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19/10/2022

GIDEON LEVY
L'espoir s’appelle Ben-Gvir

Gideon Levy, Haaretz, 16/10/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’espoir s’appelle donc Itamar Ben-Gvir. C'est déjà évident, avant même qu'il ne remporte un quelconque succès à l'élection. Le nouvel épouvantail du centre-gauche produit déjà des résultats dont la vraie gauche ne pouvait que rêver. Le colon violent de la Colline des Patriarches d'Hébron, pourrait être enfin celui, d’entre tous, qui pourrait faire basculer le navire de l'apartheid et perturber son voyage tranquille.

Échange d'amabilités au siège de la Cour suprême en mars 2019. Ben Gvir  (Otzma Yehudit, Force ou Puissance juive) : « Terroriste, ta place n'est pas ici ! ». Ata Abou Medeghem  (liste arabe Raam-Balad). ; « Tu n'es qu'une ordure de raciste »

Les premiers signes de l'espoir ont déjà été observés aux USA. Le sénateur Robert Menendez, un « un supporter juré  d’Israël», c'est-à-dire un partisan aveugle de l'occupation, a mis en garde le chef de l'opposition, membre de la Knesset, Benjamin Netanyahou contre l'établissement d'une coalition de pouvoir avec l'extrême droite. Les principales organisations juives usaméricaines craignent qu'un gouvernement avec Ben-Gvir ne nuise au standing d'Israël. L'éditorial de Haaretz vendredi l'a rappelé, comme preuve du danger que représente Ben-Gvir. La vérité est tout le contraire : Ben-Gvir, c’est el’spoir.

Ben-Gvir mettra le standing d'Israël en danger – et que pourrions-nous vouloir de plus ? Après tout, c'est le but que poursuivent les groupes de défense des droits humains en Israël et dans le monde entier, qui cherchent à mettre fin à l'apartheid. L'apartheid ne s'effondrera pas tout seul. Un matin, Israël ne se réveillera pas et ne dira pas : « L'apartheid, c’est pas sympa. Mettons-y un terme. » Seule la pression internationale réveillera Israël.

La communauté internationale a refusé d'agir, à l'exception de déclarations creuses. De toutes les personnes, c'est notre Itamar, le joueur d'extrême droite qui sourit, qui crie, qui met tout son cœur et son âme dans le jeu, la gâchette la plus rapide de la Knesset, pourrait galvaniser le monde pour agir, et peut-être réveiller la gauche israélienne de son interminable hibernation. Un sénateur  ami a émis une menace, des organisations juives ont émis un avertissement, alors que Ben-Gvir n'a même pas encore été nommé ministre. Quand il prendra les rênes d'un ministère, le monde s'éveillera à une nouvelle réalité, pire que celle de la Hongrie et de l'Italie. La droite de Ben-Gvir est beaucoup plus extrême et violente que qui que ce soit dans son genre en Europe aujourd'hui.

Tout comme Israël a dans le temps rompu ses liens avec les pays européens où l'extrême droite était arrivée au pouvoir, les USA et l'Europe feront peut-être le même pas. Israël pourrait sentir qu'il y a un prix à payer pour l'apartheid. Pour la première fois de leur histoire, les Israéliens pourraient être punis pour l'occupation et ses crimes. Pour la première fois, ils seront peut-être obligés de les payer en image, en condamnations et en argent pour les armes. Et tout ça grâce à Ben-Gvir.

Ben-Gvir arrachera les masques. La gauche a créé les colons, David Ben-Gourion et Ephraim Katzir étaient ceux qui avaient prévu d'empoisonner les puits palestiniens, pas le punk violent Ben-Gvir. Et Ben-Gvir n'a pas inventé la cruauté de l'occupation, ni même Netanyahou ; au contraire, ce sont des personnages du Parti travailliste qui l'ont fait, dont certains ont remporté le prix Nobel de la paix.

Dans un avertissement contre Ben-Gvir, le Professeur Yoram Yovell a récemment présenté un scénario horrible : 400 bus vont dans l'année à venir déporter 200 000 Arabes israéliens, sous prétexte d'une guerre dans le nord si, Elohim nous en préserve, un gouvernement Ben-Gvir-Netanyahou est formé.

Le scénario de Yovell est terriblement réaliste, mais Ben-Gvir ne sera pas nécessairement celui qui sera derrière. La gauche est experte en transferts de population et en nettoyage ethnique, en 1948 et 1967, à Masafer Yatta et dans la vallée du Jourdain, et son expérience sera très précieuse lors du prochain transfert. Nous devons avoir plus peur de la gauche à cause de son passé que de Ben-Gvir à cause de ses menaces.

Le monde a embrassé le centre-gauche israélien à cause d'une illusion. Ben-Gvir y mettra fin. Un gouvernement avec Ben-Gvir pourrait resserrer son étranglement du peuple palestinien, mais rien ne peut être plus diabolique que le plan d'empoisonner les puits. Le monde a embrassé les généraux qui ont mené les assauts barbares sur Gaza  mais il peut rejeter Ben-Gvir. Bonjour le monde. Mieux vaut tard que jamais.

