Une fois de plus, il a été prouvé qu’il n’y a pas de
véritable substitut, pas de véritable alternative et pas de véritable
opposition à Benjamin Netanyahou.
Ce dessin du Norvégien Roar Hagen représentant Bibi en Moïse du XXIème siècle, publié dans le New York Times
le 25 avril 2019, a suscité une telle levée de boucliers sionistes -qualifiant
le dessin d’ « antisémite »- que le journal a décidé de ne plus
publier de caricatures
Le comportement des partis centristes tout au long de
la guerre, y compris les résultats de deux votes importants à la Knesset la
semaine dernière, prouvent clairement que sur les questions fondamentales qui
définissent le caractère d’Israël - l’occupation, la guerre et, incroyablement,
la démocratie - il n’y a pas de différences significatives entre la droite, le
centre et la gauche sioniste. Sur ces questions, nous sommes un État avec une
seule voix, une seule perspective, une seule opinion : Ensemble, nous gagnerons.
Ces choses sont d’autant plus étonnantes que la lutte
politique fait rage entre les deux camps. Tout le monde parle de division, de
clivage, de gouffre, alors qu’il n’y a pas de réelles divergences d’opinion.
On pourrait penser qu’Israël en temps de guerre serait
un pays différent si Benny Gantz, Gadi Eisenkot ou Yair Lapid le dirigeaient.
Il n’en est rien. Leur conduite personnelle serait certainement plus droite et
plus humble, mais les résultats seraient remarquablement similaires. En voici
la preuve.
Dans un résultat qui ne ferait pas honte à une
élection biélorusse - 99-9 - la Knesset a soutenu une résolution du
gouvernement s’opposant à
la reconnaissance « unilatérale » d’un État palestinien. Les esprits
se sont échauffés et les mains se sont levées en signe de soutien massif au
rejet israélien.
L’État, dont la politique d’occupation et de
colonisation est la mère
de l’unilatéralisme, se moque du monde entier et s’unit unanimement contre une
mesure unilatérale qui est ostensiblement acceptée par la moitié de ses
législateurs. C’est une honte, mais ce n’est pas une surprise.
La quasi-unanimité du vote en faveur de l’éviction du
député Ofer Cassif n’était pas
moins prévisible. Cela n’a rien à voir avec les Palestiniens et les
territoires, mais plutôt avec la démocratie, la question qui a le plus agité le
pays au cours de l’année écoulée.
Alon Pinkas
(1961) est rédacteur principal sur la politique israélienne et usaméricaine
pour le quotidien israélien Haaretz. Il a été chef de cabinet de Shlomo
Ben-Ami et David Levy, conseiller en politique étrangère d’Ehud Barak et Shimon
Peres et consul général d’Israël à New York de 2000 à 2004.
Le plan d’après-guerre pour Gaza rendu furtivement public
vendredi par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est une liste de
déclarations unilatérales qui mérite à peine un examen sérieux.
Netanyahou
dans le nord de la bande de Gaza, en décembre. Photo: Avi Ohayon / GPO
Plus de 140 jours après le début de la guerre de Gaza,
près de cinq mois après que les USA lui ont demandé - en tant qu’allié - de
fournir des idées, une vision ou un cadre pour la Gaza d’après-guerre, le
Premier ministre Benjamin Netanyahou a finalement présenté un non-plan. Une
liste de principes apparemment raisonnables, mais non viables, qui n’ont rien à
voir avec la réalité. Cette liste a été publiée furtivement vendredi matin,
comme si le gouvernement espérait que personne ne la remarquerait.
C’était une sage décision, car il mérite à peine d’être
remarqué ou examiné sérieusement. Il s’agit en fait d’une négation du plan Biden, d’une liste de déclarations qui constituent un contrôle
israélien illimité de la bande de Gaza sans aucune lueur d’espoir politique. D’un
point de vue critique, il n’est tout simplement pas réalisable.
Le document, qui est essentiellement une liste de
déclarations unilatérales plutôt qu’un plan cohérent, est divisé de manière
concise en trois périodes : un court paragraphe sur la période immédiate, une
description en cinq points de la période intermédiaire en termes de sécurité et
une description en quatre points de la réalité civile. Vient ensuite une
déclaration « à long terme » de deux paragraphes, qui se veut
grandiloquente.
