04/11/2025

Des villages d’Espagne et du Portugal s’allient contre la fièvre européenne des minéraux stratégiques

Luis Velasco et Yolanda Clemente, Alconchel, El País, 20/09/2025
Traduit par Tlaxcala

Les habitants partagent des stratégies pour éviter l’ouverture de mines qui détruiraient leur environnement et leur mode de vie : « Nous sommes un territoire sacrifié pour des intérêts économiques. »


Graffiti contre les mines sur une pancarte d’investissements européens pour le développement rural, à Alconchel (Badajoz). Photo : Luis Velasco

La péninsule Ibérique est devenue une pièce clé de la stratégie européenne concernant les minéraux essentiels nécessaires à la fabrication de produits allant des batteries aux munitions. Sur les 60 projets approuvés par Bruxelles, 11 sont répartis entre des communes d’Espagne et du Portugal, où la crainte de nouvelles mines extractivistes a donné naissance à une alliance populaire pour défendre leurs modes de vie.
À Assumar, un village portugais de 600 habitants situé à 20 kilomètres de la frontière avec le sud de l’Estrémadure, le silence n’est rompu que par quatre ouvriers perchés sur un échafaudage, réparant une façade. L’un d’eux descend lentement lorsqu’on l’interroge sur les minéraux essentiels dans la région de l’Alentejo. « Il y avait une mine il y a quelques années. Ils disent qu’ils explorent à nouveau, mais je ne sais rien », tape-t-il dans le traducteur Google.

Les rumeurs de ces prospections traversent le Guadiana jusqu’aux plateaux de la région d’Olivenza (Badajoz), où les habitants sont plus familiers avec le plan européen visant à extraire des substances telles que le lithium, le tungstène ou les terres rares.
Rubén Báez (51 ans), coordinateur de la plateforme antimines, accuse la société Atalaya Mining — héritière des droits de la mine de Riotinto à Huelva — d’effectuer des forages illégaux sur ce sol protégé par le réseau Natura 2000. Il affirme au téléphone qu’« il est normal » que de l’autre côté de la frontière, personne ne soit informé des explorations : « Aucune administration n’explique rien. C’est la même entreprise qui tente de créer une ceinture minière allant d’Aguablanca à Jerez de los Caballeros. »

L’ordre d’expropriation adressé en 2021 à un habitant d’Alconchel (1 600 habitants) pour rechercher de l’or et du cuivre sur sa propriété a révélé la vérité : silence institutionnel, forages clandestins et présumée flexibilité légale dans les rapports d’évaluation environnementale.
Il y a peu d’ombre pour se protéger des 39°C estivaux dans cette commune de maisons blanches et de toits rouges. La terrasse du bar La Piscina devient alors le meilleur refuge climatique.
Eli Correa, conseillère municipale de 33 ans du Parti Populaire, et José María, un éleveur de 44 ans, se souviennent de ce moment :
« Si ce n’avait pas été pour la tentative d’expropriation, nous n’aurions jamais su ce que préparait Atalaya », dit Correa.


Prospections en cours, mais pas encore stratégiques

Le bruit des enfants dans la piscine d’Alconchel sert de toile de fond aux inquiétudes exprimées par la conseillère :
« Je ne veux pas vivre avec une mine à 100 mètres de ma maison. Ni que l’eau dont nous dépendons tous ici soit contaminée. Je veux que mon village se développe, mais pas à n’importe quel prix. »

Le manque d’informations, comme à Assumar, a poussé José María à parcourir toute la dehesa [pâturage forestier communal] qui fait vivre les villages de cette région frontalière du Portugal, durement touchée par la dépopulation et le chômage.
« Nous avons apporté à la mairie (PSOE) les coordonnées exactes et les photos des forages. Ils n’avaient d’autorisation que sur une seule propriété et en ont profité pour pénétrer sur les autres », accuse-t-il, assurant qu’Atalaya Mining a été condamnée à une amende de 4 000 euros par la Confédération hydrographique du Guadiana (CHD) pour des forages présumés illégaux.

L’entreprise affirme au journal ne pas chercher à déclarer le projet comme stratégique et que toutes les campagnes d’exploration menées depuis 2021 disposent « de toutes les autorisations nécessaires », une activité « contrôlée par de nombreuses inspections officielles ». Elle ajoute que ces forages sont « peu invasifs et respectueux de l’environnement ».
Selon Báez, la société continue pourtant à explorer avec une licence désormais expirée : « Dès qu’ils pourront le déclarer stratégique, ils le feront », conclut-il.

Le gouvernement régional, dirigé par María Guardiola (Parti Populaire) en coalition avec Vox, a refusé de répondre sur la protection environnementale du sol et les autorisations de forage.
Sur son site ouèbe, la Junta présente l’exploitation minière comme une opportunité de « promotion de la croissance économique » de l’Estrémadure, où il existe « plus de 1 000 indices » pour lancer des projets viables.
Dans la Sierra de Gata (Cáceres), sept nouvelles excavations pour extraire de l’étain et du lithium — deux matières premières stratégiques — sont déjà à l’étude, ainsi que dans les villages de Villanueva del Fresno et Barcarrota (Badajoz).

Des sources du ministère pour la Transition écologique expliquent que toutes les initiatives minières doivent passer par une évaluation environnementale à laquelle il est possible de présenter des observations, précisant qu’à l’exception du projet stratégique d’Aguablanca, « les autres projets d’Estrémadure relèvent de la compétence régionale ».
Elles ajoutent qu’une « information publique » doit être réalisée pour permettre à quiconque d’« exposer les impacts possibles ».
La plateforme Comarca Olivenza Sin Minas, qui regroupe plus de 100 personnes, affirme n’avoir eu accès à aucune information.

