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04/12/2024

HAROLD JAMES
Les USA sont-ils la prochaine Union soviétique ?

Harold James, Project Syndicate, 28/11/2024
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Harold James est professeur d’histoire et d’affaires internationales à l’université de Princeton (USA). Spécialiste de l’histoire économique allemande et de la mondialisation, il est coauteur de The Euro and The Battle of Ideas, et de The Creation and Destruction of Value : The Globalization Cycle, Krupp: A History of the Legendary German Firm, Making the European Monetary Union, The War of Words, et, plus récemment, Seven Crashes : The Economic Crises That Shaped Globalization (Yale University Press, 2023).

Le programme politique du président usaméricain élu Donald Trump, s’il est mis en œuvre, sèmera inévitablement les graines d’une nouvelle vague de mécontentement, de protestations et de théories du complot. L’URSS a connu une dynamique similaire au cours de la décennie qui a précédé son effondrement.


 Vasco Gargalo

PRINCETON - En 1987, l’historien Paul Kennedy a publié un best-seller influent, The Rise and Fall of the Great Powers (L’essor et la chute des grandes puissances), qui s’attardait sur le thème de la démesure impériale et se terminait par un regard sur l’Union soviétique et les USA, les deux grandes puissances de l’époque. En l’espace de quelques années seulement, l’Union soviétique s’est effondrée, ouvrant la voie à l’émergence des USA en tant que seule puissance mondiale pleinement dominante. Au vu des événements récents, il est peut-être temps de dépoussiérer le livre de Kennedy et d’en réexaminer les leçons.

En juillet 2020, en pleine pandémie, j’ai écrit un commentaire inquiet intitulé «Late Soviet America » [Feue l’Amérique soviétique]. Nous approchions de la fin du premier mandat du président Donald Trump, et je craignais que les USA ne soient coincés dans une ornière sans issue. Bien que le pays dispose d’un énorme réservoir de talents et d’énergie, le système politique était dysfonctionnel. Les deux principaux partis sélectionnaient leurs candidats de manière non démocratique (puisque le processus des primaires s’était en grande partie atrophié), et les chèques de relance à grande échelle semblaient être devenus la méthode préférée pour gagner en popularité politique. Dans ce contexte, le passage de Trump au président Joe Biden n’a pas changé grand-chose. L’USAmérique ne disposait pas d’un État à parti unique de type soviétique, mais elle n’avait pas non plus beaucoup de démocratie entre les partis ou au sein des partis. Les électeurs se sentaient toujours lésés et les grosses dépenses étaient toujours considérées comme la clé du succès électoral et de la stabilité sociale. 

L’USAmérique semblait destinée à rester au stade soviétique tardif. L’effondrement de l’Union soviétique s’est déroulé en deux temps : une gérontocratie immobile a cédé la place à une tentative mal conçue de réforme radicale et perturbatrice. Lorsque Konstantin Tchernenko est devenu secrétaire général du parti communiste en 1984, il avait déjà 72 ans. Il avait succédé à un Leonid Brejnev sénile et à un Youri Andropov malade, mais il était lui-même si décrépit qu’il avait du mal à lire l’éloge funèbre d’Andropov. Puis vint Mikhaïl Gorbatchev, qui promit de rajeunir l’URSS en brisant les chaînes de la vieille bureaucratie par la perestroïka (réforme économique) et la glasnost (ouverture et transparence). Mais l’effort pour balayer la vieille pensée a libéré des forces centrifuges, en particulier des nationalismes réprimés, qui ont bientôt balayé l’Union soviétique elle-même. 

Aujourd’hui, surtout en Russie, de nombreux analystes appliquent cette analyse de la décadence soviétique aux USA. D’éminentes personnalités comparent Trump à Gorbatchev, dont les réformes ont ébranlé l’URSS. Bien que Trump soit beaucoup plus âgé que Gorbatchev à l’époque, il est lui aussi un initié qui se présente comme un outsider, comme quelqu’un qui va briser le système.

Après avoir camouflé son projet révolutionnaire pendant la campagne, Trump affiche désormais clairement ses intentions. Comme tout mouvement politique réussi, le « Make America Great Again » (MAGA) de Trump a prévalu en construisant une coalition. Les  USAméricains de la classe ouvrière (y compris un plus grand nombre d’électeurs asiatiques, hispaniques et noirs) qui ont aimé le message antisystème de Trump se sont joints à des entrepreneurs technologiques très influents et ultra-riches qui ont leurs propres idées sur la façon de transformer le pays. 

Il n’est pas surprenant que cette coalition montre déjà des signes de tension. Le problème le plus évident est que bon nombre des remèdes proposés par Trump conduiront inévitablement à l’inflation - le même problème qui a fait sombrer le président Joe Biden. De nouveaux droits de douane plus élevés augmenteront immédiatement le coût de la vie, et toute tentative sérieuse de rafler et d’expulser 11 millions d’immigrés sans papiers créera des troubles et de nouvelles pénuries de main-d’œuvre dans l’agriculture, la construction et les centres de distribution essentiels.

De même, réduire la bureaucratie comme l’envisagent Elon Musk et Vivek Ramaswamy - par le biais du nouveau ministère de l’efficacité gouvernementale (DOGE) - mettrait un grand nombre d’USAméricains à la rue. (Il est peu probable que ces travailleurs déplacés se précipitent vers des emplois agricoles mal rémunérés). Ainsi, alors que l’avenir meilleur n’est qu’une vague promesse, les coûts et les souffrances qui se profilent à l’horizon sont évidents. Les représentants de la Silicon Valley rêvent également de libérer l’intelligence artificielle pour accroître la productivité et, partant, les revenus des travailleurs moins qualifiés. L’idée n’est pas absurde à première vue. Il existe des preuves empiriques que l’IA a précipité au moins la première montée en puissance des centres d’appel. Des gains de productivité dans d’autres domaines, tels que les soins de santé et les soins aux personnes âgées, sont clairement possibles. Mais ni cette philosophie révolutionnaire « accélérationniste » ni ses applications potentielles n’ont été testées à grande échelle. 

"J'aime la position dans laquelle nous sommes"
Bill O'Neal

En outre, la vision de la Silicon Valley repose sur un monde connecté à l’échelle planétaire, dans lequel les USA sont l’acteur dominant. Ainsi, alors que Musk adhère pleinement au projet de perturbation totale de Trump, sa propre vision - paradoxalement - associe la technologie au statu quo « mondialiste ». « Le statu quo conduit l’Amérique à la faillite », affirme-t-il, “nous devons donc changer d’une manière ou d’une autre”. Musk applaudit à juste titre la thérapie de choc du président argentin Javier Milei, qui a éliminé les droits de douane et ouvert l’économie argentine, mais nous savons tous que le mot« tarif [douanier] » est le mot préféré de Trump . 

Il reste à voir comment cette tension évidente sera résolue. Sur une note plus optimiste, le désengagement des USA ne peut à lui seul provoquer un effondrement du commerce mondial digne de la Grande Dépression, puisque l’USAmérique ne représente que 13,5 % des importations mondiales. Bien sûr, d’autres pays pourraient prendre des mesures de rétorsion ou simplement essayer d’imiter Trump. Mais plus Trump est chaotique, moins il a de chances de trouver des imitateurs. Il suffit de voir l’effet dissuasif du Brexit sur les autres eurosceptiques, ou l’empressement de la plupart des États successeurs de l’Union soviétique à adopter un état d’esprit différent. 

Ainsi, une partie de la coalition trumpienne veut le mondialisme, et l’autre le rejette. L’ironie de la chose, c’est que c’est ce dernier camp qui souffrira le plus des tentatives de repli sur soi. Le programme politique de Trump, s’il est mis en œuvre, sèmera inévitablement les graines d’une nouvelle vague de mécontentement, de protestations et de théories du complot. La même description s’applique à l’expérience post-soviétique dans les dernières années du XXe siècle. Les changements brusques et rapides n’ont conduit qu’à des perturbations, et tous ceux qui en ont souffert ont rejoint la prochaine cohorte d’aliénés. Une dynamique similaire semble s’installer aux USA. C’est certainement ce que la Russie d’aujourd’hui espère. 

