22/01/2023

MICHELE GIORGIO
Il y a un champ de bataille au cœur de Naplouse

Michele Giorgio, Pagine Esteri, 20/1/2023 (Photos de l’auteur)
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La circulation est chaotique comme tous les jours. Les usines, les ateliers d’artisans et les magasins sont ouverts. Comme tous les matins, les étudiants de l’université Al Najah se rendent au campus à un rythme rapide et, dans l’après-midi, se pressent dans les cafés autour de l’université, remplissant l’air de sons, de mots, de rires. Naplouse semble vivre un quotidien tranquille. Ce n’est qu’une apparence. La deuxième ville palestinienne de Cisjordanie vit dans un climat de guerre depuis l’été dernier, une guerre qui se déroule principalement la nuit et qui n’épargne personne. Le principal champ de bataille est la casbah, la vieille ville. Les hommes des unités spéciales de l’armée israélienne, les mista'arvim [“arabisés”] en civil qui se font passer pour des Palestiniens, ouvrent la nuit, par des actions éclair, la voie aux raids des unités de l’armée à la chasse aux militants de la Tanière des lions, le groupe qui rassemble des combattants de toutes les orientations politiques et qui est devenu l’icône de la lutte armée palestinienne. Des raids qui s’accompagnent d’intenses échanges de tirs et se terminent par des meurtres de Palestiniens, presque toujours perpétrés par des tireurs d’élite.


« Nous vivons comme si nous étions en guerre, avec les occupants (israéliens) qui entrent dans la ville presque chaque nuit pour tuer ou capturer quelqu’un, et les civils en paient souvent le prix », nous dit Majdi H., un éducateur qui a accepté de nous accompagner. « La casbah est la principale cible d’Israël, ajoute-t-il, car elle représente le refuge de la résistance. Mais les raids ont lieu partout et se transforment en batailles au Tombeau de Joseph ». Majdi fait référence aux “visites” nocturnes périodiques de colons israéliens sur le site religieux situé dans la zone A, sous contrôle palestinien total. Leur arrivée, avec une escorte de dizaines de soldats et de véhicules militaires, déclenche de violents échanges de tirs avec la Tanière des lions. « Nous voulons vivre notre vie, sans plus voir de colons et de soldats, mais on ne nous le permet pas », poursuit Majdi, qui mène depuis plusieurs années des activités de soutien psychologique aux mineurs avec d’autres collègues. « Ils sont les plus touchés par ce climat, explique-t-il, les enfants et les jeunes sont les plus exposés aux dommages causés par cette guerre de faible intensité mais toujours violente ». La situation actuelle rappelle à beaucoup l’opération “Mur de défense” lancée par Israël en 2002, lorsque l’armée a réoccupé des villes autonomes palestiniennes au plus fort de la deuxième Intifada. On a estimé le nombre de morts palestiniens à environ 300 à Naplouse, qui a été traversée et dévastée pendant des mois par les chars et les véhicules blindés. Aujourd’hui comme alors, le commandement militaire et le gouvernement israéliens justifient leur main de fer par la “lutte contre le terrorisme” et les organisations armées palestiniennes responsables d’attaques qui, dans certains cas, ont tué ou blessé des soldats et des colons.

La beauté de la casbah de Naplouse n’est comparable qu’à celle de la vieille ville de Jérusalem. Les travaux de rénovation entrepris ces dernières années par les autorités locales, grâce également à des projets internationaux, ont redonné une nouvelle splendeur aux bâtiments anciens et aux coins cachés. Les hammams qui ont contribué à rendre la ville célèbre ont été rénovés, tout comme les fabriques de carrelages et de savon à l’huile d’olive et les ateliers familiaux qui produisent les gelées enrobées de sucre glace. « Mais la reine des sucreries à Naplouse était et reste la kunafa [knafeh] », souligne Majdi, en référence à l’un des délices de la cuisine palestinienne. L’atmosphère est agréable. Après la mosquée al Khader, on rencontre de petits restaurants avec des pots de fleurs et des lumières colorées se reflétant sur la pierre blanche des maisons. Les commerçants exposent des marchandises de toutes sortes et les marchands ambulants vantent les mérites des fruits et légumes qu’ils ont apportés en ville.


