Rachida Jalali, mère de quatre enfants, purge une peine de deux ans de prison pour avoir écrit sur Facebook qu’avec un billet à l’effigie des trois derniers rois alaouites, on ne pourra plus acheter de bouteille de butane
Ignacio
Cembrero, El Confidencial,
10/2/2025
Quand elle a appris que le prix d’une bouteille de gaz de 12 kilogrammes
allait dépasser les 50 dirhams (4,82 euros), Rachida Jalali, une femme au foyer
marocaine, a fait une petite blague sur sa page Facebook. « Même avec trois
rois, on ne pourra plus acheter de gaz », a-t-elle commenté. Elle a accompagné
son message d’un billet de 50 dirhams illustré par l’effigie des trois rois que
le Maroc a eus depuis son indépendance en 1956 : Mohamed V, Hassan II et l’actuel,
Mohamed
VI.
Son
commentaire est devenu viral dans un pays où les manifestations
contre la vie chère se multiplient et qui a connu mercredi 5 février son
premier mouvement de grève générale en neuf ans, même s’il n’a pas été très
suivi, sauf dans le secteur de l’éducation.
La popularité de la plaisanterie de Rachida Jalali a fini par éveiller,
avant qu’elle ne la supprime, l’intérêt de la police qui s’est présentée à son
domicile de Khouribga, dans le centre du pays, où vit désormais cette mère de
quatre enfants. Elle a émigré en Italie
il y a des années, mais avait décidé de revenir pour monter une entreprise
dans sa ville natale. Les agents l’ont d’abord interrogée sur ses intentions en
publiant ce message, pour savoir s’il s’agissait d’une critique des autorités.
Ensuite, ils l’ont mise à la disposition de la justice.
La semaine dernière, Rachida Jalali a été condamnée par un tribunal de Khouribga à deux ans de prison pour « offense aux
institutions de l’État », ce que le code pénal marocain punit, si elle est
formulée en public, d’un à cinq ans de prison et d’une amende. Cela aurait été
pire si les juges l’avaient condamnée, comme ils ont failli le faire, pour
offense au roi.
« Ma cliente n’avait aucune intention malveillante », a expliqué l’avocat
de Rachida Jalali aux quelques journalistes qui se sont intéressés au procès au
Maroc. « Elle a fait une blague comme il s’en fait des centaines chaque jour
sur les réseaux sociaux », a-t-il ajouté. « La condamner, c’est envoyer un
message inquiétant à la société », a-t-il conclu.
Rachida Jalali a commencé à purger sa peine à la prison pour femmes d’Oukacha
(Casablanca), d’où elle a réussi à faire passer un
message audio le week-end, qui a également beaucoup circulé sur les réseaux
sociaux. Elle y annonce qu’elle entame une grève de la faim pour protester
contre une condamnation qu’elle juge injuste, mais finit par crier « Vive le
roi » comme pour se faire pardonner.
La bouteille de gaz coûte désormais 50 dirhams au Maroc, mais après le
ramadan, fin mars, elle passera à 60, selon les annonces de la presse, et à 70
l’année prochaine. Il s’agit d’« alléger les dépenses de la Caisse de
compensation », selon le
journal makhzénien Le 360, qui subventionne de
nombreux produits de base. Aujourd’hui, près de la moitié du prix de la
bouteille est à la charge de l’État.
Les tribunaux marocains continuent de prononcer des condamnations à
caractère politique contre des militants, mais celle d’une femme au foyer est
exceptionnelle. La plus légère des condamnations récentes a été infligée à IsmaelLghazaoui, un an de prison et une amende de 5 000 dirhams (482 euros) pour
avoir manifesté devant le consulat des USA à Casablanca et contre un cargo MAERSK transportant des armes vers Israël et faisant
escale à Tanger. La peine la plus sévère, cinq ans de prison, a été prononcée
en avril contre
Abderrahmane Zankad, coupable d’avoir dénoncé sur les réseaux sociaux les
relations étroites entre le Maroc et Israël, dont il a imputé la responsabilité
à Mohamed VI.
Les journalistes ne sont pas non plus épargnés, bien que trois d’entre eux
aient été partiellement graciés par le roi en juillet et soient sortis de
prison. Le dernier à avoir été condamné est Hamid El Mahdaoui, mais il pourrait
peut-être échapper à la prison. Il a fait appel d’une décision qui l’a condamné
en novembre à 18 mois de prison et à une lourde amende pour « diffusion de
fausses allégations » et « diffamation », selon le Code pénal. Il aurait dû
être jugé en vertu de la loi sur la presse et les publications, a souligné Reporters sans frontières dans un communiqué.