Mark Harris


02/12/2024

JUDY MALTZ
Comment la guerre d’Israël contre Gaza a poussé les Israéliens de la Silicon Valley à sortir de leur bulle

NdT : ci-dessous le compte rendu d’une plongée hallucinante dans la bulle du Silicone Wadi, dont, de toute évidence, nos braves expats israéliens ne sont vraiment pas sortis, contrairement à ce qui est affirmé.

Judy Maltz, depuis Palo Alto, pour Haaretz, 1/12/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Après le 7 octobre, la vague d'antisémitisme [sic] qui a déferlé sur l'une des régions les plus progressistes des USA a poussé les expatriés israéliens à s'engager dans un militantisme de terrain en réponse à la diabolisation d'Israël et des Juifs [elle veut dire : des sionistes]. Pourtant, certains envisagent de partir pour de bon


Une bulle éclate à Palo Alto.Photo d’Arseniy Gutov/ Shutterstock, photoshopée par Jacob Boomsma. et Masha Zur Glozman

PALO ALTO - Comme de nombreux Israéliens qui se sont installés dans la Silicon Valley au début du boom de la haute technologie, Hagit et Oded Shekel avaient prévu de ne rester que deux ans. Près de 25 ans et quatre enfants plus tard, ils sont toujours là.
Et comme beaucoup d'Israéliens qui considèrent cette partie de la Californie du Nord comme leur maison - ou du moins, comme leur maison loin de chez eux - les Shekel ont vécu, la plupart du temps, dans une bulle israélienne. Ils parlent hébreu à la maison, fréquentent principalement d'autres Israéliens, envoient leurs enfants au mouvement des scouts israéliens et s'assurent d'assister à tous les spectacles israéliens qui viennent en ville.
« Les médias israéliens nous informent toujours de ce qui se passe aux USA », explique Hagit.
Il n'est pas surprenant qu'ils ne se soient jamais intéressés à la politique locale. « Nous vivons à Sunnyvale depuis 14 ans et nous ne savions même pas où se trouvait le bâtiment du conseil municipal ni à quoi il ressemblait », admet-elle.
Tout a changé quelques semaines après le 7 octobre, lorsque les Shekel ont découvert que leur maire, ainsi que plusieurs membres du conseil municipal, avaient signé une déclaration condamnant Israël pour ses actions à Gaza. Munis de drapeaux israéliens, ils ont organisé une manifestation lors de la réunion suivante du conseil municipal et y ont associé leurs amis et voisins israéliens. À partir de ce moment-là, ils ont commencé à se présenter à chaque réunion du conseil municipal.
« Rien de tel ne s'était jamais produit auparavant », raconte Hagit.


Oded et Hagit Shekel, fondateurs de la Jewish Bay Coalition. Photo Judy Maltz

Une bulle brisée
Plus d'un an après l'attaque meurtrière du Hamas contre Israël, les communautés juives du monde entier sont encore sous le choc. Mais pour les expatriés israéliens, le choc a été encore plus grand. Non seulement parce qu'ils sont plus susceptibles de connaître les victimes, mais aussi parce que, étant nés et ayant grandi dans un pays où les Juifs sont majoritaires, la plupart d'entre eux n'avaient jamais été confrontés à l'antisémitisme [resic] avant le 7 octobre.
On estime à 40 000 le nombre d'Israéliens vivant dans la Silicon Valley, les plus grandes concentrations se trouvant dans les villes de Sunnyvale, Mountain View, Palo Alto, Cupertino et Los Altos. Nombre d'entre eux, comme les Shekel, sont arrivés dans la région dans le cadre de missions de relocalisation à court terme et ont fini par y rester.
Parmi les communautés d'expatriés israéliens situées dans le monde entier, la Silicon Valley est peut-être la plus importante, la plus riche et la plus prospère. Les Israéliens sont devenus une telle force dans cette capitale mondiale de la haute technologie que les hébréophones l'ont surnommée « Silicon Wadi », en référence aux lits de rivières asséchées omniprésents en Israël [encore un mot arabe qu’ils ont volé].
La région de la baie de Californie, où se trouve la Silicon Valley, est également connue pour sa politique très progressiste, pratiquement synonyme aujourd'hui d'activisme pro-palestinien. Ce n'est d'ailleurs pas une coïncidence si les organisations antisionistes Jewish Voice for Peace et Students for Justice in Palestine, qui ont joué un rôle de premier plan dans les manifestations qui ont eu lieu sur les campus l'année dernière, ont fait leurs premiers pas dans cette région. Depuis le 7 octobre, un grand nombre de résolutions anti-israéliennes adoptées par les conseils municipaux dans tout le pays et un grand nombre de plaintes contre l'antisémitisme [reresic] dans le système scolaire public ont également vu le jour ici.
« En tant qu'Israéliens, nous connaissons bien le terrorisme, mais pas l'antisémitisme », note Guy Miasnik, un investisseur et entrepreneur en technologie qui siège également au conseil d'administration de la fédération juive locale. « Soudain, nous y sommes exposés dans les écoles de nos enfants, sur leurs campus et dans les conseils municipaux. Ainsi, pour la première fois dont je me souvienne, des Israéliens de la Silicon Valley participent activement à la vie politique locale.

Guy Miasnik : « En tant qu'Israéliens, nous connaissons bien le terrorisme, mais pas l'antisémitisme ». Photo Adva Ophir

Guy Miasnik, qui vit dans la région de la Baie depuis près de 25 ans, qualifie de « sans précédent » le niveau d'activisme local dont il a été témoin parmi les Israéliens de la région au cours de l'année écoulée.
« Ce sont des gens qui, avant le 7 octobre, n'avaient aucune idée de ce qu'était un district scolaire ou un conseil scolaire », explique-t-il. « Je veux dire que ces choses n'existent pas en Israël. Et soudain, ils se présentent aux réunions des conseils scolaires et des conseils municipaux et font beaucoup de bruit ».
Ronit Jacobs, qui dirige le département israélien du JCC (Centre communautaire juif) de Palo Alto, s'est installée à Mountain View avec son mari usaméricain et leurs trois enfants il y a 23 ans. Elle a participé à la création de l'école de langue hébraïque de l'après-midi au JCC, qui accueille aujourd'hui 650 élèves, principalement des enfants d'Israéliens, et qui a des antennes dans toute la région.

Ronit Jacobs : « Le 7 octobre, les Israéliens laïques ont soudain compris que nous étions juifs».

« Le 7 octobre, les Israéliens laïques d'ici ont soudain compris que nous étions juifs », dit-elle. Ce n'est pas comme grandir en Israël, où le judaïsme se transmet dans l'air et dans l'eau. En Israël, vous n'avez pas besoin de travailler pour être juif ».
Elle ajoute : « Le 7 octobre, nous avons compris, que nous soyons USAméricains ou Israéliens, que nous, les Juifs, sommes tous dans le même bateau. L'année dernière, nous avons vécu une grande prise de conscience ».
Une rencontre qui change la vie
Ella Segev, lycéenne de 16 ans, s'est installée à Palo Alto avec sa famille à l'âge de 9 ans. Quelques semaines après le 7 octobre, raconte-t-elle, une camarade de classe s'est approchée d'elle dans le couloir de l'école et, à son grand étonnement, lui a dit : « Fuck The Jews [ J'emmerde les Juifs] ».

