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17/02/2025

MOSAB ABU TOHA
Gaza doit être reconstruite par les Palestiniens, pour les Palestiniens

Les Palestiniens qui reviennent après le cessez-le-feu sont confrontés à la destruction de leurs maisons et à l’horreur de la proposition du président Trump de transformer Gaza en « Riviera du Moyen-Orient » en commettant un nettoyage ethnique.

Mosab Abu Toha, The New Yorker, 12/2/2025
Traduit par 
Fausto GiudiceTlaxcala

Mosab Abu Toha (Gaza, 1992) est un poète de Gaza, fondateur en 2017 de la bibliothèque Edward-Said, la première bibliothèque anglophone de Gaza. Il a pu quitter Gaza avec sa famille en novembre 2023 et aller aux USA, après une brève détention par les Israéliens. Il est l’auteur de « Things You May Find Hidden in My Ear » [Ce que vous trouverez caché dans mon oreille, Julliard, 2024] et de « Forest of Noise ».


Lorsque j’ai entendu pour la première fois le président Donald Trump faire des commentaires sur l’avenir de Gaza, j’étais à New York, à une projection spéciale célébrant la nouvelle saison de l’émission Netflix de mon ami Mo Amer, « Mo ». Puis un autre ami m’a envoyé un texto : « Conférence de presse horrible de Trump dans laquelle il dit que l’Amérique prendra le contrôle de Gaza. Nous en reparlerons demain. » J’étais choqué. Mais à qui les USA prendraient-ils Gaza ? Les forces israéliennes ont rasé des quartiers entiers avant de se retirer. Mon ami Ahmad, de Beit Hanoun, dans le nord de Gaza, m’a dit que les gens étaient retournés dans leur quartier non pas pour reprendre leur ancienne vie, mais « pour vivre sur les décombres de leur maison ». Mais même les décombres de Gaza ont un sens pour nous. C’est là que nos proches ont vécu et sont morts. Le moment venu, nous serons les seuls à enlever ce qui doit être enlevé, pour le réutiliser ensuite afin de reconstruire.


Un homme de Jabaliya vend du pain sous les restes de sa boulangerie, détruite lors d’une attaque israélienne. Photo Kareem Hana / AP

Les Gazaouis « vont connaître la paix », a déclaré Trump. « Ils ne seront pas abattus, tués et détruits comme cette civilisation de gens merveilleux a dû le subir. La seule raison pour laquelle les Palestiniens veulent retourner à Gaza est qu’ils n’ont pas d’autre choix. C’est actuellement un site de démolition. » Il n’a pas parlé de qui avait tiré, tué et détruit : l’armée israélienne, avec le soutien du gouvernement usaméricain.

Au lieu de cela, Trump a parlé de transformer la bande de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », comme si personne n’y vivait. Plus tard, lorsqu’on lui a demandé combien de personnes devraient être contraintes de quitter leur patrie, Trump a répondu : « Toutes... Probablement environ 1,7 million de personnes, peut-être 1,8 million... Je pense qu’ils seront réinstallés dans des régions où ils pourront mener une belle vie et ne pas craindre de mourir chaque jour. » Il a également déclaré qu’il avait le sentiment que le roi de Jordanie et le président de l’Égypte « ouvriront leur cœur » aux Palestiniens pendant la reconstruction de la région, comme si quelqu’un d’autre que les Gazaouis allait faire ce travail difficile et lent.

Je ne vais pas prendre la peine de corriger les chiffres de Trump. J’ai plutôt une question. Qui a dit que les Gazaouis avaient peur de mourir ? Beaucoup de gens dans le monde ont peur de mourir, y compris certains USAméricains qui n’ont pas d’assurance maladie ou qui vivent dans des zones à risque d’incendies de forêt. Mais notre inquiétude n’est pas de mourir. Les Palestiniens craignent d’être tués par les soldats et les colons israéliens, par les bombes et les balles. Comment empêcher les gens d’être tués ? Pas en éliminant les personnes qui ont été victimes de tirs et de bombardements, mais en arrêtant ceux qui tirent et bombardent.