La ville de
Jabalya, au nord de la bande de Gaza, jeudi. Photo : Mahmoud Issa / Reuters
Décortiquons-le point par point pour comprendre ce qu’il
signifie et ce qu’il ne signifie pas, et pourquoi il n’est pas viable.
Ci-dessous
2 textes exprimant le point de vue de l’Association italienne des Consommateurs
Usagers (ACU) sur les questions soulevées par la « révolte des tracteurs ».
Le premier est du président national de l’ACU, Gianni Cavinato, expert agricole et
technologue alimentaire et le second de Gianfranco Laccone, agronome et membre
de la présidence de l’association.-Fausto Giudice, Tlaxcala
La
protestation européenne et nationale des agriculteurs soulève le couvercle
d'une cocotte-minute, sur la dynamique des prix des denrées alimentaires à la
consommation, qui ne sont pas linéaires et cohérents avec l'évolution des
revenus de ceux qui travaillent la terre.
Ainsi,
de même que le travail agricole est sous-payé et que les denrées alimentaires
issues de la terre ne sont pas suffisamment rémunérées par les acteurs de la
distribution, de même le surplus de prix induit par les achats des
consommateurs finaux ne revient pas aux producteurs agricoles.
Le fossé entre les consommateurs et les agriculteurs se creuse d'année en
année.
L'alliance
des consommateurs avec les agriculteurs peut inverser la direction de ce décalage.
Ce processus social est sous-tendu par la valorisation de la qualité
intrinsèque des produits de la terre. Cela permet de “peser” le produit non
seulement en fonction de son contenu nutritionnel et de sa sécurité sanitaire,
mais aussi en fonction de son intégration des éléments essentiels de
l'environnement.
Tout
cela est techniquement possible et se traduit par une prime décisive pour les
producteurs agricoles, un avantage fondamental pour les consommateurs, en
termes de santé, de soins de santé préventifs et de réduction des dépenses de
santé publiques et privées.
Le
gouvernement italien et les institutions européennes, s'ils le souhaitent,
peuvent faciliter et initier cette voie, qui pourra être consolidée lors de la
prochaine législature de l'UE, dans le cadre d'une réforme partagée de la PAC.
Depuis
l'après-midi du 15 février, journée de lutte qui a vu plusieurs manifestations dans la capitale italienne, les tracteurs semblent devenir un élément du paysage italien, placés aux différents points
névralgiques du réseau routier. Les piquets se sont se sont multipliés, les organisations qui les réalisent aussi (montrant une division progressive mais aussi un protagonisme des réalités locales), toutes demandant une rencontre avec le ministre à la recherche d'une interlocution qui semble toutefois vaine.
Ce que le gouvernement pouvait
donner, à mon avis, il l'a donné avec le projet de loi de finances, et les
revendications ne seront pas satisfaites (sauf par de petites reconnaissances)
si des alliances et des soutiens durables ne sont pas articulés. D'autre part,
les dix points du programme de lutte initial ont été remplacés au fil des jours
par diverses plates-formes qui, au lieu de clarifier les alternatives, les ont
embrouillées en ajoutant des détails. Si ces derniers permettaient d'identifier
l'association qui les proposait, ils n'ont pas permis d'approfondir les raisons
de la lutte. Le résultat a été que les agriculteurs, sans aucune distinction
entre eux, reçoivent une solidarité générique de la part de la population qui
voudrait dépenser moins pour l'alimentation et consommer des aliments locaux de
meilleure qualité, mais qui, sans avoir d'alternatives concrètes, dépense en
fonction de ses moyens. La situation que nous constatons est la recherche d'un
meilleur prix pour tous : les agriculteurs cherchent donc à produire pour
l'exportation ou pour une consommation de « niche » (produits
diététiques, biologiques ou de haute qualité) qui obtiennent de meilleurs prix
sur les marchés et les consommateurs achètent ce qu'ils peuvent se permettre,
principalement des produits médiocres à bas prix et importés, au grand dam de
la propagande sur le « Made in Italy ».
