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05/10/2022

MINNIE BRUCE PRATT
Les prisonniers d'Alabama mènent une grève massive

Minnie Bruce Pratt, Workers World, 4/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

2 octobre - Au cri de « Nous ne contribuerons plus à notre propre oppression », des milliers de travailleurs incarcérés dans le système carcéral de l'Alabama ont entamé une grève massive le 26 septembre pour protester contre les conditions brutales, les condamnations racistes et l'exploitation de leur travail.


Rassemblement de soutien à la grève des prisons de l'Alabama, Montgomery, 26 septembre 2022


Environ 25 000 personnes se trouvent dans les 14 principales prisons de l'État. Elles effectuent toutes les tâches nécessaires au maintien de la vie dans les établissements - cuisine, nettoyage, fabrication des uniformes, réparations et travaux d'équipement.

L'organisation de la grève a commencé en juin par le biais du Free Alabama Movement (FAM), à l’intérfieur des murs et avec le soutien du groupe de défense Both Sides of the Wall [Les deux côtés du mur]. Ces groupes ont estimé qu'environ 80 % des personnes présentes dans les prisons de l'Alabama sont en grève. (New York Times, 28 septembre)

Le premier jour de la grève, Both Sides of the Wall a organisé un rassemblement d'anciens détenus, de membres de leur famille et de sympathisants devant le département des services correctionnels de la capitale de l'État, Montgomery. Les orateurs ont demandé l'amélioration des soins médicaux et des conditions de détention, ainsi que la réforme des lois sur les peines et la libération conditionnelle.

Dans un communiqué de presse publié le 28 septembre, le département correctionnel de l'Alabama a pris la décision inhabituelle de confirmer qu'il y avait un “arrêt de travail” dans la plupart des prisons. La déclaration de l'ADOC rompt avec le déni habituel de l'action politique des détenus et renforce la probabilité que la participation soit généralisée.

Petit-déjeuner du premier jour de la grève  au centre correctionnel de Bibb. C'est [leur] tactique de rupture. Restez forts et persévérez. C'est la version moderne de "Pharaon... Laisse partir mon peuple". (Photo : @FREEALAMOVE)

Pour tenter de briser la grève, les autorités pénitentiaires ont réduit la nourriture à des repas froids, deux fois par jour, et ont fait venir de l'extérieur des prisonniers en permission de sortie pour travail, les forçant à préparer la nourriture. L'État a également mis en place des escouades anti-émeutes, selon les messages du FAM :

« Jour 5 : Alors que la grève historique des prisons de l'Alabama touche à la fin dans sa première semaine, il semble assez clair que l'ADOC veut la violence. Au cours des 72 dernières heures, l'ADOC a commencé à appeler des équipes anti-émeute dans les prisons en uniforme CERT [équipe d'intervention d'urgence correctionnelle], même si les grèves du travail ont représenté les périodes les plus pacifiques d'incarcération dans les prisons agitées de l'Alabama. »

Revendications des travailleurs incarcérés

En 2020, le ministère de la Justice a intenté un procès à l'État d’Alabama, alléguant que les conditions dans les prisons pour hommes violent la Constitution en raison de l'incapacité à protéger les hommes contre la violence entre prisonniers, les abus sexuels et l'usage excessif de la force par le personnel, et de l'incapacité à maintenir des conditions sûres. Le rapport a révélé que les principales prisons de l'Alabama étaient utilisées à 182 % de leur capacité.

04/10/2022

KIT KLARENBERG
Petit décodage de la guerre online du Pentagone contre l'Iran

Kit Klarenberg , The Cradle, 1/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Kit Klarenberg est un journaliste d'investigation britannique dont le travail explore le rôle des services de renseignement dans la formation de la politique et des perceptions. @KitKlarenberg

PdT (Préambule du traducteur)

