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11/03/2022

SPENCER BOKAT-LINDELL
Devrions-nous vraiment éliminer culturellement la Russie ?

Spencer Bokat-Lindell, Debatable, The New York Times, 9/3/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Un spectre hante la Russie - le spectre de la « cancellation » [l’élimination].

Le pianiste russo-allemand Igor Levit, à gauche, et la soprano russe Anna Netrebko. Illustration par le New York Times ; photos Stefanie Loos, Angelos Tzortzinis et mikroman6 via Getty Images

 

 

Alors que l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine entre dans sa troisième semaine, les consommateurs et les entreprises consciencieux de l'Occident ont riposté par ce que l'on ne peut décrire que comme un boycott culturel de masse.

 

En Russie, Disney et Warner Bros. ont suspendu leurs sorties en salle, et McDonald's, Starbucks et Coca-Cola ont suspendu leurs activités commerciales. Aux USA, les magasins d'alcool et les supermarchés ont retiré la vodka russe de leurs rayons, et le Metropolitan Opera a coupé les ponts avec l'une de ses sopranos les plus acclamées après qu'elle eut critiqué la guerre mais refusé de prendre ses distances avec Poutine. Et sur la scène internationale, l'Eurovision, la FIFA et les Jeux paralympiques ont interdit aux Russes de participer aux compétitions de cette année.


Ces sanctions informelles contre la culture et le business russes sont-elles justifiées et peuvent-elles modifier le cours de la guerre ? Ou s'agit-il de gestes histrioniques qui risquent de stigmatiser toute une population pour les crimes d'un autocrate ? Et qu'est-ce que l'invocation de la « cancel culture ["culture de l’élimination" ]- à la fois cliché rhétorique et phénomène matériel - révèle sur la façon dont la guerre est métabolisée via les médias sociaux ? Voici ce que disent les gens.

 

Les arguments en faveur de l’élimination

 

Il y a environ un siècle, les sanctions sont apparues sur la scène mondiale comme une alternative à la guerre conventionnelle, une "arme économique" destinée à imposer un fardeau si lourd à l'élite politique d'un pays qu'elle serait forcée de modifier son comportement. Conçues comme un outil à manier par des États-nations contre d'autres États-nations, les sanctions peuvent également être imposées - même de façon désordonnée - par des acteurs non étatiques contre d'autres acteurs non étatiques, comme nous le constatons actuellement.

 

Dans le domaine des arts, rapporte Javier C. Hernández pour le Times, les organisations font face à des pressions de la part des donateurs, des membres du conseil d'administration, du public et des utilisateurs des médias sociaux pour renvoyer les artistes russes qui ne prennent pas leurs distances avec Poutine ou ne s'expriment pas avec suffisamment de ferveur contre la guerre. Ces campagnes ne sont pas sans précédent, comme l'ont souligné certains commentateurs.

 

Mais le contrôle des artistes pour leurs croyances et leurs liens politiques soulève des questions difficiles. « Quel est le point à partir duquel l'échange culturel - toujours flou entre être un baume humanisant et un outil de propagande, une cooptation de la neutralité supposée de la musique - devient insupportable ? » demande Zachary Woolfe, rédacteur en chef de la rubrique musique classique au Times. "Qu'est-ce qu'une distance suffisante par rapport à des dirigeants autoritaires ? Et qu'est-ce qu'un désaveu suffisant, en particulier dans un contexte où s'exprimer pourrait menacer la sécurité des artistes ou de leurs familles ? »

 

Pour le pianiste d'origine russe Igor Levit, la question n'est pas si compliquée. « Être musicien ne vous dispense pas d'être un citoyen, de prendre des responsabilités », a-t-il commenté sur son compte Instagram, ajoutant le hashtag #StandWithUkraine. « Rester dans le vague lorsqu'un homme, en particulier celui qui est le dirigeant de votre pays d'origine, déclenche une guerre contre un autre pays et, ce faisant, cause également les plus grandes souffrances à votre pays d'origine et à votre peuple, est inacceptable ».

 

D'autres ont fait valoir que l'athlétisme est le meilleur domaine culturel pour mener la guerre contre Poutine. « Les sanctions contre Poutine dans le domaine des jeux ont une portée sans pareille, car elles l'exposent en sueur au seul public qu'il craint ou courtise vraiment : les Russes de la rue », affirme Sally Jenkins dans le Washington Post. « Sa marque de patriotisme belliqueux sans chemise - son nationalisme macho - a été une longue escroquerie, et ce n'est pas une mince affaire que de le faire tomber des podiums de médailles et d'exposer les talonettes de ses chaussures, ou d'arracher sa ceinture de judo et de montrer le ramollissement de son ventre et, en retour, d'affaiblir son influence ».


