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27/03/2023

NEW YORK : DEMONSTRATE SOLIDARITY WITH WORKERS IN FRANCE/MANIFESTONS NOTRE SOLIDARITÉ AVEC LES TRAVAILLEUR·SES EN FRANCE


 

Millions of workers throughout France have taken to the streets since Jan. 19 to protest the Macron's government edict to raise the age of retirees to receive their just pensions (aka deferred wages) from 62 to 64. These two years alone result in more workers' stolen wages (aka surplus value) by greedy capitalist bosses and their government puppets like Macron. These heroic workers and their allies, including students, have participated in strikes, mass demonstrations and other militant actions despite growing police repression.

No matter how many thousands miles away, these workers remind us that there are no borders in the workers' struggle when it comes to resisting capitalist exploitation and greed from France to right here in the belly of the beast -- the U.S.

Join Workers World Party to help show solidarity with the workers in France who have taken center stage worldwide.

Tuesday, March 28 (the day that French unions are calling for another massive protest)

1:30-2:30 PM

Outside of the French Mission to the United Nations

245 E 47th St 44th floor, New York, NY 10017
(One Dag Hammarskjöld Plaza)

Bring your signs and banners to be shared on social media with the workers of France.

An injury to one is an injury to all!
French Unions, YES! Macron, NO!


 

 

Des millions de travailleur·ses dans toute la France sont descendus dans la rue depuis le 19 janvier pour protester contre l’édit du gouvernement Macron visant à faire passer de 62 à 64 ans l'âge auquel les retraités peuvent toucher leur juste pension (alias salaire différé).  Ces deux années à elles seules se traduisent par davantage de salaires volés aux travailleurs (alias survaleur) par les patrons capitalistes avides et leurs marionnettes gouvernementales comme Macron.  Ces travailleur·ses héroïques et leurs allié·es, y compris les étudiant·es, ont participé à des grèves, des manifestations de masse et d'autres actions militantes malgré la répression policière croissante.

Peu importe les milliers de kilomètres qui les séparent, ces travailleur·ses nous rappellent qu'il n'y a pas de frontières dans la lutte des travailleur·ses lorsqu'il s'agit de résister à l'exploitation capitaliste et à la cupidité, de la France jusqu'à ici, dans le ventre de la bête, les USA.

Rejoignez le Workers World Party/Parti mondial des travailleurs pour montrer votre solidarité avec les travailleur·ses français·es qui ont pris le devant de la scène dans le monde entier.

Mardi 28 mars (jour où les syndicats français appellent à une nouvelle manifestation massive)

13H30-14H30

Devant la Mission française auprès des Nations Unies

245 E 47th St 44th floor, New York, NY 10017
(One Dag Hammarskjöld Plaza)

Apportez vos pancartes et bannières à partager sur les médias sociaux avec les travailleur·ses de France.

Une attaque contre un·e est une attaque contre tou·tes !

 Syndicats français, OUI !  Macron, NON !

 



AVI GARFINKEL
Pour comprendre la mentalité des colons juifs, il faut lire cet éloge funèbre prononcé par le rabbin Eliezer Melamed

Avi Garfinkel, Haaretz, 24/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’éloge funèbre prononcé par le rabbin Eliezer Melamed lors des funérailles de deux victimes du terrorisme devrait être une lecture obligatoire pour quiconque souhaite se faire une idée de l’israélitude contemporaine, qui se confond avec la vision du monde des colons.

“À encadrer et accrocher”, a écrit le journaliste de télévision Amit Segal à la suite de la décision inhabituelle des rédacteurs de l’hebdomadaire hébraïque Makor Rishon de consacrer la couverture de leur magazine du 3 mars non pas à une photographie, mais à un texte : l’éloge funèbre prononcé par le rabbin Eliezer Melamed lors des funérailles de Hallel et Yagel Yaniv, les deux frères assassinés lors d’un attentat terroriste dans la ville de Huwara, en Cisjordanie, le 26 février dernier. Le directeur général de Makor Rishon, Doron Bainhorn, a fait remarquer que “l’éloge du rabbin devrait être étudié dans les écoles” - et il a raison.

C’est un texte exemplaire, non seulement parce qu’il est bien écrit et émouvant, mais aussi parce qu’il illustre parfaitement le mode de pensée des colons, qui est en train de devenir le mode de pensée général des Israéliens, et en tout cas celui du gouvernement. Quiconque veut comprendre l’israélitude - d’où elle vient et où elle va - devrait lire ce texte.

L’éloge funèbre en couverture du magazine Makor Rishon

Le rabbin Melamed a déclaré : « Tout juif tué simplement parce qu’il est juif est saint ». En d’autres termes, la seule raison des attaques terroristes est la haine insondable des Juifs, qui n’est pas liée aux actes des Juifs ou à leur comportement, ni au sentiment qu’ont les auteurs de ces attaques que les Juifs leur ont fait du tort. Dans le monde de Melamed, il n’y a pas de dépossession de la terre, pas d’expulsion, pas d’actes de violence contre des Palestiniens innocents, pas de dégâts matériels, pas d’humiliation. Les attaques palestiniennes ne peuvent pas être considérées comme une vengeance pour les actions des Juifs, de la même manière que les Juifs ont vengé le meurtre des frères Yaniv à Huwara [en commettant un pogrom, NdT].

