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26/08/2023

XVe Sommet des BRICS : Déclaration de Johannesburg II

Original anglais
Йоханнесбургская декларация-II
 砖国家领导人第十五次会晤约翰内斯堡宣

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Cette déclaration du sommet des BRICS, qui vient de se tenir en Afrique du Sud, a été publiée en anglais, russe et chinois. Les ministères brésilien et indien chargés des BRICS se sont contentés de publier la version anglaise, ne disposant apparemment pas de ressources pour la traduire en portugais et en hindi [1% des Brésiliens et 12% des Indiens comprennent l'anglais]. La multipolarité revendiquée par les BRICS ne vaut pas, semble-t-il, dans le domaine linguistique. Vu l'absence quasi-totale d'informations dans les médias francophones sur ce sommet regroupant les dirigeants de 45% de la population mondiale, nous avons jugé utile de traduire cette déclaration  en français.-FG

Préambule

 1. Nous, les dirigeants de la République fédérative du Brésil, de la Fédération de Russie, de la République de l’Inde, de la République populaire de Chine et de la République d’Afrique du Sud, nous sommes réunis à Sandton, en Afrique du Sud, du 22 au 24 août 2023, à l’occasion du XVe sommet des BRICS, qui s’est tenu sur le thème : « Les BRICS et l’Afrique : Partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif » .

2. Nous réaffirmons notre attachement à l’esprit des BRICS, à savoir le respect et la compréhension mutuels, l’égalité souveraine, la solidarité, la démocratie, l’ouverture, l’inclusivité, le renforcement de la collaboration et le consensus. Alors que nous nous appuyons sur 15 années de sommets des BRICS, nous nous engageons en outre à renforcer le cadre de la coopération mutuellement bénéfique des BRICS au titre des trois piliers que sont la coopération politique et sécuritaire, la coopération économique et financière, et la coopération culturelle et entre les peuples, et à renforcer notre partenariat stratégique dans l’intérêt de nos peuples par la promotion de la paix, d’un ordre international plus représentatif et plus équitable, d’un système multilatéral revigoré et réformé , d’un développement durable et d’une croissance inclusive.

Partenariat pour un multilatéralisme inclusif

3. Nous réaffirmons notre engagement en faveur d’un multilatéralisme inclusif et du respect du droit international, y compris les objectifs et les principes consacrés par la Charte des Nations unies (ONU), qui en est la pierre angulaire indispensable, ainsi que le rôle central des Nations unies dans un système international au sein duquel les États souverains coopèrent pour maintenir la paix et la sécurité, faire progresser le développement durable, assurer la promotion et la protection de la démocratie, des droits humains et des libertés fondamentales pour tous, et promouvoir une coopération fondée sur l’esprit de solidarité, le respect mutuel, la justice et l’égalité.

4. Nous sommes préoccupés par le recours à des mesures coercitives unilatérales, qui sont incompatibles avec les principes de la Charte des Nations Unies et qui ont des effets négatifs, notamment dans les pays en développement. Nous réaffirmons notre volonté de renforcer et d’améliorer la gouvernance mondiale en promouvant un système international et multilatéral plus souple, efficace, efficient, représentatif, démocratique et responsable.

5. Nous appelons à une plus grande représentation des marchés émergents et des pays en développement dans les organisations internationales et les forums multilatéraux dans lesquels ils jouent un rôle important. Nous appelons également à accroître le rôle et la part des femmes de marchés émergents et d’économies en développement (EMDC) à différents niveaux de responsabilité dans les organisations internationales. à différents niveaux de responsabilité dans les organisations internationales.

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24/08/2023

GIDEON LEVY
Les “héros” israéliens exécutent des “Arabes” en toute impunité


Gideon Levy, Haaretz, 24/8/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Le clip vidéo est horrible. Un groupe de jeunes hommes s’occupe d’un homme blessé qui gît sur la route, tandis que l’on entend en arrière-plan les cris des personnes vivant à proximité. On voit un homme portant une chemise blanche courir vers le blessé. Une ambulance fait retentir sa sirène. Et soudain, c’est l’horreur. Un coup de feu retentit et une balle atteint l’homme en chemise blanche, qui est touché par derrière. Il tombe face contre terre.

Amid Ghaleb Bani Shamsa, électricien de 33 ans et père de trois enfants, est hospitalisé dans un état critique. Mardi, il a été transféré de l’hôpital Rafidiya de Naplouse à l’hôpital Istishari de Ramallah, mais son état reste critique. La photo de lui riant avec son fils en bas âge n’est pas moins triste que celle de Batsheva Nigri, également mère de trois enfants, qui a été tuée presque exactement au même moment près de la colonie de Beit Hagai, en Cisjordanie. Israël n’a bien sûr pleuré que Nigri. Il a à peine entendu parler de Bani Shamsa.


