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25/02/2024

Agriculteurs et consommateurs doivent s’allier pour un juste prix et un revenu équitable
Un point de vue italien

Ci-dessous 2 textes exprimant le point de vue de l’Association italienne des Consommateurs Usagers (ACU) sur les questions soulevées par la « révolte des tracteurs ». Le premier est du président national de l’ACU, Gianni Cavinato, expert agricole et technologue alimentaire et le second de Gianfranco Laccone, agronome et membre de la présidence de l’association.-Fausto Giudice, Tlaxcala

Déclaration de Gianni Cavinato, 8/2/2024

La protestation européenne et nationale des agriculteurs soulève le couvercle d'une cocotte-minute, sur la dynamique des prix des denrées alimentaires à la consommation, qui ne sont pas linéaires et cohérents avec l'évolution des revenus de ceux qui travaillent la terre.

Ainsi, de même que le travail agricole est sous-payé et que les denrées alimentaires issues de la terre ne sont pas suffisamment rémunérées par les acteurs de la distribution, de même le surplus de prix induit par les achats des consommateurs finaux ne revient pas aux producteurs agricoles.

Le fossé entre les consommateurs et les agriculteurs se creuse d'année en année.

L'alliance des consommateurs avec les agriculteurs peut inverser la direction de ce décalage. Ce processus social est sous-tendu par la valorisation de la qualité intrinsèque des produits de la terre. Cela permet de “peser” le produit non seulement en fonction de son contenu nutritionnel et de sa sécurité sanitaire, mais aussi en fonction de son intégration des éléments essentiels de l'environnement.

Tout cela est techniquement possible et se traduit par une prime décisive pour les producteurs agricoles, un avantage fondamental pour les consommateurs, en termes de santé, de soins de santé préventifs et de réduction des dépenses de santé publiques et privées.

Le gouvernement italien et les institutions européennes, s'ils le souhaitent, peuvent faciliter et initier cette voie, qui pourra être consolidée lors de la prochaine législature de l'UE, dans le cadre d'une réforme partagée de la PAC.

 Justes prix et revenus équitables

Gianfranco Laccone, ClimateAid.it, 23/2/2024

Depuis l'après-midi du 15 février, journée de lutte qui a vu plusieurs manifestations dans la capitale italienne, les tracteurs semblent devenir un élément du paysage italien, placés aux différents points névralgiques du réseau routier. Les piquets se sont se sont multipliés, les organisations qui les réalisent aussi (montrant une division progressive mais aussi un protagonisme  des réalités locales), toutes demandant une rencontre avec le ministre à la recherche d'une interlocution qui semble toutefois vaine.

Ce que le gouvernement pouvait donner, à mon avis, il l'a donné avec le projet de loi de finances, et les revendications ne seront pas satisfaites (sauf par de petites reconnaissances) si des alliances et des soutiens durables ne sont pas articulés. D'autre part, les dix points du programme de lutte initial ont été remplacés au fil des jours par diverses plates-formes qui, au lieu de clarifier les alternatives, les ont embrouillées en ajoutant des détails. Si ces derniers permettaient d'identifier l'association qui les proposait, ils n'ont pas permis d'approfondir les raisons de la lutte. Le résultat a été que les agriculteurs, sans aucune distinction entre eux, reçoivent une solidarité générique de la part de la population qui voudrait dépenser moins pour l'alimentation et consommer des aliments locaux de meilleure qualité, mais qui, sans avoir d'alternatives concrètes, dépense en fonction de ses moyens. La situation que nous constatons est la recherche d'un meilleur prix pour tous : les agriculteurs cherchent donc à produire pour l'exportation ou pour une consommation de « niche » (produits diététiques, biologiques ou de haute qualité) qui obtiennent de meilleurs prix sur les marchés et les consommateurs achètent ce qu'ils peuvent se permettre, principalement des produits médiocres à bas prix et importés, au grand dam de la propagande sur le « Made in Italy ».

La demande de soutien des agriculteurs ne peut se limiter à l'appel et la contribution des consommateurs ne pourra pas se faire sans une base commune d'action. La première base commune nécessaire est la convergence des prix, entre ce que les consommateurs peuvent payer et le revenu que les agriculteurs demandent en compensation de leur travail. C'est le point clé que les plateformes n'abordent toujours pas et qui a peu de chance d'entrer dans les négociations officielles, car il remet en cause les fondements du soi-disant « libre marché » et les règles que la Politique Agricole Commune (PAC) s'est données depuis la réforme Mac Sharry, en acceptant d'entrer dans le système du marché international. Il faut demander une réforme de la PAC qui rétablisse certains critères abandonnés, à savoir le travail nécessaire à la production et la protection du prix à la production contre les coûts, protégeant ainsi le revenu, et demander un prix de marché à la consommation qui soit équitable pour l'acheteur.

