Ci-dessous 3 articles du quotidien Hankyoreh sur l’accident qui a coûté la vie à 23 travailleurs intérimaires, en majorité immigrés, dans une usine de Hwaseong, à 45 km au sud de Séoul, en Corée du Sud, suivis d’un article sur la version sud-coréenne du grand remplacement, traduits par Fausto Giudice, Tlaxcala
Les risques sur le lieu de travail peuvent être évités ; pourquoi ne l’ont-ils pas été cette fois-ci ?
Éditorial, Hankyoreh, 25/6/2024
Les incendies de lithium sont notoirement dangereux et difficiles à éteindre. Des mesures préventives auraient pu sauver des vies.
Un incendie s’est déclaré lundi matin dans une usine de batteries au lithium à Hwaseong, dans la province de Gyeonggi, faisant au moins 22 morts et huit blessés. Une personne est toujours portée disparue (à 18h30 lundi). Il s’agit d’une horrible tragédie de masse. Vingt des victimes étaient des travailleurs migrants originaires de Chine, du Laos et d’autres pays. Les blessures laissées par l’incendie survenu en 2020 sur le chantier de construction d’un centre logistique à Icheon, dans la province de Gyeonggi, qui avait tué 38 personnes, commençaient à peine à se cicatriser que nous avons assisté à une nouvelle tragédie qui aurait pu être évitée. L’incendie s’est déclaré au deuxième étage d’un bâtiment d’usine où les batteries au lithium finies sont inspectées et emballées, et s’est propagé de manière incontrôlée à la suite d’une série d’explosions. Plus de 35 000 piles au lithium étaient stockées sur ce site.
Lorsqu’une batterie au lithium prend feu, elle déclenche un emballement thermique, dans lequel la température monte instantanément à plus de 1 000 degrés Celsius, et produit de grandes quantités de fluorure d’hydrogène gazeux. Si de l’eau entre en contact avec les batteries dans cet état, de l’hydrogène gazeux est produit, ce qui peut entraîner des explosions secondaires et rendre difficile l’extinction des incendies par les méthodes traditionnelles. Les pompiers avaient préparé du sable sec et de l’azote gazeux pour éteindre l’incendie causé par les piles au lithium, mais comme ils n’ont pas réussi à maîtriser les flammes, ils ont dû attendre près de quatre heures avant de commencer leur opération de sauvetage.
Il n’y a pas de mot pour exprimer l’horreur d’apprendre que les évacuations n’ont pas eu lieu dès les premiers stades de l’incendie, ce qui a conduit à une tragédie qui a coûté la vie à tant de personnes. Quelle que soit la rapidité avec laquelle le feu s’est propagé, il n’est pas logique que plus de 20 personnes aient été tuées avant d’avoir pu évacuer. Des corps d’ouvriers ont été retrouvés éparpillés au deuxième étage du bâtiment, là où l’incendie s’est déclaré. Malgré l’existence d’un escalier de secours menant au premier étage, trop de vies ont été perdues.
Il faut vérifier si le lieu de travail était conforme à la loi sur la sécurité et la santé au travail et si des violations de la loi sur la répression des accidents graves, qui a été étendue aux lieux de travail comptant plus de cinq employés et moins de 50 en janvier, ont été commises et, si tel est le cas, veiller à ce que les responsables soient tenus de rendre des comptes.
Si nous n’instaurons pas une culture du travail qui implique de vérifier soigneusement les divers dangers qui se cachent sur nos lieux de travail, nous ne savons jamais quand nous serons frappés par une autre tragédie inattendue. Nous ne devons pas poursuivre le cercle vicieux qui consiste à ne prendre des mesures qu’après que des vies ont été perdues. Le soutien aux familles des victimes de l’incendie, ainsi que le traitement des blessés, ne doivent pas être négligés.
