Selon
le comité du Prix Sokolow, Gideon Levy « remet en question le consensus israélien
grâce à un travail courageux sur le terrain qui fait entendre la voix des
Palestiniens » de Cisjordanie et de Gaza.
Le
journaliste de Haaretz Gideon Levy est l'un des lauréats du prestigieux PrixSokolow 2021, décerné par la ville de Tel Aviv. Levy, 68 ans, qui écrit pour Haaretz
depuis 1982, a remporté le prix du journalisme écrit.
Gideon
Levy dans le village de Turmus Ayya, en Cisjordanie, lundi. Photo Alex Levac
➤ Cette semaine, Gideon Levy répondra aux questions des
auditeurs du podcast Haaretz Weekly. Pour soumettre votre question, envoyez un
courriel àweekpod@haaretz.co.il
Depuis
la première Intifada, Gideon Levy écrit une chronique hebdomadaire, « The
Twilight Zone » (Entre chien et loup), sur les souffrances des
Palestiniens dans les territoires occupés en 1967. Dans ses articles d'opinion
publiés dans Haaretz, il évoque l'injustice de l'occupation et n'hésite
pas à exprimer des points de vue impopulaires contre la politique d'Israël, qui
suscitent souvent de vives critiques de la part des lecteurs et du grand
public.
« Le
journaliste Gideon Levy remet régulièrement en question le consensus israélien
dans un travail courageux sur le terrain qui apporte les témoignages et les histoires
de ceux qui ne sont pas suffisamment exposés dans le débat médiatique local -
les voix des Palestiniens de Judée, de Samarie et, dans le passé, de la bande
de Gaza », ont écrit les juges dans leur décision d'attribuer le prix.
Levy « présente des positions originales et indépendantes qui ne
s'abandonnent pas aux conventions ou aux codes sociaux et, ce faisant, enrichit
sans peur le discours public « .
Invité en Islande par l’association
Islande-Palestine et Ögmundur Jónasson, Gideon Levy relate ses
impressions. Une vraie déclaration d’amour.
’échelle
de Richter. Pendant un moment, il y a eu un risque de nouvelle éruption
volcanique. L’information a été donnée à la radio dans le cadre des prévisions
météorologiques.
Le contraste est saisissant avec Israël, où la première
pluie de la saison est annoncée de manière plus terrifiante. En Islande, la
lave descend d’une montagne environ une fois par décennie. En 2010, une
éruption de la calotte glaciaire Eyjafjallajokull a créé un nuage de cendres
volcaniques qui a perturbé les vols dans le nord-ouest de l’Europe.
Source d’eau chaude à Hrunalaug, Islande
Les Islandais ne sont pas inquiets. Personne ne leur
instille de l’anxiété inutile. Personne ne se demande si l’Islande sera encore
là dans 50 ans, comme c’est le cas en Israël, même si l’avenir de l’Islande est
bien plus sombre, avec ses cendres volcaniques, son déclin démographique et les
menaces d’ inondations dues à l’élévation du niveau de la mer.
L’Islande compte 580 000 citoyens, dont 50 000 vivent à l’étranger.
Cinquante mille étrangers vivent en Islande, mais on n’en parle pas beaucoup.
Personne ne semble s’inquiéter de l’avenir de la nation islandaise,
contrairement à Israël, où l’on se préoccupe de l’avenir du peuple juif.
L’Islande est une île verte entourée d’un océan,
probablement le joyau le plus beau et le plus fascinant du monde. Quatre fois
plus grande qu’Israël, elle est essentiellement vide d’habitants. Ceux qui
vivent ici semblent détendus et satisfaits, ce qui est difficile à comprendre
pour des Israéliens angoissés, confrontés à des dangers réels ou imaginaires.
Ils ne craignent pas que le sol brûle littéralement sous
leurs pieds ou qu’une “menace démographique” pèse sur eux. Personne ne s’inquiète
de l’“assimilation” et les “mariages mixtes” ne sont pas un problème ici. L’émigration
ne l’est pas non plus. Les liens familiaux et l’attachement à la nature sont
plus importants que tout. Il n’y a pas de campagnes d’intimidation contre l’émigration,
et encore moins contre les mariages avec des étrangers. Pourquoi diable en
serait-il ainsi ?
Les Islandais sont les citoyens de l’un des rares pays sans
armée. Cela ne les dérange pas non plus. Dans le port de Reykjavik, un seul
navire des garde-côtes était présent cette semaine. C’est leur seule arme. Ils
se contentent de leur appartenance à l’OTAN, qui a ses opposants - comme
Ögmundur Jónasson, un impressionnant homme de gauche qui, pendant 21 ans, a été
député, ministre de la justice, ministre de l’intérieur, ministre de la santé
et ministre des communications. Il milite actuellement pour les droits
nationaux des Kurdes.
Reykjavik, Premier Mai 2023
En Israël, aucun politicien ne travaille pour les droits
des autres nations, même après avoir pris sa retraite. Lorsque les chefs des
pays européens se sont réunis ici il y a quelques semaines, la police s’est
empressée de s’équiper de 100 nouveaux fusils. Parfois, il se passe des années
sans qu’aucun meurtre ne soit commis ici.
