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11/10/2022

LUIS CASADO
Le monde part en couille…

Luis Casado, 10/10/2022
Original :
El mundo se va a las pailas…
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Si vous revoyez l'Histoire, les deux guerres mondiales ont eu lieu grâce à des nains mentaux comme ceux que nous avons maintenant. Malheureusement, les pouvoirs factuels de la grande finance estiment qu'une bonne guerre, une vraie, leur manque terriblement. Les moutons que nous sommes font ce que font les moutons : nous nous laissons égorger...

Mon pote, l'excellent Jorge Lillo, s'est fendu d’une Lira popular lumineuse intitulée Séver l'odnum led arto que les plus rapides de la citrouille ont immédiatement lue à l’endroit : Otra del mundo al revés (Une autre (vision) du monde à l’envers).

Opportun, me suis-je dit, clair, lucide, fin, sagace, éclairé. Il arrive qu'en regardant autour de moi, je ne vois que des ténèbres de peur, des ombres sépulcrales, des ténèbres de fin du monde, des noirceurs de tunnel, des bouchons noirs d’occlusion intestinale, des ténèbres et des opacités dans le style “ici s'achève le voyage”. Pire encore, je vois des lideurs mondiaux fiers de vous chier dessus et déterminés à finir de vous chier dessus définitivement et irrémédiablement.

L'Empire, pour un moment hésitant, de la main d'un Joe Biden sénile, ramollo, gaga, définitivement déconnecté de sa seule synapse neuronale active, persiste à contrôler l'incontrôlable : le monde.

Dans sa démesure démentielle, l'Empire veut faire taire la Russie et la Chine, les encercler, les intimider, construire un mur comme Trump en a rêvé pour isoler le Mexique mais cette fois-ci pour isoler la moitié de l'humanité. L'Uerope, satisfaite et fière de sa qualité de Protectorat, fait tout pour mériter de devenir une colonie le plus rapidement possible.

Le reste du monde -trois fois rien, quoi - se protège comme il peut derrière des régimes pas toujours recommandables dont le premier objectif se limite à éviter de faire partie du sérail yankee.

L'Ukraine, un pays en panne, sert de prétexte, de terrain de jeu, de cobaye de laboratoire, de viande à barbecue, de grand dépotoir pour les canons généreusement offerts par l'Empire et ses lèche-bottes.


Miss Lilou

Nous en payons tous le prix, à commencer par ceux qui ont l'honneur et l'avantage de vivre en Europe, ce curieux continent spécialisé dans les guerres mondiales qui font la fortune de tiers, majoritairement usaméricains. Rien de nouveau : à la veille des guerres mondiales, il n'y avait pas d'êtres humains lucides, mais des patriotes désireux d'en finir avec l'ennemi désigné par les grands industriels, le grand capital, les banques puissantes qui ont financé la guerre des deux côtés.

10/10/2022

GIDEON LEVY
Le gouvernement Lapid est déterminé à faire la guerre

Gideon Levy, Haaretz, 9.10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Si le Premier ministre Yair Lapid ne trouve pas le courage de se dépêcher de signer l'accord sur la frontière maritime avec le Liban, il portera la responsabilité de la prochaine guerre dans le nord [lire Gaz offshore : bras de fer entre Israël et le Liban]. Si le Premier ministre et le ministre de la Défense n'ordonnent pas immédiatement aux Forces de défense israéliennes de mettre fin à leurs agissements en Cisjordanie, ils seront tous deux responsables de la détérioration de la situation dans les territoires. Le gouvernement de rêve est en train de se transformer en gouvernement de guerre. Avant qu'il n’achève son bref parcours, Israël pourrait encore se retrouver dans une guerre que, comme d’habitude, il n'a pas voulue. Une fois de plus, il sera prouvé que la gauche peut le faire : Elle peut être l'instigatrice de guerres et faire sombrer Israël dans un nouveau bain de sang, comme elle l'a fait même dans ses meilleurs jours.

Israël poursuit l'exploration gazière dans la zone maritime contestée (eaux territoriales libanaises) - Dessin de Mohamed Sabaaneh/Middle East Monitor

Les chroniques du week-end des commentateurs du camp Tout-sauf-Bibi Yossi Verter, Nahum Barnea, Ben Caspit et compagnie ont, comme d'habitude, été remplies d'accusations contre le chef de l'opposition, cette fois pour être le fauteur d’une guerre contre le Hezbollah. Pendant un moment, on a pu croire que Benjamin Netanyahou était le Premier ministre, mais il ne l'est pas. Il incite à la guerre par ses menaces et ses accusations, mais il ne portera aucune responsabilité si la guerre éclate en l'absence d'un accord avec le Liban.

