Traduit par Fausto Giudice
- La Délégation sahraouie en Espagne demande qu'il soit exigé du Maroc d'arrêter la répression brutale et la campagne d'arrestations arbitraires contre les civils sahraouis.
- Elle regrette le « silence choquant » des partis politiques et des institutions européennes, des organisations internationales et demande à l'Espagne de s'impliquer par « responsabilité légale, politique et morale ».
- Depuis la violation du cessez-le-feu par le Maroc et la déclaration sahraouie de l'état de guerre dans les zones occupées, une vengeance de l'armée marocaine contre la population civile sahraouie a commencé.
Abdulah Arabi, délégué sahraoui en Espagne
La Délégation sahraouie en Espagne a lancé un appel urgent au gouvernement espagnol pour qu’il exige du gouvernement marocain la fin de la répression brutale et de la campagne d'arrestations arbitraires contre les civils sahraouis au Sahara Occidental occupé, et regrette le « silence choquant » des partis politiques et des institutions européennes et des organismes internationaux.
La représentation du Front Polisario affirme que depuis la violation du cessez-le-feu par le Maroc et la déclaration par les Sahraouis de l'état de guerre en légitime défense, « dans les zones occupées, une vengeance de l'armée marocaine d'occupation contre le peuple sahraoui sans défense a commencé, générant une situation de terreur et d'angoisse, marquée par le déploiement massif d'unités de l'armée marocaine d'occupation, des raids sur les maisons et la persécution des militants ».
L'un des derniers actes de répression a eu lieu au domicile des sœurs Sultana et Luaara Khaya, qui sont assignées à résidence depuis le 19 novembre 2020 pour leurs manifestations publiques et pacifiques contre l'occupation marocaine. Après des attaques et des raids répétés sur leur maison pendant ces 5 mois, le 12 mai « elles ont été attaquées et torturées avec des bâtons et des tuyaux métalliques par des soldats en civil ».
La délégation sahraouie demande aux organisations des droits humains d'intervenir immédiatement et d'exiger du Maroc « qu'il mette fin à cette vague d'agression et garantisse ainsi la protection de la population sahraouie et le respect du droit international humanitaire ». Elle appelle à des mesures concrètes pour que le Maroc respecte ses engagements internationaux, mesures qui, affirme-t-elle, « devraient être promues par l'État espagnol dans le cadre de sa responsabilité juridique, politique et morale au Sahara occidental ».
La représentation sahraouie attire l'attention sur le silence des organisations internationales, des partis politiques et des institutions européennes et dit qu' « il ne peut être admis que l'Union européenne, une institution qui défend les droits humains et la légalité internationale, devienne l'avocat d'un régime célèbre pour ses attaques contre la Déclaration universelle des droits de l'homme ».
Au cas des sœurs Khaya s'ajoutent les enlèvements du président de l'organisation de défense des droits de l'homme CODESA, Babozid Lbaihi et des militants Salek Baber et Khalid Boufraioua, torturés et abandonnés aux abords de la ville de Boujdour ; les arrestations et mauvais traitements de Hassanna Abba, membre du bureau exécutif de la Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines (LPPS), et de Lahcen Dalil, membre de l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (ISACOM). Et les agressions et menaces subies par Hmad Hamad, vice-président de l'organisation de défense des droits de l'homme CODAPSO et membre de l'ISACOM.
Face à cela, la délégation sahraouie en Espagne demande aux défenseurs de la paix et de la liberté « d'unir leurs voix et de ne pas permettre que le Sahara occidental soit victime de l'impunité marocaine et du silence international ».
Les sœurs Khaya dénoncent avoir été violées
Les militantes Sultana et Luaara Khaya vivent avec leur mère dans la ville de Boujdour, au Sahara occidental occupé par le Maroc. Depuis plus de 175 jours, elles sont contraintes de rester dans leur maison, isolées, sans décision de justice, et sont constamment harcelées par les forces marocaines : elles sont battues, lapidées et traînées dès qu'elles tentent de sortir. De grandes quantités de poissons pourris ont été jetées par les fenêtres et des eaux usées ont été déversées dans leur maison, notamment un liquide toxique. Personne n'est autorisé à s'en approcher.
Aux premières heures du 12 mai, des agents marocains sont entrés par la
terrasse et ont tout démoli. Dans une vidéo, on peut voir comment ils ont
quitté la maison et on peut entendre la voix de Sultana : « Au secours,
ils ont encore détruit toute la maison. On n'en peut plus, c'est insupportable.
S'il vous plaît, monde, écoutez-nous. Nous sommes détruites. Les agents
marocains sont encore venus ce matin, ils m'ont pris et m'ont fait « de tout »
et ils l'ont fait à ma sœur. Nous sommes totalement brisées et anéanties. Ils
m'ont brisée ».
Dans une autre vidéo, elle raconte ce qu'elles ont subi : « Ils
nous ont violées avec des bâtons. Ils nous ont violé avec des tubes qu'ils ont
mis en nous. Ils m'ont frappée sur tout le corps, m'ont donné des coups de pied
et m'ont frappé dans l'œil, ils ont couvert ma bouche, je ne pouvais pas
respirer, ils ont attrapé mes mains ». Et elle montre comment elles sont
encerclées, avec des agents d'occupation marocains à chaque coin de rue.
Malgré l'impuissance et la brutalité dont elles sont victimes, elles sont déterminées : «Vous devez savoir que nous ne quitterons pas notre maison et que nous ne cesserons pas notre lutte. Je le dis clairement à l'occupant marocain, notre lutte continuera, même si vous détruisez toute cette maison, même si vous nous torturez et nous emprisonnez ».
Leur lutte est pacifique et leur arme est le drapeau sahraoui, qu'elles accrochent à la fenêtre ou mettent sur la terrasse. Au Sahara occidental, de nombreux drapeaux flottent déjà sur les terrasses : la campagne #OndeaBanderaDeLaRASD rejette l'occupation marocaine dans les territoires occupés du Sahara occidental sous le slogan « ma maison, mon drapeau ». Pour cela, de nombreux militants ont été réprimés par des passages à tabac ou la destruction de leur maison.
À de nombreuses reprises, Sultana Khaya a lancé un appel à l'aide aux organismes internationaux, tels que l'ONU. Amnesty International a fait campagne en sa faveur. Les attaques se multiplient et Sultana a reçu des menaces de mort et a même déclaré qu'elle savait qu'elle allait mourir des mains de ses sbires.
Un groupe de collectifs, dirigé par l'Association Sahraouie dans la Communauté de Madrid, a dénoncé dans une déclaration le viol des sœurs Khaya par les agents marocains qui ont pénétré dans leur maison aux premières heures du 12 mai, et a appelé à une manifestation le samedi 15 mai à 11 heures à la Puerta del Sol à Madrid.
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