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21/07/2025

TIGRILLO L. ANUDO
La “defensa preventiva” como justificación del genocidio y colonialismo

Tigrillo L. Anudo, 21-7-2025

Superioridad, supremacía blanca, colonialismo, apartheid, globalización, Darwinismo social, tiranía, saqueo, explotación, capitalismo neoliberal, modernidad. Han sido durante seis siglos los pedales que mueven el mundo.

Esos mecanismos feroces y brutales terminaron naturalizados. El genocidio ha sido la economía política impuesta a la humanidad durante seis siglos. La estrategia de la defensa preventiva violatoria del Derecho Internacional Humanitario ha sido usada siempre por los países colonialistas, también por las oligarquías nacionales que se alían con grupos paramilitares.

La acumulación originaria despojó de sus medios de producción a poblaciones aborígenes, negras y campesinas desde la antigüedad. La colonización de América, África y Asia ya no la hacen esclavistas con leyes sino con bombardeos. Y dicen que es para prevenir ataques inminentes; no dicen que es para evitar la independencia y soberanía de los países subyugados.

El capitalismo tardío de Inteligencia Artificial, dominio financiero y bases militares no será el que haga retroceder la barbarie que el mismo reproduce. El capitalismo es cadena de muerte lenta para muchos y vida larga para pocos. El sometimiento y el despotismo son sus valores supremos.

El águila mayor y su socio imperial, el águila menor, continuarán sus sentencias condenatorias contra la dignidad y la autodeterminación de los pueblos. Serán los valores democráticos y socialistas de las nuevas sociedades las que liberarán al mundo de la tiranía universal. Los pueblos dirigidos por gobernantes sensatos empiezan a unirse con acciones diplomáticas y comerciales contra el régimen sionista agresor. La iniciativa de emergencia por Palestina emprendida por Sudáfrica y Colombia son dignas de emulación.

De Donald Trump se puede esperar cualquier brutalidad. Un presidente que se ufana de ostentar el mal, su carencia de empatía y su sinvergüenzura (varios delitos imputados). Es él quien corre a ponerle la silla al genocida Netanyahu en La Casa Blanca. El sionismo es la política de Estado del país del norte. El mundo debe pedirle cuentas al principal sostén militar y económico de la máquina criminal israelí. La banalización del mal que advertía la filósofa Hannah Arendt es hoy una desastrosa realidad.

Los gobiernos de Estados Unidos e Israel - potencias nucleares- son un peligro para la paz mundial y la supervivencia de la especie humana. Estados Unidos es el único país que lanzó bombas atómicas contra otro país. Arrastran como cómplices a los gobiernos europeos, sumisos, serviles y arribistas.

El gran creador del narco es Estados Unidos. Difama y sataniza a gobiernos considerados enemigos (China, México, Colombia, Afganistán). Quien hace proliferar los narcos son los Estados Unidos, se beneficia de sus transacciones al interior de sus fronteras. Usa su "política antidrogas" para intervenir en los regímenes políticos que no le gustan.

Israel, culpable del aumento de la mortalidad infantil en el planeta, aprendió a crear muerte en Palestina, su laboratorio de 75 años. Todas sus armas usadas contra la inerme población palestina fueron las mismas que provocaron los asesinatos de centroamericanos, colombianos, peruanos, chilenos y argentinos en la represión política a los inconformes. Sus sistemas de espionaje son usados en México y Colombia para "chuzar" líderes políticos-populares, periodistas. Sus estrategias paramilitares fueron implementadas por los escuadrones narcotraficantes en Colombia.

Es urgente una defensa preventiva frente a los causantes de tanto dolor e ignominia.

¡No más materias primas, ni insumos, ni compras, ni oxígeno, ni tranquilidad para Netanyahu!



 

 

20/7/2025 : Frantz Fanon a 100 ans turns 100 years cumple 100 años

 




20/07/2025

GIDEON LEVY
C’est clair : Israël a désormais un plan pour procéder au nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza

Quelqu’un l’a conçu, il y a eu des discussions sur les avantages et les inconvénients, des alternatives ont été proposées, et tout ça s’est déroulé dans des salles de conférence climatisées. Pour la première fois depuis le début de la guerre de vengeance à Gaza, il est clair qu’Israël a un plan – et celui-ci est ambitieux.

Gideon Levy, Haaretz, 20/7/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Adolf Eichmann a commencé sa carrière nazie en tant que chef de l’Agence centrale pour l’émigration juive au sein de l’agence de sécurité chargée de protéger le Reich. Joseph Brunner, le père du chef du Mossad David Barnea, avait trois ans lorsqu’il a fui l’Allemagne nazie avec ses parents, avant la mise en œuvre du plan d’évacuation.


La semaine dernière,
Barnea, le petit-fils, s’est rendu à Washington afin de discuter de l’« évacuation » de la population de la bande de Gaza. Barak Ravid a rapporté sur Channel 12 News que Barnea avait déclaré à ses interlocuteurs qu’Israël avait déjà entamé des pourparlers avec trois pays sur cette question, et l’ironie de l’histoire s’est cachée, honteuse. Un petit-fils d’un réfugié victime d’un nettoyage ethnique en Allemagne discute de nettoyage ethnique, et aucun souvenir ne lui vient à l’esprit.

Pour « évacuer » deux millions de personnes de leur pays, il faut un plan. Israël y travaille. La première étape consiste à transférer une grande partie de la population dans un camp de concentration afin de faciliter une expulsion efficace.

Bas du formulaire

La semaine dernière, la BBC a publié un reportage d’investigation basé sur des photos satellites, montrant la destruction systématique menée par les Forces de défense israéliennes dans toute la bande de Gaza, village après village, des localités sont rayées de la carte, rasées pour faire place à un camp de concentration, afin que la vie à Gaza ne soit plus possible.

Les préparatifs pour le premier camp de concentration israélien battent leur plein. Une destruction systématique est en cours dans toute l’enclave afin qu’il n’y ait plus aucun endroit où retourner à part le camp de concentration.

Pour mener à bien ces travaux, des bulldozers sont nécessaires. La BBC a présenté deux offres d’emploi. L’une décrivait « un projet de démolition de bâtiments à Gaza nécessitant des conducteurs de bulldozers (40 tonnes). Le salaire est de 1 200 shekels (308€) par jour, repas et hébergement compris, avec la possibilité d’obtenir un véhicule privé ». La deuxième annonce précisait que « les horaires de travail sont du dimanche au jeudi, de 7 h à 16 h 45, avec d’excellentes conditions de travail ».