Amid Ghaleb Bani Shamsa

 Bani Shamsa a été victime d’une tentative d’exécution Il n’y a pas d’autre façon de décrire les circonstances de cette fusillade criminelle et répugnante. Un homme désarmé va porter secours à un blessé allongé sur la route, et un tireur d’élite le vise à la tête et l’abat à distance. C’est le moment de se lamenter sur le fait qu’il n’y a pas (encore) de peine de mort en Israël. Si c’était le cas, peut-être que Bani Shamsa aurait au moins été exécuté à l’issue d’une procédure judiciaire.

En attendant, on peut procéder à des exécutions sans procès, sans raison, juste pour le plaisir. Peut-être pour satisfaire la soif de tirer ou le désir de vengeance des soldats et des agents de la police des frontières. Peut-être voulaient-ils raconter comment ils avaient tué un terroriste en rentrant chez eux. Peut-être parce qu’ils savaient qu’il ne leur arriverait rien s’ils tiraient une balle dans la tête d’un Palestinien.

Tirer sur quelqu’un qui tente de donner les premiers soins à un blessé est un crime de guerre au plus haut degré. J’espère qu’à la suite de la réforme judiciaire, les agents de la police des frontières comme celui qui a tiré une balle dans la tête de l’électricien de Beita pourront désormais être poursuivis par la Cour pénale internationale de La Haye. Ce n’est que là qu’ils auront une chance de payer pour leurs crimes. Ici, ils seront considérés comme des héros.

Leur victime n’a menacé personne, elle n’était pas armée et on peut supposer qu’elle n’a pas participé à la résistance légitime des habitants palestiniens à l’invasion de leur village de Beita par la police des frontières. Beita se bat depuis de nombreux mois contre le vol de ses terres par l’avant-poste de colons insolent et malfaisant d’Evyatar.

Bani Shamsa n’est pas la première victime de ce village, ni la dernière. Il n’est pas non plus la première ou la dernière victime d’une exécution ces dernières semaines.

Cette semaine, j’étais à Jéricho afin d’enregistrer les circonstances de la mort d’un jeune de 16 ans qui se trouvait sur son scooter dans le camp de réfugiés voisin d’Aqbat Jaber. Lui aussi a été abattu par la police des frontières, à distance, non pas d’une balle dans la tête mais d’une balle dans la poitrine, ce qui constitue un petit changement tactique. Il s’agit là aussi d’une exécution.

La semaine dernière, nous avons relaté les tirs insensés sur une voiture qui passait innocemment, sans raison. Un étudiant a été tué et son ami a été blessé. Un mois plus tôt, une autre fusillade insensée contre une voiture en marche. Cette fois, la fusillade a laissé deux jeunes gens handicapés. Qu’en est-il du soldat de Nabi Saleh qui a tiré à distance, atteignant à la tête Mohammed Tamimi, âgé de deux ans et demi, et le tuant en juin ? Ne s’agit-il pas d’une exécution ? Lorsque vous tirez une salve sur une voiture garée, dans laquelle un bébé vient d’être placé, c’est une exécution.

Dans la réalité qui prévaut, de telles exécutions ne feront qu’augmenter. Les médias israéliens n’en parlent presque jamais. Personne en Israël ne s’en offusquerait même si elles étaient dûment rapportées. Le mouvement de protestation regarde ailleurs - les exécutions de rue ne sont pas liées, selon lui, à la démocratie.

Lorsque tout s’inscrit dans le cadre d’une guerre contre le terrorisme, que seuls les Palestiniens sont considérés comme des terroristes, que l’armée et la police procèdent à des exécutions sans être désignées comme les agences de mise à mort d’un État terroriste, que les attentats ne sont définis comme des attaques terroristes que lorsque des Palestiniens tuent des Juifs, il n’est pas étonnant que l’histoire de la tentative d’exécution d’un électricien de Beita ait été publiée presque exclusivement dans le journal Haaretz. Après tout, qui s’intéresse au fait que quelqu’un reçoive une balle dans la tête, juste comme ça, comme si ce n’était rien ?


4 enseignements à tirer des élections en Équateur et au Guatemala

Simon Romero (Mexico), Genevieve Glatsky (Bogotá) et Jody García (Ciudad de Guatemala), The New York Times, 21/8/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Les outsiders ont surperformé, soulignant la volatilité de la politique latino-américaine. Les candidats appelant à s'inspirer de la répression de la criminalité au Salvador n’ont pas obtenu de bons résultats.