Le nombre annuel de meurtres est inférieur au nombre de
meurtres commis dans les communautés arabes d’Israël au cours d’une mauvaise
journée. Le pays occupe une position stratégique au milieu de l’océan
Atlantique. Les Islandais ne craignent personne. La Suède, la grande sœur,
craint beaucoup plus la Russie. Les Islandais ont fait de leur faiblesse une
force et de leur petit nombre un avantage. Leur modestie et leur simplicité
sont également une force. Il n’y a pratiquement pas de voitures de luxe monstrueuses
comme en Israël ; l’auteure-compositrice-interprète Björk vit dans une modeste
maison jaune au bord de la mer.
Pensez à Israël, puis imaginez son opposé. C’est l’Islande.
Il est difficile de trouver deux contrastes plus grands, même en excluant les
clichés sur le comportement sur les routes du pays, le niveau de propreté, le
calme et la connaissance de l’anglais. Sa nature époustouflante, difficile à
décrire, fait paraître les réserves naturelles d’Israël dérisoires. Le tourisme
continue de frapper à la porte de la nation insulaire. Les chiffres augmentent
de façon alarmante et les habitants s’inquiètent d’être inondés comme d’autres
endroits ruinés et enlaidis par des hordes de touristes.
Un pays sans armée et sans inquiétude quant aux menaces
malicieusement semées dans l’esprit de sa population, occupée à vivre sa vie et
à profiter de la nature, de la mer et des moutons. Un pays avec 150 000 chevaux
dans une mer verte sans fin, sans qu’aucun cheval n’ait été introduit de l’étranger
au cours des 1000 dernières années ; un pays où l’eau chaude des robinets
provient du sous-sol ; un pays sans Itamar Ben-Gvir. Imaginez ça.
Conférence
de Gideon Levy à Reykjavik (aller à 13 :28)
Interview de Gideon Levy sur Rauður veruleiki (Réalité rouge)
Gideon Levy, par Gil Cohen Magen, AFP/Getty Images
Lorsque mon grand-père a eu 70 ans, ses amis ont fêté son
anniversaire. Dans le salon du petit appartement de la rue Rozenbaum à Tel
Aviv, qui se transformait la nuit en chambre à coucher de ma grand-mère, des
amis du vieux pays[les grands-parents venaient de Saaz/Žatec, dans lesSudètes, en Bohême du
Nord, Tchécoslovaquie, NdT], dont je me souviens encore des noms, se
sont réunis : Franzi, Ilsa, Pepi, Artur, Binka, Irma, Josef, Netka. Il y avait
peut-être aussi Mme Korf, peut-être Mme Knopfelmacher, peut-être M. Gronich,
l'avocat de la famille, peut-être Mme Simon, l'agent d'assurance.
L'une des amies, probablement Elsa Aufricht, mais je n'en suis pas certain, a récité un long maqama - un genre de récit en prose rimé d'origine arabe, remis au goût du jour en Israël vers 1960 par l'écrivain Haim Hefer - en allemand, en l'honneur de celui qui fêtait son anniversaire. J'avais 10 ans. C'était l'Europe centrale à Tel Aviv. Il y avait des petits fours, des gespritzten (panaché de vin blanc et de limonade), un gâteau au chocolat avec de la crème fouettée appelé “gav hatzvi” (épaule de cerf), ou encore pischinger ou malakoff, que ma grand-mère Trude préparait. Les dames portaient encore les fourrures qu'elles avaient apportées de “là-bas”, ou des tailleurs en jersey d'Iwanir ou des ensembles tricotés d'Aled avec une broche au revers ; elles fumaient des Dubek 10 dans un porte-cigarette. Mon grand-père ne quittait jamais la maison autrement qu'en costume, généralement avec un nœud papillon. Nous étions des sabras, des nouveaux juifs, sains et robustes, qui allions bientôt écouter Pink Floyd et entrer dans l'armée, et eux, c'étaient des déplacés qui s'accrochaient de toutes leurs forces aux restes d'Europe qu'ils s'étaient conservés ici, loin du Levant, qu'ils ne pouvaient supporter. Ils ne s'intègreraient jamais ici, alors ils nous semblaient encore plus âgés. L'allemand qu'ils parlaient, que je considérais comme une langue réservée aux vieux, n'était pas la seule raison pour laquelle j'avais l'impression qu'il s'agissait d'un événement pour les personnes âgées. À l'époque, les septuagénaires étaient considérés comme très vieux.
