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06/10/2022

Sergio Rodríguez Gelfenstein
Le conflit en Ukraine, expression du changement d'époque

 Sergio Rodríguez Gelfenstein, 6/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Au cours de ma récente visite en Argentine et en Uruguay, les institutions qui ont parrainé mon voyage ont organisé une tournée au cours de laquelle nous avons présenté 14 fois le livre « L'OTAN contre le monde » que nous avons écrit avec Jorge Elbaum. Sept rencontres et conférences ont également été organisées sur le sujet. Dans un grand nombre d'entre elles, les participants ont souvent demandé la raison pour laquelle le livre a le sous-titre que j'utilise maintenant pour cet article : « Le conflit en Ukraine en tant qu'expression du changement d'époque », et ont demandé qu'il soit abondant sur le sujet.

1º edición
Páginas: 160
Tamaño: 16 x 23 cm.
Precio: AR$2400.00.- / U$S15.00.

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Précisément, pour Jorge et pour moi, il a été prioritaire de préciser dans le livre pourquoi nous étions arrivés à la conclusion qu'au-delà des résultats obtenus par le déroulement guerrier du conflit, en réalité le plus important était que la principale conséquence de celui-ci était la confirmation du début de ce changement d'époque dont parlait l'ancien président équatorien Rafael Correa il y a quelques années.

De la même manière, nous avons supposé que cette conséquence était celle qui donnait un caractère global à la confrontation, puisque ses séquelles allaient avoir un impact sur toute la planète. Ainsi, le clash était bien plus qu'un affrontement de l'Ukraine avec la Russie et même des USA et de l'OTAN avec la Russie.

En ce sens, à la différence de la Seconde Guerre mondiale où les USA attendirent jusqu'au bout une débâcle de l'Union soviétique face à l'armée nazie avant de faire irruption à la mi-1944 alors que l’issue finale du conflit après la victoire soviétique à Stalingrad en février 1943 était indiscutable et catégorique, le « nouveau débarquement de Normandie » exprimé en soutien au coup d'État en Ukraine en 2014 a été le détonateur d'une guerre d'expansion qui dure déjà depuis 8 ans.

Au cours de cette période, les USA ont non seulement soutenu l'extermination de la population russophone de l'est de l'Ukraine, mais ont également coopéré au démantèlement des forces armées de ce pays pour en faire un organe d'exécution sous mandat des organisations nazies qui, avec l'appui du gouvernement de ce pays, ont commencé à « otaniser » cette composante armée pour en faire un bélier de l'expansion de l'OTAN, structure militaire terroriste qui menace toute l'humanité.

La réponse obligatoire de la Russie pour la sauvegarde de l'intégrité physique des habitants des territoires opprimés a en outre ajouté comme objectifs la dénazification et la démilitarisation de l'Ukraine, reprenant ainsi les objectifs convenus par les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale à l'égard de l'Allemagne, lorsqu'elles se sont réunies dans la ville allemande de Potsdam entre le 17 juillet et le 2 août 1945.

À la fin de la rencontre, le président usaméricain s'est empressé de retourner à Washington pour - seulement quelques jours plus tard - ordonner le lancement de bombes atomiques sur les villes inoffensives d'Hiroshima et Nagasaki alors que le Japon s'était déjà rendu. De cette façon, il a subordonné - par le fait le plus horrible de l'histoire de l'humanité - l'empire japonais défait et désarmé, qui est resté jusqu'à ce jour couplé au dispositif militaire et politique des USA.

Avec l'Europe, les USA ont été plus subtils : ils ont eu recours à l'achat des volontés des élites européennes en créant pour cela le soi-disant Plan Marshall, instrument plus susceptible que la bombe atomique d'être divulgué par Hollywood comme expression des « valeurs coopératives » usaméricaines. Mais le but était le même, de sorte que l'Europe est devenue un outil utile de la volonté de Washington de dominer le monde.

SERGIO RODRIGUEZ GELFENSTEIN
El conflicto en Ucrania como expresión del cambio de época


Sergio Rodríguez Gelfenstein, 6/10/2022

Durante mi reciente visita a Argentina y Uruguay, las instituciones auspiciantes de mi viaje organizaron una gira en la que hubo 14 presentaciones del libro “La OTAN contra el mundo” que escribimos junto a Jorge Elbaum. Así mismo, se realizaron 7 charlas y conferencias sobre el tema. En no pocas de ellas, los asistentes reiteraron la consulta acerca de por qué el libro tiene el subtítulo que ahora uso en este artículo: “El conflicto en Ucrania como expresión del cambio de época”, y pedían que se abundara sobre el asunto.

 

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Páginas: 160
Tamaño: 16 x 23 cm.
Precio: AR$2400.00.- / U$S15.00.

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Precisamente, para Jorge y para mí, fue prioritario dar a conocer en el libro algunos apuntes que explicaban porque habíamos llegado a la conclusión de que más allá de los resultados que se obtuvieran del desarrollo bélico del conflicto, en realidad lo más trascendente era que la principal consecuencia de éste era la verificación del inicio de aquel cambio de época del que hablara el expresidente ecuatoriano Rafael Correa hace unos años atrás.

De la misma manera, asumimos que esta consecuencia era la que le daba carácter global a la confrontación, toda vez que sus secuelas iban a impactar en todo el planeta. Así, el trance era mucho más que un enfrentamiento de Ucrania contra Rusia e incluso de Estados Unidos y la OTAN contra Rusia.

En este sentido, a diferencia de la segunda guerra mundial cuando Estados Unidos esperó hasta el final por una debacle de la Unión Soviética frente al ejército nazi antes de irrumpir a mediados de 1944 cuando era indiscutible y categórico el resultado final del conflicto tras la victoria soviética en Stalingrado en febrero de 1943, ahora el “nuevo Desembarco de Normandía” expresado como apoyo al golpe de Estado en Ucrania en 2014, fue el detonador de una guerra de expansión que ya dura 8 años.