Ella Segev : « Avant le 7 octobre, je n'étais qu'une jeune Israélienne ordinaire qui faisait la Pâque et jeûnait le Yom Kippour. Mais ce qui s'est passé ce jour-là a changé ma vie ». Photo Ido Segev

« J'ai été absolument choquée », se souvient-elle. « C'est à ce moment-là que j'ai décidé d'agir. J'ai donc commencé à me présenter aux réunions des conseils scolaires et des conseils municipaux pour tenter d'expliquer aux responsables politiques locaux ce que vivaient les étudiants juifs et israéliens comme moi ». Elle a fini par obtenir un entretien privé avec le maire.
« Je n'avais jamais été une activiste auparavant », dit Segev. « Avant le 7 octobre, je n'étais qu'une jeune Israélienne moyenne qui faisait la Pâque et jeûnait le jour de Yom Kippour. Mais ce qui s’est passé ce jour-là a changé ma vie ».
Jusqu’à l’année dernière, note Jacobs, elle n’avait jamais rencontré d’Israéliens qui envisageaient de cacher leur identité.
« La plupart d'entre nous sont fiers de ce qu'ils sont et n'ont jamais eu l'impression d'avoir à en avoir honte », explique-t-elle. « Nous n'hésitions pas à nous promener avec des t-shirts portant des inscriptions en hébreu. Mais soudain, j'ai commencé à recevoir des appels d'amis israéliens qui me demandaient si je pensais qu'ils devaient enlever leurs mezouzahs ou s'ils devaient arrêter de parler hébreu à l'extérieur. Cela m'a fait prendre conscience de l'impact considérable que le 7 octobre avait sur nous, Israéliens ».

Délier les cordons de la bourse
En période de crise pour Israël, les Juifs usaméricains ont généralement réagi en ouvrant leur porte-monnaie. Pour les Israéliens, cependant, même ceux qui sont basés aux USA, la charité et la philanthropie ne sont pas une seconde nature.
« Donner de l'argent ne fait pas partie de l'ADN israélien », fait remarquer Oded Hermoni, un investisseur en capital-risque qui s'est installé dans la Silicon Valley il y a 13 ans. « Pour les Israéliens, il a toujours été question de donner son sang ».

Oded Hermoni : « Donner de l'argent ne fait pas partie de l'ADN israélien.

Cela a également changé après le 7 octobre. Oded Hermoni est le cofondateur de J-Ventures, un fonds d'investissement dans les hautes technologies, surnommé le « kibboutz capitaliste », géré par un groupe de Juifs usaméricains et d'Israéliens.
Après l'attaque du Hamas, J-Ventures a créé un fonds d'urgence pour aider les victimes. « Nous avons recueilli autant d'argent auprès des Israéliens que des Juifs usaméricains, ce qui m'a surpris car je n'avais jamais vu d'Israéliens donner autant d'argent auparavant ».
Hermoni est probablement le rare exemple d'un Israélien basé dans la Silicon Valley qui, dès son arrivée dans le pays, a commencé à se lier d'amitié avec des Juifs usaméricains de la région.
C'est le choc du 7 octobre qui a incité Hagit et Oded Shekel - qui jusqu'alors s'étaient rarement mêlés à des juifs usaméricains - à rechercher leur compagnie. « Nous avons réalisé que nous étions tous dans le même bateau et qu'en unissant nos forces, nous pourrions changer les choses », explique Hagit.
Les Shekel sont les fondateurs de la Jewish Bay Coalition, une association locale d'Israéliens et de Juifs usaméricains qui s'est engagée à lutter contre les initiatives anti-israéliennes et antisémites [rereresic] dans les conseils locaux et les écoles publiques. Comme le veut la tradition israélienne, elle utilise des groupes WhatsApp pour mobiliser ses membres. Selon Hagit, des milliers d'Israéliens et de Juifs usaméricains ont rejoint ces groupes WhatsApp au cours de l'année écoulée.
« Il s'agissait d'un partenariat inédit entre des Juifs locaux et des Israéliens, les Israéliens montrant la voie », note Miasik, qui a contribué à obtenir un financement pour la coalition auprès de la fédération juive locale.
Avant les élections du 5 novembre, les bénévoles de la coalition ont interrogé les candidats aux élections locales dans la région de la baie afin de connaître leur position sur les questions qui préoccupent les Juifs et les Israéliens. Ils ont ensuite publié un « Guide de l'électeur » contenant des recommandations à l'intention des candidats en lice dans 200 scrutins à travers la région.
« Certains nouveaux membres de l'assemblée de l'État m'ont appelé pour me dire qu'ils avaient été élus grâce à nos recommandations », explique Oded Shekel.
Mais si le 7 octobre et ses conséquences ont créé de nouveaux liens entre les Israéliens et les USAméricains d'origine juive vivant dans la région de la baie, ils ont également mis en évidence une fracture croissante au sein de la communauté hébréophone.
Au cours des neuf mois qui ont précédé l'attaque du Hamas, de nombreux expatriés israéliens, répartis dans le monde entier, ont organisé des manifestations hebdomadaires de solidarité avec les Israéliens du pays qui protestaient contre le coup d'État judiciaire du gouvernement. Ces expatriés israéliens faisaient partie d'un réseau mondial, connu sous le nom d'UnXeptable, dont le siège se trouve dans la Bay Area.
Quelques semaines avant le 7 octobre, alors que Benjamin Netanyahou était en visite dans la Silicon Valley, des milliers d'entre eux sont venus protester contre le premier ministre israélien. Mais depuis, regrette Offir Gutelzon, l'entrepreneur israélien de haute technologie qui a fondé UnXeptable, il est difficile de mobiliser les Israéliens et de les amener à s'exprimer contre le gouvernement israélien.

Offir Gutelzon, fondateur d'UnXeptable. Il affirme qu'il est difficile de mobiliser les Israéliens depuis le 7 octobre.

« Le 7 octobre a fait à de nombreux Israéliens de la Baie ce qu'il a fait aux Israéliens d'Israël », explique Offir Gutelzon. « Il les a rendus très défensifs à l'égard d'Israël. Ici aussi, ils sont plus divisés que jamais, et ils sont nombreux à soutenir Donald Trump. »
Comme l'écrasante majorité des Israéliens, Hanoch Eiron, cadre marketing retraité de la Silicon Valley, a soutenu l'offensive israélienne à Gaza immédiatement après l'attaque du 7 octobre. « Mais lorsque des informations ont commencé à être diffusées sur les atrocités commises là-bas, ainsi qu'en Cisjordanie, cela a rendu les discussions avec d'autres Israéliens très difficiles pour moi. Nous n'étions plus sur la même longueur d'onde qu'un an auparavant. »
Au cours de l'année écoulée, explique Eiron, nombre de ses amitiés avec des Israéliens locaux ont été mises à rude épreuve. « Je pense que la démocratie et l'occupation sont incompatibles, mais je ne peux plus aborder ce sujet dans les conversations sans créer des tensions ».
Il a également découvert qu'il n'était pas d'accord avec de nombreux Israéliens locaux sur ce qui constitue l'antisémitisme. Selon lui, ses voisins israéliens ont tendance à « sur-réagir » aux critiques légitimes des actions d'Israël.

