, es este mensaje
el que se contradice con la decisión de incluir a Missak y Mélinée Manouchian,
y sólo a ellos, en el Panteón. Probablemente ellos mismos no lo habrían
entendido ni deseado. Aislar un solo nombre es romper la fraternidad de su
colectivo militante. Distinguir a una sola comunidad es herir el
internacionalismo que los animaba. Este grupo de resistentes comunistas no
puede reducirse a Manouchian, que ciertamente, fue su jefe militar antes de que
la propaganda alemana lo promocionara como jefe de una banda criminal. Y el
símbolo que justamente representa para nuestros compatriotas de la comunidad
armenia es indisociable de todas las demás nacionalidades y comunidades que
compartieron su lucha y su sacrificio.
Señor Presidente, esperamos
haberle convencido de que Missak Manouchian no puede entrar solo en el Panteón,
aunque le acompañe su esposa. Son los veintitrés, todos juntos, los que
componen la profundidad de esta historia, su historia que se ha convertido en
nuestra historia, la historia de Francia, pasada y presente. Los veintitrés,
sin olvidar ni uno solo: judíos polacos, republicanos españoles, antifascistas
italianos y muchos otros.
Por eso le pedimos que se asegure
de que le acompañen sus veintidós camaradas: el armenio Arpen Manoukian, el
español Celestino Alfonso, los italianos Rino Della Negra, Spartaco Fontanot,
Cesare Luccarni, Antoine Salvadori y Amedeo Usseglio, los franceses Georges
Cloarec, Roger Rouxel y Robert Witchitz, los húngaros Joseph Boczov, Thomas
Elek y Emeric Glasz, los polacos Maurice Füngercwaig, Jonas Geduldig, Léon
Goldberg, Szlama Grzywacz, Stanislas Kubacki, Marcel Rajman, Willy Schapiro y
Wolf Wajsbrot, y la rumana Olga Bancic.
Fueron veintitrés, “veintitrés
que gritaron por Francia al caer”-otra vez Aragón-, veintitrés que hablaron de
nuestra patria común, de su riqueza y de su fuerza. Veintitrés que, en un
momento de reconocimiento nacional, son indisociables.
Firmado por : Juana Alfonso, nieta de Celestino Alfonso; Patrick Boucheron,
historiador, profesor en el Collège de France; Michel Broué, matemático;
Patrick Chamoiseau, escritor; Costa-Gavras, cineasta, Presidente de la
Cinémathèque française; Elise Couzens y Fabienne Meyer, primas hermanas de
Marcel Rajman; Michel, Patrice e Yves Della Negra, sobrinos de Rino Della
Negra; René Dzagoyan, escritor; Jean Estivil, sobrino de Celestino Alfonso;
André Grimaldi, profesor emérito de Medicina; Anouk Grinberg, actriz y artista;
Jean-Claude Grumberg, escritor y director teatral; Yannick Haenel, escritor;
Delphine Horvilleur, rabina y escritora; Serge y Beate Klarsfeld,
historiadores; Mosco Levi Boucault, director de cine; Patrick Modiano,
escritor, Premio Nobel de Literatura; Edgar Morin, sociólogo y filósofo; Edwy
Plenel, periodista; Anne Sinclair, periodista; Thomas Stern, sobrino de Thomas
Elek; Annette Wieviorka, historiadora, directora de investigación en el CNRS;
Ruth Zylberman, escritora y directora.
Todo
parece concatenarse como en una auténtica tragedia griega de modo tal que nada
ni nadie decide por sí y ante sí sus próximos pasos y a la vez, quedan marcadas
las responsabilidades, los prejuicios, los intereses, de cada “actor”.