Pour en revenir aux revendications, si l'on compare les différentes plateformes actuelles aux 10 points initiaux du programme, il est clair que la critique de l'environnementalisme a été dévalorisée, dépassée par les vrais problèmes de la crise économique et des coûts de production insoutenables. Le Green Deal tant critiqué n'est resté que sur le papier, et le prochain Parlement européen aura d'autres priorités, à commencer par les guerres à terminer et la reconstruction à entamer en Ukraine et en Palestine, sans parler des mutations industrielles et de la crise climatique qui s'annonce, que l'on préfère traiter comme un problème de sécurité et d'ordre public (lutte contre les migrants, assurance et indemnisation des dégâts causés par les catastrophes, contrôle de la faune et de la flore sauvages, qui semblent être les ennemis à combattre et non les réservoirs de ressources à exploiter).

Mais la protection de l'environnement et l'utilisation de moyens peu polluants ne sont pas des aspects étrangers à la formation des prix à la production et des coûts agricoles. Les agriculteurs qui ont réduit l'utilisation des moyens techniques et pratiqué l'agroécologie n'ont pas connu les crises constantes des autres agriculteurs ; en particulier, ceux qui ont pratiqué l'agriculture biologique, après avoir surmonté la phase initiale de reconversion nécessaire, ont mieux vécu de leurs revenus que ceux qui ont poursuivi l'augmentation de la production et la modernisation constante des structures.

On peut se demander si la théorie du marché qui fait de la protection de l'environnement un objet de profit ne fait pas partie intégrante du système de ruine du monde agricole et si les agriculteurs n'ont pas été poussés à critiquer la dimension environnementale pour éviter de critiquer l'industrie qui domine les campagnes.  La lutte contre les parasites, qui s'est achevée - après tout - par la défaite de la technique qui les a vus revenir toujours sous de nouvelles formes, est un exemple concret de la façon dont les territoires de monocultures (souvent monoclonales) sont la grande table dressée pour le banquet des phytoparasites et pour celui du système industriel qui fournit les moyens de production et distribue les produits destinés à la consommation.

En France, région qui semble aujourd'hui moins impliquée dans la révolte qui secoue le continent, le débat sur la transformation de l'agriculture paysanne en agriculture industrielle a des origines anciennes : Henri Mendras a publié en 1967 un essai au titre significatif, “La fin des paysans”. Dans cet essai, depuis les années 60, on pointe du doigt la modernisation continue du secteur agricole et l'abandon des cycles de production comme base d'une alimentation correcte, c'est-à-dire qu'on en arrive à une agriculture sans paysans, à une société sans histoire et sans passé, qui invite à produire pour consommer toujours plus.

En ce qui concerne le contenu des plateformes, Dario Casati, dans un article intelligent au titre sarcastique « La grande guerre des tracteurs a fini à Sanremo»publié sur le site de l'Accademia dei Georgofili*, saisit les trois aspects fondamentaux sur lesquels elles se fondent : les objectifs commerciaux, les objectifs économiques et la soi-disant « question du juste prix ». Si nous partageons largement les aspects de l'analyse, les raisons de la rébellion des agriculteurs dans le monde méritent une analyse plus approfondie : il n'est pas utile de sauver les conducteurs de la machine agricole chancelante européenne, et italienne en particulier, pour leur sens apparent des responsabilités, sans parler de la fin des représentations réduites à des bureaux de comptabilité et de conseil aux entreprises et du manque d'idées de ceux qui gouvernent l'agriculture.

Mais c'est dans le « juste prix » que se trouve la clé de l'ouverture à la société d'un combat aujourd'hui limité au secteur agricole. Dans son article, Casati identifie le concept de « juste » comme étant éthique et non économique, en situant le moment où le prix devient juste pour l'acheteur et le vendeur dans le prix du marché, résultat de la libre concurrence. À cette vision, il est nécessaire d'ajouter les aspects qui font de l'agriculture non seulement l'instrument de la production alimentaire, mais aussi l'instrument du réaménagement de l'environnement et de la lutte contre le changement climatique, en incluant dans le produit les aspects sociaux et environnementaux qui le rapprochent davantage d'un service que d'un lieu de production. Dans le cas contraire, la formation des prix se réduit à un jeu de parties sans temps ni histoire.  Ce n'est pas un hasard si l'ACU a lancé le slogan « juste prix - juste revenu », où le juste prix est largement déterminé par la capacité de la demande (pas l'agrégat analysé par Keynes, mais celui des consommateurs qui vivent dans une société spécifique, à une époque spécifique, qui ont une mémoire et une histoire) et le juste revenu est largement déterminé par l'offre (qui n'est pas non plus abstraite, mais composée de producteurs avec la culture, l'histoire, la mémoire qui se déversent dans la production). Il n'y a pas de frontières claires entre le prix et le revenu et leur détermination est le résultat du pacte social auquel ils sont liés et du niveau de démocratie qu'il exprime. Aujourd'hui, le pacte social qui a transformé l'agriculteur en rouage d'une société industrielle qui exigeait des aliments pour le marché (en quantité toujours plus grande et de qualité toujours plus faible) tout en offrant un bien-être (souvent limité à quelques-uns) s'est rompu. Il faut reconstruire le pacte en retirant du marché l'agriculture qui est un fait social, un service qui produit de la nourriture mais aussi quelque chose d'autre qui n'est pas quantifiable en valeur monétaire. En tant que service, elle est vouée à la « défaillance du marché », selon la définition économique du résultat obtenu par l'application des politiques de marché aux services.