Martín, avocat de 52 ans, montre sur sa propriété familiale à Táliga (660 habitants, Badajoz) des photos prises sur le terrain voisin : on y voit des foreuses, un bassin d’eau et des roches alentour.
« Ils sont entrés sans autorisation municipale, en cachette, comme d’habitude », dit-il. « Ils agissent avec la même impunité que dans Mississippi Burning, et tu es obligé d’affronter les ouvriers. S’ils sont en règle, pourquoi se cachent-ils ? » interroge-t-il.
Selon Báez, la mairie de Táliga a ouvert une procédure de sanction après l’inspection du SEPRONA [Service de protection de la nature de la Garde Civile] : « La Direction générale de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines dit que les prospections sont légales selon leur réglementation, mais elle ne tient pas compte des règles d’urbanisme, car, selon eux, ce n’est pas de leur compétence. »

La crainte que l’objectif européen de ne plus dépendre de pays comme la Chine serve de prétexte à l’ouverture de nouvelles mines se répand dans toute la péninsule. Des centaines de villages, des montagnes de Galice et du nord du Portugal jusqu’à l’Andalousie, en passant par les vallées de Castille-et-León, sont concernés.
Cette inquiétude a conduit à la création, en 2023, de l’Observatoire ibérique de la mine (MINOB), où la plateforme d’Olivenza et d’autres villages espagnols et portugais cherchent un appui juridique pour freiner la fièvre extractiviste.


La péninsule Ibérique, zone d’exploitation de minéraux rares
(Source : Plateforme EGDI / El País. Données cartographiques © OSM)

Joam Evans, coordinateur du MINOB, décroche le téléphone depuis la Galice, où l’exploitation minière métallique menace le travail de plus d’un millier de familles de pêcheurs, selon lui.
Il affirme que la Commission européenne et le ministère ont invoqué des raisons de sécurité et de défense pour refuser l’accès aux rapports d’impact environnemental des projets stratégiques demandés au printemps.
Evans note un changement dans le discours officiel : « La transition verte est dépassée. Ils parlent maintenant de nécessité de réarmement. Les deux mines de tungstène, matériau utilisé pour fabriquer des munitions et des blindages, ont un passé désastreux en matière de violations des droits du travail et de corruption. »

Adriana Espinosa, experte en extraction minière du MINOB et du collectif Amigas de la Tierra, critique également le plan européen :
« Nous ne dépendrons pas moins de la Chine, et les importations depuis le Sud global ne diminueront pas avec ces 60 projets stratégiques », affirme-t-elle.
Elle dénonce aussi des délais de recours « beaucoup trop courts » pour décortiquer les rapports techniques d’impact environnemental :
« Nous demandons de la transparence à l’Europe, au gouvernement espagnol et aux autonomies », souligne-t-elle.


Où sont utilisés les minéraux stratégiques ?
Les pourcentages indiquent la proportion du minéral dans le poids total du dispositif.
(Source : Visual Capitalist, SFA Oxford, ONU Environnement / El País)

Carla Gomes (43 ans) parle depuis Covas do Barroso, un hameau de 350 habitants dans la commune de Boticas, au nord du Portugal.
Les habitants luttent depuis 2018 pour arrêter « la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Europe », désormais déclarée stratégique par Bruxelles, et qui a, selon Gomes, rendu inutilisables des terres agricoles.
Ils ont rencontré la même opacité institutionnelle que les habitants d’Olivenza : « Le gouvernement portugais ne nous a jamais informés des permis d’exploration. Ce projet n’a aucune garantie environnementale ni sociale », dénonce-t-elle.

La plateforme citoyenne à laquelle participe Gomes est également intégrée au MINOB, qui tiendra en octobre son assemblée annuelle à Covas do Barroso.
« Nous partageons des stratégies, mais surtout le même sentiment d’être un territoire sacrifié pour des intérêts économiques et politiques », dit-elle, à propos de la coordination avec les villages espagnols.


Manifestations contre la mine de lithium à Covas do Barroso (Portugal) et contre le décret gouvernemental de servitude administrative d’un an autorisant l’entreprise Savannah à exproprier des terrains privés


Le ministère pour la Transition écologique assure que l’activité minière « peut être un outil très important contre la dépopulation ».
Le plan espagnol, approuvé en 2022, prévoit l’ouverture de nouvelles mines face à la « demande exponentielle » à venir pour les matières premières stratégiques.

La nuit rafraîchit l’air à Olivenza (12 000 habitants, Badajoz).
Emilio, Susan et Quini, trois enseignants membres de la plateforme antimines, discutent autour d’une bière et de quelques fruits secs.
Une idée flotte dans l’air : l’Estrémadure est la réserve des autres.
« L’Europe veut ce que nous avons ici », dénonce Susan.
Quini enchaîne : « Ils vont hypothéquer l’avenir de nombreuses générations. »
Emilio conclut avant de payer l’addition :
« Ils nous voient comme une vache à lait. Des gens vivent ici. Il faut se battre pour la vie de notre région. Si tu ne luttes pas pour ça, pour quoi tu vas le faire ? »

Hamlets in Spain and Portugal Unite Against Europe’s Rush for Strategic Minerals

Luis Velasco and Yolanda Clemente, Alconchel, El País, 20/09/2025
Translated by Tlaxcala

Residents share strategies to prevent the opening of mines that would destroy their environment and way of life: “We are a territory sacrificed to economic interests.”


