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20/10/2023

ANDREW MITROVICA
Joe Biden est responsable de la deuxième Nakba

Andrew Mitrovica,Aljazeera, 19/10/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Andrew Mitrovica est un chroniqueur d’ Al Jazeera vivant à Toronto.

Le président usaméricain est responsable de tous les aspects méprisables de la calamité qui s’abat sur Gaza et qui est perpétrée par le mandataire toujours fiable et obéissant de son pays, Israël.

   Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou salue le président usaméricain Joe Biden à son arrivée à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, le 18 octobre 2023 [Brendan Smislowski/AFP]

Le président usaméricain Joe Biden est descendu d'un gros avion à Tel-Aviv mercredi et a donné l’accolade à un criminel de guerre dont l'armée accro au crime de guerre avait, quelques heures auparavant, commis un autre crime de guerre d'une nature et d'une ampleur si horribles qu'il est destiné à se répercuter dans la mémoire et dans l'histoire.

Ce sera l'image malsaine et déterminante de la présidence de Biden : une accolade sur le tarmac d'un aéroport avec un premier ministre israélien qui s'est toujours délecté à tuer des Palestiniens, même des enfants, des femmes et des hommes désespérés qui pensaient être hors de portée de la malveillance de Benjamin Netanyaohu, dans l'enceinte d'un hôpital de la bande de Gaza assiégée qui, petit à petit, s'efface dans des actes flagrants de génocide.

Il convient de rappeler, au milieu de toutes ces scènes touchantes de fraternité, que Biden et le secrétaire d'État Antony Blinken ont passé la majeure partie des trois dernières années à prendre leurs distances - pour le dire charitablement - avec un homme politique dont beaucoup d'Israéliens pensent qu'il n'est pas seulement un escroc de carrière, mais aussi un autoritaire de haut vol.

Plutôt que de serrer Netanyahou contre leur poitrine aimante, à l'instar de Biden soudainement épris, des centaines de milliers d'Israéliens sont descendus dans la rue, semaine après semaine, pour exiger sa condamnation et sa démission en utilisant un langage brutal et difficile à oublier.

Il n'y a pas si longtemps, Biden et Blinken étaient si désireux de ne pas être vus avec l'escroc accusé devenu despote machiavélique qu'ils n'ont pas invité Netanyahou à la Maison Blanche, de peur, je suppose, d'être souillés par la puanteur de sa présence et de son caractère toxiques.

Mais les temps et les attitudes inconstantes ont bien sûr changé.

Biden a sauté dans Air Force 1 pour un rendez-vous présidentiel rapide en Israël afin de dire à sa belle de ne pas s'inquiéter, que tout est pardonné, tout en renforçant ses références de “dur à cuire” et son soutien auprès d'un électorat puissant dont il a besoin pour se faire réélire - au diable les milliers de Palestiniens mutilés, estropiés et tués.

Fidèle à sa forme indécente, il revient à un président uSaméricain sans tact d'invoquer une grotesque analogie sportive pour tenter, comme on pouvait s'y attendre, de détourner la responsabilité d'une atrocité qui s'ajoute à toutes les indignités mortelles, aux privations et à la violence gratuite déjà infligées à un peuple emprisonné par son occupant - non pas depuis des jours, des semaines, des mois ou des années, mais depuis des décennies.

Biden a déclaré que “l'autre «équipe” était responsable du massacre de centaines de Palestiniens sans défense enfermés dans l'hôpital Al Ahli Al Arabi mardi.

Apparemment, le commandant en chef octogénaire oublieux a besoin qu'on lui rappelle que son «équipe”a concocté des “preuves” à décharge et a menti encore et encore - je sais que cela doit le choquer - pour dissimuler sa complicité dans le meurtre d'innombrables Palestiniens, y compris le meurtre en 2022 d'Omar Abdulmajeed Asaad, âgé de 78 ans, dont lui et son acolyte diplomatique, Blinken, n'auraient pas pu se soucier moins, en dépit du fait que l'épicier à la retraite était porteur d’ un passeport usaméricain.

