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09/02/2023

CRISTINA MARTÍNEZ
Première visite en quatre ans à Mohamed Lamine Haddi, prisonnier politique sahraoui.

Cristina Martínez, Mouvement pour les prisonniers politiques sahraouis (MPPS), 8-2-2023

Mohamed Lamine Haddi, un prisonnier politique du groupe de Gdeim Izik, a été condamné par le Maroc à 25 ans de prison lors d'un procès entaché d'irrégularités de procédure.


Outre les tortures avant le procès, Mohamed Lamine souffre de conditions de détention dramatiques. Il est placé à l'isolement depuis septembre 2017. Il ne reçoit pas de soins médicaux malgré ses multiples affections, même lorsqu'il a organisé, entre autres, deux impressionnantes grèves de la faim de 69 et 63 jours au cours de la même année 2021. Pas même à ces moments-là, on n'a permis à sa famille de lui rendre visite : elle avait parcouru 1 300 km pour savoir s'il était vivant ou mort, car ils ne pouvaient pas communiquer avec lui et n'avaient aucune nouvelle.

Hier, le 7 février, il a reçu sa première visite en quatre ans. Son frère Mohamed Ali lui a rendu visite et ne l'a pas reconnu, tant son apparence s'est dégradée. Il est très maigre, ses traits et sa structure physique ont changé. Son état d'esprit est aussi malade que son corps.

La visite a duré moins de quinze minutes. Le frère a voyagé d'El Ayoun à la tristement célèbre prison de Tiflet 2, pour n'avoir le droit de le voir qu'un quart d'heure après quatre ans. Pendant ce temps, Mohamed Lamine toussait, il avait l'air malade. Il n'avait pas le droit à une assistance médicale, ni à ce moment-là ni jamais.

Après la première grande grève de la faim qui s'est terminée le 22 mars 2021, il a souffert d'une « paralysie partielle du côté gauche, de tremblements dans les jambes, de la sensation d'avoir une pierre dans la main gauche, de pertes de mémoire et de douleurs sévères à l'estomac et aux reins ». Tout cela n'a pas été traité et n'a pas été soigné, et la grève de la faim a entraîné des complications qui l'accompagnent toujours, telles que, comme la famille continue de l'énumérer, « l'énurésie, des brûlures d'estomac, le syndrome du côlon irritable, des vomissements et des nausées en raison de la pourriture de la cellule, de la toilette à côté de laquelle où il dort, et de graves douleurs à la tête et aux articulations dues à la torture, ainsi qu'une mauvaise vision de l'œil gauche en raison du coup qu'il a reçu le 15 mars 2022. Il a très mal à l'oreille gauche, d'où sort du pus ». Une fois encore, l'administration pénitentiaire lui refuse la visite du médecin.

Son frère lui a apporté des livres, des stylos et du miel, mais les gardiens de la prison ne lui ont pas permis de les lui remettre.

Les photos que nous avons de Mohamed Lamine datent de plus de 12 ans. Ce jeune homme beau, souriant, courageux, correspondant radio de la RASD, amoureux de la vie et de la cause sahraouie, n'existe plus. À sa place se trouve un homme malade, âgé, déformé et rongé par la torture, les grèves, la maladie, la solitude et le désespoir. La souffrance de 12 ans s'est matérialisée dans un corps dégradé.

Des souffrances qui ont été gravées sur tous les membres de la famille. Parmi eux, la mère, Munina, qui est allée le voir et s'est retrouvée en détention, et qui a propagé la cause de Mohamed Lamine jusqu'à ce que son autre fils, Ahmed, soit emprisonné pour acheter le silence de la famille ; la sœur, Tfarah, qui a fait trois fausses couches, dont deux lorsque Mohamed Lamine a fait deux grèves de la faim. L'horreur d'une grève de la faim de 69 jours et d'une autre de 63 jours est insupportable, inimaginable. D'autant plus pour la famille qui ne pouvait ni le voir ni lui parler, qui n'avait aucune nouvelle, qui ne savait pas s'il était vivant ou mort. Le troisième avortement a eu lieu lorsque son frère Ahmed a été arrêté.

