04/11/2021

ALFONSO LAFARGA
La France se targue de défendre les droits humains partout dans le monde, sauf au Sahara occidental

Alfonso Lafarga, Contramutis, 3/11/2021
Traduit de l’espagnol par CMBL
  • Pour la République française, les droits humains sont une priorité de sa politique étrangère, mais elle empêche qu’ils figurent parmi les attributions de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO).
  • · Les droits humains sont violés en permanence au Sahara occidental occupé par le Maroc, qui détient une cinquantaine de prisonniers politiques condamnés dans le cadre de procès irréguliers et sans preuves.


"Les droits de l'Homme, une priorité de la politique étrangère de la France". C'est le titre précis sous lequel le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères présente sur son site officiel sa position sur les droits humains, dont les violations selon lui conduisent sa diplomatie à les combattre « partout où elles sont commises ».

La présentation commence par cette définition : "Les droits de l’Homme sont définis comme les droits inaliénables de tous les êtres humains, quels que soient leur nationalité, lieu de résidence, sexe, origine ethnique ou nationale, couleur, religion, langue ou toute autre condition et recouvrent de nombreuses thématiques".

Il indique que « ces droits font partie des valeurs fondatrices de la République française comme cela a été proclamé dans le préambule de notre Constitution. Leur respect est au cœur de l’exercice de la démocratie en France et de notre engagement au sein de l’Union européenne et des organisations internationales », un engagement qui se traduit par « des actions sur le plan politique et diplomatique au niveau national, européen et international ».

Les dossiers sur lesquels la France est particulièrement attachée sont détaillés par la suite, notamment les "détentions arbitraires" et les "disparitions forcées".

A l'occasion de son incorporation, en janvier 2021, au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la France a indiqué parmi ses priorités la protection des défenseurs des droits de l'homme, la liberté d'information et la liberté de presse, en plus de continuer à œuvrer à l'abolition universelle de la peine de mort, la lutte contre toute forme de discrimination et «la lutte contre l'impunité de ceux qui commettent des crimes atroces ».

Ces violations des droits humains contre lesquelles la France se prononce sont une réalité dans un lieu précis : le Sahara occidental occupé par le Maroc, territoire non autonome en attente de décolonisation. Elles ont été dénoncées à maintes reprises par des organisations telles qu'Amnesty International (AI), Human Rights Watch (HRW), le Centre Robert F. Kennedy (RFKC), le Réseau euro-méditerranéen des droits humains (REMDH), l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains ou Reporters sans frontières (RSF).

Dans les résumés mensuels que Contramutis publie sur les violations des droits humains au Sahara Occidental, les événements se répètent : répression de toute expression ou manifestation de la population sahraouie qui appelle à l'autodétermination, détentions arbitraires, disparitions forcées, tortures et mauvais traitements, procès irréguliers, persécutions de journalistes, absence de liberté d'information et de presse, discrimination à l'emploi envers les Sahraouis, expulsion d'observateurs internationaux.

Par ailleurs, une cinquantaine de prisonniers politiques sahraouis purgent des peines sévères, prononcées dans des procès dénoncés par des commissions de juristes internationaux pour leurs irrégularités et leur manque de preuves. La plupart des détenus se trouvent dans des prisons marocaines loin de leurs familles, qui doivent parcourir jusqu'à mille kilomètres sans savoir si elles seront autorisées à les visiter. Plusieurs d'entre eux sont à l'isolement depuis longtemps.

Dans ce contexte, année après année est renouvelé le mandat de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) créée pour surveiller le cessez-le-feu -aujourd'hui rompu- conclu en 1991 entre le Front Polisario et le Maroc, et mener à bien le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Mais la MINURSO est toujours sans compétences en matière de droits humains, d’où la seule mission de maintien de la paix de l'ONU sans cette attribution.

Et derrière cet échec de la MINURSO paraît toujours le nom de la France, « le berceau des droits de l'homme », qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité : elle s’assure l’échec des propositions pour que la mission de l'ONU ait entre ses fonctions le contrôle des droits humains, comme cela s'est produit lors du dernier renouvellement de la MINURSO, en octobre 2021.

C'est la France d'Emmanuel Macron qui a condamné en mai dernier la détention « arbitraire » de plusieurs journalistes au Nicaragua et a exhorté le gouvernement de Daniel Ortega à respecter ses engagements internationaux, « notamment en matière de droits de l'homme », ce qu'elle ne fait pas avec le gouvernement du Maroc.

On trouvera ci-dessous (en espagnol) une liste d'événements liés aux droits humains qui se sont produits en octobre 2021 au Sahara occidental occupé par le Maroc, dans les villes du sud du Maroc habitées par des Sahraouis et dans des prisons marocaines avec des prisonniers politiques sahraouis, selon des ONG et des médias sahraouis et espagnols.

Octubre saharaui 2021

 

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