المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

17/10/2022

LUIS E. SABINI FERNANDEZ
Israël et sa "solution finale" de la question palestinienne, sans les Palestiniens

Luis E. Sabini Fernández, 15/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Le sionisme, intronisé officiellement en Israël et officieusement dans des gouvernements clés dans le monde, comme celui des USA, a abordé la “solution du problème palestinien” de diverses manières.

Nous arrivons au XXIe siècle avec la théorie “Sharon” - « leur rendre la vie impossible »-, de sorte que ce ne soient pas les Israéliens qui doivent résoudre activement la question, mais les Palestiniens eux-mêmes qui semblent prendre les décisions. Comme celle de partir, par exemple.

Exemples de cette politique : ne pas les laisser ajouter ne serait-ce qu’une pièce de 3m x 3 à une maison palestinienne ancestrale, ne pas leur permettre de recueillir ne serait-ce que de l’eau de pluie et leur vendre l'eau (qui dans la région est un bien rare, à 4 ou 5 fois sa valeur commerciale pour les Juifs, qui, en outre, ont en moyenne des revenus beaucoup plus élevés) ; ne pas permettre la reconstruction de maisons détruites par des bombardements et de l'artillerie dans des attaques successives que l'armée « de défense » israélienne  a menées, non pas contre des armées ou des casernes palestiniennes inexistantes, mais contre les maisons, les écoles, les hôpitaux, les mosquées, les installations sanitaires ou industrielles qui existent, par exemple dans la bande de Gaza. Mitrailler, parfois avec de l'artillerie lourde, des barques de pêcheurs, à peine elles s'éloignent de la côte, parfois même alors qu’ils sont tout près du rivage.

Porter au désespoir le traitement médical de Palestinien·nes, parfois malades, parfois parturientes. Profiter justement des besoins médicaux de la population palestinienne, avec ses propres hôpitaux maltraités et bombardés, pour les contraindre à recevoir des soins médicaux si les patients ou des membres de leur famille fournissent en échange des informations à la “sécurité israélienne”. Cette méthode tordue d'avilissement des relations et des comportements affaiblit les Palestiniens et renforce Israël parce que le délateur se retrouve prisonnier des deux côtés. 

 Le fin du fin de la politique consistant à leur “ rendre leur vie impossible” a finalement été atteint avec l '« Accord du siècle » de 2020. Oubliés le show d'un Yasser Arafat avec un Is Yitzhak Rabin flanqué de Bill Clinton (Oslo, 1993) ; ou celui de Taba (Sinaï, 2000) entre Barak et Arafat ou le menuet ne menant à rien entre Abbas et Sharon (Jérusalem, 2005).

L'Accord du Siècle a été signé entre les chefs des USA et d'Israël ; Donald Trump, Jared Kushner (son gendre juif et « ministre de tout », comme on l'appelait à la Maison Blanche trumpienne) et Benjamin Netanyahou : c'était un accord sur Palestine/Israël, mais sans Palestiniens ; en tout cas, avec la perspective de les “voir”  disparaître.

Mais la réalité est têtue. Outre l'énorme population que les sionistes ont réussi, par la terreur, à arracher de la Palestine (en gros, la moitié de sa population), des millions d'autres Palestiniens ont refusé d'abandonner leur terre. Ils ont eu l'expérience des expulsions et massacres antérieurs (ce que les premiers expulsés, ceux de 48, n'ont pas pu faire faute de précédents).

LUIS E. SABINI FERNÁNDEZ
Israel con su solución final de la cuestión palestina

Luis E. Sabini Fernández, 15-10-2022

El sionismo entronizado oficialmente en Israel y oficiosamente en gobiernos claves en el mundo, como el de EE.UU., ha encarado la “solución del problema palestino” de diversas maneras.


Llegamos al siglo XXI con la teoría “Sharon” de “hacerles la vida imposible”, así no tienen que ser los israelíes quienes resuelvan activamente la cuestión sino que los propios palestinos parezcan ser quienes tomen decisiones. Como las de irse, por ejemplo.

