المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

16/10/2023

CORA GAMARNIK
17 de octubre de 1945: “Las patas en la fuente”, una foto que insiste en ser revelada

 Cora Gamarnik , Haroldo, la revista del Conti, 14/10/2021
Fotos
Archivo General de la Nación (gentileza)

Cora Gamarnik (Buenos Aires, 1967) es Comunicadora social, Doctora en Ciencias Sociales, Docente e investigadora del fotoperiodismo. Actualmente coordina del área de Estudios sobre Fotografía de la Facultad de Ciencias Sociales, UBA. Autora de El fotoperiodismo en Argentina. De Siete Días Ilustrados (1965) a la agencia SIGLA (1975) (Ediciones ArtexArte, Buenos Aires: 2020). @coragamarnik 

A partir de esta imagen ícono del origen del peronismo, aquella que llamamos “las patas en la fuente”, la autora analiza el proceso histórico y político que se inició aquel día. ¿Por qué esta foto ocupó ese lugar? ¿Qué sentidos se disputaron alrededor de esta imagen? ¿Qué hay en ella que la vuelve especial?

Juan Molina y su hermano están sentados al borde de la fuente en Plaza de Mayo. Ambos con saco oscuro, gomina, pantalones arremangados, pies en el agua. En el medio de los dos, se ve el sombrero de uno de ellos. Juan trabajaba en una fábrica de gaseosas, pero ese día no fue, su hermano le dijo que “había que ir a rescatar a Perón”. Se tomaron el tren en Caseros hasta Palermo y desde ahí caminaron hasta Plaza de Mayo. Juan usaba calzado ortopédico, la caminata desde Palermo fue agotadora. Hacía demasiado calor ese 17 de octubre de 1945.

Al lado de ellos está Armando Ponce, santiagueño de 17 años, se sacó la camisa y el saco y se refrescó los pies en la fuente. Armando era cadete en una sastrería, esa mañana el delegado lo convocó a ir a la plaza: “Perón está en Martín García y lo quieren fusilar porque nos defiende”, les dijo. Y allá fueron, se encontraron con miles haciendo lo mismo que ellos. Armando recién a las diez de la noche, antes de volver a su casa, comió su primera comida del día, una porción de pizza en Chacarita. Trabajadores desde todos los puntos cardinales del conurbano bonaerense llegaron como pudieron ese día a la Plaza de Mayo. Para muchos era la primera vez que iban a la Capital. Miles de personas atravesaron el Riachuelo y la General Paz –fronteras físicas pero también simbólicas– porque sentían que quien los defendía estaba en peligro.

Dentro de la fuente de agua en la Plaza de Mayo hay dos mujeres y un hombre de pie, una de ellas, de espaldas en la foto, lleva un traje de saco con mangas largas, pollera y sostiene unos zapatos de taco alto en la mano. La otra muchacha, muy jovencita, de vestido y saco, mira hacia atrás, lleva en el brazo otra prenda que podría ser una chaquetilla. Se pusieron ropa adecuada para ir al centro. Otros improvisaron vinchas de tela y pañuelos para atajar el sudor. Boinas, sombreros, tiradores, camisetas, sacos, camisas. Nunca como con esta foto se habló tanto de ropa para hablar de política. Hay mucha más gente en la fotografía. Alguien lee un diario, un muchacho sostiene un mástil con la bandera argentina. No se ve ningún otro cartel, ninguna otra bandera. En el margen izquierdo de la foto los protagonistas son chicos. Juegan en el bebedero, uno tiene una alpargata rota en la mano, el resto está en patas, pantalones cortos o arremangados. A lo lejos varios lograron treparse al monumento a Belgrano. Seguro se ve mucho mejor la escena desde ahí arriba.

El 17 de octubre de 1945 quedó cristalizado en la fotografía que llamamos “las patas en la fuente”. Muestra una escena en la fuente que ya no está y tiene la Casa Rosada como telón de fondo. Es de autoría anónima, quedó conservada en el Archivo General de la Nación y fue tomada alrededor de las cinco de la tarde. El escenario, la Plaza de Mayo, rodeada de los edificios emblemáticos del poder político, religioso y económico en la Argentina. Una zona casi sagrada y de uso exclusivo para la élite de los años 40.

Seguir leyendo 

 

15/10/2023

MARAM HUMAID
“Est-ce que nous reviendrons ?” Pour ma famille palestinienne, l’histoire se répète

Maram Humaid, Aljazeera.com, 15/10/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Maram Humaid est une journaliste et une conteuse palestinienne de la bande de Gaza. Elle couvre les histoires humaines, la vie sous le blocus, les jeunes et les dernières nouvelles. @MaramGaza

Albums de photos, lait maternisé, jouets et vêtements : c’est tout ce que nous avons pu emporter en quittant la ville de Gaza après l’ordre d’évacuation donné par Israël.

Deir El Balah, Gaza - Le huitième jour, ma famille et moi nous sommes réveillés, encore sous le choc, dans une nouvelle localité de la bande de Gaza, la ville de Deir El Balah, au sud de l’enclave.

Les scènes poignantes de la veille sont restées gravées dans nos mémoires. Aux premières heures de la journée, alors que d’intenses bombardements continuaient de secouer Gaza, des journalistes ont commencé à discuter, dans des groupes WhatsApp, de rumeurs selon lesquelles Israël aurait appelé les habitants du nord et du centre de la bande de Gaza à évacuer vers le sud.

Certains journalistes ont d’abord considéré qu’il s’agissait d’une guerre psychologique israélienne destinée à intimider les gens.


Photo du grand-père de l’auteure, dans leur maison de Deir El Balah, dans le sud de Gaza [Maram Humaid/Al Jazeera].

Pendant un bref instant, j’ai détourné mon attention des bombardements israéliens en cours autour de nous pour vérifier la crédibilité de cette nouvelle, qui avait été rapportée par certaines agences internationales. Mon anxiété s’est accrue au fur et à mesure que je me déplaçais d’une pièce à l’autre de notre maison, à la recherche d’une connexion internet stable au milieu des pannes de communication et d’électricité.

