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23/08/2022

JORGE MAJFUD
Psychopatriotisme yankee

Jorge Majfud, Escritos Críticos, 21/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

En vertu d'une loi de 1994 (Holocaust Education Bill), les écoles publiques de Floride ont une matière appelée “Holocauste”, dans laquelle sont étudiées les atrocités racistes commises en Europe contre les juifs. En 2020, le gouverneur Ron DeSantis a promulgué une autre loi exigeant que toutes les écoles primaires et secondaires certifient qu'elles enseignent l'Holocauste aux nouvelles générations. Dans le même temps, les sénateurs de la communauté afro ont réussi à faire inclure dans le programme la mention du massacre d'Ocoee, où au moins 30 Noirs ont été tués en 1920, ce qui, pour comprendre le racisme endémique et les injustices sociales, revient à expliquer le corps humain par son ombre.

Le 2 novembre 1920, July Perry est lynché par une foule lors du massacre d'Ocoee, le pire jour d'élections de l'histoire des USA. Les problèmes ont commencé lorsqu'un homme noir du nom de Moses Norman s'est vu refuser le droit de vote, parce qu'on lui a dit qu'il ne pouvait pas voter parce qu'il n'avait pas payé sa taxe électorale (photo de July Perry, avec l'aimable autorisation du Orange County Regional History Center) (Orlando Sentinel). Ci-dessous deux plaques commémoratives apposées pour le centenaire.


 

Par la loi également, à partir de 2022, dans ces mêmes lycées de Floride, il est interdit de discuter de l'histoire raciste usaméricaine. La raison, selon le gouverneur Ron DeSantis, est que « personne ne devrait apprendre à se sentir inégal ou à avoir honte de sa race. En Floride, nous ne laisserons pas l'agenda de l'extrême-gauche prendre le contrôle de nos écoles et de nos lieux de travail. Il n'y a pas de place pour l'endoctrinement ou la discrimination en Floride ».

Si on n'en parle pas, ça n'existe pas. De ce côté-ci de l'Atlantique, le racisme n'existe pas et n'a jamais existé.

Les mêmes esclavagistes qui définissaient des millions d'esclaves (la base de la prospérité du pays) comme “propriété privée” sur la base de leur couleur de peau, appelaient ce système une “bénédiction de l'esclavage”, qu'ils voulaient “répandre dans le monde entier” pour “lutter pour la liberté” tout en appelant leur système de gouvernement “démocratie” (Brown, 1858).

“Ce nègre a voté”. Cette photo provient de Miami, en Floride, dans les années 1920, où le Klu Klux Klan a lancé une “parade de la peur” destinée à effrayer les électeurs noirs pour qu'ils ne votent pas.
Après le massacre, jusqu'à 500 Noirs ont été chassés de leurs terres à Ocoee et le Klu Klux Klan a mis en place un embargo autour de la ville pour s'assurer qu'aucun d'entre eux ne pourrait retourner chez lui. Pendant ce temps, les Blancs saisissent leurs biens, parfois avec des actes exigeant que les terres “ne soient plus cédées aux Noirs”.

Les mêmes personnes qui ont volé et exterminé des peuples autochtones bien plus démocratiques et civilisés que la nouvelle nation de la ruée vers l'or avant la ruée vers l'or, ont appelé cela de la “légitime défense” contre des “attaques non provoquées” de sauvages (Jackson, 1833 ; Wayne, 1972).

22/08/2022

ISAAC SCHER
La CIA incapable de corroborer l'étiquetage par Israël de groupes de défense des droits des Palestiniens comme “terroristes”

 Isaac Scher, The Guardian, 22/8.2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Exclusif: selon des sources, un rapport montre que la CIA est incapable de trouver des preuves à l'appui de l’allégation israélienne, mais la découverte n'incite pas les USA à la réfuter

Une course de vélo à Rafah, Gaza, l'année dernière, organisée par l'Union des Comités de femmes palestiniennes. Israël affirme que le groupe est une couverture pour le FPLP. Photo: Agence Anadolu/Getty Images

Un rapport classifié de la CIA montre que l'agence n'a pas été en mesure de trouver des preuves à l'appui de la décision d'Israël de qualifier six ONG palestiniennes de premier plan d ' “organisations terroristes”.

En octobre, Israël a qualifié de groupes terroristes Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Al-Haq, le Centre Bisan pour la Recherche et le développement, Defense for Children International-Palestine, l'Union des Comités de travail agricole et l'Union des Comités de Femmes Palestiniennes.

Israël a affirmé que les organisations étaient des groupes de façade pour le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un parti politique de gauche qui a une branche paramilitaire.

Plus tôt cette année, Israël a transmis des renseignements sur la désignation aux USA, mais une évaluation de renseignement par la CIA sur le matériel n'a trouvé aucune preuve à l'appui de cette affirmation, selon deux sources proches de l'étude.

Le rapport de la CIA « ne dit pas que les groupes sont coupables de quoi que ce soit », a déclaré une source. L'évaluation était hautement confidentielle, a déclaré une deuxième source. L'évaluation était hautement confidentielle, a précisé une deuxième source.

