Gideon Levy, Haaretz, 25/2/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Une fois de plus, il a été prouvé qu’il n’y a pas de véritable substitut, pas de véritable alternative et pas de véritable opposition à Benjamin Netanyahou.
Ce dessin du Norvégien Roar Hagen représentant Bibi en Moïse du XXIème siècle, publié dans le New York Times le 25 avril 2019, a suscité une telle levée de boucliers sionistes -qualifiant le dessin d’ « antisémite »- que le journal a décidé de ne plus publier de caricatures
Le comportement des partis centristes tout au long de la guerre, y compris les résultats de deux votes importants à la Knesset la semaine dernière, prouvent clairement que sur les questions fondamentales qui définissent le caractère d’Israël - l’occupation, la guerre et, incroyablement, la démocratie - il n’y a pas de différences significatives entre la droite, le centre et la gauche sioniste. Sur ces questions, nous sommes un État avec une seule voix, une seule perspective, une seule opinion : Ensemble, nous gagnerons.
Ces choses sont d’autant plus étonnantes que la lutte politique fait rage entre les deux camps. Tout le monde parle de division, de clivage, de gouffre, alors qu’il n’y a pas de réelles divergences d’opinion.
On pourrait penser qu’Israël en temps de guerre serait un pays différent si Benny Gantz, Gadi Eisenkot ou Yair Lapid le dirigeaient. Il n’en est rien. Leur conduite personnelle serait certainement plus droite et plus humble, mais les résultats seraient remarquablement similaires. En voici la preuve.
Dans un résultat qui ne ferait pas honte à une élection biélorusse - 99-9 - la Knesset a soutenu une résolution du gouvernement s’opposant à la reconnaissance « unilatérale » d’un État palestinien. Les esprits se sont échauffés et les mains se sont levées en signe de soutien massif au rejet israélien.
L’État, dont la politique d’occupation et de colonisation est la mère de l’unilatéralisme, se moque du monde entier et s’unit unanimement contre une mesure unilatérale qui est ostensiblement acceptée par la moitié de ses législateurs. C’est une honte, mais ce n’est pas une surprise.
La quasi-unanimité du vote en faveur de l’éviction du député Ofer Cassif n’était pas moins prévisible. Cela n’a rien à voir avec les Palestiniens et les territoires, mais plutôt avec la démocratie, la question qui a le plus agité le pays au cours de l’année écoulée.
Israël était divisé entre les gardiens de la démocratie et ses destructeurs, et lors du premier test de la démocratie, il s’est presque entièrement uni derrière une mesure antidémocratique d’un danger sans précédent. La plupart de ceux qui ont lutté contre le coup d’État gouvernemental, presque tous ceux qui ont crié à la démocratie, ont soit levé la main en faveur de la destitution d’un député pour ses opinions et sa vision du monde, soit fui le vote par lâcheté.
Le coup d’État a déjà gagné, et cette fois non seulement avec les voix de la droite, mais aussi avec celles de Yesh Atid, du parti de l’unité nationale et même du parti travailliste. La fuite misérable de Benny Gantz, Gadi Eisenkot, Yair Lapid, Merav Michaeli et de leurs collègues devant le vote est une honte pour ceux qui prétendent lutter pour la démocratie.
Ils auraient dû voter non, haut et fort. Après tout, ils savent que si la mesure avait abouti - elle a été rejetée à quatre voix près - elle aurait entraîné la révocation de tous les députés arabes. Et pourtant, ils se sont enfuis. Une autre honte, un autre déshonneur pour lequel il n’y a pas de pardon.
Enfin, le comportement dans la guerre : au début, la gauche et le centre ont soutenu toutes les guerres d’Israël, les guerres justes [sic] et les guerres criminelles. Mais par le passé, ils sont rapidement revenus à la raison et toutes les guerres précédentes ont suscité de l’opposition.
La guerre la plus brutale et la plus futile d’Israël n’a pas une seule voix d’opposition à la Knesset, même après plus de quatre mois et près de 30 000 morts palestiniens, à l’exception des députés arabes.
Une partie de ceux qui ne sont pas de droite soutient la guerre au sein du gouvernement, et une autre partie la soutient de l’extérieur, et tout le monde dans le chœur chante la même chanson, dirigée par la droite. Le monde entier appelle à la fin de la guerre, et à la Knesset, il n’y a pas un seul député sioniste pour le faire. Démocratie ? Opposition ? Alternative ? Pas ici, pas maintenant.
Seule l’aversion pour Netanyahou nous rappelle qu’il reste encore une coalition et une opposition, mais cette aversion est surtout personnelle. Il est menteur, il est hédoniste, il est corrompu et ne pense qu’à lui. Il a abandonné les otages, il a vendu son âme à la droite kahaniste et l’a légitimée, et peut-être a-t-il toujours été là. Tout cela est très vrai et exaspérant. Mais ce n’est pas une proposition d’alternative.
Il s’avère qu’il n’y en a pas : ensemble, nous allons gagner, incessamment sous peu.
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