Tout comme Blanche-Neige voyait des nains partout, certains voient des complots partout. Je ne suis pas de ceux-là. La révolte en cours des femmes et de la jeunesse d’Iran évoque à la fois les révolutions arabes de la décennie passée et le mouvement Black Lives Matter en réaction au meurtre policier de Georg Floyd aux USA. La mort suspecte de Jhina (“Mahsa”) Amini, interpellée par la police des mœurs à Téhéran pour « port non conforme de hijab », a joué le même rôle que l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid : celui de « l’étincelle qui a mis le feu à la plaine ». Deux versions des raisons de sa mort s’opposent : d’un côté, les autorités iraniennes – qui ont diffusé une vidéo montrant une femme voilée s’écroulant tout à coup dans une salle d’attente, sans qu’il soit possible de savoir s’il s’agissait bien de Jhina Amini – affirmant que la jeune femme, épileptique, diabétique et ayant subi une opération du cerveau à l’âge de 5 ans, avait eu une attaque cardiaque ; de l’autre, la famille de Jhina et des femmes interpellées en même temps qu’elle, affirmant qu’elle a reçu des coups sur la tête de policiers des mœurs, ce qui a entraîné sa mort 2 jours plus tard. Quelle que soit la vérité, plusieurs évidences s’imposent : 1-il y a en Iran un ras-le-bol généralisé bien réel et indéniable, en particulier chez les femmes ; 2-chaque soulèvement contre le régime des ayatollahs est une occasion en or de jeter de l’huile sur le feu pour les “usual suspects”, de la CIA et du CENTCOM à la Voice of America. La CIA en particulier voudrait bien faire oublier son plus lamentable échec historique : ne pas avoir été fichue de voir venir la révolution dite islamique de 1979 et la chute de son chouchou le Chah ; 3-voir dans l’actuel soulèvement en Iran un simple complot impérialiste, une énième "révolution de couleur", relèverait de la bêtise et de la paranoïa.

Nous faisons donc confiance à l’intelligence des lecteur·rices pour faire le tri dans les intéressantes informations données ci-dessous et tirer leurs propres conclusions.-FG

D'un simple clic de bouton aux USA à la violence dans les rues de Téhéran, les dernières manifestations en Iran sont conçues et provoquées de l'extérieur


Les troubles civils en Iran en réponse à la mort récente de Mahsa Amini, 22 ans, alors qu'elle attendait [sic, NdT] dans un poste de police de Téhéran, bien que fondés sur des griefs légitimes, portent également la marque d'une guerre secrète commanditée par l'Occident, couvrant de multiples fronts.

Quelques jours seulement après le déclenchement des manifestations, le 16 septembre, le Washington Post a révélé que le Pentagone avait lancé un vaste audit de tous ses efforts de psyops [opérations psychologiques] en ligne, après qu'un certain nombre de comptes bot & trolls exploités par sa division de commandement central (CENTCOM) – qui couvre toutes les actions militaires usaméricaines en Asie occidentale, en Afrique du Nord et en Asie du Sud et centrale – avaient été exposés, puis interdits par les principaux réseaux sociaux et espaces en ligne.

Les comptes ont été décortiqués dans une enquête conjointe menée par la société de recherche sur les médias sociaux Graphika, et l'Observatoire Internet de Stanford, qui a évalué « cinq ans d'opérations d'influence secrète pro-occidentale ». [l’enquête constate que les faux comptes se présentant comme iraniens ont eu très peu de followers, et donc que leur influence a été quasiment nulle, NdT]

Publiée à la fin du mois d'août, elle a fait l'objet d'une couverture médiatique minimale en anglais à l'époque, mais elle a manifestement été remarquée, suscitant des inquiétudes au plus haut niveau du gouvernement usaméricain, ce qui a motivé l'audit.

Alors que le Washington Post suggérait sans peur du ridicule que l'ombrage du gouvernement découlait des activités manipulatrices et flagrantes du CENTCOM qui pourraient compromettre les « valeurs » usaméricaines et sa« position morale élevée », il est tout à fait clair que le véritable problème était que le CENTCOM avait été mis à poil.

#OpIran

La compétence géographique du CENTCOM inclut l'Iran, et étant donné le statut de longue date de la République islamique en tant qu'État ennemi clé des USA, il n'est peut-être pas surprenant qu'une partie importante des efforts de désinformation en ligne et de guerre psychologique de l'unité l’aient ciblée.

Une stratégie clé utilisée par les spécialistes militaires usaméricains des psyops est la création de plusieurs médias fictifs publiant des contenus en farsi. De nombreux canaux en ligne ont été maintenus pour ces plateformes, couvrant Twitter, Facebook, Instagram, YouTube et même Telegram.

Dans certains cas également, de faux journalistes et experts, avec de nombreux « followers » sur ces plateformes, ont émergé, ainsi que des photos de profil créées via l'intelligence artificielle.