Je dois rappeler à Biden et Blinken ces autres faits flagrants :

Son “équipe” prive des millions de Palestiniens de Gaza des nécessités de la vie - nourriture, eau, carburant et électricité.

Son “équipe” est déterminée, en fait, à affamer et à déshydrater les Palestiniens de Gaza jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Son “équipe” bombarde les Palestiniens de Gaza avec des armes fournies par les USA afin de tuer le plus grand nombre possible d'entre eux, dans les plus brefs délais, en prévision d'une invasion terrestre qui entraînera inévitablement d'autres massacres effroyables.

Son “équipe” attaque des écoles abritant des Palestiniens qui n'ont nulle part où aller puisqu'il est impossible de s'enfuir.

Son“équipe” a arrosé Gaza de phosphore blanc destiné à défigurer et à brûler à vie des enfants, des femmes et des hommes jusqu'à l'os.

Son  “équipe” peut permettre à l'aide humanitaire d'atteindre les Palestiniens qui, même s'ils reçoivent un jour cette aide bloquée, seront probablement tués par son “équipe” de toute façon.

Son “équipe” retient des millions de Palestiniens en “otageS” à Gaza, en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est occupée depuis la création d'Israël.

Son“ équipe” tire à vue sur les Palestiniens de Cisjordanie qui osent résister à l'occupation et dénoncent le meurtre de leurs frères et sœurs de Gaza qui se sont réfugiés dans un hôpital.

Son “équipe” a décrit les Palestiniens comme des “animaux”, des “sauvages” et de la “vermine” qui doivent être éradiqués afin de les dépouiller de leur humanité et de justifier son nettoyage ethnique et ses plans visant à établir un “tampon” fortifié entre Gaza et Israël.

Résultat : Son “équipe”- dans une répétition de la funeste Nakba de 1948 - force des millions de Palestiniens à abandonner les ruines de leurs maisons et de leurs entreprises avec le canon d'un fusil de grande puissance pressé contre leur cœur et leur tête.

Joe Biden est responsable de tout cela, de chaque aspect méprisable de la calamité s’abat sur Gaza et qui est perpétrée par le mandataire toujours fiable et obéissant de l'USAmérique, Israël.

Le cataclysme dont le monde est témoin est le sous-produit du mantra, désormais familier, qui est au cœur de la soi-disant “politique étrangère” au Moyen-Orient de tous les présidents usaméricains modernes : Tuer d'abord, réfléchir ensuite.

Au lendemain de l'assaut impitoyable du Hamas, l'urgence exigeait un mélange tempéré d'indignation et de calme. Au lieu de cela, Biden a opté, comme il se doit, pour l'esbroufe et l'autosatisfaction.

Au lieu de comprendre que la poursuite d'une vengeance aveugle et l'utilisation d'une rhétorique incendiaire n'atténueraient pas la soif de sang ambiante, mais ne feraient qu'alimenter les pertes à couper le souffle et les scènes horribles de chagrin et de désespoir, Biden a choisi l'hystérie plutôt que les qualités d'homme d'État.

Au lieu d'être prudent dans ses paroles et ses actes, Biden s'est livré à d'affreuses fabrications lors de conférences de presse organisées à la hâte, qu'il a dû par la suite “retirer”.

Il n'en reste pas moins que les dommages profonds et sinistres ont été causés. Les Palestiniens - chacun d'entre eux - ont été déshumanisés une fois de plus afin d'excuser le fait de les tuer sans discernement et en masse.

Comme je l'ai dit : tuer d'abord, réfléchir ensuite.

Mais telle est la méthode usaméricaine : en Asie du Sud-Est, en Amérique centrale et du Sud, en Afrique, en Irak et en Afghanistan - autant de cimetières regorgeant de victimes innocentes de l'arrogance et de l'ignorance d'une succession de présidents arrogants qui se sont lancés dans la guerre sans prendre le temps d'en mesurer les conséquences désastreuses et, en fin de compte, humiliantes.