La violation des droits humains par le Maroc vient d'être condamnée par l'Union européenne (avec quelques exceptions déshonorantes : le PSOE a voté contre, le PP s'est abstenu). Plus précisément, la cruauté du Maroc envers les prisonniers politiques sahraouis est notoire, mais il est nécessaire de personnaliser l'histoire de la torture pour découvrir la véritable dimension de la cruauté du Maroc envers les innocents et sans défense. Le cas de Mohamed Lamine Haddi est significatif.

Dans deux semaines, cela fera cinq ans que Mohamed El Ayoubi, un autre prisonnier de Gdeim Izik, est décédé, le 21 février 2018, des séquelles des tortures et des négligences médicales qu'il avait subies en prison. Sa mort n'a servi à rien. Personne n'a pris de mesures pour s'assurer que cela ne se reproduise pas.

 

CRISTINA MARTiNEZ
Primera visita en cuatro años a Mohamed Lamine Haddi, preso político saharaui

Cristina Martínez, Movimiento por los Presos Políticos Saharauis (MPPS),  8-2-2023

Mohamed Lamine Haddi, preso político del grupo de Gdeim Izik, fue sentenciado por Marruecos a 25 años de prisión en un juicio plagado de irregularidades procesales.

Aparte de las torturas previas al juicio, Mohamed Lamine sufre unas condiciones carcelarias dramáticas. Desde septiembre de 2017 está en aislamiento. No recibe atención médica a pesar de sus múltiples dolencias ni siquiera cuando protagonizó, entre otras, dos huelgas de hambre impresionantes de 69 y 63 días en el mismo año de 2021. Tampoco en esos momentos permitieron la visita de la familia que se había desplazado 1.300 km para saber si estaba vivo o muerto porque no podían comunicarse con él ni tenían noticias.

Ayer, 7 de febrero, recibió la primera visita después de 4 años. Le ha visitado su hermano Mohamed Alí y no le ha reconocido, tanto se ha deteriorado su aspecto. Está muy delgado, le han cambiado los rasgos y la estructura física. Su estado de ánimo está tan enfermo como su cuerpo.

Menos de quince minutos duró la visita. El hermano viajó desde El Aaiún hasta la infame cárcel de Tiflet 2, para que sólo le permitieran estar un cuarto de hora con él tras cuatro años. Durante ese tiempo Mohamed Lamine estuvo tosiendo; se le veía enfermo. Sin derecho a asistencia médica, ni en esos momentos ni nunca.

Tras la primera gran huelga de hambre que terminó el 22 de marzo de 2021, sufría de “parálisis parcial en el lado izquierdo, temblores en las piernas, sensación de tener una piedra en la mano izquierda, pérdida de la memoria y dolor severo en el estómago y los riñones”. Todo esto no se trató ni se curó, y la huelga de hambre resultó en complicaciones que todavía lo acompañan, como, según sigue enumerando la familia, “enuresis, acidez estomacal, síndrome del intestino irritable, vómitos y nauseas como resultado de la podredumbre de la celda, que es un retrete junto al que duerme, y fuertes dolores en la cabeza y articulaciones producto de las torturas, así como mala visión en el ojo izquierdo por el golpe que recibió el 15 de marzo de 2022. Le duele mucho el oído izquierdo de donde sale pus”. También en este caso la administración penitenciaria le niega una visita del médico.

El hermano le llevaba libros, bolígrafos y miel, pero los carceleros no permitieron su entrega.

Las fotos que tenemos de Mohamed Lamine son de hace más de 12 años. Ese joven guapo, sonriente, valiente, corresponsal de radio de la RASD, enamorado de la vida y de la causa saharaui, ya no existe. En su lugar hay un enfermo avejentado, deformado y consumido por la tortura, las huelgas, la enfermedad, la soledad, la falta de esperanza. El sufrimiento de 12 años materializado en un cuerpo degradado.

Sufrimiento que se ha venido clavando en todos los miembros de la familia. Entre ellos, la madre, Munina, que le fue a visitar y acabó detenida, y que difundió con ahínco la causa de Mohamed Lamine hasta que encarcelaron a su otro hijo, Ahmed, para comprar el silencio de la familia; la hermana, Tfarah, que lleva tres abortos espontáneos, dos ocurridos cuando Mohamed Lamine entró dos veces en huelga de hambre. El horror de una huelga de hambre de 69 días y de otra de 63 es algo inasumible, inimaginable. Tanto más para la familia que no podía ni verle ni hablarle ni tenía noticias, que no sabía si estaba vivo o muerto. El tercer aborto sucedió cuando arrestaron a su hermano Ahmed.