En entrant dans le quartier Al Yasmin, Majdi devient plus sérieux et tendu. Nous sommes dans la zone rouge, c’est le fief de la Tanière des lions et d’autres groupes armés. « Ici, il y a des fusillades presque toutes les nuits entre nos jeunes et les soldats israéliens. Tu ne peux pas prendre de photos et si tu croises des combattants, ne les suis pas des yeux trop longtemps. La peur des espions et des collabos est forte », nous dit-il à voix basse. Au-dessus de nos têtes, dans les ruelles, de longs draps noirs ont été étendus pour cacher les mouvements des tireurs aux drones israéliens. Les murs sont couverts d’affiches avec les visages des martyrs, anciens et nouveaux, ceux tués pendant la première Intifada il y a trente ans et ceux abattus ces dernières semaines. Une sorte de mausolée installé sur une petite place commémore les plus célèbres d’entre eux, dont Ibrahim Nabulsi, qui en août dernier, encerclé par les soldats israéliens, a préféré mourir et ne pas se rendre. Avant d’être abattu, Nabulsi a envoyé un message audio à sa mère qui est devenu viral pendant des mois. Pour les Palestiniens, c’est un héros. Pour Israël, en revanche, le premier chef de la Tanière des lions était un “dangereux terroriste” et faisait partie des responsables de graves attaques armées contre des soldats et des colons. Les mista'arvim israéliens ont déjà décapité la direction de la Tanière des lions à plusieurs reprises, mais le groupe voit ses rangs grossir chaque jour. Entre 100 et 150 habitants de Naplouse et des villages voisins en feraient partie. Quelques-uns d’entre eux nous dépassent, nous ne pouvons pas les photographier ou les arrêter pour leur poser quelques questions, répète sèchement Majdi, qui entre-temps a été rejoint par Amer, un de ses amis qui vit dans la casbah, pour nous garant un "laissez-passer" supplémentaire. L’uniforme des hommes armés est noir, le visage est recouvert d’une cagoule, un bandeau de couleur portant le logo du groupe entoure le sommet de la tête. L’arme est presque toujours un pistolet-mitrailleur M-16.


Un « uniforme»similaire est porté par les membres du bataillon de Balata, dans le plus grand camp de réfugiés de la ville, également connu pour être un bastion de la résistance aux forces de sécurité de l’Autorité nationale palestinienne, que beaucoup à Naplouse, y compris ceux du parti Fatah du président Abou Mazen, considèrent désormais comme étant « au service » d’Israël. Les opérations (répressives) de sécurité menées à Naplouse par les forces spéciales de l’ANP sont à l’origine de violentes protestations et les rues du centre-ville se transforment en un champ de bataille entre jeunes et policiers. «Cela fait des décennies que nous demandons en vain la fin de l’occupation israélienne, le principal problème de Naplouse, de chaque ville, de chaque Palestinien », déclare Osama Mustafa, directeur du centre culturel Yafa dans le camp de Balata. « Nous avons essayé avec les accords d’Oslo, avec les négociations mais cela n’a servi à rien, nous restons sous occupation, les colonies israéliennes nous encerclent », ajoute Mustafa. « Israël prétend que sa pression sur Naplouse est due à la présence d’hommes armés dans la ville et met en œuvre des mesures punitives qui touchent l’ensemble de la population ».La frustration est palpable, l’exaspération face au désintérêt des pays occidentaux détériore la relation avec l’Europe. « Au centre Yafa, nous menons des activités culturelles et adaptées aux enfants, explique Mustafa, ce sont des projets civils, presque toujours pour les enfants. Pourtant, pour nous accorder un financement, l’UE nous demande de signer des déclarations condamnant la résistance à l’occupation. Elle le fait parce que c’est Israël qui l’impose. Mais aucun Palestinien ne peut faire ça ».

21/01/2023

GIDEON LEVY
Des soldats israéliens ont tué un Palestinien, Ahmed Kahla, affirmant qu'il avait tenté de saisir une arme, mais n'ont fourni aucune preuve


Gideon Levy, Haaretz, 21/1/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Se rendant en voiture au travail avec son fils, Ahmed Kahla a été arrêté à un poste de contrôle de l'armée israélienne, où il a été abattu. L'armée a prétendu qu'il avait essayé de saisir l'arme d'un soldat. Son fils insiste sur le fait qu'il a été tué sans raison.

Zeid et Hani Kahla, frères d'Ahmed en deuil, recevant des condoléances cette semaine. Photo : Alex Levac

Le compte-rendu suivant est paru lundi dernier dans le Yedioth Ahronoth : « Les combattants de Tsahal ont abattu hier matin un Palestinien armé d'un couteau qui a tenté d'arracher une arme à l'un des membres de la force... Le terroriste, qui a été abattu... , [était] un habitant du village de Rammun ».

Encore une attaque terroriste neutralisée par les intrépides « combattants des postes de contrôle ».

Les FDI, qui ont d'abord rapporté que l'homme avait jeté des pierres sur les soldats et s'était approché d'eux avec un couteau, se sont empressées de réviser leur propre récit sans fondement, abandonnant les allégations de jet de pierres et de possession d'un couteau sur les lieux, et ont présenté une nouvelle version : celle d'une tentative de s'emparer d'une arme. Pour cela, aucune preuve n'est nécessaire, ni un couteau, ni une pierre, et cela justifie certainement de tirer pour tuer.

