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08/08/2024

Murtaza Hussain
Microsoft encourage ses employés à faire des dons aux colonies illégales de Cisjordanie, tout en excluant l’UNRWA

Les employés demandent à l’entreprise technologique de cesser de verser des contributions à des groupes jouant un rôle actif dans l’occupation, y compris un groupe qui soutient l’armée israélienne.

Murtaza Hussain, Drop Site News, 6/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  


Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 

Microsoft inclut un certain nombre d’organisations basées dans des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie, dont au moins une qui collecte des fonds pour soutenir l’armée israélienne, dans la plateforme de dons caritatifs de ses employés. Pourtant, l’entreprise a retiré de sa liste l’agence des Nations unies qui fournit de l’aide à Gaza, selon des employés de Microsoft qui ont adressé une pétition interne à l’entreprise pour qu’elle modifie sa politique. L’inscription des organisations caritatives sur la plateforme de dons signifie que Microsoft versera automatiquement une somme équivalente aux contributions des employés.

La semaine dernière, un groupe d’employés de Microsoft a commencé à faire circuler une pétition demandant à l’entreprise de cesser de verser des contributions équivalentes à trois organisations, la Fondation Ma’aleh Adumim, l’Académie Ein Prat pour le leadership et l’équipe de sauvetage Megilot de la mer Morte, qui, selon eux, « sont en violation directe du droit international », citant les Conventions de Genève.

« Microsoft finance directement ces implantations illégales et immorales en permettant à ces organisations de subsister », affirme la pétition, implorant l’entreprise de cesser de verser des fonds de contrepartie aux trois organisations.

« C’est non seulement contraire à l’éthique, mais cela va également à l’encontre des valeurs inclusives de notre entreprise ».

Les signataires de la pétition sont encore en train de recueillir des signatures avant de s’adresser à la direction de Microsoft. Microsoft n’a pas réagi à l’article de Drop Site, et les organisations “caritatives ” de Cisjordanie étaient toujours disponibles sur la plateforme Benevity mardi.


Des manifestants défilent en soutien aux Palestiniens de Gaza près de la conférence annuelle Microsoft Build, pour demander la résiliation des contrats Azure de Microsoft avec Israël, à Seattle, Washington, USA, le 21 mai 2024. Photo David Ryder/REUTERS

Depuis le 7 octobre, les employés de Microsoft sont plongés dans un conflit féroce au sujet de la réaction de l’entreprise aux bombardements israéliens sur Gaza. Un rapport publié par Business Insider en novembre dernier décrivait une culture acrimonieuse au sein de l’entreprise, avec des divisions entre les employés et la direction émergeant à la suite de la guerre et de la crise humanitaire en cours. L’un des points de discorde a été la poursuite de la fourniture de l’informatique en nuage Microsoft Azure et des logiciels d’intelligence artificielle à l’armée israélienne, soutien qui a été ciblé par une campagne menée par les employés et intitulée “No Azure for Apartheid” (Pas d’Azure pour l’apartheid).


Les dissensions internes se sont aggravées au début de l’année lorsque l’entreprise a décidé de retirer l’Office de secours et de travaux des Nations unies, ou UNRWA, le principal programme des Nations unies au service des réfugiés palestiniens, de la liste des bénéficiaires des dons de contrepartie de l’entreprise.

Israël a accusé des employés de l’UNRWA d’avoir participé aux attaques du Hamas du 7 octobre, affirmant en janvier que jusqu’à 10 % de l’agence avait des liens avec le Hamas, mais ces allégations n’ont pas été étayées. La décision de Microsoft de retirer l’UNRWA de la liste fait maintenant l’objet d’une pétition distincte de la part des employés de Microsoft visant à réintégrer l’organisation dans la liste des organisations caritatives.

Les trois organisations énumérées dans la pétition des employés de Microsoft sont toutes décrites en ligne comme jouant un rôle actif dans l’occupation elle-même.

