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07/08/2021

Une commission d’enquête établit la responsabilité du gouvernement maltais dans l'assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia

Selon l'enquête, le gouvernement a créé un « climat d'impunité » et n'a pas protégé Mme Galizia des menaces liées à ses écrits sur la corruption politique et le crime organisé.

Hamish Boland-Rudder, ICIJ, 30/7/2021
Traduit par Fausto Giudice


Hamish Boland-Rudder est un journaliste australien, rédacteur en chef du site ouèbe du Consortium international des journalistes d'investigation (International Consortium of Investigative Journalists, ICIJ).
@hamishbr

Une enquête sur l'assassinat à la voiture piégée de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia a désigné l'ancien Premier ministre du pays et l'ensemble de son cabinet comme portant la responsabilité du meurtre de 2017 qui a choqué une grande partie du monde.

Des manifestants à Malte brandissent des pancartes à l'effigie de la journaliste assassinée en 2017, Daphne Caruana Galizia. Image : STRINGER/AFP via Getty Images
 
Dans un rapport de 437 pages publié jeudi, la commission d'enquête, composée d'anciens juges, a accusé l'État maltais d'avoir créé un « climat d'impunité » généralisé qui a permis aux meurtriers de la jeune femme de croire qu'ils n'auraient à subir que des conséquences minimes. 

« L'État devrait assumer la responsabilité de cet assassinat », a écrit la commission d'enquête, selon le
Times of Malta.


« Ceux qui ont planifié et exécuté l'assassinat l'ont fait en sachant qu'ils seraient protégés par ceux qui avaient intérêt à faire taire la journaliste ».

La famille de Carauna Galizia a salué le rapport, déclarant que « les conclusions confirment la conviction de notre famille depuis le moment où Daphne a été assassinée », dans une déclaration.

Bien que le rapport n'ait pas trouvé de preuve de l'implication directe du gouvernement dans le meurtre, il a désigné l'ancien Premier ministre Joseph Muscat et son équipe de ministres comme collectivement responsables de la mort de Caruana Galizia, en raison de l'escalade des conflits publics et des attaques personnelles et judiciaires à l'encontre de la journaliste, ainsi que de l'incapacité du gouvernement à assurer sa protection contre les menaces.

GIDEON LEVY
Un plombier palestinien a été abattu par des soldats israéliens alors qu'il tentait de réparer une panne d'eau : il tenait une clé à molette

Pourquoi les soldats ont-ils tué cet homme ? Et pourquoi Israël refuse-t-il de rendre son corps ?

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 6/8/2021

Traduit par Fausto Giudice

La conférence de presse, si on peut l'appeler ainsi, était pathétique. Triste. Sans espoir. Deux dizaines d'hommes âgés - des fonctionnaires de l'Autorité palestinienne et des notables locaux, ainsi que le père et le fils en deuil - se tenaient à l'entrée de leur village sous le soleil brûlant de midi, tenant de grandes affiches. Les microphones des chaînes de télévision locales sont passés de main en main, les discours ont été prononcés, les belles paroles ont été prononcées - et tout le monde savait que leurs paroles n'étaient que du vent.

Leith Shurafi tenant une affiche de deuil pour son père Shadi, qui a été tué la semaine dernière.

Le cadre, lui aussi, était pathétique. Les manifestants se tenaient entre le marché de gros du village et son usine de taille de pierre, au milieu de piles putrides de fruits pourris, principalement des mangues, et des déchets de l'usine. Derrière eux était garé un camion portant l'inscription, en hébreu, comme une invitation, « Des millions de personnes ne peuvent pas se tromper », le slogan de la société St. Moritz, qui fabrique des produits de nettoyage et d'extermination des parasites.

Que des millions de personnes aient raison ou tort, ce village, Beita, qui se trouve entre Tapuah Junction et Naplouse en Cisjordanie, a déclaré le début d'une campagne pour le retour du corps de l'un de ses meilleurs fils, le plombier du village, Shadi Shurafi. Il a été tué la semaine dernière, mardi soir, par des soldats des Forces de défense israéliennes de la brigade Kfir, alors qu'il se tenait près de ce qui semble être les principales vannes d'eau du village, en bas de la route de l'entrée, tenant une clé à molette.

Les dirigeants du village et les responsables de l'Autorité palestinienne ont menacé de lancer une opération région morte tant que la famille du plombier décédé n'aura pas reçu son corps pour l'inhumer. Selon les responsables, Israël détient - de manière effroyable - les dépouilles d'environ 300 Palestiniens, dans le cadre de l'opération d’exploitation de cadavres en cours, qui est censée avoir pour but la restitution par le Hamas des dépouilles de deux soldats de Tsahal tués dans la bande de Gaza en 2014, le lieutenant Hadar Goldin et le sergent-chef Oron Shaul.

Tout le monde sait que les corps des soldats, ainsi que les deux civils israéliens captifs détenus à Gaza, ne seront rendus qu'en échange de prisonniers palestiniens vivants purgeant leur peine dans les prisons israéliennes. Mais pourquoi ne pas accumuler les corps et accentuer la douleur des familles des morts palestiniens ?

 

Saad Shurafi, sur le site où son frère Shadi a été tué. Une guerre s'est ensuivie pour le retour du corps du plombier