08/08/2022

AVI BAR-ELI
Le seul résultat prévisible de l'opération de Gaza : un budget militaire israélien plus important

 Avi Bar-Eli, Haaretz, 8/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Lorsqu'un système politique instable est confronté à une menace grave pour la sécurité, le résultat immédiat est généralement un chèque en blanc pour l'establishment de la défense.

Des chars israéliens se rassemblent à la frontière de la bande de Gaza le 4 août 2022. Photo : Eliyahu Hershkovitz

Il n'est pas du tout clair que les événements militaires dans la bande de Gaza constituent une "opération". On ne sait pas pourquoi une opération a été annoncée, on ne sait pas quels sont ses objectifs, on ne sait pas qui a lancé la campagne, et le public n'a été informé d'aucun élément déclencheur qui justifierait une guerre.

En outre, aucune préparation inhabituelle n'a été constatée au sein des forces terrestres, il n'y a pas eu d'appel significatif aux réservistes et le message qu'Israël envoie est qu'il recherche le calme, pas l'escalade.

En d'autres termes, il ne s'agit pas d'une nouvelle guerre comme celles de mai 2021 ou de l'été 2014. Et tant que le Hamas reste à l'écart de la flambée sécuritaire du jour à Gaza, cela peut rester un incident limité - le genre qui n'a pas de conséquences budgétaires, le genre que l'armée est censée financer sur son budget ordinaire, même si pour une raison quelconque, elle a qualifié l'incident d'"opération".

Si le Hamas décide de se joindre aux combats, le tableau serait clairement différent. Mais pour l'instant, cette guerre ne semble pas impliquer 100 à 200 interceptions du Dôme de fer par jour ou la dépense de 200 millions de shekels (58 millions €) pour des milliers d'heures de vol, des armements et des paiements aux réservistes.

Dans ce contexte, le système politique a également adopté une position d'attente pour le moment. Le parti travailliste et le Likoud doivent tenir des primaires cette semaine, mais n'ont pas encore annoncé de changement de plan - ils attendent de voir ce qui se passe.

Mais s'il est prématuré de dire quoi que ce soit de précis sur les tactiques militaires ou politiques, peut-on déjà conclure quelque chose sur ce qui s'est passé dans la bande de Gaza depuis vendredi ? L'expérience passée montre que lorsqu'un système politique instable est confronté à une menace aiguë pour la sécurité, le résultat immédiat est généralement un chèque en blanc pour l'establishment de la défense, puisque « nous ne marchandons pas la sécurité ».

En d'autres termes, il n'y a pas de meilleur moment que celui d'aujourd'hui, avec un gouvernement intérimaire - ou avec un premier ministre qui a été élu peu après une opération militaire, comme ce sera le cas pour celui qui sera élu en novembre - pour soumettre des demandes budgétaires liées à la défense. En effet, dans ces circonstances, il n'y a aucune somme d'argent qu'un nouveau premier ministre n'acceptera pas de payer pour se protéger un peu des menaces extérieures jusqu'à ce qu'il parvienne à stabiliser sa situation intérieure.

AVI BAR-ELI
L'homme le plus riche d'Asie vient d'acheter le port israélien de Haïfa

Avi Bar-Eli, Haaretz, 17/7/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L'industriel milliardaire Gautam Adani, un ami proche du Premier ministre indien Narendra Modi, a acheté jeudi 15 juillet une participation majoritaire dans le port de Haïfa pour plus de 4 milliards de shekels [= 2 milliards €]. Cette transaction pourrait-elle déboucher sur une liaison ferroviaire avec la Jordanie ?

Le milliardaire indien Gautam Adani. Il est aujourd'hui la quatrième personne la plus riche du monde et le propriétaire du port de Haïfa. Photo : Tomohiro Ohsumi / Bloomberg

Dans le cadre de la visite du président usaméricain Joe Biden en Israël la semaine dernière, un sommet diplomatico-stratégique sans précédent a eu lieu jeudi après-midi.

Biden, le Premier ministre Yair Lapid, le dirigeant des Émirats arabes unis Mohammed bin Zayed et le Premier ministre indien Narendra Modi se sont rencontrés pratiquement sous l'égide du nouveau groupe créé par les USA, I2U2, pour accroître la coopération entrepreneuriale entre les quatre pays (et peut-être pour signaler aux Chinois qu'un nouveau forum stratégique a été créé pour contrer celui que la Chine a établi avec le Pakistan et l'Iran).

Alors que les quatre dirigeants ont surmonté les limites de Zoom et discuté de la nécessité d'investissements communs dans les infrastructures, la santé et la sécurité alimentaire, la nouvelle alliance semble déjà porter ses fruits.

L'empire des infrastructures appartenant à Gautam Adani, un ami personnel de Modi et la personne la plus riche d'Asie, a été déclaré vainqueur de l'opération de privatisation du port public de Haïfa, avec la société israélienne Gadot Chemical Terminals. Cette décision a été prise à la suite de l'immense pression exercée par les USA sur les Chinois pour qu'ils ne soumettent pas d'offre et après que les Émiratis se sont retirés à la dernière minute.

