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30/07/2021

AMIRA HASS
« Humanitaire », le mot magique qui soulage la conscience des Israéliens

Amira Hass, Haaretz, 26/7/2021

Traduit par Fausto Giudice

La question du regroupement familial à Gaza et en Cisjordanie ne figure pas dans les briefings militaires israéliens destinés à la presse israélienne sur la « situation palestinienne », alors qu'elle est l'une des plus importantes pour les Palestiniens.

 


Manifestation contre la prolongation de l'amendement empêchant le regroupement familial pour les Palestiniens, le mois dernier. Photo Ohad Zwigenberg

Avant même que certains des participants à la veillée de protestation en cours à El Bireh ne soient nés, ou alors qu'ils n'étaient que des enfants n'ayant aucune idée de la manipulation démographique israélienne, j'ai écrit sur l'objet de leur protestation : l'empêchement du regroupement familial palestinien.

En d'autres termes, j'ai écrit sur les nombreux obstacles qu'Israël oppose aux conjoints étrangers de Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie pour qu'ils obtiennent le statut de résident dans les territoires occupés en 1967.

Une trentaine d'années se sont écoulées. Des dizaines de milliers de partenaires, citoyens ou résidents d'autres pays ont reçu le statut de résident grâce à la bataille juridique menée par Hamoked - Centre pour la défense de l'individu, et, après 1995, également en vertu d'un article spécifique des accords d'Oslo. Mais depuis 2000, Israël, de manière arrogante et autoritaire, a arrêté le processus qui aurait dû garantir chaque année le statut de résident à environ 4 000 personnes (pour la plupart des Palestiniens), dans le cadre du regroupement familial.

Je dois m'attarder sans cesse sur ce sujet parce que les Israéliens s'y intéressent si peu, et parce que le bureau du coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires et le service de sécurité Shin Bet ne l'évoquent pas dans les briefings qu'ils organisent pour les médias israéliens, et qui déterminent le « bon ordre du jour » concernant la situation palestinienne.

GIDEON LEVY
Mohammed Tamimi allait chercher son petit frère lorsque des soldats israéliens l'ont abattu à bout portant

Gideon Levy et Alex Levac (photos), Haaretz, 30/7/2021
Traduit par Fausto Giudice

La porte d'une jeep de l'armée israélienne qui était entrée dans le village de Nabi Saleh, en Cisjordanie, s'est soudainement ouverte sans raison apparente et un soldat a tiré sur Mohammed Tamimi, 17 ans, sous le regard choqué de son cousin.

 

 En haut, Mahmoud Tamimi, le jeune frère de Mohammed, qui a été tué la semaine dernière.

Mahmoud Tamimi grimpe sur le tronc de l'olivier mort dans la cour de sa maison, et hisse le drapeau de la Palestine. C'est un garçon de 13 ans qui a perdu vendredi dernier son frère aîné, Mohammed, 17 ans, abattu par des soldats des Forces de défense israéliennes alors qu'il venait le chercher. Leur jeune frère, Mustafa, porte le nom d'un autre Mustafa Tamimi, leur cousin, qui a été tué par des soldats en 2011.

 

Mohammed Munir Tamimi est la cinquième personne tuée ces dernières années dans le village de Nabi Saleh, non loin de Ramallah en Cisjordanie, dont la quasi-totalité des habitants sont issus du clan Tamimi. Le village voisin, Deir Nidham, est également une localité presque entièrement composée de Tamimi, et c'est là que vivait la famille du dernier tué, Mohammed, avant de déménager elle aussi à Nabi Saleh il y a trois ans.

 

Compliqué ? Beaucoup moins que de voir Mahmoud accrocher son drapeau national sur le tronc d'un olivier, encore totalement traumatisé par la mort de son frère. De tous les meurtres commis à Nabi Saleh, la mort de Mohammed est peut-être le plus criminel de tous. Les soldats n'avaient aucune raison apparente d'entrer dans le village il y a une semaine, alors que tout était calme - et encore moins d'ouvrir la porte blindée de leur jeep, de tirer à bout portant sur le jeune dans l'estomac, puis de fermer la porte. Et comme si cela ne suffisait pas, les soldats qui marchaient derrière le véhicule ont tiré d'autres balles sur l'adolescent blessé qui tentait de fuir pour sauver sa vie dans une maison adjacente, mais s'est effondré, en sang, en chemin.

 


Mohammed Tamimi