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12/12/2025

FR -> EN | ES | DE | La stratégie américaine 2025 : un récit pour masquer un changement de centre de gravité
NSS 2025 : Narrative to conceal a shift in the centre of gravity
Relato para ocultar un cambio de centro de gravedad
Erzählung, die eine Verschiebung des strategischen Schwerpunktes überdeckt

 

Fausto Giudice, François Vadrot | 9/12/2025

La stratégie américaine 2025 : un récit pour masquer un changement de centre de gravité

La nouvelle Stratégie nationale de sécurité (NSS) publiée début décembre a été lue comme un retour de la doctrine Monroe, un durcissement trumpiste ou un simple recentrage anti-chinois. En la reprenant à la lettre et en la replaçant dans la séquence du 8–11 octobre, lorsque la Chine a montré qu’elle pouvait remodeler l’équilibre mondial sans tirer un coup de feu, une autre image apparaît : celle d’une puissance qui écrit à l’intérieur d’un ordre déjà structuré par Beijing, où l’hémisphère occidental n’est plus isolable et où l’Europe est traitée comme un risque à encadrer plutôt qu’un levier. La NSS 2025 proclame le « non-interventionnisme sélectif », renonce aux changements de régime, reconnaît implicitement l’emprise matérielle chinoise et requalifie la Russie en facteur de stabilisation continentale. Ce texte n’ordonne plus le monde : il tente de stabiliser un récit alors que le centre de gravité stratégique s’est déplacé hors de portée des USA.

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Translated by Tlaxcala

The 2025 U.S. National Security Strategy: a narrative to conceal a shift in the centre of gravity

The new National Security Strategy (NSS) published in early December has been read as a return of the Monroe Doctrine, a Trumpesque hardening or a simple anti-China refocus. If we take it literally and place it back in the 8–11 October sequence, when China showed it could reshape the global balance without firing a shot, a different picture emerges: that of a power writing inside an order already structured by Beijing, where the Western Hemisphere is no longer isolable and Europe is treated as a risk to be managed rather than a lever. The 2025 NSS proclaims “selective non-interventionism”, renounces regime change operations, implicitly acknowledges China’s material grip and recasts Russia as a factor of continental stabilisation. This text no longer orders the world: it tries to stabilise a narrative at a time when the strategic centre of gravity has moved out of reach of the United States.

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Traducido por Tlaxcala

La estrategia nacional de seguridad 2025 de USA: un relato para ocultar un cambio de centro de gravedad

La nueva Estrategia Nacional de Seguridad (NSS) publicada a principios de diciembre fue leída como el regreso de la doctrina Monroe, un endurecimiento trumpista o un simple recentraje antichino. Si se la toma al pie de la letra y se la recoloca en la secuencia del 8 al 11 de octubre, cuando China demostró que podía remodelar el equilibrio mundial sin disparar un solo tiro, aparece otra imagen: la de una potencia que escribe dentro de un orden ya estructurado por Beijing, donde el hemisferio occidental ya no es aislable y donde Europa es tratada como un riesgo que hay que encuadrar más que como un palanca. La NSS 2025 proclama el “no intervencionismo selectivo”, renuncia a los cambios de régimen, reconoce implícitamente la impronta material china y reclasifica a Rusia como factor de estabilización continental. Este texto ya no ordena el mundo: intenta estabilizar un relato en el momento en que el centro de gravedad estratégico se desplazó fuera del alcance de USA.

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Übersetzt von Tlaxcala

Die US-amerikanische Sicherheitsstrategie 2025: eine Erzählung, die eine Verschiebung des strategischen Schwerpunktes überdeckt

Die neue Nationale Sicherheitsstrategie (NSS), die Anfang Dezember veröffentlicht wurde, ist vielfach als Rückkehr zur Monroe-Doktrin, als trumpistische Verschärfung oder als einfache Neuausrichtung gegen China gelesen worden. Liest man sie jedoch wörtlich – und setzt sie in Beziehung zu der Sequenz vom 8. bis 11. Oktober, als China zeigte, dass es das globale Gleichgewicht verändern kann, ohne einen Schuss abzugeben –, entsteht ein anderes Bild: das einer Macht, die in einem bereits von Peking strukturierten Ordnungsrahmen schreibt, in dem die westliche Hemisphäre nicht mehr isolierbar ist und Europa eher als Risiko zu kontrollieren denn als strategischer Hebel behandelt wird. Die NSS 2025 verkündet einen „selektiven Nichtinterventionismus“, verzichtet auf Regimewechsel, erkennt implizit die materielle Dominanz Chinas an und stuft Russland als Faktor kontinentaler Stabilisierung neu ein. Dieses Dokument ordnet die Welt nicht mehr; es versucht, eine Erzählung zu stabilisieren, obwohl sich der strategische Schwerpunkt bereits außerhalb der Reichweite der USA verschoben hat.