De nombreux États, y compris des alliés d'Israël, ont rejeté la désignation comme terroristes, l’estimant sans fondement.

Défendre les droits humains, ce n’est pas du terrorisme

 B’Tselem, 21/8/2022

53 organisations de la société civile solidaires des organisations palestiniennes désignées par Israël comme “groupes terroristes”.

La défense des droits humains, ce n'est pas du terrorisme. Israël persiste à déclarer d'importantes organisations de la société civile palestinienne comme des groupes terroristes. Récemment, l'armée a joint le geste à la parole en faisant une descente dans leurs bureaux et en les fermant.

Ces déclarations sont sans fondement. En effet, l'administration usaméricaine, l'Union européenne et d'autres alliés d'Israël ont trouvé les allégations d'Israël peu convaincantes. Après avoir examiné en détail le matériel qu'Israël leur a fourni, tous les pays européens donateurs de ces organisations ont décidé de poursuivre leur soutien.

HAGAR SHEZAF
Le nombre de Palestiniens détenus sans jugement dans les prisons israéliennes atteint son plus haut niveau depuis 2008

 Hagar Shezaf, Haaretz, 22/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Le nombre de détenus administratifs en Israël a grimpé en flèche depuis la vague d'attaques terroristes de mars dernier, atteignant plus de 700, dont 11 Palestiniens de nationalité israélienne

La prison israélienne d'Ofer en Cisjordanie, ce mois-ci. Photo : Ohad Zwigenberg

Israël détient actuellement 723 détenus en prison sans jugement, le nombre le plus élevé depuis 2008 et une augmentation significative par rapport aux 671 détenus début août. Onze des détenus sont des citoyens israéliens-aucun d'entre eux n'est juif-et les autres sont des Palestiniens.

Le nombre de détenus administratifs en Israël a grimpé en flèche depuis la vague d'attentats terroristes de mars, avec 52 nouveaux prisonniers depuis le début du mois d'août. Des arrestations ont été effectuées depuis les combats à Gaza au début du mois contre le Jihad islamique et la répression de l'organisation en Cisjordanie.

Les suspects placés en détention administrative sont incarcérés en Israël sans inculpation dans le cadre d'un système de “détention préventive”. Ils ne sont pas traduits devant un tribunal et leurs avocats ne reçoivent pas les preuves à leur encontre, à l'exception d'un bref résumé des principaux soupçons. Un rapport de renseignement confidentiel et un ordre de détention administrative signés par le chef du Commandement central des Forces de défense israéliennes sont présentés au juge qui doit approuver la détention, sans la présence du détenu.


Ahlam Haddad, l'avocate représentant le gréviste de la faim Khalil Awawdeh, a déclaré à Haaretz que de nombreux détenus administratifs avaient été arrêtés parce qu'ils avaient exprimé leur soutien à son client.

EYAL WEIZMAN
À Kassel : la documenta fifteen

 Eyal Weizman, London Review of Books, 4/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Eyal Weizman (Haïfa, 1970) est le fondateur et directeur de Forensic Architecture (Architecture médico-légale) et professeur de cultures spatiales et visuelles à Goldsmiths, Université de Londres, où il a fondé en 2005 le Centre for Research Architecture. En 2007, il a créé, avec Sandi Hilal et Alessandro Petti, le collectif d'architectes DAAR à Beit Sahour/Palestine.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Hollow Land, The Least of all Possible Evils, Investigative Aesthetics, The Roundabout Revolutions, The Conflict Shoreline et Forensic Architecture.

Eyal a occupé des postes dans de nombreuses universités du monde, notamment à Princeton, à l'ETH Zurich et à l'Académie des beaux-arts de Vienne.

Il est membre du conseil consultatif technologique de la Cour pénale internationale et du Centre pour le journalisme d'investigation.

En 2019, il a été élu membre à vie de la British Academy. En 2020, il a reçu un MBE (Ordre de l’Empire britannique) pour “services rendus à l'architecture” et en 2021 le London Design Award. Forensic Architecture a reçu un Peabody Award pour les médias interactifs et le prix pour la culture de la Fondation européenne de la culture.

Eyal a étudié l'architecture à l'Architectural Association, dont il est sorti diplômé en 1998. Il a obtenu son doctorat en 2006 au London Consortium de Birkbeck, Université de Londres.

On peut lire de lui en français À travers les murs. L’architecture de la nouvelle guerre urbaine, La Fabrique, Paris, 2008, et La vérité en ruines-Manifeste pour une architecture forensique, éditions Zones, 2021 .@ForensicArchi

La documenta, qui se tient tous les cinq ans à Kassel, est l'exposition d'art contemporain la plus influente au monde. Le 19 juin, un jour après l'ouverture, une banderole de huit mètres de haut intitulée People's Justice, peinte par le collectif artistique indonésien Taring Padi, a été suspendue à un échafaudage sur la Friedrichsplatz, la place centrale de Kassel. Il s'agissait d'une énorme pièce d'agit-prop, une version caricaturale d'une peinture murale de Diego Rivera, représentant les auteurs et les victimes du régime Suharto, à commencer par la campagne génocidaire de 1965-1966 contre des membres réels ou imaginaires du parti communiste indonésien, des gauchistes et des Chinois de souche.

