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08/06/2023

GIDEON LEVY
Un bébé palestinien assassiné par un soldat, ça n’est pas une info pour les médias israéliens

Gideon Levy, Haaretz, 7/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Lundi, un enfant en bas âge, Mohammed Tamimi, est mort des suites des blessures infligées par un soldat israélien qui lui avait tiré une balle dans la tête, sous les yeux de son père. Le soldat a tiré une deuxième balle dans la poitrine du père. Mohammed, âgé de deux ans et demi, est décédé à l’hôpital pour enfants Safra du centre médical Sheba, à Tel Hashomer, quatre jours après que la balle a explosé dans sa tête.

Des proches de Mohammed Haitham Al Tamimi, âgé de deux ans et demi, pleurent pendant ses funérailles dans le village de Nabi Saleh, mardi. Photo : AHMAD GHARABLI/AFP

Un soldat israélien a tué un enfant de deux ans et demi, et les médias israéliens ont décidé, presque à l’unisson, que ce n’était pas intéressant, pas important, ou les deux. En d’autres termes, ce n’est pas un sujet. Channel 12 News [Canal 12, en hébr. Kephet 12], Israel Hayom et Maariv ont complètement fait disparaître l’histoire des yeux de leurs consommateurs d’informations. Elle n’a tout simplement jamais eu lieu. Les autres grands médias, à l’exception de Haaretz, l’ont reléguée dans les dernières pages, littéralement ou virtuellement. Ils l’ont également adoucie, l’ont rendue plus facile à avaler pour les consommateurs sensibles : après tout, ce n’est pas si joli que ça qu’un soldat israélien tue un enfant en bas âge.

Le site de la télévision publique Kan 11 : « On a annoncé la mort du petit Palestinien de 3 ans qui a été touché par une force de Tsahal qui a tiré sur les terroristes ». On a annoncé la mort d’un Palestinien de 3 ans et, surtout, la force a tiré sur des terroristes, pas sur le bambin et son père. Tout a déjà fait l’objet d’une enquête et tout est connu, la vérité comme vous la voulez. Le site d’information Walla a été encore plus prudent et patriotique : « La mort a été déclarée pour le Palestinien de 3 ans qui a apparemment été touché par des tirs des Forces de défense israéliennes ». Apparemment. Ce n’est pas certain. Peut-être qu’il s’est tiré dessus, peut-être que son père l’a tué, peut-être que ce sont les terroristes brutaux de Nabi Saleh qui l’ont tué : Qui sait, lecteurs de Walla. Pourvu que vous passiez une bonne nuit de sommeil et que vous nous rendiez visite à nouveau.

Le site d’information Ynet a également marché sur des œufs : « On a annoncé la mort de l’enfant de 3 ans qui a été abattu par erreur par une force de Tsahal qui a riposté à des terroristes ». Le porte-parole de Tsahal est devenu superflu. La gigantesque unité du porte-parole peut être démantelée. Elle n’aurait pas pu écrire une meilleure propagande. Tirs par erreur, tirs sur des terroristes. Aucun des messages d’alerte n’a nommé l’enfant, un Palestinien sans nom. Ils se sont tous contentés de l’expression froide “la mort a été annoncée”, comme s’il s’agissait d’une question bureaucratique. Les préposés se sont assis et ont annoncé le décès. Les soldats des FDI n’ont rien eu à voir avec cela.

Canal 12 News mérite un traitement spécial : c’est le feu de camp tribal. Ils savaient que l’enfant était mort et ont néanmoins décidé que ce n’était ni intéressant ni important. Qu’est-ce qui est passé par la tête du PDG Avi Weiss et de son équipe éditoriale ? À quoi pensait la présentatrice Yonit Levy, aux opinions bien arrêtées, lorsqu’ils ont décidé de cacher au public la mort d’un enfant en bas âge, tué d’une balle dans la tête par un soldat des forces de défense israéliennes ? Ils ont aussi des enfants, n’est-ce pas ? Ont-ils vu la photo de Mohammed saignant du trou béant dans sa tempe ? Ont-ils imaginé un enfant israélien dans son état ? Pouvez-vous imaginer l’enfer qu’ils auraient déclenché à l’antenne ?