 Esa política; como no dejarles agregar ni siquiera una habitación de 3 x 3 a una ancestral vivienda palestina, no permitirles acumular ni agua de lluvia y venderles el agua (que en la región es un bien escaso, a 4 o 5 veces su valor comercial para judíos, que, además, tienen en promedio mucho más altos ingresos; no permitir la reedificación de viviendas destruidas mediante bombardeos y artillería en sucesivos ataques que el ejército “de defensa” israelí  ha acometido, no contra inexistentes ejércitos o cuarteles palestinos, sino contra las viviendas, escuelas, hospitales, mezquitas, instalaciones sanitarias o industriales que hay, por ejemplo en la Franja de Gaza. Balear, a veces con artillería pesada botes pescadores, que se alejen apenas de la costa en sus trajines pesqueros, a veces incluso baleados botes y pescadores directamente en la costa.

Llevar hasta la desesperación el tratamiento médico de palestinos, a veces enfermos, a veces parturientas. Aprovechar justamente las necesidades médicas de población palestina, con sus propios hospitales maltrechos y bombardeados, para coaccionarlos con darles asistencia médica si tales pacientes o sus familiares les brindan a cambio informes a la “seguridad israelí”. Este espurio método de envilecer las relaciones y los comportamientos debilita palestinos y fortalece a Israel porque el delator queda prisionero de las dos partes.

El remate de la política de “hacerles la vida invivible” se alcanzó finalmente con el “Acuerdo del Siglo” de 2020. Ya no los juegos escénicos de un Yaser Arafat con un Yitzhak Rabin más Bill Clinton (Oslo, 1993); o los de Taba (Sinaí, 2000) entre Barak y Arafat o el minuet totalmente inconducente entre Abbas y Sharon (Jerusalén, 2005). 


El Acuerdo del Siglo se firmaba entre los jefes ejecutivos de EE.UU. e Israel: Donald Trump, Jared Kushner (su yerno judío y “ministro de todo”, como se lo conociera en la Casa Blanca trumpiana) y Beniamin Netanyahu: era sobre Palestina/Israel, pero sin palestinos; en todo caso, con la perspectiva de “verlos” desaparecer.

Pero la realidad es terca. Además de la enorme población que mediante el terror los sionistas lograron arrancar de cuajo de Palestina (grosso modo, la mitad de su población), otros millones de palestinos se han negado al abandono de su tierra. Han contado con la experiencia de las expulsiones y matanzas anteriores (algo que los primeros expulsados, los del 48, no pudieron hacer por falta total de precedentes).

16/10/2022

GUIDO VIALE
Penser la conversion écologique, redéfinir le travail

 Guido Viale, 11/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Guido Viale (Tokyo, 1943) est un sociologue et écrivain italien. Il a été un des leaders du mouvement étudiant 1968 à Turin et a dirigé le groupe Lotta continua. En 2014, il a été parmi les initiateurs de la liste L’Autre Europe avec Tsipras aux élections européennes. Auteur de nombreux livres, notamment sur les questions d’environnement.
 
 

Ci-dessous deux textes de Guido Viale autour de la conférence organisée à Venise en septembre 2022 sous le titre « Décroissance : si ce n’est pas maintenant, alors quand ? »


La conversion écologique est pressée

La récente conférence internationale sur la décroissance Venise 2022 a montré qu'au cours des dernières années, même sans que personne ne la poursuive explicitement, une convergence s'est effectivement produite entre des visions et des perspectives d'une société future qui, jusqu'à récemment, semblaient lointaines ou même alternatives : celles qui répondent aux termes de décroissance, d'écosocialisme, d'écoféminisme, de société du soin, de justice sociale et environnementale, de conversion écologique et peut-être d'autres. Tout en maintenant chacune un objectif spécifique, ce qui les unit, c’est la répudiation de toute perspective fondée sur la croissance (du PIB), à l’accumulation du capital, au productivisme, à l’extractivisme, à l'exploitation tant des êtres humains que du vivant, aux inégalités sociales et au patriarcat ; et, en positif, à une perspective fondée sur la décentralisation et la participation à la gestion des processus de production, des contextes institutionnels et des rapports sociaux et une orientation basée sur la sobriété dans la consommation et l'enrichissement des relations.

Le problème non résolu, tant au niveau théorique que pratique, est de savoir comment faire vivre, grandir et mûrir ces visions à la fois dans les luttes en cours contre l'exploitation du travail et de l'environnement et dans les multiples initiatives « moléculaires » de réorganisation de la vie et de la consommation dans des contextes de partage.