Le coupable direct sera Lapid, lui et personne d'autre, s'il finit, effrayé par les menaces de son prédécesseur, par se précipiter pour capituler. Si cela se produit, il ne faut pas le lui pardonner. Si les Israéliens et les Libanais paient de leurs vies et de leurs biens le montant des redevances, ou même l'emplacement de la ligne balisée par des bouées, la troisième guerre du Liban sera tout aussi inutile que les deux premières. Se retirer de l'accord signifierait probablement la guerre. Rien ne la justifierait, et un accord, n'importe quel accord, est mille fois mieux. Les jours qui suivent Yom Kippour sont un bon moment pour s'en souvenir. Lapid a le pouvoir d'empêcher une guerre avant même les élections.

La culpabilité criminelle du soi-disant gouvernement de changement, avec Benny Gantz dans le rôle du ministre de la Défense pondéré et pacifique, et avec le parti travailliste et Meretz comme partenaires à part entière, n'est pas moins flagrante, et peut-être même plus, pour ce qui s'est passé en Cisjordanie ces derniers mois.

List of 366 persons detained for protests against the murder of Jina/Mahsa Amini in Iran

This inevitably incomplete list was compiled by Hamid Beheshti and translated by Fausto Giudice, Tlaxcala. Updated on 9 Oct.2022. Click on image to open the doc

 

Liste von 366 Inhaftierten wegen der Proteste gegen die Ermordung von Jina/Mahsa Amini im Iran

 Diese zwangsläufig unvollständige Liste wurde von Hamid Beheshti, Tlaxcala erstellt. Stand am 9. Okt.2022. Auf das Bild klicken, um das Dokument zu öffnen

 


ELDA CANTÚ
Una mujer llamada Perla
Como migrantes venezolanos se vuelven armas de guerra electoral en Gringolandia

Elda Cantú, The New York Times, 7-10-2022

Dos aviones privados, procedentes de San Antonio, Texas, aterrizaron en una exclusiva isla de Massachusetts el 14 de septiembre. A bordo iban 48 migrantes venezolanos —entre hombres, mujeres y niños—, a los que se les había prometido trabajo, vivienda y ayuda.

DeSantis deporta a decenas de inmigrantes 
"¡Bienvenidos a Marth's Vineyard! Cualquier cosa que le guste hacer -pescar, pasear, ir de compras, reunirse, crear, comer, relajarse- puede darse un capricho sin restricciones". 
Viéneta de Randall Enos

 En Martha’s Vineyard, lugar de veraneo de los poderosos en EE. UU., nadie los estaba esperando. Poco después se supo que los vuelos los había pagado el gobernador de Florida, Ron DeSantis. Y que, en medio de toda la operación, había una mujer llamada Perla.


En Piedras Negras, México, frontera con Eagle Pass, TexasEdgar Sandoval

El reportaje que dio a conocer la identidad de la misteriosa mujer lo firmó un equipo de periodistas del Times. Contacté a uno de ellos, Edgar Sandoval, reportero de la sección Nacional, para conocer más detalles. A continuación, sus respuestas, editadas y condensadas por espacio, junto con algunas imágenes que Edgar ha tomado durante su trabajo de reportería.

Elda: Hace algún tiempo que cubres las comunidades de la frontera sur de EE. UU. Cuéntame, ¿cómo están cambiando últimamente?
Edgar: Históricamente, la mayor parte de los migrantes que llegaban a EE. UU. eran hombres solteros, en su mayoría de México. Pero esa tendencia ha ido cambiando. Los mexicanos siguen cruzando, pero como saben que serán expulsados automáticamente, a menudo emprenden rutas peligrosas, por desiertos y montañas, para tratar de evadir a las autoridades.
Durante los últimos años, esa tendencia también ha estado cambiando. Los medios se están enfocando en la gran cantidad de solicitantes de asilo, muchos de Venezuela, Nicaragua y otros países, que huyen de la pobreza y la opresión para cruzar el río Grande [Bravo] y entregarse a la Patrulla Fronteriza.

BARAN QAMISLO
"Femme, Vie, Liberté" : le slogan qui fait vaciller les régimes

Baran Qamişlo , DinamoPress.it, 7/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La révolte au Rojhelat, la résistance civile au Kurdistan du Nord et en Turquie, la résistance dans les montagnes, la révolution du Rojava sont interconnectées, et sont une source d’inspiration pour révoltes qui ont éclaté en Iran. Malheureusement, même la répression, toujours plus violente et préventive, a les mêmes connotations.


Le slogan kurde Jin, Jîyan, Azadî, né au Rojava, s’est répandu dans tout l’Iran dans sa version persane, Zan, Zendegi, Azadi (les langues kurdes et le persan appartiennent au même groupe de langues dites indo-iraniennes). Ci-dessus une fresque murale de Btoy, sur la Schwendergasse à Vienne (Autriche). Ci-dessous une variante iranienne émanant d’un groupe d’artistes anonymes


La mort de Masha/Jina Amini, une Kurde de 22 ans, tombée dans le coma après avoir été tabassée par la police des mœurs iranienne une fois interpellée parce qu'elle avait été surprise dans une rue de Téhéran « portant mal son hijab », a déclenché une série de protestations qui ont entraîné une révolte impliquant toutes les grandes villes iraniennes et de l'est du Kurdistan.