Israël commet en silence un crime contre l’humanité. Il ne s’agit pas ici de détruire une maison ici et là, ni de répondre à des « nécessités opérationnelles », mais d’éliminer systématiquement toute possibilité de vie dans cette région, tout en préparant les infrastructures nécessaires pour concentrer la population dans une ville « humanitaire » destinée à servir de camp de transit – avant expulsion vers la Libye, l’Éthiopie et l’Indonésie, les destinations indiquées par Barnea, selon Channel 12.



Tel est le plan pour le nettoyage ethnique de Gaza. Quelqu’un l’a conçu, il y a eu des discussions sur les avantages et les inconvénients, des alternatives ont été proposées, des options de nettoyage total ou par étapes ont été envisagées, et tout cela s’est déroulé dans des salles de conférence climatisées, avec des procès-verbaux et des décisions prises. Pour la première fois depuis le début de la guerre de vengeance à Gaza, il est clair qu’Israël a un plan, et qu’il est ambitieux.

Ce n’est plus une guerre sans fin. On ne peut plus accuser Benjamin Netanyahou de mener une guerre sans but. Cette guerre a un but, et c’est un but criminel. On ne peut plus dire aux commandants de l’armée que leurs soldats meurent sans raison : ils meurent dans une guerre de nettoyage ethnique.

Le terrain est prêt, on peut passer au transfert des personnes, les annonces sont en cours de publication. Une fois le transfert de la population achevé, et lorsque les habitants de la ville humanitaire commenceront à regretter leur vie parmi les ruines, entre famine, maladie et bombardements, il sera possible de passer à la dernière étape : le placement forcé dans des camions et des avions à destination de leur nouvelle patrie tant attendue, la Libye, l’Indonésie ou l’Éthiopie.

Si l’entreprise d’aide humanitaire a coûté la vie à des centaines de personnes, la déportation en coûtera des dizaines de milliers. Mais rien n’empêchera Israël de réaliser son projet.

Oui, il y a un plan, et il est plus diabolique qu’il n’y paraît. À un moment donné, des gens se sont assis et ont concocté ce complot. Il serait naïf de penser que tout cela s’est produit tout seul. Dans 50 ans, les procès-verbaux seront rendus publics, et nous saurons qui était pour et qui était contre ce plan. Qui a pensé à peut-être laisser un hôpital intact.

Outre les fonctionnaires et les politiciens, il y avait également des ingénieurs, des architectes, des démographes et des membres du service budgétaire. Il y avait peut-être aussi des représentants du ministère de la Santé. Nous le saurons dans 50 ans.

Pendant ce temps, le chef de l’Agence centrale pour l’émigration palestinienne, David Barnea, a mis en place une étape supplémentaire. C’est un haut fonctionnaire obéissant, qui n’a jamais causé de friction avec ses supérieurs. Cela vous dit quelque chose ? C’est le héros de la campagne d’amputations massives par talkie-walkie. Si vous l’envoyez sauver des otages, il y va. Si vous l’envoyez préparer la déportation de millions de personnes ? Pas de problème pour lui. Après tout, il ne fait qu’obéir aux ordres.

LYNA AL TABAL
Sur l’extermination par la faim des Gazaoui·es

Dr Lyna Al TabalRai Al Youm, 20/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

Mohammed, un enfant gazaoui de 12 ans, a perdu son père hier. Il ne reste plus de sa famille que des visages affamés qui s’échangent des regards... rien que des regards. En temps de famine, personne n’appelle personne par son nom. Le nom ne convient pas à un estomac vide.


Et Gaza est pleine de noms qui n’ont plus de voix. On dit : « Un enfant est mort », « Une femme est morte », mais personne ne demande : « Qui ? Comment s’appelait-il ? » Car quand l’humain a faim, il perd son identité, sa voix, son image, et même son droit à un nom.

Un enfant de douze ans pèse vingt-cinq kilos, on peut compter ses côtes une à une, elles sont aussi visibles qu’une carte, mais elles ne mènent nulle part. Sa peau est tendue sur ses os, il n’y a pas de couche de graisse pour protéger son corps. Ses bras sont si maigres que ses mains semblent plus grandes que ses avant-bras, et ses doigts sont très longs. Son ventre est creusé... Mohammed marche, si on peut appeler ça marcher, ça ressemble plutôt à un rampement ou à un glissement... Son visage est petit, ses joues creuses, ses yeux très grands en raison de l’atrophie des muscles qui les entourent. Sa voix est faible, fatiguée. Il respire parfois rapidement, en raison de la faiblesse de la masse musculaire de son appareil respiratoire. Sa peau est sèche, comme si la mer de Gaza ne l’avait plus humidifiée, elle est squameuse et d’une couleur pâle. Ses ongles sont tachetés de blanc et ses cheveux sont clairsemés et tombent.

Les médecins appellent ça une malnutrition aiguë et chronique... Moi, j’appelle ça l’alliance arabo-israélienne pour l’extermination des Gazaoui·es.

Des dizaines de martyrs tombent chaque jour, sous les bombardements et aussi de faim... Aujourd’hui, l’armée d’occupation, qui a vu 54 de ses soldats se suicider à cause du nœud gazaoui, peut se reposer... La série de suicides secoue la société israélienne de l’intérieur, comme un tremblement de terre : plus besoin de faire bombarder par nos fils et filles... Ici, à Gaza, la faim est plus forte que les balles, que toutes les armes de votre armée stupide, et plus meurtrière que l’uranium appauvri...

La mort, quand elle vient lentement, vous laisse le temps de comprendre que vous mourez parce que vous êtes Palestinien, rien de plus.

Quand l’humain a faim, le corps ressent une gêne le premier jour et consomme le reste du glucose. Le deuxième jour, il passe à la combustion des graisses. Le cinquième jour, l’air devient plus dense et plus lourd que le béton... Les organes commencent à disparaître : le foie rétrécit, le cœur ralentit, le cerveau s’embrouille. La peau se dessèche et le corps devient une chambre vide où seul résonne le bruit de la respiration.