La vulneración de los derechos humanos por Marruecos acaba de ser reprobada por el Parlamento Europeo (con algunas deshonrosas excepciones: el PSOE se opuso, el PP se abstuvo). Más concretamente, es notorio el ensañamiento de Marruecos con los presos políticos saharauis, pero es preciso personalizar el relato de la tortura para descubrir la verdadera dimensión de la crueldad de Marruecos con los inocentes e indefensos. El caso de Mohamed Lamine Haddi es significativo.

Dentro de dos semanas se cumplirán 5 años del fallecimiento, un 21 de febrero de 2018, de Mohamed El Ayoubi, otro preso de Gdeim Izik, por las secuelas de las torturas y la negligencia médica que había padecido en la cárcel. Su muerte no sirvió de nada. Nadie ha tomado medidas para que esto no se repita.

SERGIO RODRIGUEZ GELFENSTEIN
Les boulettes de Borrell, une expression transparente de la pourriture européenne

Sergio Rodríguez Gelfenstein , 8/2/2023
Original :
Los desatinos de Borrell, expresión transparente de la putrefacción europea
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Mardi 7 février, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est senti obligé de répondre à une affirmation du Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, concernant deux pays que le ministre russe des Affaires étrangères avait visités lors de sa tournée en Afrique. Dans son discours d’ouverture de la conférence du Service européen d’action extérieure sur la manipulation de l’information et l’ingérence étrangères, Borrell a affirmé que la tournée du ministre russe des Affaires étrangères au Mali et en Érythrée était possible parce que ces pays étaient « faciles pour eux, mais d’autres pas ne sont pas si faciles », ce qui dénote une forte connotation colonialiste, discriminatoire et raciste que ni Borrell ni la “diplomatie” européenne ne peuvent cacher.


Face à l’opinion catégorique de l’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, Lavrov a souligné que ces déclarations reflètent « des instincts néocoloniaux qui ne s’éteindront pas et empêchent clairement » l’Occident de comprendre les réalités du monde moderne. Il a également suggéré aux pays européens d’être “plus modestes”.

On pourrait se demander s’il s’agit d’un lapsus ou d’une mauvaise interprétation des propos de Borrell. La réponse catégorique est non. De tels points de vue sont une combinaison d’arrogance coloniale et d’arrogance impériale mêlée à une forte dose d’ignorance structurelle et d’idiotie mentale. Un mélange sans aucun doute très explosif en effet.

Passons en revue quelques perles émanant des neurones atrophiés du “socialiste” Borrell, de peur que l’on dise que - bien que je ne sois pas catholique - je viole le 8e  commandement qui dit : « Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain. ».

En novembre 2018, alors qu’il était encore ministre des Affaires étrangères du gouvernement espagnol, Borrell a assuré lors d’un forum organisé par l’université Complutense que le « niveau d’intégration politique plus élevé » des USA était dû au fait qu’ »ils ont très peu d’histoire derrière eux », celle-ci se limitant à « tuer quatre Indiens ». Le gouvernement américain n’a pas pipé mot, donnant une approbation tacite à cette déclaration.

Plus tard, le 12 novembre 2021, dans un souci d’originalité, Borrell a tenté d’esquisser une proposition de politique étrangère et de sécurité pour l’Europe, en rédigeant un article intitulé « Une boussole stratégique pour l’Europe », dans lequel il indique que « la sphère politique de l’UE se rétrécit et nos valeurs libérales sont de plus en plus remises en question. Dans la “bataille des récits”, l’idée que les valeurs universelles ne sont en fait que des constructions occidentales a gagné du terrain. L’ancienne hypothèse selon laquelle la prospérité économique conduirait toujours au développement démocratique a été réfutée ».

Ces mots sonnent comme un hymne à la défaite et à l’échec de ses propres préceptes de valeur. Cela explique peut-être son recours à la violence, à la guerre, aux sanctions et aux blocus comme instruments pour imposer ses “valeurs libérales” par tous les moyens.


