المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

05/01/2025

Le “mualem”de la police israélienne en Cisjordanie de nouveau arrêté pour entrave à l’enquête sur ses agissements


Josh Breiner, Haaretz, 2/1/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le commandant Avishai Mualem [le bien nommé : son patronyme signifie “patron” en arabe, NdT] doit répondre de plusieurs chefs d’accusation, dont la divulgation d’informations classifiées au ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, des tentatives de corruption et l’obstruction à une enquête sur ses agissements.

Le général AvishaI Mualem au tribunal de première instance de Jérusalem, jeudi . Photo: Olivier Fitoussi

Un officier supérieur du commandement de la police israélienne en Cisjordanie, soupçonné d’avoir divulgué des informations classifiées au ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, a été arrêté à nouveau jeudi, soupçonné d’entrave à l’enquête et d’abus de position.

Les autorités soupçonnent le commandant Avishai Mualem, officier supérieur du district de Judée et Samarie de la police, d’avoir demandé à l’un de ses subordonnés, alors qu’il était suspendu de ses fonctions, d’extraire des documents des systèmes de la police et de les lui remettre afin de l’aider dans sa défense.


Le chef de la police israélienne en Cisjordanie, Avishai Mualem, au centre, l’année dernière à Jérusalem. Photo: Olivier Fitoussi.

L’unité du ministère de la Justice chargée d’enquêter sur les fautes de la police demandera sa libération sous conditions restrictives au tribunal de première instance de Jérusalem jeudi.

Mualem est soupçonné de multiples infractions pénales, notamment de ne pas avoir empêché un crime, d’avoir tenté de recevoir un pot-de-vin, d’avoir fraudé et d’avoir commis un abus de confiance.

Il a été arrêté en décembre, soupçonné d’avoir ignoré des informations sur le terrorisme juif en échange d’une promotion de Ben-Gvir au grade de général de brigade.

Mualem aurait également transmis des informations classifiées au bureau de Ben-Gvir. Dans le cadre de l’enquête, le commissaire de l’administration pénitentiaire israélienne, Kobi Yaakobi, a été arrêté pour obstruction à l’enquête.


Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le chef de l’administration pénitentiaire Kobi Yaakobi lors d’un événement à Tel Aviv en décembre 2024. Photo : Moti Milrod

Yaakobi aurait informé Mualem d’une enquête secrète en cours à son sujet, un détail découvert grâce aux écoutes téléphoniques de Mualem. Yaakobi a depuis été de nouveau interrogé, mais il conserve son rôle de chef des prisons.

Mercredi, Haaretz a rapporté que Mualem est également soupçonné d’avoir tenté d’accepter un pot-de-vin de la part d’une personne souhaitant obtenir de l’aide pour faire avancer ses dossiers au sein de la police.

Le suspect aurait proposé de transférer des milliers de shekels à la femme de Mualem, dont l’entreprise est confrontée à des difficultés financières, en échange de l’aide de Mualem profitant de ses fonctions.

Les autorités soupçonnent Mualem d’avoir ignoré des informations sur un projet de crime ayant des implications en matière de sécurité dans le cadre de cet arrangement, mais l’affaire n’a pas abouti et Mualem n’a pas aidé l’individu.


GIDEON LEVY
“Sale nazi” : attaqué pour avoir dénoncé les crimes de guerre commis par Israël à Gaza

Gideon Levy, Haaretz  , 5/1/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


Etzel Haturki (Chez le Turc) est un restaurant de chawarma bien connu dans la ville d’Or Yehuda, au centre d’Israël, et il n’y a rien de turc là-dedans : il a l’air simple, bien qu'il ne soit pas si bon marché, avec un hôte à l’entrée et de longues files de clients venus de près ou de loin pour se régaler. Le service militaire de mon fils l’a amené au restaurant à l’époque, et depuis, il adore y manger.


Vendredi après-midi, nous y sommes retournés, mais une agitation s’est rapidement déclenchée. Cela a commencé par des jurons bruyants et s’est terminé par l’encerclement de notre table par un groupe effrayant. « Si seulement tu pouvais t’étouffer avec la nourriture et mourir », ont-ils commencé, « pourquoi vous lui donnez à manger ici ?”, ont-ils poursuivi, et “s’il n’y avait pas de caméras ici, on te casserait la gueule”, pour finir.