La vague de protestations a ouvert la boîte de Pandore, mettant en lumière une à une toutes les questions non résolues de l'État iranien.

Si le thème le plus évident sur les places ces jours-ci est la répression sociale et politique à laquelle sont soumises surtout les femmes, la rue a exprimé un ras-le-bol généralisé à l'égard de la République islamique et de ses dirigeants : un fait emblématique de cela a été l’incendie par les manifestants du monument à la mémoire de  Qasem Soleimani à Kerman, sa ville natale.

Soleimani a été général des Niru-ye Qods, communément appelées « Forces Quds », la branche des Gardiens de la Révolution (IRGC) qui s'occupe du soutien militaire et politique aux groupes pro-iraniens en dehors des frontières nationales. « Le commandant de l'ombre », comme il a été défini par la presse, est considéré comme l'esprit derrière les vingt dernières années d'influence politique dans la région et le stratège derrière les victoires militaires iraniennes en Irak, à travers les milices chiites rassemblées dans les Hachd al-Chaabi (Forces de mobilisation populaire), et en Syrie aux côtés de Bachar Al Assad,  jusqu'à son assassinat en janvier 2020 par un drone usaméricain à l'aéroport de Bagdad.

Dans ce contexte, l'un des thèmes en suspens depuis longtemps qui mettent maintenant le feu aux poudres, en particulier dans le nord-est, est la répression de l'identité kurde. Comme c'est la coutume pour les Kurdes dans les quatre parties occupées du Kurdistan, la jeune femme tuée avait deux prénoms : Masha sur les documents délivrés par les autorités et Jina, le nom sous lequel elle est connue à Saqqez, la ville où elle vivait, prénom que les parents n'ont pas été autorisés à enregistrer officiellement parce que kurde.

Saqqez fait partie de la région historiquement identifiée comme Rojhelat (du kurmanji « Est », littéralement « Soleil levant »), où vivent environ 10 millions de Kurdes. Dans sa capitale historique, la ville de Mahabad, a été fondée en 1946 sous la direction de Qazi Muhammed, la première république kurde indépendante, bien que de courte durée, appelée « République du Kurdistan ».

Bien que les Kurdes du Rojhelat aient participé activement à la révolution contre la monarchie, mouvement populaire hétérogène à l'origine, ils furent exclus de l’« Assemblée des experts » chargée de rédiger la nouvelle constitution à la chute de la dynastie Palhavi.

Quand les partis kurdes ont dénoncé le fait, l’ayatollah Khomeiny a répondu en lançant une fatwa dans laquelle il a appelé au jihad contre les dissidents, accusés de vouloir « diviser les musulmans avec des demandes nationalistes ». C’est alors qu’a commencé une campagne de guérilla menée par les partis kurdes, qui a pris fin en 1989, lorsque le secrétaire du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (KDPI), Abdul Rahman Ghassemlou, a été assassiné par des agents iraniens munis de passeports diplomatiques, à Vienne où il devait entamer des négociations de paix avec Téhéran.

Au cours des 30 dernières années, la République islamique a opté pour une approche de la question kurde en quelque sorte opposée à celle de l'État turc et plus proche de l'approche du gouvernement syrien. Alors qu'en Turquie le mot Kurdistan est un tabou imprononçable en public, en Iran, il existe même une province appelée Kurdistan mais qui couvre environ un sixième du territoire habité par la population kurde et n’a aucun statut spécial ou d'autonomie de prévu.

09/10/2022

ALESSANDRO GHEBREIGZIABIHER
Copa Mundial del Agua

 Alessandro Ghebreigziabiher, Storie e Notizie N° 2067, 7/10/2022

Traducido por María Piedad Ossaba

Va a iniciar muy pronto, amigos. Aguantad, por favor.

En poco más de un mes comenzará el gran espectáculo.

Pero, ¿quién hubiera dicho que esta sería la ocasión de hacer algo justo, solidario, en una palabra, humano?

Aparentemente, a pesar del enorme impacto ambiental y de los costos exorbitantes, el fin puede justificar, por una vez, los medios.

Porque, oid, desde el inicio del torneo, durante unas tres semanas, 140 campos* recibirán cada uno al menos 10.000 litros de agua al día.

Agua dulce, ¿de acuerdo? Previamente desalada, con todos los esfuerzos económicos e industriales adecuados, además de los medioambientales, como ya se ha mencionado. Pero esta es una oportunidad para cerrar un ojo, porque lo que está en juego es la supervivencia de nuestros semejantes más necesitados.

