المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

Theodore Schleifer y Madeleine Ngo
Así fue la primera semana de Elon Musk en Washington

07/02/2025

Comment Elon Musk et ses alliés ont pris d’assaut Washington et se sont lancés dans la Grande Mutation

Le milliardaire et ses associés de la Silicon Valley ont atterri dans la capitale et ont immédiatement entrepris de réduire la taille du gouvernement fédéral, reprenant le scénario qu’il avait utilisé après avoir acheté Twitter en 2022.
 Theodore Schleifer et Madeleine NgoThe New York Times, 29/1/2025
Kirsten Grind et Ryan Mac ont contribué à ce reportage.
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Theodore Schleifer est un journaliste qui couvre les milliardaires et leur impact sur le monde pour le Times.

Madeleine Ngo couvre la politique économique usaméricaine et son impact sur la population à travers le pays.

 

Elon Musk, à gauche, à Washington la veille de l’investiture du président Trump. M. Musk s’est vu attribuer un bureau dans l’aile ouest, où il dirige le soi-disant Département de l’efficacité gouvernementale. Photo Doug Mills/The New York Times

Vendredi 24 janvier dans l’ après-midi, la personne la plus riche du monde s’est présentée dans ce qui semble être l’une des agences les plus ennuyeuses du monde pour exiger une liste.

Elon Musk était arrivé au Bureau de la gestion du personnel, une agence au nom banal qui détient un vaste pouvoir de supervision de la main-d’œuvre civile fédérale. Au cours du premier mandat du président Trump, le dirigeant de la nation a utilisé l’agence pour imposer la loyauté à son programme. Pendant son second mandat, il semble que Musk pourrait essayer d’utiliser le bureau pour imposer sa propre vision des choses.

Musk a débarqué à Washington avec une foule d’amis et d’employés rémunérés, déterminé à laisser rapidement son empreinte. Jamais auparavant dans l’histoire moderne, quelqu’un d’aussi riche n’avait joué un rôle aussi actif dans le gouvernement usaméricain, Musk se rendant omniprésent à Washington depuis son arrivée pour l’investiture de Trump. Son avion n’a pas redécollé.

Dès le premier jour de Trump, ce dernier a donné du pouvoir à Musk en créant le soi-disant Département de l’efficacité gouvernementale, une initiative de réduction des coûts menée par le milliardaire de la technologie. Trump a donné au groupe le pouvoir de travailler sur un plan visant, entre autres, à réduire la taille de la main-d’œuvre fédérale.

Se rendant à Washington avec la détermination et la bravade qui le caractérisent, Musk reprend les tactiques qu’il a déployées chez Twitter, qu’il avait racheté en 2022. Il a mis à profit tout le poids de son réseau dans la Silicon Valley, en nommant certains des mêmes dirigeants qui ont licencié 80 % du personnel du réseau social, et en utilisant même les mêmes objets de courriel. Il a promis « des réductions massives d’effectifs dans toute la bureaucratie fédérale », et il s’empresse maintenant de le faire.

L’approche de réduction des coûts de Musk, qui consiste à sabrer d’abord et à réparer ensuite, a été intentionnelle tout au long de sa carrière. Et certaines des premières mesures prises par l’administration Trump pour geler le financement des programmes fédéraux et inciter les fonctionnaires à démissionner ont semé la confusion ou sont contestées en justice. (Mercredi 29 janvier, la Maison Blanche est revenue sur un décret qui gelait des milliers de milliards de dollars de subventions et de prêts fédéraux).

Mais Musk veut un changement radical - et il va de l’avant.

Cet article est basé sur des entretiens avec une douzaine de personnes informées de la façon dont Musk a passé sa première semaine à Washington, qui ont toutes insisté pour garder l’anonymat car elles n’étaient pas autorisées à parler de ses activités.


Scott Kupor, le candidat de Trump à la direction du Bureau de la gestion du personnel, en 2017. Kupor est associé gérant de la société de capital-risque Andreessen Horowitz. Photo Kevin Lamarque/Reuters

Les alliés de Musk pour superviser la main-d’œuvre

Vendredi, M. Musk s’est présenté au Theodore Roosevelt Federal Building et a demandé aux employés du Bureau de la gestion du personnel de lui fournir une liste des directeurs des systèmes d’information fédéraux. Cette demande reflète le fait que les projets de Musk semblent fortement impliquer l’agence, qui devrait être dirigée par l’un de ses partisans, Scott Kupor, un investisseur en capital-risque de la Silicon Valley chez Andreessen Horowitz, qui attend la confirmation du Sénat.

