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09/10/2023

NIZAR QABBANI
Je suis pour le terrorisme

Nizar Qabbani
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Original أنا مع الإرهاب

Nizar Qabbani (Damas, 1923-Londres, 1998) est l’un des poètes arabes les plus populaires du XXème siècle. Il a, dans une cinquantaine de recueils, renouvelé la poésie arabe par ses textes érotiques et antiautoritaires souvent mis en musique et chantés. Il fait irruption en 1954 avec un premier volume « Enfance d’une poitrine », qui rompt avec le conservatisme ambiant. Très marqué par le suicide de sa sœur, qui refusa d’épouser un homme qu’elle n’aimait pas, il deviendra un poète féministe, écrivant souvent du point de vue d’une femme. Vivant à Londres depuis 1967, il y fonde une maison d’édition après la défaite arabe de 1967. Mais il reste attaché à Damas, sa ville natale, dont il chante le « parfum de jasmin ». Et il sera diplomate pendant trente ans, représentant son pays à travers le monde. Au fil des années, sa poésie deviendra de plus en plus politique et contestatrice. Un vers de lui est célèbre : « Oh Sultan, mon maître, si mes vêtements sont déchirés et en lambeaux, c’est parce que tes chiens ont la permission de me mettre en pièces. » Une tragédie a endeuillé la dernière partie de sa vie : sa seconde épouse Balqis Arrawi, une enseignante irakienne, fut victime à Beyrouth d’un attentat à la bombe contre l'ambassade d'Irak, attribué à un groupe pro-iranien. Nizar Qabbani est mort à Londres en 1998. Son enterrement à Damas a eu lieu au milieu d’une ferveur populaire considérable.
Le poème ci-dessous est paru en avril 1997 dans le journal londonien Al Hayat.

On nous accuse de terrorisme
Si nous prenons la défense
D’une rose, d’une femme
Et d’un infaillible poème
D’une patrie qui n’a plus
Ni eau ni air
Ni tente ni chamelle
Ni même de café noir.

On nous accuse de terrorisme
Si nous avons le courage de défendre
La chevelure noire de Balqis
Les lèvres de Maysoun …
Hind, Daâd
Ou Loubna et Rabab
Et une pluie de khôl noir
Tombant de leurs cils comme une inspiration !
Vous ne trouverez pas chez moi
De poème secret…
De langage secret
Ni de livre secret enfermé derrière portes closes
Et je ne garde pas de poème
Arpentant les rues, voilé par un hijab.

On nous accuse de terrorisme
Quand nous écrivons sur les dépouilles de notre patrie
Foulée, démembrée, déchiquetée
Aux moignons dispersés
Une patrie cherchant son nom
Et un peuple innommé
Une patrie qui a perdu ses anciens grands poèmes
À l’exception de ceux de Khansa
Une patrie qui a perdu sa liberté rouge, bleue ou jaune
Une patrie qui nous interdit
D’acheter un journal
D’écouter les informations
Une patrie où les oiseaux sont interdits de pépiement
Une patrie
Dont les écrivains écrivent
Sur le vent, par peur.
Une patrie
À l’image de notre poésie
Faite de mots abandonnés
Hors du temps
Importés
Avec une face et une langue étrangères…
Sans début
Ni fin
Sans lien avec son peuple ou son pays
Impasse de l’humanité
Une patrie
Allant aux négociations de paix
Sans dignité
Nu-pieds
Et sans aucune dignité
Une patrie
Où les hommes pris de peur se sont pissé dessus
Et où seules restent les femmes !

Amir Tibon : “Mon père de 62 ans a combattu les terroristes du Hamas pour libérer ma famille. L’État israélien nous a laissé tomber”

Amir Tibon, Haaretz, 8/10/2023

 Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Amir Tibon (1989) est un journaliste israélien spécialisé dans les relations USA-Israël au quotidien Haaretz, dont il a été le correspondant à Washington, et rédacteur en chef adjoint de l’édition anglaise du quotidien. Auteur d’une biographie de Mahmoud Abbas, The Last Palestinian (Prometheus Books, 2017) @amirtibon


NdT : j’ai traduit le plus fidèlement possible ce texte, révélateur de l’état d’esprit régnant parmi les Israéliens de la “ligne de front”, vivant dans des kibboutz chargés de surveiller la frontière de Gaza, dans cette zone joliment appelée par Israël “l’enveloppe de Gaza”

Nous vivions un rêve. Le 7 octobre, nous nous sommes réveillés dans un cauchemar. Après des heures dans l’abri antibombes avec des terroristes armés de l’autre côté du mur, à 16 heures, nous avons entendu frapper à la fenêtre. “Sabba est là”, a dit ma fille, et nous avons tous éclaté en sanglots.

