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02/03/2022

ANNAMARIA RIVERA
Des droits humains aux droits des vivants: l'inscription de la protection animale dans la constitution italienne

Annamaria Rivera, Comune-Info, 28/2/2022
Original : Dai diritti umani a quelli dei viventi
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Rarement, comme ces jours-ci, nous avons pu mesurer pleinement la chance de ceux qui sont nés dans un pays dont la Constitution répudie la guerre (que cette répudiation soit parfois ignorée de façon désastreuse est une autre paire de manches, quoique sacro-sainte). Il ne serait pas si étrange que les enfants nés cette année - en supposant que l'espèce humaine ne s'éteigne pas - puissent un jour se considérer comme chanceux parce que leur Constitution répudie le mauvais traitement et la mise à mort des animaux sans distinction d'espèce. Y a-t-il un lien entre ces deux déclarations ?

Pour Pythagore, c'est certainement le cas : tant que l'homme continuera à détruire toutes les formes de vie qu'il considère comme inférieures, il ne trouvera pas la vraie paix, aurait dit ce mathématicien faisant autorité. Deux mille ans plus tard, il sera repris par l'écrivain pacifiste allemand Edgar Kupfer-Koberwitz, arrêté par la Gestapo à Ischia et déporté à Dachau jusqu'en 1945 : « Je pense que tant que l'homme torturera et tuera des animaux, il torturera et tuera aussi des êtres humains - et il y aura des guerres - parce que tuer s'exerce et s'apprend petit à petit ». Bien sûr, comme nous ne le savons que trop bien, ce qui est écrit sur papier prend au mieux des décennies et a du mal à être transféré dans la pratique quotidienne réelle. Et pourtant, ces quelques mots pour défendre la vie des non-humains, finalement ajoutés le 8 février aux articles 9 et 41 de la Constitution italienne, pourraient avoir une petite signification d'époque. Comme l'écrit ci-dessous Annamaria Rivera, qui possède une certaine expertise en matière de droits bafoués, pour s'en être occupée pendant des décennies, il dépendra de l'engagement et de la lutte des associations et des personnes (et des juristes) antispécistes, défenseurs des animaux et écologistes que ces déclarations ne restent pas sur le papier. Mais surtout, peut-être aujourd'hui plus que jamais, cela dépendra de tous ceux qui pensent que tuer ou torturer pour quelque raison que ce soit n'est pas licite, jamais, pour quiconque, quel que soit le nombre de ses jambes.-NDLR Comune-Info

 

Comme vous devez le savoir, le 8 février dernier, la Chambre des députés a voté un amendement qui, par le biais d'un projet de loi, vise à modifier notre Constitution, en insérant dans les articles 9 et 41 la protection, sur notre territoire, non seulement de l'environnement, de la biodiversité et des écosystèmes, mais aussi des animaux, sans aucune distinction d'espèce et de « rôle ». Cela impliquerait que les animaux dits « de chasse » soient également protégés, ainsi que les animaux élevés pour l'alimentation ou pour la production de peaux et de fourrures, qui aujourd'hui sont pour la plupart destinés, après d'indicibles mauvais traitements et tortures, à devenir de la « viande », c'est-à-dire des cadavres marchandisés.

Je vous rappelle que l'article 13 du titre II du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne stipule déjà que « l'Union et les États membres tiennent pleinement compte des exigences du bien-être des animaux en tant qu'êtres sensibles ».

Il existe également une directive de 1998 qui fixe des critères généraux pour la protection des animaux élevés pour l'alimentation, la laine, la peau, la fourrure ou d'autres fins, y compris les poissons, les reptiles et les amphibiens. Elle se fonde à son tour sur la Convention européenne sur la protection des animaux dans les élevages de 1978, qui stipulait déjà à l'article 3 que « Tout animal doit bénéficier d'un hébergement, d'une alimentation et de soins qui (...) sont appropriés à ses besoins physiologiques et éthologiques ». 

Aujourd'hui, enfin, la protection et la préservation des non-humains font partie des principes fondamentaux de la République italienne. Cependant, on ne peut pas considérer comme acquis que la constitutionnalisation de la protection de tous les animaux affectera l'horreur de l'agriculture intensive et des abattoirs automatisés, typiques des sociétés industrialo-capitalistes. À moins d'une bataille politique et juridique constante et difficile ; à moins que les associations et les juristes ne soient prêts à s'engager pour que cet instrument constitutionnel prenne un sens et des effets concrets, et serve à inspirer des lois nationales qui conduisent à l'abolition progressive des lager [camps de concentration] pour les non-humains ainsi que de la chasse.

Il faut notamment savoir que, selon une étude publiée le 1er février dernier dans la revue Plos Climate, l'élimination totale de l'élevage intensif au cours des quinze prochaines années et son remplacement par une végétation indigène et spontanée entraînerait une réduction nette de 68 % des émissions de dioxyde de carbone au niveau mondial.   