Jusqu'à présent, le retour de bâton culturel ne semble pas avoir fait grand-chose pour que Poutine change de cap - et pourrait même jouer en faveur du récit qu'il préfère, selon lequel la Russie est victime de l'Occident.

 

Pourtant, plus l'isolement culturel du pays persiste, "plus ces mesures ont de chances d’entamer le narratif de l'État", écrit Yasmeen Serhan dans The Atlantic. « Si les Russes ordinaires ne peuvent plus profiter d'un grand nombre des activités qu'ils aiment, y compris des choses aussi quotidiennes que regarder leurs équipes de football jouer dans des matchs internationaux, voir les derniers films et assister à des concerts en direct, leur tolérance à l'égard de la politique isolationniste de leur gouvernement diminuera ».

 

Le risque d'une nouvelle russophobie

 

Lorsque l'on tient la population d'un pays responsable des transgressions de son système politique, comment décider qui il est juste de punir ? Dans le cas de la Russie, l'économiste Tyler Cowen affirme que c'est impossible.

« Il n'est tout simplement pas possible de tracer des lignes de démarcation justes ou précises », écrit-il sur Bloomberg. « Qu'en est-il des artistes-interprètes qui ont peut-être favorisé Poutine à l'époque plus clémente de 2003 et qui sont aujourd'hui sceptiques, mais qui ont des membres de leur famille vivant toujours en Russie ? Doivent-ils s'exprimer ? »

 

Une autre question : « Qui compte exactement comme Russe ? Les Russes ethniques ? Les citoyens russes ? Les anciens citoyens ? Les Russes ethniques nés en Ukraine ? »

 

10/03/2022

LAWRENCE WRIGHT
L'elefantessa in aula: la battaglia legale per liberare Happy, prigioniera dello zoo del Bronx

Lawrence Wright, The New Yorker, 28/2/2022
Tradotto da
Fausto Giudice  e Silvana Fioresi, Tlaxcala

Lawrence Wright (Oklahoma City, 1947) è un giornalista usamericano. Membro della New York University School of Law, lavora per la rivista The New Yorker dal 1992. Ha vinto il premio Pulitzer per la narrativa nel 2007 per il suo libro The Looming Tower: Al Qaeda and the Road to 9/11 sugli attacchi dell'11 settembre 2001 e le loro conseguenze. Il suo libro più recente è «The Plague Year: America in the Time of COVID». Bibliografia

Una curiosa crociata legale per ridefinire il concetto di persona giuridica solleva profonde domande sull'interdipendenza tra regno animale e umano.


Gli animalisti vogliono che lo zoo del Bronx rilasci Happy, un’elefantessa abbastanza intelligente da riconoscere la propria immagine in uno specchio. Illustrazione di Gérard DuBois, The New Yorker

Secondo il codice civile dello Stato di New York, un’ordinanza di habeas corpus può essere ottenuta da qualsiasi "persona giuridica" che sia stata detenuta illegalmente. Nella contea del Bronx, la maggior parte di queste petizioni arriva per conto dei prigionieri di Rikers Island. Le petizioni di habeas corpus non sono spesso prese in considerazione dai tribunali, questa è solo una delle ragioni per cui il caso posto alla giudice della Corte Suprema di New York Alison Y. Tuitt - Nonhuman Rights Project v. James Breheny, et al [Progetto dei diritti di animali non umani contro James Breheny e altri] - è considerato straordinario. Il soggetto del caso era Happy, un’elefantessa asiatica dello zoo del Bronx. La legge usamericana considera tutti gli animali come "cose" - la stessa categoria dei sassi o dei pattini a rotelle. Tuttavia, se il giudice accettasse la richiesta di habeas corpus per trasferire Happy dallo zoo a un rifugio, davanti alla legge, sarebbe una persona. Avrebbe dei diritti.