Graffiti against mines on a European investment sign for rural development, in Alconchel (Badajoz).
Photo Luis Velasco

The Iberian Peninsula has become a key piece in Europe’s strategy for obtaining essential minerals used to manufacture everything from batteries to ammunition.
Of the 60 projects approved by Brussels, 11 are located in municipalities across Spain and Portugal, where fear of new extractivist mines has sparked a grassroots alliance to defend their ways of life.

In Assumar, a Portuguese village of 600 inhabitants located 20 kilometers from the border with southern Extremadura, the silence is broken only by four workers standing on scaffolding as they repair a façade. One of them climbs down slowly when asked about critical minerals in the Alentejo region. “There was a mine a few years ago. They say they’re exploring again, but I don’t know anything,” he types into Google Translate.

Rumors of these explorations cross the Guadiana River into the plains of the Olivenza region (Badajoz), where locals are more familiar with the European plan to extract substances such as lithium, tungsten, or rare earths.
Rubén Báez, 51, coordinator of the anti-mining platform, accuses the company Atalaya Mining — heir to the rights of the Riotinto mine in Huelva — of carrying out illegal drilling on land protected by the Natura 2000 Network.
He says by phone that “it’s normal” that people on the other side of the border aren’t aware of the explorations:
“No administration explains anything. It’s the same company trying to build a mining belt from Aguablanca to Jerez de los Caballeros.”

The 2021 expropriation order served on a resident of Alconchel (population 1,600) to search for gold and copper on his property revealed the truth in all its details: institutional silence, stealthy drilling, and alleged legal leniency in environmental impact reports.
There is little shade to shelter from the 39°C summer heat in this hamlet of white houses and red roofs. The terrace of Bar La Piscina becomes the best refuge from the sun.
Eli Correa, a 33-year-old councilor from the Popular Party, and José María, a 44-year-old cattle rancher, remember that moment.
“If it hadn’t been for the attempted expropriation, we would never have learned about Atalaya’s plans,” says Correa.

 

Explorations Underway, Not Yet Declared Strategic

The splashing of children in Alconchel’s swimming pool accompanies the councilor’s concerns:
“I don’t want to live with a mine a hundred meters from my house. Nor do I want the water we all depend on here to be polluted. I want my town to develop, but not at any cost.”

The lack of information — as in Assumar — led José María to walk across the dehesa [communal woodland pasture] that sustains the villages in this border region with Portugal, long afflicted by depopulation and unemployment.
“We brought the exact coordinates and photos of the drilling sites to the town hall (PSOE). They only had permission for one property, but they used it as an excuse to enter others,” he claims.
José María says Atalaya Mining was fined €4,000 by the Guadiana River Basin Authority (CHD) for allegedly illegal drilling.

The company told this newspaper that it has no intention of declaring the project strategic, and that all exploration campaigns carried out since 2021 have “all the necessary permits,” being the only activity in the area “verified by numerous official inspections.”
They add that these drills are “minimally invasive and environmentally respectful.”
According to Báez, however, the company continues to carry out surveys under a license that has already expired.
“As soon as they can declare it strategic, they will,” the coordinator says flatly.

The regional government, led by María Guardiola of the Popular Party in coalition with Vox, declined to comment on the environmental protection of this land or on the drilling permits.
On its website, the Junta de Extremadura presents mining as an opportunity to “promote economic growth” in the region, where there are “more than 1,000 indicators” of potentially viable projects.
In the Sierra de Gata (Cáceres), seven new excavation projects to extract tin and lithium — both strategic raw materials — are already under evaluation, as well as in the Badajoz towns of Villanueva del Fresno and Barcarrota.

Sources from the Ministry for Ecological Transition explain that all mining initiatives must undergo the corresponding environmental assessment, during which objections may be submitted, noting that except for the Aguablanca strategic project, “the rest of the Extremaduran projects fall under regional jurisdiction.”
They add that there must be a “public information” phase so that anyone can “express possible concerns.”
The Olivenza Region Without Mines platform, which includes more than 100 members, says it has not had access to any information whatsoever.

Martín, a 52-year-old lawyer, shows photos taken on the neighboring land from his family estate in Táliga (population 660, Badajoz). The pictures show drilling rigs, a water pond, and scattered rocks.
“They entered without a permit from the town hall, in secret, like other times,” he says. “They act with the same impunity as in Mississippi Burning and force you to confront the workers. If everything is in order, why do they hide?” he asks.
According to Báez, the Táliga council has begun proceedings to impose a fine on the company following a SEPRONA (environmental police) inspection:
“The Directorate-General for Industry, Energy and Mines says the explorations are legal under their regulations, but they ignore zoning laws because, they claim, it’s not their responsibility.”

Fear Across the Peninsula

The fear that Europe’s goal of reducing dependence on countries like China will justify future mining projects is spreading across the peninsula.
It has unsettled hundreds of scattered towns and hamlets on both sides of the border — from the mountains of Galicia and northern Portugal to the valleys of Castile and León and all the way down to Andalusia.
This anxiety led to the creation, in 2023, of the Iberian Mining Observatory (MINOB), where the Olivenza platform and other Spanish and Portuguese villages seek legal support to curb the extractivist fever.

 


The Iberian Peninsula: A Zone for Rare Mineral Exploitation


Joam Evans, MINOB’s coordinator, answers the phone from Galicia, where metal mining threatens, according to him, the livelihoods of more than a thousand shellfish-harvesting families.
He says the European Commission and the Spanish Ministry cited reasons of “security and defense” to deny access to the environmental impact reports of strategic projects requested earlier this year.
Evans points to a shift in the official narrative:
“The green transition is outdated. Now they speak of the need for rearmament. The two tungsten mines — a material used to make ammunition and armor — have a disastrous record of labor rights violations and corruption.”