En el transcurso, Estados Unidos no sólo apoyó el exterminio de la población ruso parlante del este de Ucrania, sino que cooperó en el descabezamiento de las fuerzas armadas de ese país para transformarla en un órgano de ejecución bajo mandato de las organizaciones nazis que, con el apoyo del gobierno de ese país, comenzaron la “otanización” de ese componente armado para convertirlo en un ariete de la expansión de la OTAN, estructura militar terrorista que amenaza a toda la humanidad.

La obligada respuesta rusa en salvaguarda de la integridad física de los habitantes de los territorios oprimidos agregó además como objetivos la desnazificación y la desmilitarización de Ucrania, emulando de esa manera los objetivos acordados por las potencias triunfantes en la segunda guerra mundial respecto de Alemania, cuando se reunieron en la ciudad alemana de Potsdam entre el 17 de julio y el 2 de agosto de 1945.

Al finalizar el evento, el presidente de Estados Unidos se apresuró en regresar a Washington para -tan solo 4 días después- ordenar el lanzamiento de dos bombas atómicas en las inertes ciudades de Hiroshima y Nagasaki cuando ya Japón se había rendido. De esa manera, subordinó -por vía del hecho más horrible acontecido en la historia de la humanidad- al imperio japonés rendido y desarmado, que hasta hoy ha permanecido acoplado al dispositivo militar y político de Estados Unidos.

03/10/2022

CAITLIN JOHNSTONE
Le discours prétendant que cette guerre a été « non provoquée » empêche la paix

CaitlinJohnstone, 10/02/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Caitlin Johnstone (1974) est une Australienne avec une licence de journalisme qui se définit comme « journaliste voyoute, socialiste bogan [plouc/beauf en argot australien et néo-zélandais], anarcho-psychonaute, poétesse guérillera, préposée à l'utopie ». Mère de deux enfants, elle publie sur divers supports des articles, écrits à partir de conversations avec son mari Tim Foley. @caitoz

Vladimir Poutine a approuvé l'annexion de quatre territoires dans l'est de l'Ukraine, dont l'ajout à la Fédération de Russie attend maintenant l'autorisation des autres branches du gouvernement russe.

Le gouvernement Zelensky a réagi en demandant à rejoindre l'OTAN, et a immédiatement essuyé une rebuffade des responsables usaméricains et de l'OTAN. On ne peut pas avoir de pions sacrificiels essayant de s'élever au-dessus de leur position sur le grand échiquier, après tout.

Mais la guerre par procuration de l'empire contre la Russie se poursuit, et le gouvernement ukrainien a annoncé son intention de chasser la Russie de tous les territoires ukrainiens qu’elle a revendiqués comme étant les siens.

« Pour nos plans, [l'annexion de la Russie] n'a pas d'importance », a déclaré Mykhailo Podolyak, conseiller de Zelensky à Politico, ajoutant que l'Ukraine « protégera notre terre en utilisant toutes nos forces » et « devrait libérer tous ses territoires ».

Selon Zelensky, le plan de reconquête des territoires annexés par la Russie inclura également la Crimée, qui a été annexée en 2014.

Tous ces blablas sur la préparation d'une contre-offensive massive soutenue par l'Occident pour reprendre les territoires annexés à la Russie — dont les rangs sont renforcés par 300 000 réservistes supplémentaires — viennent alors que Poutine suggère que les armes nucléaires peuvent être utilisées pour protéger ce que Moscou considère comme des parties de la Russie. La Russie, comme les USA, est l'un des pays dotés d'armes nucléaires qui n'a pas de politique de non recours en premier aux armes nucléaires.

Donc, nous semblons être sur une trajectoire de collision vers une escalade massive entre deux puissances nucléaires. Plus les choses s'aggravent, plus il est probable qu'une arme nucléaire puisse être utilisée, soit délibérément, soit à la suite d'une mauvaise communication ou d'un dysfonctionnement, comme cela a failli se produire plusieurs fois au cours de la dernière guerre froide. Une fois qu'un nuke est utilisé, les chances augmentent astronomiquement que beaucoup d'autres suivront immédiatement, avec des variables sur ce résultat, y compris l'endroit où il explose et le degré de froideur des têtes pertinentes à ce moment historique particulier.

Il n'est donc pas exagéré de dire que l'espèce humaine a tout intérêt à une désescalade et à une détente immédiates Éviter la guerre nucléaire est l'ordre du jour le plus important du monde, sans exception. C'est l’ordre du jour le plus important qui ait jamais existé dans toute l'histoire.

Mais chaque fois que vous plaidez pour cet ordre du jour extrêmement important dans n'importe quel type de forum public, vous avez un tas d'automates de l'empire au cerveau lavé hurlant contre “l'apaisement” et vous accusant de soutenir un fou monstrueux. Et ils le font parce que c'est ce qu'ils ont été formés à faire.

29/09/2022

JOHN PILGER
En Ucrania, USA nos está arrastrando hacia una guerra con RusiaUn artículo de 2014 más actual que nunca

John Pilger, The Guardian, 13/5/2014
Traducido por
Miguel Álvarez Sánchez, editado por Fausto Giudice, Tlaxcala

 

¿Por qué toleramos la amenaza de otra guerra mundial en nuestro nombre? ¿Por qué permitimos mentiras que justifican este riesgo? La magnitud de nuestro adoctrinamiento, escribió Harold Pinter, es un «acto de hipnosis de gran éxito, brillante e incluso ingenioso», como si la verdad «no se produjera ni siquiera mientras se produce».

Un activista prorruso con un casquillo y un paquete de comida de fabricación usamericana que cayó de un vehículo blindado del ejército ucraniano durante un ataque a un control de carretera el 3 de mayo de 2014 en Andreievka,  óblast de Zaporiyia, Ucrania.Foto: Scott Olson/Getty

 

Cada año, el historiador usamericano William Blum publica su «resumen actualizado del historial de la política exterior de USA», que muestra que, desde 1945, USA ha intentado derrocar a más de cincuenta gobiernos, muchos de ellos elegidos democráticamente; ha interferido indecentemente en las elecciones de treinta países; ha bombardeado a la población civil de 30 países; ha utilizado armas químicas y biológicas; y ha intentado asesinar a líderes extranjeros.