L'umanità sembra andare verso un nuovo e radicale accordo con il regno animale. Nel 2013, il governo indiano ha vietato la cattura e la reclusione di delfini e orche, poiché è stato dimostrato che i cetacei sono sensibili e molto intelligenti, e "dovrebbero essere considerati come 'persone non umane'" con "i propri diritti specifici". I governi dell’Ungheria, del Costa Rica e del Cile, tra gli altri, hanno emesso restrizioni simili, e la Finlandia è arrivata al punto di redigere una dichiarazione dei diritti dei cetacei. In Argentina, un giudice ha stabilito che una femmina di orangotango del Parco Ecologico di Buenos Aires, chiamata Sandra, era una "persona non umana" e aveva diritto alla libertà - che in pratica significava essere mandata in un rifugio in Florida. Il presidente della Corte Suprema di Islamabad, in Pakistan, ha affermato che gli animali non umani hanno dei diritti quando ha ordinato il trasferimento di un elefante chiamato Kaavan, insieme ad altri animali dello zoo, in rifugi per animali selvatici; ha anche raccomandato di insegnare il benessere degli animali nelle scuole, come parte degli studi islamici. In ottobre, un tribunale americano ha riconosciuto che un branco di ippopotami, originariamente portato in Colombia dal barone della droga Pablo Escobar, era una "persona interessata" in un processo per impedire il loro sterminio. Il Parlamento britannico sta attualmente considerando un disegno di legge, sostenuto dal primo ministro Boris Johnson, che prenderebbe in considerazione gli effetti dell'azione del governo su qualsiasi animale sensibile.

Anche se la questione immediata posta alla giudice Tuitt riguardava il futuro di un’elefantessa solitaria, il caso ha sollevato la questione più ampia se gli animali rappresentano l'ultima frontiera nell'espansione dei diritti negliUSA - una progressione segnata dalla fine della schiavitù e dall'adozione del suffragio femminile e del matrimonio gay. Queste pietre miliari sono state il risultato di campagne duramente combattute che si sono evolute nel corso di molti anni. Secondo un sondaggio Gallup del 2015, un terzo degli usamericani crede che gli animali dovrebbero avere gli stessi diritti degli esseri umani, contro un quarto nel 2008. Ma tale protezione degli animali avrebbe conseguenze di vasta portata, compreso l'abbandono di un paradigma secolare delle leggi sul benessere degli animali.

Le vere e proprie discussioni sul caso Happy sono iniziate il 23 settembre 2019, in un'aula con pannelli di quercia piena di giornalisti, difensori e avvocati dello zoo. Kenneth Manning, che rappresenta la Wildlife Conservation Society, che gestisce lo zoo del Bronx, ha fatto una breve arringa iniziale. Ha fatto notare che il querelante - il Nonhuman Rights Project, o NhRP - era già conosciuto nel sistema giudiziario di New York con una mezza dozzina di petizioni simili sugli scimpanzé. Erano tutte finite male. Manning ha letto ad alta voce una di queste decisioni, che sosteneva che "le asserite capacità cognitive e linguistiche di uno scimpanzé non si traducono nell'abilità o nella capacità di uno scimpanzé, come gli umani, di assumere obblighi legali o di essere ritenuto legalmente responsabile delle sue azioni", e che l'animale non aveva quindi diritto all'habeas corpus. Il NhRP ha replicato che "probabilmente il dieci per cento della popolazione umana nello Stato di New York ha dei diritti, ma non può assumersi delle responsabilità, o perché sono neonati o bambini o perché sono pazzi o in coma o altro".

09/03/2022

LUIS CASADO
Les conséquences économiques de la guerre

Luis Casado, 8/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

« Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie » est le titre d'un livre de l'inoubliable Bernrad Maris. Une guerre économique dans laquelle les petits soldats de plomb, c’est nous les sans-grade. Les multinationales s'occupent de la caisse et du profit. Les grandes puissances dirigent les opérations militaires. De ce point de vue, rien n'a changé. Les conséquences pour le personnel seront atroces, écrit Luis Casado.

Joe Biden

Joe Biden et les sanctions contre la Russie, par Hamzeh Hajjaj, Jordanie

Si vous pensez que le titre de cet article est inspiré du célèbre texte de John Maynard Keynes "Les conséquences économiques de la paix" (1919), vous avez tout à fait raison.

Keynes ne tourne pas autour du pot, même si ses positions ne lui valent aucun ami, ni dans l'appareil bureaucratique britannique, ni parmi les nombreux "faucons" favorables à des guerres auxquelles ils ne participent jamais.

Keynes, fervent partisan de la paix, a écrit que le traité de Versailles, signé à la fin de la Première Guerre mondiale (28 juin 1919), ne serait qu'un terreau fertile pour le nazisme et l'embryon d'une nouvelle guerre. Peu de temps après, l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ont corroboré l'intuition du grand économiste.

Bien sûr, il y avait (il y a) des points de vue opposés. Comme celle de deux économistes français, Antoine Parent et Gilles Vergnon, qui, en 2021, s'interrogeaient : "Faut-il désacraliser l'idole ?" (Revue de l'OFCE, 171, 2021/1).