Ahora bien, no los he contado todos, pero 140 campos, es un número importante, barato, y 10.000 litros de agua para beber por día representan un verdadero maná del cielo, o más bien del mar.

Pienso, evidentemente, en los campos que cuentan con el mayor número de habitantes, como el de Bidi Bidi, en Uganda, con sus 270.000 refugiados que huyen de la guerra civil en Sudán del Sur, y el de Kutupalong, en Bangladesh, que acoge a refugiados rohingyas, y compite con el precedente en cuanto a la triste primacía de las presencias.

Diez mil litros de agua al día sería una bendición increíble, donde incluso un solo sorbo es capaz de influir en las posibilidades de supervivencia del día siguiente.

Pero la lista es larga y es muy bueno poder anunciar esta maravillosa noticia.

Me imagino la alegría en los otros campos africanos, como por supuesto el de Dadaab, en Kenia, en su mayoría habitado por refugiados somalíes también esta vez a causa de una maldita guerra “civil”, aunque la razón por la que nos obstinamos en llamarla así se me escapa. ¿Qué tiene de civil en exterminar a generaciones enteras? Puf...

Por supuesto, todos sabemos de dónde viene una parte esencial de las responsabilidades de estas tragedias y ciertamente no son cosas locales, o al menos deberíamos saberlo.

En cualquier caso, no es el momento de las condenas, sino el de los aplausos y los agradecimientos. Cuando los ricos del deporte y del petróleo se unen para hacer algo bueno, hay que reconocerlo, punto.

¿Qué hay más hermoso que el agua? Los refugiados sirios en el campo de refugiados de Zaatari, en Jordania, y los ciudadanos migrantes en el de Traiskirchen, en Austria, los refugiados tamiles en el campo de Mandapam, en la India, o los refugiados sudaneses en el campo de Pugnido, uno de los numerosos campos en Etiopía, lo saben mejor que cualquiera de nosotros, en un orden desesperado más que disperso.

Pero, como he recordado, la lista es verdaderamente impresionante entre África, Asia y, en particular, el Oriente Medio, desde los campamentos en Pakistán hasta los de Burundi, Argelia y Tailandia, Yemen y Ruanda.

Un verdadero campeonato mundial entre comunidades que hacen equipo en cada momento, un cuerpo único entre los que necesitan ayuda y los que cruzan la frontera o el mundo entero para ayudar.

BEHROOZ GHAMARI-TABRIZI
“Doshman” (L’ennemi) et les manifestations massives en Iran

Behrooz Ghamari-Tabrizi, CounterPunch, 7/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala


Behrooz Ghamari-Tabrizi (1960) est un historien, sociologue et professeur usaméricain d'origine iranienne. Il est connu pour ses travaux sur la révolution iranienne et ses conséquences. Il est professeur d'études du Proche-Orient et directeur du Sharmin and Bijan Mossavar-Rahmani Center for Iran and Persian Gulf Studies à l'université de Princeton. Actuellement, il travaille sur un projet sur la modernité mystique, une étude comparative de la philosophie de l'histoire et de la théorie politique de Walter Benjamin et Ali Shariati. Auteur des livres : 

  • Foucault in Iran: Islamic Revolution after the Enlightenment, Minneapolis, MN: University of Minnesota Press, 2016.
  •  Remembering Akbar: Inside the Iranian Revolution, New York, London: O/R Books (Counterpoint), 2016. (Literary Memoir)
  • Islam and Dissent in Post-Revolutionary Iran: Abdolkarim Soroush and the Religious Foundations of Political Reform, London, New York: I. B. Tauris (Palgrave-Macmillan), 2008.

Après un silence assourdissant durant deux semaines de protestations publiques et de violences d'État, le Guide Suprême de la République Islamique, l'ayatollah Khamenei a lancé une attaque virulente contre celles et ceux qui ont manifesté dans les rues de Téhéran et de nombreuses autres grandes villes du pays. Il a appelé les manifestations, qui ont commencé après la mort de Mahsa Amini en garde à vue et se sont rapidement généralisées, le résultat d'un complot des puissances occidentales pour renverser la République islamique. « Doshman (l'ennemi) », a-t-il répété dans sa rhétorique usée, « avait des plans pour déstabiliser le pays et a utilisé la mort malheureuse de cette jeune femme comme prétexte pour provoquer le conflit et la sédition. »

S’en prendre exclusivement au Doshman (les USA, leurs alliés régionaux et leurs agents domestiques) a été le recours classique du Guide Suprême pour s'attaquer aux troubles sociaux en Iran depuis qu'il a pris ses fonctions après la mort de l'ayatollah Khomeini en 1989. Qu'il ait choisi de briser son silence public dans un discours à une audience lors d'une cérémonie de remise des diplômes des Forces armées était révélateur. Comme l’était sa rhétorique nationaliste, éludant les causes profondes de la dissidence interne. Le « Doshman », a-t-il déclaré à son audience, « n'est pas seulement contre la République islamique, ils sont contre un Iran fort et indépendant. Doshman veut installer un État client dans notre pays qui agit au nom de leurs intérêts régionaux, et non des intérêts des peuples d’Iran. » Commentant la raison pour laquelle ces manifestations se sont déroulées à ce moment précis, il a affirmé que « les troubles ont été conçus pour coïncider avec le grand bond en avant de l'Iran vers le progrès économique malgré les difficultés que les puissances occidentales nous imposent. »

