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11/09/2025

Berlin, 13. September 2025: Frieden statt wettrüsten!
Kundgebung am Brandenburger Tor

 

Wenn Russland das Völkerrecht bricht, fordert man mehr Waffen für die Ukraine. Wenn Israel das Völkerrecht bricht, heißt es, wir sollen weiter liefern, weil sie nur die Drecksarbeit für uns machen. Wenn die USA das Völkerrecht brechen, wird das als Stärke verkauft. Und wenn die Bundesregierung Milliarden für Mordwerkzeuge ausgibt und Deutschland zur größten Militärmacht Europas macht, soll das nur unserer Sicherheit dienen. 

Wir glauben diese Lügen nicht. Eure Doppelmoral ist unerträglich. Euer Spiel mit dem Feuer macht uns Angst.

Wir verurteilen Kriegsverbrechen überall – in der Ukraine, in Gaza, im Iran oder anderswo.

Eine Welt, in der immer häufiger die Waffen und nicht die Diplomaten sprechen, ist eine Gefahr für uns alle. Ein hochgerüstetes Deutschland hat noch nie Frieden gebracht.

Gemeinsam fordern wir:

👉🏻 Stopp der Waffenlieferungen und Abkehr vom Wettrüsten

👉🏻 Diplomatie statt Militarisierung

👉🏻 Ehrliches Engagement für Frieden im Nahen Osten und der Ukraine

Wenn ihr diese Forderungen unterstützt, kommt zu unserer Kundgebung am 13. September um 14 Uhr vor dem Brandenburger Tor in Berlin.

MARK O’CONNELL
L’application de guerre
Note de lecture du livre du fondateur de Palantir, Alex Carp, sur la “République Technologique”

Mark O’Connell, The New York Review of Books, 25/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Mark O’Connell (Kilkenny, Irlande, 1979) est un écrivain et journaliste irlandais. Son premier livre, To Be a Machine, une enquête sur le transhumanisme, a été publié en 2017, suivi de Notes from an Apocalypse, sur les angoisses apocalyptiques, en 2020. Son troisième livre, A Thread of Violence, consacré au meurtrier irlandais Malcolm Macarthur, a été publié en 2023. Il écrit pour des publications comme The New Yorker, The New York Times Magazine, The New York Review of Books et The Guardian.

 

La Silicon Valley a inversé sa longue réticence à travailler dans les technologies de défense et de sécurité, avec le PDG de la société de logiciels d’analyse de données Palantir menant la charge



Illustration de George Wylesol

 

Compte rendu de :

The Technological Republic:Hard Power, Soft Belief, and the Future of the West [La République technologique : puissance dure, croyance douce et avenir de l'Occident]
par Alexander C. Karp et Nicholas W. Zamiska
Crown Currency, 295 pages, 30,00 $

L’année dernière, selon un rapport récent du New York Times, Alexander Karp a reçu un total de 6,8 milliards de dollars pour ses services en tant que PDG de la société de logiciels d’analyse de données Palantir Technologies. Cette « rémunération effectivement versée » — un indicateur qui prend en compte non seulement le salaire, mais aussi l’augmentation de la valeur des actions détenues — a fait de Karp, de loin, le PDG le mieux payé des USA.

Pour quiconque suit les récents succès de Palantir, cela n’a rien de surprenant. La valeur boursière de l’entreprise — dont les revenus proviennent en grande partie de contrats gouvernementaux pour la surveillance des données et les applications militaires de l’intelligence artificielle — est, pourrait-on dire, négativement indexée sur la paix et la liberté de l’humanité. Au cours de l’année écoulée, l’action de la société a été multipliée par près de six. Au moment de la rédaction, Palantir valait 375 milliards de dollars, ce qui en faisait la vingt-deuxième entreprise la plus valorisée de l’index boursier S&P 500 — juste devant Coca-Cola et derrière Bank of America. « Les temps difficiles », comme l’a déclaré Karp lors d’une récente apparition sur CNBC, « sont incroyablement bons pour Palantir. »

Et bien sûr, les temps ont été incroyablement difficiles. La longue et brutale guerre d’agression impérialiste de la Russie en Ukraine. La campagne de massacres de masse et de nettoyage ethnique d’Israël à Gaza. L’éclatement d’une guerre plus large au Moyen-Orient (aujourd’hui dans une fragile détente), au milieu d’appels enthousiastes à un renversement violent du régime iranien. Aux USA, une campagne de déportations sans précédent, entraînant des troubles civils à Los Angeles et ailleurs. Et dans toutes ces situations, il y a beaucoup d’argent à gagner pour une entreprise qui fournit des systèmes de surveillance de données et d’IA à usage militaire.

La meilleure illustration que j’ai vue de cette dynamique est un mème publié sur r/PLTR, le « forum communautaire non officiel et indépendant des investisseurs particuliers de PLTR sur Reddit pour discuter de l’entreprise, de sa mission, d’Alex Karp et de tout ce qui concerne l’action ». À l’arrière-plan d’une photo prise dans une sandwicherie ou un fast-food, on voit un groupe d’hommes dans une bagarre chaotique, tandis qu’au premier plan un homme d’âge mûr est assis à une table, totalement indifférent, absorbé par son smartphone. Les bagarreurs portent les étiquettes « EUROPE », « USA », « ISRAËL » et « IRAN », tandis sur l’homme au premier plan figurent les mots « MOI VÉRIFIANT LE COURS DE PALANTIR ».


Les origines de Palantir

Cofondée en 2003 par Karp et son ami de Stanford Peter Thiel, qui venait de gagner beaucoup d’argent grâce à la vente de PayPal à eBay, Palantir Technologies a été conçue, dans le sillage des attentats du 11 septembre, comme un fournisseur d’apprentissage automatique et d’analytique de données au service de la sécurité nationale et de la surveillance. Le raisonnement était le suivant : si le gouvernement usaméricain avait pu, en septembre 2001, rassembler et analyser différents points de données — inscriptions dans les écoles de pilotage, anomalies dans les schémas de voyage, associations suspectes — les tours jumelles seraient peut-être encore debout, et les personnes mortes ce jour-là encore en vie.

Alex Karp, par ioO pour Les Échos

Le logiciel de Palantir facilite la recherche de motifs dans de vastes ensembles de données et présente ces informations sous une forme facilement consultable et navigable. Dans une récente conversation avec Maureen Dowd pour le New York Times, qui l’introduisait auprès des lecteurs du journal comme un « milliardaire mystérieux », Karp a décrit le travail de son entreprise comme « la recherche des choses cachées ». (Karp a bénéficié d’une presse presque uniformément crédule, pas seulement dans son pays natal : en 2016, le quotidien allemand Die Welt a publié un article dont le titre se traduisait par « Ce génie construit l’entreprise la plus importante du monde ». Il convient de souligner que Karp a siégé au conseil d’administration du groupe de presse Axel Springer, maison mère de Die Welt.)

Thiel, passionné de Tolkien de longue date, a nommé l’entreprise d’après les palantíri du Seigneur des Anneaux — les « pierres de vision », dont l’une fut utilisée par le seigneur noir Sauron pour surveiller, depuis son trône au Mordor, les habitants de la Terre du Milieu. Les critiques de Palantir, eux, invoquent moins Tolkien que Philip K. Dick, dont la nouvelle Rapport minoritaire décrit une société autoritaire future où des policiers du « précrime » arrêtent des individus non pas pour les crimes qu’ils ont commis, mais pour ceux qu’ils avaient seulement l’intention de commettre. Voici comment Karp l’a formulé en 2009 dans une interview avec Charlie Rose : « Ce que nous faisons, c’est ce que les juristes appellent une recherche fondée sur des indices. Nous nous intéressons à vous, puis nous cherchons dans votre vie toutes sortes de choses qui pourraient indiquer une personne impliquée dans un mauvais comportement. »

 

Le soutien des agences de renseignement

Avec l’investissement initial de 30 millions de dollars de Thiel, l’entreprise a reçu une première injection de 2 millions de dollars de la part d’In-Q-Tel, la branche capital-risque de la CIA. Bien que Palantir travaille aussi avec des clients privés comme Walmart et Wendy’s — qui utilise son IA pour gérer ses stocks de hamburgers et de frites — ses clients les plus précoces et les plus importants ont été les agences d’État comme la CIA, le FBI et la NSA, pour lesquelles elle agit comme prestataire externalisé de collecte et d’analyse de renseignements.