Dans leur article, ils écrivent :

« En effet, nous revisitons la lecture canonique et angélique de l’œuvre et la confrontons, notamment, à une lecture tombée dans l’oubli, celle d’Etienne Mantoux, qui soulignait en 1946 les  apories et dangers du texte de Keynes (1919). Keynes fait-il dans The Economic Consequences of Peace (ECP, 1919) une lecture prémonitoire du nazisme ou son  texte a-t-il servi à l’Allemagne de prétex te pour ne pas payer le montant des réparations ? Keynes (1919) est-il le chantre du pacifisme ou l’inspirateur de l’appeasement et du défaitisme qui facilita le réarmement de l’Allemagne nazie dans l’entre-deux-guerres ? »

Si l'on comprend bien, le coupable de la Seconde Guerre mondiale, c’était John Maynard Keynes, qui était aussi un salopard de traître aux intérêts de la couronne britannique. Que faisait James Bond ?

(Soit dit en passant, en 1919, un chancelier social-démocrate, Friedrich Ebert, a écrasé la révolution de Berlin qui a mis fin à l'Empire et créé la République, massacrant allègrement le mouvement ouvrier allemand. Ebert fait assassiner ses anciens collègues du parti, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Pour cela, il n'utilise ni la police ni l'armée : il fait appel à des milices d'extrême droite qui deviendront plus tard les redoutables Schutzstaffeln, connues sous le nom de SS. Antoine Parent et Gilles Vergnon, deux révisionnistes de l'histoire, ne connaissent certainement pas l'histoire. Les sociaux-démocrates chiliens non plus : ils reçoivent de l'argent de la Fondation Friedrich-Ebert).

La critique grossière du texte de Keynes par Antoine Parent et Gilles Vergnon, 102 ans après sa publication, est du genre "dans la mesure du possible", et évoque ce que nous avons déjà entendu au Chili : « C'est le mieux qu'on pouvait faire ». Leur conclusion, peu argumentée, est la suivante :

« Reste que, quelles que soient les critiques que l’on puisse lui faire, il n’y avait guère d‘autre traité possible que le Traité de Versailles, et celui-ci fut d’emblée sapé par le retrait des États-Unis du dispositif prévu. Et il n’y avait guère de défaite « acceptable » dans une Allemagne où l’on n’avait pas le sentiment d’être réellement vaincu. Comme l’a écrit l’historienne canadienne Margaret Mc Millan, « les négociateurs se sont trouvés aux prises avec la réalité, non avec le possible, avec ce qui était, et non avec ce qui aurait dû être » » (Op. cit.)

Une manière très élégante de consacrer le découpage colonialiste du monde entier, ainsi que le rejet arrogant des demandes des dirigeants du tiers monde qui ont été allègrement ignorées. Parmi eux se trouvait un Asiatique insignifiant, mal habillé, portant des sandales, qui gagnait sa vie à Paris en faisant la plonge dans un restaurant. Personne ne l'a reçu. Ce pauvre homme est rentré dans son pays pour entamer l'une des plus longues guerres de libération jamais enregistrées, battant successivement le Japon, la France et les USA : le monde l'a connu sous le nom de Ho Chi Minh.....

Les économistes révisionnistes susmentionnés mentent. Travestir l'histoire est le recours de ceux qui n'ont pas d'arguments.

Si l'Allemagne n'a pas payé les réparations exigées à la fin de la Première Guerre mondiale (comme elle n'a pas payé celles de la Seconde Guerre mondiale...), c'est parce que ses ennemis, les USA, la France et la Grande-Bretagne, - dénoncés par Keynes qui n'était autre que le représentant du ministère des Finances britannique dans les négociations - étaient des empires coloniaux cupides qui en ont profité pour se partager la planète, et ont tenté de saigner l'Allemagne - éliminant ainsi un concurrent - en exigeant des réparations financières insensées. C'est ce que Keynes dénonçait : le montant des réparations exigées par les USA, la France et la Grande-Bretagne était destiné à mettre l'Allemagne à genoux, ce qui allait entraîner l’exact contraire des conséquences escomptées.

La lecture du texte des économistes révisionnistes fait sourire ces jours-ci, alors que l'Allemagne, sous prétexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, décide de faire ce qui lui était interdit jusqu'à présent : se réarmer. Seul un "économiste" peut s'en réjouir.

Course aux armements

C'est l'une des conséquences de la guerre : une accélération de la course aux armements en Europe, dont les effets dureront des décennies. Pour ne pas être en reste avec l'Allemagne, la France - dont le gouvernement assure à qui veut l'entendre qu'il n'y a pas d'argent - annonce une augmentation substantielle de son budget de défense.

Au moment où l'Europe doit investir dans l'éducation, dans la santé, dans la recherche scientifique, dans les infrastructures, pour inverser la désindustrialisation qui nous a laissés sans emplois, sans masques et sans médicaments face au Covid. Cette Europe qui doit investir dans le bien-être de sa population vieillissante : celle qui a produit la richesse aujourd'hui accumulée dans quelques mains et en particulier dans celles des patrons de l'industrie militaire.