Peut-être était-ce une question d’espace. Ce soir-là, les journaux télévisés ont présenté un homme acquitté d’accusations de viol. Les parents de la femme soldat tuée à la frontière égyptienne deux jours auparavant ont suivi, puis un reportage sur “la terreur tranquille”. J’ai pensé qu’il s’agissait à la fois d’une terreur et d’une tranquillité. C’est la terreur avec laquelle les soldats de Tsahal ont tué 24 enfants depuis le début de l’année, selon B’Tselem. Trouveront-ils le temps de parler du 24ème, Mohammed Tamimi ? Ne faites pas rire Weiss, Levy et les rédacteurs en chef. La “terreur tranquille”, c’est bien sûr la terreur contre les colons : pierres, bombes incendiaires. Nous n’en entendons pas assez parler. Nous avons suffisamment entendu parler des soldats qui tuent des enfants.

Canal 12 est la chaîne modérée/centriste d’Israël. Sur Canal 14, les téléspectateurs savent ce qu’ils obtiennent. Canal 12 est la voix de la vérité, de la sagesse, du professionnalisme et de la décence. Et cette voix nous dit chaque soir que la vie d’un bambin palestinien ne vaut rien, n’est pas intéressante et n’est pas importante. Continuons à protester, continuons à nous complaire dans le mégaphone arraché par le député Simcha Rothman à un proetstataire à New York et la croisière en Grèce du député Nissim Vaturi, continuons à nous battre pour la démocratie avec Canal12.

Seule l’histoire jugera des dégâts qu’elle a causés, de sa dissimulation systématique de l’occupation et de ses crimes, de son blanchiment et de sa légitimation à tout prix. Channel 12 est la véritable chaîne de propagande d’Israël.

Carlos Latuff

Rassemblement de soutien au village palestinien de Nabi Saleh

Officiellement jumelé depuis plusieurs mois maintenant avec L'Île-Saint-Denis (93), le village palestinien de Nabi Saleh a été le théâtre de nouvelles violences ces derniers jours, menant notamment à la mort d'un enfant de 2 ans et demi sous les balles de l'armée israélienne. Face à cette situation, un rassemblement de soutien est prévu vendredi 9 juin, à partir de 18h30 sur le parvis de l'Hôtel de Ville (1 rue Méchin). Les drapeaux de l’Hôtel de ville sont mis en berne. Une collecte solidaire sera notamment mise en place pour aider financièrement les familles à assurer les coûts des funérailles et des soins pour les autres habitants de Nabi Saleh blessés. Ne nous résignons jamais à accepter inhumanité et barbarie à l’égard du peuple palestinien.

Comment aller à Mairie de l'Île-Saint-Denis à L'Ile-Saint-Denis en Bus, Métro, Train, Tram ou RER ?

 

 

LUCA MARTINELLI
NO FUTURE pour les bouteilles en plastique d’eau minérale

Luca Martinelli, Altreconomia, 31/5/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Alors que les représentants de 175 pays se réunissent à Paris à l’Unesco pour négocier un traité mondial contre la pollution plastique, la Fédération italienne des industries des eaux minérales naturelles et des eaux de source (Mineracqua) défend le “modèle italien” d’embouteillage au Parlement. Il s’agit d’un modèle d’embouteillage aux mains de quelques opérateurs et basé sur des bouteilles en PET (Polytéréphtalate d’éthylène).


Le 30 mai, Ettore Fortuna, vice-président de Mineracqua, a été auditionné par les commissions de l’environnement et des activités productives de la Chambre des députés sur la proposition de règlement du Parlement et du Conseil européens relative aux emballages et aux déchets d’emballages. Dans le cadre du Pacte vert européen, les changements prévus font partie du “deuxième paquet sur l’économie circulaire”, dont l’objectif est - évidemment - d’éviter la production de déchets.

Fortuna a présenté aux députés une analyse du secteur, soulignant la production record d’eau minérale italienne en 2022, qui s’élèvait à environ 16,5 milliards de litres, et l’importance des exportations qui ont atteint 1,6 milliard de litres, donnant ainsi du lustre - selon lui - à la marque “Made in Italy”, précisant que le marché est très concentré, étant donné que sur environ 200 opérateurs, les huit premiers représentent 70% du marché.

Entrant dans le détail, il a ensuite précisé certaines données qui rendraient impossible l’adhésion des opérateurs du secteur à une réforme. Il a notamment rappelé que pour de nombreuses entreprises, celles qui n’opèrent pas sur le segment premium du marché et qui vendent l’eau même à 11 centimes d’euro le litre dans les supermarchés, l’achat de l’emballage représente aujourd’hui jusqu’à 70 % du coût du prix de détail. Fortuna a ensuite souligné que les entreprises ont réduit le poids des bouteilles en PET de 40 % au cours des quinze dernières années, en présentant ce changement comme le résultat d’une prise de conscience environnementale, alors qu’il est évident qu’il s’agit d’un moyen de réduire les coûts de production.