LEA MELANDRI
Pourquoi cette marée de filles devrait-elle voter pour vous ? Finie l'histoire où le seul verbe qui compte est masculin

Lea Melandri, il Riformista, 2/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Pourquoi cette “marée” de filles devrait-elle voter pour vous, alors que vous ne les voyez même pas, que vous passez à la télévision à toute heure et que leurs manifs multitudinaires ne font même pas la une des journaux télévisés, qu'aucun journaliste ne songe à enquêter sur les besoins, les désirs et les rêves d'une génération qui a beaucoup à vous apprendre sur la crise du modèle de civilisation dont nous avons hérité, patriarcal, capitaliste, raciste et avec des remugles nostalgiques de régimes autoritaires ?

 


Pourquoi devraient-elles s’intéresser à des institutions qui n'ont montré aucun signe de capacité de renouvellement, alors même qu'elles ont été titillées par des mouvements anti-autoritaires, libertaires, solidaires, qui n'ont jamais fait défaut dans notre pays et qui remettaient en cause leur conservatisme, leur nombrilisme ? Pourquoi s'intéresseraient-elles à vos “aveux” fatigués et répétés d'erreurs, de lacunes, vos promesses de renouveau, alors que les gouvernements que nous avons en face de nous depuis des années nous conduisent au désastre, à la pauvreté croissante, à la violence contre les femmes, à l'expansion de l'arsenal de guerre, à l'hostilité envers les migrants, à la nostalgie fascistoïde qui menace les droits et libertés acquis ?

Pourquoi, en tant que féministes, devrions-nous accorder du crédit aux femmes qui n'émergent que parce qu'elles sont intégrées à votre propre vision du monde, prêtes à soutenir votre faiblesse croissante par leur force ? Ce n'est pas l'Histoire qui est terminée. C'est “votre” histoire qui est finie, celle qui a cru pouvoir diriger le monde en excluant la moitié de l'espèce humaine, celle qui a cru pouvoir faire passer pour "neutre" et "universelle" la parole d'un seul genre, le masculin. Passez outre, faites enfin bon usage de cette "ratio", de ce "logos", que vous avez si arrogamment élevé au-dessus de toutes les autres facultés humaines, identifiées à un féminin - corps, nature, animalité.

Dès son émergence au début des années 1970, il était clair que la remise en cause la plus radicale de la politique, à partir de ses origines, était née avec le féminisme : la séparation entre le corps et la polis, entre un sexe gagnant et l'autre exclu, considéré comme "vie inférieure ". La prise de conscience du fondement sexiste et patriarcal d'une communauté historique d'hommes qui s'était érigée comme l'humain dans son accomplissement est remontée à la surface. Avec une pratique qui redécouvrait la politisation d'expériences humaines essentielles, telles que la sexualité, la maternité, et tous les événements dont le corps est partie prenante, relégué à l'immobilité des lois naturelles, il était clair que la politique, pour être encore crédible, devait se redéfinir. Ce n'était pas le cas. Bien que le mouvement des femmes soit le seul à avoir survécu à la fin de la décennie des années 1970, combien de fois avons-nous entendu ou lu de la part d'experts, de politiciens et d'intellectuels connus qu'il était "mort" ou "silencieux", sauf pour le faire redescendre dans la rue lorsque cela servait leurs intérêts politiques ?

JEFFREY D. SACHS
En Ukraine, le Grand Jeu devient incontrôlable

 Jeffrey D. Sachs, Other News, 28/9/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Jeffrey David Sachs (Detroit, 1954) est un économiste usaméricain, universitaire, analyste des politiques publiques et ancien directeur de l'Institut de la Terre à l'Université Columbia, où il et professeur et directeur du Centre pour le développement durable. Président du Réseau des solutions de développement durable des Nations Unies, il a été conseiller de trois secrétaires généraux des Nations Unies et est actuellement défenseur des ODD (objectifs de développement durable) auprès du secrétaire général António Guterres.

Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller usaméricain à la sécurité nationale, est célèbre pour avoir décrit l'Ukraine comme un « pivot géopolitique » de l'Eurasie, central pour les puissances usaméricaine et russe.  Étant donné que la Russie considère que ses intérêts vitaux en matière de sécurité sont en jeu dans le conflit actuel, la guerre en Ukraine est en train d’escalader rapidement vers une confrontation nucléaire.  Il est urgent que les USA et la Russie fassent preuve de retenue avant que la catastrophe ne se produise. 



Depuis le milieu du XIXe siècle, l'Occident a été en compétition avec la Russie sur la Crimée et plus particulièrement, sur la puissance navale en mer Noire.  Pendant la guerre de Crimée (1853-1856), la Grande-Bretagne et la France s'emparèrent de Sébastopol et bannirent temporairement la marine russe de la mer Noire.  Le conflit actuel est, en substance, la Seconde Guerre de Crimée.  Cette fois, une alliance militaire dirigée par les USA cherche à étendre l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie, si bien que cinq membres de l'OTAN encercleraient la mer Noire. 