Lorsque l’internet s’est reconnecté, la nouvelle définitive est arrivée : le porte-parole de l’armée israélienne, Avichai Adraee, a officiellement annoncé l’ordre sur sa page Facebook.

Cela a provoqué des moments de confusion, d’incrédulité et de désorientation. Je me suis empressée de réveiller mon mari, mais il est resté silencieux. Craignant de déranger mes parents, qui avaient passé une nuit agitée, j’ai contacté mes frères.

La réaction immédiate de mon jeune frère a été un mélange d’interrogation et d’inquiétude : « Qu’est-ce qu’on doit faire ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Le seul mot de mon mari - soulignant l’importance de nos enfants - a dissipé ma confusion et souligné l’urgence de la situation. Les images d’enfants innocents et de nourrissons tués lors de précédents attentats à la bombe pesaient lourdement sur mon esprit.

Pourtant, la question persistait : Où irions-nous ? Nous étions confrontés à un dilemme, car la famille de mon mari avait de la famille à Nuseirat, dans le centre de Gaza, tandis que la mienne avait des relations à Deir El Balah.

Après de longues discussions, la famille de mon mari a décidé de se rendre à Nuseirat, poussée par l’insistance des mères à partir pour protéger leurs enfants.

Il est devenu évident que le bien-être des enfants était le principal facteur influençant la décision en ces temps chaotiques et périlleux.

J’ai de nouveau contacté mon frère, en insistant sur la nécessité de transférer notre famille et nos parents dans la maison de mon grand-père à Deir El Balah.

Il a accepté sans hésiter. À huit heures du matin, j’ai continué à me préparer, en regardant les nouvelles, en appelant périodiquement ma famille et en refaisant mes bagages.

Cependant, un nouveau défi est apparu : comment serions-nous tous transportés ? Je ne possédais pas de voiture et la majorité des habitants de Gaza n’avaient pas accès à des véhicules privés. La frustration et la tension ont augmenté à mesure que nous envisagions l’ampleur de la décision d’Israël de déplacer tant de personnes vers le sud.

Alors que mon mari contactait ses oncles pour assurer le transport de la famille jusqu’à Nuseirat, mon père m’a appelée pour m’informer qu’il était en route pour aller chercher ma mère et mes sœurs. Il a proposé de revenir pour nous emmener, moi, mes enfants, mon mari et le reste de la famille à Deir El Balah.

Avec un soupir de soulagement et une lueur d’espoir, j’ai ressenti une clarté croissante, l’appel de mon père marquant un tournant.

Mon mari et moi nous sommes concentrés sur l’emballage des fournitures essentielles, notamment la nourriture, l’eau, les conserves, les couches et le lait maternisé. L’incertitude nous incitait à nous préparer à l’inconnu. En plus de nos affaires, j’ai emporté un album photo, des vêtements de rechange pour nos enfants, des livres pour enfants, une couverture et une trousse de premiers secours.

Contrairement aux évacuations précédentes, mes émotions étaient distinctes, comme s’il ne s’agissait pas d’un simple départ temporaire mais d’une migration permanente. La remarque pessimiste de mon mari, selon laquelle nous ne reviendrions peut-être pas, est restée dans l’air, me faisant douter de l’incertitude du chemin à parcourir.

Alors que les événements se déroulaient rapidement autour de moi, je me suis efforcée de comprendre le paysage flou qui s’offrait à nous. À l’extérieur, j’ai vu des voisins charger leurs affaires dans des camions de transport.

Au milieu d’une discussion animée avec mon mari, notre fille Baniyas, qui s’était réveillée, nous a interrompus en posant une simple question : Pourquoi faisions-nous nos valises ? Mon mari lui a gentiment expliqué que nous devions partir en raison de la menace israélienne de bombarder notre région, et que nous allions nous rendre à Deir El Balah. Baniyas, bien que réticente, a fini par accepter, son père la rassurant en lui disant que nous espérions revenir bientôt.

Mon père, accompagné de mon frère, est arrivé pour nous transporter, mon mari, nos enfants et nos affaires à Deir El Balah. Une profonde tristesse, un sentiment d’impuissance et de confusion m’ont envahie alors que je portais notre bébé, que mon mari tenait la main de Baniyas et que mon frère aidait à porter les sacs.

Les larmes ont coulé pendant que nous descendions les escaliers, et d’innombrables pensées ont tourbillonné dans mon esprit, principalement : Reviendrons-nous ? Nos maisons seront-elles détruites ?

Je suis entrée dans la voiture le cœur lourd, et le silence nous a tous enveloppés. Je me suis assise à l’arrière, un sac à la main, à côté de Baniyas, tandis que mon mari tenait notre bébé et que mon frère s’occupait du reste de nos affaires. La route était encombrée de citoyens en quête de transport.

Des personnes munies de leurs bagages se tenaient aux intersections des rues à la recherche d’un moyen de transport, tandis que d’autres marchaient ou montaient dans des camions. Les maisons et les rues que nous avons traversées portaient les cicatrices de la dévastation causée par les frappes israéliennes.

J’ai appelé un ami en cours de route pour m’enquérir des routes les plus sûres qui n’avaient pas encore été détruites, afin de nous aider à atteindre Deir El Balah. Nous avons fini par atteindre la route de Salah Eddine, qui relie la bande de Gaza aux gouvernorats du sud.

Le long de cette route, la scène était à la fois saisissante et déchirante. Des familles, des enfants et des hommes avec leurs biens marchaient le long de la route. Une procession apparemment sans fin de véhicules, surchargés de biens et de passagers au-delà de leur capacité, allait l’avant. Le toit de ces véhicules était rempli de literie et de matelas.

Notre voyage s’est poursuivi jusqu’à l’entrée de Deir El Balah. Alors que le trajet aurait dû durer une demi-heure, il a duré une heure et demie en raison de l’état de la route.

Nous avons emprunté des rues étroites et sommes finalement arrivés à la maison de mon grand-père dans le centre de la ville.

Nous n’étions pas les seuls à y chercher refuge, nos proches s’étaient également rassemblés. Mon oncle se tenait là, accueillant tout le monde. Les maisons voisines recevaient elles aussi des personnes déplacées de la ville de Gaza.