Sous le premier mandat de Trump, Palantir s’est fortement associée à l’agence Immigration and Customs Enforcement (ICE), en lui fournissant des outils de surveillance et de logistique pour les déportations. Le logiciel FALCON de Palantir a aidé ICE à rassembler et analyser d’immenses volumes de données pour cartographier les liens familiaux et planifier de futures descentes. En 2018, ICE a utilisé FALCON pour préparer des descentes dans une centaine de magasins 7-Eleven à travers les USA.


Palantir et Israël

En octobre 2023, dans les jours qui ont suivi les attaques du Hamas contre le territoire israélien, Palantir a acheté une pleine page de publicité dans le New York Times avec le message : « Palantir est aux côtés d’Israël. » Le mois de janvier suivant, alors que la riposte génocidaire du gouvernement israélien se poursuivait depuis trois mois, le conseil d’administration de la société s’est réuni à Tel-Aviv. Karp et Thiel y ont rencontré le président Isaac Herzog et ont ensuite signé un contrat avec le ministère de la Défense israélien pour fournir aux Forces de défense israéliennes (FDI) une IA de ciblage avancé. (En parlant de cette technologie, Karp a utilisé l’expression kill chain — « chaîne de frappe » — un terme militaire désignant la structure d’une attaque : identification de la cible, envoi des forces, assaut et destruction de ladite cible.)

Le cours de l’action de l’entreprise s’est alors envolé. « Le Hamas nous a vraiment propulsés vers la lune », écrivait un utilisateur extatique de r/PLTR. La richesse personnelle de Karp et son enthousiasme public ont suivi la même trajectoire. En février de cette année, alors que la valeur boursière de Palantir dépassait celle de la Walt Disney Company, Karp est apparu en visioconférence avec des investisseurs particuliers. Vêtu d’un simple T-shirt blanc, les bras écartés dans une pose triomphale, ses boucles grisonnantes rebondissant gaiement, il a lancé :

« Nous y arrivons ! Et je suis sûr que vous appréciez cela autant que moi… Nous écrasons tout… Nous avons dédié notre entreprise au service de l’Occident, et des États-Unis d’Amérique… Palantir est là pour bouleverser et rendre les institutions avec lesquelles nous travaillons les meilleures au monde, et, quand c’est nécessaire, pour effrayer les ennemis et parfois les tuer. »

Si le Hamas avait expédié les actionnaires de Palantir sur la Lune, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, et le règne bref et désastreux d’Elon Musk, allait les emmener sur Mars. En avril dernier, il est apparu que l’ICE versait à l’entreprise 30 millions de dollars pour développer un système logiciel, connu sous le nom d’ImmigrationOS, destiné à suivre les immigrants à l’aide de données biométriques et de géolocalisation. Le second mandat de Trump a approfondi la relation déjà substantielle de Palantir avec le gouvernement fédéral, étendant son influence à plusieurs départements. En mars, Trump a signé un décret présidentiel demandant au gouvernement de partager des données entre agences, suscitant des inquiétudes, comme le soulignait The New York Times, selon lesquelles le président « pourrait compiler une liste maîtresse d’informations personnelles sur les USAméricains, lui donnant un pouvoir de surveillance inouï », et qu’il pourrait utiliser ces informations « pour faire avancer son programme politique en surveillant les immigrants et en punissant ses détracteurs ». Selon le Times, le choix de Palantir comme partenaire principal pour ce projet de partage de données était motivé par le Department of Government Efficiency (DOGE) d’Elon Musk, dont au moins trois membres avaient auparavant travaillé chez Palantir.

Pendant tout ce temps — alors qu’il devenait le PDG le mieux payé d’USAmérique et facilitait un État policier croissant à l’intérieur du pays et une campagne génocidaire à Gaza — Karp a néanmoins trouvé le temps d’écrire un livre. Ou peut-être serait-il plus exact de dire qu’il a réussi à en dicter un : The Technological Republic, publié plus tôt cette année, est attribué à la fois à Karp et à Nicholas W. Zamiska, directeur des affaires générales de Palantir et conseiller juridique auprès du bureau du PDG. Dans une interview avec Bari Weiss sur son podcast, Karp a déclaré : « Je dirais, en toute franchise, que plus de 95 % des idées sont les miennes, 90 % de l’écriture est la sienne. Et l’écriture est phénoménale. » L’écriture, je suis désolé de le dire, n’est pas du tout phénoménale ; elle est uniformément adéquate. La répartition du travail littéraire semble en tout cas être telle que Karp a utilisé son propre conseiller juridique de la même manière qu’une personne ordinaire qui ne voudrait pas fournir l’effort pourrait utiliser un chatbot génératif comme ChatGPT, en envoyant un tas d’idées à moitié formées pour les transformer en prose utilisable.

Zamiska

Je ne souhaite pas diminuer indûment la contribution de Zamiska, qui, autant que je sache, pourrait penser que le fait d’être co-auteur de The Technological Republic lui fait honneur, mais il est déjà assez pénible de devoir lire et écrire sur ce livre sans devoir mentionner ces deux types à chaque fois que j’en parle. Je vais donc suivre l’exemple de Karp et considérer que le livre est essentiellement son œuvre. Et, en avançant laborieusement dans ses pages — à travers ses banalités « business-casual », ses pâles apologies pour la civilisation occidentale et la violence impériale — je me suis retrouvé de plus en plus obsédé par une seule question : d’abord pourquoi Alexander Karp a-t-il voulu écrire ce livre ?

Je soupçonne que ses raisons sont au moins en partie liées au culte de la Silicon Valley autour du fondateur de technologie en tant que philosophe-roi, et qu’elles ont à voir avec le désir de Karp d’être perçu non seulement comme un homme d’affaires, mais aussi comme un intellectuel public. En d’autres termes, ce livre existe pour que Karp ait écrit un livre. On a beaucoup insisté sur ses diplômes et ses références intellectuelles. Il détient un doctorat en théorie sociale de l’Université Goethe de Francfort. (Il a souvent été noté que, pendant qu’il y étudiait, il « a étudié sous » Jürgen Habermas, mais cela semble exagéré ; selon Die Welt, il avait écrit à Habermas pour lui demander de superviser sa thèse, et Habermas l’a dirigé vers un collègue.) Il cite Adorno dans ses lettres aux actionnaires. Il manie avec légèreté des mots comme herméneutique et ontologie.