Envoyés vers un danger inconnu, les travailleurs journaliers étrangers étaient sans défense face à l’incendie
Lee Seung-wook, Lee Jung-ha, Key Min-do, Hankyoreh, 26/6/2024
L’incendie survenu dans une usine de batteries au lithium à Hwaseong met en lumière les dangers auxquels sont confrontés les travailleurs temporaires étrangers dans des environnements de travail pour lesquels ils n’ont pas toujours reçu une formation adéquate en matière de sécurité
En tant que travailleurs temporaires, ils ont été victimes de discrimination. En tant qu’étrangers, ils étaient ostracisés. Bloqués dans une usine en feu, les travailleurs n’avaient personne pour leur dire comment s’en sortir. Dans une erreur tragique, ils se sont réfugiés à l’abri des gaz nocifs qui envahissaient le deuxième étage, dans un espace sans fenêtre ni issue de secours. Alors que certains de leurs collègues plus chanceux ont réussi à fuir l’incendie et à pousser des soupirs de soulagement, ceux qui ne connaissaient pas l’usine ont rendu leur dernier souffle dans un état de douleur et de panique absolues. L’incendie qui a éclaté dans une usine de batteries au lithium à Hwaseong, dans la province de Gyeonggi, et qui a fait 23 morts, révèle brutalement un aspect de la société coréenne que nous voulons désespérément cacher. La colonne vertébrale qui soutient ce pays avancé et industrialisé qu’est la Corée du Sud est constituée de travailleurs étrangers considérés comme bon marché, facilement remplaçables et peu coûteux à gérer. Ces travailleurs migrants, comme ceux qui ont péri dans l’incendie, peinent dans les angles morts de l’emploi et de la sécurité sur le lieu de travail.
Le PDG d’Aricell, Park Soon-kwan, a déclaré lors d’une conférence de presse mardi que son entreprise « faisait l’objet de contrôles de sécurité réguliers et que des extincteurs à poudre étaient présents sur les lieux » Cependant, des images de vidéosurveillance de l’usine obtenues par Hankyoreh montrent que dès que les piles ont commencé à exploser, certains travailleurs ont tenté d’éteindre l’incendie avec les extincteurs disponibles. Leurs efforts ont été vains, car d’autres explosions de piles ont provoqué une propagation incontrôlable des flammes. Cela suggère qu’aucun équipement spécial nécessaire à l’extinction rapide des incendies de lithium ne se trouvait là où il aurait du être, ou qu’il y avait un manque d’équipement de ce type. « Nous disposions d’alarmes incendie, d’extincteurs et d’un protocole d’urgence indiquant comment sortir facilement du bâtiment », a ajouté M. Park.
Malgré ces affirmations, les images de vidéosurveillance montrent que les travailleurs du bâtiment ne semblaient pas conscients de la gravité de la situation lorsque la première batterie a commencé à fumer et même lorsque les deux premières explosions se sont produites. Les travailleurs ont tenté de déplacer les piles avec leurs mains lorsqu’elles ont commencé à fumer, et ils n’ont pas cessé d’essayer d’éteindre le feu même lorsqu’elles ont commencé à exploser rapidement l’une après l’autre comme des pétards. Un tel comportement démontre que les travailleurs n’étaient pas correctement préparés à réagir à un incendie de piles au lithium.
« Ils auraient dû quitter les lieux dès que possible lorsque le feu n’a pas pu être éteint immédiatement, mais ils sont restés sur place et ont continué à essayer de l’éteindre », a déclaré Park Jae-sung, professeur de lutte contre les incendies à la Korea Soongsil Cyber University, après avoir visionné les images de la télévision en circuit fermé. « Pour ne rien arranger, il semble que l’encombrement de l’espace de travail ait empêché de dégager les voies d’accès à la sortie de secours, ce qui n’a fait qu’aggraver les risques. » L’efficacité du protocole de sécurité de l’usine et des exercices en cas de catastrophe a également été remise en question, car de nombreux travailleurs étaient des étrangers dont l’emploi à long terme n’était pas garanti.
Après l’incendie, un cadre moyen de l’usine, identifié comme Lee, a déclaré : « L’entreprise organise des exercices d’évacuation en cas d’incendie une fois par trimestre, et comme nous traitons du lithium, une matière dangereuse, nous organisons toujours une formation à la sécurité à l’avance ». Même si nous devions croire la déclaration de Lee, il est peu probable que les journaliers et autres travailleurs intérimaires, qui sont employés par des agences de travail temporaire et sont embauchés en fonction des besoins, aient reçu des formations fréquentes en matière de sécurité ou aient été informés des exercices d’évacuation trimestriels. En effet, le temps consacré à l’éducation et à la formation des travailleurs temporaires se traduit par des dépenses pour l’entreprise.