Avant

La banderole était conçue comme un tribunal populaire, un appel à la responsabilité. Les Taring Padi étaient des étudiants protestataires en 1998, lorsqu'un soulèvement populaire - et des combats de rue sanglants - ont finalement fait tomber Suharto. Ils ont perdu de nombreux amis dans la violence. People's Justice, créé en 2002, est leur réponse collective. Elle a été exposée à plusieurs reprises au niveau international, mais jusqu'à son dévoilement à Kassel, personne ne semblait avoir remarqué que parmi les centaines de personnages de la peinture, deux étaient clairement antisémites. L'indignation est grande, et la banderole est retirée deux jours plus tard. De nombreux médias ont célébré la défaite du postcolonialisme et déclaré que l'exposition dans son ensemble était une cause embarras national. Certains réclament la fin de la documenta. Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, réagit en avertissant que “la liberté artistique a des limites” lorsqu'il s'agit de questions politiques. Le chancelier Scholz a annoncé que, pour la première fois en trente ans, il ne se rendrait pas à l'exposition. La ministre de la culture, Claudia Roth, a promis un contrôle accru de l'État. Enfin, le 16 juillet, la directrice de la documenta, Sabine Schormann, a démissionné d'un “commun accord” avec le conseil de surveillance.

Lors de ma visite, le week-end suivant l'ouverture, la vaste exposition, répartie sur une trentaine de sites, était aussi vide que je ne l'ai jamais vue. Pourtant, elle dégageait une énergie décontractée et délabrée. On y trouvait des œuvres en cours de réalisation présentées en vrac, des tentes éparpillées et d'autres structures improvisées où étaient projetées des vidéos, des performances en direct, un dortoir d'artistes, une cuisine commune, une serre-jardin expérimentale et plusieurs espaces de débat politique, principalement sur l'héritage du colonialisme européen. La documenta quinze est organisée par Ruangrupa, un autre collectif indonésien, qui l'a conçue comme un système pyramidal : les participants, pour la plupart issus du Sud, étaient encouragés à inviter d'autres collectifs, qui transmettaient à leur tour l'invitation. Personne ne sait exactement combien de personnes ont fini par contribuer à l'exposition - peut-être jusqu'à 1500. L'ensemble de l'arrangement était irrévérencieux, non hiérarchique, un correctif bien nécessaire au style muséologique rigide des “éditions” précédentes, comme la documenta appelle ses expositions. Elle se moquait du système de mécénat d’entreprises et des foires commerciales du monde de l'art.

Après

La dictature de Suharto n'aurait pas duré trois décennies sans le soutien - diplomatique, financier et tactique - des gouvernements occidentaux et de leurs agences de renseignement. Des documents récemment déclassifiés montrent que la CIA a fourni à l'armée indonésienne des listes de cibles, tandis que le ministère britannique des Affaires étrangères a attisé le sentiment anticommuniste en distribuant de faux bulletins d'information destinés aux "émigrés" et en diffusant des histoires dans les émissions de radio. Comme le montrent les transcriptions des réunions, Gerald Ford et Henry Kissinger ont personnellement approuvé l'invasion du Timor oriental par Suharto en 1975. Plus de cent mille personnes y ont été tuées avec l'aide des armes usaméricaines. Pour de nombreux artistes militants en Indonésie, comme ailleurs dans le Sud, la brutalité exercée par les gouvernements autoritaires dans leur pays est liée à leurs complices à l'étranger. Contrairement aux auteurs de violence nationaux, qui ont des noms et des visages, ces autres inconnus opèrent dans l'ombre - ce qui leur permet de devenir plus facilement grossiers et monstrueux dans l'imagination.

En tant qu'agit-prop, People's Justice n'est pas complexe. À droite, on trouve les simples citoyens, les villageois et les travailleurs : les victimes du régime. À gauche, les auteurs présumés et leurs complices internationaux. Les représentants des services de renseignement étrangers - l'ASIO australien, le MI5, la CIA - sont représentés sous forme de chiens, de cochons, de squelettes et de rats. Il y a même un personnage appelé “007”. Une colonne armée défile sur un tas de crânes, une fosse commune. Parmi les auteurs de l'attentat, un soldat au visage de porc porte une étoile de David et un casque sur lequel est inscrit “Mossad”. À l'arrière-plan, on aperçoit un homme avec des moustaches, un nez tordu, des yeux injectés de sang et des crocs à la place des dents. Il est vêtu d'un costume, mâchonne un cigare et porte un chapeau portant la mention “SS” : un Juif orthodoxe, représenté comme un riche banquier, jugé pour crimes de guerre - en Allemagne, en 2022.

Lors de leur première tentative d'excuses, le 24 juin, les artistes ont suggéré que l'agent du Mossad à visage de cochon avait une signification différente dans le contexte dans lequel il avait été peint. Le cochon est un symbole traditionnel javanais de corruption et le Mossad y figure parce que les services de renseignements israéliens ont joué un rôle - mineur - dans le soutien à Suharto. Ils ont insisté sur le fait que leur cible n'était pas un groupe ethnique ou religieux particulier, mais l'ensemble des pays occidentaux qui s'étaient rangés derrière le régime. Ils ont fait remarquer qu'il y avait d'autres cochons dans le tableau. Mais en Allemagne, où des gravures de “la truie juive” décorent encore des cathédrales, malgré des campagnes et des actions en justice visant à les faire retirer, il était difficile d'affirmer que l'image n'était pas destinée à désigner les Juifs. Il n'y a eu, en tout cas, aucune tentative d'expliquer l'image du juif orthodoxe avec le chapeau SS. Il est placé derrière une représentation tout aussi raciste d'un GI noir, pénis à la main, en train d'éjaculer. Une œuvre d'art peu subtile.

HAGAR SHEZAF
La Cour suprême israélienne rejette l'appel à la libération de Khalil Awawdeh, en grève de la faim

 Hagar Shezaf, Haaretz, 21/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Hagar Shezaf est correspondante du quotidien israélien Haaretz en Cisjordanie occupée.  @hagar_shezaf

Malgré la détérioration de son état de santé, les juges de la Cour suprême d'Israël ont déclaré que la Cour n'avait pas le droit d'intervenir dans la décision de maintenir Khalil Awawdeh en détention.

La Cour suprême israélienne a rejeté dimanche un appel à la libération du Palestinien Khalil Awawdeh, détenu administratif en grève de la faim, qui est actuellement hospitalisé dans un état grave.

Khalil Awawdeh au centre médical Assaf Harofeh, samedi. Photo : Ahlam Haddad

À la suite de l'ordre donné vendredi par le commandement central de geler la détention administrative d'Awawdeh tant qu'il est à l'hôpital, les juges de la Cour suprême ont écrit que la Cour n'avait pas à intervenir dans la décision de maintenir Awawdeh en détention malgré son état de santé.

Selon l'ordre du Commandement central, Awawdeh, qui n'a pas été accusé d'un crime, n'est soumis à aucune restriction par rapport aux autres patients pendant son hospitalisation, mais son arrestation doit être rétablie dès qu'il quitte l'hôpital.

Les juges Daphne Barak-Erez, Ofer Grosskopf et Alex Stein ont écrit que, après avoir examiné les documents confidentiels qui leur ont été présentés, il existe une justification “très solide” pour maintenir Awawdeh en détention administrative.

Les juges ont ajouté que, selon l'avis médical soumis à la cour aujourd'hui, l'état d’Awawdeh est grave et il refuse de recevoir un traitement médical. Il a également été noté qu'il « a montré sa volonté de recevoir une intervention médicale immédiate » au cas où il atteindrait un état critique mettant sa vie en danger.

L'avocate d'Awawdeh, Ahlam Haddad, a demandé aux juges d'autoriser la famille d'Awawdeh à lui rendre visite, en se basant sur le fait qu'il est actuellement autorisé à recevoir des visiteurs. En réponse, les juges ont écrit qu'ils attendaient que des instructions claires soient données aux autorités compétentes à ce sujet.


Dalal, l'épouse du gréviste de la faim palestinien Khalil Awawdeh, montre sa photo dans la maison familiale, dans la ville d'Idna, en Cisjordanie, mercredi. Photo : Nasser Nasser /AP

Vendredi, Haddad a demandé à la Cour suprême de libérer Awawdeh de sa détention administrative, son état s'étant détérioré après 170 jours de grève de la faim.

Dans sa requête, Haddad demande à la Cour d'émettre une ordonnance exigeant que l'État explique pourquoi il ne libère pas Awawdeh et fournisse des informations complètes sur l'état de santé de son client.

Awawdeh a entamé sa grève de la faim en juillet dernier pour protester contre sa détention administrative. Il a été admis au centre médical Assaf Harofeh le 11 août, où il a été maintenu par des entraves aux jambes pendant son traitement, jusqu'à ce que l'ordre de geler son arrestation soit mis en œuvre.

La grève de la faim est la deuxième qu'Awawdeh entreprend depuis son arrestation, selon la pétition. Awawdeh a mis fin à la première grève, qui a duré de mars à juin, après avoir reçu la promesse qu'il serait libéré. Il a entamé la grève actuelle après que sa détention administrative a été prolongée.

L'entreprise israélienne de cyberguerre NSO licencie 100 personnes et son PDG quitte son poste

Omer Benjakob et Sagi Cohen, Haaretz, 21/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Le groupe NSO, fabricant du tristement célèbre logiciel espion Pegasus, licencie plus de 10 % de ses employés, tandis que le PDG Shalev Hulio va se retirer et se concentrer sur la recherche d'un acheteur pour la société.

Shalev Hulio (Haifa, 1979), le “S” de NSO (le “N” est pour Niv Karmi et le “O” pour Omri Lavie, les 2 cofondateurs)

NSO Group, la société israélienne de cyberguerre connue pour son tristement célèbre logiciel espion Pegasus, licencie une centaine de personnes et remplace son PDG, a confirmé un porte-parole de la société.

Le PDG Shalev Hulio, l'un des trois cofondateurs de NSO, quitte son poste et s'attachera désormais à trouver un acheteur pour la société, après l'échec d'un accord visant à la vendre à l'entrepreneur de défense usaméricain L3Harris, en raison de l'opposition des responsables usaméricains et israéliens. Yaron Shohat, qui était directeur des opérations, prendra la place de Hulio.

NSO a déclaré qu'elle allait également se séparer d'une centaine de ses 750 employés, soit environ 13 % de son personnel. 


 La cyberentreprise affirme qu'elle prévoit de terminer l'année en cours avec un chiffre d'affaires de 150 millions de dollars, mais elle est en grande difficulté financière depuis que le ministère usaméricain du commerce l'a placée sur sa liste noire en novembre dernier, après qu'il a été révélé que certains États africains utilisaient le logiciel Pegasus pour espionner les fonctionnaires du département d'État US en Afrique.

Cette décision avait été précédée par le Projet Pegasus, un consortium de journalistes d'investigation dirigé par l'ONG parisienne Forbidden Stories et comprenant Haaretz, qui a publié une série de rapports alléguant l'utilisation abusive du logiciel d'espionnage Pegasus par des régimes du monde entier.

Après la publication des recherches du Projet Pegasus, le département de surveillance des exportations du ministère de la Défense israélien a considérablement réduit la liste des États vers lesquels des sociétés comme NSO peuvent commercialiser leurs produits. Un certain nombre de cyber-entreprises israéliennes - parmi lesquelles des concurrents plus petits de NSO comme Nemesis - ont commencé à fermer leurs portes après que le département de surveillance a refusé d'approuver leurs nouveaux contrats en Orient et en Afrique.

Les tentatives de NSO pour être retiré de la liste noire usaméricaine sont restées vaines jusqu'à présent. Il y a quelques mois, la société a commencé à rechercher un accord visant à vendre NSO à une société de sécurité usaméricaine, ce qui en ferait une entité usaméricaine et lui permettrait d'être retirée de la liste. L'accord avec L3Harris, une entreprise sous-traitante du Pentagone, qui était soutenu par certains membres de la communauté du renseignement usaméricain, a échoué en raison de l'opposition d'Israël et de Washington.

Dans les mois qui ont suivi la tentative de vente, NSO a continué à essayer de faire avancer l'affaire pour tenter de sauver ses opérations. Les hauts responsables du secteur préviennent que si Israël ne permet pas la conclusion de nouveaux accords, davantage d'entreprises fermeront leurs portes, davantage d'employés seront licenciés et, selon eux, Israël cessera d'être une force majeure sur le marché de la cyberguerre. [sniff sniff, on est bien triste pour eux, NdT]

20/08/2022

Rädda fången Khalil Awawdehs liv!
Brådskande upprop från Chris Willamson, Europeiska alliansen till stöd för palestinska fångar

Europeiska alliansen till stöd för palestinska fångar , 17/8/2022

Till alla medlemmar av världens parlament!

Till alla föreningar och institutioner som står i solidaritet med det palestinska folket!

Till alla människorättsinstitutioner!

Den palestinska fången Khalil Awawdeh fortsätter med sin hungerstrejk för den 166e dagen. Han påbörjade hungerstrejken den 7 mars 2022. Awawdehs liv har till följd nått ett kritiskt skede. Risken att han mister livet på grund av sitt fortsatt snabbt försämrande hälsotillstånd är stor.   

Awawdeh arresterades den 27 december 2021 enligt lagen om administrativt förvar, som härleds tillbaka till det brittiska mandatet i Palestina och som ockupationsmakten Israel fortsätter tillämpa på palestinierna. Denna lag är bland de mest godtyckliga bestämmelserna, då den innebär att en person kan sitta i den militära maktens förvar utan att några anklagelser riktas mot denna.

Fångarna är därför tvungna att ta till metoder som hungerstrejker i syfte att uppmärksamma världen om sin situation samt om fängelseledningarnas försummande av denna situation. Detta gör de eftersom de inte ser några alternativ till att riskera sina liv i jakt efter frihet.

Som ett resultat av denna israeliska praxis mot palestinska administrativa fångar som idag beräknas uppgå till 620 personer, har dessa sedan början av detta år beslutat att vägra att ställa sig inför de israeliska militärdomstolarna som åtagit sig att fastställa och legitimera dessa bestämmelser genom att utfärda domar och således skapa rättspraxis som gynnar dessa bestämmelser.

Khalil Awawdeh och ett antal andra fångar är fast beslutna att fortsätta sin hungerstrejk tills de får sin frihet eller faller som martyrer.

Den Europeiska alliansen till stöd för palestinska fångar uppmanar alla europeiska regeringar, parlament, partier, människorättsorganisationer och internationella domstolar att agera för att stoppa denna orättvisa behandling av Awawdeh, så att han kan få den nödvändiga vård han behöver samt att han ska släppas för att återförenas med fru och barn i sitt hem.

Ytterligare kräver vi ett upphörande av den administrativa förvaringen av palestinska fångar, vilken strider mot internationell rätt och internationell humanitär rätt, och således ett upphörande av det oproportionerliga och illegala frihetsberövandet som pågår i månader och år under falska premisser.

Vi uppmanar er att omedelbart ingripa för att rädda livet på fången Khalil Awawdeh och säkra hans frigivning.

Nej till administrativt frihetsberövande!

Frihet för alla palestinska fångar!

Bryssel, den 17 augusti 2022

CHRIS WILLAMSON

Hedersordförande för den Europeiska alliansen till stöd för palestinska fångar

 

19/08/2022

GIDEON LEVY
Ces décombres étaient la maison de mon enfance
La gentrification de Tel Aviv avance

Gideon Levy, Haaretz, 19/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Cela aurait pu être à Rafah, Alep ou Mariupol, mais c'est arrivé cette semaine à Tel Aviv. La maison dans laquelle j'ai grandi, qui était tout mon univers pendant les 20 premières années de ma vie et contenait tous mes souvenirs d'enfance, est devenue un tas de décombres. Mon cœur battait la chamade avant même que j'entre dans la rue. Je savais ce qui m'attendait, mais rien ne m'avait préparé à cette vision. Crash, et boum aussi. Un trou, une blessure, un espace. Plus de bâtiment.


Le 8 de la rue Stand, dite “Shtand”, en plein centre-ville, avant sa démolition


Une pelleteuse Caterpillar 330F se dressait sur le monticule de gravats, son godet en l'air comme dans une image de victoire particulièrement arrogante. Des ouvriers palestiniens aspergeaient d'eau la base du tas de détritus, qui, au début de la semaine, était encore une résidence. Le responsable du site a déclaré que 20 camions de gravats avaient déjà été enlevés, mais que le monticule continuait à se dresser. J'avais envie de lui dire que même 2 000 camions ne pourraient pas emporter tout ce qui avait été ici.

C'était le dernier adieu. Il ne reste aucun signe de vie dans le tas de décombres, juste une porte autrefois verte, trouée comme un tamis. Était-ce celle de Miriam Felner, notre voisine d'à côté ? C'était une survivante hantée et sans enfants de l'Holocauste, originaire de Hongrie. Elle passait des heures à sa porte, vérifiant encore et encore qu'elle était bien fermée. Elle l'ouvrait, la fermait, la poussait, descendait et remontait. Je n'ai jamais eu le courage de lui demander : « Qu'est-ce qui cloche, Mme Felner ? » Sa porte était pleine de trous à cause de ses vérifications constantes de la serrure, mais il est peu probable que ce soit celle qui se trouve maintenant dans le tas de débris.

La minuscule cabane du laitier au fond du jardin, où il garait son tricycle de livraison la nuit, avait également été rayée de la surface de la terre. Tout comme le robinet de l'arrière-cour que nous avions utilisé pour laver notre première voiture, achetée avec l'argent des réparations allemandes. Et avec lui, la clé secrète du robinet, que le propriétaire de l'immeuble, M. Sarna, cachait dans son petit débarras.

Au milieu de toute cette ferraille, je n'ai pas pu repérer le premier climatiseur acheté par mes parents, qu'ils n'utilisaient que quand il y avait de la compagnie. Jusqu'à récemment, ce climatiseur était encore accroché au mur du salon, peut-être en guise de souvenir. Le cerisier du Japon, dont nous jetions les fruits aux passants, avait également été abattu. Seule sa souche dépassait encore.

Mme Zaroni, qui avait survécu à la catastrophe de Ma'agan en 1954 [un avion s’était crashé sur une cérémonie dans un kibboutz, faisant 17 morts, NdT] et était amputée d'une jambe, ne s'assied plus sur son balcon. Meir non plus n'est plus assis dans son épicerie, qui se trouvait à côté des Zaroni, faisant des calculs en yiddish à l'aide du crayon qui était toujours derrière son oreille.

Mme Larich n'appelle plus Yakob (oui, avec un “b”, et non avec un “v” hebreu) pour qu'il revienne de son atelier de métallurgie au 5, rue Shtand, deux portes plus bas, pour le déjeuner. Lady, la chienne des Segal, n'aboie plus comme une folle ; la femme du cantor du numéro 7 ne lui sert plus à dîner sur leur balcon, un étage en dessous des Gluzer, avec la fille desquels j'aimais manger de la Shalva, du riz soufflé sucré.

La lumière jaunâtre des réverbères n'éclaire plus le chauffeur de taxi qui, chaque soir d'hiver, enveloppait le moteur de sa voiture dans une couverture de laine pour qu'il ne prenne pas froid. Plus personne ne m'enverra au Kali sur la place pour rapporter à mes parents “100 grammes, finement moulu, pour une lira* 10”, ou pour mes grands-parents un peu plus riches, “100 grammes, moyennement moulu, pour une lira 40”.