Selon le rabbin Melamed, ces actes sont motivés par un pur antisémitisme : les Juifs sont assassinés uniquement en raison de leur judéité. Cela n’explique évidemment pas pourquoi les Palestiniens n’ont pas coutume d’assassiner des Juifs dans d’autres endroits du monde. La division est simple et nette : les Juifs sont des victimes, les Palestiniens sont des délinquants.

Il convient de noter qu’aux yeux de Melamed, tout juif tué pour sa judéité est qualifié de saint, l’accent étant mis sur “tout”. En d’autres termes, même les meurtriers, les violeurs, les voleurs et autres pécheurs s’élèvent au niveau de la sainteté simplement en raison des circonstances de leur mort, et cela ne fait aucune différence si, dans leur vie, ils étaient des mécréants. Melamed étend la classification de la sainteté à l’ensemble de la population des colons : « Si c’est ce que l’on dit de chaque Juif, on devrait certainement le dire des colons qui vivent sur la ligne de front de la colonisation de la Judée-Samarie [Cisjordanie] ».

Et quelle est la signification de la sainteté, selon Melamed ? « Ils sont élevés et sanctifiés dans la sainteté de l’ensemble d’Israël, au point qu’aucun être vivant ne peut se tenir aussi haut en leur présence. » Ce qui revient à dire que la sainteté est la suprématie des saints sur ceux qui ne le sont pas, des colons sur ceux qui ne le sont pas.

Il s’agit d’un point critique à une époque où la suprématie juive en Israël est en train de se transformer en une suprématie des juifs religieux et des colons juifs sur les juifs laïques, et certainement sur ceux de gauche. Cela explique pourquoi les Hardalim (nationalistes ultra-orthodoxes) ne ressentent ni culpabilité ni honte lorsqu’ils exigent de l’État des ressources supplémentaires (telles qu’une allocation d’étude plus élevée), tout en insistant pour contribuer moins - par le biais de réductions de l’impôt foncier, d’avantages fiscaux, d’un service militaire abrégé pour les étudiants des hesder-yeshiva*, ou d’une exemption totale du service militaire et du travail pour les hommes haredi.

Du point de vue des Hardalim, il n’y a pas ici de remise en cause de l’égalité au sens large. L’égalité exige un traitement égal pour des égaux, mais selon eux, les étudiants de la Torah et les colons sont tout simplement plus égaux et méritent donc plus. C’est la raison sous-jacente de ce que de nombreuses personnes laïques considèrent comme de la cupidité, de la cochonceté, un manque de solidarité, un pillage des caisses publiques lors des délibérations budgétaires ou des discussions sur l’obligation de servir dans les forces de défense israéliennes et de participer au marché du travail. Selon ces juifs religieux, quiconque contribue davantage mérite davantage - un argument qui, soit dit en passant, est en contradiction avec la critique qu’ils adressent au personnel de haute technologie qui s’oppose au coup d’État, affirmant que « ce n’est pas parce que vous payez plus d’impôts que votre voix vaut davantage ».

Aussi infondé soit-il, il est nécessaire de comprendre que le sentiment de suprématie de ces Juifs religieux est authentique, même et surtout là où il atteint l’absurdité absolue. « Nous ne sommes pas revenus dans notre pays pour déposséder les Arabes de leurs maisons », explique le rabbin Melamed, « mais plutôt pour ajouter de la bonté et de la bénédiction au monde. Les Arabes pourraient également en bénéficier. »

Dans ce monde cul par-dessus tête, les Arabes vivant dans les territoires, qui n’ont même pas le statut de citoyens jouissant des mêmes droits, sont censés considérer la présence des colons parmi eux comme une bénédiction. Le rabbin Melamed, qui dirige la Yeshiva Har Bracha, ne précise pas quelle bénédiction les colons ont apportée à leurs voisins. Le droit des Arabes, comme celui de toute personne, de rejeter une bénédiction qui leur est offerte n’a pas sa place dans le monde de Melamed. Selon cette logique, la société laïque doit elle aussi accepter le fait que la communauté des apprenants s’occupe de la Torah comme une bénédiction qui la protège et qui protège son identité, et la financer, même si le public laïque pense, “à tort”, qu’il n’en a pas besoin.

Les gauchistes doivent faire avancer, et avec reconnaissance, les colonies auxquelles ils sont opposés, parce que les colons « continuent à coloniser notre terre sainte, et protègent le peuple et la terre avec leur propre corps ». Là encore, Melamed ne prend pas la peine d’expliquer comment des enfants, des personnes âgées et des femmes qui ne portent pas d’armes et s’installent au milieu d’une population arabe hostile défendent la terre. Ni comment un projet qui déchire le peuple le protège. C’est une évidence, un postulat de base qui ne sera pas examiné précisément parce qu’il est manifestement erroné.

Vers la fin de l’éloge, le rabbin Melamed a réitéré le cliché anachronique selon lequel les colons « continueront à construire la terre et à faire fleurir le désert », comme si la quasi-totalité des travaux de construction effectués dans le pays n’étaient pas réalisés par des travailleurs arabes et d’autres Gentils. Comme si la terre était un désert vide. Comme si l’essentiel de la construction et du travail de la terre effectué par les Juifs - la quasi-totalité, en fait - n’avait pas été réalisé il y a longtemps, par des pionniers laïques et socialistes qui s’étaient rebellés contre la loi juive.

Le titre de l’éloge funèbre de Melamed, “Mourir et conquérir la montagne”, est une paraphrase de l’hymne du mouvement Betar de Ze’ev Jabotinsky, “Mourir ou conquérir la montagne”. Le laïc Jabotinsky reconnaissait au moins la possibilité d’une perte et d’un échec, qui peuvent à leur tour aboutir à un désastre, comme cela s’est produit pendant la période de la révolte contre les Romains : « Mourir ou conquérir la montagne - Yodfat, Massada, Betar** ». Mais dans le texte de Rabbi Melamed, le mot “ou” est remplacé par “et”. Selon Melamed, « si nous devons vivre, nous vivrons ; et si nous devons mourir, nous mourrons, et après nous, nos amis continueront à conquérir la montagne ».

Même si nous mourons, comme les Juifs de Massada en 73 ou 74 de l’ère chrétienne, la montagne sera conquise. Ce sera un succès. Et pourquoi tout cela ? Parce que le véritable succès ne se mesure pas dans ce monde, mais dans l’autre : « Tous les saints Juifs semblent morts, mais dans le monde de la vérité, ils sont bien vivants... En mourant pour la sanctification d’Hachem [Dieu], ils se sont connectés à la source de la vie ». Ce qui est important, c’est le monde de la vérité, et non le monde du mensonge, c’est-à-dire la réalité dans laquelle nous vivons et dont tant de colons sont déconnectés de manière inquiétante.Haut du formulaire

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Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de conquérir la montagne, mais d’en descendre, et vite.

NdT

*Hesder (hébreu : הסדר "arrangement") est un programme de yeshiva israélien qui combine des études talmudiques avancées avec le service militaire dans les forces de défense israéliennes, généralement dans un cadre sioniste religieux. Ce programme permet aux hommes juifs orthodoxes de servir dans l’armée israélienne tout en continuant à étudier la Torah. Le service Hesder dure généralement cinq ans au total, au cours desquels les participants sont officiellement des soldats des FDI. Au cours de ces cinq années, 16 mois sont consacrés au service militaire proprement dit, comprenant à la fois l’entraînement et le service actif. Dans certaines Yeshivas de Hesder, le service dure six ans, dont 24 mois de service militaire. Presque tous les étudiants des Yeshivas Hesder servent dans l’armée en tant que soldats de combat. Les appelés laïques sont astreints à un service actif minimum de 32 mois pour les hommes et 24 pour les femmes.

**Yodfat : village juif assiégé puis détruit par l’armée romaine en 67 ap. J.-C..

Massada : forteresse zélote assiégée par l’armée romaine en 72-74, dont les survivants se suicidèrent plutôt que de se rendre. De nos jours, c’est sur cet éperon rocheux que les officiers israéliens de l’armée blindée viennent prêter serment ou que les pilotes de chasse de Tsahal se voient solennellement remettre leur insigne et qu’a lieu la prestation de serment de diverses troupes de Tsahal, dont les parachutistes. C’est là qu’ils répètent, avec leur promotion, les vers du poème épique composé par Yitzhak Lamdan), Massada, publié en 1927, si cher aux pionniers du sionisme : « Non, la chaîne n’est pas rompue sur le sommet inspiré. Plus jamais Massada ne tombera. »

Betar : nom d’une ancienne cité-forteresse de Judée, située au sud-ouest de Jérusalem, et connue comme le dernier lieu de résistance juive à l’Empire romain en 135 ap. J.-C., dont le chef était Shimon Bar-Kokhba, considéré par ses partisans comme le Messie.

 

 

26/03/2023

GIDEON LEVY
À qui appartient vraiment Israël ?

Gideon Levy, Haaretz, 26/3/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Samedi à l’aube, un groupe d’ouvriers érythréens posait du gazon le long d’un chemin à Ramat Aviv vers le parc Yarkon (au nord de Tel Aviv) entre le centre Yitzhak Rabin, le siège de l’unité du porte-parole de Tsahal et le siège d’une grande agence militaire. À la fin de la journée, tout était vert. Pendant ce temps, d’autres demandeurs d’asile originaires d’Afrique, vêtus de sweats à capuche et armés de pinces à déchets, débarrassaient le parc de ses détritus, pour le plus grand plaisir de ses visiteurs. Ce sont eux qui portent le fardeau du nettoyage et de l’embellissement d’Israël.

Une peinture murale réalisée en 2017 par un artiste érythréen demandeur dasile, Afwerki Teame, représentant un nettoyeur de rue africain derrière une voiture portant la plaque dimmatriculation de la date de la loi sur les dépôts de 2017 qui prélève 20 % de la rémunération de tous les demandeurs dasile et auxquels ils ne peuvent accéder quaprès avoir quitté Israël.

Tôt le matin, au quatrième jour du ramadan, des dizaines de milliers de travailleurs palestiniens en plein jeûne étaient déjà sur les échafaudages des gratte-ciels et sur les routes et les ponts qu’ils construisent. Ils ont quitté leur domicile au milieu de la nuit, ont enduré le passage long, difficile et humiliant des points de contrôle, ont accompagné leurs patrons exploiteurs sur leurs chantiers, où ils ont risqué leur vie en travaillant dans des conditions dangereuses, et sont rentrés chez eux le soir, épuisés, affamés et n’ayant droit à aucun respect. Ils sont les bâtisseurs de ce pays, ils en portent le fardeau, peut-être même plus que tous ceux qui sont reconnus comme tels. Personne ne pense à les remercier pour quoi que ce soit.

Des ouvriers du bâtiment organisent une cérémonie à la mémoire d’un collègue tué sur le chantier à Jérusalem, au début du mois. Photo : Olivier Fitoussi

Lorsque l’ancien chef du Shin Bet, Nadav Argaman, a déclaré à la journaliste Ilana Dayan que l’État « appartient à tous ceux qui en assument la charge* », il ne parlait pas d’eux. Ni des éboueurs érythréens, ni des bâtisseurs palestiniens. Ses remarques s’adressaient principalement aux Haredim, comme d’habitude ici, les derniers à ne pas partager le fardeau.

Quand les Israéliens disent “porteurs du fardeau”, ils parlent d’agents du Shin Bet comme Argaman, le nouveau John Locke de la contestation démocratique :ils parlent de généraux, de soldats, mais seulement des unités de combat et de préférence des unités d’élite, qui sont indemnisés à l’extrême. S’y ajoutent depuis peu des gens de la haute technologie, riches à l’extrême. Tous ceux qui n’appartiennent pas à l’une de ces catégories ne supportent pas le fardeau et, selon la théorie d’Argaman, l’État ne leur appartient pas.

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L’État n’appartient pas à ses citoyens malades et handicapés qui, en raison de leur handicap, n’assument aucune charge et sont eux-mêmes une charge pour lui. Il n’appartient pas aux centaines de milliers de travailleurs anonymes qui peinent dans des conditions pénibles dans l’industrie et les services, et auxquels personne ne fait référence lorsqu’il parle de ceux qui supportent le fardeau. Il n’appartient pas non plus aux dizaines de milliers de chômeurs qui ont été licenciés ou laissés sur le bord du chemin, ni aux faibles qui ont été abandonnés pour diverses raisons. Il n’appartient pas aux infirmières et aux médecins, aux aides-soignants et aux techniciens médicaux du système de santé, tous aussi dévoués que les soldats de la Brigade Kfir. Personne ne parle d’eux lorsqu’il s’agit d’assumer le fardeau. Personne ne parle non plus des chauffeurs de camions et de bus, des nettoyeurs de rues et de centres commerciaux, d’une grande armée de soldats inconnus qui rendent le pays possible, sans mériter ni gloire ni gratitude.

L’État n’appartient pas non plus à ses citoyens arabes : personne ne songe à les appeler porteurs du fardeau, même lorsqu’ils risquent leur vie sur des grues de construction ou dans les cabines de camions de marchandises sur les routes et qu’ils meurent en accomplissant des tâches subalternes pour la gloire de leur pays. D’après Argaman - Argaman, qui a gagné ici une admiration réservée à quelques rares personnes, une étoile brillante au firmament de la protestation - dans ce pays, les droits dépendent du respect des obligations, comme les fascistes aiment toujours le dire, et bien sûr, ce sont les Argaman qui définissent les obligations.

Comment se fait-il que, même dans le camp libéral, tant de gens soient convaincus que l’État n’appartient qu’aux privilégiés et aux puissants, à ceux qui sont capables de remplir ses devoirs sacrés, de préférence en servant dans une unité militaire d’élite, et non aux faibles, aux exploités, aux handicapés, aux pauvres, ni aux Arabes et aux Haredim. Au fur et à mesure que la protestation en faveur de la démocratie prend de l’ampleur, l’esprit de Sparte éclate, même chez ceux qui se prétendent Athéniens. Il faut le dire aux Argaman : l’État, comme tout État, appartient à tous ses citoyens, y compris les faibles, les pauvres, les handicapés, les Haredim, les Arabes et même les parasites. Aucun agent du Shin Bet ne décidera à qui ce pays appartient ou n’appartient pas, et ce n’est pas le respect des obligations qu’il spécifie qui définira les droits des citoyens. Une fois que cela sera clair, nous pourrons commencer à parler de démocratie.