Rozenbaum 6
Mon
grand-père Viktor utilisait déjà une canne depuis quelques années, une habitude
qui avait commencé, soi-disant, pour que les gens lui laissent leur place dans
le bus, ou du moins c'est ce qu'il disait, mais en fait il en avait de plus en
plus besoin. Le bandage herniaire qu'il portait le gênait également dans ses
mouvements. À l'époque, il n'y avait pas beaucoup de personnes plus âgées que
mon grand-père. Il m'entraînait dans ses fréquents déplacements vers les
cabinets d'avocats poussiéreux d'Allenby Street, afin d'obtenir des réparations
de la part de l'Allemagne pour des amis. Il m'emmenait dans deux de ses cafés
habituels, un petit et un grand, et commandait des taxis place HaBima en utilisant
les deux seuls mots qu'il connaissait en hébreu : “Rozenbaum shesh” [six]. Il m'attendait
sur le balcon de son appartement avec les livres de politique et de philosophie
en allemand qu'il avait commandés à Robinson Books dans la rue Nahalat
Binyamin, après avoir marqué au crayon les passages qu'il me lirait, et mes
yeux se fermaient d'ennui. Il me destinait à la grandeur, en vain.
Lorsque
l'accord de cessez-le-feu de la guerre d'usure a été signé le 7 août 1970, il
m'a envoyé un télégramme de félicitations. J'étais en Amérique, dans le cadre
d'une mission de jeunesse auprès des communautés juives de la côte Est. Nous
avons dansé la hora pour eux, vêtus de chemises brodées, au son de “Shir
La'shalom”. Mon grand-père pensait que la paix était revenue et il a envoyé un
télégramme à son petit-fils. Même à l'époque, je trouvais que c'était une chose
bizarre à faire.
La vie a
filé à toute allure et j'aurai 70 ans ce vendredi 2 juin. Ce mot roule sur la
langue plus facilement qu'à 60 ans, l'année de la véritable crise de la
vieillesse, du moins pour moi. La tentation est grande de croire que mon
grand-père était un vieux 70 ans et que je suis un jeune de 70 ans. De recourir
au cliché selon lequel les septuagénaires sont les nouveaux cinquantenaires. Il est assez facile
d'affirmer que cet âge a ses avantages : j'ai déjà vu des gens me céder leur
place dans le bus. Mais c'était tellement humiliant. Lorsque cela s'est
reproduit, j'ai pensé qu'il valait mieux mourir.
Mais le
fait est que chaque fois que je descends du bus, je m'accroche à tous les
poteaux possibles pour ne pas trébucher, et je me plains en silence des jeunes
qui mettent leurs pieds sur les sièges. Ce n'est qu'en voyageant en Cisjordanie
que l'ignominie de la vieillesse devient un avantage : plus personne ne nous
soupçonne, le photographe Alex Levac et moi, d'être des agents du Shin Bet, des
commandos infiltrés de l’unité Douvdevan
ou même des colons. Ceux-là sont tous plus jeunes que nous. Jusqu'à présent, seul
Levac a été appelé hadj par des Palestiniens.
Je pensais que ce serait plus dur que ça d'avoir 70 ans.
Pourquoi suis-je allé faire une prestation à l’étranger
? Pourquoi aller y laver le linge sale ? Tout d’abord, parce qu’il y a beaucoup
plus d’intérêt et de désir d’écouter à l’étranger qu’ici en Israël. Le débat
public auquel j’ai participé la semaine dernière à Toronto avec Mehdi Hasan,
Douglas Murray et Natasha Hausdorff portait sur la question de savoir si l’antisionisme
est de l’antisémitisme. Les 3 000 billets (qui n’étaient pas bon marché) ont
été vendus bien à l’avance, et la salle de concert de la ville était
entièrement remplie - et orageuse. Je doute que 30 billets auraient pu être
vendus pour un débat similaire à l’auditorium Bronfman de Tel Aviv.
Une manifestante déguisée en Statue de la Liberté
lors d’un rassemblement de sympathisants et de familles d’otages pour demander
leur libération, à Tel Aviv, lundi. La banderole fait allusion à la phrase “All
eyes on Rafah” circulant sur la toile. Photo : Marko Djurica/Reuters
Mais l’intérêt de débattre de questions de
principe, qui existe à l’étranger et n’existe pas en Israël, n’est pas la seule
raison de s’y rendre. C’est à l’étranger que se trouve l’arène qui, dans une
large mesure, déterminera l’avenir d’Israël. Nous ne devons pas l’abandonner à
la droite. Personne ne se plaint lorsque les propagandistes de la droite sèment
la pagaille dans le monde par le biais de l’establishment sioniste, des machers
[“faiseurs” en yiddish et en anglais US , personnes influentes, NdT],
des organisations juives et des ambassades israéliennes - un vaste lobby avec un
paquet de fric. Ils sèment la panique en affirmant que toute critique d’Israël,
de l’occupation ou de l’apartheid israélien est de l’antisémitisme, et
réduisent ainsi la moitié du monde au silence par crainte d’être soupçonné d’antisémitisme.