D’après The Technological Republic, Habermas, quelles que soient ses raisons, a fait le bon choix. Sa thèse peut être résumée brièvement : la Silicon Valley, dont les entreprises fondatrices reposaient sur des contrats de défense, s’est trop éloignée, trop longtemps, de sa mission originale. Sa culture dominante, influencée par les idées « woke » qui descendent des institutions d’élite de l’enseignement supérieur, en est venue à rendre presque impensable la construction de technologies servant « l’intérêt national » pour une génération d’ingénieurs talentueux mais égarés. Ces esprits brillants, affirme Karp, sont gaspillés sur des projets lucratifs mais futiles — services de blanchisserie à la demande, applications qui vous apportent un burrito en taxi, et ainsi de suite. « L’industrie du logiciel, » écrit-il,

« devrait reconstruire sa relation avec le gouvernement et rediriger ses efforts et son attention vers la construction des capacités technologiques et d’intelligence artificielle qui permettront de relever les défis les plus pressants auxquels nous faisons face collectivement. L’élite des ingénieurs de la Silicon Valley a l’obligation positive de participer à la défense de la nation et à l’articulation d’un projet national — qu’est-ce que ce pays, quelles sont nos valeurs, et pour quoi nous battons-nous ».

L’amitié de Karp avec Thiel est souvent présentée comme structurée autour de leurs différences idéologiques. Thiel, qui a soutenu Trump avant que cela ne soit rentable ou populaire, est largement perçu comme libertarien. Karp s’est publiquement identifié par le passé comme progressiste et s’est même, de façon absurde, parfois qualifié de « socialiste ». Mais en réalité, Karp n’est pas plus progressiste que Thiel — dont la fortune provient également en grande partie de contrats gouvernementaux — n’est libertarien. Une grande partie de The Technological Republic est consacrée à un antiwokisme taillé à la serpe que l’on trouve en abondance et de manière décourageante dans la section non-fiction de n’importe quelle librairie d’aéroport. L’un des quatre chapitres du livre s’intitule « L’affaiblissement de l’esprit américain » — une allusion typiquement surchargée à la critique conservatrice classique d’Allan Bloom sur le relativisme culturel dans l’enseignement supérieur usaméricain, The Closing of the American Mind. Tout au long de cette longue section centrale, Karp ne fait pas tant progresser son argumentation que de la répéter sans fin : la Silicon Valley a perdu le courage de ses convictions fondatrices. (On dit souvent que de nombreux ouvrages de non-fiction auraient dû n’être que des articles de magazine ; celui-ci donne l’impression d’un post LinkedIn impitoyablement étendu à près de trois cents pages.)

Le livre aborde une controverse de 2018 autour du Project Maven, un programme de guerre par IA pour lequel Google avait été sous-traitant du Pentagone pour fournir des logiciels d’apprentissage automatique et de gestion des données. Lorsque le personnel a diffusé une pétition protestant contre l’implication de l’entreprise dans des technologies de guerre, Google a arrêté son travail sur le projet. Karp y voit un signe de complaisance vis-à-vis de la sécurité nationale chez les « élites » plus jeunes qui n’ont pas vécu les menaces géopolitiques du XX siècle. « La génération de codeurs la plus capable, » écrit-il, « n’a jamais connu de guerre ni de véritable bouleversement social. Pourquoi chercher la controverse avec vos amis ou risquer leur désapprobation en travaillant pour l’armée usaméricaine alors que vous pouvez vous réfugier dans ce que vous percevez comme la sécurité de la création d’une autre application ? » Palantir est alors intervenu pour combler le vide technologique laissé par la décision lâche de Google, un geste que Karp suggère comme modèle pour l’avenir de la Silicon Valley.

Il affirme à plusieurs reprises que les codeurs qui ne veulent rien avoir à faire avec la technologie militaire souffrent d’atrophie morale. Bien qu’ils puissent sembler, à vous ou à moi, agir par principe — parce qu’ils s’opposent à la guerre en général ou ont une aversion spécifique pour le fait de servir les intérêts de l’empire —, ils sont motivés, insiste-t-il, non par une cause supérieure, mais par le désir d’éviter l’opprobre de leurs pairs. Ces personnes, pour Karp, sont des victimes involontaires de l’autocensure, qui ne se permettent même pas de penser à transgresser la morale dominante :

« Le futur dystopique imaginé par Orwell et d’autres peut être proche, mais pas à cause de l’État de surveillance ou des engins construits par les géants de la Silicon Valley qui nous volent notre vie privée ou nos moments les plus intimes seuls. C’est de nous, et non de nos créations techniques, que nous devons blâmer notre incapacité à encourager et permettre l’acte radical de croire en quelque chose au-delà et en dehors de soi. La vitesse et l’enthousiasme avec lesquels la culture écorche quiconque pour ses transgressions et erreurs perçues — avec lesquels nous nous abattons les uns sur les autres pour des écarts à la norme — ne font que diminuer notre capacité à avancer vers la vérité. »

Le livre est rempli de ce genre de balivernes moralisatrices. S’il ne s’agissait que d’une nouvelle dénonciation de la cancel culture, il serait simplement ennuyeux et hors de propos. Mais venant d’Alexander Karp, PDG et cofondateur de Palantir Technologies, cette posture de « souci moral » face à une culture de plus en plus censureuse semble presque intentionnellement absurde. Par moments, j’ai abordé le livre — peut-être pour préserver ma propre intégrité psychique — comme un exercice avant-gardiste de narrativité peu fiable, une expérience des extrêmes vertigineux de l’ironie dramatique que j’associe le plus à Charles Kinbote, le narrateur comiquement inconscient de Feu pâle de Nabokov. Encore et encore, je me suis surpris à répondre à quelque lamentation sentencieuse sur le manque de valeurs morales de la Silicon Valley en griffonnant « Mais tu diriges Palantir ! » dans la marge.

Prise isolément, la critique de Karp sur la Silicon Valley — que ses ingénieurs et entrepreneurs les plus talentueux n’ont aucun sens du bien commun — est simplement banale, plutôt que fausse. Ce qui la rend profondément étrange et réellement déstabilisante, c’est que ce qu’il présente comme un projet moral digne de ces grands talents est essentiellement une course algorithmique aux armements avec les rivaux géopolitiques de l’USAmérique.

Ce projet est, bien sûr, celui que Karp considère comme une défense de l’Occident et de ses valeurs. Mais il n’a presque rien à dire sur ces valeurs, qui semblent même ne pas l’intéresser au point de vouloir les définir, sans parler de les analyser. Un des aspects les plus agaçants du livre est le geste perpétuel de Karp vers la philosophie — vers des sujets sérieux et des engagements sérieux — sans jamais entreprendre réellement une telle démarche. À de nombreuses occasions, par exemple, il invoque la notion philosophique de “la vie bonne, en affirmant que les travailleurs talentueux de la Silicon Valley et la culture dont ils font partie ont totalement abandonné la question de ce qui pourrait la constituer. « La nature aseptisée du discours moderne, » écrit-il,

dominée par un engagement indéfectible envers la justice mais profondément méfiante dès qu’il s’agit de prendre des positions substantielles sur la vie bonne, est le produit de notre propre réticence, et même peur, d’offenser, de s’aliéner la foule et de risquer sa désapprobation ».

La Silicon Valley, écrit-il ailleurs, est le produit « d’un agnosticisme culturel et moral, sinon d’un relativisme, qui évitait assidûment tout ce qui pourrait ressembler à des vues substantielles sur la vie bonne ». Si Karp a des idées sur ce que pourrait réellement être « la vie bonne », il a été extraordinairement efficace pour les garder secrètes. Un lecteur cynique pourrait conclure, faute d’autres indications, que peut-être la vie bonne consiste à devenir milliardaire en vendant des systèmes de guidage d’armes par IA et en aidant les gouvernements à surveiller massivement leurs citoyens. Un lecteur plus indulgent pourrait conclure que Karp est simplement un homme occupé et qu’il n’a pas le temps de réfléchir à ces questions.