Depuis longtemps, les USA considèrent tout empiètement des grandes puissances de l'hémisphère occidental comme une menace directe à leur sécurité, depuis la doctrine Monroe de 1823, qui dit : « Nous devons donc à la franchise et aux relations amicales qui existent entre les USA et ces puissances [européennes] de déclarer que nous devrions considérer toute tentative de leur part d'étendre leur système à n'importe quelle partie de cet hémisphère comme dangereuse pour notre paix et notre sécurité. »  

En 1961, les USA ont envahi Cuba lorsque le dirigeant révolutionnaire cubain Fidel Castro s'est tourné vers l'Union soviétique pour obtenir son soutien.  Les USA n'étaient pas très intéressés par le « droit » de Cuba de s'aligner sur le pays qu'il voulait – la revendication qu'ils font valoir concernant le prétendu droit de l'Ukraine de rejoindre l'OTAN.  L'échec de l'invasion usaméricaine en 1961 a conduit à la décision de l'Union soviétique de placer des armes nucléaires offensives à Cuba en 1962, ce qui a conduit à la crise des missiles cubains il y a exactement 60 ans ce mois-ci.  Cette crise a mis le monde au bord de la guerre nucléaire.  

03/10/2022

YOSSI MELMAN/MOSHE SHAVERDI
Les fatidiques 48 heures du Mossad avant la guerre du Yom Kippour (Octobre 1973)

 Yossi Melman & Moshe Shaverdi, Haaretz, 29/9/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Yossi Melman (Pologne, 1950) est un écrivain et journaliste d'investigation israélien. Il est chargé du renseignement et des affaires stratégiques au quotidien Haaretz. Bibliographie. @yossi_melman

Moshe Shaverdi est un chercheur indépendant qui étudie la guerre du Yom Kippour.

Un groupe d'anciens agents du Mossad a décidé de vérifier si des informations cruciales sur la guerre imminente auraient pu être obtenues plus tôt

Récemment, certains membres d'Agmon, une organisation d'anciens membres et retraités du Mossad, ont décidé d'examiner les actions du Mossad dans les années précédant la guerre de Yom Kippour en octobre 1973. Leur initiative n'est pas officielle mais a reçu la bénédiction du chef du Mossad, David Barnea.


« Dubi », dont le nom complet est secret conformément aux instructions du Mossad. Photo : Yossi Melman

L'idée n'est pas d'absoudre le chef du renseignement militaire de l'époque, Eli Zeira, pour ses échecs et la faiblesse des renseignements (comme l'a établi la Commission Agranat, qui a examiné le manque de préparation d'Israël à la guerre, ce qui a conduit à la démission de Zeira). C'était simplement pour examiner la conduite du Mossad et de Zvi Zamir, le chef du Mossad à l'époque.

Les personnes à l'origine de l'initiative ont demandé à « Dubi », dont le nom complet est secret, conformément aux instructions du Mossad, le seul officier responsable de l'affaire qui a manipulé l'agent du Mossad, le Dr Ashraf Marwan, pendant 28 ans, de rejoindre leurs rangs. Il a refusé, invoquant des raisons personnelles.


Ashraf Marwan a épousé Mona, la fille de Gamal Abdel Nasser, en 1966

Marwan est considéré comme l'agent de haute qualité le plus important que le Mossad ait eu dans les années précédant la guerre du Yom Kippour. Chimiste de profession, il avait étudié dans une université britannique et épousé la fille du président égyptien Gamal Abdel Nasser, après la mort duquel il devint un conseiller proche du successeur de Nasser, Anouar Sadate. Par la suite, il devint un riche homme d'affaires qui vendait, entre autres, des armes.


Le protocole original, écrit à la main en hébreu par "Dubi" après sa rencontre dramatique avec Ashraf Marwan à Londres à la veille de la guerre du Yom Kippour en octobre 1973.

Protocole top secret

De 23h45 le 05/10/73 à 02h00 le 06/10/73

Rencontre entre le Chef du Mossad, Ranak (nom de code de Dubi l'agent en charge, l'Ange (nom de code d'Ashraf Marwan) sur la place ... (supprimé par la censure)

Écrit par Ranak

Q. Ce qui s'est passé avec vous après que nous ayons empêché l'attaque terroriste sur la place… (supprimé par la censure) (il s'agit de l'attaque déjouée à Rome quelques mois plus tôt, préparée par des combattants de l'OLP, dans l'intention d’ abattre un avion El-Al)

R. « Tout va bien. Nous avons eu de longues conversations et nous sommes finalement arrivés à la conclusion que l'équipe frappée (les terroristes) s'était comportée de manière inappropriée et qu'il y avait trop de personnes impliquées dans l'opération. Mais parlons de la guerre.