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28/10/2025

ALEX DE JONG
Comment la gauche a organisé la diaspora philippine
Note de lecture du livre “Insurgent Comunities”

Alex de Jong , Jacobin, 2/7/2024
Versión española
Cómo la izquierda organizó la diáspora filipina
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Alex de Jong est codirecteur de l’Institut international pour la recherche et l’éducation (IIRE) à Amsterdam, aux Pays-Bas, et rédacteur en chef du site ouèbe néerlandais Grenzeloos [Sans Frontières], édité par le groupe Politique alternative socialiste (SAP), section néerlandaise de la Quatrième Internationale (trotskyste)

 Plus de 10 % de la population des Philippines travaille à l’étranger et envoie des fonds qui sont essentiels à l’économie du pays. Un nouveau livre explique comment la gauche a conquis ce groupe, pour ensuite le perdre.

Note de lecture de Insurgent Communities : How Protests Create a Filipino Diaspora, par Sharon M. Quinsaat (University of Chicago Press, 2024) 

Lorsque des personnes partent à l’étranger et s’installent dans d’autres pays, elles ne forment pas automatiquement une diaspora. C’est plutôt l’activité politique et la mobilisation qui façonnent une diaspora, affirme Sharon M. Quinsaat, professeure agrégée de sociologie au Grinnell College (Iowa, USA), dans son ouvrage intitulé Insurgent Communities : How Protests Create a Filipino Diaspora.

 Pour plusieurs raisons, les migrants philippins constituent un cas intéressant. Non seulement la population migrante philippine, qui compte plus de dix millions de personnes réparties dans plus de deux cents pays et territoires à l’étranger, est l’une des plus importantes de tous les pays. La migration de la main-d’œuvre est un aspect essentiel de la politique économique de l’État. Et bien que les persécutions politiques aient poussé une partie de la diaspora philippine à quitter le pays, surtout pendant la dictature de Ferdinand Marcos entre 1972 et 1986, ce n’est pas le résultat de persécutions ethniques ou religieuses, les causes “classiques” des populations de la diaspora.

 Manifestation de Philippines sur la place du Dam à Amsterdam, Pays-Bas, contre les violations des droits humain aux Philippines, le 21 septembre 1987. (Sepia Times / Universal Images Group via Getty Images)

 Tant Bongbong Marcos, l’actuel président philippin et fils de l’ancien dictateur, que son prédécesseur, Rodrigo Duterte, ont joué un rôle important dans le blanchiment de l’héritage de Ferdinand Marcos, qui a été enterré en 2016 avec les honneurs militaires au cimetière national.

La diaspora philippine était autrefois une source importante de résistance contre la dictature, que les gouvernements conservateurs successifs ont cherché à réhabiliter. Aujourd’hui, une grande partie de la diaspora soutient des dirigeants de droite comme Duterte et Bongbong Marcos. Cette évolution ne s’est pas produite de manière isolée. Elle est, comme le montre Quinsaat, le résultat des transformations de la politique mondiale et du capitalisme.

 Modèles coloniaux et néocoloniaux

 Le colonialisme « a prédisposé les Philippines à devenir une nation d’émigration », écrit Quinsaat. La migration a commencé pendant la colonisation espagnole de l’archipel, mais à la fin du XIXe siècle, l’Espagne n’était plus le pays de destination que pour un groupe restreint mais influent de Philippins qui essayaient d’éviter les persécutions des autorités coloniales ou qui cherchaient à poursuivre leurs études.

Les demandes de réformes libérales de ces “Ilustrados” [éclairés], philippins éduqués et fortunés, initialement plutôt modestes, se sont inévitablement heurtées à l’attitude intransigeante des autorités coloniales - un nationalisme naissant fusionnant avec le mécontentement populaire suite à l’éclatement de la révolution philippine en 1896. Deux ans plus tard, les USA déclarent la guerre à l’Espagne et la nouvelle puissance montante prend le contrôle des Philippines, marquant une nouvelle ère coloniale et le « véritable début de l’émigration philippine ».

La politique coloniale usaméricaine a fait des Philippins des “ressortissants américains”, leur refusant les droits politiques tout en leur permettant de circuler librement à l’intérieur des frontières usaméricaines. Au début du XXe siècle, le gouvernement usaméricain a commencé à recruter des Philippins pour travailler dans les bases navales. Un grand nombre d’entre eux ont commencé à travailler dans des plantations à Hawaï et sur la côte ouest des USA. Nombre d’entre eux étaient des travailleurs saisonniers, voyageant entre les plantations et les fermes, occupant des emplois de grooms, cuisiniers, plongeurs et concierges pendant l’hiver. L’un d’entre eux, Carlos Bulosan, s’est inspiré de ses propres expériences et de celles des travailleurs philippins qui l’entouraient pour écrire le roman “America Is in the Heart” (L’Amérique est dans le cœur), un classique de la littérature prolétarienne.