Emmanuel Macron, qui grâce au coup de Poutine se voit épargner de devoir faire le bilan pathétique de son gouvernement, a dû prendre connaissance du rapport à l'Assemblée nationale de Jean-Louis Thiériot, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, qui affirme : « En cas de conflit de haute intensité, l'armée française pourrait se retrouver à court de munitions » (sic).

On a pu alors entendre la question : « Maman, c’est quoi, un conflit de haute intensité ? »

LUIS CASADO
Las consecuencias económicas de la guerra

 Luis Casado, 8-3-2022

"¡Qué la guerra económica es linda!" es el título de un libro del inolvidable Bernad Maris. Guerra económica en la que los soldaditos de plomo somos los pringaos. Las multinacionales cuidan la caja y el lucro. Las grandes potencias dirigen las operaciones militares. Desde ese punto de vista, nada ha cambiado. Las consecuencias para el personal serán atroces, dice Luis Casado.


Si piensas que el título de esta parida fue inspirado por el célebre texto de John Maynard Keynes “Las consecuencias económicas de la paz” (1919) tienes toda la razón.

Keynes no se fue por la ramas, aun cuando sus posiciones no le ganaron amigos ni en el aparato burocrático británico ni entre los numerosos ‘halcones’ partidarios de guerras en las que nunca participan.

Keynes, decidido partidario de la Paz, escribió que el Tratado de Versalles firmado al concluir la I Guerra Mundial (28 junio 1919), no sería sino el fértil terreno del nazismo y el embrión de una nueva guerra. Poco más tarde, la llegada al poder de Adolf Hitler y el estallido de la II Guerra Mundial vinieron a corroborar la certera intuición del gran economista.

Desde luego hubo (hay) opiniones opuestas. Como la de dos economistas franceses, Antoine Parent y Gilles Vergnon, que en el año 2021 se preguntaron “¿Hay que desacralizar al ídolo?” (Revue de l’OFCE, 171, 2021/1).

En su artículo escriben:

“En efecto, revisitamos la lectura canónica y angélica de la obra y la confrontamos, en especial, a una lectura caída en el olvido, la de Étienne Mantoux, que subrayaba en 1946 las aporías y peligros del texto de Keynes. ¿Hace Keynes en The Economic Consequences of Peace (1919) una lectura premonitoria del nazismo o su texto le sirvió a Alemania de pretexto para no pagar el monto de las reparaciones? ¿Keynes (1919) es el vocero del pacifismo o el inspirador de la conciliación y del derrotismo que facilitó el rearme de la Alemania nazi entre-las-dos-guerras?”

Si uno comprende bien, el culpable de la II Guerra Mundial fue John Maynard Keynes, que fue además un pinche traidor a los intereses de la corona británica. ¿Qué hacía James Bond?

(Dicho sea de paso, en 1919 un Canciller socialdemócrata, Friedrich Ebert, aplastó la Revolución de Berlín que le puso fin al Imperio y creó la República, masacrando alegremente el movimiento obrero alemán. Ebert hizo asesinar a sus ex compañeros de partido Karl Liebcknecht y Rosa Luxemburgo. Para ello no utilizó ni la policía ni el ejército: llamó a milicias de extrema derecha que más tarde se convertirían en las temidas Schutzstaffel que tu conoces como SS. Decididamente Antoine Parent y Gilles Vergnon, dos revisionistas de la historia, no la conocen. Los socialdemócratas chilenos tampoco: reciben plata de la Fundación Friedrich Ebert).

La ramplona crítica que Antoine Parent y Gilles Vergnon hacen del texto de Keynes, 102 años después de su publicación, es del tipo “en la medida de lo posible”, y evocan lo que ya escuchamos en Chile: “Esto es lo mejor que se podía lograr”. Su conclusión, escasa de argumentos, es la siguiente:

“Como quiera que sea, a pesar de las críticas que se le pueden hacer, no había prácticamente ningún otro Tratado posible más que el Tratado de Versalles, y este fue de entrada debilitado por la retirada de los EEUU del dispositivo previsto. Y no había derrota ‘aceptable’ en una Alemania en la que no había la sensación de haber sido derrotados. Como escribió la historiadora canadiense Margaret Mc Millan, ‘los negociadores se encontraron confrontados a la realidad, no con lo posible, se encontraron con lo que era, y no con lo que hubiese debido ser’”. (Op. cit.)