Les étudiants de l'université Amirkabir [Polytechnique de Téhéran) protestent contre le hijab obligatoire et la République islamique, 20 septembre 2022

Ce sont des mots forts, mais sans beaucoup de force d’impact dans la scène iranienne. La présence du Doshman est réelle, mais le Guide offre de mauvaises raisons pour l'expansion de son influence à l'intérieur du pays. Il y a quatre grandes questions que le Guide Suprême efface commodément de son récit du complot du Doshman. Premièrement, s'il a raison de dire que les manifestations sont une conspiration du Doshman, pourquoi est-il si facile pour eux de fomenter des troubles à l'intérieur du pays ? Comment se fait-il que la société iranienne, avec les femmes et les jeunes à sa tête, ait été une poudrière au cours des deux dernières décennies ? Deuxièmement, il n'aborde pas la question de savoir comment ces protestations évoluent si facilement, selon lui, vers la réalisation des intérêts du Doshman ? Pourquoi n'y a-t-il pas de partis, d'organisations, de direction dans ces rassemblements, un espace vacant qui permette au Doshman d'influencer la direction et les revendications des manifestants ? Troisièmement, l'écart grandissant entre les riches et les pauvres et la montée en flèche de l'inflation, en particulier au cours des derniers mois, ne peuvent être effacés simplement par un sermon annonçant un « grand bond en avant » tous azimuts. La souffrance due aux difficultés économiques est réelle et nécessite des solutions réelles plutôt que des vœux pieux sous forme de slogans. Enfin, le Guide Suprême a rejeté la solidarité publique des athlètes et des artistes avec les manifestants comme « sans valeur et sans pertinence ». Il ne reconnaît absolument pas pourquoi, après plus de quatre décennies de domination islamique, l'influence du capitaine de l'équipe nationale iranienne de football ou d'un réalisateur primé aux Oscars est nettement plus grande que celle des imams des prières du vendredi.

La société iranienne continue d'être le théâtre d'un profond clivage entre l'État et ses citoyens. L'âge médian de la population est de 32 ans, près de 80% des Iraniens sont nés après la révolution et n'ont aucun souvenir de la vie avant la révolution de 1979. La rhétorique du Guide Suprême selon laquelle les manifestants étaient des « familles d'agents de la SAVAK » (la police secrète du Shah) tombe à plat sur le visage de cette génération. C'est plutôt un aveu implicite que la République islamique n'a pas réussi à croître et à répondre aux besoins et aux exigences de sa population. Les lois et les restrictions qui ont été instituées il y a plus de quarante ans n'ont pas réussi à façonner comme prévu la vision du monde et les désirs d'une génération qui a grandi sous ce système. Le Guide Suprême doit reconnaître l'échec de la République Islamique à inventer un homo islamicus de conception étriquée, réceptif et accommodant à l'éthique et aux valeurs propagées par un establishment clérical.

ALESSANDRO GHEBREIGZIABIHER
Wasser-Weltmeisterschaft

Alessandro Ghebreigziabiher, Stories and News No. 1289, 7/10/2022
Übersetzt von Fausto Giudice, Tlaxcala

Es dauert nicht mehr lange, Freunde. Habt bitte Geduld.

In etwas mehr als einem Monat beginnt das große Spektakel.

Aber wer hätte gesagt, dass es eine Gelegenheit wäre, etwas Gerechtes zu tun, Solidarisches, mit einem Wort, Menschliches?

Obwohl die Auswirkungen auf die Umwelt beträchtlich sind und die Kosten exorbitant sind, scheint es, als würde der Zweck einmal die Mittel rechtfertigen.

Denn, hört mal, ab dem Beginn des Turniers erhalten 140 Camps rund drei Wochen lang mindestens 10.000 Liter Wasser pro Tag. Süßwasser, klar? Vorbeugend entsalzt, mit allen geeigneten wirtschaftlichen und industriellen Anstrengungen, zusätzlich zu den Umweltbemühungen, wie bereits erwähnt. Aber dies ist eine Gelegenheit, ein Auge zuzudrücken, denn es geht um das Überleben unserer am meisten in Schwierigkeiten geratenen Mitmenschen.

Jetzt habe ich sie nicht alle gezählt, aber 140 Felder sind eine wichtige Zahl, Mann, und 10.000 Liter Trinkwasser pro Tag sind ein wahrer Segen vom Himmel, ja vom Meer.