 
Hanoch Eiron : « Je pense que la démocratie et l'occupation sont incompatibles ». Photo Lee Abel

Le projet sioniste n'est pas terminé
Pour de nombreux Israéliens qui se sont installés ici au cours des dernières décennies, la survie de leur patrie a toujours été considérée comme acquise. À bien des égards, le 7 octobre et ses conséquences ont fait voler en éclats cette hypothèse.
« La plupart d'entre nous ont grandi dans un monde où Israël était un pays fort et stable, et malgré tout l'amour que nous portions à ce pays et notre attachement à son peuple, nous ne pensions pas devoir continuer à investir dans le projet sioniste », explique Mme Miasik. « Ce que le 7 octobre nous a appris, c'est que le projet sioniste n'est pas terminé et qu'il y a encore beaucoup de travail à faire ».
Les événements de l'année dernière ont également amené de nombreux Israéliens à s'interroger sur leur avenir.
« D'un côté, il y a ceux qui veulent retourner en Israël parce que c'est là que se trouvent leur famille et leurs amis, et qui se sentent même coupables d'être si loin à un moment pareil », explique Miasik. « D'un autre côté, je parle aussi à des Israéliens qui sont absolument désespérés par ce qui se passe dans le pays et qui pensent qu'ils n'ont pas d'endroit où retourner ».
Oded Shekel ne connaît pas beaucoup d'Israéliens de la Silicon Valley qui envisagent de rentrer chez eux, mais il en connaît un certain nombre qui envisagent de s'installer dans d'autres régions des USA.
« La Californie est devenue trop progressiste pour eux », explique-t-il. « Les Israéliens que je connais et qui ont des enfants au collège ici dans la baie me disent qu'il est hors de question qu'ils les envoient au lycée ici.
« Je ne me souviens pas avoir entendu parler d'une telle situation auparavant », ajoute-t-il. « Je veux dire qu'il y a certainement des Israéliens qui sont partis parce que la vie est trop chère ici, mais parce que leurs enfants ont des difficultés à l'école vu qu'ils sont juifs ? » [donc, juif = israélien, sioniste = juif. Mon pauvre Oded, t’es vraiment pas sorti de ta bulle, NdT écœuré]


01/12/2024

GIDEON LEVY
Personne en Israël ne célèbre la fin partielle d’une guerre vaine de plus

Gideon Levy, Haaretz,  28/11/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Avec une opposition minimale et un sentiment d’aigreur, d’amertume et parfois de colère, une guerre israélienne inutile de plus dans le nord a pris fin mercredi 25 novembre. Les morts sont enterrés - en conservant le ratio normal d’environ 4 000 [libanais] pour environ 100 [israéliens]. Les blessés sont en cours de rééducation, les personnes endeuillées font leur deuil et sont en état de choc post-traumatique, les maisons sont en ruines et rien n’est mieux nulle part à la fin de cette guerre inutile qu’avant qu’elle n’éclate. Les remarques finales du premier ministre, mardi soir, l’ont bien illustré.


Soldats israéliens près de la frontière libanaise, mercredi. Photo Reuters

Dans un discours décourageant prononcé à l’occasion du cessez-le-feu dans le nord, Benjamin Netanyahou a énuméré les réalisations de la guerre : le nombre de personnes que nous avons tuées et la quantité de choses que nous avons détruites, comme si la mesure du sang et l’ampleur des destructions constituaient une réalisation. « La terre a tremblé à Beyrouth », s’est-il vanté. Et alors ? Quel bénéfice Israël a-t-il tiré de ce tremblement de terre, si ce n’est l’assouvissement d’une soif de vengeance ? Qu’est-ce que quelqu’un d’autre que l’industrie de l’armement et les barons de la guerre a gagné ?
Netanyahou n’a pas tenté un seul instant d’offrir ne serait-ce qu’une once d’espoir pour un avenir différent. Il a seulement promis que nous recommencerions à tuer et à détruire au prochain tour. La seule vision israélienne est de continuer à vivre par l’épée, et seulement par l’épée, pour toujours.
La plupart des Israéliens sont dans le même état d’esprit. Dans le vide, une partie de l’opposition s’est prononcée contre le cessez-le-feu, tandis que les partisans de Bibi ont avalé bruyamment et se sont tortillés d’inconfort. Une autre guerre s’achève sans qu’aucun camp politique ne se réjouisse. Dans ces régions, de tels sentiments sont réservés au début des guerres, pas à leur fin.
Dans ce cas, à quoi a servi ce spectacle violent ? Israël est-il plus sûr aujourd’hui ? La Galilée l’est-elle ? La position internationale du pays s’est-elle améliorée ? L’économie s’est-elle améliorée ? L’esprit ou l’humeur de la population se sont-ils améliorés ? Y a-t-il quoi que ce soit d’autre ? Ce ne sont que les dégâts qui se sont à nouveau accumulés, atteignant des sommets sans précédent.
Dès le premier jour de la guerre, il était clair que se battre sur deux fronts ne mènerait pas à un avenir meilleur. C’est ce qui arrive quand on se lance dans des guerres punitives, dont le seul but est de satisfaire l’opinion publique. Ils diront : « Il n’y a pas d’alternative. » Ils ont dit : « C’est eux qui ont commencé ». Ils ont invoqué la légitime défense. Tout cela est vrai, mais quels objectifs ont été atteints, si ce n’est les assassinats en masse qui engendreront rapidement de nouvelles lignes de commandement, et les massacres et destructions qui ont déjà engendré une haine brûlante plus justifiée que jamais dans le monde entier ?
Israël a gagné militairement au Liban et à Gaza, mais a perdu sur tous les autres plans. Ses dirigeants sont recherchés à La Haye et ses citoyens sont ostracisés dans le monde. Gaza et le Liban étaient deux guerres choisies. Dès le départ, il était clair qu’il aurait été permis de les mener, mais que ça serait terriblement stupide.
Il était possible et nécessaire de ne pas mener une guerre aussi horrible contre Gaza, même après le 7 octobre. La guerre n’a pas rendu les morts ni les otages. Il était également possible et nécessaire de ne pas mener la guerre contre le Hezbollah. Ce qui a été obtenu grâce à l’accord de mardi pouvait être obtenu sans guerre : en arrêtant la guerre à Gaza. Par conséquent, le raisonnement selon lequel Israël n’avait pas le choix est faux. C’est particulièrement scandaleux quand on voit comment cela s’est terminé et à quel prix. Il aurait donc mieux valu ne pas faire la guerre à Gaza, sans quoi il n’y aurait pas eu non plus de guerre dans le nord.
Les familles endeuillées ont essayé de se convaincre que leurs fils n’étaient pas morts en vain, qu’ils étaient morts pour défendre la patrie. Il est difficile de les contredire, mais quelle défense de la patrie y a-t-il dans l’effroyable destruction et la mort à Gaza et dans l’effroyable châtiment au Liban ?
Tout ce qu’Israël voulait obtenir avec l’accord dans le nord, c’était un temps mort jusqu’à la prochaine guerre. Il n’y a même pas eu de tentative de faire autre chose. À Gaza, la réalité est encore pire. Là-bas, les tueries ne sont que des tueries et n’ont pas de fin. C’est une politique désastreuse.
Israël maintient le droit à l’autodéfense, mais aucun des deux fronts n’a abordé cette question. Si Israël avait voulu se défendre, il aurait dû savoir ce qu’il voulait obtenir à la fin de la guerre. Il n’en avait aucune idée et, par conséquent, il s’agissait d’une guerre de plus menée en vain, dont la fin partielle n’est même pas célébrée. Israël veut des guerres.

 

30/11/2024

SURVEILLANCE DE MASSE AU MAGHREB ET AU MACHREK
Une analyse critique pour protéger l’espace de la société civile

Plusieurs associations catalanes ont présenté le 18 novembre 2024 au Parlement catalan à Barcelone un rapport sur la surveillance de masse au Maghreb et au Machrek. Cette recherche a été menée par l'Observatoire des droits humains et des entreprises en Méditerranée (ODHE), IRÍDIA et SUDS. Nous publions ci-dessous le résumé exécutif en français du rapport.
L'intégralité du rapport est disponible en catalan, espagnol et anglais


RÉSUMÉ EXÉCUTIF

Au cours des dernières décennies, le développement technologique et la numérisation ont facilité l’émergence de nouvelles techniques de surveillance et de contrôle de plus en plus répandues et intrusives, qui posent de nouveaux défis pour la protection des droits humains. Ce rapport analyse la manière dont les gouvernements et les entreprises de la région du Maghreb et du Machrek utilisent les technologies avancées de surveillance numérique pour contrôler et réprimer la société civile, notament les migrants, les femmes et la communauté LGBTIQ+. Ces technologies, largement développées par des entreprises du Nord global, ont créé un contexte de surveillance de masse qui menace les droits fondamentaux tels que la liberté d’expression, la vie privée et le droit à l’information. Les technologies émergentes sont acquises sous prétexte d’améliorer la sécurité nationale et de s’adapter à de nouvelles formes de criminalité, mais elles restreignent l’espace de la participation politique et augmentent le contrôle social.
Ce rapport complète celui publié précédement, axé sur l’utilisation des technologies de surveillance de masse en Europe. La combinaison des deux rapports donne un aperçu de l’utilisation de ces technologies et de leur impact sur la société civile dans la région
méditerranéenne.
Le rapport analyse la situation dans 9 pays de la région :

Maroc: La répression numérique au Maroc comprend l’utilisation de logiciels espions, tels que Pegasus et le trolling en ligne utilisé pour diffamer et harceler les personnalités critiques du système. Les femmes activistes et journalistes sont particulièrement vulnérables, subissant des campagnes de dénigrement à connotation misogyne. Cette répression s’appuie sur une législation opaque et des technologies intrusives fournies par des entreprises du Nord global.