Plus récemment, et déjà dans le contexte de l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, la bave inculte et malavisée de Borrell a pris un caractère de cascade, menaçant désormais le monde entier. Le 26 août de l’année dernière, lors de la session finale des cours d’été de l’Université internationale Menéndez Pelayo de Madrid, il a déclaré : « La guerre est à un moment décisif et ce n’est plus la Russie qui prend l’initiative en ce moment, la Russie a déjà perdu la guerre ».

Six mois plus tard, avec plus de 120 000 km² de territoire récupéré par la Russie (près de 20 % de la superficie totale de l’Ukraine), 165 052 morts parmi les soldats ukrainiens, les formateurs et les soldats et mercenaires de l’OTAN, 234 000 blessés, 302 avions, 212 hélicoptères, 2 750 drones, 6 320 chars et véhicules blindés, 7 360 systèmes d’artillerie et 497 systèmes antiaériens ukrainiens détruits (selon les chiffres donnés par eux-mêmes, qui doivent être bien plus nombreux), il n’est pas crédible que la Russie ait perdu la guerre.

DAVID STAVROU
Le sauvetage de l'Holocauste des Juifs du Danemark : mythe et réalité

David Stavrou (bio), Haaretz, 3/2/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Des recherches récentes réexaminent les mythes historiques entourant le sauvetage des Juifs danois pendant l'Holocauste, révélant des intérêts sous-jacents surprenants.

 

Juifs danois fuyant vers la Suède en septembre 1943. « Les Danois qui ont aidé les Juifs l'ont fait pour préserver le caractère démocratique du pays - et non dans le cadre d'une opération de résistance », explique l'historienne Keren-Carmel.Photo: Scanpix Denmark/AFP

 

STOCKHOLM - Les horreurs de l'Holocauste ont donné lieu à de nombreux récits qui suscitent l'inspiration, mais beaucoup d'entre eux se sont terminés par un peloton d'exécution ou la corde du pendu. Le sauvetage des Juifs du Danemark, dont le 80e  anniversaire sera célébré cette année, est différent. C'est l'histoire d'un pays qui a décidé de sauver tous les membres de sa communauté juive - et qui a réussi.

 

Les Juifs danois avaient un avantage que ne partageaient pas les autres Juifs d'Europe : à la suite d'une fuite d'informations en provenance d'Allemagne, ils savaient ce qui les attendait. En effet, en octobre 1943, pendant Rosh Hashanah, beaucoup avaient déjà entendu parler de leur expulsion imminente. La population juive du Danemark s'élevait alors à environ 7 700 personnes, dont 1 200 Juifs arrivés récemment d'autres pays. Ceux qui ont reçu le rapport sont priés de transmettre l'information aux autres membres de la communauté et de se cacher. Dans le même temps, une sorte de soulèvement populaire éclate. Des Danois ordinaires - policiers et postiers, serveurs et chauffeurs, enseignants et membres du clergé - diffusent la nouvelle, et certains aident également les Juifs à trouver des voies d'évasion et des endroits où se cacher. Grâce au soutien populaire, presque tous les Juifs ont pu trouver des endroits où ils pouvaient se cacher de la Gestapo pendant les raids, puis des endroits où ils pouvaient attendre jusqu'à ce qu'ils puissent faire le voyage vers la Suède, qui leur avait déjà offert un sanctuaire. Tout le monde ne réussit pas à s'échapper. Certains membres malades et âgés de la communauté ont été capturés par les Allemands. Dans la ville de Gilleleje, par exemple, la Gestapo a attrapé et arrêté plusieurs dizaines de Juifs qui se cachaient dans les combles d'une église. Cependant, la grande majorité d'entre eux ont réussi à atteindre les villages et les villes situés le long de la côte du détroit d’Öresund, qui sépare le Danemark de la Suède. Les habitants de ces villages ont continué à les cacher jusqu'à ce que des pêcheurs et des marins puissent les emmener en Suède, pays neutre, sur des bateaux. Là encore, tout ne se passe pas sans heurts - certains bateaux coulent - mais finalement, la majorité des Juifs du pays, soit plus de 7 200 personnes, atteignent la Suède.