Q. Qu'en est-il de la guerre ?

R. Il y a 99% de chances que la guerre commence demain samedi.

Q. Pourquoi demain ?

R. Parce que c'était décidé. C'est vos vacances.

Q Comment la guerre commencera-t-elle ?

R. Elle commencera simultanément de deux côtés, l'égyptien et le syrien.

Q ; C’était quoi l’idée ? C'était décidé il y a six mois. Chaque armée avait au moins deux divisions. Les deux ont été transférées au front la semaine dernière. Sadate a pris une décision le 25 septembre sur la date de la guerre, mais il ne le dit à personne. Plus tard, il a demandé à préparer son quartier général au palais Al Taha et c'est là que j'ai compris qu'il était sérieux. Le 29 septembre, Sadate a convoqué son conseil national de sécurité pour une réunion secrète et les a informés de sa décision de déclencher bientôt la guerre. Il n'a pas dit à quelle date. Les membres du conseil, tous ses employés, étaient d'accord et personne ne s'y est opposé… »

CAITLIN JOHNSTONE
Le discours prétendant que cette guerre a été « non provoquée » empêche la paix

CaitlinJohnstone, 10/02/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Caitlin Johnstone (1974) est une Australienne avec une licence de journalisme qui se définit comme « journaliste voyoute, socialiste bogan [plouc/beauf en argot australien et néo-zélandais], anarcho-psychonaute, poétesse guérillera, préposée à l'utopie ». Mère de deux enfants, elle publie sur divers supports des articles, écrits à partir de conversations avec son mari Tim Foley. @caitoz

Vladimir Poutine a approuvé l'annexion de quatre territoires dans l'est de l'Ukraine, dont l'ajout à la Fédération de Russie attend maintenant l'autorisation des autres branches du gouvernement russe.

Le gouvernement Zelensky a réagi en demandant à rejoindre l'OTAN, et a immédiatement essuyé une rebuffade des responsables usaméricains et de l'OTAN. On ne peut pas avoir de pions sacrificiels essayant de s'élever au-dessus de leur position sur le grand échiquier, après tout.

Mais la guerre par procuration de l'empire contre la Russie se poursuit, et le gouvernement ukrainien a annoncé son intention de chasser la Russie de tous les territoires ukrainiens qu’elle a revendiqués comme étant les siens.

« Pour nos plans, [l'annexion de la Russie] n'a pas d'importance », a déclaré Mykhailo Podolyak, conseiller de Zelensky à Politico, ajoutant que l'Ukraine « protégera notre terre en utilisant toutes nos forces » et « devrait libérer tous ses territoires ».

Selon Zelensky, le plan de reconquête des territoires annexés par la Russie inclura également la Crimée, qui a été annexée en 2014.

Tous ces blablas sur la préparation d'une contre-offensive massive soutenue par l'Occident pour reprendre les territoires annexés à la Russie — dont les rangs sont renforcés par 300 000 réservistes supplémentaires — viennent alors que Poutine suggère que les armes nucléaires peuvent être utilisées pour protéger ce que Moscou considère comme des parties de la Russie. La Russie, comme les USA, est l'un des pays dotés d'armes nucléaires qui n'a pas de politique de non recours en premier aux armes nucléaires.

Donc, nous semblons être sur une trajectoire de collision vers une escalade massive entre deux puissances nucléaires. Plus les choses s'aggravent, plus il est probable qu'une arme nucléaire puisse être utilisée, soit délibérément, soit à la suite d'une mauvaise communication ou d'un dysfonctionnement, comme cela a failli se produire plusieurs fois au cours de la dernière guerre froide. Une fois qu'un nuke est utilisé, les chances augmentent astronomiquement que beaucoup d'autres suivront immédiatement, avec des variables sur ce résultat, y compris l'endroit où il explose et le degré de froideur des têtes pertinentes à ce moment historique particulier.

Il n'est donc pas exagéré de dire que l'espèce humaine a tout intérêt à une désescalade et à une détente immédiates Éviter la guerre nucléaire est l'ordre du jour le plus important du monde, sans exception. C'est l’ordre du jour le plus important qui ait jamais existé dans toute l'histoire.