Le fait que l'homme, un ouvrier du bâtiment originaire d'un village tranquille et aisé de Cisjordanie, que les soldats de Tsahal ont tué de deux balles dans le cou, se rendait au travail, comme chaque matin, avec son fils aîné ; et que, selon des témoins oculaires, il se trouvait à l'avant de la file de voitures à un poste de contrôle lorsque les troupes déployées à cet endroit ont complètement paralysé la circulation, à un moment de la matinée où tout le monde est pressé de se rendre au travail - rien de tout cela n'a empêché la tentative immédiate de justifier un meurtre inutile et ostensiblement criminel, à quelques mètres du fils de cet homme.

Une affiche de deuil montrant la photo d'Ahmed Kahla, à son domicile. Photo : Alex Levac

La photographie du corps sur la route, les vêtements pleins de sang qui s'écoule également le long de la pente, un tube en plastique enfoncé dans la bouche et le cou, qui a été bandé dans une tentative désespérée et sans espoir d'arrêter l'hémorragie, est choquante. Tout aussi choquant est le témoignage de la famille, notamment celui du fils adolescent qui a accompagné son père sur le chemin de la mort et qui insiste sur le fait qu'il n'a rien fait de mal. En effet, son récit semble bien plus crédible que celui de l'armée et de son porte-parole.

Nous nous sommes rendus à Rammun lundi, le lendemain du jour où Ahmed Kahla a été tué, puis enterré dans la terre du village. Rammun est une communauté relativement petite et aisée du gouvernorat de Ramallah - voisine du village chrétien encore plus aisé de Taibeh - avec une population de 3 500 habitants et des dizaines de demeures vides. Quelque 10 000 natifs de Rammun vivent aux USA, dont environ 4 000 en Californie, 3 000 dans le Michigan et le reste dispersé dans tout le pays [et 8 000 autres dans le reste du monde, NdT].

 Rammun (1 145 habitants, 18 000 émigrés)

Rimonim, colonie établie en 1977 (715 habitants)

La colonie de Rimonim se trouve de l'autre côté de la route Allon. On nous dit que ces derniers jours, Nahi, l'un des colons que les villageois connaissent bien, a empêché leurs troupeaux de moutons de paître sur leurs terres à cet endroit. Il prétend que la terre lui appartient et les chasse. Le patriarche de la grande famille Kahla, Abu Hani, décédé à un âge avancé il y a trois ans, a été l'homme d'entretien de Rimonim pendant une vingtaine d'années. Il était également le dernier habitant de Rammun à travailler dans la colonie.

Les femmes de Rammun ont afflué dans la maison de la famille en deuil ; la voiture que le défunt conduisait est maintenant garée devant. De leur côté, les hommes du village se sont rassemblés dans un diwan, près de la mosquée locale. Tout le monde est en deuil dans cette pièce spéciale, lorsque nous arrivons. Ceux qui présentent leurs condoléances se voient offrir les habituelles dattes et le café amer. Sur les murs du diwan sont collées des listes de noms de villageois qui ont été tués depuis le début de l'occupation et la date à laquelle ils sont tombés. Jusqu'à la semaine dernière, elles comptaient huit résidents, le premier d'entre eux en 1967 et le dernier en 2014. Le nom de Kahla n'a pas encore été ajouté ; pour l'instant, sa photo est accrochée au mur.

Kahla, qui avait 45 ans, était marié à Zahaya, 43 ans. Ils ont quatre enfants : deux fils - Qusay, 18 ans, et Hassan, 7 ans - et deux filles, Doha, 17 ans, et Jena, 13 ans. Le frère cadet de Kahla, Zeid, chauffeur de taxi sur la ligne Ramallah-Silwad, semble stupéfait. Presque à voix basse, lui et les autres personnes présentes racontent ce que la famille sait de l'incident grâce à des témoins oculaires et surtout grâce à Qusay, qui était avec son père lorsqu'il a été tué et qui s'est terré chez lui en état de choc, refusant de parler à qui que ce soit.

Ahmed et Qusay ont quitté la maison vers 7h30 le dimanche 15 janvier, pour se rendre à leur lieu de travail dans le village de Deir Sudan, non loin de la nouvelle ville palestinienne de Rawabi. Qusay a obtenu son diplôme d'études secondaires l'année dernière et envisage d'obtenir un diplôme en informatique. Jusqu'au début de la prochaine année scolaire, il aidait son père au travail. Ahmed conduisait son 4X4 Hyundai, son fils était assis à ses côtés.