SIDDHARTYA ROY
Le projet nationaliste hindou de Modi au Jammu-et-Cachemire est devenu un cauchemar pour les Hindous

Siddharthya Roy, Drop Site News, 16/2/2025 
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Siddharthya Roy est un journaliste indien indépendant qui se concentre sur les conflits politiques et les insurrections en Asie du Sud. Avec une formation d'ingénieur et des années passées à coder, il s'est tourné vers le journalisme professionnel en 2011. Après avoir obtenu une maîtrise en politique et affaires internationales à l'université de Columbia en 2018, il a obtenu la bourse du Pulitzer Center for Crisis Reporting pour ses reportages sur les groupes néo-djihadistes en Asie du Sud, enquêtant sur la traite des êtres humains et le trafic de drogue dans les camps rohingyas. Il a lancé le premier programme de journalisme de données et informatique en Inde au Symbiosis Institute Of Media and Communication. Il partage son temps entre le nomadisme numérique et le rêve de devenir un nomade analogique. Auteur de The Company of Violent Men: Stories from the Bloody Fault Lines of the Subcontinent, Ebury Press, 2024

Comme l'ont montré le président Donald Trump et le premier ministre indien Narendra Modi lors de leur rencontre à Washington cette semaine, les deux dirigeants ont beaucoup en commun : une préférence pour le nationalisme musclé et un désir de rendre leurs pays respectifs à nouveau “grands” en poussant vers le haut l'homme de la rue, du moins en théorie.

Mais on a peu évoqué la façon dont Modi et son parti, le Bharatiya Janata Party, s'efforcent de transformer l'Inde d'une république laïque en un État nationaliste hindou, et cela nulle part de manière plus frappante qu'au Jammu-et-Cachemire.

Avant la partition de 1947, le Cachemire était un royaume à majorité musulmane dirigé par un roi hindou qui cherchait à obtenir son indépendance à la fois de l'Inde et du Pakistan. Mais le Pakistan, revendiquant le Cachemire pour son identité musulmane, a lancé une offensive armée. En octobre 1947, le roi, incapable de résister, s'est tourné vers l'Inde pour obtenir de l'aide, ce qui a conduit à l'absorption du Cachemire en tant qu'État fédéral doté d'une autonomie exceptionnelle : sa propre constitution, son drapeau et des droits fonciers exclusifs pour les Cachemiris.

Cette paix fragile s'est effondrée. Le militantisme soutenu par le Pakistan et les répressions brutales de l'armée indienne ont transformé le Cachemire en une zone de conflit fortement militarisée. Dans ce chaos, les deux parties ont joué à des jeux démographiques dangereux. Dans les années 1990, les militants islamistes ont violemment expulsé les Pandits du Cachemire, la communauté hindoue indigène de la région, afin d'affirmer la domination musulmane. Parallèlement, les nationalistes hindous considèrent la majorité musulmane du Cachemire comme une cicatrice dans leur vision d'une Inde à dominante hindoue.

En août 2019, Modi a supprimé l'autonomie du Cachemire et dissous son assemblée législative, une décision qui répondait à un objectif nationaliste hindou, mais qui a créé une série de nouveaux défis sécuritaires que l'État indien n'est pas en mesure de relever.

Comme le rapporte Siddharthya Roy ci-dessous, l'abrogation de l'autonomie par la force des armes a rendu le gouvernement aveugle aux réalités du terrain, lui a coupé les yeux et les oreilles, et a attisé la confusion et les tensions entre l'armée, la police, les bureaucrates et les politiciens. Et, pour la première fois depuis les années 1990, elle a placé les civils hindous directement dans la ligne de mire des militants soutenus par le Pakistan.-  La rédaction de Drop Site News

Un soldat paramilitaire indien monte la garde sous le regard d'un garçon du Cachemire pendant que les électeurs attendent de voter lors des élections dans le district de Kupwara au nord du Cachemire. Photo Faisal Bashir/SOPA Images/LightRocket via Getty Images

Dans la soirée du 29 mai 2024, Kupwara, un district niché dans les vallées accidentées du Jammu-et-Cachemire, est devenu le théâtre d'une confrontation violente, dramatique et embarrassante. Tout a commencé par un raid de la police du Jammu-et-Cachemire sur un trafic de stupéfiants présumé. Les officiers ont agi rapidement, sur la base de renseignements glanés dans des communications interceptées qui, selon eux, les conduiraient à un personnage clé lié à la fois au trafic de drogue et au militantisme transfrontalier. Pour les officiers, il s'agissait d'une opération classique, dont ils ne pensaient pas qu'elle déboucherait sur une confrontation armée. Mais lorsqu'ils sont arrivés à la maison du suspect, ils ont fait une découverte stupéfiante : Il s'agissait d'un soldat de l'armée territoriale, une composante de réserve de l'armée indienne chargée de soutenir la sécurité intérieure.