ANTONIO MAZZEO
Des frégates et des avions de chasse italiens pour la Colombie : l’ancien dirigeant communiste Massimo D'Alema joue les intermédiaires

 Antonio Mazzeo, 2/3/2022
Original : Fregate e caccia da guerra per la Colombia. Ci pensa Massimo D’Alema
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Quatre corvettes, deux sous-marins et un nombre indéterminé de chasseurs d'interception produits par les principales entreprises du complexe militaro-industriel italien (Fincantieri et Leonardo SpA), seront vendus aux forces armées de Colombie, un pays mis à l’index par Amnesty International et Human Rights Watch pour de très graves violations des droits humains. Une transaction à neuf chiffres sur laquelle un célèbre cabinet juridico-commercial de Miami, en Floride, travaille depuis au moins septembre 2021, représentant l'un des hommes politiques les plus connus d'Italie, Massimo D'Alema, président du Conseil des ministres d'octobre 1998 à avril 2000, puis chef de la Copasir, la commission parlementaire de contrôle des services secrets de 2010 à 2013. Toutefois, l'affaire des armes aurait été suspendue (pour l'instant) en raison de l'opposition de certains membres de Forza Italia, vraisemblablement jaloux de l'initiative de l'ancien dirigeant politique de la FGCI (Fédération des jeunes du Parti communiste), puis secrétaire national du Parti démocratique de la gauche, ensuite président des Démocrates de la gauche et enfin député du Parti démocratique et cofondateur du parti Articolo Uno [une scission du PD de 2017].

Massimo d’Alema : derrière lui, le slogan « Unis pour la paix »

« J'ai essayé de donner un coup de main aux entreprises italiennes pour qu'elles prennent une commande importante », a admis Massimo D'Alema au quotidien Repubblica. « J'ai été contacté par des personnalités colombiennes qui se sont dites prêtes à soutenir cette hypothèse. De toute évidence, quelqu'un a été contrarié et est intervenu pour l'empêcher. Le gouvernement et l'ambassade de Colombie avaient été clairement avertis de tout. Je trouve incroyable la facilité avec laquelle il est possible de recruter en Italie quelqu'un qui est prêt à nuire à notre pays ». De leur côté, les dirigeants de Leonardo et de Fincantieri ont préféré se retrancher derrière un silence embarrassé, bien qu'ils n'aient jamais caché qu'ils visaient de très près la Colombie en tant que client de premier plan en Amérique latine.

Le groupe Leonardo S.p.A., en particulier, a déjà fourni au pays sud-américain des hélicoptères, des systèmes de défense et des radars de contrôle du trafic aérien. Il y a moins d'un an, il a conclu un contrat avec les Forces aériennes colombiennes (FAC) pour la livraison d'un hélicoptère AW139 dans sa version «  transport de VIP » au président de la République. L'appareil a remplacé l'hélicoptère Bell 412 qui s'est écrasé le 25 octobre 2019 dans un accident au cours duquel six militaires à bord ont perdu la vie. « Le choix s'est porté sur l'hélicoptère italien car il a été jugé parfaitement compatible avec la mission de transport du Président de la République », rapporte la note publiée par les FAC. L'hélicoptère AW139 a été configuré par Leonardo pour accueillir jusqu'à huit passagers, avec une suite spéciale d'autoprotection et des systèmes de sécurité sophistiqués.

« Avec la fourniture de cet hélicoptère, l'armée de l'air colombienne devient le premier client militaire du pays, tandis que la flotte d'AW139 s'agrandit en Colombie, où ce modèle a déjà connu le succès pour les opérations de transport civil en soutien à l'industrie du pétrole et du gaz, avec cinq hélicoptères entrant en service chez l'important opérateur Helistar S.A.S. », a commenté la direction de Leonardo SpA. « La variante militaire de l'AW139M est également proposée pour répondre aux exigences multi-rôles de l'armée de l'air, de l'armée de terre, de la police et de la marine colombiennes (...) Avec plus de 400 hélicoptères civils et militaires en service en Amérique latine aujourd'hui, Leonardo est l'un des plus grands acteurs du marché de référence dans toute la région ».

Toujours au printemps 2021, à l'occasion d'un exercice aéronaval auquel ont participé la Colombie, les USA et le Pérou, le groupe Leonardo a fourni, à titre expérimental, le DART-Strales, un système composé d'une antenne radar qui génère un faisceau de radiofréquences guidant vers des cibles des projectiles DART (Driven Ammunition Reduced Time Of Flight) de calibre 76/62. Le DART-Strales a été monté à bord de la frégate Independiente (classe Amiral Padilla) de la marine colombienne et a été utilisé pour tirer sur des cibles simulant des missiles antinavires entrants.

La signature du Memorandum of Understanding (comme on dit en "italien") Leonardo-CODALTEC

À l'occasion de la foire internationale de Bogota entièrement dédiée aux systèmes d'armes et de sécurité Expodefensa, qui s’est tenue du 29 novembre au 1er  décembre 2019, les responsables de Leonardo ont signé un protocole d'accord avec le groupe de construction navale colombien CODALTEC (COrporación De ALta TECnologia para la defensa), afin de " promouvoir la commercialisation de solutions dans le domaine des systèmes de défense aérienne, C4I, cybersécurité et systèmes de protection des infrastructures nationales ».