En muchos casos Gran Bretaña ha sido un colaborador. El grado de sufrimiento humano, por no hablar de la criminalidad, es apenas reconocido en Occidente, a pesar de contar con las comunicaciones más avanzadas del mundo y el periodismo supuestamente más libre. Que las víctimas más numerosas del terrorismo - «nuestro» terrorismo- sean musulmanes, es algo indecible. Se suprime que el yihadismo extremo, que condujo al 11-S, fue alimentado como arma de la política angloamericana (Operación Ciclón en Afganistán). En abril, el Departamento de Estado de USA señaló que, tras la campaña de la OTAN en 2011, «Libia se ha convertido en un refugio terrorista seguro».

El nombre de «nuestro» enemigo ha cambiado a lo largo de los años, desde el comunismo hasta el islamismo, pero en general se trata de cualquier sociedad independiente del poder occidental y que ocupa un territorio estratégicamente útil o rico en recursos, o que simplemente ofrece una alternativa a la dominación usamericana. Los líderes de estas naciones obstruccionistas se suelen apartar violentamente, como los demócratas Muhammad Mossedeq en Irán, Arbenz en Guatemala y Salvador Allende en Chile, o son asesinados como Patrice Lumumba en el Congo. Todos son objeto de una campaña de vilipendio por parte de los medios de comunicación occidentales: pensemos en Fidel Castro, Hugo Chávez y ahora Vladimir Putin.

El papel de Washington en Ucrania sólo es diferente en sus implicaciones para el resto de nosotros. Por primera vez desde los años de Reagan, USA amenaza con llevar al mundo a la guerra. Con el este de Europa y los Balcanes convertidos en puestos militares de la OTAN, el último «Estado tapón» fronterizo con Rusia –Ucrania– está siendo desgarrado por las fuerzas fascistas desatadas por USA y la UE. Nosotros, en Occidente, apoyamos ahora a los neonazis en un país donde los nazis ucranianos apoyaron a Hitler.

Después de haber ideado el golpe de Estado en febrero contra el gobierno democráticamente elegido en Kiev, la toma de la histórica y legítima base naval rusa libre de hielo en Crimea planeada por Washington fracasó. Los rusos se defendieron, como lo han hecho contra todas las amenazas e invasiones de Occidente durante casi un siglo.

Pero el cerco militar de la OTAN se ha acelerado, junto con los ataques orquestados por USA contra los rusos étnicos en Ucrania. Si se puede provocar a Putin para que acuda en su ayuda, su preconcebido papel de «paria» justificará una guerra de guerrillas dirigida por la OTAN que probablemente se extienda a la propia Rusia.

En cambio, Putin ha confundido al partido de la guerra buscando un acuerdo con Washington y la UE, retirando las tropas rusas de la frontera ucraniana e instando a los rusos étnicos del este de Ucrania a abandonar el provocador referéndum del fin de semana. Estos pueblos rusófonos y bilingües -un tercio de la población de Ucrania- llevan mucho tiempo buscando una federación democrática que refleje la diversidad étnica del país y sea a la vez autónoma de Kiev e independiente de Moscú. La mayoría no son ni «separatistas» ni «rebeldes», como los llaman los medios de comunicación occidentales, sino ciudadanos que quieren vivir con seguridad en su patria.

Al igual que las ruinas de Irak y Afganistán, Ucrania se ha convertido en un parque temático de la CIA, dirigido personalmente por el director de la CIA, John Brennan, en Kiev, con docenas de «unidades especiales» de la CIA y el FBI que establecen una «estructura de seguridad» que supervisa los salvajes ataques contra quienes se opusieron al golpe de Estado de febrero. Vea los vídeos y lea los informes de los testigos de la masacre de Odessa de este mes. Los matones fascistas traídos en autobuses quemaron la sede del sindicato, matando a 41 personas atrapadas en su interior. Mire a los policías en espera.

Un médico describió cómo intentaba rescatar a la gente, «pero me detuvieron los radicales nazis pro-ucranianos. Uno de ellos me empujó bruscamente, prometiendo que pronto yo y otros judíos de Odessa correríamos la misma suerte. Lo que ocurrió ayer ni siquiera tuvo lugar durante la ocupación fascista en mi ciudad durante la Segunda Guerra Mundial. Me pregunto por qué el mundo entero guarda silencio».

Los ucranianos de habla rusa luchan por sobrevivir. Cuando Putin anunció la retirada de las tropas rusas de la frontera, el secretario de defensa de la junta de Kiev, Andriy Parubiy -miembro fundador del partido fascista Svoboda- se jactó de que los ataques contra los «insurgentes» continuarían. Al estilo orwelliano, la propaganda en Occidente ha invertido esto en que Moscú «intenta orquestar el conflicto y la provocación», según William Hague, el secretario británico de Asuntos exteriores. Su cinismo se corresponde con la grotesca felicitación de Obama a la junta golpista por su «notable moderación» tras la masacre de Odessa. La junta, dice Obama, está «debidamente elegida». Como dijo una vez Henry Kissinger: «Lo que cuenta no es lo que es verdad, sino lo que se percibe como verdad».

En los medios de comunicación usamericanos la atrocidad de Odessa se minimizó, calificándola de «turbia» y de «tragedia» en la que «nacionalistas» (neonazis) atacaron a «separatistas» (personas que recogían firmas para un referéndum sobre una Ucrania federal). El Wall Street Journal de Rupert Murdoch condenó a las víctimas - «Un incendio mortal ucraniano seguramente provocado por los rebeldes, según el Gobierno». La propaganda en Alemania ha sido pura guerra fría, con el Frankfurter Allgemeine Zeitung advirtiendo a sus lectores de la «guerra no declarada» de Rusia. Para los alemanes es una ironía conmovedora que Putin sea el único líder que condena el ascenso del fascismo en la Europa del siglo XXI.