En 1946, les USA ont officiellement déclaré l’indépendance des Philippines. Mais des traités liant les politiques économiques des Philippines à celles de leur ancien colonisateur, en offrant un traitement préférentiel aux entreprises usaméricaines, ont permis de consolider les liens entre les deux pays. La marine usaméricaine a également continué à recruter des Philippins, dont beaucoup ont fini par obtenir la nationalité usaméricaine et ont fait venir leur famille. Parmi les pionniers de l’émigration de main-d’œuvre philippine moderne, on trouve les infirmières qui, formées selon les normes usaméricaines, ont pu travailler à l’étranger.

En tant que communauté importante et établie de longue date, les Philippins des USA constituent un groupe évident à aborder dans le cadre d’une étude sur la diaspora philippine. Quinsaat compare leur cas à celui d’un autre groupe, moins connu : les Philippins des Pays-Bas. À partir des années 60 et 70, un petit nombre de travailleuses sont arrivées aux Pays-Bas, d’abord comme infirmières, puis dans l’industrie textile.

La maîtrise généralisée de l’anglais, héritage du colonialisme usaméricain et du système éducatif qu’il avait mis en place, a facilité cette migration, mais c’est la position néocoloniale des Philippines dans le capitalisme mondial qui a réellement fait du pays un exportateur de main-d’œuvre. En 1974, Ferdinand Marcos a officiellement institué le programme d’emploi à l’étranger et « déplacé le lieu de la migration internationale des USA vers de nouvelles destinations à travers le monde ». L’encouragement à la migration internationale s’est poursuivi après que le dictateur a été renversé par la protestation populaire en 1986.

Les mesures néolibérales, sous la forme d’un programme d’ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, ont entraîné une augmentation du chômage, l’agriculture et les entreprises philippines n’étant pas en mesure de faire face à la concurrence internationale. Combinées aux réductions des services publics et de la protection sociale imposées par le même programme, ces mesures ont conduit à l’extension de la pauvreté.

Dans ces conditions, « la migration n’est pas seulement devenue une solution politique officielle pour atténuer l’impact des crises grâce aux envois de fonds, mais aussi une stratégie d’adaptation - un mode de vie accepté - pour les Philippins ordinaires afin de surmonter les difficultés quotidiennes », écrit Quinsaat. Plutôt que d’essayer d’introduire des mesures qui s’attaqueraient aux causes profondes poussant les gens à quitter leur foyer et leur famille, les gouvernements philippins successifs ont poursuivi des politiques économiques qui ont enfermé le pays dans une position de fournisseur de main-d’œuvre et de ressources bon marché pour les capitaux internationaux.

Quinsaat souligne que « le cas des Philippines est unique en raison du rôle de l’État philippin dans la stimulation et la gestion de la migration de ses citoyens, reconnu par la Banque mondiale pour “son système d’aide aux travailleurs migrants très développé, qui est un modèle pour les autres pays d’origine” ».

Aujourd’hui, les travailleur·ses philippin·es basé·es à l’étranger constituent une partie essentielle de la classe ouvrière du pays. Représentant environ 10 % de la population totale du pays, ils·elles envoient plus de 30 milliards de dollars US, soit plus de 9 % du PIB des Philippines. L’émigration fonctionne également comme une “soupape de sécurité”, attirant de jeunes travailleur·ses à la recherche d’une vie meilleure pour eux·elles-mêmes et leurs proches. En d’autres termes, il s’agit du type de personnes qui constituerait un électorat naturel pour les mouvements d’opposition dans le pays.

 S’organiser pour le changement

 Insurgent Communities ne traite pas les Philippin·es travaillant à l’étranger comme de simples victimes des relations capitalistes internationales. L’essentiel de l’ouvrage traite des différentes manières dont il·elles se sont organisé·es pour résister à l’exploitation et à l’oppression dans leur pays et à l’étranger. Plus que toute identité ethnique naturelle, cette activité a été, selon Quinsaat, cruciale pour la formation de la diaspora philippine.

L’une des organisations qui a joué un rôle important dans ce processus est la Katipunan ng Demokratikong Pilipino (Union des démocrates philippins, KDP), basée aux USA. Fondée en 1973, la KDP a rassemblé différentes générations, unissant des militants nés aux USA et des migrants récents, et a fait le lien entre les luttes nationales et internationales. LA KDP « a mené une lutte transnationale sur deux fronts : contre la dictature de Marcos aux Philippines et contre le capitalisme aux USA ».

On espérait que la démocratie aux Philippines mettrait fin à la nécessité pour les Philippins de quitter le pays, tandis que la lutte pour le socialisme aux USA était considérée comme faisant partie de la lutte pour mettre fin à l’exploitation et au racisme auxquels les travailleur·ses philippin·es étaient confronté·es dans ce pays. L’idéologie de la KDP était fortement influencée par le maoïsme du parti communiste clandestin des Philippines (PCP), auquel ellel était étroitement lié pendant les années 70.

La KDP faisait partie intégrante de la radicalisation générale de la fin des années 60 et des années 70. De jeunes militants philippins-usaméricains « ont exprimé leur solidarité avec les communistes du Viêt Nam qui, selon eux, luttaient pour l’indépendance et l’autodétermination ». Ces radicaux considéraient la guerre du Viêt Nam comme le prolongement de l’impérialisme raciste usaméricain en Asie, qui avait déjà colonisé les Philippines. L’histoire des premières luttes anticoloniales aux Philippines a été récupérée, les jeunes radicaux se considérant comme les héritiers de cet héritage.