Comment se fait-il que, même dans le camp libéral, tant de personnes soient convaincues que l’État n’appartient qu’aux privilégiés et aux puissants, de préférence ceux qui font partie des unités d’élite chargées de la sécurité ?

NdT
*Allusion à un épisode biblique : durant la traversée du désert après la sortie d’Égypte, les Hébreux se plaignent de l’avoir à manger que de la manne. « 
Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Égypte, et qui ne nous coûtaient rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des aulx. Maintenant, notre âme est desséchée : plus rien ! Nos yeux ne voient que de la manne. » Moïse, attristé, dit à l’Éternel : « Pourquoi affliges-tu ton serviteur, et pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, que tu aies mis sur moi la charge de tout ce peuple ? Est-ce moi qui ai conçu ce peuple? est-ce moi qui l’ai enfanté, pour que tu me dises: Porte-le sur ton sein, comme le nourricier porte un enfant, jusqu’au pays que tu as juré à ses pères de lui donner? Où prendrai-je de la viande pour donner à tout ce peuple ? Car ils pleurent auprès de moi, en disant : Donne-nous de la viande à manger! Je ne puis pas, à moi seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi.  Plutôt que de me traiter ainsi, tue-moi, je te prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, et que je ne voie pas mon malheur. » Réponse du patron : «  L’Éternel dit à Moïse: Assemble auprès de moi soixante-dix hommes des anciens d’Israël, de ceux que tu connais comme anciens du peuple et ayant autorité sur lui; amène-les à la tente d’assignation, et qu’ils s’y présentent avec toi.  Je descendrai, et là je te parlerai ; je prendrai de l’esprit qui est sur toi, et je le mettrai sur eux, afin qu’ils portent avec toi la charge du peuple, et que tu ne la portes pas à toi seul. » [Nombres, 11] Le sieur Argaman se voit sans doute comme l'un des 70 élus...

25/03/2023

Vers l’impasse : Arundhati Roy sur la liberté d’expression et la démocratie défaillante

Arundhati Roy, Literary Hub, 22/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


Arundhati Roy, écrivaine et militante indienne. Photo : Helena Nordenberg/ Sveriges Radio

“Il ne peut y avoir de fiction sans appropriation. Parce que nous, écrivains de fiction, sommes aussi des prédateurs”

 Le texte suivant est tiré d’un discours prononcé à l’Académie suédoise le 22 mars 2023, lors d’une conférence intitulée La pensée et la vérité sous pression

Je remercie l’Académie suédoise de m’avoir invitée à prendre la parole lors de cette conférence et de m’avoir donné le privilège d’écouter les autres intervenants. Cette conférence a été planifiée il y a plus de deux ans, avant que la pandémie de coronavirus ne déclenche l’ampleur de l’horreur qu’elle nous réservait et avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Mais ces deux événements cataclysmiques n’ont fait qu’intensifier la situation difficile sur laquelle nous sommes réunis ici pour réfléchir : le phénomène de la transformation des démocraties en quelque chose de méconnaissable, mais dont les résonances sont étonnamment reconnaissables. Et l’escalade de la police de la parole selon des méthodes très anciennes et très nouvelles, au point que l’air lui-même s’est transformé en une sorte de machine punitive de chasse à l’hérésie. Nous semblons nous approcher rapidement de ce qui ressemble à une impasse intellectuelle.

Je vais inverser la séquence suggérée par le titre de cet exposé et commencer par le phénomène de la démocratie défaillante.

La dernière fois que je suis venue en Suède, c’était en 2017, pour le salon du livre de Göteborg. Plusieurs activistes m’ont demandé de boycotter la foire car, au nom de la liberté d’expression, elle avait permis au journal d’extrême droite Nya Tider d’installer son stand. À l’époque, j’ai expliqué qu’il serait absurde pour moi de faire cela parce que Narendra Modi, le Premier ministre de mon pays, qui a été (et est) chaleureusement accueilli sur la scène mondiale, est un membre à vie du RSS, une organisation suprémaciste hindoue d’extrême droite fondée en 1925, et constituée à l’image des Chemises Noires, l’aile paramilitaire “entièrement bénévole” du Parti national fasciste de Mussolini.

À Göteborg, j’ai assisté à la marche du Mouvement de résistance nordique. Il s’agissait de la première marche nazie en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle a été contrée dans la rue par de jeunes antifascistes.