Faut-il s'étonner que Biden soit encensé par la même cavalerie évangélique impénitente du clavier qui a applaudi à la destruction massive de l'Irak et de l'Afghanistan hier, et qui applaudit à la destruction massive de Gaza aujourd'hui ?

Ils ne tireront jamais les leçons du passé parce qu'ils sont accaparés par l'instant présent.

Il est trop tard pour se retirer de l'abîme. L'orgueil démesuré, l'aveuglement et l'obstination de Biden ne le permettront pas. Le cap cruel a été fixé. Le ciment est posé. Les horreurs ne font que commencer.

Tel sera le legs infâme de Joe Biden.

ILAN PAPPÉ
Mes chers amis israéliens, voici pourquoi je soutiens les Palestiniens

Ilan Pappé, Palestine Chronicle, 10/10/2023

Italiano:  Cari amici israeliani, ecco perché sostengo i palestinesi
Português:
Meus amigos israelenses: é por isto que eu apoio os palestinianos

 

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Il nest pas toujours facile de s’en tenir à sa boussole morale, mais si elle pointe vers le nord - vers la décolonisation et la libération - alors elle vous guidera très probablement à travers le brouillard de la propagande vénéneuse.


Il est difficile de maintenir sa boussole morale lorsque la société à laquelle on appartient - dirigeants et médias confondus - prend le dessus et attend de vous que vous partagiez avec elle la même fureur vertueuse avec laquelle elle a réagi aux événements de samedi dernier, le 7 octobre.

Il n’y a qu’une seule façon de résister à la tentation de se joindre à eux : si vous avez compris, à un moment de votre vie - même en tant que citoyen juif d’Israël - la nature coloniale du sionisme et si vous avez été horrifié par ses politiques à l’encontre du peuple autochtone de Palestine.

Si vous avez pris conscience de cela, vous ne vacillerez pas, même si les messages empoisonnés décrivent les Palestiniens comme des animaux ou des “animaux humains” [Yoav Gallant, ministre de la Défense]. Ces mêmes personnes insistent pour décrire ce qui s’est passé samedi dernier comme un “Holocauste”, abusant ainsi de la mémoire d’une grande tragédie. Ces sentiments sont véhiculés, jour et nuit, par les médias et les hommes politiques israéliens.

C’est ce sens moral qui m’a conduit, ainsi que d’autres membres de notre société, à soutenir le peuple palestinien par tous les moyens possibles ; et qui nous permet, en même temps, d’admirer le courage des combattants palestiniens qui se sont emparés d’une douzaine de bases militaires, surmontant l’armée la plus puissante du Moyen-Orient.

Par ailleurs, des personnes comme moi ne peuvent s’empêcher de poser des questions sur la valeur morale ou stratégique de certaines des actions qui ont accompagné cette opération.

Parce que nous avons toujours soutenu la décolonisation de la Palestine, nous savions que plus l’oppression israélienne se poursuivrait, moins la lutte de libération aurait de chances d’être “stérile” [au sens d’inoffensive] - comme cela a été le cas dans toutes les luttes de libération justes du passé, partout dans le monde.

Cela ne signifie pas que nous ne devrions pas garder un œil sur le tableau d’ensemble, ne serait-ce qu’une minute. Ce tableau est celui d’un peuple colonisé luttant pour sa survie, à un moment où ses oppresseurs ont élu un gouvernement déterminé à accélérer la destruction, voire l’élimination du peuple palestinien - ou même de sa revendication à être un peuple.

Le Hamas se devait d’agir, et rapidement.

Il est difficile d’exprimer ces contre-arguments parce que les médias et les politiciens occidentaux se sont ralliés au discours israélien et à la narration, aussi problématique soit-elle.

Je me demande combien de ceux qui ont décidé de revêtir le Parlement de Londres et la Tour Eiffel de Paris [et la Porte de Brandenbpourg à Berlin, et Palazzo Chigi à Rome] des couleurs du drapeau israélien comprennent vraiment comment ce geste apparemment symbolique est reçu en Israël.

