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13/02/2023

55 personnalités du monde entier saluent la suspension par Barcelone de ses liens avec Israël

Nous saluons la mairesse de Barcelone, Ada Colau, pour sa décision courageuse de suspendre les liens institutionnels avec Israël, y compris l'accord de jumelage avec Tel Aviv, jusqu'à ce que les Palestiniens puissent vivre en liberté, sans occupation militaire et sans apartheid.

Cela nous rappelle les conseils municipaux courageux qui ont été les premiers à couper les liens avec l'Afrique du Sud de l'apartheid dans le passé.


 À la suite des rapports des principales organisations palestiniennes, sud-africaines, israéliennes et internationales de défense des droits humains qui désignent Israël comme un État d'apartheid et appellent à des mesures efficaces pour mettre fin à la complicité avec cet État, la décision de Barcelone devrait inspirer les institutions du monde entier à mettre fin à leur propre implication dans le maintien de régimes d'oppression. L'apartheid, après tout, est un crime contre l'humanité.

Nous, les soussigné·es, nous opposons au racisme sous toutes ses formes et défendons les principes de justice et de droits humains d'une manière holistique qui inclut les Palestiniens. Nous sommes moralement scandalisés par le fait que des gouvernements puissants réagissent aux graves violations par Israël des droits des Palestiniens en vertu du droit international par des gestes vides et des expressions de “préoccupation”, tout en armant, finançant et protégeant de toute responsabilité le système d'injustice israélien vieux de plusieurs décennies et en poursuivant les affaires comme si de rien n'était.

Avec le gouvernement israélien actuel, le plus à droite, raciste, sexiste et homophobe de tous les temps, la pression est plus nécessaire que jamais pour mettre fin à son impunité et l'obliger à respecter les droits des Palestiniens en vertu du droit international.

Nous félicitons toutes celles et tous ceux qui ont rendu cette décision possible, en particulier les militant·es des droits humains qui ont travaillé sans relâche et de manière désintéressée pour la faire aboutir. Vous nous donnez tous·tes l'espoir que la justice, la liberté, l'égalité et la dignité pour tous·tes peuvent prévaloir.

Signataires

1.                 Aki Kaurismäki Réalisateur, scénariste

2.                Alexei Sayle Écrivain, comédien, animateur radio

3.                Alia Shawkat Actrice

4.                Angela Davis Philosophe, chercheuse

5.                Annie Ernaux Auteure, lauréate du prix Nobel

6.                Arundhati Roy Auteure

7.                 Bella Freud Créatrice de mode

8.                Brian Eno Musicien, producteur

9.                Cherien Dabis Réalisateur, scénariste, acteur

10.           Christy Moore Auteur-compositeur-interprète

11.             Fernando Meirelles Réalisateur, scénariste, producteur

12.            George P. Smith Biochimiste, lauréat du prix Nobel

13.            Gillian Slovo Auteur, dramaturge

14.            Gloria Wekker Auteure, universitaire

15.            Hanan Ashrawi députée, femme politique

16.            Jody Williams Militante des droits humains, prix Nobel

17.             Judith Butler Philosophe, écrivaine

18.            Julie Christie Actrice

19.            Kamila Shamsie Auteure

20.          Ken Loach Réalisateur

21.            Lakhdar Brahimi Diplomate algérien de l'ONU

22.           Liam Cunningham Acteur

23.           Mairead Maguire Militante pour la paix, prix Nobel

24.           Marianne Faithful Musicienne

25.           Mark Ruffalo Acteur

26.           Maxine Peake Actrice

27.           Michael Malarkey Acteur

28.          Michael Mansfield KC Avocat

29.           Mike Leigh Réalisateur, scénariste

30.          Mira Nair Réalisatrice

31.            Miriam Margolyes Actrice

32.           Mustafa Barghouti député, homme politique

33.           Naomi Klein Auteure

34.           Nkosi Zwelivelile "Mandla" Mandela Député, Afrique du Sud

35.           Nora Cortiñas Cofondatrice, Mères de la Place de Mai, Argentine

36.           Paul Laverty Scénariste

37.           Peter Gabriel Musicien

38.          Raja Shehadeh Écrivain et avocat

39.                Raji Sourani Directeur, Centre palestinien pour les droits de l'homme

40.          Ramin Bahrani Réalisateur, scénariste

41.            Ramy Youssef Comédien, acteur, écrivain, réalisateur

42.           Robyn Slovo Productrice de cinéma et de télévision

43.           Ronan Bennett Scénariste, auteur

44.           Ronnie Kasrils ancien ministre dans le gouvernement de Nelson Mandela

45.           Ruchama Marton Fondatrice, Médecins pour les droits de l'homme-Israël

46.           Sara Driver Réalisatrice de films

47.           Sepideh Moafi Acteur

48.          Seun Kuti Musicien

49.           Stephen Rea Acteur

50.           Suad Amiry Auteure et architecte

51.            Susan Sarandon Actrice

52.           Tunde Adebimpe Musicien et acteur

53.           V (anciennement Eve Ensler) Dramaturge

54.           Viggo Mortensen Acteur, scénariste, réalisateur, producteur

55.           Yanis Varoufakis député et économiste

Source

RAUL ROMERO
Mexique : Ruido, le Bruit de la Colère

Raúl Romero, La Jornada, 12-2-2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Raúl Romero est un sociologue mexicain, chercheur à l’Institut de recherches sociales de l’UNAM, membre du secrétariat académique du site Concepts et phénomènes fondamentaux de notre temps, un projet coordonné par le Dr Pablo González Casanova. Il est membre du groupe de travail “Droits de l’homme, luttes et territorialités” du Conseil latino-américain des sciences sociales (CLACSO). Il a été professeur à la faculté des sciences politiques et sociales de l’UNAM. Il écrit fréquemment pour des médias nationaux et internationaux tels que La Jornada, Rebelión et Agencia Latinoamericana de Información. Il a publié plusieurs textes dans des revues universitaires et des chapitres de livres, dont certains ont été traduits en plusieurs langues. Il est le co-coordinateur du livre Resistencias locales, utopías globales (2015). Ses intérêts de recherche sont les mouvements sociaux, les processus d’émancipation et les économies criminelles. @RaulRomero_mx