Terroristes du Hamas à Kfar Azza. Photo : Hassan Eslaiah

Au début, c’était juste un sifflement. Il était un peu plus de six heures du matin, et ma femme Miri a été réveillée par un son familier : un obus de mortier sur le point de tomber. Il n’y avait pas eu d’alerte préalable, mais ce son a suffi à nous faire courir vers la pièce sécurisée, qui sert également de chambre à coucher à nos filles, ici au kibboutz Nahal Oz, l’endroit d’Israël le plus proche de Gaza.

Galia, trois ans, et Carmel, un an, dormaient dans leur lit, se remettant d’une fabuleuse excursion la veille dans la région israélienne de l’“enveloppe de Gaza”, la belle partie du pays que nous appelons notre maison. Nous ne voulions pas les réveiller, mais nous avons commencé à faire nos bagages. Nous pensions qu’il s’agirait encore d’une de ces journées auxquelles nous nous sommes habitués : des voyages dans la pièce sécurisée pendant l’explosion d’une roquette, puis des voyages vers le nord pour se mettre à l’abri.

Après une heure de sirènes et d’explosions ininterrompues, nous avons entendu pour la première fois le bruit glaçant des tirs automatiques. Au début, nous l’avons entendu de loin, depuis les champs. Ensuite, le son était beaucoup plus proche, venant de la route. Enfin, nous l’avons entendu à l’intérieur même de notre quartier, près de la fenêtre de notre maison. Nous avons également entendu des cris en arabe et nous avons immédiatement compris ce qui se passait : C’était notre pire cauchemar. Des militants armés du Hamas avaient infiltré notre kibboutz et se trouvaient littéralement sur le pas de notre porte, tandis que nous étions enfermés à l’intérieur avec nos deux petites filles.

 

L’hôpital Brazilai, dans le sud d’Israël, samedi. Photo : Ilan Assayag

Miri et moi avons déménagé à Nahal Oz il y a neuf ans, juste après la guerre de Gaza de 2014. Ce qui nous a attirés dans cet endroit particulier, c’était le désir d’un peu d’aventure et de vie communautaire, ainsi qu’un peu de sionisme à l’ancienne. S’installer dans un kibboutz à la frontière de Gaza n’était pas un choix évident pour un jeune couple de Tel-Aviviens. Mais nos parents étaient fiers de notre décision, et Nahal Oz est devenu notre maison. C’est là que nous nous sommes mariés en 2016, au bord de la piscine située à quelques centaines de mètres de la barrière frontalière. Et c’est là que nous sommes retournés après un séjour de trois ans aux USA, où j’ai occupé le poste de correspondant de Haaretz à Washington.

Nous avons connu d’innombrables “alertes rouges” au cours de nos années passées au kibboutz. Nous nous sommes également familiarisés avec la menace des ballons incendiaires et la puanteur des champs en flammes. Mais ces problèmes n’étaient pas suffisamment graves pour nous faire oublier les merveilleux avantages de la vie dans un kibboutz, notamment le fait que nos petites filles se rendaient seules à la crèche et qu’elles pouvaient ensuite acheter une glace à l’épicerie locale. En ce qui nous concerne, nous vivions le rêve.

Mais nous nous sommes retrouvés confrontés à une menace d’un tout autre genre - une menace qui était censée pouvoir être évitée.

Lorsque nous avons emménagé dans le kibboutz, le mot le plus effrayant de notre lexique était “tunnel”. Mais comme le gouvernement avait investi des milliards de shekels dans un mur d’obstruction souterrain destiné à neutraliser le réseau de tunnels souterrains du Hamas, nous nous sommes permis de dormir tranquillement. Ce samedi matin, nous avons réalisé que ce mur souterrain était l’équivalent de la ligne Maginot pour notre génération et que nous étions au milieu d’un désastre de l’ampleur de la guerre du Kippour de 1973. Israël avait déversé des tonnes de béton dans la terre, alors que tout ce que le Hamas avait à faire était de franchir la clôture en surface avec ses tracteurs.