Mais chaque fois que vous plaidez pour cet ordre du jour extrêmement important dans n'importe quel type de forum public, vous avez un tas d'automates de l'empire au cerveau lavé hurlant contre “l'apaisement” et vous accusant de soutenir un fou monstrueux. Et ils le font parce que c'est ce qu'ils ont été formés à faire.

SERGIO FERRARI
Le Qatar hors jeu : la Coupe du monde crée la polémique

Sergio Ferrari, 1/10/2022
Traduit par
Tlaxcala

Les tirs au but ne sont pas toujours plus éloquents que des mots
Les footballeurs défendent leurs droits syndicaux

Le coup d'envoi d'une nouvelle Coupe du monde approche. Avec le Qatar en ligne de mire, la pression sur la “planète football”, tant sur le terrain qu'en dehors, ne cesse de croître. La passion des foules est désormais honorée par un accord syndical mondial. Pendant ce temps, la société civile internationale exige que l'on se souvienne du non-respect des droits humains pendant la période précédant la Coupe du monde et qu'on le répare.



Travail insalubre : les droits de l'homme et du travail sont violés au Qatar. Photo Amnesty International

La dernière semaine de septembre, le Forum mondial des ligues (WLF), qui représente 44 institutions nationales de football professionnel regroupant quelque 1 100 clubs, et la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPRO), qui regroupe 66 syndicats avec 60 000 joueurs, ont signé à Genève, en Suisse, le premier Accord Mondial du Travail (AMT). Celui-ci reconnaît l’importance du dialogue social pour améliorer les droits des footballeur·ses professionnel·les.

Comme le rapporte le site ouèbe de la FIFPRO, cet accord “révolutionnaire” permettra aux ligues et syndicats d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie, d’Europe et d’Océanie d’aborder des questions internationales critiques qui affectent directement les relations de travail entre les clubs et leurs joueur·ses.

La FIFPRO et le WLF collaboreront également pour développer et promouvoir la négociation collective en prenant une plus grande responsabilité dans le processus de professionnalisation du sport au niveau national.

Comme prochaines étapes, les deux partenaires désigneront leurs représentants pour intégrer le Conseil exécutif qui gérera l’application de l’accord. Le Conseil se réunira avant la fin de 2022 pour discuter, entre autres, des priorités en matière d’emploi, du calendrier des matches et des compétitions et de la charge de travail des joueurs.

Les futures négociations porteront sur des questions telles que les normes du travail, la gestion des commotions cérébrales et les mesures de lutte contre la discrimination et le racisme sur et en dehors du terrain, ainsi que leurs expressions sur les réseaux sociaux.



Des maillots de football portant les noms de quelques-uns des milliers de travailleurs migrants tués sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar.

Guy Ryder, directeur de l’Organisation internationale du travail (OIT), a célébré ce nouvel accord international, qui représente “un pas en avant dans les relations de travail des footballeurs”. Et il a souligné que le football peut inspirer et unir des personnes de toutes nationalités et de tous horizons, quels que soient leur genre et leur origine ethnique.

L’Accord mondial du travail est conforme aux principes et droits fondamentaux au travail établis par l’OIT dans la Déclaration des principes et droits fondamentaux de 1998. Il reprend les points de consensus du Forum de dialogue mondial sur le travail décent dans le monde du sport (2020) et inclut une référence spécifique à la convention sur la liberté syndicale et la protection du droit d’organisation de 1948 et de négociation collective de 1949 .

L’accord offrira une plateforme pour discuter des normes de protection de la santé et de la sécurité des athlètes, ainsi que de l’engagement nécessaire pour améliorer la représentation et la participation des ligues nationales, des clubs qui les composent et des syndicats du secteur. En outre, il s’engage à promouvoir une plus grande représentation et reconnaissance du football féminin.



Photo de groupe des signataires de l'Accord mondial du travail qui régira les relations sociales dans le monde du football

Les droits humains en question

Alors que l’Accord mondial du travail ouvre une fenêtre d’espoir pour les sportifs, la société civile internationale intensifie les critiques à l’encontre du Qatar.

En septembre, des porte-parole reconnus d’organisations non gouvernementales (ONG) ont continué d’exiger une indemnisation de la part de la Fédération internationale de football (FIFA) pour les travailleurs migrants dont les droits humains ont été violés lors des préparatifs de la Coupe du monde 2022.