La situation s'est rapidement aggravée. Vers 21 h 40, 30 à 40 soldats armés de l'armée territoriale, dirigés par trois lieutenants-colonels, ont pris d'assaut le poste de police de Kupwara après avoir appris le raid. Les soldats ont agressé les policiers à coups de crosse et à coups de poing, laissant quatre policiers hospitalisés, selon des témoins oculaires et les caméras de vidéosurveillance. Au milieu du chaos, les soldats se seraient emparés des téléphones portables des blessés et auraient enlevé l'agent principal. L'incident a bouleversé ce qui, jusqu'alors, avait été une longue histoire de coordination entre la police locale et les autorités fédérales.

Le lendemain, la police de l'État de Jammu-et-Cachemire a engagé des poursuites pénales à l'encontre de 16 membres de l'armée. Mais les autorités militaires ont semblé indifférentes, qualifiant l'épisode de “malentendu mineur” résolu pacifiquement, malgré les preuves vidéo et les témoignages montrant le contraire. Un porte-parole de la défense basé à Srinagar est allé plus loin en qualifiant les rapports sur l'altercation de “mal fondés et incorrects”. Dans la majeure partie de l'Inde, un épisode aussi choquant donnerait lieu à des poursuites judiciaires rapides - dans le cas présent, aucune mesure de ce type n'a été prise. Mais le Cachemire, ligne de fracture dans le conflit intense qui oppose depuis des décennies l'Inde et le Pakistan, a toujours été un cas unique.

En août 2019, Narendra Modi, le Premier ministre indien, a privé le Jammu-et-Cachemire de son statut spécial, en le divisant en deux territoires sous le contrôle direct de New Delhi et en dissolvant l’assemblée parlementaire de l'État. Ce faisant, il a mis à bas un compromis vieux de sept décennies visant à sauvegarder l'identité unique de la seule région à majorité musulmane de l'Inde. Pour mener à bien sa prise de pouvoir, Modi a révoqué deux dispositions constitutionnelles : l'article 370, qui accordait au Jammu-et-Cachemire le droit à sa propre constitution ainsi qu'un contrôle important sur les questions internes, et l'article 35A, qui donnait à la législature de l'État le pouvoir d'empêcher les non-résidents de s'y installer ou d'y acquérir des terres. Les représentants du gouvernement indien ont fait des gestes pour restaurer le statut d'État du Jammu-et-Cachemire en s'engageant à organiser des élections au niveau de l'État.

Les critiques ont considéré que ces mesures prises par Modi s'inscrivaient dans le cadre d'un effort concerté visant à ouvrir la voie à des changements démographiques et à poursuivre la mission du BJP, qui consiste à transformer l'Inde d'une nation laïque en un État nationaliste hindou. La suppression des protections contre la propriété foncière des non-Kashmiris a suscité des craintes de colonialisme, déclenchant une résistance locale et une condamnation internationale, en particulier de la part du Pakistan et des organisations de défense des droits humains, qui ont qualifié l'abrogation des articles 370 et 35A d'érosion de l'autonomie historique et de l'identité culturelle du Cachemire.

Pour Modi et le BJP, le statut unique du Jammu-et-Cachemire a longtemps été un obstacle à leur vision d'une nation unifiée. « Les articles 370 et 35A n'ont apporté que séparatisme, népotisme et corruption au peuple du Jammu-et-Cachemire », a déclaré Modi dans un discours national le 8 août 2019. Le Pakistan, rival historique de l'Inde, a utilisé l'article 370 « comme un outil pour répandre le terrorisme » qui a fait 42 000 victimes depuis le début de l'insurrection en 1989, a-t-il ajouté. » Je suis convaincu que les habitants du Jammu-et-Cachemire vaincront le séparatisme avec une nouvelle énergie et un nouvel espoir ».

La fin du statut spécial du Jammu-et-Cachemire a créé un dangereux vide de normes constitutionnelles. La dissolution de l'assemblée de l'État et l'imposition du pouvoir central ont fortement réduit la capacité des représentants élus locaux à répondre aux griefs ou à demander des comptes aux forces de sécurité. La neutralisation des institutions locales a, en fait, transféré une plus grande autorité au gouvernement central indien. Et comme l'abrogation a coupé des sources locales fiables de renseignements sur les activités des milices et les menaces émergentes, New Delhi s'est effectivement aveuglé sur les développements sur le terrain.