Le kibboutz Nahal Oz, 2022. Photo : Eliyahu Hershkovitz


De los subhumanos de Varsovia a los animales humanos de Gaza

    “He ordenado el asedio total de la Franja de Gaza. No habrá electricidad, ni alimentos, ni combustible, todo está cerrado. Estamos luchando contra animales humanos y actuamos en consecuencia”.

    General Yoav Gallant, Ministro de Defensa israelí, 9 de octubre de 2023


 

    “Durante la operación de hoy se han incendiado varios bloques de edificios. Este es el único y definitivo método que obliga a sacar a la superficie estos desechos y esta subhumanidad”.

    SS-Gruppenführer Jürgen Stroop, Varsovia, 26 de abril de 1943

    “Todo el antiguo gueto ha sido hurgado hoy por comandos en busca de refugios y judíos restantes. Como se informó hace unos días, un número de subhumanos, bandidos y terroristas todavía están en los refugios, donde el calor se ha vuelto intolerable debido a los incendios. Estas criaturas saben muy bien que su única opción es permanecer ocultos el mayor tiempo posible o salir a la superficie e intentar herir o matar a los hombres de las Waffen-SS, la policía y la Wehrmacht que mantienen la presión contra ellos”.

    SS-Gruppenführer Jürgen Stroop, Varsovia, 8 de mayo de 1943

    “Nunca ha habido una insurrección. Una insurrección tiene un principio, un plan, un final y, sobre todo, una esperanza de victoria. En el gueto de Varsovia, en abril de 1943, no había esperanza. Es cierto que, en la conciencia de judíos, polacos y otros, seguía siendo un levantamiento. Pero, en realidad, se trataba de autodefensa. Básicamente, decidimos elegir nuestra propia forma de morir...”.

    Marek Edelman, comandante de la Organización Judía de Combate del Gueto de Varsovia, Le Soir, 19-4-1993

El autor de la primera frase citada, el general Gallant, hijo de un guerrillero antinazi en los bosques de Ucrania y Bielorrusia y de una polaca superviviente del Holocausto, no estará contento con la comparación con el autor de la segunda y tercera citas, el Gruppenführer Stroop, que dirigió la solución final del gueto de Varsovia y fue ahorcado por sus crímenes en 1952, en el mismo lugar del gueto.

Gallant nunca será ahorcado e incluso podría recibir un Premio Nobel de la Paz por haber luchado tan valientemente contra los “animales humanos” de Gaza. Para Stroop, los combatientes judíos eran “terroristas, bandidos, subhumanos, basura”. Uno de ellos, Marek Edelman (1919-2009), que sobrevivió y se negó toda su vida a pisar Israel, dijo de la acción de los combatientes del gueto: “En realidad, se trataba de autodefensa. Básicamente, decidimos elegir nuestra propia forma de morir”. Los combatientes del gueto de Gaza pueden decir lo mismo.

 

Cartel de la Żydowska Organizacja Bojowa (ŻOB), la Organización Judía de Combate. El texto dice: “Todos los hombres son hermanos: el amarillo, el moreno, el negro y el blanco. Hablar de pueblos, colores, razas, ¡es una historia inventada!

GIDEON LEVY
Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Gazaouis sans payer le prix fort

Gideon Levy, Haaretz, 9/10/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Derrière tout ça, c’est l’arrogance israélienne  qui se cache, l’idée que nous pouvons faire ce que nous voulons, que nous ne paierons jamais le prix et que nous ne serons jamais punis pour cela. Nous continuerons sans être dérangés

Le Dôme de fer tire sur des roquettes au-dessus d’Ashkelon samedi. Nous avons pensé que nous pouvions continuer à rejeter avec arrogance toute tentative de solution diplomatique. Photo : Ilan Assayag

 

Nous arrêterons, tuerons, harcèlerons, déposséderons et protégerons les colons occupés à leurs pogroms. Nous visiterons la tombe de Joseph, la tombe d’Othoniel Ben Kenaz et l’autel de Josué dans les territoires palestiniens, et bien sûr le mont du Temple - plus de 5 000 Juifs pour la seule fête de Souccot.

 

Nous tirerons sur des innocents, nous leur arracherons les yeux et leur fracasserons le visage, nous expulserons, nous confisquerons, nous volerons, nous saisirons les gens dans leur lit, nous procéderons à un nettoyage ethnique et, bien sûr, nous poursuivrons l’incroyable siège de la bande de Gaza, et tout ira bien.