Ich denke natürlich an die Lager mit den meisten Einwohnern, wie das Lager in Bidi Bidi in Uganda mit seinen 270.000 Flüchtlingen, die vor dem Bürgerkrieg im Südsudan geflohen sind, und das Lager in Kutupalong in Bangladesch, in dem Rohingya-Flüchtlinge untergebracht sind, das um den ersten Platz mit dem früheren konkurriert, was die Anzahl Menschen betrifft.

Zehntausend Liter Wasser pro Tag wären ein unglaublicher Segen, wo selbst ein einziger Schluck die Überlebenschancen des nächsten Tages beeinflussen kann.

ALESSANDRO GHEBREIGZIABIHER
Coupe du Monde de l'Eau

Alessandro Ghebreigziabiher, Storie e Notizie N° 2067, 7/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Ça ne va pas tarder, les amis. Résistez, je vous en prie.

Dans un peu plus d'un mois, le grand spectacle commencera.

Mais qui aurait dit que ce serait l’occasion de faire quelque chose de juste, de solidaire, en un mot, d'humain ?

Apparemment, malgré l’impact environnemental considérable et les coûts exorbitants, la fin justifiera peut-être pour une fois les moyens.

Parce que, oyez oyez, dès le début du tournoi, pendant environ trois semaines, 140 camps recevront au moins 10 000 litres d'eau par jour.

De l'eau douce, d'accord ? Préalablement dessalée, avec tous les efforts économiques et industriels appropriés, en plus de ceux environnementaux, comme déjà mentionné. Mais c'est l’occasion de fermer un œil, car c'est la survie de nos semblables les plus en difficulté qui est en jeu.

Maintenant, je ne les ai pas tous comptés, mais 140 camps, c’est un nombre important, peuchère, et 10 000 litres d'eau à boire par jour représentent une véritable manne du ciel, ou plutôt de la mer.

Je pense évidemment aux camps qui comptent le plus grand nombre d'habitants, comme celui de Bidi Bidi, en Ouganda, avec ses 270 000 réfugiés fuyant la guerre civile au Soudan du Sud, et celui de Kutupalong, au Bangladesh, qui accueille des réfugiés Rohingyas, et concurrence le précédent quant à la triste primauté de présences.

Dix mille litres d’eau par jour seraient une bénédiction incroyable, là où même une seule gorgée est capable d'influer sur les chances de survie du lendemain.

ALESSANDRO GHEBREIGZIABIHER
Campionato del mondo dell’acqua

 Alessandro Ghebreigziabiher, Storie e Notizie N. 2067, 7/10/2022

Non manca tanto, amici. Resistete, vi prego.
Tra poco più di un mese il grande spettacolo avrà inizio.
Ma chi l’avrebbe detto che sarebbe stata l’occasione per fare qualcosa di giusto, solidale, in una sola parola, umano?
A quanto pare, nonostante l’impatto ambientale sia considerevole e i costi esorbitanti, forse per una volta il fine giustificherà i mezzi.


Perché, udite udite, dall’inizio del torneo, per circa tre settimane ben 140 campi riceveranno almeno 10.000 litri di acqua al giorno. Acqua dolce, chiaro? Preventivamente desalinizzata, con tutti gli sforzi economici e industriali del caso, oltre a quelli ambientali, come già detto. Ma questa è l’occasione di chiudere un occhio, perché è in gioco la sopravvivenza dei nostri simili maggiormente in difficoltà.
Adesso non li ho contati tutti, ma 140 campi è un numero importante, caspita, e 10.000 litri di acqua da bere al giorno rappresentano una vera manna dal cielo, anzi dal mare.
Sto pensando ovviamente ai campi con il maggior numero di abitanti, come quello di Bidi Bidi, in Uganda, con i suoi 270.000 rifugiati in fuga dalla guerra civile in Sud Sudan, e quello di Kutupalong, nel Bangladesh, il quale ospita rifugiati Rohingya, e compete al precedente il triste primato di presenze.
Diecimila litri d’acqua al giorno sarebbero un’incredibile benedizione, lì dove anche solo un sorso è in grado di influire sulla possibilità di sopravvivere all’indomani.
Ma l’elenco è lungo ed è davvero bello poter annunciare tale magnifica notizia.
Immagino la gioia negli altri campi africani, come ovviamente quello di Dadaab, in Kenia, per la maggior parte abitato da rifugiati somali a causa pure stavolta di una maledetta guerra "civile", anche se mi sfugge il motivo per il quale ci ostiniamo a chiamarla ancora così. Cosa c’è di civile nello sterminare intere generazioni? Mah…

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ALESSANDRO GHEBREIGZIABIHER
2022 FIFA World Cup Water scandal

Alessandro Ghebreigziabiher, Stories and News No. 1289, 7/10/2022

We are almost there, my friends. Hold on, please.
In a month the great show will begin.
But who would have thought it would be an opportunity to do something right,  supportive, in one word, human?
Apparently, despite the considerable environmental impact and exorbitant costs, perhaps for once the end will justify the means.