Adani Ports a offert un montant plutôt stupéfiant de 4,1 milliards de shekels (= 2 milliards €) pour le port, soit 55 % de plus que la deuxième meilleure offre. Il s'agit d'un prix beaucoup plus élevé que ce que le gouvernement avait d'abord prévu, avec un ratio cours/bénéfice de 18 (calculé approximativement, sur la base de la moyenne des trois dernières années). C'est comme si Adani disait : « Écartez-vous, il s'agit d'un achat stratégique - et pour nous, le prix est moins important ».

07/08/2022

FAUSTO GIUDICE
Le Troisième Homme
Note de lecture sur une histoire du Jihad islamique palestinien

Fausto Giudice, Basta!, 24/11/2014
Dans le monde polarisé où nous nous débattons, la pensée unique dominante est binaire : "où vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous". Et dans le cas de la situation dans laquelle la pauvre Palestine est engluée, cette pensée binaire est mise en œuvre avec de l'artillerie lourde, au propre comme au figuré. Il est ainsi devenu d'usage de présenter les acteurs palestiniens en les réduisant au duo de frères ennemis Fatah-Hamas, les premiers étant devenus présentables et cooptables dans le concert des partis "étatiques", car censés être laïcs, démocratiques et pacifiques, les seconds restant enfermés dans leur ghetto de Gaza, régulièrement soumis à une tempête de feu, d'acier et de sang, et presque hermétiquement clos depuis 8 ans, en plus de figurer sur les listes officielles d'organisations terroristes dressées par les puissances du "monde libre", lancées dans de nouvelles croisades. Encore que même cette pensée binaire soit constamment remise en cause par Netanyahou et ses acolytes, qui tentent de convaincre leurs alliés US et européens que "tout ça" –l'ensemble des partis et mouvements palestiniens - n'est qu'une seule et même bande d'exterminateurs de juifs.
Si l'on fait une recherche sur le moteur de recherche le plus en vogue, les occurrences de quatre mots que l'on obtient sont les suivantes :

Mot-clé
Langues en caractères latins
Arabe
Hamas
6 330 000 résultats
16 000 000 résultats
Fatah
42 600 000 résultats
32 400 000 résultats
OLP
23 300 000 résultats
1 120 000 résultats
Jihad islamique Palestine
180 000 résultats
1 600 000 résultats


Comme on le voit, il n'y a pas photo : l'organisation du Jihad islamique palestinien est pratiquement un fantôme médiatique. On ne peut donc que se réjouir du travail de recherche mené par trois auteurs appartenant, pour d'eux d'entre eux, à la nouvelle génération des "islamologues/orientalistes" français, et pour le troisième, à la diaspora palestinienne. Ils réunissent donc les trois conditions minimales requises pour une approche rationnelle/scientifique d'un mouvement politique arabe : la connaissance de la langue arabe, la connaissance personnelle des protagonistes, et une culture générale suffisamment vaste pour être en mesure de replacer les actes et les discours des acteurs étudiés dans un contexte historique, politique, culturel, social, militaire et religieux. 
http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-De_la_theologie_a_la_liberation__-9782707177810.html

Pour tous ceux et toutes celles qui ne peuvent se satisfaire de ranger les mouvements de résistance "islamistes" dans le grand fourre-tout des "barbus-fous (à lier) de Dieu", bons pour la géhenne, le livre de Wissam Alhaj, Nicolas Dot-Pouillard et Eugénie Rébillard, "De la théologie à la libération –Histoire du Jihad islamique palestinien" (La Découverte, octobre 2014, 214 p., 18 €), permettra une plongée dans un monde et une histoire inconnus de 99% des Occidentaux, pro-Palestiniens compris, avec un dosage équilibré d'empathie et de distance critique. On ne peut donc qu'en recommander la lecture, notamment aux militants français de gauche, partisans inconditionnels du Fatah et que la simple existence du Hamas et du Hezbollah gêne aux entournures quand elle ne leur donne pas des boutons : ils verront que les choses ne sont pas si simples, et que le Fatah est et a été beaucoup plus "islamique" qu'ils veulent bien le croire. 

GIDEON LEVY
Opération « Aube naissante » contre Gaza : encore et toujours la même politique d'Israël

Gideon Levy, Haaretz, 7/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Voilà ce qu'a écrit la présidente du parti travailliste israélien Merav Michaeli, quelques minutes après qu'Israël eut une nouvelle fois lancé un assaut criminel sur la bande de Gaza, un instant avant le meurtre du premier nourrisson palestinien, qui ne sera pas le dernier : « Les résidents d'Israël méritent de vivre en sécurité. Aucun État souverain n'accepterait qu'une organisation terroriste assiège ses résidents. ... Je soutiens les forces de sécurité ».