Un tópico popular es que «el mundo cambió» tras el 11-S. Pero ¿qué ha cambiado? Según el gran lanzador de alertas Daniel Ellsberg, se ha producido un golpe de Estado silencioso en Washington y ahora gobierna el militarismo desenfrenado. El Pentágono dirige actualmente «operaciones especiales» -guerras secretas- en 124 países. En USA, el aumento de la pobreza y la pérdida de libertad son el corolario histórico de un estado de guerra perpetuo. Si añadimos el riesgo de una guerra nuclear, la pregunta es: ¿por qué toleramos esto?

 

 

28/09/2022

JOHN PILGER
En Ukraine, les USA sont en train de nous entraîner dans une guerre contre la Russie
Un article de 2014 plus actuel que jamais

John Pilger, The Guardian, 13/5/2014

Pourquoi tolérons-nous la menace d’une nouvelle guerre mondiale qui se mènerait en notre nom ? Pourquoi tolérons-nous les mensonges qui justifient ce risque ? L’ampleur de notre endoctrinement, comme l’a écrit Harold Pinter, est « un tour d’hypnose brillant, spirituel même et couronné de succès », comme si la vérité « ne s’était jamais produite, alors même qu’elle se produisait ».


Un militant pro-russe avec une douille d'obus et un paquet-repas de fabrication usaméricaine tombés d'un véhicule blindé de l'armée ukrainienne lors de l'attaque d'un barrage routier le 3 mai 2014 à Andreïevka, dans l'oblast de Zaporijjia, en Ukraine. Photo : Scott Olson/Getty

Chaque année l’historien usaméricain William Blum publie son “résumé actualisé du bilan de la politique étrangère US” qui montre que, depuis 1945, les USA ont tenté de renversé plus de 50 gouvernements, la plupart démocratiquement élus , ont pratiqué une ingérence grossière dans les élections de 30 pays, bombardé la population civile de 30 pays, utilisé des armes chimiques et biologiques  et tenté d’assassiner des dirigeants étrangers.

Dans bien des cas la Grande-Bretagne joué le rôle de collabo. Le degré de souffrance humaine, pour ne pas parler de la criminalité, n’est jamais reconnu en Occident, malgré la soi-disant présence des technologies de communication les plus avancées, et des journalistes les plus libres du monde. Que les victimes les plus nombreuses du terrorisme – de “notre” terrorisme, soient des musulmans, ça, on ne peut pas le dire. Que le djihadisme extrémiste, à l’origine du 11 septembre, fut créé comme arme de la politique étrangère britannique (Opération Cyclone en Afghanistan) est occulté. En avril le département d’État usaméricain a noté que, à la suite de la campagne de l’OTAN de 2011, « la Libye est devenue un sanctuaire pour les terroristes ».

Le nom de “notre” ennemi a évolué au fil des années, du communisme à l’islamisme, mais il s’agit en général de n’importe quelle société indépendante du pouvoir de l’Occident et occupant des territoires stratégiques ou riches en ressources. Les leaders de ces pays gênanes sont généralement violemment mis à l’écart, comme les démocrates Muhammad Mossadegh en Iran et Salvador Allende au Chili, ou bien ils sont assassinés comme Patrice Lumumba au Congo. Ils font tous l’objet d’une campagne médiatique de caricature et de diabolisation – pensez à Fidel Castro, Hugo Chavez, et maintenant Vladimir Poutine.

Le rôle de Washington en Ukraine n’est différent que par ce qu’il implique pour nous tous. Pour la première fois depuis l’ère Reagan, les USA menacent d’entraîner le monde dans une guerre. Avec l’Europe de l’est et les Balkans devenus des bases militaires de l’OTAN, le dernier « état-tampon » frontalier de la Russie, est dévasté. Nous, les Occidentaux, soutenons des néo-nazis dans un pays ou les nazis ukrainiens nazis avaient soutenu Hitler. Après avoir orchestré le coup d’État de février contre le gouvernement démocratiquement élu à Kiev, Washington a échoué dans sa tentative de récupérer la base navale libre de glace, historiquement et légitimement russe de Crimée. Les Russes se sont défendus, comme ils l’ont toujours fait contre chaque invasion occidentale depuis presque un siècle.

Mais l’encerclement militaire par l’OTAN s’est accéléré, en même temps que des attaques orchestrées par les USA contre les Russes ethniques d’Ukraine. Si Poutine peut être poussé à aller les aider, son rôle prédéfini de “paria” justifiera une guerre de guérilla sous la houlette de l’OTAN susceptible de se propager à l’intérieur de la Russie elle-même.

Au lieu de cela, Poutine a a déconcerté le parti de la guerre en cherchant un terrain d’entente avec Washington et l’UE, en retirant ses troupes de la frontière ukrainienne et en incitant les Russes ethniques d’Ukraine orientale à abandonner le référendum provocateur du week-end. Ces russophones bilingues – un tiers de la population de l’Ukraine – ont longtemps souhaité l’avènement d’une fédération qui reflète la diversité ethnique du pays et qui soit à la fois autonome et indépendante vis-à-vis de Moscou. La plupart ne sont ni des « séparatistes » ni « des rebelles » mais simplement des citoyens souhaitant vivre en sécurité dans leur pays.