Les funérailles d'Ahmed Kahla. Photo : AHMAD GHARABLI - AFP

Sous le pont entre Silwad et Yabrud, au nord de Rammun, ils ont repéré un poste de contrôle surprise des FDI. Qusay a raconté plus tard à la famille que son père avait été obligé de s'arrêter et qu'une longue file de véhicules avait commencé à se former derrière eux : les soldats avaient bloqué toute la circulation sur la route, dans les deux sens. Cela semblait être une démonstration de contrôle, un abus matinal du type de ceux que les soldats commettent parfois. Il y a eu des incidents où des conducteurs palestiniens ont vu les soldats s'amuser avec leurs téléphones portables tandis que les gens qui attendaient dans des files interminables de voitures étaient en colère. Ce matin-là aussi, les conducteurs étaient en colère et certains d'entre eux ont commencé à klaxonner, la seule expression de protestation tolérée par ici. Personne n'osait sortir de sa voiture. Qusay se souvient qu'ils ne pouvaient pas voir la fin de la ligne dans les deux directions.

Soudain, un soldat a jeté une grenade paralysante sur leur voiture. Qusay a dit que son père a commencé à crier sur les soldats. En réponse, trois d'entre eux se sont approchés de la voiture, deux du côté de Qusay, l'autre du côté du conducteur. L'un d'eux a aspergé Qusay de gaz poivré, le rendant temporairement aveugle. Les soldats l'ont sorti brutalement du 4x4, les yeux fermés et brûlants, l'ont traîné sur quelques mètres et l'ont jeté sur le bord de la route.

Son père, désemparé, est sorti du véhicule, en criant. Les soldats ont fait coucher Qusay, qui ne voyait toujours rien, sur le ventre ; ils lui ont ordonné de croiser les mains derrière le dos mais ne l'ont pas menotté. Soudain, il a entendu des coups de feu. Quelques instants plus tard, il a entendu le hurlement d'une sirène - une ambulance - et des cris, apparemment d'autres conducteurs dans la file.

Le pont sous lequel Ahmed Kahla a été exécuté. Photo : MOHAMAD TOROKMAN/Reuters

D'après ce que des témoins oculaires ont raconté à la famille, Ahmed a sauté hors de la voiture, craignant pour la sécurité de son fils après l'avoir vu se faire asperger de gaz poivré et emmener. À ce moment-là, un soldat s'est approché du père et lui a tiré deux balles dans le cou. Il s'est effondré sur le sol, saignant abondamment. Les soldats sont rapidement montés dans leur jeep et ont filé rapidement. Une ambulance palestinienne qui avait été appelée par des automobilistes est arrivée et s’est occupée d’Ahmed. Les tentatives de réanimation ont été inutiles ; il était probablement mort sur le coup.

L'unité du porte-parole des FDI a déclaré cette semaine en réponse à une question de Haaretz : « Une force de Tsahal a repéré un véhicule suspect près du village de Silwad, sur le territoire de la brigade Binyamin. Les suspects ont refusé de s'arrêter pour un contrôle de sécurité comme prévu, la force a répondu avec des moyens de dispersion de la manifestation, et une confrontation violente a éclaté sur le site. Pendant la confrontation, le suspect a essayé de saisir l'arme d'un des combattants. La force a répondu par des tirs visant le suspect et a constaté qu’ils avaient fait mouche. L'incident fait l'objet d'une enquête ».

Ahmed a été emmené à l'hôpital gouvernemental de Ramallah, où sa mort a été prononcée. Qusay a été conduit dans une voiture privée à la clinique de Silwad, non loin de là, où l'on s'est efforcé de le calmer. Il ne savait pas encore ce qui était arrivé à son père, mais il a insisté pour aller le voir à l'hôpital de Ramallah, où il a été conduit.

Des personnes pleurant Ahmed Kahla à la mosquée locale. Photo : Alex Levac

Zeid, le frère d'Ahmed, qui se trouvait à Ramallah à ce moment-là, a vu un message dans son groupe WhatsApp de chauffeurs de taxi peu de temps après la fusillade, indiquant que des soldats avaient tiré sur quelqu'un sous le pont près de Silwad. Immédiatement après, l'image horrible d'Ahmed est apparue dans les médias sociaux. Zeid s'est précipité à l'hôpital, tout comme la femme d'Ahmed et leurs enfants, même le petit Hassan.

Qusay, lui, s'est réfugié dans sa maison. « Qu'est-ce que tu attendes ? », ont demandé ses proches dans le diwan. Pour sa part, Zeid a noté que le rêve d'Ahmed était de voir ses enfants aller à l'université, et qu'il travaillait du matin au soir pour que cela soit possible. « Je ne veux pas qu'ils rentrent à la maison comme moi le soir, avec des vêtements sales du travail », disait souvent Ahmed.

Trois des frères et un neveu du défunt sont venus des USA en début de semaine pour prendre part aux rituels de deuil. Le frère aîné d'Ahmed, Hani, qui vit à Rammun, s'est joint à la conversation dans le diwan. Il a 65 ans et est sourd. Portant un keffieh et une cape, il a exprimé ses sentiments au moyen d'une langue des signes agitée. Son frère traduit : « Pourquoi l'ont-ils tué ? Ils sont fous ? Il voulait leur parler, pas les attaquer. Pourquoi l'ont-ils tué ? »

Hani raconte qu'à chaque fois qu'il voit des soldats, il lève les mains en l'air, par sécurité.