Mais même si l'on voulait se limiter à la valeur de la production du point de vue du consommateur, il faudrait partir du besoin humain en nutriments (voir Apports nutritionnels et énergétiques de référence, LARN en italien) et de la nécessité de couvrir le besoin quotidien en protéines (biologiquement nécessaires). Pour ce faire, on peut faire diverses combinaisons, choisir la sienne, jusqu'à remplacer totalement les protéines animales. La combinaison classique et scientifiquement documentée de l'apport de céréales et de légumineuses permet d'atteindre l'objectif recherché.

En ce qui concerne le prix payé par les consommateurs, on peut se demander combien coûte une unité de protéine au consommateur ? Quels sont les avantages et les risques (y compris environnementaux) de ce processus de production-consommation ? Etc. En résumé, il s'agira de prouver que la consommation de céréales/légumineuses est bonne pour la santé et l'environnement, d'autant plus que des rotations sont utilisées pour cultiver ces cultures (une technique de culture dont les tractoristes et autres ne veulent pas, mais qui est à la base de la production biologique). Ce jeu de calcul pour une durabilité avancée permettrait de calculer « facilement » le bon prix - le bon revenu.

La conclusion d'un pacte entre consommateurs et producteurs et l'approfondissement de ces bases techniques sont certainement plus importants que la création d'une table technique initiée sur la PAC actuelle qui, en tant que table technique, ne remettra pas en cause les politiques existantes et ne fera, peut-être, que les rendre moins indigestes.

NdT

*L’Académie des Georgophiles [amis de l’agriculteur, du grec georgos, agriculteur] fondée à Florence en 1753 et dédiée à l’étude de l’agriculture. Devise : « Prosperitati Publicae Augendae » [Pour augmenter la prospérité publique]

Lire aussi du même auteur Révolte des tracteurs : l’agriculture européenne a besoin d’un nouveau pacte

 Stéphane, producteur de lait avec la brique géant C'est qui le Patron

 Pour la première fois la démarche de consommateurs C'est qui le Patron ?! est au Salon de l'Agriculture 2023

Quand on paye le juste prix, ça marche !
La coopérative C'est qui le patron?! est au Salon de l'Agriculture 2024 à Paris , Stand 1 E016

24/02/2024

RENÁN VEGA CANTOR
Éduquer après le génocide de Gaza

Le titre de ce texte paraphrase Éduquer après AuschwitzPDF, titre d’une conférence radiophonique donnée par le philosophe allemand Theodor Adorno en 1966 et publiée plus tard sous forme imprimée, dont les premières lignes se lisent comme suit : « Exiger qu’Auschwitz ne se reproduise plus jamais est l’exigence première de toute éducation. Elle précède tellement toutes les autres que je ne crois pas devoir ou pouvoir la justifier. Je ne peux pas comprendre qu’on s’en soit si peu soucié jusqu’à aujourd’hui. La justifier serait quelque peu monstrueux face à la monstruosité de ce qui s’est passé.  […] Discuter d’idéaux dans le domaine de l’éducation ne mène à rien face à cette exigence : plus jamais d’Auschwitz. Ce fut le type de barbarie contre laquelle se dresse toute éducation. »  Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une répétition de la barbarie génocidaire de la part d’Israël contre le peuple palestinien. Dans cet essai, l'historien colombien esquisse ce que pourraient et devraient être les orientations des éducateur·trices critiques animé·es par une éthique humaniste.

Traduit par  Fausto Giudice, Tlaxcala

 

23/02/2024

De Gaza a Malmö: la batalla del Horror Show de Eurovisión

Fausto Giudice, Tlaxcala, 22/2/2024

Se llama Eden Golan -¡menudo nombre!- y corre el riesgo de pasar a la historia como Gaza Hell. Tiene 20 años y dos pasaportes: ruso e israelí. Nacida en Kfar Saba, ciudad israelí construida sobre las ruinas del pueblo palestino del mismo nombre, de padre letón y madre ucraniana, pasó 13 años de su corta vida en Rusia, donde comenzó una carrera como cantante de variedades. Acaba de ser seleccionada para representar a Israel en Eurovisión 2024, que se celebrará el próximo mes de mayo en Malmö (Suecia). Pero es muy probable que nunca ponga un pie allá. Explicación.

 

Fueron los islandeses quienes dieron el pistoletazo de salida: el pasado diciembre, la Sociedad de Autores y Compositores (FTT), que representa a 440 artistas islandeses (Islandia tiene 375.000 habitantes), hizo un llamamiento a RÚV, la cadena nacional, para que no participara en Eurovisión mientras Israel estuviera involucrado. Los finlandeses siguieron su ejemplo: 1.400 artistas pidieron a su cadena pública que hiciera lo mismo. Músicos y artistas de Noruega (350), Suecia (1.005) y Dinamarca (300) lanzaron llamamientos similares en enero, seguidos por los irlandeses, 15.000 de los cuales firmaron el llamamiento.