Le septième jour, vous riez comme un idiot, votre système nerveux ne distingue plus les signaux et votre visage ne sait plus pourquoi il bouge tout seul. Le dixième jour, vous avez envie de goûter quelque chose, n’importe quoi...Il y a un homme qui a trempé du bois dans l’eau et l’a mangé... Un autre a mangé du sable et un troisième a mangé des pierres... Une femme a creusé sous terre pour extraire la racine d’un arbre mort, elle l’a extraite pour nourrir son enfant... L’enfant est mort avant d’avoir pu goûter la racine...

Et le quatorzième jour, le sang commence à faiblir, il ne circule plus comme avant, comme s’il en avait assez... Comme s’il te méprisait et te disait : « Brûle tout seul. Je ne serai pas complice de cette mascarade ».

Non, la faim à Gaza ne te tue pas si facilement que ça... La faim n’est pas ton bourreau miséricordieux, la faim est sadique, elle n’aime pas la rapidité. Elle te laisse en vie, juste pour que tu assistes à ta mort, lentement, avec ennui et conscience.

Et si tu fais partie des chanceux, oui, il y a aussi de la chance en enfer, tu meurs en faisant la queue, avec ta carte de l’ONU, en attendant ton tour... Tu meurs pour un sac de farine avec un logo bleu délavé.

À Gaza, il n’y a pas de famine... Il y a un abattoir, des corps affamés étendus, exposés devant les écrans, une fatigue bon marché et un silence encore moins cher, et la dignité de la nation arabe vaut un quart de shekel... C’est peut-être le millionième génocide... Le chiffre n’a pas d’importance, ce qui importe, c’est que c’est un génocide par la faim et qu’Israël commet un génocide contre les affamés de Gaza.

Vous vous sentez déprimés ? Bien. C’est le début du sentiment.

Mais rions un peu cette fois-ci, tant la situation est merdique... De l’autre côté de Gaza, à Ramallah, il y a un président qui s’appelle Mahmoud Abbas, surnommé « Abou Mazen ». En réalité, il est toujours occupé à une seule tâche : « suivre la situation ».


Oui, il suit... et il suit aussi son sommeil. Alors que Gaza mâche le sable et enregistre les noms des martyrs, Abou Mazen continue de dormir.

Et quand quelqu’un lui demande son avis sur les massacres, il soupire, ouvre un œil à moitié et dit : « Nous sommes en contact », mais qui appelle qui ? Il dit, à moitié endormi : « Les services de sécurité consultent les services de sécurité ».

Au cours de sa longue carrière politique, plus longue que la vie des enfants, des femmes et des hommes de Gaza, il n’a jamais pris position, sauf après s’être assuré que cela ne dérangerait personne à Tel-Aviv ou à Washington... C’est le seul président palestinien qui dort plus qu’il ne gouverne.

Qui a dit que l’Autorité de Ramallah était absente ? La voici, présente avec toutes ses trahisons.

Comme d’habitude, le ministère palestinien des Affaires étrangères a publié un nouveau communiqué. Oui, un communiqué. Il y condamne ce qu’il appelle « les crimes de meurtre collectif visant les centres de distribution d’aide humanitaire ». C’est beau, le langage est soigné, la phrase est bien construite et la condamnation est, comme d’habitude... Mais qui, parmi les membres de l’Autorité de Ramallah, a déjà connu la faim ? Le ministre des Affaires étrangères s’est-il assis sous le soleil de Rafah et a-t-il bu l’eau de mer ?

Le communiqué poursuit textuellement : « C’est un nouvel épisode de la série de meurtres qui poursuit plus de deux millions de citoyens dans la bande de Gaza, sous diverses formes, notamment les bombardements, la famine, la soif, le privation de soins médicaux et de médicaments... «

Un nouvel épisode dans la série... Quelle série, Monsieur le Ministre ? Sommes-nous dans la quatrième saison d’une série télévisée du ramadan ? Personne ne rit. À Gaza, les gens n’ont pas la télévision pour regarder cette farce... Les habitants de Gaza n’ont pas besoin qu’on leur décrive leur situation.

Vos citoyens affamés n’attendaient pas de communiqué... Ils attendaient du pain... Quant au coupable, son nom n’a pas été mentionné, il est inconnu, comme d’habitude... Gaza est exterminée et le ministère recopie ses communiqués précédents... Bravo, applaudissements nourris.

L’ONU continue de jouer son rôle d’observateur aveugle... et proteste contre le non-renouvellement du visa de son chef de bureau, Jonathan Wynn.

Imagine, mon cher, que tu aies besoin d’un visa pour entrer dans un cimetière... Imagine que le travail humanitaire soit désormais subordonné à la signature du meurtrier.

La raison ? Parce que « Wital » a osé déclarer lors d’une conférence de presse que les habitants de Gaza mouraient de faim en essayant d’accéder à la nourriture.

Quelle déclaration insolente : les gens meurent de faim.

Autrefois, ils vous affamaient... puis ils vous jetaient une boîte de sardines depuis les airs en disant « Tais-toi, nous avons essayé ». Aujourd’hui ? Pas besoin d’essayer.

Vous vous souvenez ? Le roi de Jordanie envoyait son aide à Gaza depuis le ciel, transportée par des avions. Des boîtes soigneusement emballées, jetées depuis les airs dans la mer face à Gaza... Nous riions à l’époque, nous nous moquions, nous critiquions et disions : « C’est un spectacle aérien de l’humiliation ».

Mais regardez-nous aujourd’hui : même ce spectacle bon marché a pris fin... Pas d’avions, pas de parachutes, pas une seule boîte de sardines. Même l’humiliation n’est plus à notre portée... L’UNRWA a suffisamment de nourriture pour nourrir la population de Gaza pendant des mois... La nourriture est à El-Arish, dans des caisses empilées. Mais Gaza n’est pas à El-Arish. Il ne manque qu’une seule chose à cette nourriture : qu’on la laisse entrer.

Au même moment, Anas al-Sharif, courageux correspondant, tweete d’une voix à moitié morte, à moitié vivante : « Je n’ai pas cessé de couvrir l’actualité depuis 21 mois. Mais je vacille, je lutte contre l’évanouissement qui me poursuit à chaque instant. Gaza meurt, et nous mourons avec elle », crie Anas. « Cette mort doit cesser. Ce blocus doit être brisé ».