Comparée à celle des USA, la communauté philippine des Pays-Bas était petite et homogène. La première génération d’activistes est née en dehors de cette communauté. En 1975, des volontaires de l’aide au développement et des missionnaires néerlandais ont créé le Filippijnengroep Nederland (Groupe Philippines néerlandais) dans le but d’attirer l’attention sur les violations des droits humains dont ils avaient eu connaissance lors de leur séjour aux Philippines. Par un hasard de l’histoire, les Pays-Bas ont ensuite accueilli les principaux dirigeants du PCP qui, avec l’aide de congrégations religieuses, ont réussi à obtenir le statut de réfugiés dans le pays. Utrecht a accueilli le bureau du National Democratic Front (NDF) des Philippines, un front d’organisation de masse contrôlé par le parti et qui lui servait d’aile diplomatique.

La discussion de Quinsaat sur deux communautés très différentes montre les similitudes des défis auxquels les militant·es ont été confrontés. Tant aux États-Unis qu’aux Pays-Bas, les militant·es ont été confronté·es à des tensions liées au fait qu’ils·elles s’organisaient au sein de communautés ayant des liens différents avec des pays différents. La KDP a été confrontée à l’opposition de militant·es qui considéraient que son opposition à la dictature de Marcos était “source de division” et que son radicalisme dans les luttes menées aux États-Unis n’était pas apprécié par les militants libéraux philippins, y compris les exilés bourgeois des Philippines, qui voulaient faire pression sur l’État usaméricain pour qu’il fasse pression sur Marcos. Mais c’est le radicalisme de la KDP qui lui a permis de rassembler les migrants récents et les exilés de la lutte anti-dictatoriale aux Philippines et les jeunes générations aux USA, radicalisées par leur propre expérience du racisme et de l’exploitation.

« L’activisme façonne le moi et l’identité » : c’est ainsi que Quinsaat résume l’un des principaux thèmes de son livre. Ce n’est pas seulement l’identification des militants qui a changé ; en faisant partie de communautés et de mouvements plus larges, ils ont changé celle de groupes plus vastes. L’identification au peuple philippin a été séparée de la loyauté à l’État philippin par l’organisation de la lutte contre la dictature. Le nationalisme philippin s’est enrichi d’un nouveau contenu anti-impérialiste en se rattachant à l’histoire des révoltes anticoloniales, tandis que les identités culturelles se politisaient.

 Des marées politiques changeantes

 Insurgent Communities documente les tentatives des militant·es de la diaspora pour s’opposer à l’occultation de la dictature de Marcos, mais aujourd’hui, le soutien des travailleur·ses émigré·es à ces dirigeants de droite est très élevé. Alors que Marcos a obtenu 58 % des voix parmi les Philippins du pays, ce chiffre s’élève à 72 % pour les membres de la diaspora.

De nombreuses analyses de la popularité de Duterte et de Marcos évoquent le rôle de la désinformation qui présente la dictature comme un âge d’or pour les Philippines. Quinsaat souligne que, bien qu’il s’agisse d’un facteur important, la question se pose de savoir comment ces informations ont été reçues ; pourquoi les gens les ont-ils trouvées crédibles, comment ont-elles semblé avoir un sens pour eux ? Insurgent Communities est en partie un document sur le déclin des influences de gauche dans la diaspora philippine et leur remplacement par d’autres points d’identification qui présentent les difficultés du pays non pas en termes d’impérialisme et d’exploitation capitaliste, mais comme le résultat d’un prétendu manque de “discipline” et de la nécessité d’un leadership fort.

Tout comme son ascension, le déclin de l’influence de la gauche usaméricano-philippine ne peut être dissocié du déclin international de la gauche et de la perte de crédibilité du socialisme en tant qu’alternative. L’évolution de la situation aux Philippines n’entre pas dans le cadre de ce livre, mais la crise dans laquelle est entrée la principale organisation de la gauche philippine, le PCP, à la fin des années 80, a affecté les efforts internationaux qui étaient parfois directement liés au parti. L’attitude incohérente du parti et de son réseau transnational à l’égard de Duterte n’a pas aidé non plus. Malgré le nombre croissant de victimes de la soi -disant guerre contre la drogue, un certain nombre d’éminents militants nommés par le NDF ont continué à servir Duterte à des postes ministériels jusqu’après l’enterrement de Marcos.

 Insurgent Comunities est un ouvrage relativement court mais dense. Les lecteurs qui cherchent à comprendre l’évolution du sens de l’identification et les défis auxquels est confronté le militantisme transnational en tireront sans doute beaucoup d’enseignements. Pour les militants qui cherchent à créer de nouvelles communautés insurgées, ce livre est un outil précieux.