Un extrait de l’intervention de Gideon Levy au Munk
Debate à Toronto
Cette pratique manipulatrice donne des résultats
à court terme. À long terme, elle se retournera contre Israël et les Juifs, à
cause desquels la liberté d’expression a été supprimée. Un rapport d’enquête du
Guardian a révélé une fois de plus les méthodes utilisées par le
ministère de la Diaspora et promues par le ministère des Affaires stratégiques
pour faire face à ce qui se passe aux USA et sur les campus usaméricains. De
telles méthodes suffisent à donner une mauvaise image d’Israël. Tout est permis
à la droite des colons et à l’establishment sioniste et juif ; faire entendre
une voix différente de celle d’Israël est une trahison.
NdT : les transports publics ne fonctionnent pratiquement pas en
Israël -sauf à Haïfa - pendant le shabbat (du vendredi 18 minutes avant le
coucher du soleil au samedi 40 minutes après le coucher du soleil). Gideon Levy
salue l’initiative prise par la municipalité de Tel Aviv en 2019 : six lignes de bus gratuits circulent
maintenant pendant le shabbat entre Tel-Aviv et les villes satellites de Ramat
Gan, Ramat Hasharon, Givatayim, ’Holon et Kiryat Ono. Une proposition de loi de
Tamar Zandberg (Meretz) visant à autoriser les transports publics pendant le
shabbat a été rejetée par la Knesset en juin 2020. Le membre de la Knesst Uri
Maklev, ultra-orthodoxe, avait alors déclaré : « Pourquoi sommes-nous
un État juif ? Quel est notre lien avec la terre d'Israël, à part manger
du falafel ? C'est notre identité juive. Les valeurs passent avant les loisirs. »
Selon un sondage en 2018, 72% des Israéliens interrogés s’étaient déclaré
favorables à une levée de l’interdiction.
Pendant une heure environ, c'est un autre
pays, celui qui aurait pu être, celui qui aurait dû être. C'est pourquoi j'aime
tant ce voyage. C'est un voyage de souhaits réalisés et d'illusions.
Un bus gratuit mis en place par
la municipalité de Tel Aviv le jour du shabbat
Chaque week-end, il existe un service de bus dans l'agglomération de Tel Aviv que peu de gens connaissent. Il existe sept lignes entre six villes, 600 trajets chaque week-end, transportant 18 000 passagers. Le timing est comme une montre suisse, la politesse scandinave. De beaux bus, avec des chauffeurs arabes israéliens, le service est gratuit. Quelque chose dans ce bus de shabbat me remplit d'un rare sentiment de normalité et de gratitude ; presque tous les passagers qui montent ou descendent remercient le chauffeur, ce qui est presque inédit en Israël.
En apparence, c'est à cause de la gratuité du service et de l'ambiance du week-end, mais c'est plus que cela. Tout est apparemment évident, et rien ne l'est. Transports publics le jour du shabbat, service métropolitain gratuit, calme dans le bus, courtoisie et générosité. Le fait que les chauffeurs soient arabes et que quelques passagers le soient aussi crée la douce illusion d'un pays sain et équilibré. Bien sûr, il faut plus de Juifs pour conduire des Arabes et non l'inverse, sur le long chemin qui mène au rêve d'égalité, mais même ce petit trajet binational n'est pas un voyage vers nulle part. Peu de gens remarquent que les conducteurs sont des Arabes. Personne n'en fait tout un plat. Les voyous juifs ne les attaqueront jamais violemment comme à Jérusalem et dans d'autres villes, et ce n'est pas non plus quelque chose à prendre pour acquis. Les transports publics le jour du shabbat, sans cris de "Shabbès !" [shabbat en yiddish, crié par les orthodoxes pour tancer les violations d’interdits ce jour-là, NdT] et sans jets de pierres ne sont pas non plus une mince affaire.
Odeh Bisharat est né en 1958 dans une famille
originaire de Ma'alul, un village palestinien détruit en 1948, et vit
aujourd'hui à Yafiah, en Galilée, avec sa femme et leurs trois enfants. Il a été
impliqué dans des activités politiques et sociales toute sa vie, d'abord en
tant que responsable du Comité national des lycéens arabes israéliens, puis en
tant que responsable de l'Organisation des étudiants arabes à l'université de
Haïfa. Il a également été actif dans divers mouvements judéo-arabes et a
travaillé comme rédacteur en chef du journal pour jeunes Al-Jad. Au
début des années 2000, Bisharat a été secrétaire général du parti politique
Hadash (Front démocratique pour la paix et l'égalité). Actuellement, il est
chroniqueur d'opinion pour les journaux Haaretz et Al-Atikhad. Il
a publié trois romans en arabe : The Streets of Zatunia (traduit en
hébreu et en finnois), Donia (traduit en hébreu) et The Late Tammam
Mekehoul. @OdehBisharat
S'il y avait un prix Nobel pour l'incitation [à
la haine, NdT], il y aurait certainement de la place pour l'appel du
journaliste Akiva Novik à attribuer un prix Nobel de la paix à l'ancien Premier
ministre Benjamin Netanyahou pour les accords d'Abraham. L'ancien président usaméricain
Donald Trump (à qui Novik voulait également accorder un prix de la paix pour
les Accords) peut se voir offrir un prix Nobel de la malhonnêteté. Vraiment,
quel rapport y a-t-il entre Netanyahou, "l'ange de la destruction"
selon le défunt Premier ministre Yitzhak Shamir, et ce prix humain ?