Benjamin Netanyahou n'avait pas encore réagi, Itamar Ben-Gvir ne s'était pas réveillé, Yoav Gallant n'avait pas encore menacé la tête du serpent, et déjà la lideure de la gauche sioniste s'aligne sur la droite, salue les militaires et soutient une guerre qui n'avait même pas commencé. Cette fois, elle a même fait plus fort que Shimon Peres.

On ne peut pardonner à Michaeli son incroyable manque de sens moral : après quatre jours de bouclage partiel volontaire dans le sud, la lideure de la gauche déclare qu'aucun État n'accepterait un « siège ». Sans sourciller, aucun État. Une membre du gouvernement qui est responsable d'un siège horrible de 16 ans ose être choquée par un bouclage partiel volontaire de 2 minutes. Au lieu de soutenir la retenue momentanée du gouvernement, qui a duré l'éternité de la vie d'un papillon (le temps passe, les élections approchent), le parti travailliste soutient une fois de plus une guerre choisie insensée, comme l'ont fait tous ses prédécesseurs. La gauche sioniste applique une fois de plus le deux poids-deux mesures. Peut-être qu'au moins maintenant, les partisans du centre-gauche vont comprendre : Il n'y a pas de réelle différence entre eux et la droite. Israël ne peut même plus prétendre qu'il n'a pas commencé cette guerre - dont le nom infantile, Operation Breaking Dawn, lui a été donné à la naissance - ou qu'il n'avait pas le choix. Cette fois-ci, ils ont même renoncé aux bruits de bottes préalables et sont allés droit au but : l'arrestation d'un chef du Jihad islamique en Cisjordanie, dont ils savaient à l'avance qu'elle provoquerait une réponse sévère, et l'assassinat d'un commandant dans la bande de Gaza, après lequel ils savaient qu'il n'y avait pas de retour possible, et Israël mène déjà une "guerre défensive", la guerre juste d'un État à qui tout est permis. Le pays pacifique qui ne veut que la sécurité de ses habitants - quel innocent. L'État qui a tout sauf la dissuasion : Il n'y a rien ni personne pour dissuader Israël d'attaquer Gaza.

LISA ROZOVSKY
Les espions juifs rivaux qui ont failli changer le cours de la Seconde Guerre mondiale

Liza Rozovsky, Haaretz, 6/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L'histoire de la rivalité acharnée entre deux agents juifs pendant la Seconde Guerre mondiale a conduit un historien à spéculer sur les nombreuses façons dont la guerre aurait pu se dérouler.

Photo : Collection Roger-Viollet via AFP

Au plus fort de la Seconde Guerre mondiale, Samson Mikiciński, un homme d'affaires juif polono-russe, a sauvé de Varsovie occupée des top-modèles, des femmes de la société et des parentes de dirigeants polonais en exil et les a fait passer clandestinement à Paris. À la même époque, Edward Szarkiewicz, un juif né dans l'Oblast de Lviv [Lvov/Lwów/Lemberg] en Ukraine sous le nom de Moses Szapiro, se convertit au christianisme et opère en tant que taupe britannique au sein des services de sécurité polonais. Leur rencontre fait l'objet d'un livre récemment publié en hébreu par l'historien Yaacov Falkov, « Entre Hitler et Churchill : Deux agents juifs et les efforts déployés par les services secrets britanniques pour empêcher un accord secret entre la Pologne et les nazis » (Magnes Press).

 

Mais cette histoire d'espionnage digne d'un thriller n'est que le tremplin sur lequel Falkov - chargé de recherche à l'Institut international de lutte contre le terrorisme de l'université Reichman (Herzliya) et conférencier dans cette université et à l'université de Tel Aviv - révèle une histoire non moins surprenante et bien plus importante : une tentative de dialogue clandestin entre le gouvernement polonais en exil à Londres et l'Allemagne nazie. Selon Falkov, cette tentative a été déjouée par les services secrets britanniques, avec l'aide de Szarkiewicz.

 

La plus spectaculaire de toutes est peut-être l'hypothèse de l'auteur selon laquelle si Mikiciński n'avait pas été enlevé alors qu'il était en plein milieu des contacts entre les nazis et les dirigeants polonais en exil, le cours de la guerre aurait été différent.

 

En prélude à son récit sur l’âpre rivalité entre les deux agents juifs, Falkov raconte les tentatives répétées du Troisième Reich de conclure un accord de paix avec les Polonais et les Britanniques immédiatement après l'invasion de la Pologne, en septembre 1939. Le livre fournit des détails sur les démarches allemandes auprès des Britanniques et sur les efforts de Berlin pour parvenir à un accord avec les responsables polonais, ce qu'elle a fait dès les premiers jours de la guerre.