Pero
lo que tenemos por delante no es griego sino hebreo. El acto político de
enterrar vivos a decenas, centenares, tal vez miles de palestinos explica los
violentos actos desencadenados por milicianos palestinos el 7 de octubre de
2023. Porque la historia no comenzó en la madrugada de ese día.
Emad Hajjaj
El 7
de octubre fue el detonante. Un operativo de resistencia armada pero de amplio
espectro. Que proviene de más de un siglo de resistencia a la penetración
sionista. Pero que, además, tiene un antecedente directo. Un operativo de
resistencia no armada, palestino de 2018 –Marchas por el Retorno−, reclamando
angustiosamente tierra, que tuvo un desenlace desolador. Entonces, inicialmente
ni siquiera con piedras, manifestaciones palestinas absolutamente pacíficas fueron
“contestadas” de una manera tan cruel y
sanguinaria por Israel que las manifestaciones palestinas acabaron con cientos
de muertos, burlona, absolutamente matados, por francotiradores israelíes cómodamente
ubicados en taludes a la vera de los caminos de las manifestantes.
Gaza, 13 de abril de 2018. Photo Mohamed Salem/Reuters
Cuando
los mandos securitarios israelíes percibieron que el blanco de los ijares
humanos generaba “excesivos” muertos, desangrados (porque la asistencia no
llegaba a tiempo o porque tales disparos eran efectivamente mortales, cambiaron
el blanco; de las entrepiernas a los tobillos. Israel podía así generar entre
los despojados palestinos una buena “producción” de lisiados de por vida. Igual
que con su “competencia” futbolística, dedicada a quebrar con balazos las
piernas de futbolistas palestinos, arruinando las actuaciones del combinado de
fútbol palestino en las eliminatorias asiáticas.[1]
Tal
es el estilo del Estado de Israel para lidiar con lo palestino; inconmensurable
desprecio y un cierto regodeo ante el malvivir, mal morir, palestino; en Israel
se opta por matar a niños palestinos hasta por la espalda, con total amparo
legal, por ejemplo.[2]
El 7
de octubre la resistencia armada palestina hizo algo distinto: copó los
cuartelillos o establecimientos policiaco-militares de la Franja de Gaza (FdG),
y a la vez, “cosechó” rehenes, o intentó hacerlo, para posterior intercambio por
prisioneros políticos (o sociales) palestinos, muchos detenidos por años sin ni
siquiera abrirles causas, archivados vivos en depósitos.
No
hay antecedentes de tantos policías o soldados israelíes [3] matados
en enfrentamientos anteriores al de la madrugada del 7 de octubre de 2023: se
estima en centenares.
Ainsi donc, deux nouveaux métèques
vont faire leur entrée au Panthéon ce 21 février : Missak et Mélinée
Manouchian, Arméniens, apatrides, communistes, résistants, vont rejoindre
Joséphine Baker, Simone Veil et 80 autres « grands hommes » (dont 8
femmes) dans ce « temple républicain » dont la coupole est surmontée
par une croix chrétienne, dans le plus pur esprit de la laïcité à la française.
Une croix dont les apparitions et
les disparitions ont suivi les changements de régime depuis 244 ans. La
Convention de 1791 avait fait de l’Église Sainte-Geneviève construite avant la
Révolution ce « Panthéon » inspiré du Panthéon de Rome pour y
enterrer Mirabeau, puis Voltaire, Rousseau, Descartes et autres, Napoléon Ier
en avait refait une église, puis Louis Philippe l’avait de nouveau laïcisé en
1830, avant que Napoléon III en refasse un lieu de culte chrétien, puis la
Commune de Paris avait scié les bras de la croix, y accrochant un
drapeau rouge. L’Ordre moral instauré par Les Versaillais massacreurs des
Communards -l’un d’eux, le journaliste Jean-Baptiste Millière, fut fusillé à
genoux sur les marches du Panthéon - avait restauré la croix et la République y
enterra en grands pompes Victor Hugo en 1885, lui qui avait écrit en 1852 dans
son pamphlet Napoléon le petit : « Il [Napoléon III] a enfoncé un clou sacré
dans le mur du Panthéon et il a accroché à ce clou son coup d'État. »
Et aucune des républiques
qui se sont succédé depuis lors ne s’est souciée de la présence de cette croix
au sommet du « Temple ». Laquelle croix ne gêne pas non plus les
francs-maçons qui ont convaincu Macron d’honorer ces deux terroristes apatrides
que furent Missak et Mélinée.
