Featured articles en vedette Artículos Artigos destacados Ausgewählte Artikel Articoli in evidenza

06/10/2021

VICTOR LUCKERSON
Que penser des promesses des grandes entreprises technologiques US aux communautés noires ?

Victor Luckerson, Wired, 5/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

L'année dernière, Netflix a pris un engagement qui représente la meilleure tentative de l'industrie technologique pour remédier aux inégalités raciales dans le pays. A quel point devons-nous le prendre au sérieux ?

 

"Ce n'est pas de la charité". Aaron Mitchell, responsable des ressources humaines chez Netflix, s'est appuyé sur des mois de recherches historiques et financières pour rédiger l'engagement de l'entreprise. Photo : Max Hemphill

Au printemps 2020, les habitants du Lower Ninth Ward de la Nouvelle-Orléans ont commencé à affluer vers la banque alimentaire Sankofa de la rue Dauphine comme ils le pouvaient - en voiture, à vélo, en poussant des charrettes. Les files d'attente étaient rapides mais constantes, alors que les effets en cascade de la pandémie de coronavirus balayaient ce quartier de maisons aux couleurs pastel. Certaines personnes ont perdu leur emploi. D'autres s'occupaient de leurs proches atteints par le virus, ou allaient chercher de la nourriture pour les personnes en quarantaine. Pour Rashida Ferdinand, directrice de l'association à but non lucratif qui gère la banque alimentaire, l'afflux de demandes a posé une série de dilemmes, à commencer par le fait qu'elle ne pouvait plus autoriser les gens à entrer dans le bâtiment. Mais une chose était sûre : il était hors de question de fermer la banque. Quoi qu'il en soit, dit Mme Ferdinand, "nous savions que nous devions rester ouverts".

Après avoir circulé dans la ville sans être détecté pendant une grande partie du Mardi Gras, le coronavirus a envahi la Nouvelle-Orléans à une vitesse sans précédent, et il y a tué plus de personnes par habitant que presque partout ailleurs aux USA. Dans la Crescent City [Ville du croissant, la Nouvelle-Orléans a été fondée dans une boucle du Mississipi, NdT], près de 100 000 personnes ont été mises au chômage, les entreprises ont dû fermer leurs portes et le tourisme s'est arrêté. Dans le Lower Ninth Ward, où un tiers des habitants travaillent dans la restauration, l'hôtellerie ou la vente au détail, et où les revenus des ménages sont inférieurs de moitié à la moyenne de la paroisse, le besoin d'aide était particulièrement aigu. Pendant les périodes dites fastes, environ 350 personnes dépendaient des services de Sankofa. Aujourd'hui, l'organisation de Ferdinand approvisionne plus de 800 personnes par mois en lait, œufs, haricots en conserve et autres produits de base.

Pour répondre aux besoins, Sankofa s'est étendu. La banque est passée de deux à quatre jours d'ouverture par semaine. Elle a commencé à livrer de la nourriture aux personnes qui ne pouvaient pas venir la chercher en personne. Lorsque certains employés de Mme Ferdinand ont commencé à travailler à domicile par crainte de contracter le virus, elle a commencé à distribuer elle -même la nourriture. Avec des feuilles de plexiglas achetées chez Ace Hardware, elle a improvisé une vitrine sécurisée anti-Covid sur la véranda de Sankofa. À l'intérieur, près d'une douzaine d'étagères métalliques rouges et noires ont occupé la majeure partie de l'espace ouvert du siège. "Tout notre bureau de devant est devenu le garde-manger", dit-elle.

APPEL
17 octobre 1961 – 17 octobre 2021 : 60ᵉ anniversaire
Vérité et Justice

Télécharger PDF

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l'époque dont le Premier ministre, Michel Debré, était hostile à l'indépendance de l'Algérie, et le Préfet de Police Maurice Papon sous ses ordres. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l'indépendance et le droit des peuples 0 disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la « force de police auxiliaire » – ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police parisiennes.

60 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu'elles ont entraînés, comme ce crime d’État que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République (François Hollande) avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n'est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l'OAS.

Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :

05/10/2021

Monte dei Paschi di Siena : le crépuscule de la plus vieille banque au monde

 

Gaia Pianigiani et Jack Ewing, The New York Times, 17/8/2021

Traduit par Courrier international, 13/9/2021

 Original : Days May Be Numbered for the World’s Oldest Bank

Fondée en 1472, Monte dei Paschi di Siena faisait la fierté et l’identité de Sienne. L’institution, en très mauvaise santé, est au bord du rachat par l’une des plus grandes banques d’Italie, UniCredit.


Si la Banca Monte dei Paschi di Siena est rachetée par UniCredit, le gouvernement italien pourrait être contraint de conserver ses créances douteuses. Photo Susan Wright pour le New York Times

La Banca Monte dei Paschi di Siena, la plus ancienne banque au monde, s’est vu décerner [en juillet] un autre titre moins prestigieux, celui du prêteur européen le plus fragile.