Una manera muy elegante de consagrar la repartija colonialista del mundo entero, así como el rechazo arrogante de las exigencias de los líderes del Tercer Mundo que fueron olímpicamente ignorados. Entre ellos había un asiático insignificante, pobremente vestido, calzado con sandalias, que se ganaba la vida en París lavando platos en un restaurant. Nadie lo recibió. Ese pobre tipo regresó a su país, para iniciar una de las más largas guerras de liberación de las que se tenga conocimiento derrotando sucesivamente a Japón, a Francia y a EEUU: el mundo lo conoció como Ho Chi Minh…

Los citados economistas revisionistas mienten. Travestir la Historia es el recurso de quienes no tienen argumentos.

NETA GOLAN
Israël m'a arrêtée pour avoir protesté contre le siège de Gaza. Voici pourquoi je refuse de comparaitre au tribunal

Neta Golan, +972 Magazine, 8/3/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Neta Golan est une militante israélienne anti-apartheid, membre active d'Israelis Against Apartheid, Return Solidarity et Boycott From Within. Elle vit à Naplouse avec son compagnon, leurs filles et leur chat, ce qui est considéré comme un acte illégal par les lois d'apartheid israéliennes.

En tant qu'Israélienne, il m'a fallu des années pour désapprendre le sionisme. Maintenant, ma solidarité avec les prisonniers palestiniens m'oblige à rejeter une convocation au tribunal.

Neta Golan se fait arrêter par les forces israéliennes lors d'une manifestation à Turmus Ayya, en Cisjordanie occupée, le 19 décembre 2014. (Avec l'aimable autorisation de Neta Golan)

 

Le 21 février, j'ai marché de chez moi, dans la vieille ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, jusqu'à un magasin du centre-ville, pour faxer une lettre au tribunal de première instance d'Ashdod. J'y avais été convoquée après avoir été arrêté en janvier 2020 lors d'une manifestation contre le siège de Gaza. Dans ma lettre, j'ai annoncé que je n'avais pas l'intention de me présenter à l'audience, par solidarité avec les détenus administratifs palestiniens qui sont en grève depuis le 1er janvier et qui boycottent le système judiciaire militaire pour protester contre la pratique abusive de la détention administrative.

 

Le propriétaire du magasin, qui n'avait aucune idée du contenu de la lettre, a refusé de prendre mon argent. Parce que je vis dans les communautés palestiniennes depuis 22 ans, je me suis presque habituée à ces gestes quotidiens de courtoisie et de générosité. Ils ne sont que l'expression d'un filet de sécurité invisible que j'ai appris à connaître et dont je dépends. Chaque société a ses problèmes, mais je me sens incroyablement chanceuse d'avoir l'honneur de vivre avec des Palestiniens.

 

Mais il n'en a pas toujours été ainsi. En grandissant à Tel Aviv dans une famille de Juifs ashkénazes, j'ai entendu dire que nous, Israéliens, étions moralement supérieurs aux « Arabes ». Mon père nous disait de surveiller nos sacs et nos poches chaque fois que nous entrions dans une zone palestinienne. Ma grand-mère nous avertissait qu' « un Arabe vous attrapera d'une main et vous poignardera dans le dos de l'autre », et nous disait autour de la table du dîner qu' « un bon Arabe est un Arabe mort ».

 

J'avais 16 ans lorsque la première Intifada a éclaté. Je savais très peu de choses sur l'occupation, et rien sur la Nakba, mais je comprenais que les Palestiniens se battaient pour leur liberté et que, en réponse, nous les tuions. Lorsque les accords d'Oslo ont été signés, j'ai espéré que les choses allaient s'améliorer et j'ai voulu participer à ce changement. J'étais loin de me douter qu'ils allaient se transformer en un nouveau mécanisme de dépossession des Palestiniens.

 

J'ai commencé à me rendre en Cisjordanie dans les années 90. Pendant la première année et demie, j'étais terrifiée à chaque fois que je montais dans un minibus palestinien partant de Jérusalem-Est occupée ; j'étais sûre que tout le monde autour de moi voulait me tuer. Et à chaque fois, après que mon anxiété se fut calmée, j'ai pu constater que ce n'était pas le cas. En fait, ils ne se préoccupaient pas du tout de moi - ils avaient en tête d'autres choses liées à leur propre vie. J'ai été choquée de découvrir qu' « ils » étaient de véritables êtres humains.

 

Neta Golan appréhendée par des soldats israéliens lors d'une manifestation d'activistes israéliens contre le siège de Gaza, du côté israélien de la barrière, décembre 2018. (Oren Ziv)

JORGE MAJFUD
La guerra que llevamos dentro


 Jorge Majfud, 8/3/2022

El año pasado publicamos que, luego de la costosa derrota de Washington en Afganistán, había que prepararse para una nueva guerra; que mucho antes que China vendría un conflicto con Rusia. Cuando la nueva guerra finalmente llegó, intentamos entenderla. Aparte de las donaciones que son como aspirinas cada vez que un país es invadido, la importancia de nuestros esfuerzos dialécticos, por importante que sea el medio donde se publican, es igualmente irrelevante.