Israel se considera parte de Europa en muchos ámbitos: fútbol y otros deportes, música y otras artes. Lo único que falta es la esfera política: la UE nunca tuvo en cuenta la petición formulada hace unos cuarenta años por el carismático líder radical italiano Marco Pannella de acoger a Israel.

Israel participa en el Festival de la Canción de Eurovisión desde 1973; fue anfitrión en 1979, 1999 y 2019 y quedó primero en cuatro ocasiones, en 1978, 1979, 1998 y 2018.

La Unión Europea de Radiodifusión (UER/EBU), que organiza el concurso, ha dado la misma respuesta a todas las peticiones de exclusión de Israel: “Eurovisión no es un concurso entre gobiernos, sino entre artistas. No se trata de política”. Basándose en este argumento, excluyó a Rusia en 2022, pocos días después del inicio de la invasión (u operación militar especial, según los gustos) de Ucrania. Al comentar esta decisión, Martin Österdahl, supervisor ejecutivo de Eurovisión, declaró: “Cuando decimos que no somos políticos, lo que debemos defender siempre son los valores fundamentales y supremos de la democracia”.

Eden Golan fue seleccionada en un acto organizado por la Radiotelevisión Pública de Israel (KAN), en el que cantó “I Don't Want To Miss A Thing”, de Aerosmith, en un escenario lleno de sillas vacías que representaban a los israelíes cautivos en Gaza, los famosos rehenes en el centro la dramaturgia montada por Israel. KAN anunció entonces que la canción que interpretaría en Malmö se titulaba “October Rain” [Lluvia de Octubre]. La dirección de la UER anunció inmediatamente que examinaría el texto de la canción para ver si tenía algún contenido político, en cuyo caso sería rechazada. El ministro de Cultura israelí, Miki Zohar, calificó inmediatamente el anuncio de “escandaloso” y la KAN anunció que, si la canción era rechazada, no propondría otro texto. Además, Eden Golan no participará en la ceremonia de inauguración en Malmö, por “razones de seguridad” y porque coincidirá con Yom Hachoa, el Día de la Shoah.

Por lo tanto, es muy probable que Israel se vea excluido de este gran espectáculo comercial, que es un verdadero horror show [espectáculo de terror].

Preguntas: si Eden Golan fuera seleccionado y actuara en el escenario del Malmö Arena, llevando el lazo amarillo de la campaña israelí “Bring Them Home” [Tráiganlos a casa], ¿qué pensarían los organizadores de este concurso “apolítico”? ¿Y qué piensan esos mismos organizadores del hecho de que la cantante haya actuado en varios eventos importantes en Rusia, incluido uno en Crimea tras su anexión (o liberación, según los gustos) por Rusia? ¿No debería ser objeto de la exclusión de Rusia de Eurovisión?

Mientras tanto, la guerra de imágenes y discursos en todos los medios online está en pleno apogeo. Y los valientes escandinavos continúan su lucha. A continuación, fotos de dos acciones ante la sede de NRK, la radiotelevisión pública noruega, en Marienlyst (Oslo) en enero. L@s activistas anunciaron que realizarían sentadas todos los días para exigir que la NRK no retransmitiera el concurso si participaba Israel.

 


27 de enero de 2024


                                                31 de enero de 2024 : “Sí a una fiesta popular

 

No al genocidio

22/02/2024

De Gaza à Malmö : la bataille de l’Eurovision Horror Show

Fausto Giudice, Tlaxcala, 22/2/2024
Versão portuguesa

Elle s’appelle Eden Golan – tout un programme – et risque d’entrer dans l’histoire comme Gaza Hell. Elle a 20 ans et a deux passeports : russe et israélien. Née à Kfar Saba, une ville israélienne édifiée sur les ruines du village palestinien du même nom, d’un père letton et d’une mère ukrainienne, elle a passé 13 ans de sa courte vie en Russie, où elle a commencé une carrière de chanteuse de variété. Elle vient d’être sélectionnée pour représenter Israël à l’Eurovision 2024, qui aura lieu en mai prochain à Malmö en Suède. Il y a de fortes chances qu’elle n’y mette jamais les pieds. Explication.

Ce sont les Islandais qui ont lancé le mouvement : en décembre dernier, la Société des Auteurs et Compositeurs (FTT), représentant 440 artistes islandais (l’Islande compte 375 000 habitants) ont lancé un appel à la RÚV, la Radiodiffusion nationale, pour qu’elle ne participe pas à lEurovision tant qu’Israël en ferait partie. Les Finlandais ont suivi : 1400 artistes ont demandé la même chose à leur chaîne publique. Les musiciens et artistes norvégiens (350), suédois (1005) et danois (300) ont lancé des appels similaires dans le courant du mois de janvier, imités par les Irlandais, dont 15 000 personnes ont signé l’appel.

C’est qu’Israël est considérée comme faisant partie de l’Europe dans divers domaines : football et autres sports, musique et autres arts. Il ne manque que le domaine politique : l’UE n’a jamais examiné la demande faite il une quarantaine d’années par le charismatique leader radical italien Marco Pannella d’accueillir Israël.