 

« Des affirmations et des récits sur les contacts que les nazis ont eus avec les Britanniques et les Polonais au début de la guerre, dans le but de parvenir à la paix, ont été publiés par le passé », dit Falkov, lorsque nous nous rencontrons pour parler de son livre dans un café de Tel Aviv. « Mais à mon avis, il s'agissait d'épisodes séparés et sporadiques, qui ne donnent pas un tableau complet. Je pense avoir réussi à reconstituer ce puzzle. Je pense aussi que si nous continuons à creuser, nous découvrirons d'autres témoignages ».

 

D’Istanbul à la Palestine

 

Les efforts de sauvetage de Mikiciński, un homme polyglotte et casse-cou, ressemblaient à des voyages d'agrément ou à des épisodes d'un film de Quentin Tarantino. Les femmes en fuite et le passeur se déplaçaient d'une capitale européenne à l'autre dans des voitures de luxe et des avions de ligne, logeant pendant leurs voyages dans des hôtels de luxe. La capacité de Mikiciński à franchir les frontières (Falkov écrit qu'il traversait les frontières politiques de l'Europe déchirée par la guerre comme s'il s'agissait des frontières de l'Union européenne de notre époque) a une explication relativement simple : il était habile à corrompre les bonnes personnes aux bons endroits. Une fois, ce pouvait être le diplomate chilien qui lui a délivré un passeport diplomatique de son pays lui assurant un passage sûr en Pologne, en Roumanie et en Turquie ; une autre fois, c'est un haut responsable de l'Abwehr, les services de renseignements militaires allemands, le major Heinz-Heinrich Fabian, connu sous le pseudo de « Docteur Scholtz », qui a aidé Mikiciński à entrer et à sortir sans encombre de la Pologne occupée, lui permettant d'exécuter des missions pour le compte de l'ennemi de l'Allemagne, le gouvernement polonais en exil.

 

Qu'en est-il de ses coreligionnaires ? Les recherches de Falkov montrent que Mikiciński a également aidé des Juifs - principalement, semble-t-il, des Juifs aisés - à fuir la Pologne et la Roumanie. Les Juifs plaçaient également leurs capitaux entre ses mains, afin qu'il puisse aussi les faire sortir de leurs pays d'origine, ce qui est attesté, par exemple, par les réclamations faites contre les héritiers de Mikiciński des années après sa mort.

 

Le succès de Mikiciński, qui réussit à extraire de Varsovie occupée les familles des dirigeants polonais en exil, lui vaut leur confiance. Il devint particulièrement proche du ministre de l'Intérieur en exil, Stanislaw Kot. En tant qu'envoyé de Kot, il mène des négociations avec l'ambassadeur allemand à Ankara, Franz von Papen, et avec le diplomate Emil von Rintelen, qui est un proche collaborateur du ministre allemand des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop.

 

C'est là qu'intervient l'agent double Edward Szarkiewicz, qui opère pour le compte des services secrets britanniques, en coopération avec les services secrets turcs et avec des personnalités polonaises qui luttent contre le gouvernement en exil. Szarkiewicz a découvert le lien secret entre Mikiciński et les diplomates allemands, et a géré une opération complexe à Istanbul pour torpiller les négociations.

 

Sur ordre de Londres, il a attiré Mikiciński à une réunion avec un agent des services secrets turcs au début de 1941, où le Polonais s'est vu servir du café additionné d'un sédatif.

Étonnamment, il ne s'est pas endormi comme prévu, peut-être en raison de son physique robuste. Le seul recours était de le frapper à la tête et de le droguer avec un mouchoir imbibé de chloroforme tenu sur son visage.

 

06/08/2022

ANSHEL PFEFFER
De quoi ça a l’air, un·e Juif·ve ? Les Britanniques ne semblent pas le savoir
Note de lecture

Anshel Pfeffer, Haaretz, 5/8/2022. Photos de Robert Stothard
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Le nouveau livre du sociologue Keith Kahn-Harris prend à partie les médias britanniques pour l’image qu’ils donnent des Juifs. Mais les Juifs qui n’ont pas l’air de Juifs auront-ils une place dans une future Grande-Bretagne et ailleurs ?

Nous quittions une charmante petite osteria sur la côte italienne de la Ligurie lorsque mon fils de 16 ans m'a demandé : « Aba, pourquoi ils ont une photo de l'Holocauste ? » Je me suis précipité à l'intérieur. Je n'avais pas entendu dire qu'il y eût jamais eu une communauté juive dans la petite ville que nous visitions, mais je suis toujours à l'affût. La photo à laquelle il faisait référence était bien accrochée au mur. Il s'agissait d'un portrait de groupe en noir et blanc d'hommes italiens vêtus de leurs plus beaux habits du dimanche, fixant gravement le photographe il y a une centaine d'années. Mon fils de 16 ans est mieux éduqué sur l'histoire et le judaïsme que la plupart de ses pairs israéliens, du moins c'est ce que j'aimerais penser. Et pourtant, il a automatiquement pris un groupe de messieurs italiens pour juifs dans l'Holocauste simplement à cause de l'air sévère sur leurs visages et des longs costumes noirs et des chapeaux qu'ils portaient. Parce que c'est à ça que ressemblent les Juifs - et pas seulement dans son esprit. 