Même s’ils avaient reçu la formation nécessaire en matière de sécurité, il est logique de penser qu’il aurait été difficile pour des étrangers ne maîtrisant pas le coréen de comprendre pleinement les procédures d’intervention en cas de catastrophe. Un responsable d’une agence de travail temporaire qui a embauché les travailleurs a déclaré : « Nous choisissons les personnes qui voient l’annonce en ligne, nous les mettons dans le bus de banlieue et nous les envoyons à l’usine d’Aricell. Les conditions demandées par Aricell diffèrent à chaque fois, de sorte que les contrats des travailleurs sont différents à chaque fois ». Sur les 23 travailleurs qui ont perdu la vie dans la tragédie de lundi, 17 étaient des ressortissants chinois et une ressortissante laotienne. Tous étaient des travailleurs temporaires affiliés à la société d’expédition. Huit d’entre eux étaient des hommes et 15 des femmes.
“Jetables” : en Corée, les pratiques illégales de l’intérim poussent les migrants à occuper des emplois à risque
Kim Hae-jeong, Park Tae-woo, Hankyoreh,27/6/2024
De nombreux travailleurs migrants sont fournis par des agences d’intérim qui les envoient dans des domaines non autorisés, y compris la production directe dans les entreprises manufacturières, sans formation adéquate en matière de sécurité.
« Lorsque vous êtes un travailleur temporaire, on vous utilise une fois, puis on se débarrasse de vous. Si vous vous blessez - ou si les volumes de travail diminuent - vous êtes licencié par SMS. Vous ne percevez pas d’indemnités de licenciement et vos dossiers ne sont pas traités comme des accidents du travail ».
Kim, une Coréenne de souche originaire de Chine âgée d’une quarantaine d’années et naturalisée sud-coréen il y a deux ans, travaille depuis plus de quatre ans dans des emplois de production en tant qu’intérimaire dans une usine de fabrication du complexe industriel de Bupyeong, à Incheon. Lorsque du travail est disponible, Kim signe un contrat de travail avec une agence d’intérim et se rend à l’usine pour y travailler.
Kim a signé de nombreux contrats de travail avec l’agence et a travaillé dans différents endroits, notamment dans des entreprises de pièces détachées automobiles et de galvanoplastie.
Pour Kim, l’explosion et l’incendie tragiques qui se sont produits lundi dans l’usine de batteries au lithium d’Aricell et qui ont coûté la vie à 23 personnes, dont 18 travailleurs migrants, l’ont frappée de plein fouet.
« Lorsque je travaillais à l’usine de galvanoplastie dans le passé, j’ai reçu de la solution de placage dans les yeux », a-t-elle raconté à Hankyoreh mercredi.
« J’ai dû payer de ma poche le traitement, et comme je n’ai pas pu quitter mon appartement pendant trois jours, j’ai fini par me faire licencier », se souvient-elle.
« Les personnes qui sont mortes dans cette catastrophe se trouvaient très probablement dans une situation similaire à la mienne, où la loi pourrait tout aussi bien ne pas exister », commente-t-elle.
Le détachement de travailleurs pour des travaux de production est un problème qui traîne depuis des années dans les petites entreprises manufacturières installées dans des complexes industriels. Le travail temporaire est une pratique dans laquelle les travailleurs signent un contrat de travail avec une agence d’intérim et reçoivent un salaire de celle- ci, tout en étant supervisés et dirigés par un autre employeur.
La loi sur la protection des travailleurs intérimaires interdit l’envoi de travailleurs pour la production directe dans les entreprises manufacturières et prévoit des sanctions pénales en cas d’infraction.
Mais les violations de ces conditions sont monnaie courante, comme en témoigne le flot ininterrompu d’offres d’emploi pour travailler dans la production manufacturière que l’on trouve sur les sites ouèbe de recherche d’emploi. Les agences d’intérim exploitent même des bus de banlieue qu’elles utilisent pour transporter les travailleurs temporaires vers les complexes.
Les membres d’un comité de réponse au grave accident industriel de l’usine de batteries Aricell tiennent une conférence de presse devant les restes fumants de l’usine à Hwaseong, dans la province de Gyeonggi, le 24 juin 2024. Photo Yonhap
Les Sud-Coréens refusant de plus en plus de travailler dans les petites entreprises manufacturières, le vide a été comblé par la fourniture illégale de travailleurs migrants, dont de nombreux Coréens de souche originaires de Chine.