Israël a participé au concours Eurovision depuis 1973 ; elle en a été l’hôte en 1979, 1999 et 2019 et a remporté quatre fois la première place, en 1978, 1979, 1998 et 2018.

L’Union européenne de radio-télévision (UER/EBU), qui organise ce concours, a répondu la même chose à toutes demandes d’exclusion d’Israël : « LEurovision n’est pas un concours entre gouvernements, mais entre artistes. Il ne fait pas de politique ». C’est au nom de cet argument qu’elle a exclu la Russie en 2022, quelques jours après le déclenchement de l’invasion (ou de l’opération militaire spéciale, selon les goûts) de l’Ukraine. Commentant cette décision, Martin Österdahl, superviseur exécutif de lEurovision, avait déclaré : « Lorsque nous disons que nous ne sommes pas politiques, ce que nous devrions toujours défendre, ce sont les valeurs fondamentales et suprêmes de la démocratie ».

Eden Golan a été sélectionnée au cours d’un événement organisé par la Société publique de radiodiffusion israélienne (KAN), où elle a chanté I Don't Want To Miss A Thing” du groupe Aerosmith, sur une scène remplie de chaises vides représentant les Israéliens captifs à Gaza, les fameux otages qui sont au centre de la dramaturgie mise en scène par Israël. KAN a ensuite annoncé que la chanson qu’elle présenterait à Malmö avait pour titre « October Rain » [Pluie d’Octobre]. La direction de l’UER a aussitôt fait savoir qu’elle examinerait le texte de la chanson pour voir s’il avait un contenu politique, auquel cas celle-ci serait rejetée. Le ministre israélien de la Culture Miki Zohar a aussitôt qualifié cette annonce de « scandaleuse » et KAN a fait savoir qu’en cas de rejet, elle ne proposerait pas d’autre texte. De plus, Eden Golan ne participera pas à la cérémonie d’inauguration de Malmö, pour des « raisons de sécurité » et parce qu’elle coïncidera avec Yom Hachoa, le Jour de la Shoah.

Il y a donc de fortes chances qu’Israël se retrouve de fait exclu de ce grand moment de spectacle marchand qui est un véritable horror show.

Questions : si jamais Eden Golan était retenue et devait se produire sur la scène de de l’Arena de Malmö, arborant le ruban jaune de la campagne israélienne « Bring Them Home », qu’en penseraient les organisateurs de ce concours « apolitique » ? Et que pensent ces mêmes organisateurs du fait que la chanteuse s’est produite dans plusieurs grands événements en Russie, dont l’un en Crimée après son annexion (ou sa libération selon les goûts) par la Russie ? Ne devrait-elle pas être frappée par les mesures d’exclusion de la Russie de l’Eurovision ?

En attendant, la guerre des images et des discours sur tous les médias en ligne bat son plein. Et les valeureux Scandinaves continuent leur combat. Ci-dessous, des photos de deux actions devant le siège de la NRK, la radio-télévision publique norvégienne à Marienlyst (Oslo) en janvier. Les activistes ont annoncé qu’ils et elles feraient des sit-in tous les jours pour exiger de la NRK qu’elle ne diffuse pas le concours si Israël y participe.


27 janvier 2024


                                                31 janvier 2024 : “Oui à une fête populaire”

 

“Non au génocide”

 

GIDEON LEVY
Israël impute son discrédit à tout le monde sauf à lui-même

Gideon Levy, Haaretz, 22/2/2024
Traduit par  Fausto Giudice, Tlaxcala

Peu de pays ont autant besoin d’honneur et de fierté nationaux qu’Israël. Qu’il s’agisse des Jeux olympiques, de l’Eurovision ou du championnat du monde de backgammon, chaque victoire israélienne en 16e de finale d’un championnat de badminton suscite la « fierté nationale ». Chaque médaille au championnat de taekwondo en Albanie « apporte de l’honneur ». Une médaille d’or au concours de cerceaux en groupe de gymnastique rythmique le place sur la carte du monde, le championnat européen de planches de surf RSX rehausse son statut parmi les nations. Une ex- Israélienne représentant le Luxembourg à l’Eurovision de cette année ? « La fierté bleue et blanche ».

Des Palestiniens conduisent une charrette tirée par un âne sur une route de plage détruite dans la ville de Gaza, lundi 19 février. Photo : Kosay Al Nemer/Reuters

 Il est peu probable qu’il existe un autre pays dans lequel des réalisations aussi mineures soient considérées comme aussi importantes. C’est comme si quelqu’un, quelque part dans le monde, avait une meilleure opinion du Kazakhstan parce que l’un de ses athlètes a un jour remporté une compétition de patinage artistique. En Israël, cela est considéré comme un événement national qui mérite un appel du président.

Ce désir puéril de reconnaissance pourrait être touchant, voire émouvant - un jeune pays qui fait son chemin - si Israël n’avait pas renoncé à son honneur sur les questions importantes. Si l’on fait abstraction de ses succès sportifs et de l’Eurovision, Israël est un pays sans honneur. Peut-être s’imagine-t-il qu’Eden Golan se produisant à Malmö couvrira ce qui se passe à Khan Younès. Mais, bien sûr, c’est un faux espoir.