La demande de soutien des
agriculteurs ne peut se limiter à l'appel et la contribution des consommateurs
ne pourra pas se faire sans une base commune d'action. La première base commune
nécessaire est la convergence des prix, entre ce que les consommateurs peuvent
payer et le revenu que les agriculteurs demandent en compensation de leur
travail. C'est le point clé que les plateformes n'abordent toujours pas et qui
a peu de chance d'entrer dans les négociations officielles, car il remet en
cause les fondements du soi-disant « libre marché » et les règles que
la Politique Agricole Commune (PAC) s'est données depuis la réforme Mac Sharry,
en acceptant d'entrer dans le système du marché international. Il faut demander
une réforme de la PAC qui rétablisse certains critères abandonnés, à savoir le
travail nécessaire à la production et la protection du prix à la production
contre les coûts, protégeant ainsi le revenu, et demander un prix de marché à
la consommation qui soit équitable pour l'acheteur.
Pour en revenir aux revendications,
si l'on compare les différentes plateformes actuelles aux 10 points initiaux du
programme, il est clair que la critique de l'environnementalisme a été
dévalorisée, dépassée par les vrais problèmes de la crise économique et des
coûts de production insoutenables. Le Green Deal tant critiqué n'est resté que
sur le papier, et le prochain Parlement européen aura d'autres priorités, à
commencer par les guerres à terminer et la reconstruction à entamer en Ukraine
et en Palestine, sans parler des mutations industrielles et de la crise
climatique qui s'annonce, que l'on préfère traiter comme un problème de
sécurité et d'ordre public (lutte contre les migrants, assurance et
indemnisation des dégâts causés par les catastrophes, contrôle de la faune et
de la flore sauvages, qui semblent être les ennemis à combattre et non les
réservoirs de ressources à exploiter).
Mais la protection de
l'environnement et l'utilisation de moyens peu polluants ne sont pas des
aspects étrangers à la formation des prix à la production et des coûts
agricoles. Les agriculteurs qui ont réduit l'utilisation des moyens techniques
et pratiqué l'agroécologie n'ont pas connu les crises constantes des autres agriculteurs
; en particulier, ceux qui ont pratiqué l'agriculture biologique, après avoir
surmonté la phase initiale de reconversion nécessaire, ont mieux vécu de leurs
revenus que ceux qui ont poursuivi l'augmentation de la production et la
modernisation constante des structures.
On peut se demander si la théorie
du marché qui fait de la protection de l'environnement un objet de profit ne
fait pas partie intégrante du système de ruine du monde agricole et si les
agriculteurs n'ont pas été poussés à critiquer la dimension environnementale
pour éviter de critiquer l'industrie qui domine les campagnes.La lutte contre les parasites, qui s'est
achevée - après tout - par la défaite de la technique qui les a vus revenir
toujours sous de nouvelles formes, est un exemple concret de la façon dont les
territoires de monocultures (souvent monoclonales) sont la grande table dressée
pour le banquet des phytoparasites et pour celui du système industriel qui
fournit les moyens de production et distribue les produits destinés à la
consommation.
En France, région qui semble
aujourd'hui moins impliquée dans la révolte qui secoue le continent, le débat
sur la transformation de l'agriculture paysanne en agriculture industrielle a
des origines anciennes : Henri Mendras a publié en 1967 un essai au titre
significatif, “La fin des paysans”. Dans cet essai, depuis les années
60, on pointe du doigt la modernisation continue du secteur agricole et
l'abandon des cycles de production comme base d'une alimentation correcte,
c'est-à-dire qu'on en arrive à une agriculture sans paysans, à une société sans
histoire et sans passé, qui invite à produire pour consommer toujours plus.
En ce qui concerne le contenu des
plateformes, Dario Casati, dans un article intelligent au titre sarcastique « La
grande guerre des tracteurs a fini à Sanremo" »publié
sur le site de l'Accademia dei Georgofili*, saisit les trois aspects
fondamentaux sur lesquels elles se fondent : les objectifs commerciaux, les
objectifs économiques et la soi-disant « question du juste prix ». Si
nous partageons largement les aspects de l'analyse, les raisons de la rébellion
des agriculteurs dans le monde méritent une analyse plus approfondie : il n'est
pas utile de sauver les conducteurs de la machine agricole chancelante
européenne, et italienne en particulier, pour leur sens apparent des
responsabilités, sans parler de la fin des représentations réduites à des
bureaux de comptabilité et de conseil aux entreprises et du manque d'idées de
ceux qui gouvernent l'agriculture.