Pour compenser, le personnel de sécurité indien a commencé à inonder le Jammu-et-Cachemire à partir du 5 août 2019. Leur présence accrue dans la région a toutefois eu pour effet d'augmenter la probabilité d'affrontements entre les civils et les forces armées. Grâce à l'affaiblissement de l'autorité locale, de multiples forces de sécurité opèrent désormais sous des autorités concurrentes et sous une surveillance minimale. L'ensemble de ces facteurs a créé un environnement instable et confus qui, paradoxalement, est devenu de plus en plus dangereux pour les Hindous de la région.

Depuis 2023 et jusqu'à la fin de l'année dernière, une série d'incidents choquants, dont la mêlée de Kupwara, ont révélé les conséquences inattendues du pari du BJP au Jammu-et-Cachemire : Au lieu de stabiliser la région, il semble avoir semé les graines d'une agitation plus importante.

Un État sécuritaire

La menace de violences communautaires entre Hindous et Musulmans a toujours plané sur le Jammu-et-Cachemire. Dirigé par un maharaja hindou, ce territoire à majorité musulmane a cherché à obtenir son indépendance et a reçu le soutien d'une milice pakistanaise qui l'a envahi en octobre 1947. Le soulèvement qui s'ensuivit obligea le maharaja à demander le soutien militaire de New Delhi, ce qui conduisit à l'adhésion du Jammu-et-Cachemire à l'Inde et, deux ans plus tard, à l'adoption de l'article 370.

Pendant des décennies, l'article 370 a contribué à maintenir un équilibre précaire entre l'autonomie du Jammu-et-Cachemire, la souveraineté de l'Inde et les liens de la région avec le Pakistan. Mais au fil des décennies, le militantisme soutenu par le Pakistan a progressivement transformé le Jammu-et-Cachemire d'un État ordinaire de l'Union indienne en un État de sécurité, où la responsabilité démocratique et les droits civils ont été relégués au second plan.

La tension a atteint son paroxysme à la suite des élections législatives contestées de 1987, lorsque les jeunes Cachemiris qui avaient participé au processus démocratique ont constaté que leurs votes étaient devenus pratiquement sans valeur en raison des fraudes généralisées orchestrées par le parti du Congrès, qui contrôlait alors le gouvernement central. Nombre de ces jeunes désabusés ont traversé la frontière pour se rendre au Cachemire sous administration pakistanaise, avant de revenir plus tard en tant que militants aguerris.

En 1989, l'agitation s'est transformée en une violente insurrection alimentée par des sentiments séparatistes et le soutien du Pakistan, ce qui a eu pour effet de militariser davantage la région et d'accentuer les divisions. L'insurrection des années 1990 qui a suivi a marqué l'ère la plus sanglante du Cachemire, marquée par des assassinats ciblés d'Hindous cachemiris, qui ont conduit à leur exode massif, et par le meurtre de centaines de musulmans lors d'opérations contre-insurrectionnelles.

Pendant un certain temps, les groupes anti-indiens, qu'il s'agisse d'organisations armées comme Lashkar-e Taiba, le plus grand groupe militant du Cachemire, ou d'organisations non armées comme la Hurriyat Conference, ont trouvé une place dans la politique cachemirie, tant qu'ils adhéraient à une règle non écrite : une règle qui excluait de la liste des cibles toute personne n'appartenant pas aux forces armées, au gouvernement et aux forces de l'ordre. Mais les événements de ces deux dernières années semblent indiquer que ce n'est plus le cas.

MURTAZA HUSSAIN
Alors que Modi se rend à Washington, des USAméricains sikhs affirment que la surveillance et les menaces se poursuivent

La campagne transnationale présumée d’assassinats et d’intimidation visant les dissidents sikhs est loin d’être finie

Murtaza Hussain, Drop Site News, 14/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 


Dans l’après-midi du 22 décembre 2024, un véhicule blanc s’est arrêté devant les portes de la maison de l’activiste politique Pritpal Singh à Fremont, en Californie. Les images de sécurité fournies à Drop Site montrent un homme se garant devant la propriété, située dans un cul de sac tranquille de la banlieue, sortant de son véhicule, prenant plusieurs photos de la maison de Singh et des environs, avant de s’éloigner après avoir été remarqué par des voisins sortant de chez eux.

M. Singh est un organisateur usaméricain d’origine sikh qui avait déjà précédemment été averti par le FBI que sa vie était en danger. Ces avertissements ont été émis après une série d’assassinats et de tentatives d’assassinat d’autres militants sikhs en Amérique du Nord en 2023, qui, selon les USA et le Canada, auraient été orchestrés par des agents des services de renseignement indiens et dirigés par de hauts responsables du gouvernement Modi.