Keith Kahn-Harris : on comprend son look quand on sait qu'il a écrit sa thèse de doctorat en sociologie sur la musique "Metal extrême" au Royaume-Uni, aux USA, en Suède et en Israël, parue en 2006 sous le titre Extreme Metal: Music and Culture on the Edge

Keith Kahn-Harris est un homme aux multiples intérêts. Il semble presque injuste de l'appeler un sociologue juif, car il est tellement plus que cela. Il porte une large barbe luxuriante, mais si vous le voyiez à Londres, vous ne penseriez pas automatiquement qu'il est juif. Ce n'est pas ce genre de barbe et elle ne vient pas avec les autres accessoires. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un excellent sociologue qui possède certaines des idées les plus novatrices sur la société juive moderne, en particulier sur les Juifs de Grande-Bretagne.

Le dernier livre de Kahn-Harris, What Does a Jew Look Like ? [De quoi ça a l’air, un Juif ?], est l'exemple rare d'un livre né d'une frustration à l'égard des médias et qui en vaut la peine.

Cette photo d'hommes juifs marchant à Londres, le 17 janvier 2015, est ce que Keith Kahn-Harris a commencé à voir dans plusieurs articles sur les Juifs britanniques.

La frustration de Kahn-Harris vient des médias britanniques qui utilisent, dans chaque reportage sur les Juifs, quelle que soit leur appartenance ou leur conviction, les mêmes photos standard d'agence représentant des Juifs ultra-orthodoxes avec leurs longs manteaux et leurs chapeaux. C'est une frustration que beaucoup d'entre nous partagent en insistant sur le fait que la plupart d'entre nous ne sommes pas des Haredim et qu'en fait la plupart des Juifs ne ressemblent pas à cela. 

Rio, de Leeds

Non pas qu'il y ait quelque chose de mal à s'habiller comme un gentleman européen du 19ème siècle, mais il y a une raison pour laquelle seule une minorité de juifs a adopté ce look et s'y est tenue laborieusement jusqu'à ce jour.

Pour De quoi ça a l’air, un Juif ?, Kahn-Harris a fait équipe avec Robert Stothard, un photographe professionnel qui a pris l'une de ces photos d'archives d'hommes haredi qui ont été si souvent utilisées pour représenter les Juifs en général. Tous deux ont parcouru les îles britanniques, littéralement, pour photographier des Juifs de tous types et de toutes couleurs dans leur habitat naturel.

 
Tilla, d'East London

Il ne s'agit pas d'un livre typique sur les Juifs britanniques. Il ne célèbre pas le succès incontestable d'une communauté qui est représentée si fièrement dans tous les domaines de la vie publique britannique. Ce n'est même pas le portrait d'une communauté au sens propre. Certains des 29 Juifs photographiés dans le livre ne sont membres d'aucun segment de la communauté juive ; certains ne seraient même pas considérés comme de "vrais" Juifs par certaines de ces sections, en particulier celle si souvent utilisée dans ces photographies médiatiques comme représentative de tous les Juifs britanniques. 

Kenneth, de Sheffield

Luis E. Sabini Fernández
La buena conciencia liberal: bizca y tramposa
El caso ejemplar de Alberto Benegas Lynch (h)

Luis E. Sabini Fernández, 6/8/2022

Alberto Benegas Lynch (h) es considerado, como se dice ahora, un referente del pensamiento liberal.

Y ha escrito en su columna en el muy occidentalista diario El País (Montevideo, 30 jul. 2022) una columna titulada “Eduardo Galeano” con la que procura hacerle justicia al mencionado intelectual.

Nuestro autor (en adelante Benegas) se tranquiliza al saber que Eduardo Galeano ha rectificado sus planteos de Las venas abiertas de América Latina. No es muy explícito en los cambios que Galeano habría procesado. Por ejemplo, registra un comentario de ese autor (del año 2014) de que “no sería capaz de leer el libro de nuevo […] no volvería a leer Las venas abiertas de América Latina porque si lo hiciera caería desmayado.” Pero eso no es novedad en Galeano, puesto que él solía abandonar a su propia suerte, los escritos que publicaba. Se sentía, por el contrario, orgulloso de jamás mirar atrás. Y como, además, se sentía en proceso de perfeccionamiento, solía tener una mirada poco indulgente con su producción anterior.

Pese a que pasa por alto eso que es como una impronta en Galeano, Benegas  procura hacer justicia a “la admirable  honestidad intelectual de este notable escritor uruguayo”.

Y de inmediato surge la cuenta que le ha quedado pendiente: polemizar con Galeano. No pudo ser, explica, porque la muerte se llevó prematuramente al celebérrimo Galeano.

