Phrase du jour Quote of the day

Zionism is an ideology. It is not a religion and it is not immoral to stand against it

Le sionisme est une idéologie. Ce n'est pas une religion et il n'est pas immoral de s'y opposer

 GIDEON LEVY

23/06/2024

FRANCO “BIFO” BERARDI
La défaite d’Israël et l’avenir du monde

 Franco “Bifo” Berardi, il disertore, 19/6/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Moshe Feiglin, le chef du parti Zehout (Identité), qui fut membre du Likoud de 2000 à 2015, a déclaré que le génocide ne doit pas être arrêté tant qu’un seul Palestinien reste en vie.

Certains objecteront que c’est un détraqué et qu’il ne représente pas le peuple israélien. Qu’il soit déséquilibré ne fait aucun doute, mais malheureusement la majorité des Israéliens sont aussi déséquilibrés que lui et pensent ce qu’il dit, même s’ils ne le disent pas tous. Le statut de colonisateur, l’habitude de discriminer des millions de femmes et d’hommes qui vivent à deux pas de chez soi, le cynisme de la zone d’intérêt dans lequel les Israéliens vivent depuis des décennies sont les causes de ce dérèglement mental.

Le 7 octobre a déclenché la folie meurtrière : la cruauté et l’horreur ne peuvent plus être reléguées dans un espace marginal, elles sont entrées dans l’histoire. La raison et les sentiments humains sont un résidu que seuls des déserteurs peuvent cultiver.

Avec l’arrivée de la saison chaude à Gaza, le problème de la pénurie d’eau prend des contours catastrophiques. Israël a délibérément bouché des centaines de puits d’eau avec du béton et détruit des unités d’eau potable dans le nord de la bande.
À Jabaliya, les premiers décès dus à la soif ont été enregistrés parmi les enfants et les personnes âgées. Même les nazis n’ont pas utilisé la faim et la soif comme armes de guerre contre la population civile. Il s’agit d’un crime au regard des normes internationales : un crime horrible, une extermination de masse cruelle, scientifiquement étudiée et préméditée.

Mais aujourd’hui, après huit mois de génocide, je crois qu’Israël est sur le point de sombrer dans un chaos sanglant de guerre civile et de violence suicidaire, parce que ce peuple n’est plus capable de raisonner.

Le Jerusalem Post a publié un article le 17 juin disant explicitement que la guerre de Netanjahou est perdue, parce que le Hamas ne peut pas être éliminé : étant le produit (symétriquement fou et cruel) de la violence et de la haine, le Hamas grandit chaque jour qui passe.

 Et Thomas Friedman, éditorialiste israélophile, a écrit le 18 juin dans le New York Times : « Israël tel que nous le connaissions n’existe plus... L’Israël d’aujourd’hui est en danger existentiel » [lire ici Les dirigeants usaméricains devraient cesser de s’avilir devant Israël].

Je ne suis pas un stratège, mais je suppute que, pour Israël, la véritable guerre n’a pas encore commencé. Jusqu’à présent, il s’agit d’un génocide, d’un acte unilatéral d’extermination, semblable à ceux que les troupes hitlériennes ont menés contre la population juive sans défense.

Jusqu’à présent, les troupes du Hezbollah sont restées les bras croisés.

Friedman écrit encore à ce sujet : « Le Hezbollah au Liban, contrairement au Hamas, est armé de missiles de précision qui pourraient détruire de vastes pans de l’infrastructure israélienne, de ses aéroports à ses ports maritimes, en passant par ses campus universitaires, ses bases militaires et ses centrales électriques».

Par conséquent, il est probable que nous assistions dans un avenir proche à l’attaque qui poussera Israël dans l’abîme dans lequel il mérite de sombrer.

Friedman conclut son article en appelant à reconnaître que le Hamas a gagné la guerre, et ajoute :

, j’entends déjà les critiques des faucons de guerre : « Friedman, vous laisseriez le chef du Hamas, Yahya Sinwar, sortir de son tunnel et déclarer la victoire ? »

Oui, je le ferais. En fait, j’aimerais être présent à la conférence de presse à Gaza lorsqu’il le fera, afin de pouvoir poser la première question :

« M. Sinwar, vous affirmez qu’il s’agit d’une grande victoire pour le Hamas - un retrait total d’Israël et un cessez-le-feu stable. Je voudrais juste savoir ce qu’il en est : qu’est-ce qui existait le 6 octobre entre vous et Israël, avant votre attaque surprise ? Oh, laissez-moi répondre : un retrait israélien total de Gaza et un cessez-le-feu stable. Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais rester dans les parages pendant quelques jours pour vous voir expliquer aux Gazaouis comment vous avez déclenché une guerre de huit mois - entraînant la destruction d’environ 70 % du parc immobilier de Gaza et faisant, selon votre décompte, quelque 37 000 morts parmi les Gazaouis, dont beaucoup de femmes et d’enfants - afin de pouvoir ramener Gaza exactement dans la situation où elle se trouvait le 6 octobre, dans le cadre d’un cessez-le-feu avec Israël et sans troupes israéliennes ici ».

Ce que dit Friedman est vrai, à l’exception de la dernière phrase.

L’énorme prix que les Palestiniens ont payé n’a pas, à mon avis, servi à améliorer leur vie, mais seulement à l’empirer, et jusqu’ici nous sommes d’accord.

Mais il a permis de réaliser quelque chose d’inimaginable il y a huit mois : il a mis Israël sur la voie de la défaite, du déshonneur le plus infâme, de l’isolement international, de la guerre civile et de la dissolution.

À un prix effroyable, la vengeance du Hamas est consommée.

Mais jusqu’à présent, nous n’en sommes qu’aux prémisses ; quel scénario s’ouvre après cette défaite d’Israël, après l’immense cruauté infligée et subie par le Hamas et la population de Gaza ?

Nous le découvrirons bientôt dans ce petit endroit du monde, en avant-première de la guerre qui se prépare partout.

Le peuple raciste, colonialiste, surarmé et sénescent d’Israël est l’avant-poste de l’Occident.

Et le peuple de Palestine, endurci par des décennies de violence et d’humiliation, est l’avant-poste du monde colonisé qui prépare sa revanche.

Chaque jour, à la frontière entre le sud et le nord du monde, se déroule un génocide d’une ampleur inouïe.

Les garde-côtes grecs qui jettent à la mer les migrants africains ou afghans, les gouvernants italiens qui empêchent les sauvetages en mer et livrent les migrants en fuite aux garde-côtes libyens sont les gardiens d’une forteresse assiégée : des misérables blancs qui ont perdu tout sens de l’humanité parce qu’ils perçoivent l’approche d’une épreuve de force dont le seul langage sera celui de la cruauté et de l’horreur.

Mohamed Afefa, Palestine

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