Déjà en mai 2021, le journal britannique The Guardian évaluait à 6 500 le nombre de travailleurs décédés lors de la construction des stades, dont la grande majorité étaient des immigrants d’Inde, du Bangladesh, du Népal, du Sri Lanka et du Pakistan. Ces informations étaient principalement basées sur les données fournies par ces pays.

SERGIO FERRARI
Qatar in offside position; the World Cup creates controversy

 Sergio Ferrari, 1/10/2022
Translated by Tlaxcala

Goals don’t always speak louder than words
Footballers defend their union rights

The opening whistle of a new World Cup is approaching. With our sights set on Qatar, the pressure on "planet soccer", both on and off the field, is mounting steadily. The passion of the multitudes is now dignified by a worldwide trade union agreement. Meanwhile, the international civil society demands remembrance and reparation for the disrespect of human rights in the pre-World Cup period.



Unhealthy work: human and labour rights violated in Qatar. Photo Amnesty International

In the last week of September, the World Leagues Forum (WLF), which represents 44 national professional football institutions made up of some 1,100 clubs, and the International Federation of Professional Footballers (FIFPRO), which brings together 66 unions with 60,000 players, signed in Geneva, Switzerland, the first Global Labor Agreement (GLA). It recognizes the importance of social dialogue to improve the rights of professional soccer players.

As reported on the FIFPRO website, this “revolutionary” agreement will allow leagues and unions in Africa, Latin America, Asia, Europe and Oceania to address critical international issues that directly affect labor relations between clubs and their players.

FIFPRO and WLF will also collaborate to develop and promote collective bargaining taking greater responsibility in the process of professionalizing the sport at the national level.

As next steps, both counterparts will appoint their representatives to integrate the Executive Council that will manage the implementation of the agreement. The Council will meet before the end of 2022 to discuss, among other matters, employment priorities, the schedule of matches and competitions and the workload of the players.

Future negotiations will include issues such as labor standards, injury management, and measures to combat discrimination and racism on and off the pitch, as well as their expressions on social media.



Soccer shirts bearing the names of some of the thousands of migrant workers killed on World Cup construction sites in Qatar.

Guy Ryder, director of the International Labor Organization (ILO), celebrated this new international agreement, which represents “a step forward in the labor relations of soccer players”. And he stressed that football can inspire and unite people of all nationalities and walks of life, regardless of gender and ethnicity.

The Global Labor Agreement conforms to the fundamental principles and rights at work established by the ILO in the 1998 Declaration of Fundamental Principles and Rights. It takes up the Points of Consensus of the Global Dialogue Forum on Decent Work in the World of Sport (2020) and includes a specific reference to the Convention on freedom of association and the protection of the right to organize of 1948 and collective bargaining of 1949.

The agreement will offer a platform to discuss the health and safety protection standards for athletes, as well as the necessary commitment to improve the representation and participation of the national leagues, the clubs that compose them and the unions of the sector. In addition, it is committed to promoting greater representation and recognition of women’s football.

 

Group photo of the signatories of the Global Labor Agreement that will govern social relations in the soccer world

Human rights in question

While the Global Labor Agreement opens a window of hope for sports players, international civil society intensifies criticism of Qatar.

In September, well-known NGO spokespersons continued to demand compensation from the International Federation of Association Football  (FIFA) for migrant workers whose human rights were violated during preparations for the 2022 World Cup.

Already in May 2021, the British newspaper The Guardian put the number of workers who had died during the construction of the stadiums at 6,500, the vast majority of them immigrants from India, Bangladesh, Nepal, Sri Lanka and Pakistan. This information was mainly based on data provided by these countries.

In its 2021/2022 Report, Amnesty International includes a chapter on Qatar, with references to temperatures of up to 50ºC, endless working hours, few job security measures, practically non-existent rest days and threats of deportation from the country to those who do not accept the unconscionable prevailing working conditions. In addition, the real impossibility for workers to change companies, the non-fulfilment of agreed benefits, and the unhealthy housing conditions.

“That is the breeding ground that explains something that may seem incredible: thousands of migrant workers have lost their lives in the different buildings in Qatar since FIFA designated it as the venue for the 2022 World Cup in 2010.” [Los muertos del Mundial de Qatar 2022, by Alberto Senante, 18/5/2022]

Qatar and FIFA must compensate the victims

The new offensive by international NGOs against FIFA is based on a survey on compensation for labor victims that Amnesty International carried out in various countries through the international pollster YouGov, based in Great Britain. 17,477 persons were interviewed in Germany, Argentina, Belgium, Denmark, Spain, the United States, Finland, France, Kenya, Morocco, Mexico, Norway, the Netherlands and the United Kingdom, and three out of four supported such reparations.