Benegas ha pensado largo y tendido, nos confiesa, cuán extraordinario espadachín habría sido un Galeano liberal “para persuadir a muchos de las ventajas del respeto recíproco y de los crímenes del Leviatán desbocado que aniquila el progreso muy especialmente de los más vulnerables.”

Benegas Lynch (h) recibió en 2017 el Premio Juan de Mariana, otorgado por el instituto español homónimo “a personalidades que se han destacado en la defensa y promoción de valores relacionados con el pensamiento liberal y la libertad individual”: “En un ambiente dominado por el keynesianismo, el socialismo y el cepalismo*, Benegas Lynch, gracias a la enorme influencia ejercida por su padre, quien le enseñó el camino de Mises, Hayek y Röpke, ha sido la voz que ha alumbrado las ideas de la libertad en Argentina. Y ahora, a sus 77 años, es homenajeado con este merecido reconocimiento.” Amén, Ite Missa Est.

Despacito y por las piedras. Nuestro autor condensa en esta cláusula una serie de afirmaciones de dudosos quilates y que en todo caso merecen un circunstanciado análisis.

“[…] las ventajas del respeto recíproco”. Tal vez leí mal. Pero me parece que ese pasaje alude al clima que otorga lo liberal. ¿En dónde? ¿Reciprocidad de respeto en el universo empresario? ¿En la empresa, en el establecimiento rural? ¿En la circulación de ideas? La frase nos resulta una pinturita estrafalaria, como marxista, pero de Groucho.

“[…] y de los crímenes del Leviatán desbocado.” Cuando un liberal luce su profesión de fe liberal –siempre con mucha autocomplacencia–, nos recuerda los horrores, verdaderos, de los Leviatanes, desbocados o refinados. Ejemplos abundan (estalinismo, nazismo, y no solamente con guante estatal, que también se han “lucido” el calvinismo, el Islam wahabita, el integrismo católico…), pero pasa por alto, como si fuera la cara oculta de la Luna, otro monstruo no menos temible que el Leviatán, habitado en el lucro y la libre empresa. ¿Existe acaso un universo más tiránico que el empresario? ¿Una modalidad menos democrática? (claro que las hay; cárceles, esclavitud… ¡pero a lo que hay que llegar para que empalidezca la heteronomía empresaria!).

¿Qué ha generado más muertes entre humanos que el mundo empresario? No estamos hablando solamente de casos como las trabajadoras que fueron encerradas un 8 de marzo, bajo llave y murieron asfixiadas y carbonizadas en un edificio fabril neoyorquino. Con ser 146 las mujeres asesinadas, casi todas extranjeras, inmigrantes, ese asesinato empresarial, atroz, modélico y machista, es casi insignificante ante los labrados por las compañías colonizadoras en África y Asia, por ejemplo.

05/08/2022

Luis E. Sabini Fernández
La naissance du chienfant*

 Luis E. Sabini Fernández, 4/8/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Nous vivons des temps de plus en plus accélérés.

Le changement climatique était autrefois mesuré ou ressenti en siècles. Aujourd'hui, il semble se mesurer en années, en très peu d'années. Le XXIe siècle semble être qualitativement différent du XXe siècle, par exemple en ce qui concerne l'accélération des événements.

La décomposition de l'Empire britannique a pris des siècles.

Et celle du communisme soviétique des décennies.

Cependant, il semble que nous soyons maintenant dans des périodes plus accélérées. Un changement substantiel du concept de santé, qui était jusqu'à très récemment un "état normal", "sans maladie", nous est maintenant présenté par l'industrie des laboratoires et les administrations médicales à son service comme ce qu'il faut obtenir par des soins et une couverture permanente, et avec les "vaccinations" comme passeport sûr.

Nous semblons voir la même chose avec le régime fiduciaire. Le financier est censé servir les biens économiques que l'on nous dit avoir, aujourd’hui ou demain. Ce réseau financier mondial, avec les dollars, les yuans, les livres, les euros, les roubles, les yens, qui a donné naissance, comme une grand-mère, aux crypto-monnaies, semble aussi se décomposer à un rythme de plus en plus accéléré....

Et ce rythme de plus en plus accéléré (de transformation, de changement, de liquidation) semble également s'appliquer à la famille … humaine.

De la famille traditionnelle, multigénérationnelle, nous sommes passés, dans les environnements urbains, plutôt comprimés dans des zones de plus en plus petites, à des familles nucléaires, également connues sous le nom de familles "type". Jusqu'à récemment : papa, maman et enfants (idéalement deux).

Mais les changements avancent à grands pas. On assiste à l'apparition d'une génération de couples monofiliaux, qui ignore (par ignorance ou délibérément) le désastre psychique de la Chine avec ses quinze ou vingt ans de familles à enfant unique (presque toujours des garçons, non pas parce que la biologie a décidé de modifier notre structure génétique, mais parce que les couples ont généralement choisi de n'avoir que des garçons pour assurer leur vieillesse), Cela a augmenté l'infanticide des filles, avec une différence démographique substantielle entre les garçons et les filles, une misère affective conséquente dans la vie adulte pour bon nombre de garçons, et, non des moindres, une distorsion des processus de socialisation avec des enfants uniques....