Musk, cependant, ne perd pas de temps avant l’arrivée de Kupor.

Plusieurs des principaux collaborateurs de Musk ont obtenu des postes de conseillers principaux au Bureau de la gestion du personnel. Parmi eux, Brian Bjelde, un responsable des ressources humaines chez SpaceX qui qui se présente lui-même comme le 14e  employé de l’entreprise et qui a joué un rôle dans le rachat de Twitter par Musk, où il a contribué à procéder à des licenciements massifs. Riccardo Biasini, un dirigeant de la Boring Company, la société de construction de tunnels de Musk, a également rejoint son équipe chez Twitter.

Mais l’allié le plus puissant de Musk au sein du Bureau de la gestion du personnel est Anthony Armstrong, un banquier spécialisé dans les technologies de pointe chez Morgan Stanley, qui a travaillé sur l’acquisition de Twitter par le milliardaire en 2022.

Musk semble même avoir pris le contrôle des communications internes. Mardi soir, un courriel du Bureau de la gestion du personnel a proposé à environ deux millions d’employés fédéraux la possibilité de démissionner et d’être payés jusqu’à la fin du mois de septembre. Le courriel avait pour objet : “Fork in the road” [Bifurcation]. C’était exactement l’objet que Musk avait utilisé pour encourager les employés de Twitter à démissionner en novembre 2022.

La plupart des personnes que Musk a fait venir à Washington sont de jeunes ingénieurs qui ne le connaissaient pas mais qui ont accepté des semaines de travail de 80 heures et sont déployés dans des agences fédérales.

Mais il ne fait pas facilement confiance aux nouvelles personnes, et il fait donc largement appel à son entourage proche.

Parmi ses confidents dans sa vaste guerre contre la bureaucratie figurent l’investisseur Antonio Gracias, ancien membre du conseil d’administration de Tesla, et Terrence O’Shaughnessy, général quatre étoiles à la retraite de l’armée de l’air, qui est l’un des principaux conseillers de Musk chez SpaceX. Musk a fait pression sur O’Shaughnessy pour qu’il occupe des postes administratifs, et le général a déclaré à d’autres personnes qu’il était envisagé comme remplaçant potentiel de Pete Hegseth lors de la turbulente mais fructueuse tentative de ce dernier de diriger le Pentagone.

Baris Akis, dirigeant d’une société de capital-risque de la Silicon Valley né en Turquie et diplômé de Stanford en 2016, est l’une des nouvelles personnes à avoir gagné la confiance de Musk.

Akis n’avait pas de relation significative avec Musk jusqu’à il y a quelques semaines. Mais il a été profondément impliqué dans la transition de Trump, en y consacrant peut-être plus d’heures que tout autre leader technologique en dehors de Musk - et il est devenu le bras droit de Steve Davis, un lieutenant de Musk qui a supervisé le département de l’efficacité gouvernementale.

Davis et Akis ont été très impliqués dans le Bureau de la gestion du personnel ces dernières semaines. Mais aucun d’eux n’y travaille réellement. Davis passe aujourd’hui une grande partie de son temps à la General Services Administration, qui aide à gérer les agences fédérales et qui est probablement la prochaine cible de la guerre de Musk contre la bureaucratie.

À la General Services Administration, Musk a nommé Thomas Shedd, ingénieur logiciel chez Tesla, au poste de directeur des « Services de transformation technologique ».

Amanda Scales, une autre alliée de Musk, qui a travaillé pour le milliardaire et, avant cela, pour Akis, a joué un rôle particulièrement visible au sein du Bureau de gestion du personnel. Les agences fédérales ont été invitées à envoyer à Mme Scales une liste des travailleurs qui sont encore en période d’essai - et sont donc plus faciles à licencier.

Mme Scales a été nommée chef de cabinet de l’agence à un moment où celle-ci n’a pas de directeur à temps plein, et elle a suscité beaucoup de colère en ligne en tant que visage des réductions proposées par Trump dans les effectifs fédéraux.

L’équipe de Musk a pris le contrôle de l’ United States Digital Service le premier jour de l’administration Trump. L’unité a depuis été rebaptisée « U.S. DOGE Service ». Photo Eric Lee/The New York Times

Empreintes digitales sur des décisions clés

À Washington,  Musk est à la fois une célébrité et un bureaucrate, parfois simultanément.