Les cris de “pepene dulce” [en ladino] ne retentissent plus de la charrette de pastèques ; les cris de “sabras froids” ne montent plus de la charrette de sabras [figues de Barbarie] ; le collecteur de bouteilles bossu ne crie plus “bakim, bakim” [équivalent en turc de yalla yalla], son sac sur le dos. Et le rémouleur de couteaux haredi dans sa longue robe, qui pousse ses outils sur une charrette, n'appelle plus en yiddish : “Hallo, scheran schleifen” [Yenamoi aiguiser les ciseaux].

Ma mère ne se rationne plus à une demi-cigarette avant son coup de fil quotidien avec l'une de ses amies ; mon père ne s'enroule plus un filet à cheveux autour de la tête après sa douche et avant de regarder la télévision sur le balcon. Le balayeur érythréen, qui n'était même pas né quand tout cela est arrivé ici, nettoie maintenant la poussière des décombres de la rue. « Encore deux jours et tout sera terminé », dit le chef de chantier. « Nous commencerons par creuser quatre étages sous terre ». Les nouveaux appartements construits ici coûteront 70 000 shekels (21 215 €) le mètre carré.

NdT 

* La lira (livre) palestinienne (junayh en arabe) était le nom ottoman de la devise émise par la Banque Anglo-Palestinienne à partir de 1927, devenue la lira eretz-yisra'elit en 1952 et remplacée par le shekel en 1980.

 

 

ROMAIN GARY
Querido señor Elefante
Carta de amor a un viejo compañero

Romain Gary (1914-1980) , LIFE Magazine, 22/12/1967, Le Figaro littéraire, 4/3/1968
Traducido por María Piedad Ossaba

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Probablemente leyendo esta carta Usted se preguntará qué pudo llevar a un espécimen zoológico tan profundamente preocupado por el futuro de su propia especie a escribirla. El motivo es, por supuesto, el instinto de conservación. Desde hace mucho tiempo siento que nuestros destinos están unidos. En estos días peligrosos de “equilibrio del terror”, de masacres y cálculos científicos sobre el número de personas que sobrevivirán a un holocausto nuclear, resulta natural que mis pensamientos se dirijan a usted.


En mi opinión usted, querido señor elefante, representa a la perfección todo lo que hoy está en peligro de extinción en nombre del progreso, de la eficacia, del materialismo integral, de una ideología o incluso de la razón ya que un cierto uso abstracto e inhumano de la razón y de la lógica se ha tornado cómplice de nuestra locura asesina. Hoy parece evidente que nos hemos comportado con otras especies, y con la suya en particular, de la misma manera como estamos a punto de hacerlo con nosotros mismos.

Fue en el cuarto de un niño, hace ya cerca de medio siglo, que nos encontramos por primera vez. Durante años compartimos la misma cama y nunca me dormía sin besar su trompa y, acto seguido, estrecharle con fuerza entre mis brazos hasta el día que mi madre nos separó diciendo, no sin una cierta falta de lógica, que yo era un niño demasiado grande para jugar con un elefante. Sin duda, hoy aparecerán algunos psicólogos que afirmarán que mi “fijación” por los elefantes remonta a esa dolorosa separación y que mi deseo de compartir su compañía es en realidad una forma de nostalgia de mi infancia y de mi inocencia perdidas. Y es verdad que ustedes representan para mí un símbolo de pureza y un sueño ingenuo, el de un mundo donde hombres y animales podrían vivir juntos y en paz.

Años después, en algún lugar de Sudán, nos volvimos a encontrar. Regresaba de una misión de bombardeo sobre Etiopía y aterricé con mi avión en un estado lamentable al sur de Jartum, en la ribera occidental del Nilo. Caminé durante tres días antes de encontrar agua y beber, lo que luego pagué con una fiebre tifoidea que casi me costó la vida. Usted se me apareció a través de unos escasos algarrobos y al principio pensé que era víctima de una alucinación. Porque era rojo, rojo oscuro desde la trompa hasta la cola, y la visión de un elefante rojo ronroneando sentado sobre su trasero me puso los pelos de punta. ¡Sí! estaba ronroneando, y desde entonces he aprendido que este profundo estruendo es en ustedes un signo de satisfacción, lo que me lleva a creer que la corteza del árbol que estaba comiendo era particularmente deliciosa.

Tardé en comprender que la razón por la que estaba rojo era porque se había revolcado en el barro, lo que significaba que había agua cerca. Avancé lentamente y en ese momento Ud. se dio diste cuenta de mi presencia. Levantó las orejas y su cabeza pareció triplicar su volumen, mientras que su cuerpo, que parecía una montaña, desaparecía tras el dosel repentinamente levantado.

Entre Ud. y yo, la distancia no era más de veinte metros, y no sólo podía ver sus ojos, sino que era muy sensible a su mirada, que me alcanzó, si se me permite decirlo, como un directo al estómago. Era demasiado tarde para pensar en huir. Y luego, en el estado de agotamiento en que me encontraba, la fiebre y la sed prevalecieron sobre mi miedo. Renuncié a la lucha. Esto me sucedió varias veces durante la guerra: cerré los ojos, esperando la muerte, lo que me valió cada vez una condecoración y una reputación de coraje. 