Comme les ruines de l’Irak et de l’Afghanistan, l’Ukraine a été transformée en un parc d’attractions de la CIA – dirigé par le directeur de la CIA John Brennan à Kiev, avec des “unités spéciales” de la CIA et du FBI qui mettent en place une “structure de sécurité” afin de superviser les attaques sauvages contre ceux qui se sont opposés au coup d’État de février. Regardez les vidéos, lisez les témoignages oculaires du massacre d’Odessa. Des voyous fascistes amenés en bus ont brulé le siège central des syndicats, tuant 41 personnes bloquées à l’intérieur. Regardez les policiers présents les laissant agir. Un médecin a décrit sa tentative d’aller aider les gens, « mais j’ai étais stoppé par des nazis pro-ukrainiens. L’un deux m’a violemment poussé, en me promettant que bientôt ce serait mon tour à moi et aux autres Juifs d’Odessa… Je me demande pourquoi le monde entier reste silencieux. »

Les Ukrainiens russophones se battent pour leur survie. Quand Poutine a annoncé le retrait des troupes russes de la frontière, le secrétaire à la défense de la junte, à Kiev – un des membres fondateurs du parti fasciste « Svoboda », a déclaré que les attaques contre « les insurgés » allaient continuer. Dans un style orwellien, la propagande occidentale a rejeté la faute sur Moscou « qui orchestre le conflit et la provocation », selon William Hague, le secrétaire britannique aux Affaires étrangères. Son cynisme n’a d’égales que les grotesques félicitations d’Obama à la junte pour sa « retenue remarquable » à la suite du massacre d’Odessa. Illégale et fasciste, la junte est décrite par Obama comme « légalement élue ». Ce qui compte ce n’est pas la vérité, a dit un jour Henry Kissinger, mais “ce qui est perçu comme vrai”.

Dans les médias usaméricains les atrocités d’Odessa ont été minimisées : une affaire « louche » et une « tragédie » dans laquelle des « nationalistes » (néo-nazis) ont attaqué des « séparatistes » (des personnes en train de collecter des signatures pour un référendum sur une Ukraine fédérale). Le Wall Street Journal de Rupert Murdoch a blâmé les victimes – « Un incendie meurtrier en Ukraine probablement allumé par les rebelles, selon le gouvernement ». La propagande en Allemagne est digne de la guerre froide, avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung mettant en garde ses lecteurs contre la Russie et sa “guerre non déclarée”. Pour les Allemands, le fait que Poutine soit le seul dirigeant à condamner la montée du fascisme au 21ème siècle relève d’ une ironie sournoise.

Un poncif populaire veut que “le monde ait changé” à la suite du 11 septembre. Mais qu’est ce qui a changé ? Selon le fameux lanceur d’alerte Daniel Ellsberg, un coup d’État silencieux a eu lieu à Washington et un militarisme rampant est maintenant aux commandes. Le Pentagone dirige en ce moment des « opérations spéciales » – des guerres secrètes – dans 124 pays. Aux USA, une montée de la pauvreté et une hémorragie de la liberté sont les corollaires historiques d’un état de guerre perpétuel. Ajoutez à cela le risque de guerre nucléaire, et une question s’impose : pourquoi est-ce qu’on tolère ça ?

 

 

09/09/2022

SERGIO RODRIGUEZ GELFENSTEIN
Ukraine : une guerre en minijupes ?

 Sergio Rodríguez Gelfenstein, 8/9/2022
Traduit par
Fausto Giudice,
Tlaxcala

Ce n’est pas suffisamment connu, mais il y a peut-être peu de scientifiques du social qui aient théorisé autant et aussi bien sur la guerre que Vladimir I. Lénine. Étudiant la Première Guerre mondiale, il a écrit : « Le prolétariat lutte et luttera toujours sans relâche contre la guerre, mais sans oublier un seul instant que les guerres ne pourront disparaître que lorsque la division de la société en classes aura complètement disparu ». Le leader soviétique a également enseigné que : « Dans la guerre, c'est celui qui a le plus de réserves, le plus de sources de force, le plus de soutien parmi le peuple qui gagne ».

Manifeste socialiste de Zimmerwald contre la guerre, septembre 1915 : « la guerre qui a provoqué tout ce chaos est le produit de l'impérialisme, des efforts des classes capitalistes de chaque nation pour satisfaire leur appétit d'exploitation du travail humain et des trésors naturels de la planète... ils enterrent, sous des montagnes de décombres, les libertés de leurs propres peuples, en même temps que l'indépendance des autres nations. »

De même, l'un des plus brillants stratèges militaires contemporains, le général vietnamien Vo Nguyen Giap, a souligné le fait que les victoires au combat étaient étroitement liées aux « activités de production, de communication, de transport, de culture, de santé et autres ». Ainsi, le général Giap a considéré que « la victoire multilatérale [...] est le résultat de la lutte héroïque de tous les compatriotes de toutes les branches, services et régions qui ont consacré leurs efforts prodigieux, défié les bombes et les balles et surmonté d'innombrables difficultés ».

Il est donc nécessaire de comprendre que le phénomène de la guerre est très complexe, notamment parce que le facteur subjectif joue un rôle décisif pour forger des victoires en cas d'absence ou d'insuffisance des éléments matériels qui en constituent l'aspect objectif.

À l'époque moderne, bien que les instruments technologiques jouent un rôle de plus en plus important, l'outil principal et concluant reste la composante humaine qui participe au conflit. Quels que soient les développements technologiques, l'objectif de la guerre reste l'occupation d'un territoire, ce qui n'est possible que lorsque les soldats d'une armée et les officiers qui les commandent prennent le contrôle effectif de l'espace géographique.

Seuls ceux qui ont participé à une guerre connaissent la barbarie qu'elle implique. Dans la guerre, le meilleur et le pire de l'être humain se déchaînent, le meilleur parce que la décision de donner sa vie pour une chose à laquelle on croit dépasse toute analyse de la subjectivité qui pourrait motiver une telle action. Cela ne s'applique certainement pas aux mercenaires et aux tueurs à gages qui ne se battent que pour l'argent et les émoluments qu'ils peuvent obtenir. Mais la guerre libère aussi le pire de la condition humaine, à savoir le besoin de tuer pour survivre.