Sahara Occidental: Depuis la fin de la trêve en 2020, la répression et la surveillance de la population sahraouie se sont intensifiées. S’appuyant sur des technologies de pointe, notamment une collaboration militaire avec Israël et la mise en œuvre de drones et de systèmes de surveillance numérique, le Maroc a imposé un contrôle sévère au Sahara occidental. Ce qui touche à la fois les femmes défenseur.e.s des droits humains et les journalistes sahraoui.e.s, en particulier les femmes. Cette stratégie a créé un climat de répression systématique, forçant le déplacement de la population civile et portant atteinte aux droits fondamentaux de circulation, de vie privée et d’expression, dans le but de consolider son contrôle sur le territoire occupé.



28/11/2024

GIDEON LEVY
Exponer los trapos sucios de Israel en el extranjero es la mejor hasbara que podemos esperar

Gideon Levy, Haaretz, 27/6/2024
Traducido por Luis Casado, Politika/Tlaxcala

¿Por qué fui a hablar al extranjero? ¿Por qué lavar allá los trapos sucios? En primer lugar, porque en el extranjero hay mucho más interés y ganas de escuchar que aquí en Israel. El debate público en el que participé la semana pasada en Toronto con Mehdi Hasan, Douglas Murray y Natasha Hausdorff versaba sobre si el antisionismo es antisemitismo. Las 3 mil entradas (que no eran baratas) se vendieron con mucha antelación, y la sala de conciertos de la ciudad estaba completamente llena... y tormentosa. Dudo que se hubieran vendido 30 entradas para un debate similar en el Auditorio Bronfman de Tel Aviv.


Una manifestante disfrazada de Estatua de la Libertad en una concentración de simpatizantes y familiares de rehenes que pedían su liberación el lunes en Tel Aviv. La pancarta hace referencia a la frase «Todos los ojos puestos en Rafah» que circula por la red. Foto: Marko Djurica/Reuters

Pero el interés por debatir cuestiones de principio, que existe en el extranjero mas no en Israel, no es la única razón para ir allí. El extranjero es el escenario que, en gran medida, determinará el futuro de Israel. No debemos dejarlo en manos de la derecha. Nadie se queja cuando los propagandistas de la derecha causan estragos en todo el mundo a través de la clase dirigente sionista, los poderosos, las organizaciones judías y las embajadas israelíes, un vasto grupo de presión con mucho dinero.
Siembran el pánico afirmando que cualquier crítica a Israel, a la ocupación o el apartheid israelí es antisemitismo, y así silencian a medio mundo por miedo a ser sospechosos de antisemitismo.


Extracto del discurso de Gideon Levy en el Debate Munk de Toronto

Esta práctica manipuladora produce resultados a corto plazo. A largo plazo, será contraproducente para Israel y los judíos, por cuya culpa se ha suprimido la libertad de expresión. Una investigación de The Guardian ha revelado una vez más los métodos utilizados por el Ministerio de la Diáspora y promovidos por el Ministerio de Asuntos Estratégicos para hacerle frente a lo que está sucediendo en Estados Unidos y en los campus universitarios estadounidenses. Tales métodos bastan para dar una mala imagen de Israel. Todo vale para la derecha colonialista y el establishment sionista y judío; alzar una voz diferente a la de Israel es traición.

El daño más perjudicial para la reputación de Israel lo causan sus políticas. La entrevista o el discurso de un detractor de Israel que le hará tanto daño a Israel como las imágenes de los horrores cometidos en Gaza están aún por venir. Un niño convulsionando y moribundo en el suelo manchado de sangre del hospital Al Rantisi es más destructivo que mil artículos de opinión.

Ninguna campaña de propaganda gubernamental - conocida como «Concierto» o «Kela Shlomo» según The Guardian - puede erradicar la repugnancia (justificada) que Israel despierta con su comportamiento en la Franja de Gaza y Cisjordania.

Ningún artículo ha causado tanto daño como la foto del palestino herido atado al techo del capó en llamas de un Jeep del ejército israelí en Yenín. E incluso quienes sólo se preocupan por la imagen de Israel en el extranjero, y no por su esencia moral y su encarnación, deben estar esperando un cambio de política.

La explicación de que ya no hay distinción entre lo que se dice aquí y lo que se dice allá, porque la tecnología lo transmite todo, es risible. Lo que cuenta es el sentimiento antidemocrático de quienes intentan silenciar una opinión, expresada aquí o allá, y la obligación de recabar apoyos «por el bien» del Estado.

Independientemente de la utilidad o de los daños causados a Israel, cada individuo tiene el derecho a expresar sus opiniones en cualquier lugar y en cualquier momento. Basta ya de esta mierda anarquista, primitiva y antidemocrática de “no se lo digas a los Goys”. ¿Y quién determinará lo que es bueno para Israel? ¿La derecha? ¿El gobierno? ¿Los colonos? ¿Y qué Israel debe ser servido?

Cuando destacados israelíes publicaron el miércoles un llamamiento en el New York Times para que no se invitara a Netanyahu al Congreso, no sólo era su derecho, sino también su deber. Todos los que, como ellos, creen que el Primer Ministro Benjamin Netanyahu está haciéndole un daño irreversible al Estado deben poder decirlo, en todas partes.

Haaretz, que se lee en el extranjero en su edición inglesa tanto como en Israel, no es sólo una fuente de información, sino también una fuente de esperanza de que Israel no se resume en los colonos, en el ministro de Seguridad Nacional Itamar Ben-Gvir, en el ministro de Finanzas Bezalel Smotrich y en Netanyahu.
Esta es la mejor defensa pública que Israel puede esperar en estos momentos.

NdT: el gobierno de Netanyahu intenta ahora silenciar Haaretz cortándole todas las fuentes de financiamiento. 

 

 

MAURICE LEMOINE
Los influyentes políticos y mediáticos del “Gran Circo de Venezuela”

El Consejo Nacional Electoral (CNE) ha declarado al jefe de Estado saliente, Nicolás Maduro, vencedor de las elecciones presidenciales del 28 de julio de 2024, con el 51,95% de los votos emitidos. Su oponente Edmundo González, candidato apoyado por la derecha y la extrema derecha, afirmó haber ganado con el 70% de los votos sobre la base de un recuento paralelo. El Tribunal Supremo de Justicia (TSJ), tras auditar los resultados, confirmó la victoria de Maduro. Al término de esta controvertida elección, tanto la «comunidad internacional euroatlántica» como el aparato mediático decidieron que «La certificación de Maduro como ganador de las elecciones es una deriva autoritaria intolerable que confirma los peores pronósticos». A riesgo de perturbar un consenso tan amistoso, nos gustaría añadir algunos puntos de información y de reflexión...