 

La plupart des faits concernant le sauvetage des Juifs danois ne sont pas contestés. L'histoire est devenue un mythe formateur qui est enseigné dans le système scolaire israélien, qui est souligné lors de cérémonies et qui est commémoré sur des sites publics, tels que Denmark Square et Denmark High School à Jérusalem et sur une place à Haïfa. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, le peuple danois n’a pas été désigné comme Juste parmi les nations par le mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem à Jérusalem (cette distinction n'est accordée qu'à des individus), bien que trois arbres y aient été plantés en l'honneur du peuple danois, de l'organisation clandestine du pays et du roi Christian X (qui a régné de 1912 à 1947).

 

Cette supposition est un autre exemple du fait que tout ce qui concerne les Juifs danois pendant l'Holocauste n'est pas fidèle aux faits. L'une des histoires les plus connues, par exemple, est que le roi a arboré l'étoile de David que les Juifs étaient obligés de porter dans de nombreux pays occupés, alors qu'il était à cheval dans les rues de Copenhague, en signe d'identification avec la communauté. Ce récit s'avère faux, probablement en raison des efforts de relations publiques déployés pendant la guerre par des Danois vivant aux USA et cherchant à améliorer l'image de leur patrie, qui avait capitulé devant les nazis presque sans combattre.

 

Pour comprendre si les autres récits sont également entachés d'éléments qui ne cadrent pas avec la vérité, il faut revenir en 1940. « Le Danemark a survécu à l'occupation nazie mieux que n'importe quel autre pays européen », explique l'historienne Orna Keren-Carmel de l'Université hébraïque de Jérusalem, spécialiste des relations entre Israël et la Scandinavie et auteur du livre “Israël et la Scandinavie : le début des relations"”(en hébreu), sur les liens entre le jeune État d'Israël et les pays scandinaves.

 

« Lorsque Hitler a envahi le Danemark, la Norvège, la Hollande, la Belgique et la France, explique le Dr Keren-Carmel dans une interview, il leur a fait à tous la même offre : capitulez d'avance, et en échange, vous aurez la possibilité de continuer à gérer vos affaires intérieures de manière souveraine, tandis que l'Allemagne sera chargée de la politique étrangère ».

 

Le roi  Christian X

Le Danemark est le seul pays à avoir accédé à cette offre, signant les termes de sa reddition en quelques heures, le 9 avril 1940. Selon Keren-Carmel, les Danois savaient qu'ils n'avaient aucune chance contre le “géant du sud”. Ils ont préféré capituler, préserver leur capacité à fonctionner et minimiser le coup porté à la population civile, à ses biens et à l'économie du pays. Les Allemands, de leur point de vue, ont choisi de gouverner le Danemark avec une “main de velours” afin de maintenir la stabilité politique et de profiter des exportations danoises », explique-t-elle.

 

En outre, note-t-elle, cette approche s'accordait également avec la théorie nazie des affinités raciales de la race aryenne et de la race nordique, et avec le “nouvel ordre européen” : Le plan des nazis était que les peuples nordiques les aident à gouverner les peuples dits inférieurs d'Europe de l'Est après la guerre.

 

JOTAM CONFINO
Juifs et musulmans roulent pour la paix : MuJu & Co., un club de motards danois unique en son genre

Jotam Confino (bio), Haaretz, 11/1/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les calottes ont remplacé les tête de mort : les membres du club de motards danois MuJu & Co. rêvent d'un voyage au Moyen-Orient.

 

MuJu & Co. en tournée sur l'île danoise de Bornholm, où ils ont visité des sites historiques et des églises, et célébré le Ramadan avec une famille musulmane locale. Photo : Dan Meyrowitsch

 COPENHAGUE - Ils célèbrent ensemble le Ramadan et Hanoukka, gardent les cimetières juifs lors de l'anniversaire de la Nuit de cristal et discutent d'un voyage en Pologne et d'une visite à Auschwitz. C'est une première mondiale : un club de motards juifs et musulmans qui sillonne les routes du Danemark pour promouvoir la coexistence entre les minorités religieuses.