Lorsque je suis entrée dans la maison de mon grand-père, la première chose que j’ai vue a été son portrait accroché au mur. Mon grand-père avait été déplacé pendant la Nakba de 1948 du village d’Isdud - ce qu’Israël appelle aujourd’hui Ashdod - et il est décédé en 2002 sans avoir pu réaliser son rêve de retour.

Aujourd’hui, ses petits-enfants se sont retrouvés déplacés et expulsés en 2023. La vieille maison, qui était fermée depuis des années, a ouvert ses portes pour nous accueillir en tant que réfugiés dans notre propre pays.

De l’intérieur de la maison, j’ai entendu le grondement d’une nouvelle frappe aérienne, ce qui m’a fait dire à ma mère qu’aujourd’hui, “l’histoire se répète”.

GIDEON LEVY
L’invasion terrestre de Gaza : un désastre annoncé

Gideon Levy, Haaretz, 15/10/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Israël est sur le point de lancer une invasion terrestre catastrophique de la bande de Gaza - ou l’aura déjà lancée au moment où cette chronique paraîtra. L’invasion risque de se terminer par un fiasco comme Israël et Gaza n’en ont jamais connu. Les images en provenance de Gaza ces derniers jours pourraient ressembler à une pub. Nous pourrions assister à un massacre de masse.

Des chars et des véhicules militaires israéliens près de la frontière de Gaza, samedi. Photo : Violeta Santos Moura/Reuters

Un grand nombre de soldats israéliens seraient tués inutilement. Les habitants de Gaza seraient confrontés à une seconde Nakba, dont les premiers signes sont déjà visibles sur le terrain. Personne ne sortirait grandi de ces horreurs.

D’heure en heure, les images de Gaza deviennent de plus en plus terrifiantes. Les médias israéliens, enrôlés dans le combat, trahissent leur rôle et empêchent leur public de voir les scènes. Ils se contentent des discours ennuyeux des généraux.

Mais le fait qu’Israël ne montre pas ce qui se passe à Gaza ne signifie pas que la catastrophe ne s’y déroule pas. Samedi, plus d’un million de personnes, dont la moitié sont des enfants, fuyaient pour sauver leur vie ou restaient dans leurs maisons détruites dans un acte suicidaire.

Les personnes âgées, les femmes, les enfants, les handicapés, les malades ont fui vers le sud, à pied, sur le capot des voitures, à dos d’âne ou sur des motos, avec seulement quelques maigres biens. Les gens se dirigent vers leur destruction, et ils le savent.

Dans l’immense cortège qui se dirige vers le sud, personne ne croit qu’il aura une maison où retourner. Il n’y a personne qui ne se rappelle pas les scènes de la Nakba que la génération précédente de leurs familles a vécues il y a 75 ans. Samedi, Gaza ressemblait au Nagorno-Karabakh.

Où iront les Palestiniens de Gaza ? Où se cacheront-ils ? Où trouveront-ils refuge ? Dans la mer, peut-être. Il n’y a ni électricité, ni eau, ni médicaments, ni Internet.

Cette expulsion est une punition collective de masse qui laisse présager ce qui va suivre. Israël affirme que le nord de la bande de Gaza doit être débarrassé du Hamas et qu’il se dirigera ensuite vers le sud. Deux millions de personnes, ou celles qui sont encore en vie, recevront alors l’ordre de fuir vers le nord pour nettoyer le sud.

La mission sera accomplie. Les forces de défense israéliennes prendront note des nombreux décès qu’elles auront causés et affirmeront que la plupart d’entre eux provenaient du Hamas. Chaque adolescent sera qualifié de membre du Hamas. Plus de 600 enfants palestiniens ont déjà été tués jusqu’à samedi après-midi, avant toute invasion terrestre. Ils n’appartenaient pas au Hamas.

Israël sera victorieux. Gaza sera rasée. Le réseau de tunnels souterrains du Hamas sera détruit. Les animaux humains seront assassinés. La puanteur de la mort qui s’élèvera de la bande de Gaza se mêlera aux scènes de ceux qui meurent de faim et de ceux qui sont au bord de la mort dans les hôpitaux débordés.

Et le monde continuera à soutenir Israël. Israël a été attaqué de façon barbare et n’avait pas d’autre choix. Les otages israéliens risquent de payer le prix de leur vie.

Et le matin se lèvera sur une Gaza en ruines. Et après ? Qui prendra les rênes du gouvernement ? Les représentants de l’Agence juive ? Les collaborateurs de Gaza ? Et qu’en retirera Israël ? Sans parler d’une guerre sur plusieurs fronts qui pourrait également éclater et changer complètement la donne.

Israël se lance dans une opération militaire dangereuse et sans perspective de gain. Il peut demander à son allié à Washington ce qu’ont donné les guerres insensées menées par l’USAmérique pour changer de régimes à travers le monde. Combien de personnes ont été tuées inutilement et qui a pris le pouvoir par l’épée usaméricaine. Mais nous n’avons pas besoin de l’USAmérique ni même de penser à la catastrophe des Palestiniens pour comprendre que nous sommes au seuil d’un désastre historique pour Israël également.

Si cette mission est effectivement menée à bien et qu’Israël met sens dessus-dessous la bande de Gaza sur ses dirigeants et ses habitants, elle sera gravée pendant des générations dans la conscience du monde arabe, du monde musulman et du tiers-monde. Une deuxième Nakba empêcherait des centaines de millions de personnes dans le monde d’accepter Israël. Certains régimes arabes pourraient, dans un premier temps, faire preuve de retenue, mais l’opinion publique de leur pays ne permettrait pas que cette retenue se poursuive.

Le prix à payer le serait par  Israël, et il sera plus élevé qu’il ne le pense actuellement. Israël est sur le point de s’engager dans une guerre catastrophique - ou l’a peut-être déjà fait.

 

 

 

 

 

14/10/2023

AMIRA HASS
Les colons israéliens ne font aucune pause dans les expulsions et spoliations en Cisjordanie


Amira Hass, Haaretz, 12/10/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alors qu’Israël et le monde entier se concentrent sur les atrocités commises samedi 7 octobre, les colons et leurs partisans s’emploient à réaliser leur rêve d’annexion de facto de la Cisjordanie.