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Alors que le président Donald Trump fait la cour au premier ministre indien Narendra Modi à Washington cette semaine, des agents des forces de l’ordre enquêtent pour savoir si des personnes travaillant pour le gouvernement indien continuent de cibler les USAméricains sikhs dans le cadre d’une série de fusillades, de menaces et d’incidents d’intimidation non élucidés dans plusieurs pays.


Le président Donald Trump et le premier ministre indien Narendra Modi tiennent une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche le 13 février 2025 / Andrew Harnik / Getty Images

Ces incidents feraient partie d’une campagne mondiale orchestrée par le gouvernement indien pour cibler les dissidents à l’étranger, notamment aux USA, au Royaume-Uni et au Canada. L’Inde est actuellement dirigée par un gouvernement nationaliste religieux qui a adopté une ligne dure à l’égard du séparatisme et des mouvements politiques basés sur les minorités dans le pays.

Singh, qui milite pour les droits des Sikhs et l’indépendance politique, a reçu plusieurs notifications du FBI concernant des menaces de mort. Le FBI et d’autres agences de renseignement usaméricaines appliquent une politique connue sous le nom de « devoir d’avertissement », qui les oblige à fournir des informations sur une menace imminente pour la vie d’un individu. À peu près à la même époque, M. Singh a fait état de plusieurs cas où des personnes se sont rendues à son domicile.

« Nous avons cinq cas de surveillance suspecte à mon domicile, dont trois au cours des dernières semaines. D’après ce que nous avons appris grâce à l’alerte du FBI, nous pensons que cette surveillance est liée au gang de Modi », a déclaré M. Singh. « Il est stupéfiant d’apprendre du FBI que l’on est la cible d’un gouvernement étranger alors que l’on pensait être en sécurité chez soi en tant que citoyen usaméricain ».

Les militants sikhs en Occident affirment depuis des années qu’ils sont la cible d’attaques de la part du gouvernement indien, y compris de meurtres présumés. Les militants visés sont pour la plupart des partisans de la création d’un État sikh séparatiste en Inde, une cause qui a déclenché une insurrection militante à l’intérieur de l’Inde dans les années 1980, mais qui est restée largement en sommeil depuis, vivant principalement comme un thème d’activisme politique de la diaspora.


Une liste de 43 “gangsters anti-indiens” recherchés, publiée par la National Investigation Agency (NIA), le FBI indien en septembre 2023. Les personnes assassinées au Canada figuraient sur cette liste

L’année dernière, le gouvernement canadien a publié une série de déclarations publiques sans précédent, accusant l’Inde d’avoir mené pendant des années une campagne de meurtres, d’incendies criminels, d’extorsions, de violations de domicile et de harcèlement politique à l’encontre des militants sikhs dans ce pays. Selon le gouvernement canadien, cette campagne comprenait les meurtres d’au moins deux hommes, Hardeep Singh Nijjar et Sukhdool Singh Gill, tous deux tués par balles lors d’assassinats perpétrés par des gangs qui, selon le Canada, auraient été dirigés par de hauts responsables du gouvernement indien.

Three men are pictured in mugshots in this composite photo.

Karan Brar, Kamalpreet Singh and Karanpreet Singh, les 3 suspects dans le meurtre de Hardeep Singh Nijjar

Cette campagne de violence s’est étendue au territoire usaméricain, selon un acte d’accusation usaméricain.



Gurpatwant Singh Pannun


Nikhil Gupta

En 2024, le ministère usaméricain de la justice a inculpé Vikash Yadav, un agent de renseignement indien accusé d’avoir orchestré un projet d’assassinat visant un citoyen usaméricain à New York la même année. Selon le ministère de la justice, le complot visant à tuer Gurpatwant Singh Pannun, conseiller général de l’organisation séparatiste sikh Sikhs For Justice, n’a été déjoué que lorsque le tueur à gages chargé de l’exécuter s’est avéré être un agent infiltré de la DEA. Un autre homme, Nikhil Gupta, attend actuellement d’être jugé aux USA pour son implication dans cette tentative d’assassinat ratée. L’acte d’accusation contre Gupta laisse entendre que de nombreux autres assassinats ont pu être planifiés après celui de Pannun, Gupta ayant déclaré à l’agent infiltré : “Nous avons tellement de cibles”.