Because, listen, from the tournament start, 140 fields will receive at least 10,000 liters of water a day for about three weeks. Fresh water, right? It has been previously desalinated, with all the necessary economic and industrial efforts, in addition to the environmental ones, as already mentioned. But this is an opportunity to be tolerant, because the survival of millions of people is at stake.
Now I haven't counted them all, but 140 fields is an important number, and 10,000 liters of water to drink a day is a real godsend.
I am obviously thinking of the fields, that is the camps with the largest number of inhabitants, such as Bidi Bidi, in Uganda, with its 270,000 refugees fleeing the civil war in South Sudan, and Kutupalong, Bangladesh, which hosts Rohingya refugees, competing the sad record of presences with the previous one.
Ten thousand liters of water a day would be an incredible blessing, where even a single sip can affect the possibility of surviving the next day.
But the list is long and it is really nice to be able to announce this magnificent news.
I imagine the joy in the other African camps, like obviously Dadaab, in Kenya, for the most part inhabited by Somali refugees due to a cursed "civil" war again, even if I still miss the reason why we persist to call it that way. What is civil about exterminating entire generations of families?

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08/10/2022

GIDEON LEVY
Sorti faire des courses, un travailleur social palestinien devient un “terroriste” et est tué par des soldats israéliens

Gideon Levy & Alex Levac (photos), Haaretz, 7/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Muhammad Awad, un travailleur social de 36 ans et père de trois enfants, était en route pour acheter des articles pour son nouveau magasin de téléphones cellulaires, lorsque sa voiture est entrée en collision avec un véhicule de police garé. Les soldats ont immédiatement tiré et l'ont tué ; ils disent que c'était une « attaque-bélier ». Dans son village, on est convaincus que c'était un accident.

ALEX DE WAAL
La famine, point de fuite des lois de la guerre

 Alex de Waal, The New York Review of Books, 11/9/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alexander William Lowndes de Waal (né en 1963), chercheur britannique sur la politique des élitex africaines, est le directeur exécutif de la World Peace Foundation à la Fletcher School of Law and Diplomacy de l'Université Tufts (Massachussets). Auparavant, il a été membre de la Harvard Humanitarian Initiative à l'Université de Harvard, ainsi que directeur de programme au Social Science Research Council on AIDS à New York. Parmi ses livres Famine Crimes: Politics and the Disaster Relief Industry in Africa et Mass Starvation: The History and Future of Famine. Avec Bridget Conley, Catriona Murdoch et Wayne Jordash KC, il est coéditeur du recent livre Accountability for Mass Starvation : Testing the Limits of the Law. Il a dit à Daniel Drake dans une interview à la NYB : « Mon père et sa famille ont été chassés d'Autriche par les nazis en 1938. J'ai appris plus tard que deux générations auparavant, mon arrière-arrière-grand-père Ignace von Ephrussi avait quitté Odessa, craignant à juste titre des pogroms contre les Juifs. À cette époque, les Ephrussi étaient les plus gros négociants en céréales d'Europe. »

Presque toutes les famines modernes, y compris celles du Yémen et du Tigré, sont causées par des tactiques de guerre. Que faudrait-il pour les empêcher ?

Travailleurs transportant des sacs de céréales dans un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) à Abala, Éthiopie, juin 2022. Photo Eduardo Soteras/AFP/Getty

L'Organisation des Nations Unies a estimé que 276 millions de personnes dans le monde sont aujourd'hui « gravement menacées d'insécurité alimentaire ». Quarante millions de personnes sont dans des conditions « d'urgence », un peu en deçà de la définition technique de la « famine » par l'ONU. Au début de cette année, les effets conjugués de la crise climatique, des retombées économiques de la COVID-19, du conflit armé et de la hausse des coûts du carburant et de la nourriture avaient déjà provoqué une forte augmentation du nombre de personnes ayant besoin d'aide. Puis l'invasion russe de l'Ukraine a soudainement coupé les exportations de blé du grenier mondial. Pendant cinq mois, les navires de guerre russes ont bloqué les ports de la mer Noire et empêché les cargaisons de céréales de partir, à la fois pour étrangler l'économie ukrainienne et pour déstabiliser les pays importateurs de denrées alimentaires afin de pousser les USA et l'UErope à assouplir les sanctions. 