Adriana Espinosa, a mining expert at MINOB and a member of Friends of the Earth, also criticizes the European plan.
“We are not going to depend less on China, nor will imports from the Global South decrease because of these 60 strategic projects,” she insists.
Espinosa also denounces that local groups are given “too little time” to analyze the technical jargon of the environmental reports:
“We demand transparency from Europe, from the Spanish government, and from the autonomous regions,” she emphasizes.

 


Where Are Strategic Minerals Used?
Percentages indicate the proportion by weight of the mineral in the total weight of the device.
Source: Visual Capitalist, SFA Oxford, UN Environment. El País.

 

Carla Gomes, 43, speaks from Covas do Barroso, a hamlet of 350 inhabitants in the municipality of Boticas, northern Portugal.
Residents have been fighting since 2018 to stop “Europe’s largest open-pit lithium mine,” now declared strategic by Brussels, which has rendered agricultural land unusable, according to Gomes.
They have encountered the same institutional opacity as their counterparts in Olivenza:
“The Portuguese government never informed us about the exploration permits. What exists is a project with no environmental or social guarantees,” Gomes says over the phone.

The local citizens’ platform that Gomes belongs to is also part of MINOB, which is holding its annual meeting this October in Covas do Barroso.
“We share strategies, but above all the same feeling — that we are a territory sacrificed for economic and political interests,” she says of the coordination with Spanish villages.

 



Demonstrations against the lithium mine in Covas do Barroso, Portugal,  and against the government decree of administrative servitude for one year authorizing the Savannah company to expropriate private land
More photos

The Spanish Ministry for Ecological Transition insists that mining activity “can be a very important tool against depopulation.”
Spain’s national plan, approved in 2022, aims to open more mines in response to the “exponential demand” for strategic raw materials expected in the coming years.

Night cools the air in Olivenza (population 12,000, Badajoz).
Emilio, Susan, and Quini — three teachers who belong to the local anti-mining platform — talk over a cold beer and some nuts.
An idea hovers in the air: Extremadura is everyone else’s pantry.
“Europe wants what we have here,” says Susan.
Quini picks up the thread: “They’re going to mortgage the future of many generations.”
Emilio sums it up before paying the bill:
“They see us as a cow to be milked. People live here. We have to fight for the life of our region. If you don’t fight for this, what will you fight for?”

03/11/2025

Los drones con inteligencia artificial usados en Gaza ahora vigilan ciudades usamericanas

Nate Bear, ¡Do Not Panic!, 31-10-2025
Traducido por Tlaxcala

Los drones cuadricópteros impulsados por inteligencia artificial, utilizados por las Fuerzas de Defensa de Israel (FDI) para cometer un genocidio en Gaza, ahora sobrevuelan ciudades usamericanas, vigilando a manifestantes y subiendo automáticamente millones de imágenes a una base de datos de pruebas.


 

Estos drones son fabricados por una empresa llamada Skydio, que en los últimos años ha pasado de una relativa oscuridad a convertirse discretamente en una compañía multimillonaria y en el mayor fabricante de drones de USA.

La magnitud del uso de los drones Skydio en todo el país, y la rapidez con que su utilización ha crecido en apenas unos años, resulta extraordinaria. La empresa tiene contratos con más de 800 agencias de seguridad y fuerzas del orden en todo USA, frente a las 320 del año pasado en marzo, y sus drones son lanzados cientos de veces al día para vigilar a la población en pueblos y ciudades de todo el país.


Vínculos estrechos con Israel

Skydio mantiene fuertes lazos con Israel. En las primeras semanas del genocidio, la empresa californiana envió más de un centenar de drones a las FDI con la promesa de enviar más. Se desconoce cuántos se han entregado desde entonces. Skydio posee una oficina en Israel y colabora con DefenceSync, una empresa local de drones militares que actúa como intermediaria entre los fabricantes y las FDI.

Skydio también ha recaudado cientos de millones de dólares de capitalistas de riesgo israelí-usamericanos y de fondos de inversión con fuertes intereses en Israel, entre ellos la firma Andreessen Horowitz (a16z), fundada por Marc Andreessen.

Y ahora, esos mismos drones —probados en un contexto de genocidio y perfeccionados sobre los palestinos— pululan sobre las ciudades usamericanas.

Despliegue nacional masivo

Según mis investigaciones, casi todas las grandes ciudades de USA han firmado un contrato con Skydio en los últimos 18 meses, entre ellas Boston, Chicago, Filadelfia, San Diego, Cleveland y Jacksonville. Las fuerzas policiales de varias ciudades han utilizado recientemente los drones Skydio para obtener información durante las protestas No Kings, y la universidad de Yale los usó para espiar el campamento estudiantil anti-genocidio instalado el año pasado en su campus.

En Miami, los drones Skydio se emplean para vigilar a los turistas del spring break [vacaciones de primavera]; en Atlanta, la empresa se ha asociado con la Atlanta Police Foundation para instalar una estación permanente de drones en el nuevo Centro de Entrenamiento de Seguridad Pública.
Según un informe municipal, Detroit gastó recientemente casi 300 000 dólares en la compra de catorce drones Skydio.
El mes pasado, la agencia ICE adquirió un dron Skydio X10D, capaz de seguir y perseguir automáticamente a un objetivo. Desde julio, la Oficina de Aduanas y Protección Fronteriza (CBP) ha comprado treinta y tres drones del mismo modelo.