Mais le passage de la famille type (de 4 personnes) à la famille de 3 personnes (père mère progéniture), un trio différent à un autre schéma familial très récent, également de 3 ou 2 personnes (familles monoparentales) n'a pris que quelques décennies (même pas un demi-siècle, j'ose l'estimer).

 

De l’enfant au chien

Et une nouvelle configuration familiale devient de plus en plus visible et pertinente : le couple avec chien.  Jeune couple avec un chien. Des couples qui, de par leur nature même, sont rares, peu sûrs d'eux, ou en raison de leur vision de plus en plus conflictuelle de "l'état du monde", choisissent de ne pas avoir d'enfants (ou du moins, de retarder la décision d'en avoir ou non).

L'affectivité non érotique est donc transmise par le canal des pets (animaux de compagnie). Nous devons le dire en anglais, non seulement parce que le colonialisme mental qui nous gouverne quotidiennement à partir des médias d’incommunication de masse nous marque comme une société colonisée, mais aussi parce que le phénomène que nous pointons du doigt commence dans le lieu d'où la modernité a été le plus impulsée : les USA.

Le pays qui possède des cimetières somptueux et solennels pour ses animaux de compagnie ; la langue dans laquelle le traditionnel "it" pour les animaux (et les choses), qui réservait le "she" et le "he" aux humains, a été radicalement modifié puisqu'aujourd'hui on utilise le "she" et le "he" pour les chiens et les chiennes.

Le couple avec un chien génère tout un réseau d'affectivités qui reflète sans doute les besoins de notre présent ; le chien est fidèle, inconditionnel, affectivement sécurisant... Ainsi, le chien gratifie son maître, qui n'obtiendra sûrement pas un tel degré d'attachement dans bien d'autres relations (que ce soit avec des humains, des institutions ou d'autres animaux, comme les chats, par exemple).

Luis E. Sabini Fernández
Perro, nuevo vástago humano

 Luis E. Sabini Fernández, 4/8/2022

Vivimos tiempos cada vez más acelerados.

Los cambios climáticos otrora, se medían o se sentían en siglos. Hoy parece que los tenemos en años, en muy pocos años. El s. XXI parece un siglo distinto, cualitativamente, del s XX, por ejemplo, en la aceleración de los acontecimientos.

Tardó siglos la descomposición del British Empire.

Y décadas la del comunismo soviético.

Sin embargo, nos parece estar ahora en eras más aceleradas. Un cambio sustancial del concepto de salud, que fue hasta hace muy poco ‘estado normal`, ‘sin enfermedad’, hoy la industria laboratoril y las administraciones médicas a su servicio nos lo presentan como lo que se obtendría mediante asistencias y coberturas permanentes, y con “vacunas” como el pasaporte seguro.

Lo mismo nos parece ver con la trama fiduciaria. Se supone que lo  financiero está al servicio de los bienes económicos que se nos dice tenemos, tendremos o tendríamos. Esa red financiera, mundial, con dólares, yuanes, libras, euros, rublos, yenes, que ha parido, como la abuela, criptomonedas, también parece en descomposición crecientemente acelerada…

Y esto de los ritmos cada vez más acelerados (de transformación, cambio, liquidación) parece aplicarse también a la familia… humana.

De la familia tradicional, multigeneracional, hemos pasado, en los medios urbanos, más bien comprimidos en superficies cada vez menores, a familias nucleares, también llamadas tipo. Hasta hace un tiempo: pa, ma e hijos (óptimamente, dos).

Pero los cambios sobrevienen galopantes. Aparece una generación de parejas monofiliales, que ignora (por ignorancia supina o deliberadamente) el desastre psíquico de China con sus quince o veinte años de familias con un solo hijo (casi siempre varones, no porque la biología haya decidido cambiar nuestra estructura genética, sino porque las parejas generalmente elegían tener sólo varones como reaseguro de su vejez, con lo cual se acrecentó el infanticidio sobre niñas, con una diferencia demográfica sustancial entre niños y niñas, una consiguiente miseria afectiva en la vida adulta de una buena cantidad de varones, y, no menos importante, una distorsión de los procesos de socialización con hijos únicos…

Pero el pasaje de la familia tipo (de 4) a la de 3 (padre madre vástago, un trío distinto a otro esquema familiar muy reciente, también de 3 o de 2 miembros; (familias monoparentales) tomó escasas décadas (ni medio siglo, me atrevería a estimar).


Del hijo al perro

Y una nueva configuración familiar se va haciendo cada vez más visible y relevante: pareja con perro.  Pareja joven con perro. Pareja que por su propia naturaleza; escasa, insegura, o por su visión crecientemente conflictiva del “estado del mundo”, opta por no tener hijos (o por lo menos, posterga la decisión de tenerlos o no).