NdT

Larry Itliong (1913-1977) dirigeant ouvrier philippin, organisateur de la longue grève des vendangeurs de raisins à Delano (Californie) dans les années 1960 et de nombreuses autres luttes d’immigrés philippins, de l’Alaska à la Californie, a vu son rôle reconnu longtemps après sa mort. En 2025, à l'occasion du 60ème anniversaire du déclenchement de la grève de Delano, le gouverneur de Californie Gavin Newsom a instauré le « Larry Itliong Day », fixé au 25 octobre,  jour de sa naissance. 

 Manifestation à Times Square à New York le jeudi 30 juin 2022 contre le duo présidentiel élu, Marcos fils et Duterte fille, organisée par la Coalition du Nord-Est pour l’avancement d’une démocratie authentique aux Philippines, Gabriela New York, Bayan USA, Damayan Migrant workers Association et Malaya Movement. Les manifestants exigeaient notamment justice pour les victimes de l’état d’urgence durant la dictature de Marcos père et des exécutions extrajudiciaires sous Duterte. Photo DAVE LLAVANES JR.

 


 

13/10/2025

Madagascar : et une révolution, une !

Fausto Giudice, 13/10/2025

Pour ceux qui comme moi ont l’âge de se souvenir des années 1960 et 1970 qu’ils ont vécu, le mouvement de révolte de la jeunesse malgache de ces dernières semaines ne pouvait qu’évoquer une autre révolte, celle de mai 1972, qui vit la chute du président hémiplégique Philibert Tsiranana, un pur produit de la Françafrique foccartienne : il avait commencé sa carrière politique, tout comme l’Ivoirien Houphouët-Boigny, sous la houlette du Parti communiste français avant de glisser, Mitterrand et Deferre puis Foccart aidant, vers une variante indocéanienne de la « social-démocratie » coloniale [très peu sociale et pas du tout démocratique]. 






Tsiranana avait hérité d’une grande île où tous les éléments nuisibles pour la Françafrique avaient été éradiqués par les massacres de 1947. Il allait tenir au pouvoir 12 ans, avant de se faire balayer par le soulèvement d'avril-mai 1972. Celui-ci était une insurrection contre la « coopération », terme élégant pour qualifier l’incroyable joug colonial français maintenu après l’indépendance dans tous les domaines, à commencer par l’enseignement à tous les niveaux, de la maternelle à l’Université. C’était en premier lieu ce contre quoi les lycéens et étudiants se révoltaient. Tout était décidé depuis Paris, jusqu’aux menus des restaurants universitaires. Formés en France ou par des Français, les fonctionnaires, militaires, gendarmes et policiers n’étaient que des photocopies des originaux de Madame la France. Ici, les CRS s’appelaient les FRS.

En apprenant que le président Rajoelina -un putschiste ensuite sanctifié par des élections -venait d’être exfiltré du pays par un avion militaire français -vers La Réunion, Dubaï, ou autre site de ses comptes bancaires -, je me suis demandé ce qui avait vraiment changé en 50 ans, si les prépondérants n’avaient pas tout simplement maintenu leur mainmise sur l’Île Rouge.

La jeunesse malgache de 2025, ce sont les petits-enfants de la jeunesse de 1972-1975. Les grands-parents étaient étudiants, lycéens, fonctionnaires, infirmières et précaires/chômeurs. Dans Antananarivo, 30 000 des 250 000 habitants étaient des « chômeurs » et ce fut leur aile marchante organisée, les ZOAM, qui assura la protection des manifestants et les ripostes musclées à la répression.

Les ZOAM, c’est tout un roman. Tsiranana s’était mis définitivement la jeunesse à dos en les traitant dans un discours de fumeurs de marie-jeanne.

Au départ, ils s’appelaient les ZWAM et on les reconnaissait à leur chapeau de cow-boy. ZWAM = Zatovo Western Andevo Malagasy, Amicale malgache des amateurs de western. Aficionados de westerns spaghetti, leur idole était Clint Eastwood dans les films de Sergio Leone. Jeunes précaires-chômeurs des bidonvilles et des quartiers pouilleux de la capitale, ils apportèrent tout leur savoir-faire de guerriers urbains se revendiquant comme descendants d’esclaves aux jeunes des classes moyennes ayant initié la révolte, peu rompus à la castagne. En mai 1972, ils changeront de nom pour devenir les ZOAM + Zatovo Orin'Asa Malagasy, Jeunes chômeurs malgaches.

Leurs descendants ne sont plus nourris par les westerns et les BD, mais par les anime japonais et tout ce qui circule sur les médias en ligne. Leur situation est tout aussi précaire, ils ont le choix entre être livreur de pizza, employé·e de call center, esclave dans une usine textile chinoise ou esclave numérique pour Google & Co.. Et leur génération est absolument majoritaire : plus de 50% des 32 millions de Malgaches ont moins de 20 ans. Un véritable dépôt de barils de poudre.

Je vous propose ci-dessous une note synthétique rédigée par nos services d'analyse, comparant le mouvement de 1972 et celui de 2025.