Nous te voyons, Anas, et nous connaissons ton courage... Nous entendons ta voix brisée, et Gaza n’est pas seule à mourir... Nous mourons avec elle. Ce qui se passe à Gaza n’est pas loin de nous, cela se passe en nous... dans nos nerfs, dans notre peau, dans notre conscience qui n’est pas encore morte malgré leurs tentatives... Nous te voyons, Anas, nous t’entendons, nous mourons avec Gaza, car celui qui ne meurt pas avec elle est déjà mort, froid, sans pouls, exclu de la vie.

Je ne m’étendrai pas, car les estomacs vides ne supportent pas les longs articles. Ce n’est pas un article sur la famine, ni sur le massacre. C’est un article sur l’extermination des affamés, qui n’est pas suffisamment qualifiée en droit international... Il n’existe aucune convention internationale ni aucun pacte international pour protéger les peuples de l’extermination par la faim.

Mohammed n’est pas encore mort, mais il s’en approche, tranquillement... N’oublie pas, Anas, de lui dire bonjour s’il passe près de toi. Et donne-nous de ses nouvelles s’il disparaît...

Et que tout le monde aille au diable...

J’ai écrit. C’est tout ce que j’ai. Et toi, qu’as-tu fait pour un enfant qui pèse 25 kilos ?

 


Sweida: images of horror السويداء: صور الرعب
Soueïda : images de l'horreur Sweida: Imágenes del horror













Sweida bajo asedio: la limpieza étnica de los drusos de Siria
Llamado urgente – Julio de 2025


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Traducido por Tlaxcala

Este comunicado es emitido por una coalición de estudiantes, investigadores y activistas drusos de América del Norte (Canadá, USA y México). Hablamos como miembros de una diáspora con lazos familiares y culturales directos con Sweida, y no podemos quedarnos en silencio ante una campaña de exterminio contra nuestro pueblo. Contacto

El 15 de julio de 2025, las fuerzas del gobierno interino de Siria, lideradas por Ahmad al-Sharaa, conocido por los sirios como Abu Mohammad al-Jolani, excomandante de la rama siria de Al Qaeda y antiguo afiliado del ISIS, lanzaron un ataque a gran escala contra la ciudad de mayoría drusa de Sweida.

Esta operación, presentada como una misión para "restaurar el orden" y "garantizar la seguridad en la provincia", fue en realidad el inicio de una masacre sectaria meticulosamente planificada. En apenas cuatro días, se llevó a cabo una limpieza étnica orquestada contra la población drusa, ejecutada por fuerzas yihadistas alineadas con el Estado y respaldadas por antiguos líderes de escuadrones de la muerte extremistas.

Masacres y asesinatos selectivos de civiles

Numerosos informes creíbles y testimonios directos confirman que las fuerzas del gobierno sirio y milicias aliadas ejecutaron a civiles drusos en sus hogares y en las calles. En uno de los incidentes más atroces, entre 12 y 15 civiles drusos desarmados fueron asesinados a quemarropa en la casa de huéspedes de la familia Radwan. En otro caso, seis hombres drusos fueron ejecutados sumariamente frente a sus hogares.

Según Sky News, Reuters y The Guardian, las ejecuciones fueron generalizadas y las víctimas incluyeron mujeres, niños y personal médico. En el primer día de la masacre, la Red Siria de Derechos Humanos confirmó al menos 321 muertes de civiles, incluidos niños de tan solo 18 meses, asesinados delante de sus familias. Algunos fueron mutilados, violados o decapitados. A los hombres drusos se les humilló, a los clérigos se les ridiculizó, y los cautivos fueron forzados a renunciar a su fe antes de ser asesinados.

En un video verificado, hombres drusos fueron arrojados desde un balcón y abatidos en el aire, un crimen de guerra captado por cámaras. Aunque los informes iniciales confirmaban cientos de civiles drusos muertos entre el 13 y el 18 de julio, se estima ahora que el número real supera los 1.000, y sigue en aumento. Muchos cadáveres siguen desaparecidos, enterrados en fosas comunes o irreconocibles debido a la destrucción de viviendas y al ataque sistemático a familias.

Asedio total y bloqueo humanitario

El régimen interino sirio cortó la electricidad, el agua y las comunicaciones, convirtiendo Sweida en una prisión. ACNUR y otras organizaciones humanitarias denunciaron no poder ingresar a la ciudad debido a bloqueos y bombardeos.

Los hospitales estaban desbordados, con más de 200 cuerpos apilados en morgues y pasillos. Combatientes armados asaltaron el Hospital Nacional de Sweida, disparando en su interior, destruyendo equipos y asesinando al personal. Hoy en día, solo unos pocos centros de salud locales siguen funcionando, ya que los hospitales principales han sido bombardeados.

Se acabó la comida. Bebés quedaron sin leche. Las tiendas fueron saqueadas por milicias tribales alineadas con el régimen. Barrios enteros fueron arrasados por las llamas. Para el 18 de julio, entre 25.000 y 60.000 civiles habían sido desplazados, muchos sin refugio ni suministros. Los esfuerzos de ayuda fueron deliberadamente bloqueados.

Pruebas documentadas

Medios internacionales como Reuters, The Guardian, AP, Sky News y Times of Israel han confirmado estas atrocidades mediante reportajes de campo, vídeos y testimonios de sobrevivientes.

La Red Siria de Derechos Humanos y el Observatorio Sirio de Derechos Humanos calificaron esto como una campaña de limpieza sectaria, siendo descrita por la SNHR como “una de las masacres más notables de limpieza étnica y religiosa en la historia reciente de Siria”.

Incluso Ahmad al-Sharaa, presidente autoproclamado del gobierno interino sirio, reconoció que ocurrieron crímenes, pero culpó a “grupos fuera de la ley” sin nombre, evadiendo su responsabilidad a pesar de la evidencia que señala directamente a sus propias fuerzas —en su mayoría, antiguos yihadistas con antecedentes de crímenes de guerra.

El mundo no puede mirar hacia otro lado

Exigimos:

● Una investigación internacional formal sobre la masacre de Sweida y la petición de cuentas a los responsables, incluido Ahmad al-Sharaa (Jolani) y cualquier liderazgo militar afiliado.

● La apertura urgente de un corredor humanitario desde Jordania para proveer alimentos, agua y asistencia médica.

● El reconocimiento inmediato por parte de la ONU y organismos internacionales de que lo ocurrido en Sweida constituye un crimen de lesa humanidad y un acto de limpieza étnica.