Cuando volví a abrir los ojos, Ud. estaba dormido.

Supongo que no me vio, o peor aún, sólo me miró antes de quedarse dormido. De todos modos, ahí estaba: la trompa flácida, las orejas caídas, los párpados caídos, y recuerdo que mis ojos se llenaron de lágrimas. Me invadió un deseo casi irresistible de acercarme a Ud., de apretar su trompa contra mí, de apretarme contra el cuero de su piel y allí, bien protegido, dormirme plácidamente. Una sensación de lo más extraña me invadió. Era mi madre, lo sabía, quien la había enviado. Finalmente había cedido y me habían devuelto a Ud.. Di un paso en tu dirección, luego otro...

GIDEON LEVY
Pourquoi le père de Khalil Awawdeh, en grève de la faim depuis 170 jours, est prêt à perdre son fils

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 19/8/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

C'est le 170e jour de la plus longue grève de la faim jamais observée par un détenu administratif palestinien. Khalil Awawdeh a passé 13 ans dans les prisons israéliennes et devait être libéré après le cessez-le-feu de Gaza, mais cela ne s'est pas produit.

Mohammed, le père de Khalil Awawdeh, à son domicile cette semaine. La famille a rejeté la demande de l'armée, lors d'un raid nocturne au début de l'année, de retirer ses posters du gréviste de la faim.

 

Mohammed Awawdeh veut que son fils, Khalil, continue à ne pas céder, et est prêt à le perdre à cette fin. « S'il sort mort, il aura ce qu'il voulait - même s'il est mort », explique le père de 61 ans dans la cour de la maison familiale de la ville d'Idna, à l'ouest d'Hébron.

 

Malgré cela, l'inquiétude et l'anxiété dans cette maison ont augmenté cette semaine. Mohammed sursaute à chaque fois que le téléphone sonne : Il pourrait s'agir d'un appel l'informant de la mort de son fils. La mère de Khalil, Jalila, 62 ans, voulait que son fils arrête sa grève de la faim dès le premier jour. Elle le veut vivant, même au prix de sa liberté. Pas le père. Et Dalal, la femme de Khalil, dit qu'elle est du côté de son mari qui a décidé d'aller jusqu'au bout.

 

Dalal est le dernier membre de la famille à avoir vu Khalil, au centre médical Shamir, au sud-ouest de Tel Aviv, où il a été transféré le week-end dernier. Elle a été gravement choquée par ce qu'elle a vu. Samedi, Dalal a rencontré un homme qu'elle a à peine reconnu, presque aveugle, à peine capable de parler.

 

Sa vie est en danger, et sa mort risque de déclencher une vague de violence renouvelée en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Contrairement à ce qui se passe en Israël, le sort de Khalil Awawdeh continue de susciter intérêt et inquiétude dans certains milieux internationaux. Une manifestation a eu lieu il y a quelques jours à Londres pour demander sa libération, et des événements similaires ont eu lieu dans d'autres villes.

Une cour négligée, ornée d'affiches appelant à la libération d'Awawdeh, dans un quartier tranquille d'Idna. Khalil Awawdeh a 41 ans, il est père de quatre filles. La plus jeune, âgée d'un an et demi, est blottie dans les bras de sa mère. Khalil est l'un des huit enfants de Mohammed et Jalila, mais seul Khalil a été actif dans le Jihad islamique. « Ils ont chacun suivi chacun son propre chemin, Khalil est sur le bon chemin », dit son père, qui atteste que lui-même n'a jamais été politiquement actif.

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Khalil Awawdeh, sur une photo non datée. « Chaque fois que le téléphone sonne, je pense qu'il est mort », dit son père. « Mais s'il meurt, le Jihad ne se taira pas ». Photo de la famille Awawdeh

 

Mohammed, un petit homme affable, a travaillé pendant des années en Israël et parle un bon hébreu d’ouvrier. Il est au chômage depuis 1992, date à laquelle il a été blessé dans un accident de travail à Ashkelon, et son taux d'invalidité est de 77 %. À son grand désespoir, il n'a pas été autorisé à entrer en Israël - on ne sait pas pourquoi. Cette semaine encore, il a demandé l'aide d'un visiteur pour obtenir un permis d'entrée afin de rendre visite à son fils et de reprendre son travail en Israël.

 

Khalil Awawdeh a été un éternel étudiant de premier cycle à l'université d'Hébron, où il étudiait l'ingénierie, mais ses fréquentes incarcérations l'ont empêché de terminer ses études. Il doit encore suivre neuf heures de cours et passer un entretien final pour obtenir son diplôme, ce qu'il ne parviendra probablement pas à faire de sitôt, voire jamais.

 

 L'historique de ses arrestations est long et inquiétant : Il n'est pas raisonnable de maintenir des personnes en détention sans procès autant de fois, et pendant autant d'années. Aujourd'hui, il est déterminé à mettre fin à ce cycle, d'une manière ou d'une autre.