Un soldat israélien monte la garde à un poste de contrôle à l’entrée nord de la ville palestinienne d’Hébron, dimanche. Photo : Hazem Bader / AFP

Les forces de sécurité israéliennes ont négligé la défense des communautés proches de la bande de Gaza parce qu’elles étaient préoccupées par la défense des colons de Cisjordanie, leurs saisies de terres, leurs rites d’adoration de pierres et d’autels.

C’est l’une des conclusions inéluctables à tirer des atrocités commises samedi. Ce n’est pas une surprise, mais cette négligence est intrinsèquement liée à l’un des principaux objectifs de la réforme judiciaire et de ses partisans sionistes religieux : accélérer l’annexion de facto de la majeure partie de la Cisjordanie et accroître la population de colons juifs. Cet objectif n’est pas seulement toujours d’actualité, il sera désormais encore plus facile à réaliser.

Les médias israéliens et internationaux ignorent la Cisjordanie alors que les témoignages déchirants des survivants des attaques de samedi font peu à peu surface et que l’armée israélienne mène des bombardements meurtriers de représailles sur Gaza et la prive d’eau, d’électricité et de nourriture.

Ce manque d’attention a permis aux colons et à leurs organes d’exécution, officiels (l’armée et la police) et semi-officiels (les agents de sécurité des colonies et les volontaires de droite agissant en tant que supplétifs), d’intensifier leurs attaques contre les éleveurs et les agriculteurs palestiniens avec un objectif clair : expulser davantage de communautés de leurs terres et de leurs maisons.

La volatilité de la situation a été démontrée mercredi, lorsque trois habitants - dont deux adolescents - du village de Qusra, au sud-est de Naplouse, ont été tués par des tirs à balles réelles et huit autres blessés. Les habitants du village affirment que les tireurs étaient des colons masqués qui sont entrés dans le village à bord de trois véhicules tout-terrain. Plus tard, lorsque des affrontements ont éclaté à la suite des funérailles, un autre adolescent a été tué à Qusra, soit par l’armée soit par d’autres personnes, ce n’est pas encore clair.

Un groupe WhatsApp palestinien documentant en temps réel les attaques des colons, en particulier dans la zone située au nord de Ramallah, a partagé des rapports minute par minute sur les événements de Qusra. Ces informations ont fait leur chemin jusqu’aux journaux télévisés en Israël. Mais d’autres incidents, qui ne font pas de victimes, n’en ont pas fait. Mercredi encore, par exemple, il a été signalé que des colons avaient tiré sur des agriculteurs travaillant sur leurs terres dans le village de Marda, au sud-ouest de Naplouse.

À 1 heure du matin, entre dimanche et lundi, un message partagé dans le groupe WhatsApp avertissait : « Un groupe de colons est en train de niveler un terrain sur la route reliant les villages de Qusra et de Jalu », dans une zone où se trouvent des colonies comme Shiloh et Eli et les avant-postes d’Esh Kodesh et d’Adei Ad.

Des personnes portent le corps d’un Palestinien tué lors de frappes israéliennes dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, lundi. Photo : Mahmoud Issa / Reuters

« Nous ne savons pas quelle est la nature des travaux car il n’y a pas d’électricité », indique le message, « mais il se pourrait qu’ils aient l’intention de détruire l’un des bâtiments agricoles de la zone ». On a appris par la suite que les Israéliens avaient détruit une maison vide qui semblait appartenir à un citoyen palestinien d’Israël.

À 3 heures du matin, il a été signalé que des colons pénétraient dans le village de Qaryout, à l’ouest de Jalud, et affrontaient les jeunes Palestiniens qui s’approchaient d’eux, avant que l’armée ne pénètre dans la zone et ne tire sur les maisons.

Quelques minutes avant 13 heures, un groupe de colons armés s’introduisant dans la ville de Qarawat Bani Hassan dans le gouvernorat de Salfit, au sud-ouest de Naplouse, a été signalé. Des coups de feu ont été entendus dans les vidéos jointes à l’alerte. Un habitant a déclaré : « Des colons et trois soldats ont tenté d’expulser des familles qui récoltaient des olives. Une confrontation a éclaté et [les soldats] ont tiré à balles réelles sur les jeunes et sont partis ».

À 14h30, un rapport a été publié sur un avocat palestinien qui avait quitté Salfit en voiture et avait été abattu par un garde de sécurité ou un autre civil israélien dans la colonie d’Ariel. La raison invoquée était qu’il était soupçonné d’avoir l’intention de commettre un attentat à la voiture-bélier.

A 14h35, un avertissement a été reçu concernant des colons tirant sur des voitures palestiniennes près de Ni’lin. À 15h30, un rapport fait état d’une attaque de colons contre la ville d’Einabus, située à l’ouest de Huwara et bordée par la colonie d’Yitzhar et ses avant-postes satellites.

« Les colons essaient d’entrer dans l’une des maisons », dit la voix dans la vidéo jointe, et avertit les habitants de ne pas s’approcher de la fenêtre. Deux résidents ont été blessés par les tirs, a-t-on appris par la suite.

À 18 heures, un rapport a indiqué que des colons et des soldats demandaient à une famille du village de Turmus Ayya de quitter sa maison près de Shiloh. L’un des membres de la famille a déclaré au groupe WhatsApp qu’il refusait de quitter la maison et que l’armée avait de toute façon déjà bloqué la route qui y mène la veille. L’agence de presse WAFA a également rapporté que des colons avaient jeté des pierres sur des voitures palestiniennes au nord de Jéricho lundi.

La capacité des Palestiniens à aider les communautés menacées est plus limitée que jamais. Depuis samedi, les FDI ont bloqué un grand nombre d’entrées et de sorties des villes et villages palestiniens en plaçant des blocs de béton et des monticules de terre et en verrouillant les barrières de fer déjà en place. Un journaliste palestinien a observé que les troupes israéliennes n’occupaient pas de positions à proximité de ces nouveaux barrages routiers.

Les villes et les villages sont coupés les uns des autres, le bouclage étant particulièrement strict autour de ceux qui sont proches de Jérusalem. Un responsable d’une agence d’aide internationale a déclaré à Haaretz qu’il était impossible de voyager entre le nord et le sud de la Cisjordanie. La route entre Bethléem et Hébron est pratiquement inaccessible aux Palestiniens.

