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13/02/2022

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Tlaxcala, 13/2/2022

La scène se passe à Elx/Elche, dans la province d’Alicante, dans l’Espagne profonde, dans une famille de paysans : papa, maman et deux garçons, de 15 et 10 ans. Mardi dernier, l’adolescent rentre de l’école avec des mauvaises notes. Sa mère décide de lui supprimer la connexion internet pour le punir et qu’il consacre plus de temps à ses devoirs. Le garçon saisit un fusil de chasse et abat la maman. Puis il tire sur le petit frère. Quand le père rentre à la maison, il le tue à son tour. Puis il cache les corps dans la remise à outils. Les jours passent. Le vendredi, une voisine demande au garçon où sont ses parents, qu’elle n’a pas vus depuis 4 jours. Le garçon répond tranquillement : « Je les ai tués ». La voisine alerte la police qui interpelle le garçon. Les policiers qui ont recueilli sa déposition ont souligné « son sang-froid », sa sérénité « inhabituelle » et le fait qu'il n'ait exprimé « aucun remords ». La morale de cette histoire : parents, avant de couper la connexion à vos enfants, vérifiez qu’il n’y a aucune arme qui traîne dans les environs.

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Tlaxcala, 4/2/2022

« Mao, réveille-toi ! Ils sont devenus fous ! » : c’est le seul cri qu’on peut pousser en entendant les nouvelles de Beijing, où s’ouvrent les Jeux Olympiques. On apprend que, dans cette zone aride, disposant de très peu de ressources hydriques durables, on est en train de déverser des quantités kolossales d’eau et de neige artificielle pour faire ressembler la région à la Suisse en décembre. Quoiqu’on pense du système de pouvoir chinois, on ne peut qu’être affligé et révolté par cette folie pharaonique du XXIème. Siècle. Allez, camarade Xi, encore un effort pour méditer cette phrase du Président Mao : « Gardez-vous d'être orgueilleux. C'est une question de principe pour tous les dirigeants, et c'est aussi une condition importante pour le maintien de l'unité. Même ceux qui n'ont pas commis de faute grave et qui ont obtenu de grands succès dans leur travail ne doivent pas être orgueilleux. »

“¡Mao, despierta! ¡Se han vuelto locos!”. Este es el único grito que se puede lanzar al escuchar las noticias de Pekín, donde se inauguran los Juegos Olímpicos. Nos enteramos de que en esta zona árida, con muy pocos recursos hídricos sostenibles, se vierten kolosales cantidades de agua y nieve artificial para que la región parezca Suiza en diciembre. Independientemente de lo que uno piense del sistema de poder chino, no puede sino sentirse angustiado y revuelto por esta locura faraónica del siglo XXI. Vamos, camarada Xi, haz otro esfuerzo para meditar esta frase del presidente Mao: “Cuidado con ser orgulloso. Esto es una cuestión de principios para todos los líderes, y también es una condición importante para mantener la unidad. Incluso aquellos que no han cometido una falta grave y que han logrado un gran éxito en su trabajo no deben sentirse orgullosos”.

“Mao, wake up! They have gone mad!” This is the only cry you can utter when you hear the news from Beijing, where the Olympic Games are opening. We learn that in this arid area, with very few sustainable water resources, kolossal amounts of water and artificial snow are being poured to make the region look like Switzerland in December. Whatever one thinks of the Chinese power system, one can only be distressed and revolted by this pharaonic madness of the 21st century. Come on, Comrade Xi, make another effort to meditate on Chairman Mao's phrase: “Beware of pride. This is a matter of principle for all leaders, and it is also an important condition for maintaining unity. Even those who have not committed a serious fault and have achieved great success in their work should not be proud.”

„Mao, erwache! Sie sind verrückt geworden!“ ist der einzige Schrei, den man ausstoßen kann, wenn man die Nachrichten aus Peking hört, wo die Olympischen Spiele eröffnet werden. Man erfährt, dass in diesem trockenen Gebiet, das nur über sehr wenige nachhaltige Wasserressourcen verfügt, kolossale Mengen an Wasser und Kunstschnee verklappt werden, um die Region wie die Schweiz im Dezember aussehen zu lassen. Was auch immer man vom chinesischen Machtsystem halten mag, man kann nicht anders, als über diesen pharaonischen Wahnsinn des 21. Jahrhunderts betrübt und empört zu sein. Ach komm, Genosse Xi, bemühe Dich noch einmal, über den Satz des Vorsitzenden Mao nachzudenken: „Hütet Euch davor, hochmütig zu sein. Dies ist eine Grundsatzfrage für alle leitenden Personen und auch eine wichtige Voraussetzung für die Aufrechterhaltung der Einheit. Auch diejenigen, die keine schweren Fehler begangen und große Erfolge in ihrer Arbeit erzielt haben, dürfen nicht hochmütig sein“.

ALEXIS OKEOWO
Les portraits de Somalien·nes en exil dans la poésie pop de Warsan Shire

Alexis Okeowo, The New Yorker, 14/2/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Dans son nouveau recueil, la poétesse mêle vers et reportages pour faire entendre les voix de la diaspora somalienne.