De même, le livre ne tient jamais ses promesses à la hauteur de son titre grandiloquent au parfum platonicien. Karp ne décrit pas la « République Technologique » qu’il invoque ; il semble inconscient que l’on puisse s’attendre à ce qu’il le fasse. En ce sens, entre autres, le livre donne l’impression d’être l’œuvre de quelqu’un qui souhaite être perçu comme un intellectuel public mais n’est pas prêt à fournir l’effort pour le devenir. Dans les passages brefs où Karp parle de son propre leadership chez Palantir et de ses idées sur ce qui constitue une organisation efficace, son objectif principal semble être de se présenter comme un penseur non conventionnel, grâce à des références éclectiques et laborieuses — ce que les entreprises peuvent apprendre de l’organisation sociale des essaims d’abeilles, ce que les fondateurs de start-up peuvent apprendre du théâtre expérimental, ce que les expériences psychologiques de Stanley Milgram peuvent nous enseigner sur la création de quelque chose de nouveau dans les affaires, et ainsi de suite. De telles tentatives de démonstration d’« intelligence cool » seraient risibles en elles-mêmes, si ce n’était le fait que toute cette innovation disruptive et cette pensée libre servent en fin de compte à la consolidation du pouvoir de l’État et des intérêts patronaux — ce que l’on appelle normalement le complexe militaro-industriel, qui depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale est à l’origine de nombreux conflits longs et brutaux dans le monde, ainsi que des fortunes de nombreux opportunistes impitoyables et astucieux.

Une autre raison pour laquelle The Technological Republic semble étrangement désancrée est qu’il semble avoir été écrit en vue soit d’un second mandat de Biden, soit d’une présidence Harris. Lors de sa publication, à la mi-février — alors que les jeunes petits princes de Palo Alto faisaient allégeance en masse à la cour de Mar-a-Lago et que le DOGE de Musk s’attaquait au démantèlement du gouvernement fédéral — un argument développé sur la relation étroite entre Washington et la Silicon Valley, et sur une industrie technologique alignée avec le projet global de puissance usaméricaine, était déjà dépassé. À ce moment-là, Mark Zuckerberg avait abandonné son image de libéral pour se transformer en frérot MAGAïque de la vallée de l’étrange. Fin mai, il annonçait que Meta s’associerait avec la société de technologie de défense Anduril pour « concevoir, construire et déployer une gamme de produits XR [Extended Reality] intégrés permettant aux combattants sur le terrain une perception améliorée et un contrôle intuitif de plateformes autonomes ».

Le partenariat entre Meta et Anduril est en soi la preuve d’un important changement culturel. Le fondateur d’Anduril (référence également à Tolkien, à une épée dans Le Seigneur des Anneaux) est Palmer Luckey, surtout connu comme l’inventeur du casque de réalité virtuelle Oculus Rift. Après que Facebook a acheté Oculus, Luckey a travaillé un temps pour l’entreprise ; en 2017, il a été licencié après avoir fait un don de 10 000 $ à un groupe pro-Trump qui finançait une campagne d’affichage ridiculisant Hillary Clinton comme étant « Too Big to Jail » (« Trop grosse pour aller en prison »). (Zuckerberg a récemment exprimé des regrets à propos de ce licenciement.)

En annonçant le partenariat de sa société avec Meta, Luckey a déclaré : « Ma mission a toujours été de transformer les combattants en technomanciens, et les produits que nous développons avec Meta font exactement cela. » Un gadget qu’Anduril développe s’appelle Eagle Eyes — un casque qui offre aux « combattants » une « conscience des menaces à 360° ». Luckey a fait référence aux jeux vidéo Call of Duty et Halo. « L’idée, » a-t-il dit, « est de donner aux combattants une vision surhumaine, une perception surhumaine, une ouïe surhumaine, et de leur permettre de communiquer entre eux et avec de grandes équipes de systèmes autonomes. » Anduril est exactement le type de projet auquel Karp, dans The Technological Republic, affirme que les ingénieurs devraient consacrer leurs talents. « Tous ces gens qui étaient autrefois des tech bros sont maintenant des defense tech bros », comme l’a formulé Noam Perski, responsable des relations internationales de Palantir, dans un discours en décembre dernier lors d’un sommet sur la technologie de défense à Tel Aviv.

Récemment, un ami capital-risqueur m’a dit qu’il connaissait plusieurs personnes dans la Silicon Valley qui, il y a seulement quelques années, auraient pris leurs jambes à leur cou pour éviter tout ce qui touchait de près ou de loin au militaire, et qui travaillent maintenant sur la technologie de défense. Quand j’ai reconnu qu’il semblait y avoir un certain changement dans les microclimats idéologiques de la baie de San Francisco, il m’a répondu qu’il n’y avait aucun « certain » là-dedans ; c’était un pivot radical, et exceptionnellement fertile pour les investisseurs.

Voyez, par exemple, Daniel Ek, cofondateur et PDG de Spotify, qui a dirigé un récent investissement de 600 millions d’euros dans la start-up allemande Helsing. La société, cofondée par un développeur de jeux vidéo et un ancien employé du ministère allemand de la Défense, fabrique des drones militaires et des logiciels d’IA pour systèmes d’armes et pour améliorer la prise de décision sur le champ de bataille. (Les abonnés de Spotify seront peut-être intéressés de savoir qu’en écoutant simplement, disons, Masters of War de Bob Dylan ou War Pigs de Black Sabbath, ils peuvent désormais contribuer au financement du commerce international d’armes.)

En juin, l’armée usaméricaine a lancé quelque chose appelé Executive Innovation Corps, décrit dans un communiqué de presse comme « une nouvelle initiative conçue pour fusionner expertise technologique de pointe et innovation militaire ». Dans le cadre du programme, quatre hauts dirigeants technologiques ont été versés dans la réserve de l’armée avec le grade de lieutenants-colonels. Les quatre nouveaux officiers étaient : le directeur technique de Palantir, Shyam Sankar ; le directeur technique de Meta, Andrew Bosworth ; le directeur des produits d’OpenAI, Kevin Weil ; et Bob McGrew, conseiller au Thinking Machines Lab, ancien directeur de la recherche d’OpenAI. [lire ici]

Les dirigeants technologiques ont prêté serment le vendredi 13 juin. Le lundi suivant, jour de la séance suivante de bourse, l’action Palantir a clôturé à un niveau record. Si vous voulez savoir à quoi pourrait ressembler une république technologique, oubliez le livre insipide d’Alexander Karp ; regardez plutôt ce qui est construit autour de vous, et combien cela ressemble peu à une quelconque république. Pensez aux temps difficiles, et à qui ils profitent.


Genocidio en Gaza: ¿Qué armas entrega Alemania a Israel?
Ignacio Rosaslanda en conversación con Shir Hever

 

Ignacio Rosaslanda, periodista de Junge Welt: Gracias por hablar hoy con nosotros. ¿Puedes presentarte brevemente, por favor?

Dr. Shir Hever: Con gusto. Me llamo Shir Hever. Soy investigador de la industria armamentística, de la industria militar israelí. Soy partidario del movimiento BDS. Originalmente soy de Jerusalén y ahora vivo en Alemania.

Ignacio Rosaslanda: Hoy estamos aquí en Leipzig. ¿Puedes explicarme un poco por qué es importante estar aquí hoy?

Dr. Shir Hever: Aquí existe la sospecha de que también desde el aeropuerto de Leipzig se envían armas a Israel. Eso todavía está en investigación, pero la protesta es contra todas las exportaciones de armas, no solo aquí en Leipzig. Hay protestas en toda Alemania. Es muy impresionante que tanta gente en Leipzig esté activa y comprometida contra los negocios de armas con Israel. Y vemos aquí, creo, a más de mil personas.
Ahora que Israel lleva a cabo un genocidio en Gaza, aproximadamente un tercio de las armas proviene de Alemania, y eso constituye una violación del derecho internacional.