Il est bien connu que ce qui sépare un politicien ordinaire d'un homme d'État, c'est essentiellement sa capacité à gérer avec succès les éléments de défense et de sécurité, en premier lieu, à être capable de diriger les forces armées ; il est également fondamental de posséder le génie et la compétence pour mener la politique étrangère et les relations internationales. Tout le monde peut faire le reste, surtout s'il est bien conseillé. J'ai eu la chance de rencontrer le commandant en chef Fidel Castro, le plus grand génie militaire du XXe siècle en Amérique latine, et je sais de quoi je parle.

Je veux ici parler de la conduite de la guerre en Ukraine et sur l'élément décisif de la direction et du commandement stratégiques dans le conflit, qui ne se joue pas seulement sur le terrain de la guerre. D'une part, le président russe Vladimir Poutine a montré des signes clairs de sa capacité à gérer la guerre « comme une continuation de la politique par d'autres moyens ».


On ne peut pas en dire autant de ceux qui gèrent la guerre depuis l'autre côté. Lorsque le chef de la “diplomatie” européenne, Joseph Borrell, affirme que la fin du conflit interviendra sur le plan militaire, puis, plus récemment, assure que « la Russie a déjà perdu la guerre et est sur la défensive contre Kiev" » alors que la Russie a déjà conquis 27,2 % du territoire ukrainien - où, soit dit en passant, dans une bonne partie de celui-ci, la vie évolue vers la normalité sous le contrôle de la Russie - nous nous rendons compte que nous sommes confrontés à des niveaux très dangereux d'ignorance et de stupidité. Surtout, parce que cette vision des faits conduit à des décisions profondément erronées qui aboutissent au sacrifice inutile de milliers de soldats pour des intérêts politiques qui ne sont même pas liés à la rhétorique et à l'attirail traditionnels de l'Occident.

Lorsque l'on regarde la carte des opérations militaires, la récente “contre-offensive” ukrainienne tant vantée dans le sud, il est difficile de croire qu'une telle action a été planifiée par des militaires professionnels : une pénétration dans un secteur de défense russe, laissant les flancs ouverts et avançant en profondeur jusqu'à ce qu'il devienne impossible pour la logistique de remplir sa mission d'assurer les fournitures de combat nécessaires au succès, présageait un désastre... et ce fut le cas : 152 chars, 151 véhicules de combat d'infanterie, 110 véhicules blindés de combat, 56 camions blindés, 17 véhicules spéciaux, 11 avions de chasse de divers types et 3 hélicoptères détruits, et pire encore, 3100 soldats anéantis entre le 29 août et le 6 septembre, voilà le bilan de cette folie, motivée uniquement par la nécessité de montrer des résultats pour justifier l'arrivée et l'augmentation de l'aide occidentale, même s'il est évident que c'est une cause perdue. Il convient de noter que les médias occidentaux se sont massivement précipités pour intituler ce désastre «  Victoire épique des forces armées ukrainiennes », trompant leurs lecteurs en toute impunité.

Pendant ce temps, l'armée russe continue de concentrer ses efforts sur la reprise du contrôle de l'ensemble du territoire de Donetsk, en conservant les régions libérées des provinces de Kherson, Kharkov, Zaporojié et Nikolaïev. Au même moment, le président Poutine, le ministre de la Défense, le général Shoigu, et le chef d'état- major général des forces armées russes, le général Gerassimov, se sont rendus dans l'Extrême-Orient du pays pour inspecter sur place les manœuvres militaires Vostok 2022 qui se déroulent sur sept champs de tir et dans les mers du Japon et d'Okhotsk, et auxquelles participent quelque 50 000 soldats, plus de 5 000 unités d’armement lourd, 140 avions et 60 navires de Russie ainsi que d'Algérie, d'Arménie, d'Azerbaïdjan, de Biélorussie, de Birmanie, de Chine, d'Inde, du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Laos, de Mongolie, du Nicaragua, de Syrie et du Tadjikistan.

Dans le cas de l'“offensive” ukrainienne dans le sud du pays, les dirigeants politiques (Zelensky, Biden, Johnson, Scholz, Macron, Borrell, Stoltenberg & Co), qui ne connaissent rien à la guerre, ont imposé aux forces armées le caractère obligatoire d'une opération militaire qui, dès le départ, n'avait aucune chance d'aboutir et qui a coûté la vie à 3100 jeunes Ukrainiens qui ont cru qu'ils étaient en train de se sacrifier pour la Patrie, alors qu'en réalité ils l'ont fait pour les intérêts commerciaux des grandes transnationales usaméricaines de l'énergie et de l'armement qui tirent d'énormes profits de cette guerre.

La vérité est donnée par des avis d'experts, dont aucun n'est l'ami de Poutine ou de la Russie. Lisons ce que certains d'entre eux disent. Au tout début de la guerre, dans une longue interview, Jacques Baud, colonel de l'armée suisse, expert en renseignement militaire et en service à l'OTAN et à l'ONU, à qui l'on demandait comment il évaluait l'offensive russe, répondait : « Attaquer un autre État est contraire aux principes du droit international. Mais il faut aussi tenir compte du contexte dans lequel s'inscrit une telle décision. Tout d'abord, il convient de préciser que Poutine n'est ni fou ni déconnecté de la réalité. C'est une personne méthodique et systématique, c'est-à-dire très russe. Je crois qu'il était conscient des conséquences de son opération en Ukraine. Il a estimé, manifestement à juste titre, que, qu'il s'agisse d'une "petite" opération pour protéger la population du Donbass ou d'une opération "massive" en faveur de la population du Donbass et des intérêts nationaux de la Russie, les conséquences seraient les mêmes. Il a donc opté pour la solution maximale ».