Au Guatemala, le progressiste Bernardo Arévalo, qui lutte contre la corruption, a remporté une victoire écrasante sur une ancienne première dame, portant un coup à l’establishment politique conservateur. Photo : Daniele Volpe pour le New York Times

L’Équateur et le Guatemala ont organisé dimanche 20 août des élections qui ont mis en lumière des tendances primordiales dans toute l’Amérique latine, notamment les campagnes de lutte contre la corruption, l’importance croissante des jeunes électeurs et les appels à s’inspirer de la répression de la criminalité au Salvador.

En Équateur, où l’assassinat ce mois-ci du candidat à la présidence Fernando Villavicencio a assombri la campagne, Luisa González, une femme de gauche bien établie, sera opposée à Daniel Noboa, le rejeton d’une famille bien nantie connue pour son empire bananier, lors d’un second tour.

Au Guatemala, le progressiste Bernardo Arévalo, qui lutte contre la corruption, a remporté une victoire écrasante sur l’ancienne première dame, Sandra Torres, portant un coup à l’establishment politique conservateur du pays.

Alors que l’érosion de l’État de droit et l’emprise croissante des gangs de trafiquants de drogue dans différentes régions d’Amérique latine suscitent de vives inquiétudes, les scrutins ont été suivis de près, à la recherche de signes annonciateurs du sens de leurs résultats.

En voici les principaux enseignements.

Le président du Salvador, Nayib Bukele, s’est attaqué à la violence des gangs en procédant à des arrestations massives qui ont frappé des milliers d’innocents.  Photo : Brittainy Newman pour le New York Times

La criminalité n’était pas la seule préoccupation des électeurs

L’Équateur et le Guatemala sont chacun confrontés à une série de défis différents et, bien qu’il soit difficile d’exagérer la difficulté de gouverner efficacement dans ces deux pays, les nouveaux dirigeants devront s’efforcer de contrôler le crime organisé et de créer des opportunités économiques pour que leurs citoyens restent chez eux au lieu d’émigrer.

La star du moment sur la scène politique latino-américaine est le président populiste conservateur du Salvador, Nayib Bukele, qui a réussi à utiliser des tactiques dures pour réprimer la violence des gangs, y compris des arrestations massives qui ont frappé des milliers d’innocents et l’érosion des libertés civiles. Mais les espoirs de voir les adeptes de l’évangile de Bukele sur la criminalité remporter la victoire se sont évanouis en Équateur et au Guatemala.

« Il est remarquable que, dans les deux cas, les admirateurs inconditionnels de la politique dure de Nayib Bukele à l’égard des gangs criminels au Salvador n’aient pas obtenu de bons résultats », dit Michael Shifter, chercheur principal au Dialogue interaméricain, un organisme de recherche basé à Washington.

 Malgré le choc provoqué par l’assassinat de Villavicencio, les candidats explicitement “anti-crime” en Équateur  se sont partagé les voix. Jan Topić, qui s’est aligné de près sur Bukele, a obtenu des résultats médiocres malgré sa montée dans les sondages après l’assassinat de Villavicencio.

« Il a mené une campagne très axée sur la sécurité », dit Risa Grais-Targow, directrice pour l’Amérique latine de l’Eurasia Group, à propos de Topić. « Mais les électeurs ont d’autres préoccupations, notamment en matière d’économie ».

De même, au Guatemala, où l’on craignait de plus en plus un glissement vers un régime autoritaire, la promesse de Mme Torres de mettre en place une politique à la Bukele n’a pas eu beaucoup de succès. Au contraire, l’ancienne première dame a été mise sur la défensive par son rival parce qu’elle avait été assignée à résidence dans le cadre d’accusations de financement illicite de campagnes électorales.

Les mesures prises par l’autorité électorale guatémaltèque pour disqualifier purement et simplement les candidats considérés comme menaçant l’ordre établi ont également influé sur le résultat.

L’un des candidats écartés de la course avant le premier tour de juin était Carlos Pineda, un outsider qui disait vouloir reproduire la répression de la criminalité menée par Bukele. La disqualification de Pineda et d’autres candidats a ouvert la voie à Arévalo, un autre outsider, même si ses propositions pour lutter contre la criminalité sont plus nuancées.

Les candidats guatémaltèques ont essayé de capitaliser sur le soutien des jeunes. Photo : Daniele Volpe pour le New York Times

Les jeunes électeurs façonnent les élections.

Dans une large mesure, les résultats électoraux en Équateur et au Guatemala ont dépendu des choix des jeunes électeurs. En Équateur, Noboa, 35 ans, homme d’affaires et nouveau venu en politique, était dans le creux de la vague il y a quelques semaines à peine.