Si cela se produit, je tirerai mon chapeau à Ben-Gvir, l'homme que j'aime personnellement et dont je déteste les opinions, et je le remercierai du fond du cœur pour sa contribution à l'avancement de la justice.

 

TOM PERKINS
Plus de 80 % des cours d'eau usaméricains contaminés par des “produits chimiques éternels”

Tom Perkins, The Guardian, 18/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Une analyse révèle une “contamination généralisée” aux USA, les produits chimiques éternels dépassant fréquemment les limites permises fédérales et étatiques.

 

Un étang dans le Maine contaminé par des PFAS, également connus sous le nom de “produits chimiques éternels"” Ces toxines, que l'on trouve dans les produits de consommation et les sous-produits de fabrication, provoquent toute une série d'effets néfastes sur la santé. Photo : Tristan Spinski/The Guardian

La plupart des cours d'eau usaméricains sont probablement contaminés par des PFAS toxiques, appelés “produits chimiques éternels”, selon une nouvelle étude menée par des défenseurs de l'eau usaméricains.

L'analyse de la Waterkeeper Alliance a révélé des niveaux détectables de PFAS dans 95 des 114 cours d'eau testés, soit 83 %, dans 34 États et le district de Columbia, et souvent à des niveaux qui dépassent les limites permises fédérales et étatiques.

« Les résultats montrent clairement une contamination généralisée par les PFAS dans tout le pays et démontrent que les lois et réglementations existantes ne suffisent pas à nous protéger », a déclaré Marc Yaggi, PDG de la Waterkeeper Alliance, un réseau à but non lucratif qui représente les “gardiens de l'eau” locaux qui surveillent les bassins hydrographiques dans tout le pays pour détecter la pollution.

Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, constituent une catégorie d'environ 12 000 produits chimiques souvent utilisés pour rendre les produits résistants à l'eau, aux taches et à la chaleur. Ils sont appelés “produits chimiques éternels"” parce qu'ils ne se décomposent pas naturellement et sont liés au cancer, aux problèmes de foie, aux problèmes de thyroïde, aux malformations congénitales, aux maladies rénales, à la diminution de l'immunité et à d'autres problèmes de santé graves.

Des analyses antérieures ont utilisé les données des services publics municipaux pour estimer que ces produits chimiques contaminent l'eau potable de plus de 200 millions de personnes, tandis qu'une autre étude a révélé une contamination généralisée des eaux souterraines puisées dans les puits privés et communaux.

Une réglementation laxiste permet aux utilisateurs industriels de rejeter ces produits chimiques dans l'environnement sans aucun contrôle, bien que certains États et l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) prennent des mesures pour commencer à les surveiller. Les décharges, les aéroports, les bases militaires, les papeteries et les stations d'épuration font partie des sources courantes.

La nouvelle étude a examiné une série d'eaux de surface, notamment des canaux, des ruisseaux et des rivières. Elle a trouvé des PFAS dans 29 des 34 États, et les 19 cours d'eau dans lesquels elle n'a pas détecté les composés traversent des régions largement non développées.

L'étude a détecté deux des composés les plus étudiés et les plus dangereux, le PFOS et le PFOA, dans 70 % des sites d'essai - plus que tout autre des 33 composés qu'elle a trouvés.

L'EPA a abaissé sa limite d'avis sanitaire pour le PFOA et le PFOS à 0,004 partie par billion (ppt) et 0,02 ppt, respectivement, estimant qu'aucun niveau d'exposition n'est sans danger. Les PFOS ont été détectés dans la crique Piscataway du Maryland, un affluent qui se jette dans le fleuve Potomac juste au sud de Washington DC, à un niveau supérieur à 1 300 ppt. Ce chiffre est près de 70 000 fois supérieur au niveau recommandé par l'EPA.

Les autorités de réglementation et les services publics ont mis du temps à s'attaquer à la contamination par les PFAS, en partie à cause des coûts. L'EPA a proposé de désigner le PFOS et le PFOA comme des substances dangereuses, ce qui pourrait obliger l'industrie à financer le nettoyage de ces composés, mais pas des 33 autres trouvés dans l'étude, ni des milliers d'autres qui existent. Ce serait donc aux contribuables de couvrir ces coûts de nettoyage.

« En d'autres termes, c'est le public qui va subventionner les pollueurs industriels », commente Yaggi.

 

 

Traduttore traditore

Un·e traducteur·trice à l’ONU – que ce soit à New York ou à Genève – touche un salaire d’entre 74 000$ (75 000€) et 169 000$ (171 000€), soit en moyenne 86 000 $ (87 000€), par an, soit 7 100$ par mois. Pour ce salaire, on serait en droit d’attendre un travail de qualité. Et pourtant…Voici un exemple de traduction onusienne :

Voici l'original :


Notre commentaire :

Le ou la traducteur·trice a sans doute voulu écrire empreint
 

  JOE PIETTE
Grève victorieuse au Philadelphia Art Museum : l’exposition Matisse in the 30s ouvrira comme prévu

Joe Piette, Workers World, 17/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Joe Piette, Philadelphie, est un postier à la retraite militant, ancien combattant contre la guerre du Vietnam. @pastpostal65

Philadelphie-Les pancartes et les mégaphones ont été remisés avec enthousiasme le 14 octobre, alors que les travailleur·ses du Philadelphia Art Museum célébraient une victoire totale et l'accord pour leur première convention collective, après une grève de 19 jours.

