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05/09/2021

MIKHAEL MANEKIN
Comment les juifs religieux d’Israël sont-ils devenus les partisans les plus enthousiastes de l'occupation des territoires palestiniens de 1967 ?

Mikhael Manekin, Haaretz, 3/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Mikhael Manekin (1979) est le directeur de l'Alliance pour l'avenir d'Israël, qui se consacre à la création d'un réseau politique entre Arabes et Juifs en Israël. Avant de diriger l'Alliance, il a été directeur de Molad, un groupe de réflexion progressiste non partisan situé à Jérusalem et axé sur le changement démocratique en Israël. Avant cela, Mikhael était le directeur exécutif de Breaking the Silence, un groupe de vétérans de l'armée israélienne dont le but est d'éduquer le public sur les résultats du contrôle militaire de la Cisjordanie et de Gaza.
Mikhael a écrit sur les affaires étrangères israéliennes et les relations arabo-juives dans diverses publications, notamment Foreign Policy, Foreign Affairs, Haaretz et The Nation. Il a récemment publié L’aube de la rédemption ; éthique, tradition et pouvoir juif (en hébreu), un livre qui analyse l'intersection entre l'éthique juive et les relations arabo-juives en Israël.

Mikhael est un juif religieux appartenant au parti travailliste. @MikhaelManekin

La violence et le pillage ont toujours été objets d’anathème dans le judaïsme. Qu'est-ce qui a mal tourné ?
 
Des travailleurs palestiniens passent illégalement en Israël depuis la Cisjordanie, en 2020. Toute mention de la souffrance palestinienne est considérée comme nuisible à l'État. Photo : Oded Balilty / AP

Ces dernières années, on se rend de plus en plus compte que l'occupation n'est pas temporaire, mais qu'il s'agit d'une subjugation militaire qui dure depuis plus d'un demi-siècle et dont la fin n'est pas visible à l'horizon. La prolongation de l'occupation affecte la liberté de millions de personnes et démantèle l'identité collective de toute une nation. Et plus elle s'enracine, plus elle est perçue comme une caractéristique essentielle d'Israël, de sorte que la résistance à cette occupation est perçue comme une résistance à l'existence même de l'État. Toute mention de la souffrance des Palestiniens est perçue comme une atteinte à l'État.

De nombreuses personnes pratiquantes participent activement à la promotion et à la justification de l'occupation. Les représentants du mouvement religieux sioniste, une force dominante aujourd'hui dans l'armée, valident moralement et en termes de halakha (loi religieuse traditionnelle) chaque opération des forces de défense israéliennes et chaque action de colonisation. Il semble parfois que la position religieuse naturelle soit de soutenir ces actions. Aujourd'hui aussi, alors que l'éthique religieuse sioniste de la colonisation sur des collines rocheuses s'est transformée en une vie plus bourgeoise, et que les campagnes militaires prolongées ont été remplacées par un maintien de l'ordre quotidien pour contrôler une population privée de droits, il semble toujours que les porteurs de kippa soient à l'avant-garde de l'idéologie de la supériorité ethnique.

Plusieurs décennies après la mort du rabbin Abraham Isaac Kook et de son fils, le rabbin Zvi Yehuda Kook, la conception qui considère les FDI comme une armée sainte et les guerres d'Israël comme une obligation religieuse bénéficie d'un soutien enthousiaste dans les milieux religieux. Ces dernières années, cette obligation a également pris la forme de décisions halakhiques permissives sur la "procédure du voisin" (l'utilisation de Palestiniens comme boucliers humains), le pillage de terres privées, la profanation du shabbat au profit des colonies, les transgressions commises pour répondre aux besoins du service de sécurité du Shin Bet, la violence civile contre les Palestiniens, etc.

Cependant, l'attitude de la tradition juive à l'égard de l'usage de la violence est en totale contradiction avec l'éthique manifestée par le sionisme religieux. La halakha autorise l'autodéfense, parfois même au prix de la transgression d'un autre commandement, mais la violence est perçue comme un acte négatif et un comportement non juif à fuir. Pourquoi l'approche réticente a-t-elle cédé la place à une conception militante sans équivoque ?

Mahaneh Yisrael

La tentative de trouver un équilibre entre les deux principes - autodéfense et résistance à  la violence - a façonné les écrits rabbiniques du passé. Le livre "Mahaneh Yisrael" est un exemple de l'Israël pré-étatique [sic] d'un ouvrage qui aborde ces principes. Peu de rabbins ont réussi à être acceptés par presque tous les courants religieux déjà de leur vivant ; l'un d'entre eux est l'auteur de ce livre, Rabbi Israël Meir Hakohen Kagan, connu sous le nom de "Chofetz Chayim". Ses ouvrages "Mishna Brura" et "Shmirat Halashon" se trouvent dans les bibliothèques des Juifs religieux de divers courants - Ashkenazim et Mizrahim, Hassidim et Mitnagdim, sionistes et Haredim.

"Mahaneh Yisrael", écrit en 1881, est le premier livre juif destiné spécifiquement aux soldats. Il a été écrit en hébreu, pour les soldats servant dans l'armée du tsar russe, et a été traduit en anglais à l'intention des soldats juifs usaméricains pendant les guerres mondiales. La première partie du livre comprend des questions et des réponses halakhiques liées à la vie quotidienne, la deuxième partie est consacrée à la moralité et la philosophie : comment un soldat doit se comporter avec ses camarades de l'unité, et il y a aussi une prière pour la paix et pour la rédemption du peuple juif.

WORKERS WORLD
Nous condamnons la loi anti-avortement du Texas
Éditorial

Workers World, 4/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Workers World (journal du Workers World Party) condamne dans les termes les plus forts la décision par 5 contre 4 de la Cour suprême des USA, le 2 septembre, qui a refusé de restreindre une loi du Texas interdisant les IVG à partir de six semaines de grossesse.

La loi texane codifie également le droit pour quiconque, y compris un parfait inconnu, de poursuivre une personne cherchant à se faire avorter ou une personne qui l'assiste, pour une récompense de 10 000 dollars. Cela rappelle les primes encaissées par les patrouilles de chasseurs d'esclaves pour ramener des Noirs esclavagisés en fuite à la plantation.

C'est ce même Texas qui a le taux le plus élevé de personnes sans assurance maladie dans le pays. Le Texas a refusé l'extension de la Loi sur les soins abordables, qui aurait augmenté les fonds fédéraux destinés aux programmes Medicaid pour les personnes à faible revenu, y compris celles qui vivent avec un handicap, ainsi que les mères célibataires et les enfants. Un nombre disproportionné de personnes touchées sont des personnes de couleur, dont des immigrés. La plupart des travailleurs pauvres n'ont même pas droit à Medicaid.

C'est ce même Texas qui a exécuté bien plus de personnes incarcérées que tout autre État depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976. Et le Texas a été le dernier État à accorder la liberté à des personnes autrefois esclaves, en 1865, deux ans après l'adoption de la proclamation d'émancipation en 1863.

Il n'est donc pas surprenant qu'à l'heure actuelle, le Texas ait pris l'initiative d'instituer la loi anti-avortement la plus draconienne à ce jour, tandis que le Mississippi, l'État usaméricain le plus pauvre, menace d'adopter une loi similaire plus tard cet automne.

Nancy Northup, présidente et directrice générale du Center for Reproductive Rights (Centre pour les droits reproductifs), l'un des groupes qui poursuivent le Texas, a déclaré : « Nous sommes dévastés par le fait que la Cour suprême a refusé de bloquer une loi qui viole de manière flagrante l’arrêt dans l’affaire Roe contre Wade. À l'heure actuelle, les personnes qui cherchent à se faire avorter au Texas paniquent. Elles n'ont aucune idée de l'endroit ou du moment où elles pourront obtenir un avortement, si jamais elles le peuvent. Les politiciens texans ont réussi pour l'instant à bafouer l'État de droit ». (Washington Post, 2 septembre)

GIDEON LEVY
Pleurer la mort au combat de soldats israéliens n'est plus un rituel sacré : c'est une bonne chose

Gideon Levy, Haaretz, 5/9/2021
Traduit
par Fausto Giudice, Tlaxcala

Si le sniper qui a été tué à travers une brèche dans la clôture frontalière de Gaza avait été druze, le débat public et médiatique aurait pris fin le lendemain de ses funérailles. S'il s’était agi d'un colon d'Efrat, Israël aurait riposté à Gaza. S'il s’était agi d'un membre de la police des frontières de la vallée de Jezreel, du nord de Tel-Aviv ou de Kokhav Yair – hypothèse peu probable - Israël aurait fait un deuil différent, pas comme il a fait pour Barel Hadaria Shmueli.

Mais Shmueli était un policier des frontières de la ville de Be'er Ya'akov, dans le centre d'Israël, et en Israël, le deuil est aussi une question de géographie ; ses dimensions sont déterminées par la classe, l'ethnie et l'affiliation politique. Shmueli n'était pas le fils de nous tous, même si tous les Israéliens étaient désolés de sa mort, et il n'était pas un héros israélien, comme l'a déploré sa mère dans une interview inutile et obscène au journal télévisé de vendredi dernier sur la chaîne 12. Les manifestants palestiniens de son âge qui lui faisaient face sont les vrais héros, et tous les Israéliens n'ont pas la même soif de vengeance et de rage que la mère endeuillée.

 

Des personnes allument des bougies lors d'une manifestation anti-gouvernementale suite à la mort de Barel Hadaria Shmueli, à Tel Aviv, la semaine dernière. Photo : Avishag Shaar-Yashuv

FAUSTO GIUDICE
Talibanistan : cimetière d’empires, berceau d’imaginaires

 Fausto Giudice, Basta Yekfi!, 5/9/2021

L’entrée dans Kaboul des Talibans le 15 août 2021 a secoué bien des certitudes assénées par la machine de propagande médiatique depuis 20 ans, à commencer par la première : que ceux-ci constitueraient le Mal absolu. La preuve : on négocie avec eux, on discute avec eux, on échange des informations avec eux, on les interviewe, on les accompagne en patrouille, bref on s’embarque avec eux. Lentement mais sûrement, à l’image de fous furieux de Dieu se substitue celle de pères tranquilles en gilet jaune entendant gérer leur pays en bons pères de famille. Les bricoleurs jihadistes pachtounes de la fin du XXème siècle sont devenus des professionnels tout-terrain, sur tous les plans : militaire, politique, diplomatique, communicationnel. Bref, en 20 ans, ils ont appris la leçon. Et ils ont appris l’anglais. Ils le parlent, mal, mais on les comprend. Un adjectif revient souvent : « inclusive », inclusif. Ils vont inclure tout le monde dans l’Afghanistan des années 2020 : les femmes, les minorités, et même les salopards collabos qui sont partis avec la caisse, dans le genre Nour ou Dostom, et, pourquoi pas, même le petit Massoud du Panshir. Bref, désormais les Talibans vont raser gratis.

En regardant les reportages et documentaires produits sur l’Afghanistan depuis 30 ans, une chose m’a frappé : les moudjahidine des montagnes ont l’air de hippies des années 1960 et 1970, avec leurs barbes, leurs longues chevelures passées au henné et leurs yeux enkhôlés. Ils sont timides, réservés et méfiants au premier contact, mais, une fois le contact établi, se montrent chaleureux et fraternels. Un vrai rêve de gay californien. Peace and Love plus kalash, 4X4, youtube et talkie-walkie. Il ne reste plus qu’à attendre la série Netflix Love in Hindukush, dont une conséquence logique devrait être une décision de la Banque Mondiale et du FMI d’octroyer un prêt consistant à l’Émirat islamique pour la reconstruction du cimetière des empires. Nous vivons vraiment une époque formidable.

Kaboul, 1971. Photos, Jack Garofalo/Paris Match via Getty Images



PEPE ESCOBAR
De volta para o futuro: Talibanistão, 2000... 2010... 2021

 Pepe Escobar, The Saker, 31/8/2021 

Traduzido pelo Coletivo de tradutores Vila Mandinga 

Caro leitor: vamos sentar, relaxar e viajar, pela memória, até tempos pré-históricos – ao mundo pré-11/9, pré-YouTube, pré-Facebook. Bem-vindos ao Afeganistão dos Talibã – o Talibanistão – dos anos 2000.
Foi quando Jason Florio, fotógrafo sediado em New York (veja seu Diário Afegão),  e eu atravessamos sem pressa as terras do Talibanistão, de leste a oeste, da fronteira com o Paquistão em Landi Kotal à fronteira com o Irã em Islam Qillah.
Como atestaram muitos dos que trabalhavam em serviços de ajuda humanitária no Afeganistão, Jason e eu fomos os primeiros a ocidentais a aparecer por lá, em muito tempo.


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Fátima, Maliha e Nouria, em casa, em Cabul

Que dias, aqueles! Bill Clinton curtia suas últimas aventuras na Casa Branca. Osama bin Laden não passava de hóspede discreto do Mulá Omar – e só ocasionalmente chegava às primeiras páginas dos jornais. Ninguém suspeitava de que viria o 11/9, ou a invasão do Iraque, ou a “guerra ao terror”, nem se cogitava de reposicionar a griffe ”guerra do Af-Pak”, nem de uma crise financeira global. Reinava a globalização, e os EUA eram, sem quem o desafiasse, o cão-alfa. O governo Clinton e o Talibã já estavam infiltrados bem fundo no território do Oleogasodutostão – discutindo o tortuoso recém-proposto gasoduto Trans-afegão.

Tentamos de tudo, mas não conseguimos ver, nem de longe, o Mulá Omar. Osama bin Laden também se mantinha afastado de todos os olhares. Mas experienciamos o Talibanistão em ação, detalhadamente.

Hoje é dia especial para revisitar esses escritos. A Guerra Sem Fim no Afeganistão acabou; daqui em diante será um monstro Híbrido, contra a integração do Afeganistão nas Novas Rotas da Seda e na Eurásia Expandida.

Em 2000 escrevi um especial sobre viagem por terra pelo Talibanistão para uma revista política japonesa, já extinta, e dez anos depois, uma série de três artigos em que revisitei a mesma viagem, para Asia Times.
Por que, então, re-revisitá-los vinte anos depois? Culpem a tentação, a isca, da arqueologia e da história. O que se faz aqui é ao mesmo tempo lançar um olhar a um mundo há muito tempo perdido e abrir uma janela para um renovado futuro possível no Afeganistão.

A parte 2 daquela trilogia pode ser encontrada em ing. aqui; em port. aqui; e a parte 3 em ing. aqui; em port. aqui).

Mas o 1º ensaio da trilogia desapareceu da internet (é uma longa história). Por acaso, encontrei-o recentemente num hard drive. As imagens são daquela época, feitas com uma Sony mini-DV: acabo de receber o arquivo, mandado de Paris (aqui, adiante, com algumas poucas atualizações).
É visão breve de um mundo há muito perdido: podem chamar de registro histórico de um tempo quando ninguém sequer sonhava com algum “momento Saigon” remixed – como guarda-chuva reformatado de guerreiros convenientemente rotulados de “Talibã”.

Esses Talibã, 20 anos depois de terem dado tempo ao tempo, bem ao estilo Pashtun, agradecem que Alá lhes tenha dado a vitória sobre mais um invasor estrangeiro.
EUA e OTAN chegariam talvez a algum “momento Saigon” – e partiriam? Em 2000 e em 2010 parecia que não. Enquanto o general David “Sempre de olho em 2012” Petraeus, como seu predecessor general Stanley McChrystal, avançava suas forças especiais, Assassinato Incorporate, para dobrar os Talibãs, o mesmo Petraeus foi capaz de dizer – sem ironia – ao canal Fox News, que o “objetivo último” da guerra seria “reconciliar” o ultracorrupto governo de Hamid Karzai e os Talibãs.

Agora, sim, pé na estrada, de volta para o futuro.

A vida no Talibanistão 
1. Meta esses infiéis na cadeia

2. O grau zero da cultura

3. Casado com a máfia