Una tecnología de inteligencia artificial autónoma

El sistema de inteligencia artificial que impulsa los drones Skydio funciona con chips Nvidia y permite su operación sin control humano directo. Los drones están equipados con cámaras térmicas y pueden funcionar en entornos sin GPS, los llamados GPS-denied environments. También reconstruyen edificios e infraestructuras en 3D y pueden volar a más de 50 kilómetros por hora.

La policía de Nueva York (NYPD) fue una de las primeras en adoptar los drones Skydio y sigue siendo una de sus usuarias más entusiastas.
Un portavoz declaró recientemente a un sitio especializado en drones que el NYPD había realizado más de 20 000 vuelos en menos de un año, lo que significa unos 55 vuelos diarios sobre la ciudad.
Un informe municipal señalaba que el NYPD operaba entonces 41 drones Skydio.
Una reciente modificación de las normas de la Administración Federal de Aviación (FAA) indica, sin embargo, que esa cifra ha aumentado —y, de forma más general, ha impulsado una expansión masiva del uso de drones Skydio.

Relajación normativa

Antes de marzo de este año, las normas de la FAA prohibían a las fuerzas de seguridad usamericanas usar drones fuera del campo visual de su operador, y también volarlos sobre calles concurridas.
Pero una exención emitida ese mes abrió las compuertas: ahora la policía y las agencias de seguridad pueden operar drones más allá de la línea visual y sobre grandes concentraciones de personas.

Skydio calificó la medida de “revolucionaria”. Y lo fue.
Este cambio normativo ha desencadenado una auténtica fiebre de compra de drones Skydio por parte de la policía y de las agencias de seguridad usamericanas, muchas de las cuales aplican ahora el programa llamado Drone As First Responder (dron como primer respondedor).

Al no necesitar mantener el dron a la vista y tener libertad para sobrevolar las calles, la policía envía cada vez con mayor frecuencia drones antes que agentes humanos para responder a llamadas o investigaciones.
Por ejemplo, la ciudad de Cincinnati afirma que, para finales de este año, el 90 % de todas las llamadas serán atendidas primero por un dron Skydio.

Infraestructura de vigilancia total

Este nivel de cobertura es posible gracias a las plataformas de acoplamiento de Skydio, dispositivos instalados en distintos puntos de la ciudad que permiten recargar, lanzar y aterrizar drones a kilómetros de las sedes policiales.

Toda la información recopilada durante los vuelos se guarda en una tarjeta SD interna y se sube automáticamente a un software especial diseñado para las fuerzas del orden.
Ese software, llamado Axon Evidence, es fabricado por Axon, un importante inversor de Skydio y fabricante controvertido de pistolas eléctricas (tasers) y armas “menos letales” utilizadas por las policías de USA y de otros países occidentales.

Según un comunicado de Axon, este sistema permite “la carga automática de fotos y videos de drones en una plataforma digital de gestión de pruebas”.

Los vínculos entre Axon e Israel

El equipo de Axon también es central en la infraestructura de apartheid israelí, ya que la empresa suministra cámaras corporales y tasers a las fuerzas policiales y a los carceleros israelíes que rutinariamente torturan a palestinos.
Axon, que participó en una ronda de financiación Serie E de 220 millones de dólares en Skydio, es solo una de las muchas entidades que respaldan a Skydio y que sirven a una agenda sionista.


La red de inversores

El primer inversor en Skydio, en 2015, fue Andreessen Horowitz (a16z), que aportó 3 millones de dólares de capital semilla al equipo fundador de tres personas.
Desde entonces, la firma ha invertido decenas de millones más en sucesivas rondas de financiación.
Sus fundadores, Marc Andreessen y Ben Horowitz, son sionistas notorios.
En 2024, su firma fue el inversor de capital de riesgo más activo en Israel, y este verano ambos visitaron el país para reunirse con empresas tecnológicas fundadas por exmiembros de las FDI y de la unidad de inteligencia 8200.

Entre los otros inversores de Skydio figuran Next 47, que tiene una oficina en Israel dirigida por Moshe Zilberstein, exmiembro del centro informático de espionaje Mamram de las FDI, y Hercules Capital, cuya directora general, Ella-Tamar Adnahan, es una israelí-usamericana descrita por los medios como “la banquera tecnológica de referencia de Israel en USA”.

Gaza como laboratorio

La saturación de los departamentos de policía usamericanos con tecnología de drones estrechamente vinculada a Israel, tecnología usada para cometer crímenes de guerra, es un desarrollo alarmante, aunque no sorprendente.
Los drones Skydio serán un elemento central en el protofascismo en expansión de USA y en la represión contra Antifa y otros llamados “terroristas domésticos” por parte del gobierno de Trump.

En este contexto, lo más sorprendente es que la rápida expansión de la tecnología de vigilancia vinculada a Israel haya pasado casi desapercibida.

Política y simbolismo

Skydio también debería estar en la agenda de Zohran Mamdani.
Recientemente criticado por haber dicho que “cuando la bota del NYPD está sobre tu cuello, está atada con cordones de las FDI”, Skydio es otro ejemplo que demuestra que tiene razón.
Si tiene el valor de sus convicciones, podría aprovechar su poder como alcalde para cancelar el contrato del NYPD con Skydio.