Les « hymnes à la résilience » de Shire ont commencé sur Tumblr, où elle est devenue une star. Photographie de Tracy Nguyen pour The New Yorker

Par une journée humide à Londres, vers 2013, la poétesse Warsan Shire a branché un magnéto tandis que son oncle parlait de sa jeunesse en Somalie, de sa vie de réfugié et de son addiction au khat, un stimulant aux feuilles amères. Shire, qui a trente-trois ans, des boucles sombres et un front haut, s'est assise avec lui dans sa chambre d'une pension de famille du nord-ouest de Londres, où vivent plusieurs hommes immigrés. Son oncle avait perdu la plupart de ses dents à cause de son addiction au khat. « Quand vous mâchez du khat, vous ne dormez pas, ça vous empêche de dormir », m'a dit Shire récemment. « Je lui ai demandé ce que ça faisait de faire ça ». Il lui a répondu : « Quand tu es défoncé, c'est comme si tu construisais, avec tes mots et tes rêves, ces tours massives de ce que tu vas faire demain, comment tu vas arranger ta vie. Et puis le soleil se lève, et les tours ont été renversées. Et vous faites ça tous les jours et vous n'arrivez jamais à rien, parce que vous vous mentez constamment à vous-même ».

Lorsque son oncle était adolescent, il a obtenu une bourse pour étudier à l'étranger ; les membres de sa famille parlaient de lui comme d'un garçon très prometteur. Mais lorsqu'une guerre civile a éclaté en Somalie, au début des années 90, il a perdu sa bourse. Il a émigré en Angleterre, mais ne s'est jamais marié ni n'a eu d'enfants. Les parents de Shire étaient également partis en Angleterre en tant que réfugiés de Somalie, et au fil des ans, elle a souvent parlé avec son oncle de son passé. Dans la pension, en sirotant du qaxwo (café somalien, épicé à la cannelle et à la cardamome), il lui a dit qu'il avait l'impression d'avoir « raté sa vie » et d'être « maudit par la guerre ».

Une grande partie de la poésie de Shire s'est concentrée sur les expériences des femmes immigrées. Ces dernières années, cependant, elle est devenue plus curieuse de la vie intérieure des hommes de sa famille. « Il y a toujours eu cette chose que je trouvais particulièrement triste chez certains des hommes autour desquels j'ai grandi », m'a-t-elle dit. « Ils portaient ces costumes, qui étaient un peu trop grands et qui pendaient sur les poignets, et ils avaient l'air de petits garçons qui jouent à se déguiser pour aller à un entretien d'embauche auquel ils ne seront jamais acceptés. Quelque chose dans tout cela m'a fait penser à la futilité de leur vie dans ce nouveau monde. Ils n'ont leur place nulle part ». Le premier recueil complet de Shire, « Bless the Daughter Raised by a Voice in Her Head » [Bénissez la fille élevée par une voix dans sa tête], sortira en mars. Dans un poème, « My Loneliness Is Killing Me » [Ma solitude me tue], elle décrit sa rencontre avec son oncle à la pension de famille, alors que de la musique pop somalienne est diffusée en fond sonore : « De la vapeur s'élève du qaxwo amer de larmes, soigneusement / roulant du tabac de la même couleur que ses mains / Il chante en même temps. Seul cette fois, seul à chaque fois ». Vers la fin de la visite, son oncle lui dit : « Ma fille, sois plus forte que la solitude que ce monde va te présenter ». Shire cite cette phrase dans la dernière strophe de son poème, et elle a inspiré le titre. « Tous ces hymnes à la résilience », m'a-t-elle dit. « J'ai juste pensé, ce sont les chansons pour le réfugié ».

Shire fait partie d'une génération de jeunes poètes qui ont attiré un large public en publiant initialement leur poésie sur la toile. Elle s'est d'abord fait connaître grâce à Tumblr, et compte aujourd'hui quatre-vingt mille adeptes sur Twitter, et cinquante-sept mille autres sur Instagram, des chiffres plus proches de ceux de la star d'une série FX que de ceux d'une poétesse. Elisa Ronzheimer, spécialiste de littérature à l'université de Bielefeld, en Allemagne, m'a dit que la poésie de Shire produit « quelque chose de valeur dans ce terrain intermédiaire qui n'est pas super hermétique, mais qui n'est pas non plus ce que je considère comme de la culture pop ».  Shire est surtout connuE pour avoir collaboré avec Beyoncé, en 2016, sur « Lemonade », un album visuel dans lequel la musique de la chanteuse est entrecoupée de la poésie de Shire. Le poète Terrance Hayes m'a dit : « Shire possède une manière féroce de dire la vérité féroce à la Sylvia Plath ». Hayes enseigne à l'université de New York, et il est frappé par le nombre de ses étudiants qui sont des inconditionnels de l’œuvre de Shire. « Elle ne touche pas seulement des gens qui suivent Beyoncé », dit-il. « Ce sont aussi des gens qui veulent devenir poètes et qui étudient ce qu'elle fait ».