Sevim Dağdelen, Junge Welt, 27/4/2022
Traduit par Le Cri des Peuples
Sevim Dağdelen (Duisburg, 1975) est membre du Bundestag allemand (chambre basse fédérale) depuis 2005 pour Die Linke (le parti de gauche). Elle est présidente de la Commission des Affaires étrangères et porte-parole du groupe parlementaire pour la politique internationale et le désarmement.
Ce n'est pas le moment de se laisser prendre à la propagande de guerre. Le nouveau militarisme met au défi notre résistance.
La guerre en Ukraine n'est plus qu'une question d'armes, d'armes, d'armes. Plus d'armes et des armes toujours plus lourdes. Tous les tabous de l'après-guerre tombent. La diplomatie est passée par pertes et profits.
Un nouveau militarisme allemand dans le sillage du militarisme américain est le point de référence de ce gouvernement allemand. Alors que le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, est à Moscou pour promouvoir un cessez-le-feu rapide et la fin de la guerre, les membres de l'OTAN poussent l’alliance militaire à faire la guerre à la Russie.
Les soldats ukrainiens ne sont qu'un moyen de parvenir à une fin. Entre-temps, l'objectif est devenu de porter la guerre en Russie même.
Ramstein est la grande base aérienne usaméricaine dans le sud-ouest de l'Allemagne.
Ramstein signifie guerre
L'OTAN est préoccupée par la victoire et rien d'autre. À cette fin, Washington a convoqué une réunion spéciale des représentants de l’industrie d’armement à la base aérienne américaine de Ramstein, en Rhénanie-Palatinat.
Au lieu de soutenir Guterres et de considérer le conseil de guerre américain sur le sol allemand comme un affront politique calculé à la souveraineté démocratique [de l'Allemagne], le gouvernement SPD/Verts a envoyé la ministre de la défense Christine Lambrecht pour y participer et a annoncé qu'il allait de l'avant à toute vapeur : le gouvernement du SPD [sociaux-démocrates], des Verts et du FDP [libéraux-démocrates] livre maintenant des chars allemands à l'Est, comme cela lui a été exigé. Jusqu'à la victoire. Il ne doit pas y avoir de paix négociée.
L'ambassadeur ukrainien et militant néonazi Andrij Melnyk s'est finalement imposé à la table du cabinet du chancelier Olaf Scholz. Il ne fait aucun doute que les armes allemandes finissent par aller aux bataillons d'extrême droite intégrés à la Garde nationale et à l'armée ukrainienne, et personne au sein du gouvernement allemand ne montre la moindre inquiétude à ce propos.
« Guépard », « Martre », « Puma », « Renard », « Boxer », « Léopard » : ce qui ressemble à la liste inoffensive de l'encyclopédie « La vie des animaux, par Grzimek » menace de devenir le programme d'extension du conflit ukrainien en une troisième guerre mondiale contre la puissance nucléaire russe. En fournissant des armes lourdes, l'Allemagne et l'OTAN deviennent de facto des cobelligérants dans la guerre.
Le militarisme défie notre résistance
La situation est brûlante. Et l'administration américaine jette de l'huile sur le feu, ce qui permet au gouvernement allemand de s’enflammer à son tour. Le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a annoncé à Ramstein que Washington remuerait « ciel et terre » pour armer l'Ukraine en vue d'une nouvelle guerre. Et le sous-secrétaire d'État parlementaire britannique aux forces armées, James Heappey, déclare à Kiev qu'il est légitime d'attaquer la Russie avec des armes britanniques et de mener des frappes sur son territoire.
Lambrecht fournit les chars allemands qui seront utilisés pour gagner la guerre d'usure. Ramstein est le symbole d'un programme de guerre de l'OTAN. Les gagnants ont déjà été déterminés : les fabricants d'armes. Ce programme est mené sur le dos des populations en Europe. Ce n'est pas le moment de se laisser duper par la propagande de guerre. Le nouveau militarisme met au défi notre résistance.