Uso militar y riesgo de integración

Skydio es también un gran proveedor del Departamento de Defensa, habiendo firmado recientemente un contrato para suministrar drones de reconocimiento al ejército usamericano.
Como proveedor importante tanto de fuerzas de seguridad civiles como militares, surgen interrogantes sobre qué información se comparte —o se compartirá— entre el ejército y las agencias de seguridad interna a través del sistema digital Skydio-Axon.

Gaza, laboratorio del mundo occidental

Skydio demuestra una vez más cómo Gaza sirve de laboratorio para los fabricantes de armas: el lugar donde se prueban las nuevas tecnologías de vigilancia y apartheid antes de ser perfeccionadas y utilizadas en Occidente.

El próximo año, Skydio lanzará una nueva generación de drones para interiores.
Solo podemos especular hasta qué punto estos nuevos modelos incorporan las “lecciones aprendidas” a través del genocidio.

La historia de Skydio demuestra una verdad cruda: lo que ocurre en Gaza no se queda en Gaza.
La lógica del imperialismo capitalista asegura que estas tecnologías siempre terminan regresando a casa.

Todas las ilustraciones provienen de Skydio.

Les drones à IA utilisés à Gaza surveillent désormais les villes usaméricaines

 

Nate Bear, ¡Do Not Panic!, 31/10/2025

Traduit par Tlaxcala

Les drones quadricoptères alimentés par l’intelligence artificielle, utilisés par l’armée israélienne (FDI) pour commettre un génocide à Gaza, survolent désormais les villes usaméricaines, surveillant les manifestants et téléversant automatiquement des millions d’images dans une base de données de preuves.


Ces drones sont fabriqués par une entreprise appelée Skydio, qui, en quelques années, est passée d’une relative obscurité à une valorisation de plusieurs milliards de dollars, devenant le plus grand fabricant de drones aux USA.

L’ampleur de l’utilisation des drones Skydio à travers le pays, et la vitesse à laquelle celle-ci s’est développée en seulement quelques années, sont stupéfiantes. L’entreprise a signé des contrats avec plus de 800 agences de police et de sécurité à travers les USA, contre 320 en mars dernier, et ses drones sont désormais déployés des centaines de fois par jour pour surveiller la population dans les villes et les bourgs du pays.

Liens étroits avec Israël

Skydio entretient des liens profonds avec Israël. Dans les premières semaines du génocide, l’entreprise californienne a envoyé plus d’une centaine de drones à l’armée israélienne, avec la promesse d’en fournir davantage. On ignore combien d’autres ont été livrés depuis cette première admission. Skydio possède un bureau en Israël et collabore avec DefenceSync, un sous-traitant militaire local qui sert d’intermédiaire entre les fabricants de drones et l’armée israélienne.

Skydio a également levé des centaines de millions de dollars auprès de capital-risqueurs usaméricano-israéliens et de fonds d’investissement disposant de lourds portefeuilles en Israël, dont la société Andreessen Horowitz (a16z), fondée par Marc Andreessen.

Et maintenant, ces drones — testés dans un contexte de génocide et perfectionnés sur des Palestiniens — essaiment sur les villes usaméricaines.

Déploiement national massif

D’après mes recherches, presque toutes les grandes villes usaméricaines ont signé un contrat avec Skydio au cours des 18 derniers mois, notamment Boston, Chicago, Philadelphie, San Diego, Cleveland et Jacksonville. Les services de police municipaux ont récemment utilisé ces drones pour recueillir des informations lors des manifestations No Kings, et l’université Yale s’en est servie pour espionner le campement étudiant anti-génocide installé sur son campus l’an dernier.

À Miami, les drones Skydio sont employés pour surveiller les vacanciers printemps ; à Atlanta, la société s’est associée à la Atlanta Police Foundation pour installer une station permanente de drones dans le nouveau Centre de formation de la sécurité publique d’Atlanta. D’après un rapport municipal, Detroit a récemment dépensé près de 300 000 dollars pour l’achat de quatorze drones Skydio. Le mois dernier, l’agence ICE (Immigration and Customs Enforcement) a acheté un drone Skydio X10D, capable de suivre et de poursuivre automatiquement une cible. Depuis juillet, les services des douanes et de la protection des frontières (CBP) ont acquis trente-trois exemplaires du même modèle.

Une technologie d’IA autonome

Le système d’intelligence artificielle qui alimente les drones Skydio fonctionne grâce aux puces Nvidia et leur permet d’opérer sans intervention humaine. Ces drones sont dotés de caméras thermiques et peuvent fonctionner dans des environnements dépourvus de GPS, dits GPS-denied environments. Ils sont capables de reconstituer en 3D les bâtiments et infrastructures, et de voler à plus de 50 km/h.

La police de New York (NYPD) a été l’un des premiers corps à adopter les drones Skydio, et demeure l’un de leurs utilisateurs les plus enthousiastes. Un porte-parole a récemment déclaré à un site spécialisé que la NYPD avait effectué plus de 20 000 vols de drones en moins d’un an, soit environ 55 vols par jour à travers la ville. Un rapport municipal indiquait que la NYPD exploitait alors 41 drones Skydio. Une modification récente du règlement de la Federal Aviation Authority (FAA) laisse penser que ce nombre a encore augmenté — tout comme l’usage massif de ces drones à travers le pays.

Assouplissement réglementaire

Avant mars 2025, les règles de la FAA interdisaient aux forces de sécurité usaméricaines d’utiliser des drones au-delà de la ligne de vue de leur opérateur, et proscrivaient leur utilisation au-dessus des zones densément peuplées. Mais une dérogation délivrée ce mois-là a ouvert les vannes : les forces de l’ordre peuvent désormais faire voler des drones hors de leur champ visuel et au-dessus des foules.