Los drusos de Sweida han enfrentado genocidios antes —no es la primera vez que su sangre es considerada prescindible. Pero hoy su masacre está siendo transmitida en vivo, documentada e innegable.

Si la comunidad internacional no actúa, será cómplice.

 Emad Hajjaj

Soueïda assiégée : le nettoyage ethnique des Druzes de Syrie
Appel urgent – Juillet 2025

عربية English Español

Traduit par Tlaxcala

Cette déclaration est émise par une coalition d'étudiants, de chercheurs et d'activistes druzes d’Amérique du Nord (Canada, USA et Mexique).
Nous nous exprimons en tant que membres de la diaspora ayant des liens familiaux et culturels directs avec Soueïda, et nous refusons de rester silencieux face à cette campagne de nettoyage ethnique contre notre peuple. Contact

Le 15 juillet 2025, les forces du gouvernement intérimaire syrien dirigées par Ahmed al-Charaa, connu des Syriens sous le nom d’Abou Mohammad al-Jolani — ancien commandant de la branche syrienne d’Al Qaïda et ancien affilié de l’État islamique — ont lancé une offensive de grande ampleur contre la ville à majorité druze de Soueïda.

Cette opération, présentée comme une mission visant à « rétablir l’ordre » et à faire respecter « la sécurité dans la province », fut en réalité le début d’un massacre sectaire minutieusement planifié. En l’espace de quatre jours, ce qui s’est déroulé fut un nettoyage ethnique orchestré de la population druze, mené par des forces djihadistes alignées sur l’État et soutenues par les mêmes individus qui avaient déjà dirigé des escadrons de la mort sous des bannières extrémistes.

Massacres et assassinats ciblés de civils

De nombreux rapports crédibles et témoignages directs confirment que les forces gouvernementales syriennes et les milices alliées ont exécuté des civils druzes chez eux et dans les rues. L’un des épisodes les plus atroces fut le meurtre de 12 à 15 civils druzes non armés, rassemblés dans la maison d’hôtes de la famille Radwan, tués à bout portant. Dans un autre cas, six hommes druzes ont été sommairement exécutés devant chez eux.

Selon Sky News, Reuters et The Guardian, les exécutions sur le terrain furent généralisées et les victimes incluaient des femmes, des enfants et du personnel médical. Dès le premier jour du massacre, le Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR) confirmait au moins 321 morts civils, dont des enfants de seulement 18 mois, tués devant leurs familles. Certains furent mutilés, violés ou décapités. Des hommes druzes furent humiliés, des religieux tournés en dérision, et des captifs forcés de renier leur foi avant d’être exécutés. Dans une vidéo authentifiée, des hommes druzes sont jetés d’un balcon puis abattus en plein vol — un crime de guerre filmé.

Alors que les premiers rapports évoquaient des centaines de morts entre le 13 et le 18 juillet 2025, le bilan réel dépasserait désormais les 1 000 victimes, et continue d’augmenter. De nombreux corps restent introuvables, enterrés dans des fosses communes ou méconnaissables du fait des destructions et du ciblage systématique des familles.

Ville coupée du monde

Le régime intérimaire syrien a coupé l’électricité, l’eau et les communications, transformant Soueïda en une prison à ciel ouvert. Le HCR et d’autres organisations humanitaires ont indiqué ne pas pouvoir accéder à la ville, bloquées qu’elles étaient par les tirs et les barrages. Les hôpitaux étaient submergés, avec plus de 200 corps entassés dans les morgues et les couloirs. L’hôpital national de Soueïda a été pris d’assaut par des combattants armés, qui y ont ouvert le feu, détruit les équipements et tué le personnel. À ce jour, seuls quelques centres de santé locaux restent fonctionnels, les principaux hôpitaux ayant été bombardés.

La nourriture s’est épuisée. Les nourrissons n’avaient plus de lait. Les magasins ont été vidés et pillés par des milices tribales alliées au régime. Des quartiers entiers ont été réduits en cendres. Au 18 juillet, on estimait entre 25 000 et 60 000 personnes déplacées, beaucoup sans abri ni vivres. Les efforts de secours ont été délibérément entravés.

Des preuves documentées

Les médias internationaux Reuters, The Guardian, Associated Press, Sky News, et le Times of Israel ont confirmé les atrocités à l’aide de reportages sur le terrain, de vidéos, et de témoignages de survivants.

Le Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR) et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (SOHR) ont tous deux qualifié cette opération de campagne de nettoyage sectaire, le SNHR la décrivant comme « l’un des massacres les plus marquants de nettoyage ethnique et religieux de l’histoire récente de la Syrie ».

Même Ahmed al-Charaa, président autoproclamé du gouvernement intérimaire syrien, a reconnu que des crimes avaient eu lieu, mais a rejeté la faute sur des “groupes hors-la-loi” non identifiés, malgré les preuves accablantes impliquant ses propres combattants, issus pour beaucoup d’anciens réseaux djihadistes et déjà connus pour leurs crimes de guerre.

Le monde ne peut détourner le regard. Nous exigeons :

● Une enquête internationale formelle sur le massacre de Soueïda et des poursuites contre les responsables, y compris Ahmed al-Charaa (Jolani) et les membres de son commandement militaire.

● Un corridor humanitaire d’urgence via la Jordanie pour acheminer nourriture, eau et soins médicaux.

● La reconnaissance immédiate par l’ONU et les instances internationales que ce qui s’est produit à Soueïda constitue des crimes contre l’humanité et un acte de nettoyage ethnique.

Les Druzes de Soueïda ont déjà été menacés de génocide — ce n’est pas la première fois que leur sang est jugé dispensable. Mais aujourd’hui, leur massacre est filmé, documenté, et indéniable.

Si la communauté internationale reste passive, elle est complice.

 Emad Hajjaj

Sweida Under Siege: The Ethnic Cleansing of Syria’s Druze
Urgent Appeal – July 2025

Français عربية Español

This statement is issued by a coalition of Druze students, researchers, and activists across North America (Canada, the United States, and Mexico). We speak as members of a diaspora with direct family and cultural ties to Sweida, and we cannot remain silent as a campaign of ethnic cleansing unfolds against our people. Contact

On July 15, 2025, Syria’s interim government forces led by Ahmad al-Sharaa, known to Syrians as Abu Mohammad al-Jolani, the former commander of Al-Qaeda’s Syrian branch and a one-time ISIS affiliate, launched a full-scale assault on the Druze-majority city of As-Suwayda.