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LUCA MARTINELLI
Le pont sur le détroit de Messine : un Grand Projet Inutile et Non durable

Luca Martinelli, il manifesto, 31/5/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Luca Martinelli (Pistoia, 1980) est un journaliste italien, écrivant pour le magazine Altreconomia, la rubrique gastronomique du quotidien Repubblica (R-Food) et le quotidien il manifesto (rubrique Extraterrestre). Il a été l'un des porte-parole du comité référendaire “2 oui pour l'eau comme bien commun”. Il a publié plusieurs livres, dont Le conseguenze del cemento (Les conséquences du béton), Salviamo il paesaggio ! (Sauvons le paysage !), La posta in gioco (L'enjeu), L’acqua (non) è una merce (L’eau (n’) est (pas) une marchandise), L’Italia di vino in vino (L’Italie de vin en vin) et L'Italia è bella dentro  (L’Italie est belle dedans), tous publiés par Altreconomia Edizioni. @lmartinelli80

Grands Projets Inutiles : un dossier du Kyoto Club, de la Lipu [Ligue italienne de protection des oiseaux] et du WWF démonte pièce par pièce le “grand projet” sur le détroit de Messine : « Les flux de trafic prévus sont ridicules et ça taxerait l’Italie ».

Il y a dix ans, en avril 2013, l’entreprise qui devait construire le pont sur le détroit de Messine s’est retrouvée en liquidation. En 2023, fin mai, le Parlement a approuvé une nouvelle loi pour la construction du pont. Sur le site du ministère des Infrastructures, dirigé par Matteo Salvini, une section FAQ est également apparue, prononcée fuck mais signifiant frequently asked questions, c’est-à-dire tout ce que vous vouliez savoir sur le fameux pont, y compris le fait - nous citons - que le projet « constitue l’aboutissement de plus de quarante ans d’études », c’est-à-dire d’une idée née dans les années 1970.


Le KYOTO CLUB, la LIPU et le WWF ont réagi à l’approbation du décret-loi qui relance le projet de pont à travée unique de 2011, un projet d’un coût de 14,6 milliards d’euros et d’une valeur indéterminée (dans le sens où les bénéfices ne sont pas mesurables, ni sa constructibilité certaine), par un dossier détaillé : Lo Stretto di Messina e le ombre sul rilancio del ponte, auquel a contribué un pool d’experts qualifiés, qui fait le point sur les principales questions qui restent en suspens et est à l’origine de cet article.

FAISABILITÉ. EN 2021 un groupe de travail du ministère des Infrastructures et de la Mobilité durable (MiMS), alors rebaptisé, a mis en évidence les faiblesses du projet de pont à travée unique de 2011, élaboré par l’entreprise principale Eurolink. En particulier, la décision de situer l’ouvrage au point de distance minimale entre la Sicile et la Calabre, qui éloigne la traversée des barycentres des zones métropolitaines de Messine et de Reggio de Calabre, et des risques liés aux vents et aux séismes (dans l’une des zones présentant le risque sismique le plus élevé de la Méditerranée). En outre, le pont suspendu aurait une portée 50 % plus longue que le plus long pont construit à ce jour dans le monde.

LE TIRANT D’AIR NAVIGABLE. Le pont, dans sa partie centrale (d’une longueur d’environ 600 mètres) garantit une hauteur libre navigable de 65 mètres, en présence de conditions de chargement maximales, et de 70 mètres, en l’absence de trains et de poids lourds, mais cela, selon le dossier, bloquerait le transit des plus grands porte-conteneurs en route de l’océan Indien vers Gioia Tauro, une ville calabraise de la côte tyrrhénienne, le plus important port de transbordement d’Italie.

LE COÛT ET L’APPEL D’OFFRES. Selon les environnementalistes, il n’est pas possible de relancer le contrat avec Eurolink, qui a expiré il y a dix ans. Un nouvel appel d’offres serait nécessaire. De plus, le prix de référence actualisé par rapport à la valeur initiale du pont, qui était de 3,9 milliards d’euros en 2003, est aujourd’hui de 6,065 milliards d’euros, de sorte que le prix actuel dépasse largement la limite maximale dans laquelle la valeur d’un ouvrage peut augmenter (50 %) sans qu’un nouvel appel d’offres soit nécessaire.