Mais c'est dans le « juste
prix » que se trouve la clé de l'ouverture à la société d'un combat
aujourd'hui limité au secteur agricole. Dans son article, Casati identifie le
concept de « juste » comme étant éthique et non économique, en
situant le moment où le prix devient juste pour l'acheteur et le vendeur dans
le prix du marché, résultat de la libre concurrence. À cette vision, il est
nécessaire d'ajouter les aspects qui font de l'agriculture non seulement
l'instrument de la production alimentaire, mais aussi l'instrument du
réaménagement de l'environnement et de la lutte contre le changement
climatique, en incluant dans le produit les aspects sociaux et environnementaux
qui le rapprochent davantage d'un service que d'un lieu de production. Dans le
cas contraire, la formation des prix se réduit à un jeu de parties sans temps
ni histoire.Ce n'est pas un hasard si
l'ACU a lancé le slogan « juste prix - juste revenu », où le juste
prix est largement déterminé par la capacité de la demande (pas l'agrégat
analysé par Keynes, mais celui des consommateurs qui vivent dans une société
spécifique, à une époque spécifique, qui ont une mémoire et une histoire) et le
juste revenu est largement déterminé par l'offre (qui n'est pas non plus
abstraite, mais composée de producteurs avec la culture, l'histoire, la mémoire
qui se déversent dans la production). Il n'y a pas de frontières claires entre
le prix et le revenu et leur détermination est le résultat du pacte social
auquel ils sont liés et du niveau de démocratie qu'il exprime. Aujourd'hui, le
pacte social qui a transformé l'agriculteur en rouage d'une société
industrielle qui exigeait des aliments pour le marché (en quantité toujours
plus grande et de qualité toujours plus faible) tout en offrant un bien-être
(souvent limité à quelques-uns) s'est rompu. Il faut reconstruire le pacte en
retirant du marché l'agriculture qui est un fait social, un service qui produit
de la nourriture mais aussi quelque chose d'autre qui n'est pas quantifiable en
valeur monétaire. En tant que service, elle est vouée à la « défaillance
du marché », selon la définition économique du résultat obtenu par
l'application des politiques de marché aux services.
Mais même si l'on voulait se
limiter à la valeur de la production du point de vue du consommateur, il
faudrait partir du besoin humain en nutriments (voir Apports nutritionnels et
énergétiques de référence, LARN en italien) et de la nécessité de couvrir le
besoin quotidien en protéines (biologiquement nécessaires). Pour ce faire, on
peut faire diverses combinaisons, choisir la sienne, jusqu'à remplacer
totalement les protéines animales. La combinaison classique et scientifiquement
documentée de l'apport de céréales et de légumineuses permet d'atteindre
l'objectif recherché.
En ce qui concerne le prix payé par
les consommateurs, on peut se demander combien coûte une unité de protéine au
consommateur ? Quels sont les avantages et les risques (y compris
environnementaux) de ce processus de production-consommation ? Etc. En résumé,
il s'agira de prouver que la consommation de céréales/légumineuses est bonne
pour la santé et l'environnement, d'autant plus que des rotations sont
utilisées pour cultiver ces cultures (une technique de culture dont les
tractoristes et autres ne veulent pas, mais qui est à la base de la production
biologique). Ce jeu de calcul pour une durabilité avancée permettrait de calculer
« facilement » le bon prix - le bon revenu.
La conclusion
d'un pacte entre consommateurs et producteurs et l'approfondissement de ces
bases techniques sont certainement plus importants que la création d'une table
technique initiée sur la PAC actuelle qui, en tant que table technique, ne
remettra pas en cause les politiques existantes et ne fera, peut-être, que les
rendre moins indigestes.
NdT
*L’Académie
des Georgophiles [amis de l’agriculteur, du grec georgos, agriculteur] fondée à
Florence en 1753 et dédiée à l’étude de l’agriculture. Devise : « Prosperitati
Publicae Augendae » [Pour augmenter la prospérité publique]