Ignacio Rosaslanda: ¿Qué tipo de armas son las que Alemania envía a Israel?

Dr. Shir Hever: Alemania envía una gran variedad de armas: desde submarinos hasta drones, desde misiles antitanque hasta buques de guerra que bombardean Gaza. Muchas de esas armas se utilizan en Gaza. La mayoría de esas armas se usan en Gaza. Y según los acuerdos internacionales está prohibido llevar a cabo este comercio con Israel. No solo vender armas a Israel, sino también comprar armas a Israel o transportarlas hacia Israel. Y eso también lo hace Alemania. Alemania compra armas a Israel. Además, Alemania compra y transporta armas desde USA a través de la base aérea de Ramstein, por ejemplo, o en barcos alemanes.

Ignacio Rosaslanda: Hace algunas semanas estuvimos en Ulm, en la ciudad donde está la fábrica de Elbit. Aquí también tenemos a Rheinmetall. ¿Qué tan grande es la implicación de la industria alemana?

Dr. Shir Hever: Alemania en general es el cuarto o quinto mayor exportador de armas del mundo, mucho más grande incluso que Israel. Elbit Systems y también las otras dos grandes empresas de armamento israelí, IAI y Rafael, tienen filiales en Alemania. Y eso es muy importante para el ejército israelí. Venden armas a la Bundeswehr, pero también producen piezas de armas que envían a Israel. Y eso, naturalmente, está prohibido. Alemania debería prohibirlo. La declaración del canciller Merz debería aplicarse también a las filiales israelíes en Alemania, es decir, en Ulm y en otros lugares. Pero creo que los intereses de la industria armamentista alemana son tan fuertes que no es tan fácil detenerlos. Sin embargo, por otro lado, las personas que se benefician enormemente en grandes empresas alemanas como Rheinmetall, MTU o RENK tampoco quieren acabar en la cárcel, y si hacen algo completamente ilegal, ese será el resultado.

Ignacio Rosaslanda: Vemos todos los días imágenes de misiles destruyendo Gaza. ¿Cómo podemos saber si esas bombas, misiles o cohetes son de origen alemán?

Dr. Shir Hever: Es muy difícil saberlo, porque lo que hace Israel después de cada bombardeo es disparar proyectiles de 155 mm para destruir las huellas, de modo que no encontremos restos de los equipos. Pero a veces sí se encuentran. El 1 de julio de 2024 un periodista palestino fotografió un fragmento de un cohete. Había una pequeña pieza en la que se leía “Made in Germany"” Provenía de una empresa en Fulda. La empresa se llama Jumo. Producen sistemas de climatización. Pero ese regulador de presión de la climatización fue utilizado por Israel para un cohete, que no se usó en Gaza sino en Cisjordania, contra los campamentos de refugiados en Yenín. Y eso, por supuesto, está prohibido. Eso significa que esos reguladores deben clasificarse como productos de doble uso, y si la empresa Jumo sigue vendiéndolos, es ilegal: deben ser sancionados.

Ignacio Rosaslanda: ¿A partir de cuándo podría decirse que eso ocurre? ¿Es punible para esas personas, para las empresas, pero también para los políticos? ¿Qué necesitamos?

Dr. Shir Hever: Sí. Israel siempre ha afirmado que la ocupación es temporal, y entonces, según la Cuarta Convención de Ginebra, una ocupación militar está permitida por períodos cortos. Por supuesto, eso no es compatible con los asentamientos ilegales, pero el envío de armas era un tema separado.
Sin embargo, el 29 de diciembre de 2023 Sudáfrica demandó a Israel acusándolo de genocidio, y el 24 de enero de 2024 la CIJ dictó una orden: Israel debía cesar los actos prohibidos por la Convención contra el Genocidio. En el momento mismo en que Israel desobedeció esa orden —es decir, ya el 24 de enero de 2024— se generó la obligación para terceros Estados como Alemania de detener inmediatamente el suministro de armas. Desde ese momento Alemania viola el derecho internacional.
Además, hubo más pasos. Por ejemplo, el 19 de julio de 2024 la CIJ emitió un dictamen en el que declaró que la ocupación en sí misma es ilegal. Israel ya no puede decir que es temporal. No es temporal, debe terminar de inmediato, y los terceros Estados están obligados a imponer sanciones contra Israel y a detener las entregas de armas. Y lamentablemente Alemania también ignoró ese fallo.

Ignacio Rosaslanda: ¿Qué compra Alemania a Israel?

Dr. Shir Hever: Muchísimas cosas. Pero el negocio más grande es el sistema Arrow-3. Es un misil de defensa antiaérea que Israel produce para Alemania, contra posibles ataques con cohetes. Es un sistema no probado. No se sabe si funciona o no, pero Alemania estaba dispuesta a pagar ya 4.000 millones de euros por ese sistema. Es muchísimo dinero. Es la mayor exportación de armas en la historia de Israel. Y se firmó 10 días después de la famosa declaración del entonces ministro de Defensa israelí, Yoav Gallant, quien dijo que los palestinos eran “animales humanos” y que no recibirían agua, comida ni medicinas. Esa fue su declaración de genocidio. Diez días después, Alemania lo invitó: Boris Pistorius, ministro de Defensa, firmó con él el contrato del Arrow-3. Hay muchas otras armas que Israel vende a Alemania, pero la lista sería muy larga, lamentablemente.

Ignacio Rosaslanda: Bien. ¿Y por qué piensas que es importante que hoy estemos aquí en el aeropuerto?

Dr. Shir Hever: Creo que la declaración de Merz no hubiera sido posible si no se hubiera entendido que la opinión en Alemania está cambiando, que la mayoría en Alemania está en contra de las entregas de armas y contra el genocidio. Y cada presión que ejercemos tiene un efecto. Su declaración fue solo un primer paso, por supuesto insuficiente. Pero si seguimos protestando, marchando y manifestándonos, vendrán más pasos. Ya lo vemos en otros países. Alemania está muy rezagada respecto al resto del mundo, pero se va acercando. Ayer leí que el ministro de Exteriores de Países Bajos, Kaspar Veldkamp, dimitió del gobierno porque quería sanciones más duras contra Israel, que su gobierno no aceptó. Es decir, ellos querían sanciones más leves. Eso significa que ya llega hasta la frontera alemana, hasta Países Bajos. Alemania está en la mira.

Ignacio Rosaslanda: Muchas gracias.

Aeropuerto de Leipzig/Halle, 23-8-2025

Génocide à Gaza : quelles armes l'Allemagne fournit-elle à Israël ?
Entretien d'Ignacio Rosaslanda avec Shir Hever

 

Ignacio Rosaslanda, Journaliste de « Junge Welt » : Merci de nous parler aujourd'hui. Peux-tu te présenter très brièvement ?

Dr. Shir Hever : Avec plaisir. Je m'appelle Shir Hever. Je suis chercheur sur l'industrie de l'armement, l'industrie de l'armement israélienne. Je suis un soutien du mouvement BDS. Je suis originaire de Jérusalem et je vis maintenant en Allemagne.

Ignacio Rosaslanda : Aujourd'hui, nous sommes à Leipzig. Peux-tu m'expliquer un peu pourquoi il est important d'être ici aujourd'hui ?

Dr. Shir Hever : Il y a ici des soupçons selon lesquels des armes seraient également livrées à Israël depuis l'aéroport de Leipzig. C'est encore en cours de recherche, mais la protestation est partout contre toutes les livraisons d'armes, pas seulement ici à Leipzig. Il y a des protestations partout en Allemagne. C'est très impressionnant que tant de gens à Leipzig soient actifs et s'engagent contre les transactions d'armement avec Israël. Et nous voyons ici, je crois, plus de 1000 personnes.