« La tendance actuelle est à l’embauche directe pour les postes techniques qualifiés et à l’embauche d’ouvriers pour les postes de production simples », explique Kim Yong-cheol, directeur du bureau de conseil en matière d’emploi de la section locale du syndicat coréen des travailleurs de la métallurgie au complexe industriel de Seongseo, à Daegu.
« Cela permet [aux entreprises] de réduire les coûts de gestion des embauches et des autres tâches liées au personnel, et comme l’agence de travail temporaire assume la responsabilité en cas de problème, elles sont en mesure d’externaliser le risque », aexplique-t-il.
Ce type d’externalisation des risques est de plus en plus répandu.
Les pratiques de “flexibilité du travail” - où les entreprises qui engagent des travailleurs temporaires les licencient lorsqu’il n’y a pas de travail à faire - sont étroitement associées à des violations des droits des travailleurs. Les exemples les plus courants sont le non-paiement des salaires, la non-inscription aux quatre principaux régimes d’assurance sociale, les accidents du travail et les licenciements abusifs.
Un rapport sur les conditions des travailleurs temporaires migrants publié en 2020 par le Gyeonggi Institute of Research and Policy Development for Migrants’ Human Rights montre que 58,9 % des personnes interrogées ayant une expérience du travail temporaire - plus de la moitié - ont répondu qu’elles n’avaient 3jamais signé de contrat de travail3.
Outre des facteurs tels que “les bas salaires” (15,4%) et “la difficulté du travail” (11,9%), les autres raisons invoquées pour quitter un emploi sont “parce qu’ils m’ont dit de ne plus venir” (16,8%) et “parce que les conditions de travail réelles étaient différentes de la description” (11,1%).
« Déjà, les personnes qui se retrouvent sur le marché de l’intérim sont des travailleurs migrants et des Sud-Coréens plus âgés qui ont des difficultés à trouver un autre emploi », explique Park Jae-cheol, directeur du Ansan Contingent Workers’ Center.
« Les travailleurs migrants, en particulier, ne sont souvent pas familiarisés avec la langue coréenne, ce qui fait qu’il leur est même difficile de soulever des questions », ajoute-t-il.
Vient ensuite la question de la formation à la sécurité au travail et de l’adhésion à une assurance contre les accidents du travail. Certains ont estimé que la tragédie la plus récente était en partie due au fait que les travailleurs temporaires ne connaissaient pas les itinéraires d’évacuation d’urgence ni les autres protocoles de sécurité sur le lieu de travail. En outre, Meicell, l’agence d’intérim qui employait les travailleurs de l’usine de batteries, n’avait pas inscrit ses employés à l’assurance contre les accidents du travail.
Les situations de ce type sont plus proches de la règle que de l’exception.
« J’ai été envoyée dans des usines et je n’ai jamais reçu de formation adéquate en matière de sécurité », dit Kim.
Sous couvert d’anonymat, une autre personne qui travaillait jusqu’à récemment dans une agence d’intérim a déclaré à Hankyoreh que son expérience était similaire.
« Nous sommes tellement occupés à nous rendre directement au travail que nous n’avons pas le temps de nous former à la sécurité ou d’apprendre les plans d’évacuation en cas d’incendie », dit la personne. « La plupart des agences d’intérim ne vous inscrivent pas à l’assurance contre les accidents du travail et, la plupart du temps, ne se préoccupent de l’indemnisation des accidents du travail qu’en cas de frais d’hospitalisation importants ».
Nombreux sont ceux qui affirment que le gouvernement est responsable de la situation actuelle. Depuis des années, les organisations syndicales mettent en avant le problème de l’envoi illégal de travailleurs intérimaires dans les complexes industriels et demandent que des mesures soient prises.
« Depuis des années, le syndicat coréen des travailleurs de la métallurgie dénonce les agences d’intérim illégales aux autorités et les poursuit en justice, mais le ministère du travail et les procureurs ont fait preuve de complaisance dans leurs réponses, en innocentant les agences ou en leur donnant seulement une tape sur les doigts », dit Lee Dae-woo, responsable de la stratégie organisationnelle du syndicat.