Dans un article paru mardi dans le Wall Street Journal, le général de brigade Mark Kimmitt, de l'armée usaméricaine, a affirmé : « Entamer un règlement diplomatique serait désagréable et pourrait sembler défaitiste, mais il y a peu de chances de sortir de l'impasse actuelle, il est donc peut-être préférable d'entamer les négociations maintenant plutôt que plus tard ». Kimmitt a rappelé que l'OTAN ne peut plus faire face à la nécessité de maintenir le rythme des livraisons d'armes à l'Ukraine car les forces ukrainiennes les perdent trop souvent sur le champ de bataille. Le général usaméricain a écrit qu'il pensait que la réduction des fournitures occidentales à Kiev aurait un effet "désastreux" sur l'armée ukrainienne.

Enfin, le général à la retraite et ancien secrétaire adjoint du Conseil de sécurité nationale et de défense de l'Ukraine, Serhiy Krivonos, a exprimé sa consternation face aux pertes “monstrueuses” de l'armée ukrainienne, qui, selon lui, se chiffrent par « dizaines de milliers, et pourraient même atteindre des centaines de milliers ». S'interrogeant sur les causes de cette situation et sur le refus des autorités et des médias occidentaux d'en parler, Krivonos écrit : « Les histoires selon lesquelles ce n'est pas le moment d'en parler ne sont rien d'autre qu'une tentative de brouiller la mémoire, d'effacer l'histoire. Mais comment pouvez-vous effacer le sang des morts, qui se comptent déjà par centaines de milliers ? Qui répondra de cela ? »

Pendant ce temps, le Washington Post, dans un article publié mardi 6 septembre, a été contraint d'affirmer que les militaires ukrainiens qui ont pris part à la tentative de contre-offensive dans la région de Kherson, dans le sud du pays, « se plaignent de lourdes pertes, du manque de munitions et du retard technologique par rapport à l'armée russe ». Le quotidien de la capitale impériale cite un soldat qui a déclaré que presque tous ses camarades, au nombre de 120, « ont été blessés, dont beaucoup grièvement ». Il a imputé cette situation à la nécessité d'économiser les munitions, mais a également écrit que lorsqu'ils ont tiré, « il était difficile d'atteindre les cibles en raison des problèmes liés aux systèmes de guidage des vieilles armes ». Le Post conclut que « de nombreux combattants des forces armées ukrainiennes doutent que la tentative en vaille la peine [face à] de telles pertes ».


Quelques jours avant que cela ne se produise sur le champ de bataille, Zelensky et sa femme ont posé pour le magazine Vogue, dont le dernier titre était : « Toutes les tendances minijupe pour l'automne et l'hiver 2022 ». Traiter la guerre comme s'il s'agissait d'un événement banal, de type showbiz, et supposer que la mort de tant de jeunes gens restera impunie en raison de l'irresponsabilité politique des dirigeants européens, cela fera partie des prochaines chroniques à écrire lorsque cette histoire sera terminée. Mais je ne pense pas que ce seront des minijupes que les soldats ukrainiens porteront au combat à l'approche du redoutable hiver boréal.


 

28/07/2022

ULI GELLERMANN
Le verbiage dangereux de la ministre Baerbock : une « stratégie de sécurité nationale » purement otanesque

Uli Gellermann, Rationalgalerie, 15/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Uli (Ulrich) Gellermann (Kaltennordheim , 1945) est un journaliste, auteur et cinéaste allemand. Il anime le magazine en ligne Rationalgalerie, qui se livre à une critique quotidienne de la société allemande.

La nostalgie ("Sehnsucht"), selon le dictionnaire, est une "maladie du désir douloureux". C'est cette maladie que Mme Baerbock veut faire passer dans l'esprit des Allemands : "Nous ressentons une telle nostalgie, que nous n'avons probablement pas ressentie depuis longtemps, que ma génération n'a peut-être jamais vraiment ressentie : une nostalgie de la sécurité". Comme d'habitude, il faut traduire le langage politique en allemand. On arrive alors immédiatement à une « stratégie de sécurité nationale», à laquelle Baerbock avait donné le coup d'envoi lors d'une cérémonie de lancement en mars au ministère des Affaires étrangères.


National Security Strategy

Comme d'habitude, les bureaux des politicobureaucrates allemands copient tout ce qui est essentiel sur les USA : National Security Strategy est le terme, qui provient à l'origine de la doctrine de base de l'armée de l'air usaméricaine, l'instrument le plus agressif de la politique de prédation des USA. Le spectateur non averti pourrait se demander comment les Verts, plutôt pacifistes, en sont arrivés à la doctrine de base de l’ United States Air Force ? Or, le pacifisme pratique des Verts est terminé depuis la guerre de Yougoslavie. Mais peut-être en existe-t-il un théorique ?

L'OTAN souffre

Si l'on se penche sur le programme de base des Verts, on y trouve un fondement théorique à leur pratique : "L'OTAN souffre d'intérêts divergents en matière de politique de sécurité au sein de l'alliance, allant jusqu'à la menace militaire réciproque". Les Verts souffrent avec l'OTAN. C'est pourquoi ils continuent en écrivant à propos de l'OTAN que "du point de vue européen, elle est, à côté de l'UE, un acteur indispensable (...) qui peut garantir la sécurité commune de l'Europe". Tiens donc : L'OTAN a donc garanti la sécurité de l'Europe lors des invasions de l'Afghanistan, de l'Irak et de la Libye ? Le programme de l'AfD n'est pas plus mensonger que cela.

La stratégie nationale est transatlantique

Après une "réunion d'experts" sur la "stratégie de sécurité nationale" au Bendlerblock [siège du ministère de la Défense à Berlin, NdT], le ministère de la Défense, en accord avec le ministère des Affaires étrangères, a présenté un document qui répond à la nostalgie maladive de Baerbock : "L'alliance de défense transatlantique est le cadre d'orientation le plus important en matière de politique de sécurité pour l'Allemagne, le concept stratégique, le cadre de référence également pour la stratégie de sécurité nationale". On préfère laisser l'alliance transatlantique de l'OTAN définir la stratégie nationale.