Il est difficile de croire qu’un pays si soucieux de son honneur agisse comme s’il ne se souciait pas de sa position internationale. La guerre dans la bande de Gaza a abaissé le statut d’Israël à un niveau sans précédent, mais Israël a fermé les yeux et l’esprit une fois de plus, de manière puérile, en espérant que s’il ignore la réalité, il pourra ignorer le déshonneur. Il ne fait rien pour améliorer son statut et sa dignité et retrouver un peu de fierté.

Il est difficile de penser à d’autres pays dont la conduite les a conduits à La Haye à deux reprises en l’espace de quelques semaines pour génocide et pour des délibérations sur ce qui est clairement une occupation illégale. Et Israël ? Il pense que le crachat sur son visage est de la pluie. Il accuse le juge maudit, l’antisémitisme, l’hypocrisie et la méchanceté du monde. Il ne veut pas contester les accusations qui pèsent sur lui. Ce n’est même pas une question d’intérêt. Toutes les grandes chaînes de télévision du monde ont retransmis les séances du tribunal de La Haye cette semaine, alors que seul Israël les a ignorées. Ni intéressant, ni important. Si nous fermons les yeux, ils ne nous verront pas. Si nous ignorons La Haye, La Haye disparaîtra.

Mais La Haye vit et respire, et ses procédures auraient dû causer un grand embarras et une grande honte à Israël. Après que le monde a vu Gaza, a vu et s’est effondré - il n’y a pas d’être humain qui ne réagisse pas de la sorte - les audiences de La Haye ont suivi. Incisives, fondées et sérieuses sur l’accusation de génocide, et plus encore sur l’occupation. Mais Israël n’en tient pas compte.

Israël envahira Rafah, même si cela signifie que sa position aux yeux du monde se dégrade davantage. Il ne participera pas aux délibérations de La Haye sur l’occupation. Cela ne fera que montrer qu’il n’a pas de ligne de défense. Israël a renoncé à ce qui lui restait de dignité. Il se moque d’être un pays ostracisé, marginalisé (si le monde entier est contre nous, peu importe notre comportement) tant que cela ne se traduit pas par des mesures concrètes à son encontre.

Mais au-delà du pont aérien d’armes usaméricain, du veto du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’absence de sanctions jusqu’à présent, le pays, tout comme une personne, dispose d’un atout important : sa bonne réputation. Israël y a renoncé. Peut-être a-t-il désespéré du monde, peut-être a-t-il découvert qu’il pouvait se passer de sa bonne réputation. Cela ne fait certainement pas partie des facteurs qu’il prend en considération avant et après chaque guerre.

Il n’y a pas si longtemps, ce même monde était amoureux de l’État d’Israël, lorsqu’il agissait en tant que membre de la famille des nations. Le monde est peut-être cynique et n’aime que le pouvoir, comme Israël se le dit, mais il y a aussi la justice, le droit international et les considérations morales, la société civile et l’opinion publique, et ils sont importants - au moins autant que l’« honorable » troisième place à l’Eurovision 2023.

 

Pedripol, Espagne

 

20/02/2024

“A los grandes hombres, la patria agradecida”: la nueva panteonada de Macron

Así, el 21 de febrero, dos nuevos “metecos” entrarán en el Panteón: Missak y Mélinée Manouchian, armenios, apátridas, comunistas y combatientes de la Resistencia, se unirán a Joséphine Baker, Simone Veil y otros 80 “grandes hombres” (entre ellos, 8 mujeres) en este “templo republicano” cuya cúpula está coronada por una cruz cristiana, en el más puro espíritu del laicismo a la francesa.

Una cruz cuyas apariciones y desapariciones han seguido los cambios de régimen de los últimos 244 años. La Convención de 1791 convirtió la iglesia de Sainte-Geneviève , construida antes de la Revolución, en un “Panteón” inspirado en el Panteón de Roma, para enterrar a Mirabeau, Voltaire, Rousseau, Descartes y otros. Napoleón I la transformó en iglesia, Luis Felipe volvió a secularizarla en 1830, antes de que Napoleón III la convirtiera en lugar de culto cristiano, luego la Comuna de París aserró los  brazos de la cruz, colgando en ella una bandera roja. El Orden moral instaurado por los versalleses, que masacraron a los comuneros -uno de los cuales, el periodista Jean-Baptiste Millière, fue fusilado de rodillas en la escalinata del Panteón-, restauró la cruz, y en 1885 la República enterró allí a Víctor Hugo con gran pompa y ceremonia. El que había escrito en 1852 en su panfleto Napoleón el pequeño: “Él [Napoleón III] clavó un clavo sagrado en el muro del Panteón y colgó de este clavo su golpe de Estado”.

Y ninguna de las repúblicas que se han sucedido desde entonces se ha preocupado por la presencia de esta cruz en lo alto del “Templo”. La cruz tampoco molesta a los francmasones que convencieron a Macron para que honrara a esos dos terroristas apátridas, Missak y Mélinée.