 

La lumière du jour décline et l’obscurité annonce que le spectacle est sur le point de commencer. La nuit est froide et les témoignages partagés au micro la rendent encore plus froid.e Une à une, des mères dont les filles ont été victimes de féminicides ou ont disparu prennent la parole. Elles partagent leurs expériences douloureuses, parlent de l’impunité et de la revictimisation. Les cœurs sont serrés. La plupart des femmes présentes écoutent attentivement. Certains pleurent, beaucoup s’embrassent. L’événement lui-même est une étreinte collective. De temps en temps, plusieurs personnes font du bruit avec des casseroles, des tambours et des sifflets pour faire du bruit, pour se faire entendre.

Nous sommes le vendredi 27 janvier et les collectifs qui appuient et entretiennent la Glorieta de las mujeres que luchan [Rond-point des femmes qui luttent, un antimonument installé en 2021, NdT] se sont organisés pour projeter le dernier film de Natalia Beristáin,. Ruido [Le Bruit de la Colère en français, visible sur Netflix] Le film compile également un ensemble de témoignages douloureux, similaires à ceux partagés au micro. Mais il est aussi porteur d’espoir, tout comme l’événement au cours duquel le film est projeté. La réalisatrice a porté à l’écran une histoire malheureuse dans laquelle beaucoup se reconnaissent. Il ne s’agit pas d’un documentaire, mais d’un film dans lequel il est impossible de distinguer la fiction de la réalité. Grâce à l’interprétation magistrale de Julieta Egurrola, le film rend visibles de nombreux problèmes de notre société à partir d’une histoire particulière : féminicides, disparitions de personnes, meurtres de journalistes, crime organisé, traite des femmes, corruption. Il porte également à l’écran une partie de la résistance qui émerge sur ce territoire, celle des mères chercheuses et des femmes qui luttent, deux des mouvements sociaux les plus représentatifs de notre époque.

Parmi les personnes présentes se trouvait Doña María Herrera, mère de quatre enfants disparus. Doña Mary, comme on l’appelle affectueusement, a frappé à toutes les portes à la recherche de ses enfants. Elle a parcouru tout le pays. Elle a exigé de Felipe Calderón, d’Enrique Peña Nieto et du président actuel des politiques efficaces pour rechercher ses enfants et toutes les personnes disparues, ainsi que des moyens de pacifier le pays et de mettre un terme à la violence. Doña Mary s’est rendue aux USA pour demander la fin de la guerre contre la drogue. Elle a également rencontré le pape François pour lui parler de la situation des victimes au Mexique. Doña Mary a depuis longtemps appris à marcher en collectivité et accompagne désormais d’autres mères qui se trouvent dans une situation similaire à la sienne. Après avoir vu Ruido, Doña Mary, au mciro, remercie la réalisatrice pour le film et envoie ses salutations à Julieta Egurrola. Doña Mary connaît Julieta, l’actrice a accompagné les déplacements des victimes à différents moments.

Le 8 mars 2019, devant le Palais des Beaux-Arts, l’Antimonumenta a été mise en place par différents collectifs, une forme de protestation contre un pays féminicide. Le 25 septembre 2021, un grand nombre de ces mêmes femmes ont investi l’ancien rond-point Christophe Colomb, qu’elles ont rebaptisé Glorieta de las mujeres que luchan et, là où il y avait auparavant une statue du conquistador, elles ont placé une statue de femme.

Outre la Glorieta de las mujeres que luchan, on trouve dans d’autres quartiers de Mexico au moins 13 autres anti-monuments : à Samir Flores, aux victimes du 2 octobre 1968, aux mineurs piégés à Pasta de Conchos, aux 49 enfants de la crèche ABC, aux 43 étudiants d’Ayotzinapa, aux 72 migrants de San Fernando … Ce sont des espaces publics récupérés pour nous rappeler qu’il y a des crimes qui restent sans justice et sans vérité. Des crimes, tels que les féminicides et les disparitions forcées de personnes, qui continuent de se produire quotidiennement. [100 000 personnes disparues à ce jour, dont 31 000 ces trois dernières années, NdT]

Depuis sa naissance, la Glorieta de las mujeres que luchan est devenue un mémorial d’en bas, soutenu par des collectifs de femmes et de victimes, ainsi que par des personnes de la communauté artistique. Des femmes issues de luttes très diverses sont venues enrichir le mémorial et participer à son entretien. Magdalena García, femme mazahua et victime de la répression à San Salvador Atenco en 2006, est l’une d’entre elles. Les mères des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa étaient également présentes, ainsi que les femmes mazatèques d’Eloxochitlán de Flores Magón qui luttent pour la liberté de leurs prisonniers politiques. Ce n’est donc pas un hasard si la projection de Ruido est également suivie par des dizaines de militants, d’artistes, de mères chercheuses et de journalistes solidaires.

Dans Ruido, Natalia Beristáin a réussi à communiquer une partie de la douleur de ce pays. Elle l’a fait à partir du pouvoir de l’art avec la force de la résistance. Les organisations de victimes et de femmes ont commencé à s’approprier le film. Une partie de ce qui est nouveau et aussi de ce qui est urgent converge dans ce dialogue. Continuons à faire du bruit.