 

Au lieu d'arborer des têtes de mort sur leurs vestes en cuir,

comme le font certains gangs de motards, les membres de MuJu & Co. MC Danmark portent un symbole qui unit juifs et musulmans : la hamsa, une amulette en forme de paume symbolisant la protection. Le club judéo-musulman a conçu sa propre version, remplaçant l'œil au centre de l'amulette par une roue de moto.

Pendant des années, on a associé les clubs de motards danois aux Hells Angels et aux Bandidos, deux bandes rivales qui se sont violemment affrontées dans les années 1990. Mais ils sont loin d'être les seuls clubs de ce type dans le pays. En fait, il y a bien plus de 200 clubs de motards au Danemark, selon l'organisation nationale danoise de la moto, et il est fréquent de voir des motards parcourir les routes du Danemark au printemps et en été. Mais il n'en existe aucun comme MuJu & Co.

 

Il a été cofondé en 2019 par Dan Meyrowitsch, un épidémiologiste juif de 60 ans de l'université de Copenhague, et Sohail Asghar, musulman et médecin de 44 ans. Les deux hommes sont amis depuis de nombreuses années et ont toujours partagé une passion pour les motos.

 

« En fait, tout a commencé par une blague », raconte Meyrowitsch. « J'ai suggéré à Sohail, qui est maintenant le vice-président du club, que nous devrions créer le premier club de moto juif-musulman au monde. Mais il a tout de suite aimé l'idée et a suggéré de le créer comme un club de motards à l'ancienne, avec un écusson, des gilets en cuir, une structure et une hiérarchie traditionnelles », ajoute-t-il.

 

Des membres de MuJu & Co. répondant à des questions lors d'un événement coordonné par le Centre d'information juif du Danemark dans une synagogue de Copenhague en novembre dernier.

Meyrowitsch, qui est aujourd'hui président du club, a grandi dans une famille juive traditionnelle dans la banlieue de Copenhague et a toujours eu une affinité avec les motos. Il dit qu'il a toujours été important pour lui de rompre avec les stéréotypes culturels sur les minorités religieuses. Et c'est exactement ce que fait son club.

 

« Nous voulons montrer aux gens que ce n'est pas parce que nous sommes juifs et musulmans que nous sommes si différents des autres Danois », dit-il. « Bien que je n'aie jamais été confronté à beaucoup de racisme, j'ai constaté une certaine distance entre les juifs et les musulmans au Danemark - et c'est une honte. C'est pourquoi notre club est un bon moyen de montrer que ça ne doit pas forcément être comme ça ».

 

Said Idrissi, 52 ans, est né au Maroc mais a passé la majeure partie de sa vie au Danemark, où il a grandi dans une famille musulmane traditionnelle dans l'un des quartiers les plus durs de Copenhague, Sydhavnen. Lorsqu'il a entendu dire que le premier club de motards judéo-musulmans était sur le point d'être créé, il a tout de suite su qu'il voulait en faire partie.

 

« Quand j'ai grandi, j'ai souvent entendu dire que les juifs et les musulmans ne s'entendent pas », raconte Idrissi, qui travaille comme charpentier. « Malheureusement, j'ai aussi entendu des musulmans dire qu'on ne peut pas faire confiance aux juifs. Et beaucoup d'entre eux vivent dans des régions où il n'y a pas de Juifs, donc ils n'ont aucune idée de qui ils sont vraiment. Mais quand je leur parle de ce club, ils sont curieux. Ils veulent savoir de quoi il s'agit. Je m'efforce toujours de leur faire part de mes expériences positives », note Idrissi.

 

Il occupe actuellement le poste de “capitaine de route” - ou, en termes plus simples, d'organisateur du club. Idrissi est chargé de vérifier les éventuels retards dans les tournées hebdomadaires prévues tout au long de la saison, qui commence en mars et se termine en octobre. Elles comprennent souvent des visites d'institutions juives, musulmanes et chrétiennes au Danemark : ils ont visité des églises, des mosquées, des synagogues, des musées et des cimetières dans ce petit pays, et ont été invités au festival annuel de la culture juive à Copenhague, où ils ont répondu à des questions sur le club et ses efforts pour promouvoir la coexistence

Des membres de MuJu & Co. écoutent l'Imam Abdul leur parler de la foi musulmane, au centre islamique de la ville danoise d'Albertslund. Photo : Dan Meyrowitsch