This operation, framed as a mission to "restore order" and enforce "security in the province," was in reality the beginning of a meticulously planned sectarian massacre. In just four days, what unfolded was an orchestrated ethnic cleansing of the Druze population carried out by state-aligned jihadist forces and backed by the same individuals who once led death squads under extremist banners.

Massacres and Targeted Killings of Civilians

Numerous credible reports and firsthand accounts confirm that Syrian government forces and allied militias executed Druze civilians in their homes and in the streets. In one of the most harrowing incidents, 12–15 unarmed Druze civilians gathered at the Radwan family guesthouse were shot dead at point-blank range. In another, six Druze men were summarily executed outside their homes.

According to Sky News, Reuters, and The Guardian, field executions were widespread and victims included women, children, and medical personnel. On the first day of the massacre, the Syrian Network for Human Rights confirmed at least 321 civilian deaths, including children as young as 18 months, killed in front of their families. Some were mutilated, raped, or beheaded. Druze men were humiliated, clerics mocked, and captives forced to renounce their faith before being killed. In one verified video, Druze men were pushed from a balcony and shot midair, a war crime caught on camera. While initial reports confirmed hundreds of Druze civilians killed in Sweida between July 13–18, 2025, the real death toll is now estimated to exceed 1,000 and it continues to rise. Many of the dead remain missing, buried in mass graves, or unidentifiable due to the destruction of homes and systematic targeting of families.

The Syrian interim regime cut off electricity, water, and communications, turning Sweida into a prison. UNHCR and other aid groups reported being unable to access the city due to roadblocks and shelling. Hospitals were overwhelmed, with over 200 bodies piled in morgues and hallways. Armed fighters stormed Sweida National Hospital, shooting inside, disabling machines, and killing staff. Currently, only a few local health centers remain operational, as the main hospitals have been bombed

Food ran out. Babies were left without formula. Shops were emptied and looted by regime-aligned tribal militias. Entire neighborhoods were burned to the ground. By July 18, an estimated 25,000–60,000 civilians were displaced, many with no shelter or supplies. Relief efforts were deliberately blocked.

Documented Evidence

International media Reuters, The Guardian, AP, Sky News, Times of Israel, have all confirmed the atrocities using on-the-ground reporting, video evidence, and survivor testimony.

The Syrian Network for Human Rights and Syrian Observatory for Human Rights both labeled this as a sectarian cleansing campaign, with SNHR calling it "one of the most notable massacres of ethnic and religious cleansing in recent Syrian history."

Even Ahmad al-Sharaa, the so-called president of the Syrian interim government, acknowledged crimes occurred but blamed unnamed “outlaw groups,” deflecting responsibility despite the overwhelming evidence pointing to his own fighters, many of whom are drawn from former jihadist networks and have long histories of war crimes.

The world cannot look away. We demand:

       A formal international investigation into the Sweida massacre and accountability for those responsible — including Ahmad al-Sharaa (Jolani) and any affiliated military leadership.

       An emergency humanitarian corridor via Jordan to deliver food, water, and medical aid.

       Immediate recognition by the United Nations and international bodies that what happened in Sweida constitutes crimes against humanity and an act of ethnic cleansing.

The Druze of Sweida have faced genocide before — this is not the first time their blood has been deemed expendable. But today, their massacre is livestreamed, documented, and undeniable.

If the international community fails to act, it is complicit.


Emad Hajjaj

 

السويداء تحت الحصار: التطهير العرقي لدروز سوريا
نداء عاجل – يوليو 2025

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19/07/2025

THE NEW YORK TIMES
Les débuts chaotiques du centre de détention “Alligator Alcatraz” en Floride

Plusieurs immigrants détenus ont décrit une tension et une anxiété élevées dans ce centre isolé et construit à la hâte, en raison du manque d’informations, d’activités récréatives et d’accès aux médicaments.

Patricia Mazzei, Ochopee, Floride  et Hamed Aleaziz, Washington, The New York Times, 16/7/2025
Kirsten Noyes a contribué à la recherche.

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 


Patricia Mazzei est la reportrice principale du Times à Miami, couvrant la Floride et Porto Rico.

Hamed Aleaziz  couvre le département de la Sécurité intérieure et la politique d’immigration pour le Times.


La Floride s’est empressée d’ouvrir le centre de détention des Everglades le 3 juillet, désireuse d’aider le président Trump dans sa lutte contre l’immigration en fournissant davantage de places de détention. Photo Ava Pellor pour le New York Times

Les hommes détenus dans le nouveau centre de détention pour immigrants situé dans les Everglades, en Floride, n’ont ni crayons, ni livres, ni télévision. Les lumières restent allumées toute la nuit. Quand il pleut, c’est-à-dire presque tous les jours en été, les tentes qui abritent les détenus prennent l’eau et les insectes s’y engouffrent.

Lors d’entretiens téléphoniques, plusieurs détenus ont fait état de douches peu fréquentes, de repas qui n’étaient guère plus que des collations, d’autres détenus tombant malades avec des symptômes grippaux et de privation de sommeil. Ils ont décrit des troubles liés au manque d’informations, à l’absence de loisirs et à l’impossibilité d’accéder à des médicaments.

« C’est une poudrière », a déclaré Rick Herrera, l’un des détenus, qui a appelé un journaliste à plusieurs reprises pendant cinq jours, offrant un rare aperçu des premières semaines chaotiques de ce que les experts considèrent comme le seul centre d’accueil géré par l’État pour les détenus immigrés fédéraux.

La Floride, sous la houlette de son procurer général James Uthmeier, a foncé  pour ouvrir le centre — baptisé officiellement « Alligator Alcatraz » en référence à son emplacement isolé et marécageux — le 3 juillet, dans son désir d’aider le président Trump dans sa lutte contre l’immigration en augmentant la capacité d’accueil des centres de détention. Kristi Noem, secrétaire à la Sécurité intérieure, a déclaré dimanche que d’autres États souhaitaient suivre l’exemple de la Floride.

Ron DeSantis, gouverneur républicain de Floride, a positionné son État  comme particulièrement agressif en matière d’application des lois sur l’immigration, déléguant aux autorités locales et étatiques le pouvoir d’ agir comme un « multiplicateur de force »  pour les autorités fédérales.