« Si le ministère du travail continue à fermer les yeux sur le recours illégal à l’intérim, ce genre de tragédies continuera à se produire », ajoute-t-il.
L’exploitation des travailleurs domestiques étrangers ne résoudra pas le problème du taux de natalité en Corée
Éditorial, Hankyoreh, 26/6/2024
Une proposition visant à exempter les travailleurs domestiques étrangers des normes de salaire minimum ne fera qu’aggraver les problèmes de la Corée du Sud.
Le 19 juin, le gouvernement sud-coréen a annoncé des mesures visant à lutter contre la chute du taux de natalité et la diminution de la population du pays. Dans le cadre de cette annonce, l’administration a proposé d’exempter les employé·es de maison étranger·ères et les aides domestiques du salaire minimum, une annonce qui s’est avérée controversée. L’administration a été confrontée à des réactions similaires concernant d’autres propositions politiques, mais a finalement décidé de respecter la loi sur le salaire minimum plutôt que de risquer de subir les contrecoups de politiques discriminatoires. Aujourd’hui, cependant, l’administration tente de réinsérer la même politique dans ses mesures démographiques.
La proposition du gouvernement est la suivante. L’État autorisera 1 200 travailleurs domestiques étrangers à venir en Corée avec le visa du système de permis de travail non professionnel (E-9) au cours du premier semestre 2025, tout en autorisant 5 000 migrants supplémentaires - à savoir les conjoints de travailleurs migrants et les étudiants étrangers qui étudient en Corée - à travailler dans le pays à un salaire inférieur au salaire minimum légal.
En vertu de la législation actuelle, si un employé de maison ou une femme de ménage est employé par une agence agréée par l’État, la loi sur le salaire minimum s’applique. Toutefois, si l’employé de maison n’est pas employé par une agence agréée par l’État et qu’il est directement embauché par des ménages individuels, les lois sur le salaire minimum ne s’appliquent pas. L’administration utilise essentiellement ce vide juridique pour injecter de la main-d’œuvre étrangère sur le marché à moindre coût. En outre, l’État envisage d’agréer des agences de courtage privées qui mettraient ces travailleurs en relation avec les consommateurs [sic].
Les travailleurs domestiques, y compris les femmes de ménage, ne bénéficient que depuis peu de protections juridiques en vertu de la loi sur l’amélioration de l’emploi des travailleurs domestiques, qui a été promulguée en 2022. Pourtant, l’administration actuelle prend la décision anachronique d’annuler ces protections et d’encourager les contrats de travail non officiels.
Le fait que l’État annonce ouvertement des politiques discriminatoires va également à l’encontre des normes internationales. Selon la convention n° 111 de l’Organisation internationale du travail, la discrimination dans les contrats de travail en fonction de la nationalité, du sexe ou de la religion n’est pas autorisée. Les experts craignent que l’exemption des lois sur le salaire minimum pour les travaux domestiques tels que les services de ménage et de nounou n’encourage les travailleurs migrants à quitter leur emploi et à devenir ainsi des étrangers sans papiers.
En outre, avant même que le projet pilote visant à faire venir des travailleurs domestiques des Philippines en septembre ait fait l’objet d’une évaluation appropriée, l’administration annonce déjà des plans visant à étendre la portée de cette politique. Dans une déclaration commune publiée le 20 juin avec la Confédération coréenne des syndicats, les principaux mouvements syndicaux philippins ont exigé que les contrats des aides familiales philippines soient transparents et accessibles, que des inspections régulières des logements des travailleur·ses soient effectuées et que les syndicats jouent un rôle dans les programmes de formation.
En janvier, le gouvernement des Philippines a suspendu ses déploiements de travailleurs saisonniers en Corée en raison d’une litanie d’abus de travail signalés, y compris le vol de salaires. Les organisations syndicales philippines ont reproché au gouvernement sud-coréen de n’avoir pris aucune mesure pour remédier à ces abus.
Le projet coréen d’encourager les contrats privés entre les familles et les employé·es de maison ne fera qu’ouvrir la voie à toutes sortes de violations des droits. Le gouvernement coréen doit tenir compte des critiques selon lesquelles sa focalisation myope sur la main-d’œuvre bon marché, sans examen approfondi de ses ramifications, ne fera qu’engendrer des problèmes plus graves.
Labor Laws = lois du travail
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