Les Palestiniens qui se trouvaient en Israël samedi ou dimanche ont été autorisés à rentrer chez eux en passant par les principaux points de contrôle. Des centaines de Gazaouis, voire plus, qui travaillaient en Israël ont été contraints d’abandonner leur lieu de travail.

 
Le village palestinien de Qaryout. Photo : Alex Levac

Ils n’ont pas pu retourner dans la bande de Gaza bombardée et, tout en recevant des nouvelles de plus en plus inquiétantes sur les épreuves subies par leurs familles, ils ont été conduits dans les environs des villes palestiniennes, notamment à Jénine et à Ramallah, où les autorités les accueillent dans des bâtiments publics et les résidents dans leurs maisons.

Les routes principales sont presque totalement dépourvues de voitures appartenant à des Palestiniens. Même ceux qui peuvent trouver un moyen de sortir des villes ne se risquent pas à prendre la route.

L’un des principaux objectifs des colons est de faire disparaître les véhicules palestiniens des routes principales de Cisjordanie. Ils mettent parfois en œuvre cette mission en bloquant les voies d’accès aux villes.

En ce moment de tension, le verrouillage des villes palestiniennes et l’absence de circulation des Palestiniens sur les routes principales facilitent le contrôle de la région par les militaires. Et par ricochet, ils concrétisent l’ouverture et le projet des dirigeants religieux sionistes de faire disparaître les Palestiniens.

Les habitants disent que chaque petit rassemblement de quelques jeunes manifestants près des postes de contrôle attire des tirs plus nourris que par le passé. Des colons armés ont été vus en train de s’entraîner au tir lundi dans la région de Tulkarem, près d’un point de contrôle dont les soldats sont désormais absents.

Une vidéo mise en ligne par les colons décrivant les armes et les munitions qui leur sont attribuées n’a fait qu’accroître les craintes des Palestiniens d’être encore plus abandonnés aux plans à peine dissimulés des civils israéliens qui contrôlent leur vie.

 

 

13/10/2023

TAREK SUBHI HAJJAJ
Lettre de Gaza : Israël nous impose un black-out pour cacher le massacre

Tareq Subhi HajjajMondoweissTraduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Tareq Subhi Hajjaj est le correspondant du site Mondoweiss à Gaza et membre de l’Union des écrivains palestiniens. Il a étudié la littérature anglaise à l’université Al-Azhar de Gaza. Il a commencé sa carrière dans le journalisme en 2015 en tant que rédacteur et traducteur pour le journal local Donia al-Watan. Il a fait des reportages pour Elbadil, Middle East Eye et Al Monitor. @Tareqshajjaj.

Israël coupe peu à peu les communications de Gaza avec le monde extérieur, car il veut nous empêcher de révéler les massacres qu’il commet.

J’emballe quelques-uns de mes vêtements, mes documents d’identité, mes affaires et des piles pour charger mon téléphone et rester en contact avec la situation autour de moi. Ma famille et moi évacuons notre maison dans le quartier d’Al Shuja’iyya, à l’est de Gaza. J’ai vraiment besoin d’un sac plus grand pour y mettre toute ma vie.

Des Palestiniens inspectent les dégâts causés par une frappe aérienne israélienne sur la mosquée Soussi, dans la ville de Gaza, le 9 octobre 2023. (Photo : Naaman Omar/APA Images)

Dans l’après-midi du deuxième jour de l’attaque, l’armée israélienne a envoyé un message à mon frère aîné - nous vivons tous dans le même immeuble - lui disant qu’il devait évacuer l’immeuble et se diriger vers le centre de la ville de Gaza.

J’habite au rez-de-chaussée. Ma mère âgée, qui est aveugle, vit avec moi et ma femme aux côtés de notre petit garçon de neuf mois, qui a déjà été témoin de deux guerres israéliennes au cours de sa courte vie.

Mon frère Hani me dit : « Nous devons évacuer tout de suite pendant qu’il en est encore temps. Si la nuit tombe et que nous sommes encore là, nous serons en danger ».

J’essaie de lui dire que nous devrions rester - je pense qu’aucun endroit à Gaza n’est à l’abri des avions de guerre israéliens. Mais nous avons tous les deux raison.

Je passe des dizaines d’appels pour trouver un appartement pour ma famille, mais je ne veux pas aller dans une autre tour résidentielle - j’ai déjà rapporté que beaucoup d’entre elles sont les premiers sites à disparaître lors d’une frappe aérienne israélienne.

Toutes les personnes que j’appelle me disent que si je parviens à trouver un endroit sûr, je devrais les emmener avec moi. Tout le monde cherche désespérément un endroit, un lieu sûr.

Je mets ma valise dans la voiture et j’aide ma mère à s’asseoir à l’arrière. Nous nous rendons à la maison de mon beau-père, qui se trouve dans la partie ouest d’Al Shuja’iyya. Alors que le bombardement du quartier se poursuit, nous nous dirigeons vers l’ouest. La fumée s’élève derrière nous, remplissant l’air et nous plongeant dans l’obscurité.

Tout autour de nous, on dirait une nouvelle Nakba. Les gens portent des sacs sur le dos, attachent des meubles sur les voitures et fuient à pied dans toutes les directions. Ils ne savent même pas s’ils pourront revenir et retrouver leurs maisons intactes. Moi non plus. Avant de partir, je me suis tenu au milieu de ma maison et j’ai dit au revoir à chaque coin et à chaque pierre.

Lentement, la fumée commence à se dissiper, laissant place à la lumière. À l’odeur, on peut dire que nous nous sommes éloignés de la zone.

Pourtant, dans ces circonstances, je me considère comme chanceux. J’ai pu trouver un endroit pour ma famille. Des milliers de personnes à Gaza n’ont pas cette possibilité. Ils vont dans les écoles de l’UNRWA, qui ne sont pas équipées pour accueillir autant de personnes. Ils n’ont même pas d’endroit où utiliser la salle de bain ou la douche.