Des travailleur·ses tiennent un piquet de grève devant le Musée d'art de Philadelphie, le 8 octobre. Photo WW : Joe Piette

Les travailleur·ses ont voté pour approuver la convention le 16 octobre. Selon les termes du nouvel accord, qui expirera le 30 juin 2025, les travailleur·ses ont obtenu tout ce qu'ils·elles demandaient : un salaire minimum de 16,75 $ (au lieu de 15 $), une augmentation générale de 14 % au cours de la convention de trois ans, avec effet rétroactif à partir du 1er juillet. et les employés à temps plein recevront une prime d’ancienneté de 500 $ (250 $ pour les travailleur·ses à temps partiel) pour chaque période de cinq ans de travail dans l'institution. Et les employés du PMA bénéficieront de quatre semaines de congé familial payé. Ce que les travailleur·ses paient actuellement pour leur régime d'assurance-maladie à franchise élevée diminuera, car l’employeur portera sa contribution de 90 % à 95 %.

Cette victoire intervient après plus de deux ans de pourparlers infructueux, après le dépôt d'une plainte pour pratique déloyale de travail contre la direction du musée, après un vote d'autorisation de grève à 99 % et après une grève d'avertissement d'une journée le 16 septembre. Les travailleur·ss ont finalement quitté leur poste le 26 septembre.


Pas de convention, pas de Matisse !

Les responsables du musée ont finalement cédé aux demandes du syndicat du PMA un jour avant que les travailleur·ses ne mènent une manifestation militante le 15 octobre, en marge d'un gala précédant l'ouverture de l'exposition tant attendue de plus de 100 œuvres d'Henri Matisse. Plus de 3 000 billets avaient déjà été vendus pour cette exposition unique aux USA, qui se tiendra du 20 octobre au 29 janvier 2023. Les travailleur·ses du PMA étaient particulièrement indigné·es que la direction du musée ait fait appel à des briseurs de grève d'autres villes pour préparer et installer les précieuses œuvres.

Depuis que les 180 travailleur·ses du musée ont débrayé, les piquets de grève ont vu une forte participation des activistes de la région, notamment des membres d'autres syndicats et groupes communautaires, de la coalition Save UC Townhomes et des politiciens progressistes de la ville et de l'État.

Impact sur d'autres efforts d'organisation

En plus d'apporter des gains importants aux travailleur·ses du célèbre musée, la grève a revigoré le mouvement syndical local, comme en témoigne la participation aux piquets de grève quotidiens de membres de l'AFSCME, de UNITE HERE, des Teamsters et de bien d'autres.

Sur la base de l'expérience de la victoire du syndicat du PMA, une solidarité similaire pourrait être plus facile à obtenir dans un certain nombre de luttes syndicales et communautaires de la région actuellement en cours. Il s'agit notamment de l'association des étudiants diplômés de l'université Temple (TUGSA), des syndicats du corps enseignant et du personnel de l'université des arts, de Starbucks Workers United, des travailleurs d'Amazon, des organisateurs de Home Depot et des résidents de UC Townhomes qui luttent contre l'expulsion.

« Cela aura un impact énorme sur les travailleur·ses du musée, et je pense que cela pourrait aussi avoir des répercussions sur d'autres institutions culturelles », a déclaré Adam Rizzo, président de la Philadelphia Museum of Art Union, Local 397 de lAmerican Federation of State, County and Municipal Employees, affilié àu Conseil de district 47 de l'AFSCME. (tinyurl.com/bddaac8x)

Le PMA étant l'un des plus anciens et des plus grands musées d'art des USA, avec plus de 240 000 œuvres d'art provenant du monde entier, la victoire du syndicat du PMA pourrait donner de l'énergie à d'autres travailleur·ses de musées à travers les USA, où le personnel de dizaines de musées s'est syndiqué au cours des trois dernières années afin de lutter pour des salaires et des avantages plus élevés. Des piquets de grève à l'extérieur des musées, des grèves d'un jour et d'autres manifestations de travailleur·ses ont eu lieu au Brooklyn Museum of Art, au Carnegie International de Pittsburgh, au Massachusetts Museum of Contemporary Art, au Museum of Fine Arts de Boston et dans d'autres institutions culturelles.

Lee Saunders, président de l'AFSCME, à laquelle le syndicat des musées est affilié, a publié une déclaration : « C'est pourquoi les travailleurs culturels des musées, des bibliothèques et des zoos à travers le pays ont lancé une vague d'organisation des travailleurs qui fait tache d’huile dans tout le secteur. » (tinyurl.com/4fvnkv6f)

Quelle que soit la renommée du musée, les travailleur·ses ne peuvent pas vivre uniquement du prestige.