Madagascar — Révoltes de 1972 et 2025 : fiche comparative

Résumé 

·    Dans les deux cas, une mobilisation de jeunesse urbaine déclenche une crise de régime. Rôle déterminant de l'armée.

·    1972 bascule rapidement vers une transition militaire (Ramanantsoa). En 2025, la crise est plus longue et segmentée, désormais marquée par l'exfiltration du président Rajoelina par un avion militaire français.

·    Probable trajectoire à 6 mois : transition civile supervisée par des garants (UA/SADC), avec garanties sécuritaires et calendrier électoral court.

Chronologie éclair 2025

·    25–29 sept. : marches étudiantes/jeunesse sur fond d'eau/électricité & vie chère ; heurts et victimes ; dissolution du gouvernement.

·    Début oct. : segments militaires (dont CAPSAT) se désolidarisent ; l'exécutif parle de « tentative de coup ».

·    12–13 oct. : exfiltration de Rajoelina hors du territoire par avion militaire français ; vacance de facto et recomposition des loyautés.

Comparatif 1972 / 2025 (synthèse)

Axe

1972 (rotaka)

2025 (au 13 oct.)

Déclencheur

Universités, anti-colonialisme, contenu éducatif

Eau/électricité, coût de la vie, gouvernance

Protagonistes sociaux

Étudiants/lycéens d'Antananarivo

Jeunesse/étudiants (« Gen Z »), quartiers urbains

Pouvoir en place

Prés. Philibert Tsiranana (PSD)

Prés. Andry Rajoelina (réélu 2023)

Rôle de l'armée

Arbitre : transition sous gén. Ramanantsoa

Factions : CAPSAT & gendarmerie se désolidarisent

Moment-clé

13 mai : répression, bascule politique

12–13 oct. : exfiltration du président hors du pays

Issue/état

Transition militaire actée

Crise ouverte ; vacance de facto, issue en débat

Scénarios possibles (4ème trimestre 2025 1er trimestre 2026)

Scénario

Mécanique

Probabilité (estimation)

Transition civile supervisée

Intérim institutionnel + garanties UA/SADC + calendrier court

En hausse

Transition militaire « arbitre »

Officiers/CAPSAT imposent l'intérim élections

Moyenne–haute

Présidence en exil

Rajoelina dirige de l'étranger ; dualité de légitimités

Moyenne

Durcissement répressif

État d'urgence renforcé par loyalistes restants

Moyenne-faible

Fragmentation locale

Pouvoirs concurrents, économie de crise

Faible-moyenne

Signaux précoces à surveiller

·    Annonce d'un intérim crédible (Sénat/Conseil constitutionnel ou figure consensuelle).

·    Position officielle des segments militaires (CAPSAT, gendarmerie, état-major).

·    Médiations UA (Union Africaine)/CDAA (Communauté de développement d'Afrique australe)/FFKM (Conseil chrétien des Églises à Madagascar) et modalités d'un calendrier électoral.

·    Mesures d'urgence sur eau/électricité (plan de délestage, financement d'appoint).

·    Posture de la France et des partenaires (reconnaissance, facilitation, neutralité).

 

04/08/2025

TIGRILLO L. ANUDO
Notre pire ennemi en Colombie : la stupidité

 Tigrillo L. Anudo, 4/8/2025
Original
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


« La stupidité n’est pas une fatalité,
mais la surmonter nécessite une prise de conscience
et une action critique»
Dietrich Bonhoeffer

 

Ton héritage est si sordide – Innommable que tu es –, tant de mépris et d’infamie ont été laissés par ton ombre maléfique, que notre héritage sera d’effacer tout ton héritage.

C’est ainsi que raisonnent les jeunes Colombiens qui ont subi la répression brutale lors de l’explosion sociale de 2021, ordonnée par Iván Duque, alors président, inspiré par les pièges tendus aux jeunes pauvres apparus avec des bottes en caoutchouc sous les deux gouvernements du seigneur des écuries.

Effacer tout un héritage fondé sur la stupidité des masses est un engagement non seulement des jeunes, mais aussi de tous les démocrates qui ressentent le besoin de réparer des blessures si profondes qui continuent de bénéficier de l’impunité. La première condamnation du grand propriétaire foncier [Álvaro Uribe] ouvre une porte vers une oasis de pudeur. 

Mais la cour est encore tellement infestée qu’il faut beaucoup de ferveur. Pour effacer l’héritage exécrable du louchebem, plusieurs tâches doivent être entreprises :

1. Traduire à nouveau en justice le promoteur de la tronçonneuse, pour les massacres d’El Aro et de La Granja, pour avoir transformé les Convivir en blocs paramilitaires, pour les plus de 6 402 personnes tombées lors d’exécutions extrajudiciaires, pour l’assassinat de Tito Díaz, maire d’El Roble (Sucre), pour « l’accident » de Pedro Juan Moreno, son secrétaire au gouvernement d’Antioquia, pour ses méfaits à l’Aerocivil, pour le vol continu d’essence dans la ferme Las Guacharacas, pour d’autres larcins.