20/01/2023

Resolución del Parlamento Europeo sobre “La situación de los periodistas en Marruecos, en particular el caso de Omar Radi”

El Parlamento Europeo adoptó el jueves 19 de enero de 2023 la siguiente resolución, una primicia en la historia de esta institución.

Detalles de la votación

Diputados presentes: 430 de 705
A favor: 356
En contra: 32 (los eurodiputados españoles del PSOE y los  eurodiputados presentes del Grupo Identidad y Democracia [extrema derecha]).
Abstenciones: 42

De izquierda a derecha Souleiman Raissouni, Omar Radi y Taoufik Bouachrine

Situación de los periodistas en Marruecos, en particular el caso de Omar Radi
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Resolución del Parlamento Europeo, de 19 de enero de 2023, sobre la situación de los periodistas en Marruecos, en particular el caso de Omar Radi (2023/2506(RSP))



El Parlamento Europeo,

–  Vistos el artículo 144, apartado 5, y el artículo 132, apartado 4, de su Reglamento interno,

A.  Considerando que el periodista de investigación independiente Omar Radi, que cubrió las protestas del Hirak y los escándalos de corrupción del Estado, lleva detenido desde julio de 2020 y fue condenado a seis años de prisión por acusaciones falsas de espionaje, así como por acusaciones de violación, en julio de 2021; que su condena fue confirmada en apelación en marzo de 2022; que se violaron numerosas garantías procesales, lo que hace que el juicio fuera intrínsecamente injusto y sesgado; que estas violaciones incluían una detención preventiva prolongada de un año no motivada y el impedimento del acceso a su expediente y a dos testigos de la defensa fundamentales, a los que se imposibilitó comparecer ante los tribunales; que el Sr. Radi ha recurrido ante el Tribunal de Casación; que fue galardonado con el Premio a la Libertad de Prensa 2022 de Reporteros sin Fronteras;

B.  Considerando que el periodista Taufik Buachrine lleva detenido desde febrero de 2018 y fue condenado en apelación, en septiembre de 2021, a quince años de prisión por delitos sexuales; que se produjeron graves violaciones de las garantías procesales en el caso de Sulaiman Raisuni, que en febrero de 2022 fue condenado a cinco años de prisión por delitos sexuales en un juicio injusto;

C.  Considerando que la libertad de prensa en Marruecos se ha deteriorado de forma constante, de modo que cayó al puesto 135 en la Clasificación Mundial de la Libertad de Prensa de 2022; que numerosos periodistas, como Ignacio Cembrero, han sido puestos bajo vigilancia digital, han sufrido intimidación y acoso judicial y han sido condenados a largas penas de prisión, como en el caso de Maati Monjib;

D.  Considerando que, en 2020, Reporteros sin Fronteras expresó su preocupación ante la Relatora Especial de las Naciones Unidas sobre la violencia contra la mujer en relación con el uso indebido de acusaciones de agresión sexual para desacreditar a periodistas, una práctica preocupante condenada también por la organización feminista Khmissa y la Asociación Marroquí de Derechos Humanos;

1.  Insta a las autoridades marroquíes a que respeten la libertad de expresión y la libertad de los medios de comunicación, garanticen a los periodistas encarcelados, en particular Omar Radi, Sulaiman Raisuni y Taufik Buachrine, un juicio justo con todas las garantías procesales, garanticen su liberación provisional inmediata y pongan fin al acoso a todos los periodistas, sus abogados y sus familias; insta a las autoridades a que cumplan sus obligaciones internacionales en materia de derechos humanos de conformidad con el Acuerdo de Asociación UE-Marruecos;

2.  Condena enérgicamente el uso indebido de las acusaciones de agresión sexual con el fin de disuadir a los periodistas de desempeñar sus funciones; considera que dicho abuso pone en peligro los derechos de las mujeres;

3.  Manifiesta su profunda preocupación por las acusaciones de que las autoridades marroquíes han corrompido a diputados al Parlamento Europeo; pide que se apliquen las mismas medidas que en el caso de los representantes de Qatar; reitera su compromiso de investigar plenamente y afrontar los casos de corrupción en que están involucrados terceros países que tratan de comprar capacidad de influencia en el Parlamento Europeo;

4.  Subraya que, en su Resolución de 15 de diciembre de 2022, pedía la constitución de una comisión especial encargada de detectar posibles deficiencias en las normas del Parlamento Europeo en materia de transparencia, integridad y corrupción y de presentar propuestas de reforma;

5.  Insta a las autoridades marroquíes a que pongan fin a su vigilancia de los periodistas, también a través del programa espía Pegasus de NSO, y a que promulguen y apliquen legislación para protegerlos; insta a los Estados miembros a que dejen de exportar tecnología de vigilancia a Marruecos, de conformidad con el Reglamento sobre productos de doble uso;