Mais aujourd’hui, un parti d’extrême droite, même s’il n’est pas ouvertement nazi, fait partie de la coalition au pouvoir dans le gouvernement suédois. Et Narendra Modi est Premier ministre de l’Inde depuis neuf ans.

Lorsque je parlerai de démocratie défaillante, je parlerai principalement de l’Inde, non pas parce qu’elle est connue comme la plus grande démocratie du monde, mais parce que c’est l’endroit que j’aime, l’endroit que je connais et où je vis, l’endroit qui me brise le cœur tous les jours. Et qui le répare aussi.

N’oubliez pas que ce que je dis n’est pas un appel à l’aide, car nous savons très bien en Inde qu’aucune aide ne viendra. Aucune aide ne peut venir. Je vous parle d’un pays qui, bien qu’imparfait, était autrefois plein de possibilités singulières, un pays qui offrait une compréhension radicalement différente du sens du bonheur, de l’épanouissement, de la tolérance, de la diversité et de la durabilité que celle du monde occidental. Tout cela est en train de s’éteindre, de s’éteindre spirituellement.

La démocratie indienne est systématiquement démantelée. Seuls les rituels subsistent. L’année prochaine, vous entendrez certainement beaucoup parler de nos élections bruyantes et colorées. Ce qui n’apparaîtra pas, c’est que les règles du jeu - fondamentales pour des élections équitables - sont en fait une falaise abrupte dans laquelle pratiquement tout l’argent, les données, les médias, la gestion des élections et l’appareil de sécurité sont entre les mains du parti au pouvoir. L’institut suédois V-Dem, qui dispose d’un ensemble de données détaillées et complètes permettant de mesurer la santé des démocraties, a classé l’Inde dans la catégorie des “autocraties électorales”, au même titre que le Salvador, la Turquie et la Hongrie, et prédit que la situation risque d’empirer. Il s’agit de 1,4 milliard de personnes qui sortent de la démocratie pour entrer dans l’autocratie. Ou pire encore.

Le processus de démantèlement de la démocratie a commencé bien avant l’arrivée au pouvoir de Modi et du RSS. Il y a quinze ans, j’ai écrit un essai intitulé Democracy’s Failing Light. À l’époque, le Parti du Congrès était au pouvoir, un parti composé de vieilles élites féodales et de technocrates nouvellement acquis avec enthousiasme au marché libre. Je vais lire un court passage de cet essai, non pas pour prouver à quel point j’avais raison, mais pour vous montrer à quel point les choses ont changé depuis.

Alors que nous discutons toujours de la question de savoir s’il y a une vie après la mort, pouvons-nous ajouter une autre question au panier ? Y a-t-il une vie après la démocratie ? Quel genre de vie cela sera-t-il ?

La question est donc de savoir ce que nous avons fait de la démocratie. En quoi l’avons-nous transformée ? Que se passe-t-il une fois que la démocratie est épuisée ? Lorsqu’elle a été vidée de sa substance et de son sens ? Que se passe-t-il lorsque chacune de ses institutions s’est métastasée en quelque chose de dangereux ? Que se passe-t-il maintenant que la démocratie et le libre marché ont fusionné en un seul organisme prédateur à l’imagination mince et étriquée qui tourne presque entièrement autour de l’idée de maximiser le profit ? Est-il possible d’inverser ce processus ? Une chose qui a muté peut-elle redevenir ce qu’elle était ?

C’était en 2009. Cinq ans plus tard, en 2014, Modi a été élu Premier ministre de l’Inde. Au cours des neuf années qui se sont écoulées depuis, l’Inde a changé au point d’être méconnaissable. La “république laïque et socialiste” prévue par la Constitution indienne a presque cessé d’exister. Les grandes luttes pour la justice sociale et les mouvements écologistes visionnaires et obstinés ont été écrasés. Aujourd’hui, nous parlons rarement des rivières qui se meurent, des nappes phréatiques qui s’abaissent, des forêts qui disparaissent ou des glaciers qui fondent. Parce que ces inquiétudes ont été remplacées par une peur plus immédiate. Ou l’euphorie, selon le côté de la ligne idéologique où l’on se trouve.

Dans la pratique, l’Inde est devenue un État hindou corporatiste et théocratique, un État très policé et redoutable. Les institutions qui avaient été vidées de leur substance par le régime précédent, en particulier les grands médias, sont désormais animées d’une ferveur suprémaciste hindoue. Simultanément, le marché libre a fait ce que le marché libre fait. En bref, selon le rapport 2023 d’Oxfam, les 1 % les plus riches de la population indienne possèdent plus de 40 % de la richesse totale, tandis que les 50 % les plus pauvres de la population (700 millions de personnes) possèdent environ 3 % de la richesse totale. Nous sommes un pays très riche composé de personnes très pauvres.

GIDEON LEVY
Amjad pensait que son fils dormait à la maison. Mais l’adolescent venait d'être tué par un soldat israélien

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 25/3/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 Un adolescent se précipite dans la rue en pleine nuit pour jeter des pierres sur les soldats israéliens qui ont envahi son camp de réfugiés. Une jeep blindée s’arrête et un soldat l’abat. Hamza Al Ashqar est le cinquième habitant du camp d’Askar à être tué au cours de l’année écoulée.