Así pues, nuestros dos armenios serán homenajeados el miércoles en presencia de Madame Le Pen, que acaba de acoger en las filas de su partido a Fabrice Leggeri, que dimitió de su cargo de director de la agencia Frontex en 2022 para evitar los inconvenientes de una investigación sobre sus prácticas ilegales de devolución de solicitantes de asilo a sus países y se prepara para un cómodo final de su carrera como eurodiputado.

Si los Manouchian y sus camaradas polacos, italianos, españoles, húngaros y rumanos hubieran vivido en la Europa del siglo XXI, probablemente no habrían sido fusilados, sino simplemente internados en centros de detención y enviados de vuelta en chárteres a los infiernos de los que habían huido. Si Macron hubiera verdaderamente querido honrar a los metecos FTP-MOI (Francotiradores y Partisanos- Mano de Obra Inmigrada) que murieron por Francia, debería haber incluido en el Panteón a los 23 mártires del 21 de febrero de 1944, como pedían los firmantes del llamamiento que figura a continuación. Pero era pedirle demasiado-FG

“Missak Manouchian debería ir al Panteón con todos sus compañeros”

Colectivo,  Le Monde, 23/11/2023

Mientras que los resistentes Missak y Mélinée Manouchian entrarán en el Panteón el 21 de febrero de 2024, sus 22 compañeros del grupo FTP-MOI también merecen este honor, afirma un colectivo de descendientes de estos mártires e intelectuales, entre ellos Costa-Gavras, Delphine Horvilleur, Patrick Modiano, Edgar Morin y Annette Wieviorka, en una tribuna publicada en Le Monde.

 

Mural del pintor Popof en homenaje al grupo Manouchian, esquina de la rue du Surmelin y la rue Darcy, Ménilmontant, París 20 (Foto Marie-José PL)

Señor Presidente de la República, le escribimos esta carta con la esperanza de evitar una injusticia. El 18 de junio anunció usted su decisión de que los restos mortales de Missak Manouchian y su esposa, Mélinée, fueran trasladados al Panteón en febrero de 2024, con motivo del octogésimo aniversario del martirio del grupo de resistencia contra la ocupación nazi y sus colaboradores franceses. El 21 de febrero de 1944, veintidós hombres fueron fusilados en el Mont-Valérien. La única mujer de su red fue decapitada en Stuttgart el 10 de mayo de 1944.

Retrato de Manouchian en la prisión de Fresnes, por Christian Guémy alias C215

Nos alegramos de su decisión. Con ella se pone fin a un largo periodo de olvido y se reconoce la contribución decisiva de los resistentes internacionalistas a la liberación de Francia y al restablecimiento de la República. Manouchian y sus compañeros pertenecían a los Francotiradores y partisanos – Mano de obra emigrada (FTP-MOI), una unidad de la Resistencia comunista compuesta en su mayoría por extranjeros, refugiados e inmigrantes. “Veintitrés extranjeros y, sin embargo, nuestros hermanos”, recordaba Louis Aragon al homenajearlos en su poema “L'Affiche rouge” [El cartel rojo], en el que evocaba sus nombres “difíciles de pronunciar”.

Plaza Henri-Krasucki, distrito 20 de París

En estos tiempos inciertos, en los que se ciernen nuevas sombras, en los que amenazan la xenofobia, el racismo, el antisemitismo y todas las formas de rechazo del otro, del extranjero y del diferente, este homenaje patriótico y republicano es un mensaje de fraternidad que recuerda que Francia siempre ha estado hecha del mundo, de la diversidad de sus pueblos y de la pluralidad de sus culturas gracias a la contribución de todas sus comunidades de origen extranjero. Es, sobre todo, un mensaje universal que subraya hasta qué punto los ideales de igualdad de derechos, sin distinción de nacimiento, credo o apariencia, proclamados inicialmente por la Declaración de los Derechos Humanos de 1789, por los que Manouchian y sus compañeros dieron su vida, pueden inspirar al mundo entero.

 

Sin olvidar a ninguno

Señor Presidente, es este mensaje el que se contradice con la decisión de incluir a Missak y Mélinée Manouchian, y sólo a ellos, en el Panteón. Probablemente ellos mismos no lo habrían entendido ni deseado. Aislar un solo nombre es romper la fraternidad de su colectivo militante. Distinguir a una sola comunidad es herir el internacionalismo que los animaba. Este grupo de resistentes comunistas no puede reducirse a Manouchian, que ciertamente, fue su jefe militar antes de que la propaganda alemana lo promocionara como jefe de una banda criminal. Y el símbolo que justamente representa para nuestros compatriotas de la comunidad armenia es indisociable de todas las demás nacionalidades y comunidades que compartieron su lucha y su sacrificio.

Señor Presidente, esperamos haberle convencido de que Missak Manouchian no puede entrar solo en el Panteón, aunque le acompañe su esposa. Son los veintitrés, todos juntos, los que componen la profundidad de esta historia, su historia que se ha convertido en nuestra historia, la historia de Francia, pasada y presente. Los veintitrés, sin olvidar ni uno solo: judíos polacos, republicanos españoles, antifascistas italianos y muchos otros.