Même les sionistes libéraux, dotés d’un minimum de décence, ont interprété cet acte comme une absolution totale de tous les crimes commis par les Israéliens contre le peuple palestinien depuis 1948, et donc comme une carte blanche pour poursuivre le génocide qu’Israël est en train de perpétrer contre la population de Gaza.

Heureusement, les événements de ces derniers jours ont suscité des réactions différentes.

Comme par le passé, de larges pans des sociétés civiles occidentales ne se laissent pas facilement berner par cette hypocrisie, qui s’est déjà manifestée dans le cas de l’Ukraine.

Nombreux sont ceux qui savent que depuis juin 1967, un million de Palestiniens ont été emprisonnés au moins une fois dans leur vie. Et avec l’emprisonnement, viennent les abus, la torture et la détention permanente sans procès.

Ces mêmes personnes connaissent également l’horrible réalité qu’Israël a créée dans la bande de Gaza lorsqu’il a bouclé la région, imposant un siège hermétique, à partir de 2007, accompagné du meurtre incessant d’enfants en Cisjordanie occupée. Cette violence n’est pas un phénomène nouveau, puisqu’elle est le visage permanent du sionisme depuis la création d’Israël en 1948.

Grâce à cette même société civile, mes chers amis israéliens, votre gouvernement et vos médias finiront par se tromper, car ils ne pourront pas revendiquer le rôle de victimes, recevoir un soutien inconditionnel et s’en tirer avec leurs crimes.

Le tableau d’ensemble finira par apparaître, en dépit de la partialité inhérente aux médias occidentaux.

La grande question, cependant, est la suivante : chers amis israéliens, serez-vous en mesure de voir clairement ce même tableau d’ensemble ? Malgré des années d’endoctrinement et d’ingénierie sociale ?

Et, ce qui n’est pas moins important, serez-vous capables d’apprendre l’autre leçon importante - celle que l’on peut tirer des événements récents - à savoir que la force seule ne peut pas trouver l’équilibre entre un régime juste d’une part et un projet politique immoral d’autre part ?

Mais il existe une alternative. En fait, il y en a toujours eu une :

Une Palestine dé-sionisée, libérée et démocratique, du fleuve à la mer ; une Palestine qui accueillera les réfugiés et construira une société qui ne discrimine pas sur la base de la culture, de la religion ou de l’appartenance ethnique.

Ce nouvel État s’efforcerait de corriger, dans la mesure du possible, les maux du passé, en termes d’inégalité économique, de vol de propriété et de déni de droits. Cela pourrait annoncer une nouvelle ère pour l’ensemble du Moyen-Orient.

Il n’est pas toujours facile de s’en tenir à sa boussole morale, mais si elle pointe vers le nord - vers la décolonisation et la libération - alors elle vous guidera très probablement à travers le brouillard de la propagande vénéneuse, des politiques hypocrites et de l’inhumanité, souvent perpétrées au nom de “nos valeurs occidentales communes”.

GIDEON LEVY
La guerre contre Gaza doit cesser immédiatement

Gideon Levy, Haaretz, 19/10/2023
Traduit par Fausto Giudice
, Tlaxcala

Ce bain de sang doit être arrêté immédiatement ; il ne mène à rien de bon. On peut répondre aux massacres par des massacres, mais même un terrible massacre comme celui perpétré dans le sud d’Israël ne peut justifier ce qui le suit, sans aucune limite.

 Des personnes fouillent les débris à l’extérieur du site de l’hôpital Al Ahli Al Arabi dans le centre de Gaza le 18 octobre 2023. Photo : Mahmud Hams / AFP

 Un terrible massacre pourrait même justifier un autre terrible massacre s’il a un but autre que la punition et la vengeance, et si ce but est à la fois légitime et réalisable. Mais ce n’est pas le cas de la guerre dans la bande de Gaza, qui n’a pas d’objectif clair et réaliste et qui n’a certainement pas de réponse à la question de savoir ce qui se passera le lendemain.