Amjad et Liana al-Ashqar, les parents de Hamza

Son père nous montre le clip vidéo sur les derniers instants de son fils. Du sang coule de son nez et de sa bouche. Il essaie, impuissant, de dire quelque chose, jusqu’à ce qu’il s’évanouisse dans l’oubli, sa tête tombant sur le côté. Puis il y a l’image du corps sur le téléphone portable du père, le visage couvert de sang. Le père attire notre attention sur le fait que le garçon lève le doigt. Les musulmans sur le point de mourir ont l’habitude de pointer leur index vers le ciel lorsqu’ils récitent le verset “Il n’y a de Dieu qu’Allah” avant de passer dans l’autre monde. Le doigt est resté pointé après la mort de Hamza Al Ashqar.

 C’était un jeune réfugié de 16 ans, originaire du “nouveau" camp” d’Askar - fondé en 1965 sur l’ancien camp des Nations unies situé à cet endroit - au nord-est de la ville de Naplouse, un endroit densément peuplé et sillonné de ruelles étroites. Sur le chemin du camp, nous avons traversé la ville d’ouest en est. C’est une ville animée, encombrée par la circulation, qui a été frappée par les récentes incursions violentes de l’armée israélienne et par l’activité de la milice locale Tanière des Lions. Cette ville et le camp de réfugiés de Jénine, au nord, sont aujourd’hui les bastions de la résistance palestinienne en Cisjordanie.

 Des fraises de la bande de Gaza sont en vente sur le marché de Naplouse, la ville voisine de Huwara est à nouveau soumise à une forme de couvre-feu, le camp de Balata se trouve à proximité et l’avenue Amman nous mène au camp d’Askar.

 Les ruelles étroites du camp sont ornées d’une mer de panneaux commémoratifs pour ceux qui ont été tués : cinq habitants  au cours de la seule année écoulée. Abdelaziz Ashqar, un employé de 61 ans de l’UNRWA, l’agence humanitaire des Nations unies, a été tué fin février, deux semaines après Hamza ; Alaa Zaghal, l’ami de Hamza, a été tué quelques mois avant lui.

La bague d’Amjad Al Ashqar, portant l’image de son fils Hamza, aujourd’hui décédé. Un détenu palestinien a entendu le soldat qui a tiré se vanter d’avoir tué un "Arabe noir".

Des escaliers étroits et détrempés par la pluie mènent au logement de la famille de Hamza, située au deuxième étage. La porte s’ouvre sur un petit salon aussi bien entretenu que le permettent les maigres ressources de la famille, avec des canapés à rayures et un grand poster bien dessiné de leur fils décédé accroché au mur. Buchi, le chat persan de la famille, à la fourrure claire, épaisse et douce, est blotti dans les bras de Sadeel, la sœur endeuillée, qui est en cinquième. Elle porte un collier avec un pendentif à l’effigie de son frère décédé.

Les parents, Liana et Amjad, tous deux âgés de 45 ans, sont assis sous le poster de leur fils. L’image du fils a également été gravée sur la bague gris argent d’Amjad. Ils ont deux autres fils et quatre filles. Le père travaille pour la police palestinienne, après avoir été employé pendant des années par un fabricant d’éclairage à Holon. La famille est originaire de Yazur, aujourd’hui la ville israélienne d’Azur, près de la zone industrielle de Holon où travaillait Amjad.

23/03/2023

GIDEON LEVY
Les Israéliens savent qu’une vraie démocratie sonnerait le glas du sionisme

Gideon Levy, Haaretz, 23/3/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La plus grande menace qui pèse sur Israël est la menace démocratique. Il n’y a pas de plus grand danger pour le régime israélien que sa transformation en démocratie. Aucune société ne s’oppose à la démocratie comme la société israélienne. Il existe de nombreux régimes opposés à la démocratie, mais pas de société libre. En Israël, le peuple, le souverain, s’oppose à la démocratie. C’est pourquoi la lutte actuelle, qui prétend être une lutte pour la démocratie, est une mascarade. Elle est destinée à maintenir un simulacre de démocratie.

Theodor Herzl, le fondateur du sionisme, fut enterré à sa mort en 1904 au cimetière de Döbling, dans le XIXème arrondissement de Vienne, selon ses dernières volontés ("Je souhaite être enterré dans un cercueil en métal près de mon père et y reposer jusqu'à ce que le peuple juif transfère mon corps sur la terre d'Israël.")  En 1949, ses restes furent transférés à Jérusalem et enterrés au sommet du "Mont Herzl" (Har Hazikaron, Mont de la Mémoire), un cimetière créé par les sionistes pour enterrer leurs héros et héroïnes. Ses deux enfants ont été déterrés de France pour y être aussi transférés, ainsi que son petit-fils, mort aux USA.