Et maintenant, le point principal : cette
année, les responsables du prix ont penséautrement. Ils sont partis du principe qu'il
existe un lien étroit entre "paix" et "vérité",sinon ils n'auraient pas accordé le prestigieux prix à
deux journalistes, Maria Ressa des Philippines et Dmitry Muratov de Russie, car
les journalistes ne s'occupent pas directement de promouvoir des relations
pacifiques entre les pays et les nations, ils s'occupent d'extraire la vérité
des mâchoires mensongères du gouvernement - presque chaque gouvernement.
À cette
occasion, je peux proposer deux explications à cette décision. La première : la
paix et la vérité sont du côté du bien, de la vie, alors que la guerre et le
mensonge sont du côté du mal. Aussi, afin de renforcer la fraternité du bien,
le comité a jugé bon d'honorer la vérité dans les rangs du royaume de la paix.
Pas mal. Je suis d'accord.
Et une autre explication qui me vient à
l'esprit : il est vrai que les lauréats ne sont pas les premiers journalistes à
recevoir le prix Nobel de la paix - auparavant, deux journalistes ont reçu le
prix, en 1907 [Ernesto Teodoro Moneta, pacifiste italien] et en 1935 [Carl von Ossietzky, alors
emprisonné par les nazis] - mais la guerre entre les mensonges, la
désinformation et la manipulation des faits, d'une part, et un reportage
équilibré et véridique, d'autre part, est aujourd'hui le principal champ de
bataille dans notre monde turbulent. Les mots ont remplacé les coups de feu,
les enquêtes ont remplacé l'artillerie et les images ont remplacé les bombes.
Aujourd'hui, il est difficile d'entrer dans
les médias sociaux sans être frappé par les éclats de l'incitation. Si on la compare à un tir réel, on
peut compter de nombreusesvictimes. Il est
vrai que l'incitation ne laisse pas de morts et de blessés derrière elle, mais
son impact psychologique négatif sur le comportement humain est énorme, surtout
lorsque ce champ de bataille est géré par des géants tels que Facebook qui,
selon les enquêtes, enflamme les éléments négatifs de notre discours. Nous
pouvons certainement
considérer la décision actuelle du comité du prix Nobel comme une sorte
d'expression d'aversion pour le discours superficiel des médias sociaux.
Je suis donc impressionné par le fait que ce
prix important ait été décerné à des journalistes. À l'époque actuelle, ils
sont les leaders de la diffusion de la vérité dans le monde. Sans la vérité,
tout est fragile et sur le point de s'effondrer. D'autre part, on ne peut rien
construire sur des mensonges, on ne peut que détruire, et à mon avis, le moment
est venu d'offrir un nouveau prix, qui ne soit pas une annexe du prix de la
paix ou un invité d'honneur - un prix Nobel de la vérité. La vérité mérite un
prix, car souvent, ceux qui la révèlent le paient cher : atteinte à leurs
moyens de subsistance, marginalisation, menaces et parfois, comme dans les pays
des lauréats actuels, des choses bien plus terribles.
Il est vrai que le chemin de
la vérité est difficile et plein de déceptions, alors que le mensonge a de
nombreux consommateurs et applaudisseurs, mais un monde sans vérité est un
monde cruel, désolé et déprimant. Bien que le journaliste, après avoir révélé
la vérité, ne puisse rien faire de plus, même sans changer la réalité, nous
pouvons au moins trouver une consolation dans le fait que le mal ne marchera
pas droit.
La caméra de Basel al-Adra n'a
pas changé la réalité à Khirbet
al-Mufkaradans les collines du sud d'Hébron, mais a exposé l'armée et les
émeutiers dans leur disgrâce. La vérité érode la confiance en soi des
oppresseurs et donne espoir et confiance aux opprimés. Ce n'est pas une mince
affaire.
En Israël, il y a un certain
nombre de journalistes qui révèlent la vérité, et qui paient un prix élevé pour
cela. Nous devons leur en être reconnaissants, mais le problème est que, malgré
cela, la plupart des Israéliens ne remarquent même pas le monstre dans la pièce
- l'occupation. Par conséquent, je pense que nous devrions également décerner
le prix Nobel de la vérité au journaliste Gideon Levy, qui, semaine après semaine,
nous montre la laideur du monstre invisible.
Trois membres de la Knesset de la Liste Unifiée, majoritairement arabe, ont effectué une visite à Hébron la semaine dernière. À l'un des barrages routiers, un soldat de la brigade Golani a bloqué le député (et vice-président de la Knesset) Ahmad Tibi et lui a aboyé dessus : « Tu te prends pour qui ? Avec moi, tout le monde y passe ».