Mon beau-père, qui est journaliste et directeur retraité du ministère de l’information, connaît les circonstances de mon travail. Il m’a préparé un bureau pour que je puisse continuer à travailler.

Je vais sur Internet et je continue à suivre l’actualité. Mais parfois, j’aimerais ne pas avoir à le faire.

La première chose que je vois est une vidéo d’une femme à l’hôpital Al Shifa’, le principal hôpital de la ville de Gaza. Elle porte une blouse blanche, ce qui signifie qu’elle est médecin ou infirmière. Elle sort de l’hôpital en courant et en levant les deux mains en l’air, ses doigts dessinant le signe de la “victoire” en pleurant. J’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’un médecin qui est entrée dans la chambre d’un patient mourant et qui s’est rendue compte qu’il s’agissait de son mari, décédé alors qu’elle s’occupait d’autres patients. Sous le choc, elle a quitté l’hôpital en courant, en pleurant et en criant devant des dizaines de caméras.

« Mon mari a été tué, mon mari a été tué, mon mari a été tué », répète-t-elle, faisant toujours le signe V.

La vidéo suivante que je regarde est tellement horrible que je ne peux pas détourner le regard. À Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, un homme cherche sa famille sous les décombres de sa maison. Il tient dans ses mains des morceaux de corps coupés - une partie de la tête d’un enfant, quelques doigts et d’autres morceaux de chair mutilés au point d’être méconnaissables.

« C’est ma famille », dit l’homme en ouvrant la main, montrant les morceaux qu’il ramasse. « C’est ce qui reste de mes enfants. Je ne peux pas en trouver d’autres ». Il hurle.

Nous n’en sommes qu’au début d’une des guerres les plus longues et les plus brutales de l’histoire de Gaza. Je redoute les jours à venir. C’est peut-être le moment de quitter ce monde, déchiré par une frappe aérienne israélienne aléatoire.

Le lendemain, l’électricité, l’internet et l’eau sont coupés. Je commence à penser que, petit à petit, nous sommes coupés du monde extérieur jusqu’à ce qu’il n’existe plus. Israël veut délibérément provoquer un black-out, afin que nous ne puissions pas rendre compte des massacres qu’il commet à Gaza. Ils se préparent à quelque chose d’énorme, et sans moyen de le dire au monde, personne ne le saura avant qu’il ne soit trop tard.

 

AMOS HAREL
Guerra Israel-Gaza: un fiasco catastrófico que provocará una conmoción política

Amos Harel, Haaretz, 8/10/2023
Traducido por CMBL, Tlaxcala

El fallo de los servicios de inteligencia y la mala preparación israelíes no fueron los únicos problemas: parece que el concepto defensivo operativo de Israel frente a Gaza se ha hecho añicos Netanyahu tendrá que pagar un precio político por su política hacia Hamás tras la guerra.



Un soldado de Tsahal observa un coche en llamas en la ciudad de Ashkelon, en el sur de Israel, el sábado. Foto: Ilan Assayag

El viernes a mediodía, un alto funcionario del Estado Mayor conversaba con un invitado en su despacho de Tel Aviv. Pocos minutos después de que el reloj electrónico del despacho marcara las 14.00 horas, ambos observaron que no se habían percatado de la hora exacta en que estalló la Guerra de Yom Kippur hace 50 años. La conversación derivó naturalmente hacia las lecciones de 1973.

“En los territorios ocupados”, dijo el oficial, “estamos a cinco minutos de una intifada”. Lo dijo sin saber que estaba profetizando. El anfitrión, como el resto de las FDI, estaba preocupado sobre todo por lo que pudiera ocurrir en Cisjordania. Pero delante de las narices del establishment de defensa, un ataque sin precedentes de Hamás estaba tomando forma al mismo tiempo, a lo largo de la frontera de Gaza.

Deberíamos desconfiar de la histeria excesiva. Pero no debemos minimizar la gravedad de la calamidad que se ha producido. Israel está en guerra desde el sábado por la mañana. El ataque de Hamás, que cogió por sorpresa a los servicios de inteligencia israelíes, derrumbó completamente el concepto defensivo operativo en la frontera de la Franja de Gaza. Más de 250 personas han muerto en el lado israelí y más de 1.590 han resultado heridas, cifra que podría aumentar considerablemente una vez que se hayan registrado todos los lugares atacados.

Según informes procedentes de Gaza, decenas de prisioneros y de cadáveres han sido trasladados de Israel a Gaza. Incluso en términos de rehenes [sic] y de desaparecidos, esta situación no es comparable al secuestro de Gilad Shalit en 2006. Es poco probable que el gobierno modere sus ataques aéreos sobre Gaza por proteger la vida de los prisioneros israelíes. Es probable que en el fragor del momento no se tengan en cuenta tales consideraciones.

Israel se ha referido a la “doctrina Dahiya”, que implica la destrucción sistemática de las infraestructuras en zonas densamente pobladas, como una lección aprendida de la segunda guerra del Líbano en 2006. Es lo que está ocurriendo actualmente en Gaza, con gran intensidad.

Las FDI, el Shin Bet y la policía se enzarzaron en combates casa por casa durante diez horas en comunidades y bases militares donde se habían atrincherado palestinos armados. En algunos lugares, como la ciudad de Ofakim y el kibutz Be'eri, los terroristas se atrincheraron con rehenes [sic].

El ejército está movilizando fuerzas de reserva a escala de una movilización de guerra. En algunas comunidades y bases del ejército se han producido terribles masacres. Aunque se dispararon miles de cohetes y misiles contra el frente interno israelí desde el sur hasta Jerusalén y a la aglomeración de Tel Aviv, se trataba principalmente de una táctica de distracción. Los esfuerzos de Hamás se concentraron en las comunidades situadas a lo largo de la frontera. Trágicamente, tuvieron éxito.



Humo y llamas tras el impacto por las fuerzas israelíes a una torre en la ciudad de Gaza, el sábado. Foto: Mohammed Salem/ Reuters

La reacción de Israel ha costado caro, tanto para los atacantes como por los ataques aéreos dentro de la Franja de Gaza. Se han perdido cientos de vidas palestinas y se espera que los ataques se intensifiquen durante la noche y en los próximos días. Pero ése no es el único escenario que podría estallar.