6.  Pide la liberación inmediata e incondicional de Naser Zefzafi, finalista del Premio Sájarov 2018; pide la liberación de todos los presos políticos; condena las violaciones de los derechos de los manifestantes pacíficos y los activistas de la diáspora; lamenta los juicios y condenas irregulares de 43 manifestantes del Hirak, así como su tortura en prisión;

7.  Pide a la Unión y a sus Estados miembros que sigan planteando ante las autoridades marroquíes los casos de periodistas y presos de conciencia detenidos y que asistan a sus juicios; pide a la Unión que utilice su influencia para lograr mejoras concretas en la situación de los derechos humanos en Marruecos;

8.  Encarga a su presidenta que transmita la presente Resolución al vicepresidente de la Comisión / alto representante de la Unión para Asuntos Exteriores y Política de Seguridad, al Consejo, a la Comisión, a los Gobiernos y los Parlamentos de los Estados miembros, así como al Gobierno y al Parlamento de Marruecos.

Résolution du Parlement européen sur “La situation des journalistes au Maroc, en particulier le cas d’Omar Radi”

 Le Parlement européen a adopté le jeudi 19 janvier 2023 la résolution ci-dessous, une grande première dans l'histoire de cette institution. 

Détail du vote

Députés présents : 430 sur 705
Vote pour : 356
Vote contre : 32 (les députés du PSOE espagnol et les députés présents du groupe Identité et Démocratie [extrême-droite])
Abstentions : 42

De gauche à droite Souleiman Raissouni, Omar Radi et Taoufik Bouachrine

P9_TA(2023)0014

La situation des journalistes au Maroc, en particulier le cas d’Omar Radi

PE741.377

Résolution du Parlement européen du 19 janvier 2023 sur la situation des journalistes au Maroc, en particulier le cas d’Omar Radi (2023/2506(RSP))

Le Parlement européen,

        vu l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur,

A.      considérant qu’Omar Radi, journaliste d’investigation indépendant, qui a couvert les manifestations du Hirak et des scandales de corruption au sein de l’État, est détenu depuis juillet 2020 et a été condamné, en juillet 2021, à six ans de réclusion pour des chefs d’accusation d’espionnage, inventés de toutes pièces, ainsi que de viol; que sa condamnation a été confirmée par la cour d’appel en mars 2022; que de nombreux droits de la défense n’ont pas été respectés, ce qui entache d’iniquité et de partialité l’ensemble du procès; que le non-respect des droits de la défense s’est manifesté notamment par un an de détention préventive prolongée non motivée, par le refus à l’intéressé de l’accès à son dossier et par le fait que deux témoins clés de la défense ont été empêchés de comparaître au tribunal; que M. Radi a interjeté appel devant la Cour de cassation; que Reporters sans frontières lui a décerné le prix de la liberté de la presse 2022;

B.      considérant que le journaliste Taoufik Bouachrine est détenu depuis février 2018 et qu’il a été condamné en appel, en septembre 2021, à 15 ans de réclusion pour agression sexuelle; que les droits de la défense ont été gravement bafoués également dans l’affaire de Soulaimane Raissouni, qui a été condamné, en février 2022, à cinq ans de prison pour agression sexuelle, à l’issue d’un procès inique;

C.      considérant que la liberté de la presse au Maroc continue de se détériorer, le pays étant tombé à la 135e place du classement mondial de la liberté de la presse 2022; que de nombreux journalistes, comme Ignacio Cembrero, font l’objet d’une surveillance numérique, sont visés par des manœuvres d’intimidation, subissent un harcèlement judiciaire ou sont condamnés à de lourdes peines de prison, comme Maati Monjib;

D.      considérant qu’en 2020, Reporters sans frontières a soulevé, auprès de la rapporteure spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes et les filles, des préoccupations quant à l’utilisation à mauvais escient de chefs d’accusation d’agression sexuelle pour discréditer des journalistes, pratique inquiétante qui a été condamnée également par l’organisation féministe Khmissa et par l’Association marocaine des droits humains;

1.       invite instamment les autorités marocaines à respecter la liberté d’expression et la liberté des médias, à garantir aux journalistes incarcérés, dont Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, un procès équitable qui respecte pleinement les droits de la défense, à les remettre immédiatement en liberté provisoire et à mettre un terme au harcèlement de tous les journalistes, de leurs avocats et de leur famille; invite instamment ces mêmes autorités à respecter leurs obligations internationales en matière de droits de l’homme, conformément à l’accord d’association UE-Maroc;

2.       condamne fermement l’utilisation à mauvais escient d’allégations d’agression sexuelle pour dissuader les journalistes de faire leur travail; estime que cette pratique met en péril les droits des femmes;