Alors qu'Israël commet un génocide à Gaza, environ un tiers des armes proviennent d'Allemagne, et cela constitue une violation du droit international.

Ignacio Rosaslanda : Quelles sont ces armes que l'Allemagne envoie à Israël ?

Dr. Shir Hever : Il y a de très grandes quantités d'armes que l'Allemagne envoie, des sous-marins aux drones, en passant par les missiles antichars et les navires de guerre qui bombardent au gaz. Beaucoup de ces armes sont utilisées à Gaza. La plupart de ces armes sont utilisées à Gaza. Et selon les accords internationaux, il est interdit de mener ce commerce avec Israël. Non seulement vendre des armes à Israël, mais aussi acheter des armes à Israël ou transporter des armes vers Israël. L'Allemagne fait aussi cela. L'Allemagne achète aussi des armes à Israël. L'Allemagne achète et transporte des armes en provenance des États-Unis via l'aéroport de Ramstein, par exemple, ou sur des navires allemands.

Ignacio Rosaslanda : Nous étions à Ulm il y a quelques semaines, dans la ville où se trouve l'usine d'Elbit. Nous avons aussi Rheinmetall ici. Quelle est l'ampleur de l'implication industrielle ici en Allemagne ?

Dr. Shir Hever : L'Allemagne est globalement le quatrième ou cinquième plus grand exportateur d'armes au monde, donc bien plus important qu'Israël. Elbit Systems, ainsi que les deux autres grandes entreprises d'armement israéliennes, IAI et Rafael, ont des filiales en Allemagne. Et c'est très important pour l'armée israélienne. Elles vendent des armes à la Bundeswehr (armée allemande), mais elles produisent aussi des pièces d'armes qu'elles envoient en Israël. Et bien sûr, c'est interdit. L'Allemagne doit interdire cela. La déclaration de Merz devrait aussi s'appliquer aux filiales israéliennes en Allemagne, donc à Ulm et ailleurs. Mais je crois que les intérêts de l'industrie allemande de l'armement sont si forts qu'il n'est pas si simple de les arrêter. Mais d'un autre côté, les personnes qui veulent en tirer beaucoup de profit dans les grandes entreprises allemandes comme Rheinmetall, MTU ou RENK ne veulent pas non plus finir en prison, et s'ils font quelque chose de totalement illégal, ce sera le résultat.

Ignacio Rosaslanda : Nous voyons quotidiennement des images de roquettes qui détruisent Gaza. Comment pouvons-nous savoir si ces bombes, ces missiles ou ces roquettes sont d'origine allemande ?

Dr. Shir Hever : C'est très difficile à savoir parce qu'après chaque bombardement, Israël tire des obus de 155 mm pour détruire les traces, afin que nous ne trouvions pas les débris des équipements. Mais parfois, nous en trouvons quand même. Le 1er juillet 2024, un journaliste palestinien a photographié un morceau de roquette. Il y avait un petit morceau sur lequel était écrit "Made in Germany". Cela provenait d'une entreprise de Fulda. L'entreprise s'appelle Jumo. Ils produisent des climatiseurs. Mais ce régulateur de pression de la climatisation a été utilisé par Israël pour une roquette qui a été utilisée en Cisjordanie, pas à Gaza, contre les camps de réfugiés à Jénine, et c'est bien sûr interdit. Cela signifie que ces régulateurs de pression doivent être classés comme produits à double usage (Dual-Use), et cette entreprise Jumo, si elle continue à vendre ces produits, c'est illégal, elle doit alors être sanctionnée.

Ignacio Rosaslanda : À partir de quand peut-on dire qu'ils font cela ? Est-ce punissable pour ces personnes, pour les entreprises, mais aussi pour les politiciens ? De quoi avons-nous besoin ?

Dr. Shir Hever : Oui. Israël a toujours prétendu que l'occupation était à court terme, et puis selon la quatrième Convention de Genève, l'occupation militaire est autorisée pour de courtes périodes. Bien sûr, cela ne va pas avec les colonies illégales, mais la livraison d'armes était une question distincte. Mais maintenant, le 29 décembre 2023, l'Afrique du Sud a poursuivi Israël pour accusation de génocide, et le 24 janvier 2024, la CIJ (Cour Internationale de Justice) a donné une ordonnance : Israël doit cesser les actes relevant de la Convention sur le génocide. Et immédiatement, à la seconde où Israël a enfreint cet ordre, c'est-à-dire ne l'a pas suivi, dès le 24 janvier 2024, cela crée une obligation pour les États tiers comme l'Allemagne de stopper immédiatement les armes. Depuis ce moment, l'Allemagne viole le droit international.

De plus, il y a d'autres étapes. Par exemple, le 19 juillet 2024, la CIJ a rendu un avis consultatif stipulant que l'occupation en tant que telle est illégale. Israël ne peut plus dire que c'est seulement à court terme. Ce n'est pas à court terme, cela doit cesser immédiatement, et les États tiers sont obligés d'exercer des sanctions contre Israël et de stopper les livraisons d'armes. Et l'Allemagne a malheureusement aussi ignoré cet avis.

Ignacio Rosaslanda : Qu'est-ce que l'Allemagne achète à Israël ?

Dr. Shir Hever : Beaucoup de choses. Mais la plus grosse transaction est le système Arrow-3. C'est un missile de défense que produit Israël pour l'Allemagne, pour se défendre contre d'éventuelles attaques de missiles. C'est un système non testé. On ne sait pas si cela fonctionne ou non, mais l'Allemagne était prête à payer 4 milliards d'euros pour ce système. C'est très, très beaucoup. C'est la plus grande exportation d'armes de l'histoire d'Israël. Et cela a été signé 10 jours en octobre, après le fameux discours du ministre israélien de la Défense de l'époque, Yoav Gallant, qui a dit que les Palestiniens étaient des "bêtes humaines" et qu'ils n'auraient "pas d'eau, pas de nourriture, pas de médicaments". Donc c'était sa déclaration de génocide. 10 jours après, l'Allemagne l'a invité, Boris Pistorius, le ministre de la Défense, pour signer un contrat pour cet Arrow-3. Il y a beaucoup d'autres armes qu'Israël vend à l'Allemagne. Mais ce serait une longue liste, malheureusement.

Ignacio Rosaslanda : D'accord. Et pourquoi penses-tu qu'il est important que nous soyons ici aujourd'hui à l'aéroport ?

Dr. Shir Hever : Je pense que la déclaration de Merz n'aurait pas été possible s'il (le gouvernement) n'avait pas compris que l'opinion en Allemagne change, que la majorité en Allemagne est contre les livraisons d'armes et contre le génocide. Et donc chaque pression que nous exerçons produit un résultat. Sa déclaration n'était qu'une première étape, ce n'est bien sûr pas suffisant. Mais si nous continuons à protester, à marcher et à manifester, alors d'autres mesures viendront. Nous le voyons déjà dans d'autres pays. Donc l'Allemagne est très en retard sur le reste du monde ici, mais cela se rapproche de plus en plus. J'ai lu hier que le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, Kaspar Veldkamp, a quitté le gouvernement parce qu'il voulait des sanctions sévères contre Israël, ce que son gouvernement n'a pas accepté. Ils voulaient moins de sanctions. Cela signifie que cela arrive jusqu'à la frontière de l'Allemagne, jusqu'aux Pays-Bas. C'est au tour de l'Allemagne.

Ignacio Rosaslanda : Merci beaucoup.

Aéroport de Leipzig, 23/8/2025

Genocide in Gaza: What weapons is Germany supplying to Israel?
Interview of Shir Hever by Ignacio Rosaslanda

 


Ignacio Rosaslanda, Junge Welt Journalist: Thank you for talking with us today. Can you please introduce yourself very briefly?