Ces pôles sont reliés par la nécessité et l’urgence d'affronter la crise climatique et environnementale déjà en plein essor et destinée à s'aggraver ; en somme, la conversion écologique de l'appareil productif, des relations sociales et des structures institutionnelles. Une « transition » possible – on en a désormais les preuves – seulement si elle est promue « par le bas », c'est-à-dire si elle est promue par une population qui se constitue en communauté, et si elle n'est pas confiée uniquement à des mesures gouvernementales lancées d’ « en haut », toujours tardives, partiales, discriminatoires, incapables d'abandonner le paradigme de la croissance. Seules de telles communautés seront en mesure de s'adapter aux conditions difficiles dans lesquelles la crise climatique et environnementale contraindra les prochaines générations, à commencer par celles des jeunes d’aujourd' hui.

La conversion écologique a besoin de la participation convaincue d'un grand nombre – pas nécessairement la majorité – de citoyennes et de citoyens, de travailleurs et de travailleuses ; mais surtout de connaissances tirées de l'expérience directe de ceux et celles qui vivent et travaillent sur les territoires et dans les entreprises à reconvertir ; connaissances qui ne peuvent être recueillies qu'à travers une confrontation directe et continue entre les intéressé·es.

C'est un processus très difficile, qui semble mettre en péril des emplois ou des habitudes acquises sans envisager d'alternatives concrètes, qui doivent être construites sur des parcours longs, complexes et aléatoires. C'est pourquoi les points où la perspective d'une conversion productive – indissolublement liée à la recomposition d'une communauté de référence – peut le plus facilement s'affirmer sont les entreprises exposées au risque de fermeture, de délocalisation, de redimensionnement. Là, comme le montre l’expérience exemplaire de la GKN de Campi Bisenzio, il n'existe pas d'alternative à la socialisation de la gestion de la lutte et de l'usine et à une conversion productive qui ne peut se réaliser que dans le cadre d'un plan de portée au moins nationale, encore en grande partie à élaborer, comme celui envisagé par le collectif ouvrier pour des productions fonctionnelles à une mobilité collective et durable.

NAOMI KLEIN
Des flots de mots aux flots de sang
La COP27 dans l'État policier égyptien crée une crise morale dans le mouvement pour le climat

 Naomi Klein, The Intercept, 7/10/2022
Original:
From Blah, Blah, Blah to Blood, Blood, Blood (litt. Du blablabla au sang, sang, sang, en bon français : De la logorrhée à l’hémorragie)
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Versión española Del blablablá a la sangría

 

Naomi Klein  (Montréal, 1970) est une journaliste, essayiste, réalisatrice et altermondialiste canadienne de parents usaméricains ayant émigré au Canada pour protester contre la guerre du Vietnam. Elle a étudié à l'Université de Toronto et à la London School of Economics. Elle est titulaire de la chaire Gloria Steinem en Média, Culture et Études féministes de l'Université Rutgers. Elle est mondialement connue pour avoir dénoncé le capitalisme, le néolibéralisme et la mondialisation dans ses livres No Logo (1999), La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre (2007) et Tout peut changer : capitalisme et changement climatique (2014). Elle a reçu en 2016 le Prix Sydney de la paix pour son militantisme en faveur de la justice climatique. @NaomiAKlein

Personne ne sait ce qui est arrivé à la lettre sur le  climat perdue. Tout ce que l'on sait, c'est qu'Alaa Abd El Fattah, sans doute le prisonnier politique égyptien le plus connu, l'a écrite lors d'une grève de la faim dans sa cellule du Caire le mois dernier. C'était, expliqua-t-il plus tard, « sur le réchauffement climatique à cause des nouvelles du Pakistan ». Il était préoccupé par les inondations épiques qui ont déplacé 33 millions de personnes à leur apogée, et ce que ce cataclysme faisait présager sur les difficultés climatiques et les maigres réponses étatiques à venir.

Technologue visionnaire et intellectuel en recherche, le prénom d'Abd El Fattah — avec le hashtag #FreeAlaa — est devenu synonyme de la révolution démocratique de 2011 qui a transformé la place Tahrir du Caire en un océan de jeunes qui a mis fin à la domination de trois décennies du dictateur égyptien Hosni Moubarak. Derrière les barreaux presque continuellement depuis dix ans, Alaa est en mesure d'envoyer et de recevoir des lettres une fois par semaine. Plus tôt cette année, un recueil de ses écrits poétiques et prophétiques de prison a été publié en anglais sous forme d’un livre largement célébré, “You Have Not Yet Been Defeated” [Vous n'avez pas encore été vaincus.”]

Pour lire le document, cliquer sur l'image