Mais l’ouverture du centre de détention dans les Everglades était une mesure sans précédent qui reposait sur les pouvoirs d’urgence de l’État. Jusqu’à récemment, le gouvernement fédéral était responsable de l’hébergement des immigrants détenus, et il détenait principalement des personnes entrées illégalement dans le pays récemment, ou qui avaient été condamnées pour des infractions pénales ou faisaient l’objet d’une mesure d’expulsion. Mais sous Trump, l’application des lois sur l’immigration a considérablement changé, touchant désormais des personnes qui n’étaient pas visées auparavant.


Trump et Kristi Noem, secrétaire à la Sécurité intérieure, visitant le centre au début du mois. Photo Doug Mills/The New York Times

Le centre des Everglades s’inscrit dans le cadre du processus de coopération locale et fédérale en matière d’immigration connu sous le nom de 287(g). En vertu de ce système, les autorités locales peuvent arrêter et placer en détention des migrants pour le compte des services de l’immigration et des douanes (ICE). On ignore toutefois si et quand les personnes détenues au centre des Everglades seront transférées à l’ICE avant d’être expulsées.

La plupart des détenus du centre n’ont pas été condamnés pour des infractions pénales, selon un responsable gouvernemental au fait des données qui a souhaité garder l’anonymat car il n’était pas autorisé à s’exprimer à ce sujet. Au moins certains d’entre eux avaient été transférés depuis des prisons locales où ils avaient été placés en détention après avoir été arrêtés pour des infractions au code de la route ; d’autres avaient été transférés depuis des centres de détention de l’ICE.

Un autre responsable gouvernemental qui a souhaité garder l’anonymat pour la même raison a déclaré qu’au total, 60 % des détenus du centre avaient été condamnés pour des infractions pénales ou faisaient l’objet de poursuites pénales.

DeSantis est envisage déjà  d’ouvrir un autre centre de ce type dans le nord de la Floride. Les tribunaux ont toutefois jugé à plusieurs reprises que l’application des lois sur l’immigration relevait de la compétence fédérale. La semaine dernière, la Cour suprême a refusé de réanimer  une loi restrictive sur l’immigration en Floride, bloquée par les tribunaux inférieurs, qui aurait érigé en infraction pénale le fait pour des migrants en situation irrégulière d’entrer dans l’État.

« Les États ne sont pas autorisés à créer leur propre système de détention des immigrants », a déclaré Lucas Guttentag, ancien fonctionnaire du ministère de la Justice sous l’administration Biden. « Tous ceux qui accordent de l’importance à la liberté et à la responsabilité devraient être profondément inquiets. »

Interrogée au sujet du centre des Everglades, Tricia McLaughlin, porte-parole du département de la Sécurité intérieure, a déclaré : « Sous la direction du président Trump, nous travaillons d’arrache-pied pour trouver des moyens rentables et innovants de répondre à la demande du peuple américain en matière d’expulsion massive des étrangers en situation irrégulière ayant commis des infractions pénales. »

Bien que Trump ait fait sensation en visitant le centre de détention des Everglades  il y a deux semaines, le gouvernement fédéral s’est désengagé du projet, affirmant qu’il relevait de la responsabilité de l’État de Floride. Après que des groupes environnementaux ont esté en justice pour faire arrêter la construction  du centre, Thomas P. Giles, haut responsable de l’ICE, a répondu dans un communiqué que le rôle de l’agence « s’est limité à visiter les installations afin de s’assurer qu’elles respectaient les normes de détention de l’ICE, et à rencontrer des représentants de l’État de Floride pour discuter de questions opérationnelles ».

« La décision finale quant à l’identité des personnes à placer en détention », a-t-il écrit, « appartient à la Floride ».


Les responsables de l’État, qui ont déclaré aux députés qu’ils prévoyaient d’augmenter la capacité de l’établissement à 4 000 personnes d’ici le mois prochain, ont rejeté les descriptions des détenus concernant les mauvaises conditions de détention, les qualifiant de « totalement fausses ». Photo Rebecca Blackwell/Associated Press

Les détenus du centre n’apparaissent pas dans la base de données publique de l’ICE, ce qui rend difficile pour leurs proches ou leurs avocats de les retrouver ou de savoir s’ils ont été expulsés. Avec 1 000 lits répartis dans des unités clôturées pouvant accueillir chacune 32 hommes, il comptait environ 900 détenus samedi, selon des membres du Congrès et des députés de l’État. La grande majorité d’entre eux étaient hispaniques.

Les détentions massives ont donné lieu à des plaintes pour surpopulation et conditions insalubres et inhumaines  dans les centres de détention de l’ICE à travers le pays, bien que l’ICE ait nié tout problème. Mais certaines conditions dans le centre de détention des Everglades sont spécifiquement dues à sa construction précipitée et à son emplacement isolé. Il a été construit sur un aérodrome avec si peu d’infrastructures que les ordures et les eaux usées doivent être évacuées par de gros camions.

Les responsables de l’État, qui ont déclaré aux députés qu’ils prévoyaient d’augmenter la capacité de l’établissement à 4 000 personnes d’ici le mois prochain, ont rejeté les descriptions des détenus concernant les mauvaises conditions de détention, les qualifiant de « totalement fausses ».

« L’installation répond à toutes les normes requises et fonctionne correctement », a déclaré Stephanie Hartman, directrice adjointe de la communication de la Division de la gestion des urgences de Floride, dans un communiqué.

Les proches et les avocats des détenus affirment qu’ils n’ont pas été autorisés à leur rendre visite ; mercredi, l’Union américaine pour les libertés civiles (American Civil Liberties Union) a intenté une action en justice pour dénoncer l’impossibilité pour les avocats d’accéder aux détenus. Jusqu’à présent, les détenus ont été autorisés à passer des appels illimités et gratuits, mais ceux-ci peuvent être surveillés ou enregistrés. Certains détenus et leurs proches ont refusé d’être nommés par crainte de représailles.

Des membres du Congrès et des députés de l’État ont visité les installations samedi sur invitation, après que des législateurs démocrates de l’État s’étaient vu refuser l’entrée plus tôt ce mois-ci lorsqu’ils s’étaient présentés à l’improviste. Les démocrates de l’État ont intenté une action en justice, arguant qu’ils ont le droit d’exercer un tel contrôle.

Après la visite, le sénateur républicain Blaise Ingoglia a décrit une couchette dans une cellule vide de l’établissement comme « meilleure que mon lit chez moi ».