Aunque las FDI están concentrando sus fuerzas y esfuerzos en el sur, deben tener en cuenta la posibilidad de una guerra en varios escenarios que incluiría Cisjordania, Jerusalén Este y posiblemente Hezbolá y elementos extremistas entre los árabes israelíes. Hezbolá está esperando a ver cómo se desarrollan los acontecimientos y está considerando sus acciones. Podemos suponer que el líder de Hezbolá, Nasralá, tiene el dedo en el gatillo.

La situación exige una dolorosa comparación histórica. La concepción israelí de Gaza se ha derrumbado. Ha fracasado en su política, en el despliegue de sus fuerzas defensivas, en su preparación ante sorpresas y en la ausencia total de avisos de los servicios de inteligencia. En la noche del viernes al sábado, los dirigentes políticos y militares de Israel dormían tranquilos en casa. No se reforzaron las fuerzas porque no hubo alerta temprana. Lo normal era pensar que Hamás se estaba preparando para nuevos juegos de guerra.

La inteligencia militar y el estado mayor del ejército fueron incluso más lejos: durante el último año, afirmaron a menudo que Hamás había sido disuadida por Israel tras los resultados de campañas anteriores y que no pretendía iniciar una nueva guerra. En realidad, cientos, si no miles, de combatientes de Hamás llevaban meses preparándose para un ataque sorpresa, sin que nada de esto se hubiera filtrado. Mientras tanto, Israel debatía si debía aumentar el número de trabajadores autorizados a entrar en el país desde Gaza por motivos laborales.



Trabajadores palestinos esperan para cruzar el puesto de control de Al-Jalama, controlado por Israel, cerca de Yenín, de camino a su trabajo en Israel. Foto: Raneen Sawafta / REUTERS

El catastrófico resultado se produjo 50 años y un día después del estallido de la Guerra de Yom Kippur. Se trata de un enorme fracaso, compartido por todos los dirigentes políticos y militares, pero esta cuestión solo deberá tratarse en profundidad una vez finalizada la guerra. El problema es que Israel entra en esta guerra en un estado de crisis sin precedentes, en el que el comportamiento extremista y demencial del gobierno ha dictado una agenda centrada en todo lo malo.

Esto no absuelve a los escalones profesionales, pero sin duda obstaculizará el funcionamiento del Estado en los difíciles días que se avecinan. Hamás aprendió las lecciones de la Operación Borde Protector en 2014 y se preparó en consonancia. Durante esa campaña, aunque intentó llevar a cabo ataques utilizando túneles, la organización fracasó en gran medida en sus esfuerzos por introducir combatientes en Israel, siendo frustrados la mayoría de estos intentos por las fuerzas de las FDI.

Esta vez, Hamás atacó posiciones del ejército donde el estado de alerta parece haber sido bajo y las fuerzas limitadas. También se produjeron enfrentamientos en el cuartel general de la división de Gaza y en otras bases militares. Los daños sufridos por el cuartel general de la división han perturbado gravemente la cadena de mando y de control a lo largo de toda la valla fronteriza.

Soldados, policías y otros miembros de las fuerzas de seguridad, así como residentes voluntarios [los famosos “civiles”, NdlT], lucharon heroicamente para bloquear a los combatientes que ya se hallaban dentro de las comunidades. Dicho esto, hay que decir que también hubo ejemplos terribles de disposición problemática para el combate y falta de competencia por parte de algunas de las fuerzas tomadas por sorpresa. Altos oficiales de la reserva, veteranos de muchas guerras, que vieron vídeos grabados por Hamás, quedaron totalmente conmocionados por lo que vieron.



Palestinos atraviesan la valla de seguridad entre Gaza e Israel el sábado. Foto: Stringer/Reuters

Pero el problema no radica solo en eso o en la falta de inteligencia. Parece que todo el sistema, simplemente, se ha derrumbado. Esto no ocurrió cuando Israel se enfrentó al ejército egipcio o a Hezbolá. Esta vez, ha sido un grupo mucho más pequeño quien asestó a Israel su golpe más doloroso desde 1973 (con un número de bajas en los primeros días que alcanzó los niveles del primer día de esta guerra), en escenas que recuerdan los horrores de 1948. No obstante, cabe señalar que ambas guerras terminaron con la victoria de Israel.

El muro resultó inútil

Tras la inmovilización temporal de los pasos fronterizos, las fuerzas especiales de Hamás (Nujba) dirigieron su atención a un gran número de comunidades a lo largo de la frontera, que no contaban con defensas significativas. El resultado es que, incluso después de varias horas desde que comenzó el ataque a las 6,30 h. de la mañana, algunas comunidades siguen sitiadas, con combatientes deambulando en busca de víctimas. Por desgracia, estos planes son exactamente para lo que Hamás se ha entrenado durante años. Sin previo aviso, con un frágil despliegue defensivo, los muros fueron traspasados.

El obstáculo construido por Israel, un enorme muro diseñado para impedir la excavación de túneles ofensivos, no ha servido de nada. Simplemente ha sido burlado. Las puertas operativas de la valla fronteriza utilizadas por las FDI fueron atravesadas por Hamás, que arrasó la zona con hombres armados en camionetas. El coronel retirado Yossi Langotsky, veterano de la inteligencia militar y de los paracaidistas, advirtió en un artículo en Haaretz en 2018 que las FDI estaban construyendo una Línea Maginot inútil en la Franja de Gaza, que sería traspasada en caso de crisis. Ayer resultó que tenía razón.

A lo largo de todo el día se alzaron las voces de los residentes de estas comunidades, algunas de ellas ocupadas por Hamás. Fueron desgarradoras. Esta tragedia se desarrolló en directo por televisión, y toda la nación pudo oírla y verla. Las consecuencias a largo plazo para los israelíes que viven a lo largo de la frontera, para las relaciones entre Israel y los palestinos y para la situación regional serán enormes. La confianza y el respeto entre el público y las fuerzas de seguridad, y las FDI en particular, se han roto de una forma que se dejará sentir aquí durante años.