3.       se dit profondément préoccupé par les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen; demande l’application des mêmes mesures que celles appliquées aux représentants du Qatar; réaffirme sa détermination à enquêter pleinement sur les cas de corruption impliquant des pays tiers qui recherchent une prise d’influence au Parlement européen, et à prendre les mesures qui s’imposent à cet égard;

4.       souligne que sa résolution du 15 décembre 2022 préconisait de charger une commission spéciale de détecter les lacunes potentielles du règlement intérieur du Parlement européen en matière de transparence, d’intégrité et de corruption ainsi que de formuler des propositions de réforme;

5.       invite instamment les autorités marocaines à mettre un terme à leur surveillance des journalistes, pour laquelle elles utilisent notamment le logiciel espion Pegasus développé par NSO; les invite instamment à adopter et à mettre en œuvre des lois de protection des journalistes; invite instamment les États membres à cesser d’exporter des technologies de surveillance vers le Maroc, conformément au règlement sur les biens à double usage;

6.       demande la remise en liberté immédiate et inconditionnelle de Nasser Zefzafi, finaliste du prix Sakharov 2018; demande la libération de tous les prisonniers politiques; condamne les atteintes aux droits des manifestants pacifiques et des militants de la diaspora; déplore les procès et condamnations iniques de 43 manifestants du Hirak, ainsi que les tortures qui leur ont été infligées en prison;

7.       demande à l’Union européenne et à ses États membres de continuer à soulever auprès des autorités marocaines les cas des journalistes incarcérés et des prisonniers d’opinion, ainsi que d’envoyer des représentants assister aux procès; demande à l’Union de peser de tout son poids pour obtenir des améliorations concrètes de la situation des droits de l’homme au Maroc;

8.       charge sa Présidente de transmettre la présente résolution au vice-président de la Commission/haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, ainsi qu'au gouvernement et au parlement du Maroc.


ALBERTO FREILE
Brahim Ghali, Front Polisario : « Le gouvernement espagnol a commis la deuxième trahison du peuple sahraoui en moins de 50 ans »
Interview sur TVE (Télévision espagnole)

Alberto Freile, TVE, 20/1/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

  • TVE interviewe le leader du Front Polisario alors que sa réélection est votée au Congrès.
  • Ghali critique le soutien de l’exécutif espagnol au plan marocain d'autonomie du Sahara.

Brahim Ghali doit être réélu au poste de secrétaire général du Front Polisario, qui tient depuis vendredi dernier son 16e congrès, le premier depuis la rupture du cessez-le-feu avec le Maroc en 2020. Une équipe de TVE s’est rendue au Sahara pour rencontrer ‘Ghali avant sa réélection, lors d'une réunion au cours de laquelle le Polisario a approuvé l'intensification de la lutte armée contre le Maroc. Avec lui, nous discutons de la possibilité d'une solution négociée pour le Sahara occidental, de la position du gouvernement espagnol et de la situation du conflit.

 

QUESTION : Quelles sont les conclusions auxquelles est parvenu jusqu'à présent ce congrès, dont le slogan est l'intensification de la lutte armée contre le Maroc ?

 

RÉPONSE : Nous avons progressé, nous avons adopté tous les documents présentés au Congrès, il reste les lettres et les recommandations à adopter par le Congrès.

 

Q : Pensez-vous, vous ou les participants au Congrès, qu'il y a encore de l’espace, qu'une solution négociée pour le Sahara occidental est encore possible dans le cadre de la communauté internationale et des Nations Unies ?

 

R : Le Front Polisario et tous ses militants n'ont jamais fermé la porte aux négociations et à une solution politique et pacifique au conflit. Mais malheureusement, notre adversaire, notre ennemi, n'a pas la même position. Il manque l’esprit et la volonté politique pour trouver une solution juste et définitive qui respecte le droit international. Nous, Sahraouis, sommes attachés à notre cause, à nos droits, nous sommes déterminés à continuer la lutte. Cela ne signifie pas que nous fermons la porte aux négociations, que nous ne considérons pas que les Nations Unies et la communauté internationale doivent assumer cette responsabilité pour parvenir à une solution juste et définitive qui permette au peuple sahraoui de décider de son avenir.

 

Q : Quelle est votre opinion sur la position du gouvernement espagnol, qui considère maintenant l'option marocaine d'autonomie pour le Sahara occidental sous la souveraineté de Rabat comme l'option la plus sérieuse, réaliste et crédible ?

 

R : Tout simplement, je suis d'accord avec l'opinion publique espagnole. Pour nous, c’est la deuxième trahison du peuple sahraoui en moins de 50 ans. Malheureusement, ce n’st pas ce que le peuple sahraoui attendait, c’est frustrant, surtout pour ceux qui ont passé des mois au sein de familles espagnoles, frustrant pour le peuple sahraoui, qui a toujours considéré les peuples de l'État espagnol comme des amis, solidaires, qui considèrent que la trahison de 75 et 76 ne doit pas se répéter. Malheureusement, ce n'était pas le cas ; c’est un autre coup de poignard dans le dos du peuple sahraoui et des peuples de l'État espagnol.