Dr. Shir Hever: Gladly. My name is Shir Hever. I am a researcher of the arms industry, the Israeli arms industry. I am a supporter of the BDS movement. I am originally from Jerusalem and now I live in Germany.

Ignacio Rosaslanda: Today we are here in Leipzig. Can you explain a little why it is important to be here today?

Dr. Shir Hever: There is a suspicion here that weapons are also being delivered to Israel from the airport here in Leipzig. That is still under investigation, but the protest is everywhere against all weapon deliveries, not just here in Leipzig. There are protests all over Germany. It is very impressive that so many people in Leipzig are active and engaged against arms deals with Israel. And we see here, I believe, more than 1000 people.

Now, as Israel is carrying out a genocide in Gaza, approximately one third of the weapons come from Germany, and that is a violation of international law.

Ignacio What kind of weapons are these that Germany is sending to Israel?

Dr. Shir Hever: There are very large quantities of weapons that Germany sends, from submarines to drones, from anti-tank missiles to warships that bomb with gas. Many of these weapons are used in Gaza. Most of these weapons are used in Gaza. And according to international agreements, it is forbidden to conduct this trade with Israel. Not only to sell weapons to Israel, but also to buy weapons from Israel or to transport weapons to Israel. Germany does that too. Germany also buys weapons from Israel. Germany buys and transports weapons from the USA through the Ramstein airbase, for example, or on German ships.

Ignacio Rosaslanda: We were in Ulm a few weeks ago, in the town where the Elbit factory is. We also have Rheinmetall here. How big is the industry involvement here in Germany?

Dr. Shir Hever: Germany overall is the fourth or fifth largest arms exporter in the world, so much larger even than Israel. Elbit Systems and also the other two large Israeli arms companies, IAI and Rafael, have subsidiaries in Germany. And this is very important for the Israeli military. They sell weapons to the Bundeswehr (German armed forces), but they also produce parts for weapons that they send to Israel. And that is, of course, forbidden. Germany must prohibit that. The statement by (German chancellor) Merz should also apply to the Israeli subsidiaries in Germany, meaning in Ulm and elsewhere. But I believe that the interests of the German arms industry are so strong that it is not so easy to stop them. But on the other hand, the people who want to profit greatly from this in large German companies like Rheinmetall, MTU, or RENK also don't want to end up in prison, and if they do something completely illegal, that will be the result.

Ignacio Rosaslanda: We see images every day of rockets destroying Gaza. How can we know if those bombs or those missiles or those rockets are of German origin?

Dr. Shir Hever: Well, that is very difficult to know because what Israel does after every bombardment is fire 155mm shells to destroy the traces, so that we cannot find the scraps of the devices. But sometimes we still find them. On July 1, 2024, a Palestinian journalist photographed a piece of a rocket. There was a small piece that said "Made in Germany". It was from a company in Fulda. The company is called Jumo. They produce air conditioners. But this pressure regulator from the air conditioner was used by Israel for a rocket that was used in the West Bank, not in Gaza, against the refugee camps in Jenin, and that is of course forbidden. This means these pressure regulators must be classified as dual-use products, and this company Jumo, if it continues to sell these products, it is illegal, they must then be punished.

Ignacio Rosaslanda: From when can one say that they are doing this? Is it punishable for these people, for the companies, but also for the politicians? What do we need?

Dr. Shir Hever: Yes. Well, Israel has always claimed the occupation is short-term, and then according to the Fourth Geneva Convention, military occupation is allowed for short periods. Of course, that doesn't work with the illegal settlements, but the weapon deliveries were a separate matter. But now, on December 29, 2023, South Africa sued Israel with the accusation of genocide, and on January 24, 2024, the ICJ (International Court of Justice) gave an order: Israel must stop the acts under the Genocide Convention. And immediately, in the second that Israel broke this order, meaning did not follow it, already on January 24, 2024, that creates an obligation for third countries like Germany to stop the weapons immediately. Since that moment, Germany is breaking international law.

Furthermore, there are additional steps. For example, on July 19, 2024, the ICJ wrote an advisory opinion that the occupation as such is illegal. Israel can no longer say it is only short-term. It is not short-term, it must be ended immediately, and third countries are compelled to impose sanctions against Israel and to stop weapon deliveries. And Germany has unfortunately ignored this ruling as well.

Ignacio Rosaslanda: What does Germany buy from Israel then?

Dr. Shir Hever: Many things. But the biggest deal is the Arrow-3 system. That is a defense missile that Israel produces for Germany, for Germany against potential missile attacks. It is an untested system. It is not known if it works or not, but Germany was already prepared to pay 4 billion euros for this system. That is very, very much. It is the largest arms export in Israel's history. And it was signed 10 days in October, after the famous speech by the then Israeli Defense Minister, Yoav Gallant, who said that Palestinians were "human animals" and would get "no water, no food, no medicine." So that was his declaration of genocide. 10 days later, Germany invited him, Boris Pistorius, the Defense Minister, to sign a deal for this Arrow-3. There are many other weapons that Israel sells to Germany. But that would be a long list, unfortunately.

Ignacio Rosaslanda: Okay. And why do you think it is important that we are here today at the airport?

Dr. Shir Hever: I believe that the declaration from Merz would not have been possible if he (the government) had not understood that public opinion in Germany is changing, that the majority in Germany is against the weapon deliveries and against the genocide. And so every pressure that we exert has a result. His declaration was only a first step, it is of course not enough. But if we continue to protest, continue to march and demonstrate, then further steps will come. We already see this in other countries. So Germany is very far behind the rest of the world here, but it is getting closer and closer. I read yesterday that the Foreign Minister of the Netherlands, Kaspar Veldkamp, resigned from the government because he wanted sharp sanctions against Israel, which his government did not accept. They wanted fewer sanctions. That means it is coming to Germany's border, to the Netherlands. Germany is next.

Ignacio Rosaslanda: Thank you very much.

Leipzig-Halle Airport, 30/8/2025

Genozid in Gaza: Welche Waffen liefert Deutschland an Israel?
Ignacio Rosaslanda im Gespräch mit Shir Hever

 

Ignacio Rosaslanda, Journalist der „Jungen Welt“: Danke, dass du mit uns heute redest. Äh, kannst du dich bitte ganz kurz vorstellen?

Dr. Shir Hever: Gerne. Ich heiße Shir Hever. Ich bin Forscher der Rüstungsindustrie, israelische Rüstungsindustrie. Ich bin Unterstützer der BDS-Bewegung. Ich komme ursprünglich aus Jerusalem und jetzt wohne ich in Deutschland.

Ignacio Rosaslanda : Heute sind wir hier in Leipzig. Kannst du mir ein bisschen erklären, warum ist wichtig heute hier zu sein?

Dr. Shir Hever: Es gibt hier einen Verdacht, dass am Flughafen hier in Leipzig auch Waffen nach Israel geliefert werden. Das ist noch in Recherche, aber der Protest ist überall gegen alle Waffenlieferungen, nicht nur hier in Leipzig. Es gibt Proteste überall in Deutschland. Das ist sehr beeindruckend, dass so viele Menschen in Leipzig aktiv sind und engagieren gegen Rüstungsgeschäfte mit Israel. Und wir sehen hier, ich glaube, mehr als 1000 Leute.

Jetzt als Israel einen Völkermord in Gaza führt, kommt ungefähr ein Drittel der Waffen aus Deutschland, und das ist ein Verstoß gegen das internationale Völkerrecht.

Ignacio Rosaslanda : Was für Waffen sind das, die Deutschland nach Israel schickt?

