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23/11/2022

REINALDO SPITALETTA
Le Mondial de l'infamie

 Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, El Espectador, 22/11/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Il y a des années que le football a cessé d'être innocent et dans son histoire, à côté de ses fascinations et ses miracles, ses pièges et ses théatralités, il y a un catalogue de saloperies et autres trucs arbitraires. Au-delà des prodiges, des gambettes et des fioritures, des arrêts spectaculaires ou des buts qui conduisent à un orgasme universel, le football a contracté diverses maladies, transmises par les microbes du capitalisme et le désir infini de plus-values en vrac.

L'ombre du Mondial, par Raul Fernando Zuleta, Colombie

La FIFA, une transnationale privée dont l'ingérence dans la sphère publique est illimitée, a été complice de divers abus, et a encouragé la corruption, les pots-de-vin, les dessous-de-table et d'autres sources de discrédit parmi nombre de ses affiliés. La Coupe du monde au Qatar est un exemple de la manière dont le dieu des marchés, le grand seigneur Dom Argent, comme le chantait le poète [Quevedo : “Poderoso caballero es don dinero”], sert à cacher une foule de violations des droits humains et d'innombrables saloperies à l'encontre des travailleurs. En plus de parrainer des régimes dictatoriaux, comme celui l'émir Tamim ben Hamad Al Thani.

Au-delà d'une "chalaca" [bicyclette], d'un "taquito" [talonnade] éblouissant, d'un "but olympique" (comme le seul marqué à ce jour dans une Coupe du monde, celui du Colombien Marcos Coll contre le meilleur gardien du monde, Lev Yashin, l'Araignée noire), d'un "mur" plus colossal que n'importe quel stade, le football a servi à la protection des dictateurs et à la dissimulation de diverses ignominies. La dynastie "au sang bleu" de l'émir qatari a démontré son pouvoir infini, dans lequel le peuple n’a u’à fournir de l’huile de coude et du sang rouge, vulgaire et sans pedigree.

Avant même 2010, les caractéristiques antidémocratiques du régime de ce pays arabe exotique étaient déjà connues. La FIFA, qui ne s'intéresse pas ou peu aux questions "mineures", comme celle de savoir si le pays désigné est un paradis ou un enfer (elle dira avec dérision qu'elle ne se mêle pas des affaires intérieures du pays choisi comme hôte, même s'il y a des manœuvres corrompues, comme il y en a eu), a attribué la Coupe du monde au Qatar. On connaissait toutes les pressions, les astuces, les ingérences politiques et les pots-de-vin. Rien d'inhabituel. C'est un vieux style. Le dieu d'or décide. Toutes les prières à lui, le béni, le loué.

Le Qatar, grâce aux offices de l'or (et du Maure ?) et que tout, si vous avez le pouvoir du pétrole (or noir) et d'autres richesses, devient possible, a été choisi (prédestiné ?), non pas par Allah, "le plus grand", grâce au pouvoir despotique d'une caste, d'un régime anti-démocratique, qui désormais fera partie du langage courant du monde entier. La FIFA a pris un pari (des années plus tard, quand il était trop tard, sa plus grande plume, le Don Blatter, l'a regretté). Le football peut tout faire.

Qui construira les stades, qui construira toutes les infrastructures (qui a construit Thèbes aux sept portes, se demandait Bertolt Brecht). C'est pour cela que les pauvres d'ailleurs, du Pakistan, des Philippines, du Sri Lanka, du Népal et de l'Inde étaient là, pour travailler de "janvier à janvier", de "dimanche à dimanche", sans droits, juste pleins de besoins et d'urgences. Ceux que les lignées intouchables peuvent exploiter car c'est pour cela qu'elles se sont remplies les poches et autres banques. C'est pour cela qu’elles gouvernent.

Soudain, le monde a commencé à savoir, grâce à des enquêtes journalistiques, par exemple celles du Guardian, que quelque chose de grave se passait avec les travailleurs immigrés au Qatar, un pays où, pour couronner le tout, la liberté d'expression n'existe pas, les femmes sont maltraitées et les relations homosexuelles sont interdites (criminalisées et traitées comme des "maladies mentales"), entre autres vilénies et affronts. Le nouvel esclavage est devenu notoire. L'exploitation infernale des parias.

Des stades construits avec le sang des travailleurs. Selon le journal anglais, 6 500 migrants sont morts dans la réalisation de ces œuvres brillantes et pompeuses qui sont aujourd'hui le temple du football mondial. Qui se soucie des morts, ou des innombrables abus, si tout reste brillant, si les élites au pouvoir peuvent rire et montrer leur luxe, tandis que des milliers de familles pleurent leurs absents. Qu'importe s'il n'y a pas de libertés, si les droits des femmes, des LGBTQ, de ceux qui veulent manifester une certaine antipathie pour l'émir tout-puissant sont violés, si les cris de « Goal ! » permettent de couvrir l'opprobre.

Le football n'est plus innocent. Mussolini, par exemple, le savait en 1934. Les nazis le savaient. Et certains dictateurs africains. La junte militaire d'Argentine en 78 le savait, quand les cris de « Goal ! » noyaient les cris des torturés et camouflaient les milliers de disparus. Elle avait déjà été démontrée par les militaires brésiliens répressifs en 1970, que Pelé, le Roi, a gratifié de son génie. Au Qatar, on peut dire que le football entre avec du sang. Un dribble, un arrêt de balle, une feinte de frappe, un tir au poteau, un but, font oublier les saloperies.