Por lo tanto, la afectividad no erótica se libra por el canal pet. Hay que decirlo en inglés, no solo porque el colonialismo mental que nos gobierna a diario desde los medios de incomunicación de masas nos marque como sociedad colonizada, sino porque el fenómeno al que estamos apuntando se inicia en el sitio desde el cual más se ha impulsado la modernidad actual: EE.UU.

El país con cementerios suntuosos y solemnes para sus mascotas; el idioma en que el tradicional “it” para animales (y cosas), que reservaba el she y el he para humanos, se ha modificado radicalmente porque hoy en día se usa ella (she) y él (he) para perras y perros.

La pareja con perro genera toda una red de afectividades que sin duda refleja necesidades de nuestro presente; el perro es fiel, incondicional, afectivamente seguro, Así mirado, el perro gratifica a su dueño/a, que seguramente no conseguirá tal grado de apego desde muchas otras relaciones (ya sea con humanos, instituciones u otros animales, como el gato, por ejemplo).

04/08/2022

HAARETZ
Le Fonds national juif blanchit le vol des terres palestiniennes

Haaretz, Éditorial, 4/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Rien n'illustre mieux le mode opératoire du projet de colonisation des territoires occupés depuis 1967 que la séance que tiendra ce jeudi le conseil d'administration du Fonds national juif d'Israël (connu en hébreu sous le nom de Keren Kayemeth LeIsrael, KKL).

Manifestation contre la politique du Fonds national juif en Israël et dans les colonies, cette année. Photo : Émile Salman

Le conseil d'administration doit voter sur une allocation de 61 millions de shekels [=17,8 millions €] pour l'achat de terres palestiniennes dans la vallée du Jourdain. Cela fait partie d'un accord que le ministère de la Défense fait pression pour conclure (comme l'a rapporté Hagar Shezaf). Pourquoi le ministère de la Défense devrait-il être impliqué dans les transactions foncières du FNJ ? Pourquoi le ministère chargé de préserver la sécurité nationale fait-il pression sur une institution nationale pour qu'elle achète des terres en Cisjordanie ? Et pourquoi le JNF est-il impliqué dans le "rachat" de terres dans les territoires occupés comme si l'État d'Israël n'avait jamais été fondé ?

Les terres en question sont des terres palestiniennes privées qu'Israël a fermées par injonction militaire en 1969 et qui ont ensuite été données aux colons pour qu'ils les cultivent dans les années 1980, selon le mauvais vieux système. Depuis lors, elles sont utilisées pour la culture de dattes destinées à l'exportation, qui est en hausse. En 2018, certains de leurs propriétaires palestiniens ont adressé une pétition à la Cour suprême, demandant l'annulation de l'injonction militaire et le départ des colons. C'est ainsi que le ministère de la Défense s'est retrouvé dans un imbroglio juridique.

« Je ne savais pas », a affirmé l'État pour sa défense lors des audiences sur la pétition. Il ne savait tout simplement pas comment les colons avaient commencé à exploiter les terres palestiniennes privées, ni comment l'État ou le département des colonies les avaient attribuées. La présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, s'est interrogée à juste titre : « Étant donné que vous n'êtes pas en mesure d'expliquer comment la terre a été donnée à qui elle a été donnée, cela leur donne-t-il le droit d'y rester pour toujours ? ». Le ministère de la Défense le pense, apparemment. Plutôt que d'annuler l'injonction militaire et de faire partir les colons, le ministère a décidé de faire en sorte que le JNF achète les terres aux Palestiniens. Et en fait, le JNF, via sa filiale Himnuta, a signé un contrat pour acheter un millier de dunams [= 100 ha], par étapes.

Mais après l'achat de 411 dunams, la transaction a été interrompue en raison de critiques, car l'achat de terres en Cisjordanie est un sujet controversé au sein du JNF, dont le conseil d'administration comprend des représentants de la gauche. Selon des sources du JNF, le ministère de la défense a récemment repris contact avec l'organisation, lui demandant de conclure la transaction. Ce que le conseil d'administration votera jeudi est également lié à un compromis mystérieux dont il est impossible de rendre compte en raison d’une ordonnance de non-publication. Ainsi, les différentes branches du mouvement de colonisation et les opérations d'acquisition de terres dans les territoires se poursuivent sous le couvert de l'obscurité.

Si Israël veut vivre et prospérer, un changement fondamental est nécessaire, y compris le démantèlement d'institutions nationales comme le JNF. En attendant, on ne peut qu'espérer que le conseil d'administration ne dispose pas d'une majorité en faveur de cet accord, ce qui blanchirait le vol. Nous espérons également que le tribunal ordonnera au ministère d'annuler l'ordre, de retirer les colons des terres et de les rendre à leurs propriétaires palestiniens.