Les FDI ont soutenu le soldat, Channel 12 a grondé Tibi, le président de la Knesset et député de Yesh Atid Mickey Levy a soutenu Tibi avec un courage inhabituel, le père du soldat a déposé une plainte contre Tibi et Tibi a déposé une plainte contre le soldat. Et voilà, une carte d'Israël 2021. À l'exception de Levy, dont on n'aurait pas pu s'attendre à ce qu'il soutienne Tibi - après tout, ce dernier est un député arabe et, de surcroît, de la Liste Unifiée - chacun a rempli son rôle.
Tibi et ses collègues ont visité un lieu que la plupart des députés travaillistes et de Yesh Atid n'ont jamais visité. On ne peut pas être un membre sérieux de la Knesset sans visiter au moins une fois ce bastion de l'apartheid israélien. La plupart des Israéliens n'y sont jamais allés non plus. Vous ne pouvez pas être un citoyen honnête sans exploser de colère face à ce qui s'y passe.
Le ministère russe de la Justice a demandé la liquidation
de la branche russe de l'Agence juive pour Israël [ha-Sokhnut ha-Yehudit le-Eretz-Israel], une
organisation à but non lucratif qui promeut l'immigration en Israël, selon un
tribunal de Moscou. Le site Internet du tribunal de district de Basmanny
indique que le ministère a déposé la demande le 15 juillet et qu'elle sera
examinée le 28 juillet. Voici le commentaire de Gideon Levy sur ce sujet
-Tlaxcala
Être un pays normal : ça aussi, c’est une option. Nous
pourrions commencer, par exemple, par une politique d'immigration normale,
comme il est d'usage dans tout pays normal. Les critiques à l'encontre du
président russe Vladimir Poutine pour son intention de mettre un terme aux
activités subversives d'Israël contre son pays - intentions qui sont
incommensurablement justifiées - montrent que le chemin vers la normalité est
encore long et ardu. Tant qu'Israël conservera la mentalité selon laquelle
"tout nous est permis" et "nous ne sommes pas comme les autres
pays", le chemin vers la normalité sera infiniment plus long.
Et voici une autre preuve qu'il n'y a pas de différence
entre un gouvernement israélien et le suivant : une question qui est
intouchable quel que soit le gouvernement au pouvoir est le caractère sacré de
la politique d'immigration d'Israël. Et si l'on accorde à la Loi du retour la
primauté parmi les lois, la politique d'immigration est la dernière des
questions qui serait débattue.
En cherchant à mettre un terme aux opérations de l'Agence
juive pour Israël dans son pays, Poutine a cherché à mettre un terme à
l'intervention d'un pays étranger dans les affaires intérieures de la Russie.
Il n'est pas difficile de deviner ce qui se serait passé si Varsovie avait
ouvertement tenté d'envoyer des émissaires de l'establishment polonais en
Israël pour encourager les anciens Juifs polonais et leurs descendants à
retourner en Pologne. Mais lorsqu'il s'agit des efforts d'Israël, tout va bien.
Il est clair que Poutine devra revenir sur sa demande, car
l'establishment juif est plus fort, mais nous n'avons pas besoin de Poutine
pour demander non seulement de quel droit mais aussi dans quel but Israël
poursuit ses activités là-bas. Pourquoi Israël doit-il s'ingérer dans d'autres
pays pour tenter de recruter, d'amadouer, de soudoyer ou de convaincre des
Juifs, des demi-Juifs ou des quarts de Juifs d'immigrer ici ?
Quel est le but de tout ce réseau hypertrophié d'émissaires
dans le monde ? À quoi servent tous ces ridicules programmes Birthright et Masa
alors qu'il est clair qu'il n'y a plus de place ici ?
Un garçon d'environ trois ans a quitté sa maison mercredi matin, pour la
première fois depuis deux jours, avec sa mère et sa grand-mère. La main de sa
mère dans une main, un pistolet dans l'autre. La rue était encore presque vide,
seuls quelques habitants avaient osé sortir, et ceux qui l'avaient fait
semblaient en état de choc. Un silence terrible planait sur la rue à moitié
détruite, le silence que l'on entend toujours après le bruit. Le bambin jette
un regard vide sur le tas de décombres au bord de ce qui fut une rue pavée et
qui n'est plus qu'un chemin de terre. Il était silencieux, tout comme sa mère.
Cette scène a été diffusée mercredi sur Al-Jazeera, qui émet en continu depuis
le camp de réfugiés de Jénine.
Des enfants palestiniens
brûlent des pneus après le raid militaire israélien à Jénine, mardi. Photo :
JAAFAR ASHTIYEH – AFP
L'ancien soldat israélien Dubi Kurdi* n'a pas transformé le camp en stade
Teddy de Jérusalem avec son bulldozer cette fois-ci, comme il s'en était vanté
lors de la précédente opération en 2002. Plus de 500 maisons n'ont pas été
détruites, comme cela avait été le cas lors de l'opération “Bouclier défensif”,
et le nombre de morts a été relativement faible. Mais l'enfant est sorti, dans
la rue, en tenant la main de sa mère, et son visage en disait long. Il s'agit
peut-être du garçon de la vidéo filmée la veille dans l'une des maisons du camp
: dans une scène horrible qui pourrait provenir d'une [autre] période
sombre de l'histoire, des soldats armés et blindés envahissent une petite maison.