Hay una realidad que no ocupa ni a tirios ni troyanos en los medios internacionales: la guerra que todos llevamos dentro y que, en gran medida, explica una parte de esta guerra y de todas las guerras políticas. Me dirán que eso pertenece a la psicología, que no debo meterme en esos temas. Bueno, en los más de 530 artículos que llevo publicados desde la catástrofe neoliberal en América latina a fines de los años 90, en todos los casos hice ejercicio ilegal de la profesión de ensayista. 

Para resumir, vamos a tomar un par de casos entre miles. Como dijo alguien hace mucho tiempo, voy a empezar hablando de mí mismo que es quien tengo más cerca.  

A principios de 2017, unos amigos de un medio español para el cual colaboré por muchos años, me pidieron que me pronunciara sobre el caso del conflicto en Cataluña. Les insistí que, aparte de aficionado a la cultura y la trágica historia de España, no era ni soy un experto en Cataluña y que, desde mi perspectiva exterior, había que dejar a los catalanes realizar su referéndum sobre la debatida independencia, como lo había hecho Escocia en 2014. Un referéndum no vinculante, como el que quiso hacer Manuel Zelaya en Honduras. Como resultado, al igual que me ocurrió con el caso de Honduras, perdí varios amigos. Llamémoslo así, “amigos”, aunque todos saben que los amigos de verdad no se pierden por diferencias políticas. Así, en unas pocas horas, pasé de ser, por años, “el intelectual más importante de América Latina” a la categoría de “idiota”. En ambos casos exageraban, aunque de lo último nadie nunca puede estar tan seguro.

Estrictamente lo mismo ha ocurrido con el conflicto de Ucrania. Mi posición, como en el caso de Cataluña, nada tiene de radical. Otra vez, asumo y reconozco que no soy un experto en temas de Ucrania. Sólo intento aportar una perspectiva exterior, basada en mis limitados conocimientos históricos y globales (¿qué no es este conflicto sino un choque histórico-geopolítico?). 

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05/03/2022

LUIS CASADO
L'Ukraine : un épiphénomène

Luis Casado, Grandes Alamedas Siglo XXI, 5-3-2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Esope avait tort quand il disait « l'insignifiance est une garantie de sécurité ». Au contraire, les faibles, les misérables, sont souvent utilisés comme chair à canon. Pire encore : il y a toujours des tueurs à gages pour jouer à titre bénévole de chefs de fanfare.

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Photo : Daniel K. Cheung, sur Unsplash

Je sais que ce titre va donner des boutons à certains gentils lecteurs. Je vous demande seulement de lire ce qui suit. ça en vaut la peine.

La guerre actuelle a, comme toute chose, une genèse. Une généalogie. Pour découvrir ses racines, il faut creuser profondément. La mémoire collective, affirmait Tony Blair, un politichien européen bien connu, ne remonte pas à plus de deux semaines.

Les USA sont entrés dans la Seconde Guerre mondiale un peu tardivement, et il existe des théories controversées sur les raisons de ce retard. Certains disent qu'il était utile d'attendre que les prétendants européens se détruisent entre eux avant de venir au secours de la victoire, d'autres que la population usaméricaine - sans oublier ses oligarques - ne voyait pas d'un bon œil le fait de se mêler des affaires d'un monde très éloigné d'elle.

Winston Churchill savait ce qu'il fallait pour convaincre le Sénat, la Chambre des représentants et Roosevelt lui-même d'entrer en guerre. Certains historiens soulignent que les USA ont provoqué, ou facilité, ou incité, l'attaque de Pearl Harbour dans le seul but de justifier auprès de l'opinion publique une décision qu'ils s'attendaient à voir largement impopulaire.

Les USA n'étaient pas encore sortis de la Grande Dépression, et personne ne savait que la guerre serait le levier magique qui créerait tous les emplois et l'activité industrielle qui propulseraient les USA à la tête de l'économie mondiale. Et du même coup au contrôle militaire d'une grande partie du monde.

L'intervention usaméricaine n'était pas free of charge (gratuite) : l'idée qu'il n'y a pas de repas gratuit faisait déjà partie de la philosophie locale. La facture envoyée ensuite au Royaume-Uni, à l'Allemagne, à la Russie et à d'autres pays européens était très salée.