Quand elle a appris que le prix d’une bouteille de gaz de 12 kilogrammes allait dépasser les 50 dirhams (4,82 euros), Rachida Jalali, une femme au foyer marocaine, a fait une petite blague sur sa page Facebook. « Même avec trois rois, on ne pourra plus acheter de gaz », a-t-elle commenté. Elle a accompagné son message d’un billet de 50 dirhams illustré par l’effigie des trois rois que le Maroc a eus depuis son indépendance en 1956 : Mohamed V, Hassan II et l’actuel, Mohamed VI.
Son
commentaire est devenu viral dans un pays où les manifestations
contre la vie chère se multiplient et qui a connu mercredi 5 février son
premier mouvement de grève générale en neuf ans, même s’il n’a pas été très
suivi, sauf dans le secteur de l’éducation.
La popularité de la plaisanterie de Rachida Jalali a fini par éveiller,
avant qu’elle ne la supprime, l’intérêt de la police qui s’est présentée à son
domicile de Khouribga, dans le centre du pays, où vit désormais cette mère de
quatre enfants. Elle a émigré en Italie
il y a des années, mais avait décidé de revenir pour monter une entreprise
dans sa ville natale. Les agents l’ont d’abord interrogée sur ses intentions en
publiant ce message, pour savoir s’il s’agissait d’une critique des autorités.
Ensuite, ils l’ont mise à la disposition de la justice.
La semaine dernière, Rachida Jalali a été condamnée par un tribunal de Khouribga à deux ans de prison pour « offense aux
institutions de l’État », ce que le code pénal marocain punit, si elle est
formulée en public, d’un à cinq ans de prison et d’une amende. Cela aurait été
pire si les juges l’avaient condamnée, comme ils ont failli le faire, pour
offense au roi.
« Ma cliente n’avait aucune intention malveillante », a expliqué l’avocat
de Rachida Jalali aux quelques journalistes qui se sont intéressés au procès au
Maroc. « Elle a fait une blague comme il s’en fait des centaines chaque jour
sur les réseaux sociaux », a-t-il ajouté. « La condamner, c’est envoyer un
message inquiétant à la société », a-t-il conclu.
Rachida Jalali a commencé à purger sa peine à la prison pour femmes d’Oukacha
(Casablanca), d’où elle a réussi à faire passer un
message audio le week-end, qui a également beaucoup circulé sur les réseaux
sociaux. Elle y annonce qu’elle entame une grève de la faim pour protester
contre une condamnation qu’elle juge injuste, mais finit par crier « Vive le
roi » comme pour se faire pardonner.
La bouteille de gaz coûte désormais 50 dirhams au Maroc, mais après le
ramadan, fin mars, elle passera à 60, selon les annonces de la presse, et à 70
l’année prochaine. Il s’agit d’« alléger les dépenses de la Caisse de
compensation », selon le
journal makhzénien Le 360, qui subventionne de
nombreux produits de base. Aujourd’hui, près de la moitié du prix de la
bouteille est à la charge de l’État.
Les tribunaux marocains continuent de prononcer des condamnations à
caractère politique contre des militants, mais celle d’une femme au foyer est
exceptionnelle. La plus légère des condamnations récentes a été infligée à IsmaelLghazaoui, un an de prison et une amende de 5 000 dirhams (482 euros) pour
avoir manifesté devant le consulat des USA à Casablanca et contre un cargo MAERSK transportant des armes vers Israël et faisant
escale à Tanger. La peine la plus sévère, cinq ans de prison, a été prononcée
en avril contre
Abderrahmane Zankad, coupable d’avoir dénoncé sur les réseaux sociaux les
relations étroites entre le Maroc et Israël, dont il a imputé la responsabilité
à Mohamed VI.
Les journalistes ne sont pas non plus épargnés, bien que trois d’entre eux aient été partiellement graciés par le roi en juillet et soient sortis de prison. Le dernier à avoir été condamné est Hamid El Mahdaoui, mais il pourrait peut-être échapper à la prison. Il a fait appel d’une décision qui l’a condamné en novembre à 18 mois de prison et à une lourde amende pour « diffusion de fausses allégations » et « diffamation », selon le Code pénal. Il aurait dû être jugé en vertu de la loi sur la presse et les publications, a souligné Reporters sans frontières dans un communiqué.
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