Skydio a qualifié cette dérogation d’« historique ». Elle l’est.
Ce changement réglementaire a déclenché une véritable fièvre d’achat de drones Skydio par la police et les agences de sécurité usaméricaines, beaucoup ayant lancé un programme appelé Drone As First Responder (Drone comme premier intervenant).

N’ayant plus besoin de garder le drone en vue, et libres de survoler les rues, les forces de police envoient de plus en plus souvent des drones avant les agents humains pour répondre aux appels et mener des enquêtes. La ville de Cincinnati, par exemple, prévoit que d’ici la fin de l’année, 90 % des interventions seront d’abord effectuées par un drone Skydio.

Infrastructure de surveillance totale

Ce niveau de couverture est rendu possible par les stations d’amarrage Skydio, des plateformes matérielles installées un peu partout dans les villes, permettant aux drones d’être rechargés, lancés et posés à distance, parfois à plusieurs kilomètres du poste de police.

Toutes les données collectées lors de ces vols sont sauvegardées sur carte SD, puis automatiquement téléversées dans un logiciel spécialement conçu pour les forces de l’ordre. Ce logiciel, baptisé Axon Evidence, est produit par Axon, fabricant controversé des pistolets à impulsion (Tasers) et d’armes dites « non létales », déjà utilisées par la police aux USA et en Europe.

Selon un communiqué d’Axon, ce logiciel permet « le téléversement automatique de photos et de vidéos issues des drones vers un système numérique de gestion des preuves ».

Liens entre Axon et Israël

L’équipement d’Axon est également au cœur de l’appareil d’apartheid israélien, l’entreprise fournissant des caméras corporelles et des tasers aux forces de police et aux gardiens de prison israéliens qui torturent régulièrement des Palestiniens. Axon, qui a participé à un tour de financement de 220 millions de dollars de Skydio (série E), fait partie des nombreuses entités soutenant Skydio dans le cadre d’un agenda sioniste.


Le réseau des investisseurs

Le premier investisseur de Skydio, en 2015, fut Andreessen Horowitz (a16z), qui apporta 3 millions de dollars de capital d’amorçage à l’équipe fondatrice de trois personnes. Depuis, la firme a investi des dizaines de millions supplémentaires à travers de multiples levées de fonds. Les fondateurs Marc Andreessen et Ben Horowitz sont des sionistes notoires. En 2024, leur société fut le principal investisseur en capital-risque en Israël. L’été dernier, Andreessen et Horowitz se sont rendus en Israël pour rencontrer des entreprises technologiques fondées par d’anciens membres des FDI et de l’unité 8200.

Parmi les autres investisseurs de Skydio figurent Next 47, qui possède un bureau en Israël dirigé par Moshe Zilberstein, ancien du centre informatique de renseignement Mamram, et Hercules Capital, dont la directrice générale, Ella-Tamar Adnahan, est une Israélo-USAméricaine présentée par les médias comme « la banquière de référence d’Israël dans le secteur technologique aux USA ».

Le laboratoire de Gaza exporté

La saturation des forces de police usaméricaines par une technologie de surveillance étroitement liée à Israël, utilisée pour commettre des crimes de guerre, constitue une évolution terrifiante — quoique prévisible. Les drones Skydio seront centraux dans l’avancée du proto-fascisme aux USA et dans la répression d’Antifa et d’autres prétendus « terroristes domestiques » par l’administration Trump.

Dans ce contexte, le plus surprenant est peut-être que cette expansion rapide des technologies de surveillance d’origine israélienne soit passée presque inaperçue.

Politique et symbolique

Skydio devrait également figurer à l’ordre du jour de Zohran Mamdani. Récemment critiqué pour avoir déclaré que « lorsque la botte de la NYPD est sur votre nuque, c’est un lacet israélien qui la maintient », le cas de Skydio illustre précisément ses propos. S’il reste fidèle à ses convictions, il pourrait user de son autorité en tant que maire pour annuler le contrat Skydio de la NYPD.

Usage militaire et risque de fusion

Skydio est aussi un fournisseur important du Département de la Défense, ayant récemment signé un contrat pour fournir des drones de reconnaissance à l’armée usaméricaine. En tant que fournisseur majeur pour les forces de sécurité militaires et civiles, la question se pose : quelles données sont — ou seront — partagées entre l’armée et les services de sécurité intérieurs via le système Skydio-Axon ?

Gaza, laboratoire du monde occidental

Skydio illustre une fois encore comment Gaza sert de laboratoire pour les fabricants d’armes : un lieu d’expérimentation pour les technologies de surveillance et d’apartheid, avant leur perfectionnement et leur déploiement dans les pays occidentaux.

L’année prochaine, Skydio lancera une nouvelle génération de drones d’intérieur. On ne peut qu’imaginer dans quelle mesure ces nouveaux modèles seront inspirés des « enseignements » tirés du génocide.

L’histoire de Skydio montre une vérité brutale : ce qui se passe à Gaza ne reste pas à Gaza.
La logique de l’impérialisme capitaliste veut que ces technologies finissent toujours par revenir à la maison.

