20/05/2021

ANDREAS ZUMACH
Le rôle de l'Occident dans le conflit au Moyen-Orient : un rituel de professions de foi frelatées

 Andreas Zumach, taz, 18/5/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Andreas Zumach (Cologne, 1954) est correspondant du quotidien allemand die Tageszeitung (taz) auprès del’ONU à Genève depuis 1988. Il fait partie de l’Alliance pour la justice entre Israéliens et Palestiniens (BIP)

L'escalade au Moyen-Orient trouve également son origine dans l'inaction de l'Occident dans le passé. Les appels au dialogue sont malhonnêtes.

Qui expliquera à Angela Merkel, Gregor Gysi, Heiko Maas et maintenant aussi Annalena Baerbock que la « raison d'État » de l'Allemagne, qu'ils invoquent à l'égard d'Israël, est un concept déplacé, voire contre-productif ? En fait, il s'agit de la responsabilité particulière de l'Allemagne et de tous ses citoyens, pour des raisons historiques, de s'opposer résolument à toute forme d'hostilité à l'égard des Juifs et de défendre une existence sûre et durablement non menacée d'Israël.



Staatsräson (Raison d'État), par petwall, 2013

 Toutefois, cela ne peut et ne pourra exister que lorsque le droit des Palestiniens à l'autodétermination étatique, inscrit dans le droit international depuis 1947, sera mis en œuvre et que les droits de l'homme universels seront également devenus une réalité pour eux. Ni l'un ni l'autre ne sont possibles tant qu'un gouvernement israélien continue d'occuper et de coloniser la Cisjordanie en violation du droit international, d'isoler la bande de Gaza et de s'accrocher à sa revendication d’exclusivité sur l'ensemble de Jérusalem.

C'est le cœur du conflit. Le désespoir et la radicalisation des Palestiniens, leur soutien au Hamas, la fréquence et la férocité de la guerre et de la violence - tout cela continuera de croître tant que ce conflit central ne sera pas enfin abordé et surmonté.

Mais l'Allemagne et ses partenaires de l'UE n'ont rien fait pour y parvenir au cours des presque 30 années écoulées depuis l'accord d'Oslo, qui a échoué principalement en raison d'un manque de mise en œuvre par le gouvernement israélien. Et ils n'ont donc pas assumé leurs responsabilités. Au lieu de prendre leurs propres initiatives, Berlin et Bruxelles se sont cachés derrière les USA qui sont censés être les seuls capables de résoudre le conflit.

Toujours plus malhonnête

Les engagements rituels des politiciens occidentaux en faveur d'une solution à deux États deviennent de plus en plus malhonnêtes au fur et à mesure que le gouvernement israélien crée des faits en Cisjordanie et à Jérusalem-Est qui rendent une telle solution de plus en plus inconcevable - et ce, sans aucune opposition pertinente de la part de l'Europe et, au cours des quatre dernières années, même avec le soutien du gouvernement US.

L'appel tout aussi rituel aux «  deux parties à dialoguer » est malhonnête et donc irréaliste. Car il minimise l'asymétrie militaire, politique et économique entre Israël et les Palestinien·nes, qu'aucun lancer de de roquettes du Hamas et de ses soutiens de Téhéran ne peut masquer.

Pour la première fois, la Chine se propose comme médiateur dans le conflit. Il reste à voir quels intérêts se cachent derrière cette offre, quelle est sa portée et si Pékin a également ses propres propositions pour une solution de paix juste.

 

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