 

Nous construirons un obstacle terrifiant autour de Gaza - le mur souterrain a coûté à lui seul 3 milliards de shekels (720 millions d’€) - et nous serons en sécurité. Nous nous appuierons sur les génies de l’unité de cyberespionnage 8200 de l’armée et sur les agents du service de sécurité Shin Bet qui savent tout. Ils nous préviendront à temps.

 

Nous transférerons la moitié d’une armée de la frontière de Gaza à la frontière de Huwara en Cisjordanie, uniquement pour protéger le député d’extrême droite Zvi Sukkot et les colons. Et tout ira bien, tant à Huwara qu’au point de passage d’Erez vers Gaza.

 

Il s’avère que même l’obstacle le plus sophistiqué et le plus coûteux du monde peut être franchi avec un vieux bulldozer fumant lorsque la motivation est grande. Cette barrière arrogante peut être franchie à bicyclette et à mobylette malgré les milliards qui y ont été déversés et tous les experts célèbres et les gros sous-traitants.

 

On pensait continuer à descendre à Gaza, distribuer quelques miettes sous forme de dizaines de milliers de permis de travail israéliens - toujours conditionnés à une bonne conduite - et les maintenir en prison. Nous ferons la paix avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et les Palestiniens seront oubliés jusqu’à ce qu’ils soient effacés, comme le souhaitent bon nombre d’Israéliens.

 

Nous continuerons à détenir des milliers de prisonniers palestiniens, parfois sans procès, dont la plupart sont des prisonniers politiques. Et nous n’accepterons pas de discuter de leur libération, même après qu’ils ont été emprisonnés pendant des décennies.

 

Nous leur dirons que ce n’est que par la force que leurs prisonniers connaîtront la liberté. Nous pensions que nous continuerions à rejeter avec arrogance toute tentative de solution diplomatique, uniquement parce que nous ne voulons pas nous occuper de tout cela, et que tout continuerait ainsi pour toujours.

 

Une fois de plus, il a été prouvé que ce n’était pas le cas. Quelques centaines de Palestiniens armés ont franchi la barrière et ont envahi Israël d’une manière qu’aucun Israélien n’aurait imaginée. Quelques centaines de personnes ont prouvé qu’il est impossible d’emprisonner 2 millions de personnes pour toujours sans en payer le prix.

 

Tout comme le vieux bulldozer palestinien enfumé a déchiré la barrière la plus smart du monde samedi, il a déchiré l’arrogance et la complaisance d’Israël. C’est également ainsi qu’a été ébranlée l’idée qu’il suffit d’attaquer occasionnellement Gaza avec des drones suicides - et de les vendre à la moitié du monde - pour maintenir la sécurité.

 

Samedi, Israël a vu des images qu’il n’avait jamais vues auparavant. Des véhicules palestiniens patrouillant dans ses villes, des cyclistes entrant par les portes de Gaza. Ces images mettent à mal cette arrogance. Les Palestiniens de Gaza ont décidé qu’ils étaient prêts à payer n’importe quel prix pour un moment de liberté. Y a-t-il de l’espoir là-dedans ? Israël retiendra-t-il la leçon ? Non.

 

Samedi, ils parlaient déjà d’éliminer des quartiers entiers de Gaza, d’occuper la bande et de punir Gaza “comme elle n’a jamais été punie auparavant”. Mais Israël n’a jamais cessé de punir Gaza depuis 1948, pas même un instant.

 

Après 75 ans d’abus, le pire scénario possible l’attend une fois de plus. Les menaces d’“aplatissement de Gaza” ne prouvent qu’une chose : nous n’avons rien appris. L’arrogance est là pour rester, même si Israël en paie une fois de plus le prix fort.

 

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou porte une très grande responsabilité dans ce qui s’est passé, et il doit en payer le prix, mais cela n’a pas commencé avec lui et cela ne s’arrêtera pas après son départ. Nous devons maintenant pleurer amèrement les victimes israéliennes, mais nous devrions aussi pleurer pour Gaza.

 

Gaza, dont la plupart des habitants sont des réfugiés créés par Israël. Gaza, qui n’a jamais connu un seul jour de liberté.


 

Des sous-humains de Varsovie aux animaux humains de Gaza

Fausto Giudice, Basta Yekfi!, 9/10/2023

Affiche de la Żydowska Organizacja Bojowa (ŻOB), l’Organisation juive de combat. Le texte dit : “Tous les hommes sont frères : les jaunes, les bruns, les noirs et les blancs. Parler de peuples, de couleurs, de races, c’est une histoire inventée !”