À un moment donné, lui et plusieurs de ses amis milliardaires, dont Gracias, se mêlaient aux personnalités de l’establishment de Washington lors du dîner annuel de l’Alfalfa Club, où plusieurs participants ont enfreint la politique non écrite de l’événement interdisant les téléphones portables et l’ont assailli pour des selfies. Lors d’un autre, il a été aperçu dans le mess de la Maison Blanche, où une vingtaine de membres du personnel mangent des sandwichs entre deux réunions - mais contrairement à Musk, la plupart ne retournent pas dans un bureau de l’aile ouest pour aider à superviser ce que M. Trump dit être une équipe de 40 personnes exécutant ses ordres.

Musk s’est retrouvé concentré sur les manœuvres bureaucratiques dès sa première semaine.

Son équipe s’est donné pour priorité de trouver un moyen d’envoyer un courriel à l’ensemble des 2,3 millions d’employés civils fédéraux en une seule fois, ce qui est facile à faire dans une entreprise comme Tesla, mais plus difficile à réaliser pour l’ensemble de la vaste main-d’œuvre fédérale, dans laquelle les agences ne peuvent généralement envoyer des courriels qu’à leurs propres employés. Le Bureau de gestion du personnel a pu utiliser cette liste pour diffuser son mémo mardi soir.

Tout cela dans le but d’atteindre les 2 000 milliards de dollars d’économies annuelles que Musk avait initialement annoncées grâce à l’utilisation de la technologie, à la déréglementation et aux coupes budgétaires (il a récemment revu son estimation à la baisse, la rapprochant de 1 000 milliards de dollars). Dans plusieurs messages publiés sur X depuis l’investiture de Trump, le département de l’efficacité gouvernementale s’est vanté de plus de 500 millions de dollars d’économies immédiates grâce à la réduction des initiatives DEI [Diversité, équité et inclusion] et à la renégociation des baux de bureaux inutilisés, que les responsables ont qualifiés de « priorité initiale » du groupe.

Le premier jour de l’administration Trump, l’équipe de Musk a repris l’United States Digital [Service service numérique des USA], une unité du bureau exécutif du président qui a été rebaptisée « service DOGE des USA ». Les quelque 200 employés du service s’attendent à des licenciements massifs, et un autre dirigeant de la Silicon Valley, Tom Krause, a mené des entretiens avec des employés. Entre autres questions, Krause a demandé aux employés ce qui les rendait exceptionnels et qui étaient les meilleurs travailleurs de l’agence.

L’équipe de Musk a également pris en charge toute une série de fonctions, notamment celles de membres du personnel informatique et de détectives. Trump a déclaré que le travail de Musk consistait notamment à exécuter ses ordres exécutifs. Musk a donc essayé de déployer ses ingénieurs pour trouver des moyens de couper le flux d’argent du département du Trésor vers tout ce que Trump veut priver de financement.

Les alliés de Musk au sein du département de l’efficacité gouvernementale et de la Maison Blanche affirment avoir mis fin à une tentative de certains employés fédéraux de transférer rapidement de l’argent à l’Organisation mondiale de la santé juste après que Trump eut déclaré qu’il retirait les USA de l’agence mondiale. Leurs affirmations n’ont pas pu être vérifiées immédiatement.

Le soir où M. Trump a accordé sa grâce aux personnes accusées de l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole, Paul Ingrassia, à gauche, un agent de liaison de la Maison Blanche auprès du ministère de la Justice, a affirmé qu’« Elon Musk en savait beaucoup à ce sujet et en était le cerveau ». Photo Graham Dickie/The New York Times

Et selon au moins un assistant de Trump, Musk a également joué un rôle dans la grâce accordée par le président aux personnes accusées de l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021.

Le soir de la libération des prisonniers, Paul Ingrassia, un agent de liaison de la Maison Blanche auprès du ministère de la Justice, a déclaré à une foule dans une prison de Washington qu’« Elon Musk en savait beaucoup sur cette affaire et en était le cerveau ».

À côté d’ Ingrassia se trouvait un assistant de Musk : Christopher Stanley, qui a travaillé comme ingénieur en sécurité chez SpaceX et X et a récemment été muté à un poste « à la Maison Blanche », a déclaré Ingrassia. Stanley s’est plaint sur les réseaux sociaux de l’éthique de travail des employés fédéraux et du temps qu’ils mettent à répondre aux courriels depuis son arrivée à Washington.

Musk est peut-être un peu trop zélé, mais il est généralement apprécié par le cercle restreint de Trump, envoyant des mèmes par SMS et échangeant des informations avec des membres du personnel qui ne lui arrivent même pas à la cheville. Il ne trouve pas ça indigne de lui : dans une conversation avec un ami, il semblait presque étonné de sa fortune.

 

Aucun commentaire: