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29/06/2023

GIDEON LEVY
Un commandant de brigade de Tsahal est-il un meurtrier ?

Gideon Levy, Haaretz, 29/6/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Ils lui ont crié “assassin” et il s’est éloigné, penaud, en disant qu’il était “blessé en tant que personne” mais qu’il “n’allait pas craquer”. Les dirigeants de l’État se sont empressés d’exprimer leur inquiétude, de condamner les attaques verbales et de louer son héroïsme.

Le commandant de la brigade Binyamin, le colonel Eliav Elbaz, était venu réconforter la famille de Harel Masoud, un colon d’un avant-poste particulièrement violent et sauvage, qui a été tué la semaine dernière lors d’une fusillade dans la colonie d’Eli, en Cisjordanie. Elbaz a été accueilli par un flot d’insultes de la part des voyous colons.

S’agissait-il d’un acte honteux ? Je n’en suis pas certain. Parfois, les colons peuvent nous apprendre quelque chose sur la manière de protester.

Elbaz mérite d’être la cible de manifestations de colère, mais dans un lieu différent et pour des raisons diamétralement opposées. Dans cet autre endroit, il serait une cible digne des slogans désobligeants et des insultes qui lui ont été lancés par les colons. Mais dans cet autre lieu, ni Elbaz ni aucun autre membre de l’armée n’est venu consoler les familles endeuillées, personne n’a protesté et personne ne portera la responsabilité.

S’il fallait insulter Elbaz pour ternir son image et noircir son nom, il aurait fallu le faire loin de la maison de la famille Masoud à Yad Binyamin. Au lieu de cela, il aurait fallu le faire dans la maison de la famille Tamimi à Nabi Saleh.

C’est cette famille qui avait besoin d’être réconfortée et indemnisée et qui avait toutes les raisons de l’insulter. Mais Elbaz, comme ses collègues officiers de l’occupation, est trop lâche pour prendre la responsabilité de l’assassinat d’un bébé. Il est encore plus lâche de ne pas exprimer son chagrin et de ne pas partager la douleur d’une famille dont le monde entier a été détruit par ses soldats.

Elbaz est le commandant de la brigade responsable de l’unité Duhifat, dont les soldats ont tué au début du mois le bambin Mohammed Tamimi. Il est le commandant de la brigade qui a truqué l’enquête et n’a jamais pensé à poursuivre qui que ce soit. C’est lui qui a inutilement envoyé les soldats à Nabi Saleh, lui qui est responsable de la confusion embarrassante qui s’en est suivie, et du doigt sur la gâchette qui a fini par abattre un enfant en bas âge et son père. Elbaz est responsable de ce terrible crime, et plus encore de la dissimulation qui a suivi.

Comme dans tout crime, celui qui envoie quelqu’un commettre un crime partage le blâme, voire en porte une part encore plus grande.

Pour ce crime et d’autres du même genre, Elbaz est sorti aussi pur que la rosée du matin. Personne n’a tué de bébé, et s’il l’a fait, c’est par erreur, et s’il s’agit d’une erreur, il n’y a pas de problème juridique ou moral.

C’est peut-être une justice poétique que ce soient les voyous colons, les voleurs de terres racistes et violents, qui aient sali l’honneur de l’officier qui méritait d’être sali, au lieu du sang de Tamimi, qui aurait dû crier contre lui depuis la terre et conduire à la révocation d’Elbaz.

Soit dit en passant, en avril de l’année dernière, Elbaz a tué de ses propres mains un homme ayant des besoins spéciaux qui tenait un fusil jouet à Ashkelon. Cette histoire a également été rapidement passée sous silence, même si la victime était juive.

Les forces de défense israéliennes doivent décider si le meurtre d’un enfant en bas âge sous les yeux de son père est un acte acceptable ou non. Les soldats auraient-ils tiré sur le bambin et son père s’il s’était agi d’une colonie juive et non d’un village palestinien, un village réputé pour sa résistance à l’occupation ? Si un tel acte est acceptable, alors nous devrions protester contre les responsables de ces normes perverties, y compris Elbaz.

Si un tel acte n’est pas acceptable, s’il est illégal et criminel, alors les suspects auraient dû être traduits en justice, y compris Elbaz, qui a cherché à dissimuler l’incident. La gauche [quelle gauche ? NdT] aurait dû réclamer cela, mais lorsque la gauche est faible et découragée, et que l’occupation ne l’intéresse plus, le résultat honteux est que personne n’est venu protester contre Elbaz pour le meurtre d’un enfant en bas âge.

Il est douteux que beaucoup de personnes de gauche oseraient traiter de “meurtrier” un officier des FDI responsable de la mort d’un bébé. Ce type de protestation - flagrante, violente et courageuse - est réservé aux jeunes des collines. Pour la gauche, des personnages comme Elbaz restent des héros dont la dignité, à Dieu ne plaise, ne doit jamais être touchée. Ils sont les vaches sacrées de la gauche.

HAARETZ
Des journalistes étrangers en Israël fustigent la ministre de la diplomatie publique de Netanyahou pour avoir qualifié leurs reportages de “fake”

Haaretz, 29/6/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La ministre de la diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan*, en remet une couche et annonce que “la guerre pour la vérité ne fait que commencer”

Les attaques de la ministre de la diplomatie publique Galit Distel Atbaryan contre la presse internationale “pourraient mettre en danger les reporters en Israë”, a déclaré jeudi l’Association de la presse étrangère en réponse à une vidéo du ministère décriant les “fausses” informations des médias internationaux.

« Le terme "fake" pour décrire la presse est souvent utilisé par des gouvernements peu démocratiques dans le monde entier », a déclaré l’Association de la presse étrangère, qui représente des centaines de correspondants étrangers en Israël, dans un communiqué, affirmant que l’utilisation d’un tel langage « sape les valeurs de la démocratie et d’une presse libre ».

Dans une vidéo publiée sur les comptes Twitter et Youtube du ministère de la diplomatie publique, qui semble avoir été produite en collaboration avec le service de presse du gouvernement, Lital Shemesh, présentatrice du journal télévisé de la chaîne 14, a accusé certains des plus importants journalistes et médias internationaux d’avoir une couverture biaisée et de diffuser délibérément de fausses informations sur Israël.

"Fight the fake : a quick guide in reading the news about Israel"


Distel Atbaryan avait demandé aux porte-parole des agences de sécurité israéliennes et des ministères de partager la vidéo de relations publiques, ce qui a suscité des réactions négatives de la part des fonctionnaires qui travaillent en étroite collaboration avec la presse.

Les membres de l’unité des porte-parole de Tsahal ont réagi furieusement, avec des commentaires très critiques dans un groupe WhatsApp utilisé pour coordonner les messages en cas de crise, écrivant qu’il était inacceptable que des porte-parole affiliés à des organismes de sécurité ou à des ministères qui travaillent avec ces mêmes médias et journalistes soient invités à “partir en guerre contre les médias internationaux”.

Un porte-parole ayant reçu le message de la ministre a déclaré à Haaretz : « Il est ahurissant que quelqu’un utilise un canal comme celui-ci pour nous faire dire au monde que Christiane Amanpour est une menteuse et que la BBC et le New York Times ne font pas de journalisme ».

Dans sa déclaration, l’Association de la presse étrangère s’est dite « profondément préoccupée par le fait que le GPO [Bureau de presse du gouvernement], qui facilite notre travail en Israël, joue un rôle dans cette vidéo » et que, bien que l’organisation accueille favorablement les “critiques équitables”, « les exemples de titres rectifiés dans la vidéo ne font qu’illustrer l’engagement de ces médias en faveur d’une couverture équitable ».

Demandant le retrait de la vidéo des médias sociaux, l’organisation a déclaré qu’elle « serait heureuse de rencontrer la ministre Distel Atbaryan pour discuter de notre travail ».

En réponse à la demande de l’organisation, Distel Atbaryan en a remis une couche, déclarant : « la vidéo ne sera pas retirée et ma guerre pour le déluge de vérité [sic] ne fait que commencer ».
« Israël est un pays démocratique qui sanctifie la liberté d’expression et d’opinion. Mais en tant que ministre de l’information, je ne laisserai pas la couverture biaisée qui est faite dans notre arrière-cour exister sans une réponse appropriée », a-t-elle gazouillé.

Depuis leur retour au pouvoir, les alliés du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont préconisé un certain nombre de mesures visant à faire pression sur les médias indépendants en Israël.
Au début de l’année, le ministre des communications Shlomo Karhi, qui avait menacé de mettre fin au financement public de la publicité dans Haaretz, a annoncé son intention de fermer le radiodiffuseur national Kan - un projet qui a récemment été suspendu pendant que le gouvernement se concentre sur le système judiciaire.

Entre-temps, Boaz Bismuth, député du Likoud, qui a travaillé auparavant comme rédacteur en chef du tabloïd gratuit pro-Netanyahou Israel Hayom, a déposé un projet de loi visant à interdire la publication d’un enregistrement contenant des informations “sensibles” ou “personnelles”.

Une telle loi aurait empêché la publication d’un enregistrement récent du ministre des finances Bezalel Smotrich qualifiant le premier ministre de “menteur fils de menteur” et aurait, selon les critiques, un effet dissuasif sur la capacité des médias à s’engager dans le journalisme d’investigation, en particulier sur les personnes occupant des postes de pouvoir.

Les deux propositions ne font plus l’objet d’une promotion active.

 


 Une vidéo plus ancienne de Mrs. Galit contre une exposition de l’ONU sur la Palestine à New York

NdT

Mme Galit Distel Atbaryan, née en 1971 de parents iraniens, ancienne pilote de l’armée de l’air, vit dans la colonie illégale de Kfar HaOranim près de Modi’in, où elle tenait une boutique de vêtements appelée “Ma sœur”. Membre du Likoud, elle a d’abord été nommée ministre de l’Information dans le gouvernement de coalition formé en décembre 2022, puis est devenue titulaire du nouveau ministère pour la Diplomatie publique, créé en janvier 2023, dont les tâches étaient auparavant assurées par le ministère des Affaires stratégiques.  Les médias israéliens se sont demandé durant les premiers mois de son ministère à quoi il allait servir. C’est désormais clair : à faire de la hasbara as usual, de la propagande, en ciblant les grands médias anglophones. Mais, dans ce rôle, la concurrence est acharnée entre les 40 ministres et sous-ministres (un effectif pléthorique pour satisfaire les 6 partis de la coalition) du panier de crabes qu’est le 37ème gouvernement israélien, dans lequel chacun et chacune tire dans les pattes de son voisin ou sa voisine. Mais Galit a de la ressource : elle a expliqué en 2021 sur une chaîné de télévision que “l’autisme, ça n’existe pas” : quand son fils avait 3 ans, a-t-elle raconté, elle lui a tiré les cheveux, l’a enfermé dans une chambre, ne lui donnant ni à boire ni à manger, jusqu’à ce qu’il se décide à parler. Heureusement pour eux, ni les Palestiniens ni les grands médias anglophones ne sont autistes.

 


JEAN-FRANÇOIS BAYART
¿Adónde va Francia?

 Jean-François Bayart, Le Temps, 8/5/2023
Traducido por Fausto Giudice, Tlaxcala

Jean-François Bayart (Boulogne-Billancourt, 1950), especialista en sociología histórica y comparada de la política, es profesor en el IHEID de Ginebra, donde ocupa la cátedra Yves Oltramare de “Religión y política en el mundo contemporáneo”. También es titular de la Cátedra de Estudios Africanos Comparados de la Universidad Politécnica Mohamed VI (Rabat). Es autor de varios ensayos, entre ellos L'Illusion identitaire (Fayard, 1996) y Le Gouvernement du monde (Fayard, 2004). Ha publicado L'impasse national-libérale, Globalisation et repli identitaire (La Découverte, 2017) y L'énergie de l'État, Pour une sociologie historique et comparée du politique (2022). Publicaciones

OPINIÓN. Según Jean-François Bayart, profesor del IHEID, Francia está entrando de lleno en el campo de las democracias “antiliberales”. Para él, Emmanuel Macron vive en una realidad paralela y juega con fuego.

 Agentes de policía armados custodian el Consejo Constitucional, poco antes de su decisión de rechazar un referéndum sobre la reforma de las pensiones. París, 3 de mayo de 2023 - © YOAN VALAT / keystone-sda.ch

¿Adónde va Francia? se pregunta Suiza. La respuesta equivocada sería detenerse en la burla culturalista de los galos eternamente descontentos. La crisis es política. Emmanuel Macron se proclama miembro del “extremo centro” encarnado a lo largo de la historia de Francia por el Directorio, el Primer y el Segundo Imperio, y diversas corrientes tecnocráticas sansimonianas. Es el último avatar de lo que el historiador Pierre Serna llama el “veneno francés”: la propensión al reformismo estatista y antidemocrático a través del ejercicio cameral y centralizado del poder.

El conflicto de las pensiones es un síntoma del agotamiento de este gobierno de extremo centro. Durante treinta años, no han faltado advertencias, que las sucesivas mayorías han desoído con un gesto de la mano, clamando corporativismo, pereza e infantilismo del pueblo. Administrada de forma autoritaria y a menudo grotesca, la pandemia de Covid-19 sirvió de prueba de choque para los servicios públicos de los que el país se enorgullecía y que, además de sus servicios, proporcionaban parte de su identidad.

Emmanuel Macron, con todo su estilo jupiteriano, está exacerbando la aporía en la que ha caído Francia. Nunca ha habido nada “nuevo” en él, y su postura de hombre “providencial” es una figura trillada del repertorio bonapartista. No puede imaginar otra cosa que el modelo neoliberal del que es puro producto, aunque sea combinándolo con una concepción cursi de la historia nacional, a medio camino entre el culto a Juana de Arco y la fantasía reaccionaria del Puy du Fou. Su ejercicio del poder es el de un niño inmaduro, narcisista, arrogante, sordo a los demás, bastante incompetente, sobre todo en el frente diplomático, cuyos caprichos tienen fuerza de ley desafiando la Ley o las realidades internacionales.

Podría ser gracioso si no fuera peligroso. La prohibición del “uso de aparatos de sonido portátiles” para evitar que los opositores armen jaleo, el acordonamiento policial de los lugares por donde transita el Jefe del Estado, el lanzamiento de campañas de rectificación ideológica contra el “wokismo”, la “teoría de género”, el “islamo-gauchisme” “islamozquierdismo”, el “ecoterrorismo” o la “ultraizquierda” son sólo algunas de las muchas pequeñas pistas que no engañan al especialista en regímenes autoritarios que soy. Francia está entrando de lleno en el campo de las democracias “iliberales”.

Un arsenal represivo a disposición de los  poderes siguientes

Algunos gritarán exageración polémica. Yo les pediría que se lo pensaran dos veces, teniendo en cuenta, en primer lugar, la erosión de las libertades civiles en nombre de la lucha contra el terrorismo y la inmigración desde hace al menos tres décadas y, en segundo lugar, los peligros que plantean desde este punto de vista las innovaciones tecnológicas en materia de control político y la inminencia de la llegada al poder de la Agrupación Nacional, a la que los gobiernos anteriores habrán proporcionado un arsenal represivo que hará superfluas nuevas leyes destructoras de libertades.

No se trata aquí de “buenas” o “malas” intenciones por parte del Jefe de Estado, sino de una lógica de situación a la que se presta y que favorece sin comprenderla necesariamente. Macron no es ni Putin ni Modi. Pero prepara el advenimiento de su clon en Francia. En el mejor de los casos, su política es la de Viktor Orban: aplicar el programa de la extrema derecha para evitar su acceso al poder.

En el contexto del hundimiento de los partidos gobernantes, un “bucanero” -por utilizar el término de Marx para referirse al futuro Napoleón III- se ha apoderado del botín electoral cuando Nicolas Sarkozy, François Hollande, Alain Juppé, François Fillon y Manuel Valls abandonan la escena. Le pareció “inteligente”, por seguir citando a Marx, destruir a la izquierda y a la derecha “al mismo tiempo” para instalarse en la comodidad de un cara a cara con Marine Le Pen. Pero Emmanuel Macron sólo fue elegido y reelegido gracias a los votos de la izquierda, ansiosa por conjurar la victoria de la Agrupación Nacional. Su programa, liberal y proeuropeo, nunca ha correspondido a las preferencias ideológicas de más de una cuarta parte del electorado, aparte del creciente número de votantes no inscritos y de abstencionistas que socavan la legitimidad de las instituciones.

Un Presidente ciego y despectivo

A pesar de esta obviedad, Emmanuel Macron, cuya formación y trayectoria le han hecho ajeno a las realidades del “Estado profundo”, y que fue elegido por primera vez a la magistratura suprema sin haber ocupado nunca el más mínimo cargo local o nacional, ha tratado de hacer prevalecer la combinación schmittiana de “Estado fuerte” y “economía sana” promulgando sus reformas neoliberales mediante ordenanzas, pasando por encima de los organismos intermedios y de lo que él llama el “Estado profundo” de la función pública, apoyándose en consultorías privadas o en consejos a-constitucionales como el Consejo de Defensa, reduciendo a Francia al estatus de “nación start-up” y dirigiéndola como un jefe que desprecia a sus empleados, los “galos refractarios”.

El resultado no se hizo esperar. El hombre que quería apaciguar a Francia provocó el movimiento social más grave desde mayo del 68, los Gilets jaunes [Chalecos amarillos], cuyo espectro sigue persiguiendo a la familia Macron. Con la mano en el corazón, Emmanuel Macron aseguró, al comienzo de la pandemia de Covid-19, que comprendía que no todo podía entregarse a las leyes del mercado. En varias ocasiones, prometió haber cambiado para calmar la indignación provocada por su arrogancia. Sin embargo, enseguida demostró que era incapaz de hacerlo. Mantuvo su rumbo neoliberal y se alió con Nicolas Sarkozy en 2022 para imponer una reforma financiera de las pensiones a pesar de la persistente oposición de la opinión pública y de todos los sindicatos, no sin ignorar sus contrapropuestas.

Ante el nuevo movimiento social masivo que le siguió, Emmanuel Macron se refugió en la negación y el sarcasmo. Reivindicó la legitimidad democrática, repitiendo que la reforma formaba parte de su programa y que había sido adoptada por una vía institucional validada por el Consejo Constitucional.

Una realidad paralela

Salvo que: 1) Emmanuel Macron sólo fue reelegido gracias a los votos de la izquierda, hostil al retraso de la edad de jubilación; 2) el pueblo no le dio la mayoría parlamentaria en las elecciones legislativas que siguieron a la elección presidencial; 3) el proyecto de ley trataba de los “principios fundamentales de la seguridad social”, que entran en el ámbito de la legislación ordinaria, y no de un proyecto de ley de “financiación de la seguridad social” (artículo 34 de la Constitución), una cláusula adicional legislativa que permitía utilizar el artículo 49.3 para imponer el texto; 4) el Gobierno se resignó a este procedimiento porque no contaba con mayoría positiva, sino con la ausencia de mayoría para tumbarlo al final de una moción de censura; 5) el Consejo Constitucional está compuesto por políticos y altos funcionarios, no por juristas, y se preocupa menos por el respeto del Estado de Derecho que por la estabilidad del sistema, como ya demostró con su aprobación de las cuentas fraudulentas de la campaña electoral de Jacques Chirac en 1995; 6) el abuso del procedimiento parlamentario suscitó la desaprobación de numerosos constitucionalistas y fue acompañado del rechazo de toda negociación social.