Dr. Shir Hever: Es gibt sehr viele Mengen von Waffen, die Deutschland schickt, von U-Booten bis zu Drohnen, von Panzerabwehrraketen bis zu Kriegsschiffen, die Gas bombardieren. Viele von diesen Waffen sind in Gaza benutzt. Die meisten von den Waffen sind in Gaza benutzt. Und laut internationalen Abkommen ist es verboten, diesen Handel mit Israel zu führen. Nicht nur die Waffen nach Israel zu verkaufen, sondern auch Waffen aus Israel zu kaufen oder Waffen nach Israel zu transportieren. Das macht Deutschland auch. Deutschland kauft auch Waffen von Israel. Deutschland kauft und transportiert Waffen aus den USA durch den Ramstein-Flughafen zum Beispiel oder auf deutschen Schiffen.

Ignacio Rosaslanda : Wir waren vor einigen Wochen in Ulm, in der Stadt, wo die Elbit-Fabrik ist. Wir haben auch hier Rheinmetall. Wie groß ist die Industriebeteiligung hier in Deutschland?

Dr. Shir Hever: Deutschland überhaupt ist der vierte oder fünftgrößte Waffenexporteur der Welt, also viel größer sogar als Israel. Die Elbit Systems und auch die anderen zwei großen Rüstungsfirmen in Israel, IAI und Rafael, haben Tochterfirmen in Deutschland. Und das ist sehr wichtig für die israelische Armee. Sie verkaufen Waffen an die Bundeswehr, aber auch produzieren Teile von Waffen, die sie nach Israel schicken. Und das ist natürlich verboten. Deutschland muss das verbieten. Die Erklärung von Merz soll auch für die israelischen Tochterfirmen in Deutschland gelten, also in Ulm und anderswo. Aber ich glaube, dass die Interessen der deutschen Rüstungsindustrie so stark sind, dass es nicht so einfach ist, sie zu stoppen. Aber andererseits, die Menschen, die davon sehr viel profitieren wollen bei großen deutschen Firmen wie Rheinmetall oder MTU oder RENK, sie wollen auch nicht im Gefängnis landen, und wenn sie etwas komplett illegal machen, das wird das Ergebnis sein.

Ignacio Rosaslanda : Wir sehen jeden Tag Bilder von Raketen, die Gaza zerstören. Wie können wir wissen, ob das diese Bomben oder diese Missiles oder diese Raketen von deutscher Herkunft sind?

Dr. Shir Hever: Also, das ist sehr schwer zu wissen, weil was Israel macht nach jedem Bombardement: Sie schießen die 155-mm-Granaten, um die Spuren zu zerstören, sodass wir die Schrotte von Geräten nicht finden. Manchmal aber finden wir doch. Am 1. Juli 24 hat ein palästinensischer Journalist ein Stück von einer Rakete fotografiert. Dort gab es ein kleines Stück, auf dem steht "Made in Germany". Das war von einer Firma in Fulda. Die Firma heißt Jumo. Sie produzieren Klimaanlagen. Aber dieser Druckregler von der Klimaanlage wurde von Israel benutzt für eine Rakete, die im Westjordanland, nicht in Gaza, benutzt wurde gegen die Flüchtlingslager in Jenin und das ist natürlich verboten. Das bedeutet, diese Druckregler müssen als Dual-Use, also Doppelzweck-Produkte, bestuft werden, und diese Firma Jumo, wenn sie weiter diese Produkte verkauft, das ist illegal, sie müssen dann bestraft werden.

Ignacio Rosaslanda : Ab wann würde man sagen können, dass sie das machen? Ist es strafbar für diese Leute, für die Firmen, aber auch für die Politiker? Was brauchen wir?

Dr. Shir Hever: Ja. Also, Israel hat immer behauptet, die Besatzung ist kurzfristig, und dann ist laut der vierten Genfer Konvention militärische Besatzung erlaubt für kurze Fristen. Natürlich geht das nicht mit den illegalen Siedlungen, aber die Waffenlieferung war eine eigenständige Sache. Jetzt aber hat am 29. Dezember 23 Südafrika Israel geklagt mit dem Vorwurf von Völkermord, und am 24. Januar 24 hatte der IGH einen Befehl gegeben: Israel muss aufhören mit den Akten unter der Konvention gegen Völkermord. Und sofort, in der Sekunde, dass Israel diesen Befehl gebrochen hat, also nicht gefolgt ist, schon am 24. Januar 24, das verursacht eine Verpflichtung an Drittstaaten wie Deutschland, die Waffen sofort zu stoppen. Seit diesem Moment bricht Deutschland gegen das internationale Völkerrecht.

Dazu gibt es aber weitere Schritte. Zum Beispiel am 19. Juli 24 hat der IGH ein Gutachten geschrieben, dass die Besatzung als solche ist illegal. Israel darf nicht mehr sagen, das ist nur kurzfristig. Das ist nicht kurzfristig, das muss sofort beendet werden, und Drittstaaten sind gezwungen, Sanktionen zu üben gegen Israel und Waffenlieferungen zu stoppen. Und Deutschland hat leider dieses Urteil auch ignoriert.

Ignacio Rosaslanda : Was kauft Deutschland denn von Israel?

Dr. Shir Hever: Sehr viele Sachen. Aber das größte Geschäft ist das Arrow-3-System. Das ist eine Abwehrrakete, die Israel produziert an Deutschland für Deutschland gegen mögliche Raketenangriffe. Das ist ein ungetestetes System. Man weiß nicht, ob das funktioniert oder nicht, aber Deutschland war bereit, schon 4 Milliarden Euro für dieses System zu bezahlen. Das ist sehr, sehr viel. Das ist der größte Rüstungsexport in der Geschichte Israels. Und das war unterschrieben 10 Tage im Oktober, nach der berühmten Rede vom israelischen Verteidigungsminister damals, Joav Galant, der sagte, dass Palästinenser in ihnen menschliche Tiere seien und bekommen kein Wasser, kein Nahrungsmittel, keine Medikamente. Also das war seine Erklärung auf Völkermord. 10 Tage danach hat Deutschland ihn eingeladen, Boris Pistorius, Verteidigungsminister, um ein Geschäft für dieses Arrow-3 zu unterschreiben. Es gibt noch viele andere Waffen, die Israel an Deutschland verkauft. Aber das wäre eine große Liste, leider.

Ignacio Rosaslanda : Okay. Und warum denkst du, das ist wichtig, dass wir heute hier sind am Flughafen?

Dr. Shir Hever: Ich glaube, dass die Erklärung von Merznicht möglich wäre, wenn er nicht verstanden hätte, dass die Meinung in Deutschland sich ändert, dass die Mehrheit in Deutschland ist gegen die Waffenlieferungen und gegen den Völkermord. Und wenn er also jeden Druck, den wir aufbauen, hat ein Ergebnis. Seine Erklärung war nur ein erster Schritt, das ist natürlich nicht genug. Aber wenn wir weiter protestieren, weiter marschieren und demonstrieren, dann werden weitere Schritte kommen. Wir sehen das schon in anderen Länder. Also Deutschland ist sehr hinter der ganzen Welt hier, aber das kommt näher und näher. Ich habe gestern gelesen, der Außenminister von Niederlande, Kaspar Veldkamp, ist aus der Regierung ausgetreten, weil er wollte scharfe Sanktionen gegen Israel, die seine Regierung nicht akzeptiert hat. Also, sie wollten weniger Sanktionen. Das heißt, das kommt bis zur Grenze von Deutschland, bis zu den Niederlanden. Deutschland ist dran.

Ignacio Rosaslanda : Vielen Dank.

Flughafen Leipzig/Halle, 23-8-2025