Toutes les illustrations proviennent de Skydio

Simplemente no conviertan a la fiscal militar israelí dimisionaria en una mártir

ACTUALIZACIÓN

Yifat Tomer-Yerushalmi fue detenida en el marco de una investigación sobre la difusión de un video que muestra actos de violencia cometidos en 2024 contra presos palestinos por soldados israelíes en una prisión de alta seguridad, según informó el lunes el ministro de Seguridad Interior. Tras anunciar su dimisión el viernes, Tomer-Yerushalmi desapareció brevemente el domingo, lo que desató especulaciones en la prensa sobre un posible intento de suicidio. En un mensaje en Telegram, el ministro de Seguridad Nacional, Itamar Ben Gvir, anunció el lunes que «se ha acordado que, a la luz de los acontecimientos de la noche anterior, el servicio penitenciario actuará con mayor vigilancia para garantizar la seguridad de la reclusa en el centro de detención donde se encuentra bajo custodia».

¿Valió la pena, mayora general Tomer-Yerushalmi, servir con tanta servilidad al ejército criminal, con un final tan patético? 

Gideon Levy, Haaretz, 2-11-2025 

Traducido por Tlaxcala

Cuando la noche se vuelve día, una fiscal militar puede convertirse en mártir, alguien que luchó por la ley y los derechos humanos hasta ser quemada en la hoguera, víctima inocente de la malvada derecha. Cuando la noche se vuelve día, solo cuando la abogada general no incumple su deber y da un paso valiente por primera (y última) vez en su carrera, es destituida. 


La Grala. de división Yifat Tomer-Yerushalmi en el cuartel general de las FDI en Tel Aviv, el mes pasado. Foto Itai Ron

El monstruo insaciable nunca se sacia. Usted puede defender el genocidio, Grala. Yifat Tomer-Yerushalmi; puede disimular todos los crímenes, ocultar todas las investigaciones y blanquear los delitos cometidos por los soldados israelíes, complaciendo así a sus superiores. Pero al primer tropiezo, el monstruo la hará responsable.
¿Valió la pena, Gral. Tomer-Yerushalmi, servir con tanta servilidad a un ejército criminal, para acabar de forma tan patética? ¿No habría sido más correcto cumplir su deber, hablar con valentía e integridad, y al menos ser depuesta con algo de dignidad? Como dice la vieja parábola judía: comió el pescado podrido y aun así fue expulsada de la ciudad. ¿Valió la pena?

Durante años, usted dictó sentencias en tribunales militares que nada tienen que ver con lo que le enseñaron en la universidad. Fue fiscal y jueza, enviando a miles de personas a prisión sin un juicio real. Impidió cualquier investigación sobre miles de crímenes cometidos por soldados contra palestinos en Cisjordania y en la Franja de Gaza.

Cada caso de un niño asesinado sin motivo o de un soldado abusivo recibió el respaldo legal suyo y del sistema que dirige. En ese sistema, nunca hay soldados culpables de crímenes, ni siquiera después de los horrores de Gaza.
Usted participó en el espectáculo más despreciable: el llamado sistema de justicia militar, donde basta con ser palestino para ser condenado; un tribunal de apartheid en el que los acusados no tienen derechos ni absoluciones, todo una farsa barata en un sistema judicial falso. Así ascendió en las filas, hasta convertirse en fiscal militar, todo con el propósito de blanquear los crímenes del ejército al que servía.

No existe institución judicial seria en el mundo que blanquee los crímenes del ejército israelí en Gaza y Cisjordania. Y usted, Gral. Tomer-Yerushalmi, lo hizo con entusiasmo. Fue la abogada del genocidio, y llegará el día en que eso se le reproche. Ahora el sistema le devuelve el golpe: fue despedida por las peores razones posibles.

Es difícil saber qué llevó a Tomer-Yerushalmi a desviarse de repente de su papel asignado y escandalizarse por un video en el que guardianes de prisión militares sádicos –no “soldados de combate”, como suelen llamarlos– maltratan brutalmente a un detenido palestino indefenso. Según la acusación, esos cinco guardias, escoria humana, apuñalaron a su víctima en el recto, desgarrándolo, además de romperle las costillas y perforarle un pulmón.

Era importante mostrar a los israelíes lo que hacen nuestros soldados, especialmente en el ambiente de “todo está permitido al ejército” que domina desde el 7 de octubre. De repente, la generala aportó un momento de verdad al debate. Comprendió que las posibilidades de condenar a los acusados, con el clima público actual, eran mínimas. Por eso publicó el video, el único acto por el cual merece una medalla.


Sde Teiman


Es un hecho rutinario en las prisiones militares, pero esta vez se escandalizó. ¿No ha oído hablar de los 80 detenidos muertos en prisión, algunos a manos de soldados israelíes? ¿Qué hizo respecto a esas muertes? ¿Qué hizo respecto al soldado que disparó y mató a un niño de 9 años en el pueblo cisjordano de al-Rihiya hace dos semanas? El portavoz del ejército dijo que “el caso fue remitido a la Oficina de la Abogada General Militar para su revisión”. La investigación terminará en unos años, ¿y qué le pasará a ese soldado? El hecho de que siga libre es la respuesta.

Cuando la noche se vuelve día, los cinco hombres acusados de abusos en el centro de detención de Sde Teiman se convirtieron en las víctimas. Sus indultos ya están en camino, y quien les clavó el cuchillo en el recto es la abogada general militar. El ministro de Defensa, Israel Katz, ya babea con ansias de venganza.
Cuánto le gusta destituir a oficiales de alto rango, cuán embriagante es la sensación de poder –y todos, incluido el comentarista moderado Nadav Eyal, consideran la filtración del video “escandalosa”. Este es el crimen y esta su autora. Pero no la conviertan en mártir.

Cuando la noche se vuelve día, los cinco hombres acusados de abusos en el centro de detención de Sde Teiman se convirtieron en las víctimas. Sus indultos ya están en camino.