Como en 2018, Emmanuel Macron responde a la ira popular con violencia policial. Las infracciones de la libertad constitucional de manifestación, el uso de técnicas policiales de confrontación y la utilización de armamento de uso militar que causa lesiones irreversibles como abrasiones y mutilaciones han llevado a Francia a ser condenada por organizaciones de derechos humanos, el Consejo de Europa, el Tribunal de Justicia Europeo y las Naciones Unidas.

Frente a estas acusaciones, Emmanuel Macron se hunde en una realidad paralela y radicaliza su discurso político. Apenas reelegido gracias a los votos de la izquierda, incluidos los de La France insoumise, sitúa a esta última fuera del “arco republicano”, cuya delimitación reivindica como monopolio. Ve la mano de la “ultraizquierda” en las protestas contra su reforma. Justifica la violencia policial alegando que es necesaria para combatir la violencia de ciertos manifestantes.

Salvo que, una vez más 1) la negativa, recurrente desde la aportación de los votos de la izquierda a Jacques Chirac en 2002 y el puenteo parlamentario del no en el referéndum de 2005, a tener en cuenta el voto de los electores cuando disgusta o procede de una familia política distinta de la propia desacredita la democracia representativa, alimenta el deletéreo abstencionismo y anima a la gente a emprender acciones directas para hacer valer sus opiniones, no sin éxito en el caso de los Gilets jaunes y los jóvenes alborotadores nacionalistas corsos, a los que se concedió lo que se había negado a sindicatos y representantes electos; 2) el incumplimiento por parte del Estado de las sentencias judiciales cuando están en juego intereses agroindustriales lleva a los ecologistas a ocupar los emplazamientos de los proyectos conflictivos, a riesgo de enfrentarse a ellos; 3) la estigmatización de una ultraizquierda cuya importancia está por demostrar va de la mano del silencio del gobierno ante las agresiones de la ultraderecha identitaria y de los agricultores productivistas que multiplican sus ataques contra los ecologistas.

“Denunciar los excesos estructurales de la policía no significa pertenecer al black bloc

No es ser "amish" y querer volver a la "luz de las velas" para cuestionar el 5G o la incoherencia del gobierno cuando usa granadas para defender megapiscinas mientras las napas freáticas del país se secan. No es ser un bloque negro para denunciar los excesos estructurales de la policía. No hace falta ser de izquierdas para diagnosticar la creciente sobreexplotación de los trabajadores a medida que se precarizan los empleos, en nombre de la lógica financiera, para identificar el desvío de bienes públicos en beneficio de intereses privados, o para deplorar la “pasta loca” repartida entre las empresas más ricas y los contribuyentes. Tampoco hace falta ser un genio para darse cuenta de que la Macronía no ama a los pobres. Su única respuesta es criminalizar las protestas. Ahora quiere disolver la nebulosa Soulèvements de la terre, patrocinada por el antropólogo Philippe Descola, el filósofo Baptiste Morizot y el novelista Alain Damasio. Cuando el ministro de Interior Gérald Darmanin oye la palabra cultura, saca su LBD [Escopeta de Balas de defensa].

En esta carrera precipitada, se dio un paso decisivo cuando el gobierno atacó a la Ligue des droits de l'homme (Liga de Derechos Humanos). Al hacerlo, el gobierno de Macron se situó fuera del “arco republicano”. Esta asociación, surgida del asunto Dreyfus, es inseparable de la idea republicana. Sólo el régimen de Pétain se atrevió a atacarla. En todo el mundo, son los Putin y los Orban, los Erdogan y los Modi, los Kaïs Saïed y los Xi Jinping quienes hacen tales comentarios. Sí, Francia se está volcando.


 Mural de Lekto en Aviñón