Mais même si elle avait un objectif clair, il faudrait limiter la dévastation. Le bain de sang qui se déroule actuellement à Gaza, et qui ne fait que commencer, montre qu’il n’y a pas de limites. Face à cela, il est impossible de rester silencieux. Cela ne peut être justifié.

Il est impossible de rester silencieux face aux terribles images de l’hôpital Al Ahli de Gaza Ville - des dizaines de corps alignés les uns après les autres, dont beaucoup d’enfants aux corps lacérés et aux membres manquants - tout comme il est impossible de rester silencieux face aux images de mort et de destruction qui se sont produites ici. Des centaines de Palestiniens désespérés ont été tués lundi après avoir tenté de s’abriter en plein air près de l’hôpital, croyant à tort qu’ils y seraient en sécurité même pendant cette guerre maudite.

Il n’est pas encore possible de déterminer qui est responsable de ce désastre, mais pour les victimes, cela n’a plus d’importance. L’identité du coupable ne doit pas non plus changer la suite de la campagne - elle doit cesser immédiatement. Le désastre de l’hôpital doit devenir le tournant de la guerre, tout comme le désastre de Kafr Kana lors de l’opération “Raisins de la colère” au Liban en 1996 est devenu le tournant qui a mis fin à cette opération.

Israël est actuellement poussé par une tempête d’émotions justifiée et compréhensible, et il est encouragé par la sympathie du monde. Mais celle-ci sera rapidement remplacée par une demande d’arrêt des tirs compte tenu des désastres causés par la guerre. La tragédie de l’hôpital a déjà changé l’état d’esprit de certains membres de la grande bande de pom-pom girls d’Israël.

Même avant ce désastre, les rapports en provenance de Gaza, dont la grande majorité ne parvient jamais aux Israéliens, menaçaient de faire basculer le monde contre la poursuite de la guerre. Environ 1 000 enfants morts, avant même de compter les enfants morts à l’hôpital - c’est une statistique qu’il est impossible d’ignorer, et il n’y a aucun moyen de la justifier. Un siège total sur 2 millions d’êtres humains et l’évacuation d’un million de personnes de leurs maisons en l’espace d’une journée sont également inacceptables, quelles que soient les circonstances.

Cette semaine, j’ai visité le kibboutz Be’eri, qui a été détruit, et je répète ce que j’ai dit alors : je n’ai jamais vu de ma vie des images aussi difficiles. Il est impossible de les laisser passer sans régler les comptes avec tous les responsables. Aucun pays ne se priverait de le faire. Mais il y a un vaste espace intermédiaire entre l’inaction et un bain de sang massif qui n’a ni raison d’être ni but.

Les images de Gaza sont bouleversantes et devraient briser le cœur de chacun : un convoi ininterrompu d’ambulances aux sirènes hurlantes et des parents terrifiés portant leurs enfants blessés ; des pères pleurant sur les corps de leurs enfants, placés à même le sol de l’hôpital faute de lits. J’ai également vu cinq enfants blessés dans un seul lit et des patients gémissant sans personne pour les soigner.

Tuer des milliers de personnes, en mutiler des dizaines de milliers et les laisser sans rien ne fera avancer aucun intérêt israélien, même si l’on met de côté les questions de droit et de morale. Cela ne fera qu’engendrer une haine et une vengeance que même Satan n’aurait pas pu inventer, avec ou sans le Hamas.

Alors que les enfants de Gaza sont tués, les Israéliens se plaignent que l’armée “fait du surplace”. Le sentiment israélien dominant veut une opération terrestre et la fin du Hamas. Cette demande est justifiable, mais probablement irréaliste. En tout cas, elle ne peut se faire à n’importe quel prix, y compris celui de la destruction de la bande de Gaza.

Ce qui s’est passé le 7 octobre a ébranlé Israël au-delà de toute reconnaissance, en particulier la gauche et le centre. Mais même dans le feu de notre colère et de notre frustration, nous ne devons pas perdre ce qui reste de notre conscience et de notre sens moral. Nous ne devons pas laisser tout Israël devenir le Hamas.