En particulier, l’objectif de la Fondation Ma’aleh Adumim est de « promouvoir et d’améliorer le bien-être culturel et social des résidents de la ville de Ma’aleh Adumim, en Israël, et de ses environs », selon ses documents fiscaux de 2020. Située juste à l’extérieur de Jérusalem, Ma’aleh Adumim est une colonie particulièrement controversée que certains analystes accusent de rendre impossible la solution à deux États en bloquant physiquement la possibilité de voir émerger un État palestinien d’un seul tenant en Cisjordanie.

Une autre organisation à laquelle Microsoft encourage les dons, l’Académie Ein Prat, se décrit comme un programme de « leadership pré-militaire » pour jeunes Israéliens. Ses campagnes de collecte de fonds expliquent que la mission de l’académie est de « former la prochaine génération d’officiers et de commandants des FDI [Forces de défense israéliennes] du plus haut niveau », tout en ajoutant qu’il s’agit de « la seule institution prémilitaire ayant un accord formel avec les FDI ». Basée dans la colonie de Kfar Adumim en Cisjordanie, l’académie est décrite sur Benevity comme une « organisation bénévole qui aide et soutient toute personne perdue/blessée ou tout autre problème dans la zone désertique de Judée ».

Un tollé grandissant dans le secteur de la technologie

Les travailleurs du monde de la technologie font pression sur leurs employeurs concernant le rôle de l’industrie dans les violations des droits humains dans les territoires palestiniens occupés. Des dizaines d’employés de Google ont été licenciés en avril après avoir manifesté contre un programme appelé Project Nimbus qui, selon eux, contribuait à renforcer les capacités de surveillance du gouvernement israélien sur les Palestiniens. Au début de l’année, un groupe d’employés d’Apple a également fait circuler une pétition demandant à l’entreprise de cesser de faire des dons équivalents à des organisations telles que Friends of the IDF et d’autres qui soutiennent la poursuite de la colonisation des territoires de Cisjordanie ou les activités militaires israéliennes.

Tant Microsoft qu’Apple versent des contributions équivalentes à celles de leurs employés à des organisations de colonisation par l’intermédiaire d’une plateforme interne de jumelage d’œuvres de bienfaisance connue sous le nom de Benevity. Selon des employés de l’entreprise et des documents accessibles au public concernant son programme de contrepartie, Microsoft déclare qu’elle versera jusqu’à 15 000 dollars par année civile à chaque employé usaméricain qui fera un don à une organisation enregistrée sur la plateforme. Toutefois, les dons à des organisations à but non lucratif à l’étranger ne sont généralement pas déductibles des impôts.

Sur son site web, Microsoft indique que son approche des affaires internationales a été guidée en partie par les principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits humains, un document qui stipule que les entreprises doivent « se conformer à toutes les lois applicables et respecter les droits humains internationalement reconnus, où qu’elles opèrent », ainsi que « traiter le risque de causer ou de contribuer à des violations flagrantes des droits humains comme une question de conformité juridique ».

Le décalage apparent entre l’engagement proclamé de Microsoft à respecter le droit international et les normes en matière de droits humains, d’une part, et ses actions et partenariats dans le monde réel, d’autre part, a contrarié certains employés qui demandent maintenant à l’entreprise de se montrer à la hauteur des valeurs qu’elle affiche.

« Microsoft a aidé, encouragé et même accéléré ce génocide en continuant à vendre des services Azure à l’armée israélienne, tout en ignorant et en supprimant la dissidence interne des employés et en réduisant au silence les employés palestiniens, arabes et pro-palestiniens », a déclaré Hossam Nasr, ingénieur logiciel chez Microsoft et organisateur de la campagne “Pas d’Azure pour l’apartheid”. « Il est aussi décevant que peu surprenant que Microsoft refuse de financer l’UNRWA, l’organisation la plus cruciale pour l’aide humanitaire aux Palestiniens, tout en aidant à financer des projets de colonisation qui sont universellement reconnus comme étant en violation du droit international ».

 

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