2. Démanteler les récits mensongers des médias et des personnalités de la sphère politico-patronale. Diffuser le récit de la vérité. La vérité dans les conversations, la vérité sur les lieux de travail, la vérité dans les rues, la vérité dans les salles de classe. La vérité, la vérité et rien que la vérité. C’est ce qu’ils craignent le plus. Ils la dissimulent à travers leurs entreprises de communication propagandistes.

3. Dénoncer et poursuivre sans relâche tous les politichiens et fonctionnaires corrompus. Ainsi que toutes les personnes qui, sur les réseaux sociaux, menacent la vie de ceux qui sont du côté de la vérité.

Ils ne veulent pas que justice soit faite. Ils veulent que l’impunité continue. L’extrême droite est en train de monter des coups judiciaires et de discréditer la juge Sandra Liliana Heredia, la procureure Marlene Orjuela, le sénateur Iván Cepeda et l’avocat Miguel Ángel del Río. Ils sont en train de faire passer l’idée que le procès d’Uribe n’était pas judiciaire mais politique. Ils la diffusent dans le monde entier, la reprennent dans les médias business yankees.

Ils se font passer pour des avocats renommés afin de demander l’ouverture d’une enquête contre Cepeda et del Río, les liant au trafic de drogue. L’un des fils du sinistre sycophante serait derrière tout ça, afin de se venger de Cepeda, le sénateur qui a fait condamner son père. Ils bénéficient du soutien de membres républicains du Congrès et de hauts fonctionnaires du gouvernement usaméricain, ainsi que de membres de la DEA et du FBI.

« Effacer tout ton héritage sera notre héritage »: ce slogan chilien est devenu colombien, Uribe remplaçant Pinochet. Image d’Agustina Scliar

La Colombie vit un moment d’accouchement culturel. La condamnation du génocidaire psychopathe a révélé qu’il n’y a plus d’intouchables sur le territoire colombien. L’opinion publique comprend que le Ténébreux de Salgar [lieu de naissance d’Uribe] n’a pas travaillé main dans la main avec la société civile pour trouver des solutions pertinentes aux problèmes sociaux, mais qu’il a collaboré avec les groupes paramilitaires et les éléments pourris de l’armée et de la police.

C’est le moment historique pour commencer à mettre de l’ordre dans la maison commune. Proclamer des règles générales pour le respect efficace de l’éthique et de la responsabilité. Revenir au discernement et à la compréhension. Pour sortir de la stupidité qui a légitimé un régime de terreur et d’ignominie. Une grande partie de la société s’est rendue complice d’actes fréquents contre la dignité humaine, la moralité et la démocratie. La stupidité est dangereuse car elle combine l’incapacité de raisonner de manière critique avec une tendance pernicieuse à accepter sans les remettre en question les dogmes, les ordres ou les croyances. L’émotivité a pris le dessus lors de la prise de décisions importantes. La solidarité de corps a transformé la société en meurtrière d’une autre partie de la société, désignée et transformée en « ennemi commun à vaincre ».

La stupidité s’est emparée de la Colombie au cours des 25 premières années de ce siècle. Elle est toujours là, vivante, ardente, avide de plus de sang. Elle prépare déjà une marche nationale pour défendre « l’innocence du Grand Cafard ». La stupidité a été plus puissante que la méchanceté elle-même. Et le monstre des écuries s’en est servi. Il a mis à genoux tout un peuple émotif, religieux, grégaire, obéissant, désorienté. Avec ce soutien stupide, il a réussi ce que Pablo Escobar n’avait pas pu faire. La stupidité ne répond ni à la logique, ni aux arguments, ni aux preuves. Une personne stupide agit sans comprendre les conséquences de ses actes, convaincue de sa droiture.

 

Mural à l’effigie de Dietrich Bonhoeffer sur le mur du lycée portant son nom à Wertheim en Allemagne

Dietrich Bonhoeffer, martyr de la résistance allemande contre le nazisme, dit que la stupidité fleurit sous les structures du pouvoir autoritaire. Lorsqu’un groupe ou un individu se soumet au pouvoir, il a tendance à renoncer à son autonomie critique, non pas parce qu’il est incapable de penser, mais parce qu’il cesse de l’utiliser. Ce processus se produit tant chez les individus que dans des sociétés entières, où le pouvoir utilise la propagande, l’intimidation ou la manipulation émotionnelle pour instaurer un conformisme acritique. C’est ce qui s’est passé dans notre société. Une masse qui ne s’intéressait pas à l’actualité réelle est tombée dans le piège des « récits messianiques » d’un maboul devenu « le papa des poussins », le père d’une société avide de faits grandiloquents qui promettaient la rédemption.