SERGIO FERRARI
Qatar en “offside”, el Mundial crea polémicas

 Sergio Ferrari, 3/10/2022

No siempre “goles son amores”
Futbolistas defienden sus derechos sindicales

Se acerca el pitazo inicial de un nuevo mundial. Con la mira en Qatar, la presión en el “planeta fútbol”, dentro y fuera de la cancha, aumenta sin cesar. Pasión de multitudes dignificada, ahora, por un acuerdo sindical a nivel mundial. En tanto la sociedad civil internacional exige memoria y reparación ante el irrespeto de los derechos humanos en la etapa premundialista.

 

Trabajo insalubre. Derechos humanos y laborales violados en Qatar. Foto Amnesty International

La última semana de septiembre el Foro Mundial de Ligas (WLF), que representa a 44 instituciones nacionales de fútbol profesional integradas por unos 1.100 clubes, y el Sindicato Mundial de Futbolistas (FIFPRO),  que nuclea a 66 sindicatos con 60.000 jugadoras-es, firmaron en Ginebra, Suiza, el primer Acuerdo Laboral Global (ALG). El mismo reconoce la importancia del diálogo social para mejorar los derechos de las y los futbolistas profesionales.

Como informa el sitio web del FIFPRO, este acuerdo “revolucionario” les permitirá a ligas y sindicatos en África, América Latina, Asia, Europa y Oceanía, abordar cuestiones esenciales a nivel internacional que afectan directamente las relaciones laborales entre los clubes y sus jugadoras-es. FIFPRO y WLF colaborarán también para desarrollar y promover la negociación colectiva asumiendo una mayor responsabilidad en el proceso de profesionalizar este deporte a nivel nacional.

Como próximos pasos, ambas contrapartes nombrarán a sus representantes para integrar el Consejo Ejecutivo que gestionará la aplicación del acuerdo. El Consejo se reunirá antes de fines de 2022 para debatir, entre otros asuntos, las prioridades de empleo, el calendario de partidos y competiciones y la carga de trabajo de las y los jugadores. En las negociaciones futuras se incluirán cuestiones como las normas laborales, la gestión de los traumatismos y las medidas para combatir la discriminación y el racismo dentro y fuera de la cancha, así como sus expresiones en las redes sociales.

  

Camisetas de futbol con el nombre de algunos de los miles de trabajadores migrantes muertos en las obras de construcción para el Mundial de Qatar

Guy Ryder, director de la Organización Internacional del Trabajo (OIT), celebró este nuevo acuerdo internacional, el cual representa “un paso adelante en las relaciones laborales de las y los futbolistas”. Y subrayó que el fútbol puede inspirar y unir a personas de todas las nacionalidades y condiciones sociales, independientemente de su género y origen étnico. El Acuerdo Laboral Global se ajusta a los principios y derechos fundamentales del trabajo establecidos por la OIT en la Declaración de Principios y Derechos Fundamentales de1998. Retoma los Puntos de Consenso del Foro de Diálogo Global sobre el Trabajo Decente en el Mundo del Deporte (2020) e incluye una referencia específica al Convenio sobre la libertad sindical y la protección del derecho de sindicalización de 1948 y de negociación colectiva de 1949.

El acuerdo ofrecerá una plataforma para debatir las normas de protección sanitaria y de seguridad de las-los deportistas, así como el compromiso necesario para mejorar la representación y la participación de las ligas nacionales, los clubes que las componen y los sindicatos del sector. Además, se compromete a promover una mayor representación y reconocimiento del fútbol femenino.

 

Foto de grupo de los firmantes del Acuerdo Laboral Global que regirá las relaciones sociales en el mundo del fútbol

 Derechos humanos en cuestión

Mientras que el Acuerdo Laboral Global abre una ventana de esperanza para los actores deportivos, la sociedad civil internacional intensifica las críticas a Qatar.

En septiembre, reconocidos portavoces de organizaciones no-gubernamentales (ONG) continuaron exigiendo a la Federación Internacional del Fútbol (FIFA) la indemnización a los trabajadores migrantes cuyos derechos humanos fueron violados durante los preparativos para del Campeonato Mundial de 2022.

Ya en mayo de 2021, el periódico británico The Guardian cifraba en 6.500 el número de trabajadores que habían muerto durante la construcción de los estadios, en su inmensa mayoría inmigrantes de India, Bangladesh, Nepal, Sri Lanka y Pakistán. Esta información se basó, principalmente, en los datos proporcionados por estos países.