Tout le monde reçoit l'ordre de lever les mains en l'air. Un soldat pointe
son fusil sur les femmes et les enfants, et un cri de terreur perce l'air. Coupure.
La vidéo se termine, mais les enfants n'oublieront pas. Ils n'oublieront jamais
ce qu'ils ont enduré cette semaine.
Ces enfants sont déjà les petits-enfants et arrière-petits-enfants d'Arna.
Lorsque le merveilleux film de Juliano
Mer-Khamis, Les enfants d'Arna, sur les enfants du camp que sa mère a élevés
dans le cadre de son projet théâtral, est sorti, son réalisateur était encore
en vie. Juliano a été assassiné, mais son film est resté. Il doit être projeté
avant et après chaque “opération”
militaire israélienne dans le camp de Jénine, avant et après l'insupportable
déluge de louanges qu'une légion de généraux et d'analystes déversent sur
l'action, toujours différente, plus chirurgicale et plus réussie que toutes
celles qui l'ont précédée.
Trois garçons ont joué dans le documentaire : Ala, Youssef et Ashraf.
Pendant une dizaine d'années, Mer a suivi les enfants avec lesquels sa mère
travaillait. Il a filmé le petit Ala assis, abasourdi, sur les ruines de sa
maison, son regard se déplaçant ici et là, comme s'il cherchait un réconfort et
un abri. Ala el-Sabagr deviendra plus tard le commandant des Brigades des
martyrs d'Al-Aqsa dans le camp. En novembre 2002, deux semaines après la
naissance de son premier fils, les soldats israéliens l'ont tué, et une photo
de son corps carbonisé apparaît dans le film.
Le petit Ashraf rêvait de jouer Roméo. Dans le film, on le voit fouiller
les décombres de la maison d'Ala pour tenter de récupérer des objets encore
intacts. Dans le film, Ala raconte l'histoire de l'assassinat de son ami
Ashraf, quelques semaines avant de mourir lui-même dans la bataille de Jénine.
Le troisième garçon, Youssef, était en classe lorsqu'un obus israélien est tombé
dans la salle. Il a transporté le corps d'une des filles décédées ; à l'âge
adulte, il a participé à une fusillade terroriste dans la ville israélienne de
Hadera et a été tué. Parmi les enfants d'Arna, Zakaria
Zubeidi est le seul garçon à avoir survécu. Il est incarcéré en Israël depuis de
nombreuses années.
Mercredi, les petits-enfants et arrière-petits-enfants d'Arna sont sortis
dans la rue en ruine. Le camp de Jénine est un camp de réfugiés, dont les
habitants ont été contraints de fuir leurs maisons cette semaine sans savoir
quand ou s'ils reviendraient, réfugiés momentanés pour la troisième ou
quatrième fois.
Le groupe de correspondants militaires reconnus par l'IDF que l'armée a
fait venir pour visionner son travail n'a pas vu de Palestiniens dans les
allées. En Israël, ils n'ont pas mentionné les 20 000 résidents du camp qui ont
enduré des difficultés sans précédent causées par Israël, comme leurs parents
et grands-parents avant eux. En Israël, ils n'ont pas dit que le camp de Jénine
abrite des dizaines de milliers de personnes dont la juste lutte crie vers le
ciel, exactement comme le fait leur souffrance. Et une fois de plus, les FDI
ont traité cette maison comme un champ de bataille.
C'est ici que les enfants d'Arna ont grandi et sont devenus des combattants
de la liberté, des “terroristes” dans le langage de la propagande israélienne, et
c'est ici que les petits-enfants et arrière-petits-enfants d'Arna vont
maintenant grandir vers le même avenir, le même destin.
NdT
*Dans Scènes
de décombres (Haaretz, 23/10/2002), Gideon Levy écrivait : « Les
bulldozers sont de nouveau à l'œuvre dans le camp de réfugiés de Jénine,
plongeant leurs pelles dans les ruines. Cette fois, ce sont des machines
palestiniennes, peintes en jaune, et leur objectif est la réhabilitation. La
dernière fois, les bulldozers étaient bruns et appartenaient aux FDI ;
l'objectif des terrifiants D-9 était la démolition. Leurs opérateurs ont semé
la destruction et ont été décorés pour leurs efforts. L'un d'eux, un réserviste, Moshe Nissim, que
ses camarades appellent affectueusement “Dubi Kurdi”, s'est vanté dans le
quotidien à grand tirage Yedioth Ahronoth : « Pendant trois jours, je
n'ai faitque raser et raser » (des bâtiments) et il a ajouté
qu'il mangeait des graines de tournesol et buvait du whisky pendant qu'il
travaillait. »
Après l'opération “Maison et jardin”. Photo Zena Al Tahhan/Al Jazeera. Voir plus de photos
Quiconque
a une alternative idéologique à offrir doit combattre la droite jusqu'au bout.
