Gideon
Levy, Haaretz , 12/2/2025
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Et si le président usaméricain Donald Trump suggérait la création de camps de la mort pour les habitants de la bande de Gaza ? Que se passerait-il alors ? Israël réagirait exactement comme il l’a fait à ses idées de transfert, avec extase à droite et indifférence dans le camp centriste.
Emad Hajjaj
Yair Lapid
annoncerait qu’il se rendrait à Washington pour présenter un « plan
complémentaire », comme il l’avait proposé pour le plan de transfert. Benny
Gantz dirait que le plan fait preuve de « créativité, d’originalité et d’intérêt
». Bezalel
Smotrich, dans son état d’esprit messianique, dirait : « Dieu a fait des
merveilles pour nous et nous nous en réjouissons ». Benjamin
Netanyahou remonterait dans les sondages d’opinion.
La question
n’est plus
hypothétique. Trump ne suggérera pas explicitement des camps de la mort,
mais il a déjà consenti à ce qu’Israël poursuive
une guerre qui n’en est pas une, mais plutôt une agression barbare sur une
étendue de terre désolée. De là, le chemin vers l’anéantissement est court, et
Israël ne bronchera pas. Trump l’a approuvé. Après tout, personne En Israël ne
s’est levé pour dire au président des USA : « Merci pour vos idées, mais Israël
ne soutiendra jamais l’expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza ».
Pourquoi
donc être sûr que si Trump suggérait d’anéantir quiconque refuserait d’évacuer
Gaza, Israël ne coopérerait pas avec lui ? Tout comme Trump a révélé le
sentiment de transfert qui bat au cœur de presque tous les Israéliens, visant à
résoudre
le problème « une fois pour toutes », il pourrait encore révéler un élément
plus sombre, le sentiment du « c’est nous ou eux ».
Ce n’est pas
un hasard si un personnage sinistre comme Trump est devenu un guide pour
Israël. Il est exactement ce que nous voulions et ce dont nous rêvions : un
blanchisseur de crimes. Il pourrait bien s’avérer être le président usaméricain
qui a causé le plus de dommages jamais infligés à Israël. Il y a eu des
présidents avares en matière d’aide, d’autres acerbes envers Israël, voire
menaçants. Mais jamais un président n’a entrepris de détruire les derniers
vestiges de la moralité d’Israël. Désormais, tout ce que Trump approuvera
deviendra la référence absolue pour Israël.
Trump pousse
maintenant Israël à reprendre ses attaques contre la bande de Gaza, en imposant
des conditions impossibles au Hamas : tous les otages doivent être libérés
avant samedi midi, pas une minute plus tard, comme le fait la mafia. Et si
seulement trois otages sont libérés, comme convenu ? Les portes de l’enfer s’ouvriront.
Elles ne s’ouvriront
pas seulement à Gaza, qui a déjà été transformée en enfer. Elles s’ouvriront
aussi en Israël. Israël perdra ses dernières limites. Trump a donné son
autorisation. Mais Trump disparaîtra un jour. Il peut perdre tout intérêt avant
cela, et Israël se retrouvera avec les dégâts qu’il a causés, des dégâts
infligés par un État criminel et lépreux.
Aucune
diplomatie publique ni aucun ami ne pourra le sauver s’il suit la voie de son
nouvel oracle éthique. Aucune accusation d’antisémitisme
ne réussira à faire taire le choc du monde si Israël se lance dans une
nouvelle série de combats dans l’enclave.
On ne
saurait exagérer l’intensité des dégâts. Le renouvellement des attaques contre
Gaza, avec la permission et sous l’autorité de l’administration usaméricaine,
doit être bloqué en Israël. Parallèlement à la campagne désespérée pour le
retour des otages, une nouvelle campagne doit être lancée contre Trump et ses
idées farfelues.
Cependant,
non seulement il n’y a personne qui puisse mener une telle campagne, mais il n’y
a personne qui puisse l’initier. Les seules batailles qui sont menées ici
maintenant, pour les otages et pour le renvoi de Netanyahou, sont importantes,
mais elles ne peuvent pas rester les seules.
La reprise
de la « guerre » est le plus grand désastre auquel nous sommes maintenant
confrontés, annonçant un génocide, sans plus de discussion sur les définitions.
Après tout, à quoi ressemblerait une « guerre » aujourd’hui, si ce n’est à une
attaque contre des dizaines de milliers de réfugiés qui n’ont plus rien ? Que
signifiera l’arrêt de l’aide humanitaire, du carburant, des médicaments et de l’eau,
si ce n’est un génocide ? Nous découvrirons peut-être que les seize premiers
mois de la guerre n’étaient qu’un début, les cinquante mille premiers morts seulement
un prélude.
Demandez à n’importe
quel Israélien et il vous dira que Trump est un ami d’Israël, mais Trump est en
réalité l’ennemi le plus dangereux d’Israël aujourd’hui. Le Hamas et le
Hezbollah ne le détruiront jamais comme lui le fera.
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