Plusieurs députés démocrates ont critiqué cette visite, la qualifiant d’ « aseptisée », et ont déclaré que les conditions à l’intérieur étaient pires que celles des centres de détention de l’ICE. « Tous les Floridiens devraient avoir honte que l’argent des contribuables soit utilisé pour mettre des gens dans ces cages », a déclaré le représentant Maxwell Alejandro Frost, un démocrate d’Orlando.


Manifestants à l’entrée du centre de détention, érigé sur un aérodrome dans les Everglades. Photo Ava Pellor pour le New York Times

La présence des politiciens a attiré une foule modeste près de l’autoroute américaine 41, une route à deux voies qui traverse les Everglades d’est en ouest. Parmi eux se trouvait Benita Mendoza, dont le mari, Jordan Márquez, arrivé aux USA il y a 19 ans en provenance de Cuba, faisait partie des premiers détenus du centre.

« Il me demande sans cesse : “Quelle heure est-il ? Quel jour sommes-nous ?”», a-t-elle déclaré, ajoutant que M. Márquez, âgé de 43 ans, lui avait dit qu’il ne prenait pas régulièrement ses médicaments pour la tension artérielle.

Des manifestants se trouvaient parmi les personnes présentes devant le centre ce jour-là. Un partisan brandissait un drapeau américain à côté d’une pancarte sur laquelle on pouvait lire « ENVOYEZ PLUS DE GATORS !! ». Un autre homme vendait des t-shirts Alligator Alcatraz depuis son SUV au prix de 25 dollars pièce. Quatre jeunes hommes qui roulaient de Naples à Miami dans une Mercedes-Benz décapotable se sont arrêtés et ont filmé la scène.

Les républicains ont affirmé que le centre nécessite moins de sécurité que d’autres en raison de son environnement inhospitalier, peuplé qu’il est par des alligators et des pythons envahissants. Aucun de ces animaux n’a tendance à attaquer les humains, et les Amérindiens, notamment la tribu des Miccosukee, ont depuis longtemps élu domicile dans les Everglades.

« C’est toute la communauté Miccosukee qui est concernée », dit Betty Osceola, une membre de la tribu qui vit à proximité et qui a protesté contre le centre de détention pour des raisons environnementales.

La Floride a estimé que le fonctionnement de ce centre coûtera environ 450 millions de dollars par an, dont une partie sera remboursée par l’Agence fédérale de gestion des urgences. Les détracteurs ont souligné que le coût par détenu est plus élevé que dans les prisons d’État ou les centres de détention de l’ICE. L’État a conclu des contrats sans appel d’offres en urgence ; certains   sont allés à des donateurs politiques républicains.


Betty Osceola, membre de la tribu Miccosukee qui vit à proximité et qui a protesté contre le centre de détention pour des raisons environnementales. Photo Ava Pellor pour le New York Times

Un bus rempli de détenus, dont M. Herrera, est arrivé mercredi dernier, mais ils n’ont pas été immédiatement pris en charge. Ils ont été gardés dans le bus toute la nuit, menottés et enchaînés, sans nourriture ni boisson, ont déclaré M. Herrera et un autre détenu. M. Herrera avait été informé qu’il serait transféré au centre de détention de Krome, géré par l’ICE, plus près de Miami, mais au lieu de ça, il est arrivé au centre des Everglades.

Les hommes ont été placés dans l’une des huit unités clôturées à l’intérieur d’une immense tente ; ceux qui avaient un casier judiciaire chargé ont reçu des bracelets rouges. M. Herrera, 55 ans, a été libéré de prison il y a deux ans après avoir purgé une peine pour vol de voiture. Il vit aux USA depuis l’âge de 3 ans et n’a pas de dossier de citoyenneté en Argentine, d’où est originaire sa famille, ce qui rend son expulsion difficile.

Le centre des Everglades était différent des prisons fédérales et des centres de détention de l’ICE où il avait séjourné, a-t-il déclaré : il n’y avait pas de règlement affiché ni de coordonnées pour contacter un inspecteur général ; pas de bibliothèque juridique ni de matériel religieux, y compris des bibles ; pas de temps de récréation en plein air, du moins pas pour son unité ; pas de cantine ni de distributeurs automatiques. Au cours d’une conversation téléphonique avec M. Herrera, on pouvait entendre en arrière-plan des hommes à l’intérieur de l’unité crier en espagnol : « Libertad ! Libertad ! »

Alexander Boni, un détenu cubain âgé de 32 ans, a déclaré avoir demandé un masque facial après que d’autres détenus sont tombés malades, mais qu’il ne l’avait pas obtenu.

« Nous sommes désespérés ici », a-t-il déclaré.

Pour passer le temps, certains détenus ont fabriqué la semaine dernière des pièces d’échecs et des dominos rudimentaires à partir de bouts de papier, a déclaré M. Herrera. Ils ont utilisé de la graisse de soudure provenant des lits superposés en métal pour marquer les pièces noires.

Mardi, les gardiens ont informé M. Herrera qu’il allait être transféré, sans toutefois lui dire où il allait. D’autres membres de son unité avaient également été emmenés. Mercredi, son avocat a été informé qu’il avait été transporté vers le centre de détention de l’ICE situé à proximité, à Krome, où il aurait dû être envoyé dès le début.

Bonus/Malus
Alligator Alcatraz vu par les dessinateurs

Mahmoud Rifai, Jordanie


-Qui a dit que je n'ai pas d'animaux de compagnies ?
"Cruauté gratuite"
Nick Anderson

This cartoon is set outside near a barbed-wire fence with a sign that reads “Alligator Alcatraz: Migrant Detention Center.” Two alligators look worried as they stare through the fence at the Statue of Liberty. One alligator says to the other, “ICE did warn that there would be big, green dangerous things on the other side of the fence.”

-L'ICE avait prévenu qu'il y aurait des gros trucs verts dangereux de l'autre côté de la clôture
Joe Heller

This editorial cartoon is titled “Alligator Auschwitz”. It depicts the front gates of a detention center in Florida. Alligators are nearby and a sign on the foreboding fence reads, “Dade-Collier Training and Transition Airport operated by ICE.” Above the front gates are the words, “Arbeit Macht Frei.”
Pat Byrnes



Les petits commerçants républicano-trumpistes n'hésitent pas à vendre des stickers débiles dans ce genre ...
...et des T-shirts