Pour la plupart des Israéliens, une véritable démocratie équivaut à “la destruction d’Israël”. Ils ont raison. La véritable démocratie mettra fin au suprémacisme juif qu’ils appellent sionisme et à l’État qu’ils appellent juif et démocratique. Par conséquent, la menace de la démocratie est la menace existentielle contre laquelle tous les Israéliens juifs s’unissent : si la démocratie est instaurée pour tous les résidents de l’État, cela mettra fin à la prétendue démocratie.

C’est pourquoi les dirigeants de la protestation veillent à éviter tout contact véritable avec la démocratie, sous peine de voir l’ensemble s’effondrer comme un château de cartes. Ce n’est pas par racisme ou par haine des Arabes qu’ils ne veulent pas de drapeaux ou de manifestants palestiniens - ce sont des gens bien, après tout - mais seulement parce qu’ils ont compris que soulever la question de l’apartheid rendrait leur combat ridicule.

La simple évocation de l’idée d’un seul État démocratique, dans lequel une personne équivaut à une voix et où tous sont égaux, suscite une réaction instantanée et hostile chez les Israéliens libéraux et conservateurs : « Qu’est-ce que cela a à voir avec quoi que ce soit ? », suivi de « ça n’a jamais fonctionné nulle part », pour finir par « la destruction d’Israël ». Rien de moins. Il n’existe aucun autre pays dont les citoyens considèrent que devenir une démocratie équivaut à la destruction. Il n’y a pas d’autre combat pour la démocratie qui ignore totalement la tyrannie de l’État dans son propre jardin.

Alors que j’écris ces mots, tôt mercredi matin, les cris des manifestants devant le musée d’Eretz Israel résonnent en arrière-plan : “Démocratie, démocratie”. Comme l’a écrit un jour le légendaire leader de gauche Moshe Sneh*, dans ses notes pour son propre discours :  « Ici, élever la voix, car l’argument est faible ». Élevez la voix, camarades. Même si toutes vos demandes - aussi justifiées les unes que les autres - sont pleinement satisfaites, Israël ne deviendra pas une démocratie.

Quand la démocratie est criée avec pathos par des gorges enrouées, alors qu’à une demi-heure de route de la manifestation, des soldats arrachent nuit après nuit des civils à leur lit sans mandat judiciaire, qu’une ville est sous couvre-feu parce qu’elle a été victime d’un pogrom, qu’un millier de personnes sont en prison sans jugement et que des adolescents lanceurs de pierres sont systématiquement abattus, l’hypocrisie est impossible à digérer.

Les articles les plus terribles du plan du ministre de la justice Yariv Levin sont de glorieux monuments à la démocratie comparés au régime d’occupation. Même si le comité central du Likoud devait choisir tous les juges de la Cour suprême, un pour chaque circonscription électorale du Likoud, cette nouvelle cour serait un phare de la justice mondiale par rapport aux tribunaux militaires. Et comment peut-on ignorer les tribunaux militaires lorsqu’on se bat pour le système judiciaire israélien ? Ne font-ils pas partie du système judiciaire ? S’agit-il d’une externalisation ? Une légion étrangère ? Ne sont-ils pas le lieu où de nombreux juges israéliens font leurs premiers pas ? Ou devons-nous répéter les mensonges sur la situation d’urgence et l’état temporaire des choses ?

Continuez à protester vigoureusement, faites tout ce que vous pouvez pour renverser ce mauvais gouvernement, mais ne prononcez pas le nom de la démocratie en vain. Vous ne vous battez pas pour la démocratie. Vous vous battez pour un meilleur gouvernement à vos yeux. C’est important, c’est légitime et c’est impressionnant. Mais si vous aviez été des démocrates, vous vous seriez battus pour un État démocratique, ce qu’Israël n’est pas - et ce que vous n’êtes pas.

Vous vous battez contre un gouvernement horrible, qui doit être combattu parce qu’il détruit le tissu social à une vitesse terrifiante. Il démolit nos bonnes vies, notre économie florissante, la science, la culture, le système judiciaire et aussi l’armée la plus sophistiquée du monde. Honte, honte, honte. Il faut le combattre ; et quand vous en aurez le temps, battez-vous pour la démocratie.

NdT

* Moshe Sneh, Mosze Klaynboym en Pologne en 1909, arriva en Palestine en 1940 et fut le chef d’état-major de la Haganah de 1941 à 1946. D’abord membre des Sionistes généraux (ancêtres du Likoud), il co-fonde avec Ben-Gourion le MAPAM (sociaux-démocrates , qu’il quitte en 1953 lorsque le parti décide ne plus soutenir l’URSS et rejoint le MAKI (Parti communiste d’Eretz Israel), dont il sera le seul et dernier député jusqu’à sa mort en 1972.                                               

Suicide d'Israël, par Emad Hajjaj