ASPECTS FINANCIERS. Par ailleurs, d’un point de vue financier, le Kyoto Club, la Lipu et le WWF soulignent que le risque de l’investissement et de la gestion de l’infrastructure serait supporté par le secteur public : c’est en effet le groupe de travail du MiMS qui a fait valoir que la brièveté du tracé de la traversée et des travaux connexes ne permettait pas de faire payer aux usagers un nombre de péages permettant une opération de financement de projet.

TRAFIC. C’est aussi parce que les flux de trafic ne remboursent pas les frais de construction. Cela s’explique par les données recueillies par le ministère (celui d’avant) : 76,2 % des déplacements par bateau dans la zone locale (navetteurs) sont effectués par des passagers sans voiture, et un total de 4 500 personnes se déplacent chaque jour entre les deux rives. En ce qui concerne le transport ferroviaire, la redevance d’utilisation de l’infrastructure ferroviaire sera déterminée, conformément à ce qui est dit dans le décret-loi sur le pont, de manière à poursuivre la durabilité environnementale de l’ouvrage, constituant ainsi une véritable taxe sur le transport ferroviaire. Alors que le trafic routier attendu serait de 11,6 millions de voitures, pour une capacité annuelle de l’infrastructure de 52,56 millions, avec un degré de saturation modeste qui ne justifie pas l’ouvrage.


Le pont sur le Détroit créera 1 million d'emplois
Fulvio Fontana

L’ÉVALUATION DES INCIDENCES SUR L’ENVIRONNEMENT. Selon les environnementalistes, la procédure doit être refaite car - comme l’indique le Code de l’environnement - plus de cinq ans se sont écoulés sans que le projet soit mis en œuvre. De plus, entre-temps, l’article 9 de la Constitution a été modifié et protège désormais non seulement le paysage, mais aussi l’environnement et les écosystèmes. Cependant, le dossier rappelle qu’en 2013, la Commission technique pour l’évaluation de l’impact sur l’environnement (EIE , Évaluation de l'impact sur l'environnement et EES, Évaluation environnementale stratégique) a constaté que dans le projet final, sur 27 prescriptions, seules 6 étaient respectées, 18 n’étaient que partiellement respectées (y compris les aspects sismotectoniques et hydrogéologiques) et 1 n’était pas respectée (2 ne relevaient pas de la responsabilité du ministère de l’environnement).

VALEUR NATURALISTE. Le pont n’est pas favorable aux oiseaux migrateurs et constituerait une barrière transversale à la migration. Le détroit de Messine est une zone cruciale pour la migration afro-eurasienne où passent des centaines d’espèces d’oiseaux, avec des passages saisonniers de l’ordre de dizaines de milliers d’individus pour les oiseaux de proie (38 espèces) et de l’ordre de millions pour de nombreuses autres espèces. De plus, elle est considérée comme l’un des points de concentration migratoire les plus importants pour les oiseaux de proie diurnes et les cigognes de l’écozone du Paléarctique occidental.

LE PAYSAGE. Dans le projet de pont sur le détroit de Messine, les environnementalistes constatent l’absence d’une vision holistique du paysage qui prenne en compte le cadre éco-paysager de l’ensemble de la zone et il n’y a aucun respect des contraintes existantes et des prescriptions dictées par l’aménagement local du territoire.

-Tu me donnes un verre d'eau ?
-Non, mais si tu veux, je te donne un pont

Mauro Biani, 2015
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LA LÉGITIMITÉ CONSTITUTIONNELLE. Les juristes qui ont contribué à la rédaction du dossier contestent la légitimité constitutionnelle des normes introduites dans la loi de finances 2023 et le décret-loi 35/2023, pour la violation présumée de l’article 9 ainsi que des articles 32 (protection de la santé) et 41 (initiative économique privée) de la Constitution, car la protection du paysage et de l’environnement fait partie des principes fondamentaux et prévaut dans la mise en balance des valeurs. « Les règles qui prévoient la mise en œuvre d’un projet sans évaluation environnementale, au mépris de la vocation naturaliste de lieux d’une rare beauté et d’une grande fragilité dans des zones protégées par des directives de l’UE pour la plus grande concentration de biodiversité au monde, sont déraisonnables parce qu’elles n’envisagent pas l’option zéro », écrivent-ils.

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Mussolini l'a rêvé, Melosalvini va le faire
, par Gianfranco Laccone

 Prochaine manifestation contre le projet