The Glocal Workshop/El Taller Glocal, noviembre de 2024
Colección “En la picota”, n° 1
98 pág. Clasificación Dewey: 987 – 320 -327 – 460
Traducido del francés por Michel Mujica Ricardo
Editado por Fausto Giudice

 

25/11/2024

GIDEON LEVY
Après un an de silence, une voix d’outre-tombe : un appel d'un vieil ami de Gaza

Gideon Levy, Haaretz,  23/11/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Conversations avec un ami de Gaza, réfugié dans le camp de personnes déplacées de Muwasi. Il a 62 ans, mange une fois par jour et reçoit des médicaments vitaux de l'UNRWA, une organisation “terroriste”. Au camp, ils attendent Trump : soit il nous tue, soit il met fin à la guerre, dit l'ami.

Le camp de Muwasi. M. et sa famille ont fui Beit Lahia en octobre de l'année dernière. Depuis, ils sont sans abri et ne pensent qu'à survivre. Ils n'y retourneront probablement jamais, si les plans d'Israël se concrétisent. Photo : Abdel Kareem Hana / AP

Soudain, une voix d'outre-tombe. M., mon bon ami de la bande de Gaza, dont le nom clignote sur l'écran de mon portable, répond au téléphone. J'ai la chair de poule. Au cours de l'année écoulée, j'ai essayé de l'appeler par intermittence, persuadé qu'il avait été tué. Mais soudain, j'entends une voix d'outre-tombe. M. vit sous une tente dans le camp de personnes déplacées de Muwasi avec d'autres membres de sa famille qui ont survécu. C'est la meilleure nouvelle que j'ai entendue récemment.

La mauvaise nouvelle, c'est que Sa'id a été tué. Sa'id al-Halwat, notre ami commun, chauffeur de taxi au visage toujours triste, a été tué avec son fils et son petit-fils lorsque l'armée de l'air israélienne a bombardé Jabālīyah alors qu'il tentait de se réfugier dans la maison de sa fille. C'était en décembre 2023, environ deux mois après le début de la guerre, a raconté M.. Saïd avait 67 ans, c'était un homme au grand cœur. Je l'aimais beaucoup.
Ghassan Kishawi a également été tué, m'a dit M.. Nous nous sommes promenés en Israël avec Kishawi, un ingénieur hydraulique, un jour du printemps 2015, des années après qu'Israël avait imposé un siège à Gaza. Avec l'aide de l'ONG européenne pour laquelle il travaillait, il avait réussi à obtenir un permis d'entrée ponctuel en Israël. Ensemble, nous nous sommes rendus dans divers endroits, dont, à sa demande, les ruines d'Al-Qubeiba, le village de ses ancêtres, à côté du quartier de Kfar Gevirol à Rehovot. Il semblait ravi à la vue de la structure voûtée qui s'y trouve encore. Depuis lors, je n'ai plus eu de nouvelles de lui. Aujourd'hui, il fait partie des myriades de morts - on parle de 43 000 morts. Sa'id et Ghassan sont des noms de personnes que je connaissais. J'ai étouffé d'émotion lorsque j'ai appris la mort de Sa'id.

Ces dernières semaines, j'ai parlé avec M. à plusieurs reprises sur son téléphone, qui ne peut recevoir que des appels entrants, car il n'a pas les moyens d'acheter une carte téléphonique. Parfois, il répond en anglais, pour ne pas éveiller inutilement les soupçons de ses voisins en parlant hébreu, puis je le rappelle plus tard et il me raconte la routine de sa vie, la vie d'un Palestinien déplacé et sans domicile, originaire de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, la région du nettoyage ethnique à grande échelle qui est en train de se dérouler. Il s'est enfui le 17 octobre de l'année dernière et ne reviendra probablement jamais, si les plans d'Israël se concrétisent, ce qu'à Dieu ne plaise.

Beit Lahia le mois dernier. Israël ayant rasé tout ce qui restait de Beit Lahia, il est peu probable que la maison de M. soit encore debout. Photo Abdul Karim Farid/Reuters

Lorsqu'il est parti, M. a emporté toutes ses économies - 14 000 shekels (environ 3600€) - sur lesquelles lui et sa famille vivent tant bien que mal depuis lors. Il est uniquement préoccupé par sa survie - le sort de sa maison à Beit Lahia ne l'intéresse plus, dit-il. Ses voisins lui ont dit que la maison avait été touchée par des tirs et des bombes, mais qu'elle était restée intacte jusqu'à récemment. Aujourd'hui, Israël ayant rasé tout ce qui restait de Beit Lahia, il est peu probable que le bâtiment soit encore debout.
Ce qui fait encore plus mal à M., c'est que son taxi a également été touché par le bombardement. La Mercedes jaune à sept places, qui a parcouru plus de 2 millions de kilomètres - dont une partie, pendant les années de pénurie, avec de l'huile de cuisson usagée qui produisait une odeur insupportable - ne lui servira plus. La voiture était son gagne-pain, dans laquelle il conduisait des correspondants israéliens et étrangers à l'époque où il était encore possible d'entrer dans la bande de Gaza.

Nous avons beaucoup voyagé avec lui et Sa'id au fil des ans, du poste de contrôle d'Erez à la frontière israélienne, à Rafah, entre l'hôpital Shifa et le camp de réfugiés de Shati, entre Khan Younès et le quartier de Shabura, parfois dans la Mercedes de M., parfois dans la Skoda Octavia de Saïd, qui a déjà été touchée par un missile israélien. Aujourd'hui, Saïd est mort et le taxi de M. a été bombardé. Mais M. ne regarde pas en arrière.
Aujourd'hui âgé de 62 ans, il a subi une attaque cérébrale il y a trois ans qui a altéré sa condition physique de façon permanente. Il reçoit ses médicaments de l'organisation « terroriste » UNRWA, sans lesquels il serait mort. Après avoir quitté sa maison, il a trouvé refuge pendant six mois dans une tente à Rafah et, depuis sept mois, il a planté sa tente dans le camp de Muwasi, qu'il appelle « Atzmona » - c'est précisément là que se trouvait une colonie israélienne portant ce nom -, rappelant nos visites conjointes sur le site après le retrait israélien de la bande de Gaza en 2005. Il ne reste que le bâtiment de la synagogue, dans lequel s'abritent des personnes déplacées palestiniennes - un autre exemple de surréalisme à Gaza ces jours-ci. M., quant à lui, dort sur un mince matelas posé sur le sable dans sa tente. La plupart des membres de sa famille élargie vivent dans les tentes voisines ; seule une fille est restée à Beit Lahia, assiégée dans le nord de Gaza.

Tentes à Muwasi, le mois dernier. « Il commence à faire froid la nuit. Et aussi des tirs, des explosions, de l'artillerie toute la journée et toute la nuit ». Photo Hatem Khaled/Reuters