Mais en s’appuyant sur le soutien des jeunes tout en se présentant comme un outsider, il s’est hissé de manière inattendue au second tour avec environ 24 % des voix. (Son père, Álvaro Noboa, l’un des hommes les plus riches d’Équateur, s’était présenté sans succès à cinq reprises aux élections présidentielles).

Au Guatemala, le pays le plus peuplé d’Amérique centrale, Bernardo Arévalo, 64 ans, a également bénéficié du soutien des jeunes, en particulier dans les villes, qui ont été attirés par ses appels à mettre fin à la persécution politique des militants des droits humains, des écologistes, des journalistes, des procureurs et des juges.

Arévalo a également adopté une position plus modérée sur les questions sociales. Tout en affirmant qu’il ne chercherait pas à légaliser l’avortement ou le mariage homosexuel, il a précisé que son gouvernement n’autoriserait pas la discrimination à l’encontre des personnes en raison de leur orientation sexuelle.

Cette position, quelque peu inédite au Guatemala, contraste fortement avec celle de Mme Torres, qui a choisi un pasteur évangélique comme colistier et qui a utilisé une insulte anti-gay lors de la campagne pour désigner les partisans d’Arévalo [“tous efféminés et une bande de huecos” équivalent guatémaltèque de “pédés”].

Luisa González affrontera Daniel Noboa au second tour le 15 octobre  en Équateur . Photo: Johanna Alarcón pour le New York Times

La gauche prend des directions diverses.

Le Guatemala et l’Équateur offrent des visions très contrastées de la gauche en Amérique latine.

En effet, dans le paysage politique traditionnellement conservateur du Guatemala, Arévalo, qui critique les gouvernements de gauche comme celui du Nicaragua, est souvent décrit comme un progressiste. En ce sens, il ressemble davantage à Gabriel Borić, le jeune président modéré du Chili, qu’aux exaltés d’autres pays de la région.

Le parti d’Arévalo, Movimiento Semilla (Mouvement Semence), qui s’est coalisé après les manifestations contre la corruption en 2015, ne ressemble à aucun autre parti au Guatemala au cours des dernières décennies. Semilla a attiré l’attention en menant une campagne austère et fondée sur des principes, en affichant clairement ses sources de financement, contrairement au financement opaque qui prévaut dans les autres partis. Une autre source d’inspiration pour Semilla est le Frente Amplio (Front large) de l’Uruguay, un parti modéré et démocratique de centre-gauche.

“Arévalo est un démocrate pur et dur”, dit Will Freeman, chargé d’études sur l’Amérique latine au Council on Foreign Relations (Conseil des relations extérieures).

Luisa González, en revanche, est issue d’une autre partie de la gauche latino-américaine, caractérisée dans le cas de l’Équateur par la mise à l’épreuve des freins et des contrepoids démocratiques, opine Mister Freeman. Elle soutient Rafael Correa, un ancien président équatorien qui reste une force dominante dans la politique du pays bien qu’il ait quitté le pouvoir depuis six ans.

Correa, qui vit en Belgique après avoir fui une condamnation à huit ans de prison pour violation des règles de financement des campagnes électorales, conserve une base solide qui oscille entre 20 et 30 % de l’électorat.

Ce soutien est en grande partie dû à la “nostalgie de ce moment de bien-être qui existait sous l’ère Correa”, dit Caroline Ávila, analyste politique en Équateur.

Arévalo a obtenu plus de voix que tout autre candidat au Guatemala depuis le rétablissement de la démocratie dans le pays en 1985. Photo: Daniele Volpe pour le New York Times

Des résultats imprévisibles

Les élections en Équateur et au Guatemala ont mis en évidence une tendance régionale plus large : l’incertitude et la volatilité de la politique en Amérique latine.

Dans les deux pays, les sondages n’ont pas permis de saisir les évolutions cruciales. En Équateur, où Topić semblait pouvoir tirer parti des retombées de l’assassinat de Villavicencio, c’est Noboa qui a réussi à se qualifier pour le second tour.

Au Guatemala, Arévalo, un candidat professeur qui lit parfois ses discours et n’a pas le talent oratoire de ses rivaux, était considéré comme non menaçant par l’establishment - jusqu’à ce qu’il se qualifie pour le second tour.

Aujourd’hui, avec sa victoire écrasante, il a obtenu plus de voix que n’importe quel autre candidat depuis le rétablissement de la démocratie au Guatemala en 1985.

C’est un scénario que même de nombreux membres de son parti n’avaient pas vu venir.