Palestinos celebran la destrucción de un tanque israelí en la barrera de la Franja de Gaza, al este de Khan Younis, el sábado. Foto: Yusef Masud/AP

En la primera fase de esta guerra, Hamás ya ha producido sus escenas de victoria, que celebrará en las redes sociales y en los canales de televisión. Al mismo tiempo, la organización y sus dirigentes se enfrentarán al desastre, al igual que los habitantes de la Franja de Gaza. Hamás ha obtenido una enorme victoria operativa, pero su éxito puede haber ido demasiado lejos.

Israel responderá con una fuerza inmensa, con pocas restricciones al uso de fuego real en zonas urbanas densamente pobladas. Cuando los palestinos difunden fotos de cadáveres mutilados y prisioneros maltratados, de saqueos y bárbaras celebraciones de la victoria, a los israelíes les hierve la sangre. Entre los objetivos ya alcanzados en Gaza se encuentran rascacielos utilizados por Hamás y la Yihad Islámica, pero también viviendas familiares. Hoy, con el telón de fondo de un cruel ataque perpetrado con el objetivo de matar civiles, Israel cree que cuenta con amplia legitimidad internacional para actuar. Los resultados se dejarán sentir en Gaza.

No se puede descartar la posibilidad de maniobras terrestres y la ocupación de la Franja de Gaza. Los líderes de Hamás, Yahya Sinwar y Mohammed Deif, que se jactaron de la derrota que infligieron a las FDI el sábado por la mañana, aún podrían conseguir su deseada muerte como mártires. Los líderes de otras organizaciones de la región tampoco están a salvo.

Es posible que el escenario de pesadilla que se está desarrollando en Gaza no termine ahí. Es probable que se extienda a otras zonas. Todo esto sorprende a Israel, como se ha dicho, en un mal momento. Quizá forme parte del cálculo de Hamás de que puede explotar la debilidad de Israel.

Dadas las graves lagunas en materia de inteligencia, no podemos descartar la hipótesis de que no sepamos lo que está ocurriendo en otras zonas. ¿Estaba coordinada esta acción con Hezbolá e Irán? ¿Está Hezbolá esperando a que Israel utilice un gran número de sus misiles interceptores de la Cúpula de Hierro antes de entrar en la refriega? Presumiblemente, Israel estará enviando ahora serias advertencias a través de diversos canales a Teherán, Damasco y Beirut.

Un error de concepto

En vísperas de Yom Kippur, el general de división Eran Niv, jefe de inteligencia de transmisiones del Estado Mayor de las FDI, concedió una entrevista a Haaretz. Está detrás de la reedición de un viejo libro [1962] titulado "Pearl Harbor: Advertencia y Decisión", de Roberta Wohlstetter. Su análisis del fracaso operativo y de inteligencia que sufrió Estados Unidos en 1941 podría, en su opinión, ayudarnos a prevenir el próximo fracaso. Los editores de esta entrevista se mostraron menos optimistas. “La próxima sorpresa llegará - la cuestión está en saber cómo se prepara Israel para ella“, decía el pie de foto.

Los acontecimientos del sábado demostraron que la respuesta era: muy insatisfactoria. En los 26 años que llevo cubriendo la defensa israelí para Haaretz, no recuerdo un día más horrible. Es tanto más incómodo cuanto que la sorpresa se produjo en una zona en la que Israel gasta miles de millones de shekels con fines de vigilancia. A la hora de la verdad, no sabíamos nada.

Pero el fallo no fue sólo de recopilación de información, sino también operativo e incluso conceptual. “Llevamos años viviendo en una realidad imaginaria”, dijo el sábado un alto oficial de la reserva refiriéndose a los combates en la Franja de Gaza, mientras se dirigía a toda prisa hacia el frente norte y trataba de escuchar noticias de su casa.



Civiles israelíes evacuados del kibutz Holit, cerca de Gaza, el sábado. Foto: Eliyahu Hershkovitz

“Nos hicimos demasiado dependientes de la sofisticada barrera subterránea, de la tecnología. Nos convencimos de que Hamás estaba desanimada y asustada, y de que siempre tendríamos alertas a tiempo. Pensábamos que sabíamos analizar sus intenciones y pensamientos. Será difícil desengañarse”.

Una nueva realidad política

La guerra que se está librando en Gaza está cambiando completamente las cartas en términos de acontecimientos diplomáticos y políticos. Los soldados de reserva que habían anunciado que ya no se presentarían a filas debido al golpe de estado judicial han regresado a sus unidades y cuarteles generales. Es probable que algunos de ellos participen ahora en los vuelos que lanzan enormes cantidades de bombas sobre Gaza. Los principales partidos de la oposición, Yesh Atid y Unidad Nacional, ya han expresado su voluntad de discutir la creación de un gobierno de unidad.

En las actuales circunstancias de emergencia, cuando la alternativa es ir a la guerra con Bezalel Smotrich e Itamar Ben-Gvir ocupando puestos clave en el gabinete, no parece haber más remedio que formar un gobierno así.

Como ocurrió hace 50 años, la sorpresa llegó en Sabbat. Al final del Sabbat, los portavoces [de Netanyahu] comenzaron su asalto. Es culpa del Shin Bet, es culpa de la inteligencia militar, es culpa del Jefe del Estado Mayor, es culpa del movimiento de protesta. La protesta se suspenderá por el momento, y con razón, hasta que termine la guerra. Pero no podemos renunciar a una investigación exhaustiva en su punto culminante: ¿qué nos ha pasado y cómo hemos caído en semejante trampa asesina?

Aparentemente no hubo avisos de inteligencia, pero sí señales de advertencia, desde Gaza hasta Cisjordania. Todos los dirigentes las ignoraron. Podemos esperar una enorme repercusión política, como en 1973. El primer ministro, Benjamin Netanyahu, no debemos olvidarlo, es responsable de un fracaso político y de seguridad sin precedentes.

El autoproclamado Sr. Seguridad, epíteto adoptado por sus partidarios, lanzó advertencias a Irán y a Hezbolá, pero se burló de la necesidad de tomar medidas diplomáticas en el ámbito palestino, dejándose ganar por la calma en el frente de Hamás, sin vigilar el estado de preparación del ejército. Cuando termine esta guerra, tiene que pagarse el precio de este error, como pasó con Golda Meir hace 50 años.