« Nous sommes confrontés à un risque réel de famines multiples cette année, et l'année prochaine pourrait être encore pire », a averti le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres à l'Assemblée générale en juillet. Quatre jours plus tard, lui et le président turc Recep Tayyip Erdoğan ont annoncé qu'ils avaient négocié des accords parallèles avec la Russie et l'Ukraine pour reprendre les expéditions de céréales et d'engrais synthétiques. Malgré une frappe russe sur Odessa, les premiers navires chargés de blé ukrainien partent le 1er août. (Aucune date n'est encore fixée pour la reprise des exportations d'engrais de Russie.) Au 4 septembre, 86 navires transportant plus de deux millions de tonnes de nourriture avaient quitté les ports ukrainiens. Les prix mondiaux du blé et de l'huile de tournesol ont baissé, ce qui laisse présager une baisse des prix du pain en Égypte et un allégement de la pression sur le budget du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l'aide alimentaire d'urgence. S'exprimant dans la ville ukrainienne de Lviv, Guterres s'est félicité lui-même et Erdoğan pour l'accord, l'Initiative sur les céréales de la mer Noire, qui, a-t-il dit, « aidera les personnes vulnérables dans tous les coins du monde ».

La levée du blocus de la mer Noire est en effet une étape importante vers une alimentation plus abordable pour des dizaines de millions de personnes qui, avant la récente hausse des prix, consacraient déjà un tiers ou plus de leurs dépenses quotidiennes au pain. Les familles pauvres dans des pays comme le Bangladesh, l'Égypte, le Liban et le Nigéria deviendront moins « en état d’insécurité alimentaire », dans le langage des spécialistes. Pour cela seulement, Guterres a droit à un rare éloge pour sa diplomatie. Mais en laissant entendre que l'Initiative sur les céréales de la mer Noire permettrait non seulement de réduire les prix du pain et de mettre plus de céréales sur le marché, mais aussi de prévenir la famine, le Secrétaire général de l'ONU, avec de nombreux commentateurs, associait l'insécurité alimentaire à la famine de masse, un type de crise très différent.

Ramener les produits ukrainiens sur le marché mondial atténuera le premier, mais aura peu d'impact sur le second. En effet, presque toutes les famines modernes sont causées par des tactiques de guerre. Le siège affameur a longtemps été l'arme préférée du faiseur de guerre : il est simple, bon marché, silencieux et horriblement efficace. Alors même qu'elle empêchait les navires chargés de blé de quitter l'Ukraine, la Russie a forcé les Ukrainiens à entrer dans les caves et les a empêchés d'obtenir de la nourriture, de l'eau et d'autres produits essentiels. L'armée russe est experte en cette stratégie : la privation de tout ce qui est nécessaire pour rester en vie a été une caractéristique majeure des guerres tchétchènes. En Syrie, les troupes du président Bachar el-Assad ont peint par pulvérisation le slogan CAPITULER OU MOURIR DE FAIM aux postes de contrôle situés à l'extérieur des enclaves de l'opposition, qu'elles ont ensuite assiégé avec les conseils et le soutien militaires russes.

Selon l'ONU, plus d'un demi-million de personnes dans quatre pays - l'Éthiopie, le Soudan du Sud, le Yémen et Madagascar - sont dans des « conditions catastrophiques ou de famine ». La semaine dernière, l'ONU et les agences humanitaires ont également déclaré la « famine en cours » en Somalie, un pays frappé par une combinaison mortelle de sécheresse et de conflit, où elles ont recueilli des données d'enquête montrant que certaines parties du pays franchissent le seuil de « l'urgence » à « la famine ». Sur ces cinq pays, quatre sont frappés par la guerre civile. (Un rare cas contemporain d'insécurité alimentaire extrême sans guerre civile est Madagascar, où une séquence de sécheresses sans précédent a mis la partie sud de l'île dans une situation désastreuse.) Des combats dans les pays pauvres accroissent l'insécurité alimentaire en entravant l'agriculture, en perturbant les marchés alimentaires et en détournant les budgets étriqués des programmes de santé et de protection sociale vers les soldats et les armes.

Mis à part la Somalie, les autres cas de faim extrême - en Éthiopie, au Yémen et au Soudan du Sud - se trouvent là où une partie belligérante a choisi d'affamer son ennemi. Contrairement à la Somalie, où le gouvernement nouvellement élu est ouvert au sort de la nation, les autorités de ces pays sont déterminées à dissimuler l'ampleur de la famine et à empêcher l'aide d'atteindre ceux qu'ils ont affamés. Le sort des personnes vulnérables dans ces conditions est décidé non pas par les prix du marché ou les budgets d'aide, mais par le calcul des hommes qui poursuivent la famine comme politique. Les victimes sont bien conscientes que la famine est un résultat politique plutôt qu'un malheur impersonnel - « la caractéristique de certaines personnes n'ayant pas assez de nourriture à manger », comme l'a écrit l'économiste Amartya Sen dans son livre Poverty and Famines [Pauvreté et famines, 1990, encore inédit en français, le prix Nobel d’Économie attribué à l’auteur en 1998 n’ayant pas suffi à convaincre un éditeur francophone, NdT] « pas la caractéristique qu'il n'y ait pas assez de nourriture à manger ».