Nos deux Arméniens seront
donc honorés mercredi en présence de Madame Le Pen [lire ci-dessous], qui vient d’accueillir dans
les rangs de son parti Fabrice Leggeri, qui démissionna de son poste de
directeur de l’agence Frontex en 2022, pour éviter les désagréments d’une
enquête sur ses pratiques illégales de renvois de demandeur d’asile vers leurs
pays et se prépare à une confortable fin de carrière comme député européen.
Si les Manouchian et leurs
camarades polonais, italiens, espagnols, hongrois et roumains avaient vécu dans
l’Europe du XXIème siècle, ils n’auraient sans doute pas été
fusillés, mais seulement mis dans des centres de rétention et réexpédiés en
charters vers les enfers qu’ils avaient fui. Si Macron avait vraiment voulu
honorer les métèques FTP-MOI morts pour la France, ce sont tous les 23 martyrs
du 21 février 1944 qu’il aurait du faire entrer au Panthéon, comme le lui
demandaient les signataires de l’appel ci-dessous. Mais c’était quand même trop
lui demander-FG
« Missak Manouchian doit
entrer au Panthéon avec tous ses camarades »
Si les résistants Missak et Mélinée Manouchian
entreront au Panthéon le 21 février 2024, leurs
22 camarades du groupe FTP-MOI méritent eux aussi cet honneur,
rappelle, dans une tribune au « Monde », un collectif constitué de
descendants de ces martyrs et d’intellectuels, parmi lesquels Costa-Gavras,
Delphine Horvilleur, Patrick Modiano, Edgar Morin ou encore Annette Wieviorka.
Fresque murale du peintre Popof en
hommage au groupe Manouchian, angle rue du Surmelin et rue Darcy, Ménilmontant,
Paris 20e (Photo Marie-José PL)
Monsieur le Président de la République, nous vous
écrivons cette lettre dans l’espoir d’empêcher une injustice. Vous avez annoncé le 18 juin
votre choix de faire entrer au Panthéon les dépouilles de Missak
Manouchian et de son épouse, Mélinée, en février 2024, à l’occasion du
quatre-vingtième anniversaire du martyre du groupe de résistance à
l’occupation nazie et à ses collaborateurs français. Le
21 février 1944, vingt-deux hommes furent fusillés au
Mont-Valérien. La seule femme de leur réseau fut décapitée à Stuttgart, le
10 mai 1944.
Portrait de Manouchian dans la maison d’arrêt de Fresnes,
par Christian Guémy alias C215
Votre décision est une heureuse nouvelle qui nous a
réjouis. Mettant fin à un trop long oubli, elle marque la reconnaissance
de la contribution décisive des résistants internationalistes à la
libération de la France et au rétablissement de la République. Manouchian
et ses camarades appartenaient en effet aux Francs-tireurs et partisans -
Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), une unité de la Résistance
communiste composée en grande part d’étrangers, de réfugiés et
d’immigrés. « Vingt et trois étrangers et nos frères
pourtant », rappelait Louis Aragon en les célébrant dans son
poème « L’Affiche rouge »,où il évoquait leurs noms « difficiles
à prononcer ».
Place Henri-Krasucki, Paris 20e
En nos temps ô combien incertains où de nouvelles
ombres gagnent, où xénophobie, racisme, antisémitisme et toutes les formes
de rejet de l’autre, de l’étranger et du différent menacent, cet
hommage patriotique et républicain est un message de fraternité qui
rappelle que la France a toujours été faite du monde, de la diversité de
son peuple et de la pluralité de ses cultures grâce à l’apport de toutes
ses communautés d’origine étrangère. C’est surtout un message
universel qui souligne combien les idéaux d’égalité des droits, sans
distinction de naissance, de croyance ou d’apparence, initialement
proclamés par la Déclaration des droits de l’homme de 1789, pour lesquels
Manouchian et ses camarades ont donné leurs vies, peuvent soulever le
monde entier.
Sans en oublier un seul
Or, Monsieur le Président, c’est ce message que
contredit le choix de faire entrer au Panthéon Missak et Mélinée
Manouchian, et eux seuls. Eux-mêmes ne l’auraient sans doute ni compris ni
souhaité. Isoler un seul nom, c’est rompre la fraternité de leur collectif
militant. Distinguer une seule communauté, c’est blesser
l’internationalisme qui les animait. Ce groupe de résistants communistes
ne se résume pas à Manouchian qui, certes, en fut le responsable militaire
avant que la propagande allemande ne le promeuve chef d’une bande criminelle.
Et le symbole qu’il représente, à juste titre, pour nos compatriotes de
la communauté arménienne est indissociable de toutes les
autres nationalités et communautés qui ont partagé son combat et son
sacrifice.
Monsieur le Président, nous espérons vous avoir
convaincu que Missak Manouchian ne saurait entrer seul au Panthéon, fût-ce
en compagnie de son épouse. Ce sont les vingt-trois, tous ensemble, qui
font l’épaisseur de cette histoire, la leur devenue la nôtre, celle de la
France, hier comme aujourd’hui. Les vingt-trois, sans en oublier un
seul : juifs polonais, républicains espagnols, antifascistes italiens, et
bien d’autres encore.
Nous vous demandons donc de faire en sorte qu’il soit
accompagné par ses vingt-deux camarades : l’Arménien Armenak
Arpen Manoukian, l’Espagnol Celestino Alfonso, les Italiens Rino
Della Negra, Spartaco Fontanot, Cesare Luccarni, Antoine Salvadori
et Amedeo Usseglio, les Français Georges Cloarec, Roger Rouxel
et Robert Witchitz, les Hongrois Joseph Boczov, Thomas Elek et
Emeric Glasz, les Polonais Maurice Füngercwaig, Jonas Geduldig,
Léon Goldberg, Szlama Grzywacz, Stanislas Kubacki, Marcel Rajman,
Willy Schapiro et Wolf Wajsbrot, et la Roumaine Olga Bancic.
Ils étaient vingt-trois, « vingt et trois qui
criaient la France en s’abattant » – Aragon toujours –, vingt et trois
qui disent notre patrie commune, sa richesse et sa force. Vingt et trois
qui, à l’heure de la reconnaissance nationale, sont indissociables.
Signataires : Juana Alfonso, petite fille
de Celestino Alfonso ; Patrick Boucheron, historien, professeur au
Collège de France ; Michel Broué, mathématicien ; Patrick
Chamoiseau, écrivain ; Costa-Gavras, cinéaste, président de La
Cinémathèque française ; Elise Couzens et Fabienne Meyer, cousines
germaines de Marcel Rajman ; Michel, Patrice et Yves Della Negra, neveux
de Rino Della Negra ; René Dzagoyan, écrivain ; Jean
Estivil, neveu de Celestino Alfonso ; André Grimaldi,
professeur émérite de médecine ; Anouk Grinberg, comédienne et
artiste ; Jean-Claude Grumberg, écrivain et homme de théâtre ;
Yannick Haenel, écrivain ; Delphine Horvilleur, rabbine et
écrivaine ; Serge et Beate Klarsfeld, historiens ; Mosco
Levi Boucault, réalisateur ; Patrick Modiano, écrivain, prix
Nobel de littérature ; Edgar Morin, sociologue et philosophe ;
Edwy Plenel, journaliste ; Anne Sinclair, journaliste ;
Thomas Stern, neveu de Thomas Elek ; Annette Wieviorka,
historienne, directrice de recherche au CNRS ; Ruth Zylberman,
écrivaine et réalisatrice.
***
Hommage à Missak et Mélinée Manouchian : non à la présence du RN au Panthéon
Nous ne souhaitons pas la présence du Rassemblement national à
l'hommage rendu mercredi, au Panthéon. L'histoire et les valeurs de ce
parti sont en contradiction avec le combat des résistants des FTP-MOI,
étrangers, juifs, communistes.
Descendants des membres du « groupe
Manouchian », nous ne souhaitons pas la présence du Rassemblement
national à l'hommage rendu mercredi, au Panthéon.
L'histoire et
les valeurs de ce parti sont en contradiction avec le combat des
résistants des FTP-MOI, étrangers, juifs, communistes.
A l'heure
où le Rassemblement national remet en cause le droit du sol, la présence
des représentants de ce parti serait une insulte à la mémoire de ceux
qui ont versé leur sang sur le sol français.
Nous ne voulons pas
participer à la stratégie de dédiabolisation d'un parti xénophobe et
raciste. Missak Manouchian et ses camarades ne l'auraient pas supporté.
Signataires :
Familles de Celestino Alfonso, Joseph Epstein, Marcel Rajman, Wolf Wajsbrot, Missak Manouchian et Amedeo Usseglio
Le moment est
venu pour les USA et dans leur sillage la communauté internationale, de prendre
une décision : le cycle sans fin de la violence entre Israël et les
Palestiniens va-t-il se poursuivre ou allons-nous tenter d’y mettre un terme ?
Les USA vont-ils continuer à armer Israël et à déplorer ensuite l’usage
excessif de ces armements, ou sont-ils enfin prêts à prendre des mesures
concrètes, pour la première fois de leur histoire, afin de changer la réalité ?
Et surtout, l’attaque israélienne la plus cruelle contre Gaza deviendra-t-elle
la plus inutile de toutes, ou l’occasion qui s’est présentée à sa suite ne
sera-t-elle pas ratée, pour une fois ?
Il ne sert à rien d’en appeler à Israël. Le
gouvernement actuel, et celui qui le remplacera probablement, n’a pas et n’aura
jamais l’intention, le courage ou la capacité de générer un changement. Lorsque
le Premier ministre répond aux propos usaméricains sur la création d’un État
palestinien par des mots indiquant qu’il « s’oppose aux mouvements forcés »
ou qu’ « un accord ne sera conclu que par le biais de négociations»
tout ce que l’on peut faire, c’est rire et pleurer.
Rire, parce qu’au
fil des ans, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a fait tout ce qu’il
pouvait pour faire échouer les négociations ; pleurer, parce que c’est Israël
qui emploie la coercition - la nature de sa politique à l’égard des
Palestiniens est une coercition mise en œuvre dans une grande démarche
unilatérale, violente, agressive et arrogante. Tout à coup, Israël est contre
les actes de coercition ? L’ironie se cache la tête dans la honte.
Il est donc
inutile d’attendre du gouvernement israélien actuel qu’il change de caractère.
Il est tout aussi vain d’attendre d’un gouvernement dirigé par Benny Gantz,
Gadi Eisenkot ou Yair Lapid qu’il le fasse. Aucun d’entre eux ne croit en
l’existence d’un État palestinien dont le statut souverain et les droits
seraient égaux à ceux d’Israël. Tous les trois, ensemble et chacun séparément,
accepteront tout au plus, dans un très bon jour, la création d’un bantoustan
sur une partie du territoire. Une véritable solution ne sera pas trouvée ici.
Il vaut mieux laisser Israël se complaire dans son refus.
Mais le monde ne
peut pas se permettre de laisser passer cette occasion. C’est le monde qui
devra bientôt reconstruire, avec ses fonds, les ruines de la bande de Gaza,
jusqu’à la prochaine démolition par Israël. C’est le monde dont la stabilité
est compromise tant que l’occupation persiste, et qui l’est encore plus chaque
fois qu’Israël se lance dans une nouvelle guerre. C’est le monde qui reconnaît
que l’occupation est néfaste pour lui, mais qui n’a jamais levé le petit doigt
pour y mettre fin. Aujourd’hui, l’occasion de le faire se présente. La
faiblesse et la dépendance d’Israël à la suite de cette guerre doivent être
exploitées, dans l’intérêt d’Israël également.
Assez de mots.
Assez des cycles de négociations futiles organisés par le secrétaire d’État usaméricain
Antony Blinken et des mots durs prononcés par le président Joe Biden. Ils ne
mènent nulle part. Le dernier président sioniste, peut-être le dernier à se
soucier de ce qui se passe dans le monde, doit agir. En guise de prélude, on
pourrait s’inspirer des paroles étonnamment simples et vraies du responsable de
la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, qui a déclaré : « Eh
bien, si vous pensez que trop de gens sont tués, peut-être devriez-vous fournir
moins d’armes [à Israël] ».
Toutefois, la
question n’est pas seulement de mettre fin à la guerre, mais surtout de savoir
ce qui se passera une fois qu’elle sera terminée. Si cela dépendait d’Israël,
sous n’importe quel gouvernement, nous retournerions dans le giron chaleureux
de l’apartheid et nous reviendrions à la vie par le sabre. Le monde ne peut pas
accepter cela plus longtemps et ne peut pas laisser le choix à Israël. Israël a
parlé : c’est Non. Le temps est venu de trouver une solution semblable aux
accords de Dayton. Il s’agit d’un accord forcé et imparfait conclu en
Bosnie-Herzégovine qui a mis fin à l’une des guerres les plus cruelles et qui,
contrairement à toutes les prévisions, a tenu pendant 29 ans. L’accord a été
imposé par la coercition.
Un
État palestinien n’est peut-être plus une solution viable en raison des
centaines de milliers de colons qui ont ruiné les chances d’en créer un. Mais
un monde déterminé à trouver une solution doit proposer un choix clair à Israël
: des sanctions ou la fin de l’occupation ; des territoires ou des armes ; des
colonies ou un soutien international ; un État démocratique ou un État juif ;
l’apartheid ou la fin du sionisme. Lorsque le monde se montrera ferme, en
posant ces options de cette manière, Israël devra prendre une décision. Le
moment est venu de forcer Israël à prendre la décision la plus fatidique de sa
vie.
In 30, 50 oder 100 Jahren, wenn die menschliche Spezies noch da ist, wird sich wohl herausstellen, ob der Autor Recht hatte, als er behauptete, dass die 2020er Jahre die Geburt des Biofaschismus erlebten. In der Zwischenzeit ist dies eine Brandschrift, die den Handpuppen des Kapitals die Maske vom Gesicht reißt. Dringend lesenswert!
In 30, 50 or 100 years' time, if the human species still exists, history will tell whether the author was right in asserting that the 2020s saw the birth of biofascism. In the meantime, here's a scathing pamphlet that rips the masks off capital's puppets. A must-read!
« Le sionisme est un mouvement très jeune ; c'est le plus jeune des mouvements nationaux européens. Cela ne l'empêche pas de prétendre, bien plus que tous les autres nationalismes, qu'il tire sa substance d'un passé extrêmement lointain. Tandis que le sionisme est en fait le produit de la dernière phase du capitalisme, du capitalisme commençant à pourrir, il prétend tirer son origine d'un passé plus que bimillénaire. Alors que le sionisme est essentiellement une réaction contre la situation créée au judaïsme par la combinaison de la destruction du féodalisme et de la décadence du capitalisme, il affirme qu'il constitue une réaction contre l'état de choses existant depuis la chute de Jérusalem en l'an 70 de l'ère chrétienne. Sa naissance récente est naturellement la meilleure réplique à ces prétentions. En effet, comment croire que le remède, à un mal existant depuis deux mille ans, ait seulement pu être trouvé à la fin du XIXe siècle ? Mais comme tous les nationalismes, et bien plus intensément encore, le sionisme considère le passé historique à la lumière du présent. C'est ainsi d'ailleurs qu'il déforme l'image du présent. Tout comme on présente aux enfants français la France comme existant depuis la Gaule de Vercingétorix ; tout comme on présente aux enfants de Provence les victoires que les rois de l'Ile-de-France ont remportées contre leurs ancêtres, comme leurs propres succès, ainsi le sionisme essaie de créer le mythe d'un judaïsme éternel, éternellement en butte aux mêmes persécutions. » Abraham Léon, l’auteur de ces lignes, a disparu à Auschwitz en 1944, à 26 ans. Juif né à Varsovie, résistant à l’occupation nazie de la Belgique, il rédige entre 1940 et 1942 Conception matérialiste de la question juive, qui ne pourra être édité qu’en 1946. Un texte à (re)découvrir de toute urgence.