« Regardez qui mange ici », lance l’homme aux passants, qui se tiennent en cercle, regardant le diable qui est venu en ville. L’homme s’est approché de la table, sa fureur augmentant, et la violence a été très près d’exploser. Nous sommes partis au son des malédictions qui nous ont accompagnés jusqu’à la voiture, « niquez la mère de tous ceux qui mangent avec le nazi », ont-ils crié à mon fils.

Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, ce n’est pas nouveau. Mais une phrase a été lancée, plus d’une fois, que je n’avais jamais entendue auparavant : « Tu es un nazi parce que tu te soucies des enfants de Gaza ».

À Or Yehuda, le nazisme a reçu une nouvelle définition : un nazi est quelqu’un qui se soucie des enfants de Gaza. Alors que la famine, le siège, les pénuries, la destruction, le nettoyage ethnique et le génocide dans la bande de Gaza sont définis dans le monde entier comme ayant des caractéristiques nazies, les choses à Or Yehuda sont exactement le contraire.

Un nazi est quelqu’un qui se préoccupe de la victime. Quiconque se soucie des enfants de Gaza ne mangera pas à Or Yehuda et n’osera pas s’approcher d’Or Yehuda - une ville dont une rue porte le nom de Yoni Netanyahu*, dont un restaurant s’appelle Mifgash Entebbe et dont une rue portait autrefois le nom de l’amante du maire.

Tout au long de cette guerre, j’ai été moins confronté à la violence et aux menaces qu’à l’accoutumée. L’arène s’est déplacée vers « Netanyahou, oui ou non » et la bataille pour la libération des otages. La télévision, même dans les émissions soi-disant les plus éclairées, n’apporte jamais d’opinion alternative ou de voix qui s’opposent aux crimes de guerre, et ce faisant, elle facilite la tâche de ceux qui sont choqués par les actions d’Israël - une poignée d’opposants qui, cette fois, sont plus à l’abri de la fureur des masses, parce que leur voix est réduite au silence et exclue du débat. Mais ce silence est dangereux.

Il n’y a jamais eu ici de guerre sans opposition, au moins dans ses phases les plus avancées et les plus criminelles. Ces guerres ont toujours commencé avec un soutien sans faille, et même avec enthousiasme au sein de la communauté juive, jusqu’à ce que les fissures s’ouvrent et que les questions surgissent.

La première guerre du Liban en est le meilleur exemple, mais les opérations Plomb durci et Bordure protectrice à Gaza (en 2008 et 2014) ont également suscité une opposition à un moment ou à un autre, et leurs voix ont été entendues.

Mais pas cette fois-ci. Cette guerre, la plus longue que l’État d’Israël ait jamais connue, est aussi celle qui a fait l’objet du plus grand consensus - du moins dans le débat public qui l’entoure.

Les manifestants veulent un accord sur les otages, les opposants veulent un cessez-le-feu, voire la fin de la guerre, mais seulement pour le bien des otages et des soldats tués.

Les victimes de Gaza ne sont pas du tout évoquées, et quiconque tente de les mentionner est un nazi, du moins à Or Yehuda.

Le lavage de cerveau et l’aveuglement ont atteint des niveaux records que nous n’avions jamais connus auparavant. Le « dessoûlement » de nos nombreux et meilleurs - qui sont en réalité si peu nombreux, si tant est qu’il y en ait un qui ait dessoûlé - a créé une illusion selon laquelle le conflit est profond et la société est plus divisée que jamais.

Mais elle n’est pas du tout divisée, Israël est uni dans son soutien absolu à Tsahal, même si les crimes de guerre s’accumulent, et au droit illimité d’Israël, après le 7 octobre, de faire ce qu’il veut à Gaza.

En pratique, Israël n’a jamais été aussi uni qu’au début de l’année 2025, malgré tous les bruits de fond et les fausses lamentations sur la « polarisation du peuple ». Nous ne devons jamais, au grand jamais, perturber ce nouvel ordre merveilleux. Quiconque tente de le faire est un nazi.

Lorsque nous sommes finalement arrivés à la voiture, mon fils et moi, un jeune homme sympathique s’est approché de moi et m’a demandé une bénédiction. Il m’a dit que quelqu’un qui ne répond pas aux insultes et aux menaces est considéré comme quelqu’un d’exceptionnel. Il m’a demandé de lui donner une bénédiction pour qu’il trouve bientôt une bonne épouse, ce que j’ai fait. J’étais heureux de l’aider.

NdT

* Yonatan Netanyahou, frère aîné de Bibi, commandant des forces spéciales, tué à Entebbe en Ouganda lors d’un affrontement avec des combattants palestiniens et allemands ayant détourné un avion. Héros national sioniste.