Quiconque a un meilleur leadership à offrir doit faire tout son possible pour se
retrouver au pouvoir. Le centre-gauche israélien, malheureusement, n'a ni l'une
ni l'autre. Et pourtant, il mène une guerre contre la droite dirigée par le
Likoud. Cette guerre est légitime, mais elle est en grande partie fondée sur la
condescendance. C'est la seule munition qui reste lorsque le carquois est vide.
C'est comme ça quand il n'y a pas d'alternative idéologique ou de leadership.
La condescendance est l'arme des bidonneur·ses.
Les députés du parti
travailliste entourent la cheffe du parti, Merav Michaeli, après les élections
primaires du parti, mardi 9 août. Photo : Moti Milrod
Le bloc de
centre-gauche n'a aucune raison, et aucune justification, pour faire preuve de
condescendance envers le Likoud, de se moquer de ses représentants et de
ridiculiser ses électeurs. La qualité de la liste du Likoud à la Knesset, en
moyenne, n'est pas inférieure à la qualité moyenne des listes de la plupart des
autres partis. Le mécanisme qui sélectionne la composition de la liste est
certainement le plus impressionnant de tous les partis par son ampleur et son
caractère démocratique.
La
condescendance envers le Likoud est non seulement infondée, mais elle contribue
également à unir et à renforcer la droite. Il n'y a rien de tel que des
sentiments d'infériorité et un sentiment d'humiliation pour remplir tout un
camp politique d'une juste colère contre ceux qui suscitent ces émotions.
Les insultes
ouvertes et cachées qu'une grande partie des médias continue de proférer à
l'encontre des Bibi-istes, des babouins ou des Likoudniks de jardin sont un
combustible dont le feu ne s'éteindra pas facilement. Ils n'oublieront pas ces
humiliations, tout comme ils n'ont pas oublié les humiliations du Mapai dans
les années 50 et 60. La droite est au pouvoir depuis une génération, mais la
lutte contre elle est toujours celle de ceux qui se considèrent supérieurs à
leurs propres yeux et des gens qu'ils considèrent inférieurs à eux.
Le Likoud a
organisé une primaire. Elle a été aussi correcte, populaire et démocratique
qu'il est possible de le faire dans un État d'apartheid et compte tenu des
marchandages politiques qui ont cours en Israël. Avant même que les votes ne
soient comptés, le refrain a commencé : le parti d'un seul homme, une mauvaise
liste remplie de béni-oui-oui. Il est inutile de mentionner comment les
candidats sont choisis à Yesh Atid, Nouvel Espoir, Blanc-Bleu ou Yisrael
Beiteinu. On peut d’ailleurs se demander comment il se fait que la règle du
règne d'une seule personne de ces partis, qui a également des éléments d'un
culte de la personnalité, ne suscite guère de critiques de la part des fervents
de la démocratie vantée d'Israël.
Il y a
autant de béni-oui-oui dans ces partis que dans le Likoud, et toute personne
qui sort du rang est renvoyée sommairement. Le régime du Mapai, avec ses
infâmes comités d'arrangements, était un modèle de démocratie comparé à la méthode
soi-disant démocratique de sélection des candidats de Yair Lapid, Avigdor
Liberman, Benny Gantz ou Gideon Sa'ar, ces guerriers déterminés contre Benjamin
Netanyahou au nom du souci de la démocratie.
Le
centre-gauche n'a pas non plus matière à condescendance envers le Likoud en
termes d'élus. La qualité des politiciens israéliens est faible, et souvent
honteuse, mais le Likoud n'a pas à rougir de la comparaison avec les autres
listes. Amir Ohana est-il une figure moins impressionnante que Nitzan Horowitz
? Galit Distal Atbaryan est-elle vraiment une députée aussi ridicule qu'elle
est souvent dépeinte ? En quoi est-elle pire qu'Efrat Rayten ? Et David
Amsalem, en quoi est-il pire que Mickey Levy ? Et Danny Danon que Meir Cohen ?
Merav Ben Ari est-elle meilleure, à tous points de vue, que Gila Gamliel ?
Si seulement
nous avions des candidats plus impressionnants, sérieux et courageux sur les
listes - tel est le visage de la politique israélienne - mais penser que nous
avons une liste de Bibi-istes face à une liste de réformateurs, de babouins
contre des démocrates, d'invertébrés contre des vertébrés est ridicule et
exaspérant.
Les
prochaines élections ne sont porteuses d'aucune promesse, quels que soient
leurs résultats. Israël continuera sur sa lancée. Il n'y a pas lieu de prêter
beaucoup d'attention aux campagnes d'épouvante anti-Likoud. Le ciel ne tombera
pas. Il n'y a pas non plus de raison d'aspirer à un régime centriste. Aucune
nouvelle aube ne se lèvera. Mais lorsqu'un camp est condescendant envers un autre,
sans raison apparente, il dit en fait : je n'ai rien à t'offrir, à part de la
condescendance.