La stupidité, selon Bonhoeffer, n’est pas principalement un phénomène individuel, mais collectif. Une personne isolée peut faire preuve d’une plus grande capacité critique, mais en groupe, les dynamiques sociales et les pressions de l’environnement ont tendance à réduire cette capacité. Ce phénomène peut être observé dans les mouvements de masse, où le comportement des individus s’homogénéise et où les décisions sont prises davantage par imitation que par réflexion. La peur est un élément central dans la perpétuation de la stupidité. Une société soumise à la terreur – physique ou psychologique – a tendance à chercher refuge dans des simplifications, des clichés et des figures d’autorité qui promettent la sécurité, même si ces promesses sont illusoires ou destructrices. Comme ils ont applaudi le seigneur des ténèbres lorsqu’il semait la douleur et la mort dans les campagnes colombiennes. Tuer, tuer, tuer, telle était sa formule clichée pour résoudre les problèmes structurels qui exigeaient analyse, réflexion critique, impartialité, philosophie, discernement, compréhension.

La stupidité ne se corrige pas avec des arguments logiques ou des preuves. Les personnes stupides ne s’intéressent pas à la vérité ; elles sont prisonnières d’une bulle idéologique qui ne contredit pas leur vision du monde. La stupidité conduit à une dangereuse délégation de responsabilité. Ceux qui y succombent justifient leurs actions ou leur inaction en disant qu’ils ne font qu’obéir aux ordres ou qu’ils ne pouvaient rien faire. Ce sont ces justifications que nous avons entendues à la JEP [Juridiction Spéciale pour la Paix]de la part des militaires qui ont participé aux « faux positifs ». Pour Bonhoeffer, cette irresponsabilité a des conséquences éthiques dévastatrices. La stupidité réduit la complexité du monde à des formules simplistes. Tout se résume à « nous contre eux », « le bien contre le mal » ou « la vérité contre le mensonge », sans place pour les nuances ou les doutes.

Le régime nazi est l’exemple le plus évident de la stupidité en action. Des millions de personnes ont aveuglément adopté une idéologie fondée sur la violence, le racisme et la suprématie, ignorant délibérément les crimes qui étaient commis. Il en a été de même et il en est toujours ainsi en Colombie : une majorité de la population a approuvé ces anti-valeurs en votant deux fois aux élections présidentielles pour le roi du mensonge. La manipulation des masses par la propagande est un autre exemple de stupidité. Ceux qui méprisent toute information révélant la vérité deviennent des instruments du pouvoir, sans réfléchir aux implications de leurs actes. C’est le cas de millions de Colombiens qui ont voté pour Rodolfo Hernández lors de l’ élection présidentielle de 2022, simplement parce que c’était celui que le propriétaire de l’hacienda avait désigné. La passivité face aux injustices, sous prétexte de « ne pas vouloir s’impliquer », est une autre forme de stupidité collective. Ici, l’ignorance n’est pas innocente, elle est complice.

Heureusement, dit Bonhoeffer, la stupidité n’est pas une fatalité, mais la surmonter nécessite un travail éthique et éducatif en profondeur. La clé réside dans le développement de l’esprit critique et du courage moral. Une véritable éducation encourage la pensée critique et la responsabilité éthique. Les individus doivent apprendre à remettre en question les normes, les idéologies et les figures d’autorité lorsque c’est nécessaire. La stupidité ne peut être combattue directement, mais elle peut être minimisée en résistant aux structures de pouvoir qui la favorisent. Cela nécessite une citoyenneté active, engagée en faveur de la vérité et de la justice. Face à la stupidité collective, Bonhoeffer prône des communautés fondées sur des valeurs éthiques solides, où la vérité et la responsabilité sont centrales. Comment distinguer la stupidité de l’ignorance ? L’ignorance peut être corrigée par l’éducation, tandis que la stupidité implique un refus actif de la réflexion critique. Quel rôle joue la technologie moderne dans la perpétuation de la stupidité ? Bien que Bonhoeffer ait écrit à une autre époque, la propagation de la désinformation et la polarisation sur les réseaux sociaux pourraient être considérées comme de nouvelles formes de stupidité collective. Nous vivons dans un état universel de désinformation, les médias d’entreprise mentent tout le temps, imposant des récits qui altèrent les réalités et favorisent la progression du fascisme. Comment pouvons-nous briser le cycle de la stupidité dans les sociétés contemporaines ? La réponse semble résider dans l’éducation et le renforcement des institutions démocratiques qui promeuvent la responsabilité éthique.

La tâche est donc ardue et demande un engagement à plein temps. Pour mettre fin à cette horrible nuit, il n’y a pas d’autre alternative que de soustraire des gens à la stupidité en passant à l’offensive pour diffuser la vérité, pour obtenir de nouveaux procès contre les criminels en col blanc qui continuent à sévir. Il faut également neutraliser les personnages qui constituent un danger pour la coexistence pacifique et la sécurité de ceux qui sont du côté de la vérité. Des personnages grossiers qui incitent à la violence politique, à des formes stupides de faire de la politique, comme Andrés Julián Rendón, Fico Gutiérrez, les conseillers municipaux de Medellín Gury Rodríguez et Sebastián López, le conseiller municipal de Cali Andrés « El pistolero » Escobar, les sénatrices María Fernanda Cabal, Paloma Valencia, Paola Holguín et autres.