31/05/2021

Meurtre de Giulio Regeni : quatre agents égyptiens seront jugés à partir du 14 octobre par contumace en Italie

Eleonora Martini, il manifesto, 26/5/2021
Traduit par Fausto Giudice

Le rapport final de la Commission d'enquête parlementaire italienne est attendu dans la même période, soit dans quatre mois.

Les parents de Giulio avec leur "escorte médiatique"

Le temps de rendre justice arrive. Plus de cinq ans après l'enlèvement de Giulio Regeni, qui a disparu le 25 janvier 2016 alors qu'il traversait les rues du Caire, se retrouvent maintenant accusés quatre agents égyptiens de l'Agence de Sécurité nationale (Quetaâ El Amn El Watani) considérés par le procureur de Rome responsables à divers titres de l'enlèvement aggravé, des lésions corporelles (le crime de torture n'avait pas encore été établi dans notre système juridique au moment des faits) et du meurtre du chercheur frioulan. Hier, le juge d’instruction Pierluigi Balestrieri, les a renvoyés en procès et a fixé la première audience du procès au 14 octobre.

La décision du juge se fonde essentiellement sur le rejet de l'exception soulevée par les avocats de la défense concernant le fait que la justice italienne n’avait pas pu localiser les quatre responsables de la sécurité du Caire dont les domiciles ont toujours été couverts par le secret opposé par les autorités égyptiennes et leur notifier leur inculpation. Mais le général Tariq Sabir (en 2016 à la tête de l’Agence de Sécurité nationale et maintenant transféré à des fonctions administratives) qui avec le colonel Usham Helmi est accusé d'enlèvement, le colonel Athar Kamel Mohamed Ibrahim (ancien chef du Service d'enquête judiciaire du Caire) et le major Magdi Ibrahim Abdelal Sharif, considéré par le procureur Colaiocco comme l'auteur matériel du meurtre, ont été largement informés à plusieurs reprises.

En effet, comme l'explique le ministère public lui-même dans le mémoire déposé, tous les prévenus « étaient certainement informés de l'existence de la procédure pénale italienne, ayant tous été, plus d'une fois, entendus par la magistrature égyptienne suite à une commission rogatoire de ce bureau ». C'est pourquoi le juge a estimé que « la couverture médiatique étendue et extraordinaire a fait de la nouvelle de l’imminence du procès un fait connu ». Leur dérobade au jugement est donc « volontaire ».

D'autre part, comme toujours depuis 2017, la Fédération nationale de la presse italienne (FNSI) a également continué hier à faire office d' « escorte médiatique » pour les parents de Giulio, Paola Deffendi et Claudio Regeni, avec un piquet à Piazzale Clodio pendant le déroulement de l'audience préliminaire, auquel le président de la FNSI Giulietti a participé, et à promouvoir une forte couverture médiatique de l'affaire dans les médias nationaux et internationaux. « À partir d'aujourd'hui, nous avons l'espoir fondé qu'au moins le droit à la vérité judiciaire ne sera pas violé - a commenté l'avocate de la famille, Alessandra Ballerini.  Il nous a fallu 64 mois. Mais c'est un bon objectif et un bon point de départ ».


Mais malheureusement, la vérité judiciaire - essentielle malgré tout - pourrait rester sans conséquences pour les responsables du meurtre et ses mandataires. Afin d'identifier les responsabilités et les circonstances politiques de l'assassinat, la Commission d'enquête parlementaire est active depuis 2019 ; ses actes sont sous le sceau du secret et elle ne rendra son rapport qu'à l'issue de ses travaux, le 3 octobre prochain. Hier, son président, Palazzotto (Libres et Égaux) a exhorté l'exécutif à l’appuyer en expliquant que le « pas en avant accompli » est maintenant « un défi qui exige du gouvernement un engagement concret pour obtenir de l'Égypte le respect, la vérité et la justice ».

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