L'hébreu de M. est aussi fluide aujourd'hui qu'au bon vieux temps où il travaillait dans une boucherie du sud de Tel Aviv, dans le quartier de Hatikva. Lors de ses rares visites ici (il est venu deux fois, la dernière fois en 2015) pendant les années de siège, nous sommes allés ensemble au marché d'Hatikva et avons rencontré ses anciens employeurs. De cette époque, il se souvient par cœur de la prière des Kapparot (expiation), récitée avant Yom Kippour. Voici ce que M., le chauffeur de taxi de Beit Lahia, raconte depuis son lieu de refuge dans la zone humanitaire de Muwasi :
« Il commence à faire froid la nuit. Et aussi des tirs, des explosions, de l'artillerie - ne demande pas - toute la journée et toute la nuit. Que puis-je te dire, c'est la situation à Atzmona. Nous sommes ici - ma fille et son mari, la deuxième fille avec trois enfants et son mari, ma sœur et ses enfants de Rafah, ma nièce et sa mère, mon enfant aîné avec cinq enfants, mon neveu divorcé et ma nièce qui a trois garçons et une fille. Tout le monde a une petite tente. Nous dormons sur le sable et nous avons construit des toilettes. Mon fils les a construites avec des pierres imbriquées les unes dans les autres, nous avons creusé une fosse et mis un conteneur, et la merde va là. Nous nous lavons tous les 10 jours ou une fois par semaine. C'est comme ça que ça se passe.
« Les enfants vont tous les jours remplir des jerricans d'eau, et nous avons un grand récipient que nous remplissons d'eau. Comme un puits. Tu sais combien de bagarres il y a dans la file d'attente pour l'eau ? Les gens se jettent les uns sur les autres et disent « j'étais là en premier » ou « je suis arrivé à 3 heures du matin ».
« C'est la même chose pour la nourriture. Tout le monde prend une casserole et va à l'endroit où l'on distribue la nourriture et parfois on revient les mains vides. Tout est terminé. La marmite est vide. Une fois, deux fois par semaine, tu arrives à remplir ta casserole et les autres jours, tu reviens les mains vides. J'envoie mes petits-enfants tous les jours. Hier, ils n'ont rien rapporté. Nous avions un sac de macaronis dans la tente, alors ma femme a cuisiné. Avant, nous cuisinions sur un feu, nous ramassions des arbres et des papiers - jusqu'à ce qu’on commence à cuisiner, ma femme devenait folle, alors j'ai acheté un petit bidon d'essence de cinq kilos. J'ai cherché jusqu'à ce que j'en trouve une. Un petit bidon, je l'ai acheté pour 400 shekels [105€], et je le remplis tous les 50 jours.
« Je n'ai pas mangé de viande depuis plus d'un an. J'ai mangé du poulet une fois, il y a environ deux mois. Il n'y a pas du tout de produits laitiers. Le kilo de citrons se vend 40 shekels [10€], les tomates étaient à 50 shekels [13€] le kilo, maintenant elles sont à 35. Les oignons étaient à 70, ils sont tombés à 25. Les concombres étaient à 22, ils sont à 15. Il n'y a plus de fruits du tout. On est en Amérique ? Il n'y a pas non plus de farine. Un gros sac coûte 350 shekels [90€] et il est impossible de l'acheter.

Des Palestiniens font la queue pour obtenir de la nourriture, à Khan Younès, cette semaine. Photo Hatem Khaled/Reuters

« Il y a un marché à côté de Neve Dekalim [site d'une ancienne colonie israélienne], où l'on peut tout acheter. Les gens y vont à pied ou en charrette à âne.... et reviennent parfois sans rien, à cause des prix. Il y a aussi un marché à Deir al-Balah. Et il y a des boulangeries de pita, mais il y a des disputes, des cris et des coups. Au bout du compte, tu arrives à obtenir un paquet pour 4 shekels et tu le revends à l'extérieur de la file d'attente pour 20 shekels, pour gagner un peu d'argent. Gaza a sombré dans le chaos ».
« Il y a des gens qui travaillent pour l'Autorité palestinienne, pour le Hamas ou pour l'UNRWA et qui reçoivent un salaire, et il y a beaucoup de chômeurs comme moi. Le restaurant qui distribue de la nourriture est gratuit. Deux fois par semaine de la mujadara [riz aux lentilles], deux fois par semaine des lentilles jaunes et deux fois par semaine du riz. Aujourd'hui, il y avait de la mujadara. La viande, tu peux l’oublier.
« Dans une heure, j'irai dormir sous la tente. Vers 9 heures. À 11 heures, je me réveille et je ne peux pas me rendormir avant le matin. Il y a un bruit terrible au-dessus de la tente. D'abord le drone. Le drone s'en va, les tirs commencent. L'armée tire sur les pêcheurs en mer. Parfois, il y a des explosions rapprochées, peut-être un gars qui est recherché. Le matin, on se lève et on cherche une tasse de thé avec de la duga, qui est comme du zaatar [thym], et on fait chauffer une pita s'il y en a une sur le gaz. C'est le petit-déjeuner. Le midi, c'est la nourriture du restaurant, et le soir, je ne mange pas.
« Aujourd'hui, j'ai mangé des macaronis à 13h30, une petite assiette, et j'ai dit à ma femme : « Halas », ça suffit. Les enfants mangent la même chose. Ils ne sont pas choyés. J'ai été dur avec eux. Pas de chouchoutage. Nous ne sommes pas chez nous et personne ne sera choyé ici. Ceux qui n'aiment pas la nourriture peuvent partir. J'ai été très dur avec eux dès le début. Si vous ne mangez pas, vous mourrez.
« C'était plus difficile à Rafah. Je pouvais me promener toute la journée à la recherche de pitas et ne rien trouver, six ou sept heures à faire la queue. Je ne suis pas jeune et je ne peux pas faire la queue pendant six ou sept heures pour de la pita. J'en suis à mon septième mois ici à Atzmona, et je ne sais pas pour combien de temps encore. Encore un an ? Encore deux ans ? Qui restera-t-il ? Et qui mourra ? Seul Allah le sait. »

Des Gazaouis déplacés quittant Khan Younès. « Dès que Trump prendra le pouvoir - soit ils nous tueront ou nous expulseront, soit il mettra fin à cette guerre. »  Photo Hatem Khaled/Reuters

« J'ai commencé à oublier ce qu'il y avait dans notre vie avant. Dès que Trump prendra le pouvoir - soit ils nous tueront ou nous expulseront, soit il mettra fin à cette guerre. Les gens ici disent : pourquoi Netanyahou ne nous achève-t-il pas ? Certains espèrent que Netanyahou restera en bonne santé et éliminera tous les Hamasniks. J'espère qu'il n'en restera pas un seul. Ce qu'ils nous ont fait. Pourquoi ont-ils fait ça le 7 octobre ? Nous attendons Trump et nous disons : soit il mettra fin à la guerre et nous ramènera dans nos maisons, soit ils ne veulent pas de nous du tout et il dira à Netanyahou de déverser du matériel mortel sur nous et de nous achever.
« C'est parce que la plupart des gens en ont assez. Les gens pleurent. Nous ne savons pas jusqu'à quand. Jusqu'à quand. Pourquoi est-ce que je vis sous une tente ? Pourquoi est-ce que je paie le prix ? À cause de gens qui veulent récupérer Jérusalem ? Quelle Jérusalem ? Et j'en paie le prix.
« Tu ne me vois pas. Je suis comme un bâton. Je pesais 95 kilos et j'en pèse maintenant 73. L'UNRWA me donne de l'insuline et des pilules pour la tension artérielle et pour renforcer mes nerfs à cause de l'accident vasculaire cérébral. Les soldats, nous ne les voyons pas ici. Nous n'entendons que les chars, les tirs et les explosions. Nous voyons les [hélicoptères] Apache, qui ont tiré hier sur un camp à côté de chez nous. Et aussi les F-15.
« Nous étions ensemble dans tous ces endroits avant et après le désengagement. J'ai également travaillé avec [le journaliste] Ron Ben Yishai après le désengagement. Je sais qu'il est plus âgé maintenant. Porte-toi bien, Ron Ben Yishai, puisses-tu vivre jusqu'à 120 ans. J'aimerais entendre sa voix. Et qu'en est-il de Yigal [le journaliste et écrivain Yigal Sarna] ? Est-il au Portugal ? Heureusement que j'ai encore la mémoire. C'est bien que ma mémoire ne m'ait pas quitté. Inshallah, nous nous reverrons, Gideon. Bonne nuit. »


 

24/11/2024

ARMANDO PALAU ALDANA
La Cour constitutionnelle de Colombie et la voie du racisme structurel
Dissertations crépusculaires

Armando Palau Aldana, CIRPA, Cali, 24/11/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La défense du Parc naturel de l’île Gorgona a été entreprise au début des années 1980 par des biologistes marins (dans le cadre du programme de biologie de l’université de Valle, qui en était à sa première décennie), des plongeurs comme Gonzalo Concha et des défenseurs des droits de l’homme comme Cecilia Castillo de Robledo, entre autres, et a abouti en décembre 1983 lorsque l’Institut national des ressources naturelles renouvelables (Inderena) de l’époque l’a déclaré parc national et a entamé le processus de fermeture de la prison dégradante, qui a été fermée en 1984.