Elle a été classée au dernier rang du test de résistance réalisé par les autorités de contrôle européennes pour évaluer la santé financière des établissements du continent. C’est un nouveau revers dans la longue saga qui concerne la banque, marquée par des accords désastreux, des manigances financières, des actes criminels et une mort mystérieuse.

Créances douteuses

Le test a montré qu’en cas de grave récession la banque verrait disparaître tous ses fonds propres. Le gouvernement italien a dû regarder la vérité en face : plus de cinq siècles après sa création, la banque Monte dei Paschi est sur le point de disparaître. À l’invitation de Rome, UniCredit, l’une des plus grandes banques d’Italie, a annoncé [en juillet] qu’elle était en pourparlers pour racheter sa rivale à condition que l’État conserve toutes ses créances douteuses.

UniCredit gardera probablement le nom de la banque fondée en 1472 pour ses agences du centre de l’Italie. Et ses clients ne verront sans doute aucune réelle différence, du moins au début. Mais l’institution cessera d’être une entité indépendante et un rappel vivant du fait que les marchands italiens de la Renaissance ont pratiquement inventé les services bancaires. Les opérations seront gérées depuis le siège d’UniCredit à Milan, plutôt que depuis le bâtiment aux airs de forteresse qui abrite le siège de Monte dei Paschi, situé dans le Sienne ancien. [La banque d’affaires allemande] Berenberg Bank, fondée à Hambourg en 1590, héritera probablement du titre de plus vieil établissement bancaire en activité au monde.

Lire la suite

 

RONNY LINDER
La majorité des nouveaux diplômés dans les professions de la santé en Israël sont palestiniens

Ronny Linder, Haaretz, 3/10/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Ronny Linder est une journaliste israélienne, reporter et chroniqueuse sur la politique de santé à la section économique de Haaretz, The Marker, où elle a lancé la chronique sur la politique de santé en 2008. En 2001, elle a contribué à la création de l'Association des journalistes d’Israël et en est toujours membre. @RonnyLinder

 Elle rêvait d'être astronaute, mais Salma Abo Foul a fait ce qu'on attendait d'elle - et est devenue médecin. Elle n'est pas la seule : Les Arabes et les Druzes, qui représentent environ 20 % de la population israélienne, constituent près de la moitié des bénéficiaires de licences médicales.

 

Dr Salma Abo Foul-Darawsheh. "J'ai toujours voulu être médecin comme mon père, mais en fait, ce que je voulais le plus était lié à mon amour pour les étoiles et les planètes." Photo : Gil Eliahu

"Son rêve, depuis l'enfance, est de devenir astronaute... Elle admet cependant qu'elle est consciente que le fait d'être une femme, une Arabe et une musulmane bloque son rêve de devenir astronaute. Après le 11 septembre, dit-elle en souriant, même aux USA, je ne pourrais pas réussir. En fait, cela me met davantage au défi. Je suppose que je vais devoir me lancer dans la médecine".

Cette citation est tirée d'un article paru en mai 2004 dans Haaretz ("Haifa's Christian Schools Lead the League", par David Ratner) sur l'école orthodoxe de Haïfa, gérée par l'église grecque orthodoxe, dont les étudiants sont méticuleusement choisis parmi l'élite de la société arabe et obtiennent des résultats extraordinaires. L'une des personnes interrogées était Salma Abu Ful, une musulmane du village de Jatt dans le Triangle (une concentration de communautés arabes dans le centre du pays), étudiante en filière physique et électronique, décrite dans l'article comme "brillante et très motivée" .

Dix-sept ans plus tard, il est clair qu'elle était une adolescente très prévoyante. Elle a fait des études de médecine à l'université de Tel Aviv, puis un internat au centre médical Rambam de Haïfa en chirurgie générale - l'un des domaines médicaux les plus difficiles, considéré comme un bastion masculin - qu'elle a terminé avec un dossier exceptionnel. Abu Ful (aujourd'hui Salma Abo Foul-Darawsheh) a brisé deux plafonds de verre : le genre et la race. À 34 ans, elle est déjà une experte dans l'une des sphères les plus prestigieuses de la médecine. Récemment, elle est passée de Rambam à l'hôpital de la Sainte Famille (plus connu sous le nom d'hôpital italien) à Nazareth, qui dessert principalement la population arabe du nord d'Israël, où elle se concentre sur la chirurgie mammaire.

"J'ai toujours voulu être médecin comme mon père, qui était loué et complimenté par les personnes qui venaient chez nous, mais ce que je voulais en fait le plus était lié à mon amour pour les étoiles et les planètes", dit Abo Foul-Darawsheh. "Je voulais vraiment être astronaute, mais je savais que mon rêve ne pourrait pas se réaliser. Je suis une femme arabe en Israël, et aussi une femme arabe après le 11 septembre. J'ai donc abandonné le premier rêve et suis restée sur le second."

Qu'est-ce qui est le plus difficile pour vous dans votre profession : être une femme ou être une Arabe ?

"Les deux sont semblables. Il semble que je choisisse les choses les plus difficiles et les plus stimulantes, et je n'ai pas de privilèges transparents comme les autres. Je veux progresser et montrer aux femmes et aux filles arabes que nous sommes capables de nous engager dans ce métier."