Mais ce ne fut pas la seule conséquence : une grande partie de l'Europe dut continuer à accueillir gracieusement les troupes usaméricaines. Dans certains cas, jusqu’à aujourd'hui. Ceux qui ont appelé un chat un chat, comme Charles de Gaulle, ont appelé ça « un protectorat ». L'Europe est un « protectorat » usaméricain, ou, pour parler clair, une colonie.

Si vous en doutez, le coût pour l'Allemagne des 32 000 soldats de l'Empire stationnés sur son territoire a été de 1,1 milliard de dollars au cours de la décennie 2010-2019. Ce n'est pas moi qui le dis : c'est le ministère allemand des Finances qui l'a dit, en répondant à Brigitte Freihold, députée au Bundestag. Et l'Allemagne peut alléguer que d’autres pays d'Europe paient encore plus.

Quoiqu’il en soit, les USA dépensent plus pour la défense que les 29 alliés de l'OTAN. Vous me direz que c'est normal, étant donné que l'Empire, ce sont les USA. Nonobstant, Donald Trump s'est permis, à Bruxelles, de dire à cette bande de corniauds qu'ils devaient payer plus, en soulignant que 23 des 29 étaient en retard dans le paiement de leurs misérables contributions (https://www.youtube.com/watch?v=2Cm8Su-bbmw).

À ce jour, les USA paient 70 % du budget de l'OTAN : leurs dépenses militaires représentent 3,4 % de leur PIB, tandis que leurs "alliés" dépassent à peine 1 % du leur. Il n'est pas difficile de voir qui mène la barque dans cette curieuse « alliance ».

LUIS CASADO
Ucrania: un epifenómeno

Esopo se equivocaba al afirmar “La insignificancia es garantía de seguridad”. Por el contrario, los débiles, los miserables, suelen ser utilizados como carne de cañón. Lo peor: siempre hay sicarios que, voluntariamente, hacen de guaripolas

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Foto: Daniel K. Cheung, en Unsplash

Sé que el título le provocará erisipela a algunos amables lectores. Solo les pido leer lo que sigue. Merece la pena.

La guerra en curso tiene, como todo, una génesis. Una genealogía. Para descubrir sus raíces hay que cavar profundo. La memoria colectiva, aseveró Tony Blair, conocido politicastro europeo, no va más allá de un par de semanas.

EEUU entró en la II Guerra Mundial algo tardíamente, y hay controvertidas teorías acerca del porqué. Unos dicen que era útil esperar que los contendientes europeos se destruyeran mutuamente antes de venir a socorrer la victoria, otros que la población estadounidense –sin olvidar a sus oligarcas– no veía con buenos ojos inmiscuirse en los asuntos de un mundo que les caía lejos.

Winston Churchill supo lo que le costó convencer al Senado, a la Cámara de Representantes, y al propio Roosevelt, para entrar en guerra. Algún historiador señala que EEUU provocó, o facilitó, o incitó, el ataque a Pearl Harbour solo para justificar ante la opinión pública una decisión que preveían ampliamente impopular.

EEUU aun no salía de la Gran Recesión, y nadie sabía que la guerra sería la palanca mágica que crearía todos los empleos y la actividad industrial que proyectarían a EEUU a la cabeza de la economía mundial. Y de paso al control militar de buena parte del mundo.

La intervención estadounidense no fue free of charge: eso de que no existen almuerzos gratis ya formaba parte de la filosofía local. La factura enviada más tarde al Reino Unido, a Alemania, a Rusia y otros países europeos fue muy salada.

Pero esa no fue la única consecuencia: gran parte de Europa tuvo que seguir albergando, amablemente, las tropas estadounidenses. En algunos casos hasta el día de hoy. Quienes llamaron las cosas por su nombre, como Charles de Gaulle, lo definieron como “un protectorado”. Europa es “un protectorado” estadounidense, o sea, claramente, una colonia.

Si te caben dudas, el costo para Alemania de los 32 mil soldados del Imperio estacionados en su territorio fue de mil cien millones de dólares en la década 2010-2019. No lo digo yo: lo dijo el ministerio de Finanzas alemán, respondiéndole a Brigitte Freihold, diputado al Bundestag. Y Alemania puede alegar que otros países de Europa pagan aun más caro.

Como quiera que sea, EEUU gasta más en defensa que los 29 países aliados en la OTAN. Tú dirás que es normal, visto que el Imperio es EEUU. No obstante, Donald Trump se tomó la libertad, en Bruselas, de decirle a esa manga de manos de challa que tenían que pagar más precisando que 23 de los 29 estaban atrasados en el pago de sus miserables contribuciones (https://www.youtube.com/watch?v=2Cm8Su-bbmw).

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