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07/02/2025

MICHELLE GOLDBERG
Le Deal sur Gaza de Trump : des crimes de guerre en échange d’un terrain pieds dans l’eau

Michelle GoldbergThe New York Times, 7/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Goldberg est chroniqueuse de la rubrique Opinion du Times depuis 2017. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur la politique, la religion et les droits des femmes, et a fait partie d’une équipe qui a remporté un prix Pulitzer pour le service public en 2018 pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel sur les lieux de travail.

Lorsque Donald Trump, s’exprimant aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, a annoncé cette semaine que les USA prendraient le contrôle de Gaza et réinstalleraient « définitivement » sa population ailleurs, peu de politiciens usaméricains l’ont pris au sérieux.


Une plage dans la bande de Gaza. Photo Eyad Baba/AFP — Getty Images

 Après tout, Trump a déjà proféré des menaces impérialistes trollesques contre le Groenland, le Canada et le Panama, mais jusqu’à présent, il ne semble pas prêt à étayer ses fanfaronnades par la force militaire. Et si certaines parties de sa base frissonnent d’excitation à l’idée d’un renouveau national par la conquête, dans l’ensemble du pays, les nouvelles campagnes de construction nationale suscitent peu d’intérêt.

Dans les jours qui ont suivi la proposition grotesque du président, ses conseillers et alliés ont, comme à leur habitude, tenté de la réorienter vers une voie plus sensée. Le secrétaire d’État, Marco Rubio, par exemple, a prétendu que Trump avait simplement fait une offre généreuse pour aider Gaza à se reconstruire. Israël, cependant, a compris la portée considérable des propos de Trump. Les USA n’ont évidemment pas l’intention de construire une Riviera moyen-orientale à la frontière israélienne. Ce qu’il a fait, cependant, c’est accorder à Israël une nouvelle licence extraordinaire pour écraser les Palestiniens à Gaza, et peut-être aussi en Cisjordanie.

Une partie de la droite israélienne rêve depuis longtemps d’expulser les Palestiniens de leur terre, une ambition folle qui n’a fait que s’intensifier et se généraliser depuis le 7 octobre. Aujourd’hui, Trump a pris cette idée autrefois taboue et l’a rendue acceptable. « Je salue l’initiative audacieuse du président américain Trump, qui pourrait permettre à une grande partie de la population de Gaza de se réinstaller dans divers pays du monde », a déclaré jeudi le ministre israélien de la Défense, Israel Katz. Il a ordonné à l’armée de commencer à préparer des « options de sortie » pour les Palestiniens.

La proposition de Trump, a déclaré  le ponte Amit Segal sur la chaîne israélienne Channel 12, « ne correspond pas à 100 % à ce que veut Netanyahou, mais à 200 % ». Jusqu’à présent, les politiciens israéliens qui discutaient publiquement de telles idées risquaient de se heurter à l’opposition usaméricaine. L’administration de Joe Biden s’est honteusement montrée réticente à freiner Netanyahou, mais elle a reproché à des ministres israéliens d’extrême droite d’avoir fantasmé sur la construction de colonies juives à Gaza. Les Palestiniens, a déclaré l’année dernière le secrétaire d’État de Biden, Antony Blinken, « ne peuvent pas, et ne doivent pas, être contraints de quitter Gaza ». Netanyahou a dû au moins faire semblant d’être d’accord, en insistant sur le fait qu’il n’était pas « réaliste » de parler de coloniser Gaza.

Cela pourrait lui sembler plus réaliste maintenant. Jeudi, Trump a écrit sur Truth Social, son site de médias sociaux : « La bande de Gaza serait remise aux USA par Israël à la fin des combats », après que les Palestiniens auront « déjà été réinstallés dans des communautés bien plus sûres et plus belles, avec des maisons neuves et modernes, dans la région ». Peu importe que, selon les termes du cessez-le-feu dont il s’attribue le mérite, les combats soient censés être terminés maintenant. Trump semble proposer un marché à Israël : les USA accepteront le nettoyage ethnique de Gaza tant qu’ils obtiendront en échange un terrain de premier choix en bord de mer.

Jusqu’à présent, bien sûr, Israël et les USA ont tous deux parlé de l’expulsion des Palestiniens de Gaza comme si elle était volontaire. Il ne fait aucun doute que certains Palestiniens choisiraient de quitter la terre qu’Israël a rendue inhabitable s’ils avaient une alternative décente, ce qui n’est pas le cas. (Un site d’information israélien a rapporté que parmi les destinations envisagées par les Palestiniens figurent le Puntland et le Somaliland, deux régions de Somalie.) Mais une grande partie des quelque deux millions d’habitants de l’enclave, marqués par une histoire de dépossession, sont déterminés à rester sur place. Les chasser serait un crime de guerre. Cela ne pourrait se faire sans atrocité.

Les républicains peuvent balayer les propos de Trump comme de simples élucubrations audacieuses, mais en ouvrant la porte à une Gaza sans Palestiniens, Trump a déjà rendu le monde plus brutal et instable. En ce moment même, Israël et le Hamas sont censés négocier la phase 2 de leur accord de cessez-le-feu, qui doit conduire à une cessation permanente des combats, à la libération des derniers otages encore en vie et au retrait des forces israéliennes. Mais la délégation israélienne n’est pas encore partie pour le Qatar afin de participer aux pourparlers, et maintenant Trump a supprimé une incitation importante pour le Hamas à libérer les otages. Pourquoi le Hamas les libérerait-il, s’est demandé Samuel Heilman dans le Times of Israel, « alors qu’à la fin du processus, ils n’auront ni le contrôle de Gaza, ni aucun espoir d’un État souverain palestinien ? »

Une idée circule selon laquelle, même si le plan de Trump est irréalisable, il mérite d’être salué pour avoir reconnu que le statu quo est intenable. « Trump s’attaque à un vrai problème, celui de la reconstruction de Gaza », a déclaré l’universitaire britannique Lawrence Freedman au New York Times. Mais il n’y a rien d’admirable à proposer des solutions absurdes et impossibles à des dilemmes insolubles. Si des gens intelligents se convainquent du contraire, cela me suggère qu’il y a là une tentative désespérée de trouver de la rationalité là où il n’y en a pas.

Avant même l’arrivée de Trump au pouvoir, « l’ordre international fondé sur des règles » était déjà profondément délabré, en grande partie à cause de la complicité de Biden dans l’anéantissement de Gaza. Aujourd’hui, cet ordre est mort, tout comme d’autres vestiges imparfaits d’une époque moins chaotique, comme le soft power que l’USAmérique a construit grâce à l’aide étrangère et aux idéaux démocratiques. Peut-être que les menaces de Trump contre le Canada et le Danemark et son projet de nouvelle colonie en Méditerranée n’aboutiront à rien. Mais avec sa rhétorique renouvelée de l’empire usaméricain, il a supprimé toute prétention que d’autres pays devraient être limités par autre chose que leur propre puissance. Il a créé une justification de facto non seulement pour l’expansionnisme israélien, mais aussi pour l’expansionnisme chinois et russe.

Les vieilles règles n’ont jamais aussi bien fonctionné qu’elles étaient censées le faire. Cela ne veut pas dire que nous ne les regretterons pas bientôt.

 

 

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