Por eso le pedimos que se asegure de que le acompañen sus veintidós camaradas: el armenio Arpen Manoukian, el español Celestino Alfonso, los italianos Rino Della Negra, Spartaco Fontanot, Cesare Luccarni, Antoine Salvadori y Amedeo Usseglio, los franceses Georges Cloarec, Roger Rouxel y Robert Witchitz, los húngaros Joseph Boczov, Thomas Elek y Emeric Glasz, los polacos Maurice Füngercwaig, Jonas Geduldig, Léon Goldberg, Szlama Grzywacz, Stanislas Kubacki, Marcel Rajman, Willy Schapiro y Wolf Wajsbrot, y la rumana Olga Bancic.

Fueron veintitrés, “veintitrés que gritaron por Francia al caer”-otra vez Aragón-, veintitrés que hablaron de nuestra patria común, de su riqueza y de su fuerza. Veintitrés que, en un momento de reconocimiento nacional, son indisociables.

Firmado por : Juana Alfonso, nieta de Celestino Alfonso; Patrick Boucheron, historiador, profesor en el Collège de France; Michel Broué, matemático; Patrick Chamoiseau, escritor; Costa-Gavras, cineasta, Presidente de la Cinémathèque française; Elise Couzens y Fabienne Meyer, primas hermanas de Marcel Rajman; Michel, Patrice e Yves Della Negra, sobrinos de Rino Della Negra; René Dzagoyan, escritor; Jean Estivil, sobrino de Celestino Alfonso; André Grimaldi, profesor emérito de Medicina; Anouk Grinberg, actriz y artista; Jean-Claude Grumberg, escritor y director teatral; Yannick Haenel, escritor; Delphine Horvilleur, rabina y escritora; Serge y Beate Klarsfeld, historiadores; Mosco Levi Boucault, director de cine; Patrick Modiano, escritor, Premio Nobel de Literatura; Edgar Morin, sociólogo y filósofo; Edwy Plenel, periodista; Anne Sinclair, periodista; Thomas Stern, sobrino de Thomas Elek; Annette Wieviorka, historiadora, directora de investigación en el CNRS; Ruth Zylberman, escritora y directora.


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19/02/2024

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
Genocidio de Gaza: ¿Se está dando vuelta la tortilla?

Luis E. Sabini Fernández, 19-02-2023

Todo parece concatenarse como en una auténtica tragedia griega de modo tal que nada ni nadie decide por sí y ante sí sus próximos pasos y a la vez, quedan marcadas las responsabilidades, los prejuicios, los intereses, de cada “actor”.

Pero lo que tenemos por delante no es griego sino hebreo. El acto político de enterrar vivos a decenas, centenares, tal vez miles de palestinos explica los violentos actos desencadenados por milicianos palestinos el 7 de octubre de 2023. Porque la historia no comenzó en la madrugada de ese día.


Emad Hajjaj

El 7 de octubre fue el detonante. Un operativo de resistencia armada pero de amplio espectro. Que proviene de más de un siglo de resistencia a la penetración sionista. Pero que, además, tiene un antecedente directo. Un operativo de resistencia no armada, palestino de 2018 –Marchas por el Retorno−, reclamando angustiosamente tierra, que tuvo un desenlace desolador. Entonces, inicialmente ni siquiera con piedras, manifestaciones palestinas absolutamente pacíficas fueron  “contestadas” de una manera tan cruel y sanguinaria por Israel que las manifestaciones palestinas acabaron con cientos de muertos, burlona, absolutamente matados, por francotiradores israelíes cómodamente ubicados en taludes a la vera de los caminos de las manifestantes.

Gaza, 13 de abril de 2018. Photo Mohamed Salem/Reuters

Cuando los mandos securitarios israelíes percibieron que el blanco de los ijares humanos generaba “excesivos” muertos, desangrados (porque la asistencia no llegaba a tiempo o porque tales disparos eran efectivamente mortales, cambiaron el blanco; de las entrepiernas a los tobillos. Israel podía así generar entre los despojados palestinos una buena “producción” de lisiados de por vida. Igual que con su “competencia” futbolística, dedicada a quebrar con balazos las piernas de futbolistas palestinos, arruinando las actuaciones del combinado de fútbol palestino en las eliminatorias asiáticas.[1]

Tal es el estilo del Estado de Israel para lidiar con lo palestino; inconmensurable desprecio y un cierto regodeo ante el malvivir, mal morir, palestino; en Israel se opta por matar a niños palestinos hasta por la espalda, con total amparo legal, por ejemplo.[2]

El 7 de octubre la resistencia armada palestina hizo algo distinto: copó los cuartelillos o establecimientos policiaco-militares de la Franja de Gaza (FdG), y a la vez, “cosechó” rehenes, o intentó hacerlo, para posterior intercambio por prisioneros políticos (o sociales) palestinos, muchos detenidos por años sin ni siquiera abrirles causas, archivados vivos en depósitos.

No hay antecedentes de tantos policías o soldados israelíes [3] matados en enfrentamientos anteriores al de la madrugada del 7 de octubre de 2023: se estima en centenares.