Arrières couverts contre la Chine

L'orientation usaméricaine est tatouée sur la peau de la stratégie, ainsi lit-on dans le document : "Mais il ne faut pas non plus perdre de vue la Chine et l'évolution dans l'Indo-Pacifique, selon le groupe d'experts. Les Etats-Unis s'engageront davantage à l'avenir dans l'Indo-Pacifique". Et parce que les USA "s'engagent" dans l'Indo-Pacifique contre la Chine, les Allemands doivent assurer leurs arrières : "L'Allemagne a un rôle de pionnier à jouer en tant que colonne vertébrale de la défense européenne". C'est bien que le pionnier doive avoir une colonne vertébrale. Mais bien sûr pas dans la défense des intérêts allemands, mais en tant qu'auxiliaire de la politique étrangère usaméricaine : "La politique de sécurité, c’est plus que l'armée plus la diplomatie", dit Baerbock. Le meilleur exemple en est, selon elle, la tentative de se libérer rapidement de la dépendance aux livraisons d'énergie russes.

Gestion des conflits dans les régions voisines de l'Europe

Ceux qui pensaient que Joschka Fischer, avec son « Plus jamais Auschwitz » mensonger  à la veille de la guerre contre la Yougoslavie (1999), ne pouvait pas être dépassé ne connaissent pas Baerbock. Sa "nostalgie de la sécurité" la mène tout droit à l'Ukraine, à la "gestion des conflits dans les régions voisines de l'Europe". La ministre se laisse aller à son verbiage sur la sécurité pendant son voyage d'été ; ce voyage passe également par la vallée de l'Ahr, cette région inondée à laquelle on avait promis 30 milliards d'euros pour la reconstruction. Mais, selon Focus, « Les gouvernants laissent la région sombrer une deuxième fois - dans la marée de paperasse. Les familles qui ont quasiment tout perdu lors de la nuit de l'inondation du 14 juillet 2021 doivent se battre comme des lions pour obtenir les aides et les subventions promises par l'Etat ».

La vallée de l'Ahr n’aura pas le statut otanesque

Ainsi va le Vert, ainsi va le gouvernement sémaphore : au lieu de s’activer dans la région conflictuelle de la vallée de l'Ahr, on préfère s'occuper des régions conflictuelles européennes. Pour l'Ukraine, le gouvernement allemand a déjà autorisé des livraisons d'armes pour 350 millions d'euros. Les livraisons sont immédiates. Mais l'Ukraine doit bientôt devenir un pays de l'OTAN. La vallée de l'Ahr n'atteindra pas ce statut distingué de sitôt.

"Un an après l'inondation" : les 3 singes, Assurances, Bureaucratie, Politique, sur un char de carnaval de Jacques Tilly, installé à l'entrée du village de Dernau, pour la visite du chancelier Scholz, un an après la catastrophe.Photo Boris Rössler / DPA

 

 

26/07/2022

ANTONIO MAZZEO
Pacte d'acier* Italie-Turquie : accords sur les migrants, la sécurité, la défense et Rome prête à intervenir aux côtés du sultan

Antonio Mazzzeo, Africa Express, 22/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

« Gardez-moi de mes amis », dit un vieil adage sicilien. Rome et Bruxelles devraient l’avoir en tête.

"Trucs turcs", par Portos - "Erdogan, un de ces dictateurs dont on a besoin" (Mario Draghi, avril 2021)

L'Italie se déclare prête à intervenir en mer Noire aux côtés de la Turquie et de l'OTAN tout en renforçant son partenariat militaro-industriel avec Ankara et en accordant les pleins pouvoirs à Erdogan en Libye, y compris contre les migrants.

S'exprimant le 14 juillet lors d'une audition devant les commissions conjointes des affaires étrangères et de la défense des deux chambres italiennes sur le renouvellement des missions militaires à l'étranger, le chef d'état-major des armées, l'amiral Giuseppe Cavo Dragone, a annoncé l'intention des forces armées de participer à des activités de déminage et de neutralisation de mines et de matières explosives en mer Noire.

Menace sous-marine

« Un bon dialogue avec la Turquie peut être un signe avant-coureur de synergies et de partage de cet effort » a déclaré Cavo Dragone. « La menace sous-marine existe et doit être traitée et l'Italie le fera en coordination avec les autres marines concernées ». L'objectif stratégique de l'axe Rome-Ankara et de l'OTAN est d'accroître la pression totale contre les unités navales et sous-marines de Moscou.

« La présence en Méditerranée de la flotte russe est marquée, plus marquée qu'avant, également parce qu'en vertu du traité de Montreux, la Turquie a fermé les détroits et ne les rend pas accessibles aux États belligérants, c'est-à-dire, en substance, à la Russie », a ajouté le chef d'état-major. « Cela ne permet pas une rotation, qui était souhaitable, des forces de la Fédération de Russie et ce goulot d'étranglement a également provoqué la présence que nous devons maintenant considérer comme probablement durable et endémique ».

Sommet intergouvernemental Italie-Turquie. Au premier plan, Lorenzo Guerini (ancien ministre de la Défense) avec le président turc Erdogan

On se bouscule à Ankara

Moins de dix jours avant la sortie de l'amiral, le pacte d'acier avec le régime d'Erdogan avait été consacré par l'importante équipe gouvernementale en mission officielle en Turquie. Étaient présents à la cour du dernier sultan d'Ankara le Premier ministre Mario Draghi et les ministres Lorenzo Guerini (défense), Luigi Di Maio (affaires étrangères), Luciana Lamorgese (intérieur), Giancarlo Giorgetti (développement économique) et Roberto Cingolani (transition écologique).

« Ce sommet intergouvernemental indique la volonté commune de renforcer la coopération : l'Italie et la Turquie sont des partenaires, des amis alliés », avait souligné le Premier ministre Draghi à l'issue de la rencontre avec le président Recep Tayyip Erdogan. De nombreux accords de coopération ont été signés, allant du développement industriel, culturel et de la recherche scientifique conjointe à - et surtout - la coopération diplomatico-militaire.