Les "thérapies de conversion" pour le saint émir et son régime de merde (qui a la couleur de l'or) sont loin. Le goal rend amnésiques.


REINALDO SPITALETTA
El Mundial de la infamia

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, El Espectador, 22-11-2022

El fútbol dejó de ser inocente hace años, y en su historial, con fascinaciones y milagros, trampas y teatralidades, hay un catálogo de desafueros y otras arbitrariedades. Más allá de los prodigios, de las gambetas y las florituras, de las atajadas espectaculares o de los goles que conducen a un orgasmo universal, el fútbol contrajo disímiles enfermedades, auspiciadas por los microbios del capitalismo y las ganas infinitas de plusvalías a granel.

La sombra del Mundial, por Raul Fernando Zuleta, Colombia

La FIFA, una transnacional privada con injerencia sin límites en lo público, ha sido cómplice de distintos desmanes, además de propiciar corruptelas, coimas, sobornos y otra feria de desprestigios en muchos de sus afiliados. El Mundial de Qatar es una muestra de cómo el dios de los mercados, el gran señor don dinero que cantara el poeta, sirve para esconder un sartal de violaciones a los derechos humanos y despropósitos sin cuento contra los trabajadores. Amén de auspiciar regímenes dictatoriales, como pasa con el del emir Tamim bin Hamad Al Thani.

Más allá de una “chilena”, de un deslumbrador “taquito”, de un “gol olímpico” (como el único hasta ahora marcado en un Mundial, el del colombiano Marcos Coll contra el mejor arquero del orbe, Lev Yashin, la Araña Negra), de una “pared” más colosal que cualquier estadio, el fútbol se ha usado para la protección de dictadores y el ocultamiento de diversas ignominias. La dinastía de “sangre azul” del emir qatarí ha hecho demostración de su poder infinito, en el que al pueblo solo le corresponde poner trabajos y sangre roja, vulgar y sin abolengo.

Antes de 2010 ya se sabía de las mañas y características antidemocráticas del régimen del exótico país árabe. La FIFA, a la que asuntos “menores”, como si el país designado es un paraíso o un infierno, poco o nada le interesan, (dirá con sorna que no se entremete en los fueros internos del país elegido como sede, incluso si hay maniobras corruptas, como las ha habido), concedió la sede del Mundial a Qatar. Se supo de todas las presiones, patrañas, intermediaciones políticas y sobornos. Nada raro. Es un viejo estilo. El dios oro decide. Todas las oraciones para él, el bendito, el alabado.

Qatar, gracias a los oficios del oro (¿y del moro?) y que todo, si se tiene el poder del petróleo (oro negro) y de otras riquezas, se hace posible, fue el seleccionado (¿predestinado?), no por Alá, “el más grande”, gracias al poder despótico de una casta, de un régimen antidemocrático, que desde entonces pasaría a hacer parte del lenguaje cotidiano del orbe entero. La FIFA se la jugó (años después, cuando ya era muy tarde, se arrepintió su pluma mayor, el don Blatter). El fútbol todo lo puede.

Quién construirá los estadios, quién todas las infraestructuras, (¿Quién construyó Tebas, la de las siete Puertas?, se preguntaba Bertolt Brecht). Para eso estaban los pobres de otras partes, de Pakistán, de Filipinas, de Sri Lanka, de Nepal y de la India, para trabajar de “enero a enero”, de “domingo a domingo”, sin derechos, solo llenos de necesidades y urgencias. A los que las estirpes intocables pueden explotar porque para eso han repletado sus bolsillos y otros bancos. Para eso mandan.

De pronto, el mundo comenzó a saber, gracias a investigaciones periodísticas, por ejemplo, las realizadas por The Guardian, que algo grave pasaba con los inmigrantes obreros en Qatar, un país en el que, por si fuera poco, no hay libertad de expresión, se maltrata a las mujeres y se prohíben relaciones homosexuales (se criminalizan y se tratan como “daño mental”), entre otros vilipendios y afrentas. Se supo del nuevo esclavismo. La explotación infernal de los descastados.

Estadios construidos con sangre obrera. Según el periódico inglés, 6.500 migrantes murieron en las hechuras de las brillantes y pomposas obras que hoy son el templo del fútbol mundial. Qué importan los muertos, ni los innumerables abusos, si todo quedó resplandeciente, si las élites dominantes pueden reír y mostrar sus lujos, al tiempo que miles de familias lloran a sus ausentes. Qué importa si no hay libertades, si se vulneran los derechos de las mujeres, de los lgtbi, de los que quieren manifestar alguna antipatía por el todopoderoso emir, si los gritos de gol taparán el oprobio.

El fútbol dejó de ser inocente. Lo sabía, por ejemplo, Mussolini en 1934. Lo supieron los nazis. Y ciertos dictadores africanos. Lo supo la junta militar de Argentina 78, cuando los gritos de gol ahogaban los lamentos de los torturados y camuflaban a los miles de desaparecidos. Ya lo habían demostrado los represivos militares brasileños de 1970, a los que Pelé, el Rey, complació con su genio. En Qatar se puede decir que el fútbol con sangre entra. Un driblin, una atajada, un “túnel” (caño u ordeñada), un tiro en el palo, un gol, hacen olvidar las tropelías.

Están lejanas las “terapias de conversión” para el sagrado emir y su régimen de mierda (que tiene el color del oro). El gol hace olvidar.