La lutte contre l’autorisation de construire des ouvrages militaires (radar, quai et hangars) dans la station de garde-côtes autorisée (31 décembre 2015), a été un objectif indéfectible de la bicentenaire et prestigieuse Académie des sciences exactes, physiques et naturelles, visible dans la lettre de sa Commission permanente des zones protégées au directeur de l’autorité d’autorisation de l’époque (mai 2017), puis le Comité technique scientifique du parc naturel national de Gorgona se joindrait à sa lettre de protestation au président Santos ces jours-là.

Nous sommes arrivés à cette cause judiciaire il y a seulement deux ans (novembre 2022), lorsque nous avons demandé une audience publique à l’Autorité nationale des licences (Anla), ce qui a été délibérément et systématiquement refusé par le directeur subordonné (Rodrigo Negrete M), qui était le directeur juridique de María Susana Muhamad G. à l’époque où elle était secrétaire à l’environnement de la mairie de Bogota lorsque Petro en était maire, ce qui confirme le refus de la participation des citoyens par la porte-parole ministérielle de l’environnement du gouvernement qui proclame la paix avec la nature.

Le 9 avril, alors que l’on se souvenait de l’assassinat du leader libéral Jorge Eliécer Gaitán (1948) à l’origine du soulèvement dit Bogotazo, deux courageux magistrats de la Cour supérieure de Bogota ont décrété la protection constitutionnelle de la consultation préalable de la communauté noire Guapi Abajo et la suspension de la licence pour les travaux militaires susmentionnés, expliquant que le territoire ethnique provient d’une construction culturelle, indépendamment du fait que les communautés soient géographiquement situées dans ces zones, lésées sans analyse technique, anthropologique et culturelle des communautés.

Les juges de la Cour de Bogota ont précisé que dans ces cas de doute sur d’éventuels dommages environnementaux, tels que la migration de la faune marine ou le déversement de substances toxiques dans le milieu aquatique, la possibilité de suspendre l’application d’actes administratifs qui représentent un danger pour les ressources naturelles est légitime, en interprétant comme il se doit la Convention 169 de l’OIT de 1989 et la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (1965).

Cependant, la septième chambre de révision de la Cour constitutionnelle, sur le rapport de la juge Andrea Meneses (promue à cet honorable corps judiciaire par l’ancien président Iván Duque), a révoqué la protection de la consultation préalable du Conseil des communautés noires, arguant qu’aucune preuve n’avait été fournie pour établir que le projet de construction du poste de garde-côtes était incompatible et affectait les activités de pêche menées par la communauté à l’extérieur du parc de Gorgona, où elles sont interdites.

L’arrêt T-470 a ensuite établi que la protection du droit à la consultation préalable ne pouvait être accordée que si « l’affectation directe » de la communauté concernée était attestée par « l’impact positif ou négatif » de la licence de construction des ouvrages militaires du poste de garde-côtes sur les conditions sociales, économiques, environnementales ou culturelles qui constituent la base de la cohésion sociale de la communauté ethnique, distincte du conseil sous Bajo Tapaje et la mer, qui a souscrit à l’accord d’utilisation avec l’administration des parcs nationaux.

La septième chambre de révision a estimé qu’il n’était pas possible de déduire raisonnablement l’existence d’une affectation directe de la communauté Guapi Abajo, sans tenir compte du fait qu’en plus de la pêche, les bateliers Guapi Abajo transportent des touristes et des plongeurs au parc de l’île Gorgona, et qu’ils sont également des voyagistes qui proposent des hôtels et de la gastronomie dans la municipalité de Caucan, dont les habitants ont une interconnexion dans les usages des territoires d’ afro-descendant avec les unités de chagras [éclaircies dégagées dans la forêt et destinées à la polyculture, NdT] de logement-fleuve par le biais de stratégies polyphoniques (ICANH).

Après la reconnaissance par la Cour, dans la sentence C-169 de 2001, de ces organisations ethniques comme bénéficiaires des droits de la Convention sur la consultation préalable, car elles constituent un groupe social qui partage une identité culturelle distincte de la société dominante, le T-470 fait un pas en arrière, ignorant les accords avec les parcs nationaux du Mouvement social des communautés afro-colombiennes et les conseils communautaires du Pacifique colombien (2002) et avec les organisations et autorités ethniques et territoriales des peuples noirs du Pacifique (2020), afin de décider de leurs propres priorités.

La décision T-470 de 2024 a ignoré les quatre éléments de preuve fournis par le Conseil Guapi Abajo et n’a pas évalué les éléments de preuve, ce qui a entraîné un vice de fait. Documents probants délivrés par l’Académie des sciences exactes, physiques et naturelles sur les études d’impact environnemental précaires de la marine ; Comité scientifique de Gorgona sur la faune marine ; Institut colombien d’anthropologie et d’histoire nationale (ICAHN) sur les peuples afro-descendants ; et Ingénieur électricien Luis Carlos Orejarena Morales sur la contamination par le radar prévu.

La septième chambre de la Cour a contribué à la consolidation du racisme structurel, car son arrêt T-470 contient une limitation du droit à la consultation préalable, ce qui dénote un traitement qui vise - consciemment ou inconsciemment - à annuler les droits des communautés noires, entraînant la violation de leurs garanties fondamentales en imposant une restriction qui annule et compromet la reconnaissance d’un traitement spécial pour la protection de leurs libertés dans les domaines politique, économique et culturel.

La décision T-470 a balayé la jurisprudence constitutionnelle relative au renversement de la charge de la preuve sur le titulaire du permis environnemental et non sur les communautés, une garantie de la preuve dans les scénarios de discrimination. Il a ignoré la doctrine de la Cour interaméricaine des droits de l’homme. Elle a transgressé la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Elle constitue un acte d’exclusion sociale en révoquant la consultation préalable établie dans la Convention 169 de 1989 avec statut de bloc constitutionnel.

La Convention 169 sur la consultation préalable ordonne aux gouvernements de veiller à ce que des études soient réalisées, en coopération avec les peuples concernés, afin d’évaluer l’impact social, spirituel, culturel et environnemental que les activités de développement prévues peuvent avoir sur ces peuples, sachant que, contrairement à la théorie des dommages certains et vérifiables, la précaution opère sur le risque de développement et impose le principe de précaution transversal au droit de l’environnement, sans exiger de certitude quant aux dommages possibles.

Après avoir été reconnu comme un pays pluriculturel et pluriethnique par l’Assemblée constituante de 1991, il est inacceptable qu’une mentalité politique et juridique rétrograde nous conduise, par le biais d’une phrase constitutionnelle, sur la voie ignominieuse du racisme en tant que discrimination structurelle de l’État, accentuant les différences sociales et économiques, provoquant la consternation des hommes et des femmes descendants de la culture bantoue, forgerons de notre histoire colombienne avec un héritage ancestral de protection de la Pachamama (la Terre mère).

Au cas où ces idées pourraient provoquer une action disciplinaire contre le soussigné, je le réaffirme et l’exprime dans l’exercice constitutionnel de ma liberté d’expression et de conscience, qui me fait fredonner le tango Cambalache [Bric-à-brac] (Santos Discépolo 1934) :

Aujourd’hui, ça revient au même
d’être loyal ou traître,
ignorant, savant ou voleur,
généreux ou fripouille !
Tout est pareil !
Rien ne l’emporte !
C’est la même chose, un âne
ou un grand professeur !
Il n’y a plus de recalés
ni de promotion,
Les gens immoraux
sont à notre niveau
.