 

Q : Que devrait-il se passer pour recomposer les relations avec le gouvernement espagnol, avec le parti au pouvoir, le PSOE ? Il y a un cycle électoral imminent en Espagne et je ne sais pas si vous considérez qu'un changement politique pourrait vous être bénéfique.

 

R : Nous ne nous mêlons pas des problèmes internes de l’Espagne, nous nous intéressons à la position de l'État espagnol qui, pour normaliser les relations, doit rectifier sa position. Elle doit s'aligner sur la légalité internationale et sur la responsabilité historique, morale et légale de l’État espagnol envers la cause du peuple sahraoui.

 

Q : Cette guerre, cette fin du cessez-le-feu avec le Maroc il y a un peu plus de deux ans, semble se dérouler dans un contexte beaucoup plus technologique que la guerre qui a eu lieu entre 1975 et 1991. Je ne sais pas si vous vous considérez comme désavantagés. Comment gérez-vous ce conflit ?

 

R : L'histoire se répète. Nous n'étions pas dans un rapport de force en 1975, ni en 1976, ni même hier. Il y a un déséquilibre des forces, un mouvement de libération nationale et une armée d'invasion équipée de tous les moyens, mais nous nous adapterons à la demande et à la nouvelle situation qu’exige le type de guerre auquel nous sommes confrontés.

 

Q : Le Front Polisario reconnaît un certain nombre de victimes depuis la fin du cessez-le-feu, un nombre inférieur à une centaine. Dans le cas du Maroc, ce conflit n’existe pas, il ne reconnaît pas les blessés, il ne reconnaît pas les pertes. Je ne sais pas ce que vous pensez qu'il devra se passer pour que cette dynamique change et que l'on parle ouvertement de cette guerre.

 

R : Je pense qu'officiellement l’État marocain essaie d'ignorer cette réalité. Mais il faut aller voir les familles des victimes. Les pertes numériques, tant matérielles qu'humaines, sont considérables. Le dernier exemple est celui du 17 janvier 2023. 30 soldats marocains se sont fait exploser et ont perdu la vie sur place, 30. C’est le dernier chiffre que je peux donner, il y a eu des chiffres au cours des deux dernières années qui ont été supérieurs et inférieurs à ce chiffre. Il y a des victimes, et les familles marocaines elles-mêmes en sont bien conscientes.

 

Q : Ce Congrès qui a lieu a pris plus de temps que prévu. Nous savons qu'il y a au moins un autre leader qui a l'intention de se présenter au secrétariat général, Bashir Mustafa Sayed. Y a-t-il des positions différentes dans l'organisation sur les mesures à prendre dans un avenir immédiat ?

 

R : Non, il n'y a pas de différences sur les objectifs. C’est une démocratie, une vraie démocratie. Je pense que nous avons dépassé les autres démocraties, sur des questions comme les partis politiques et les éléments du débat national. C’est leur droit.

 

Q : Dans cette nouvelle stratégie militaire, je voudrais vous demander si vous envisagez des attaques au-delà de ce que nous connaissons comme le mur marocain, et d’aller au-delà du territoire le plus contesté jusqu'à présent.

 

R : Ce que je peux vous dire, c’est que nous devons nous adapter au slogan du 16e Congrès à l'avenir.

 

Q : Dans quelle mesure pensez-vous que ce système de corruption présumé au Parlement européen impliquant le Maroc a nui à vos intérêts ?

 

R : Je pense que le Parlement européen devrait revoir tous les accords approuvés et signés avec le Maroc au cours des 6-7 dernières années, surtout depuis 2019, je pense, même si je n’n suis pas absolument sûr, qu'ils sont affectés par cette corruption.

 

Q : Il y a eu trois décennies sans confrontations ouvertes entre le Maroc et le Front Polisario. Vous étiez dans cette guerre entre 75 et 91. Maintenant ils ont repris les armes. Je ne sais pas quel est votre sentiment personnel sur le fait que, de votre point de vue, il faille retourner à la lutte armée.

 

R : Eh bien, en toute honnêteté, ce n’est pas ce que l'on attendait. Nous nous sommes engagés dans un processus en 1991 en croyant que nous avions affaire à un monde juste, un monde qui respecte ses engagements, un monde qui respecte la légalité internationale. Trente ans nous ont montré le contraire. C’est frustrant.

 

La communauté internationale et les Nations unies étaient censées honorer cet engagement envers elles-mêmes, envers l'histoire et envers le peuple sahraoui. Mais malheureusement ce ne fut pas le cas, ils ont prolongé nos souffrances, ils auraient pu se limiter à 1992, nous sommes presque 32 ans plus tard, le peuple sahraoui est toujours victime et la communauté internationale regarde ailleurs. C’est décevant.