ABDEL BARI ATWAN
Le déluge de Gaza

Abdel Bari Atwan, Rai Al Youm, 7/10/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les élites et l’opinion publique israéliennes ont subi la plus grande atteinte à leur moral depuis 50 ans.

Nous savons maintenant pourquoi Mohammed Deïf, le chef de l’aile militaire du Hamas dans la bande de Gaza, a disparu de la scène publique il y a près de deux ans, depuis la campagne “Épée de Jérusalem”. Il élaborait des plans et préparait une contre-attaque. Samedi, il est apparu, aux côtés du porte-parole “Abou Obaida”, pour l’annoncer.

Alaa Al-Laqta

Ils ont annoncé le déclenchement de l’opération “Déluge d’Al Aqsa”, la décrivant comme une bataille pour mettre fin à l’occupation la plus longue de la planète. Des milliers de roquettes ont été lancées en l’espace de quelques minutes, déconcertant les systèmes de défense antiaérienne israéliens, et des combattants ont quitté le territoire assiégé pour prendre d’assaut les colonies israéliennes de l’enveloppe de Gaza.

Les images de l’opération diffusées sur les réseaux sociaux sont stupéfiantes : des chars Merkava en feu, leurs équipages traînés dehors et implorant la pitié, et des colons fuyant dans la panique, leurs appels à l’aide n’étant pas entendus. À l’heure où nous écrivons ces lignes, plus de 100 Israéliens auraient été tués et des dizaines capturés pour servir de monnaie d’échange à la libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël.

L’impact sur le moral des élites et du public israéliens a été gigantesque. Ses institutions politiques, sécuritaires et militaires ont subi le coup le plus dur depuis 50 ans, c’est-à-dire depuis la guerre d’octobre 1973. Lorsque l’armée, classée comme la quatrième plus puissante du monde, ne peut ni prévenir ni réagir au ciblage de colons censés être en sécurité en Israël “proprement dit”, c’est le signe d’un grave déclin.

Quelle que soit l’évolution des événements dans les jours et les semaines à venir, la résistance a remporté une immense victoire. Il s’agit d’une guerre de longue haleine. Israël peut semer la mort et la destruction à une échelle gigantesque, mais il n’en sortira pas indemne. Et si cette guerre dégénère en une guerre régionale sur plusieurs fronts, les choses seront clairement écrites sur le mur.

La réflexion, la planification et la gestion qui ont présidé à cette opération sont comparables à tout ce qui est enseigné dans les meilleures académies militaires du monde. Lorsque des vidéos de combattants s’entraînant pour cette opération ont été publiées sur les médias sociaux, elles ont été ridiculisées par Israël et ses alliés arabes normalisateurs. Voilà pour les diplômés de Sandhurst et de West Point. Daif n’a jamais revendiqué de titre militaire, mais il mérite le rang de “général” bien plus que n’importe lequel des commandants d’armées arabes lourdement médaillés et en surpoids qui ne font rien d’autre qu’organiser des parades et toucher des bakchichs sur des contrats d’armement.

Souvenez-vous de cette date, le 7 octobre. Elle pourrait marquer un tournant historique dans le monde arabe, d’une période de soumission, de reddition, de normalisation et d’illusions sur l’ennemi comme protecteur, à une période de dignité et de libération - la libération totale de la Palestine.

Netanyahou a déclaré l’état de guerre, menacé d’une réponse dévastatrice et appelé les réservistes de son armée. Mais que peut-il faire de plus que ce qu’il a déjà fait ? Tuer des centaines d’innocents supplémentaires à Gaza ? Ce ne serait pas la première fois. Et cela pourrait déclencher une réaction dévastatrice jusqu’à Tel-Aviv, Haïfa et Jérusalem.

Le Jihad islamique a rejoint le Hamas dans cette bataille, de même que toutes les branches armées de la résistance des principales factions palestiniennes. Les brigades de résistance de Cisjordanie - à Jénine, Naplouse, Tulkarem et peut-être Hébron - ont été inspirées et, fortes de leur solide soutien populaire, ont commencé à se joindre à la lutte. Et il n’est pas exclu que les composantes de l’axe de la résistance au Liban et en Syrie, voire au Yémen et en Irak, fassent de même dans un avenir proche, si ce n’est plus tôt.