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13/02/2025

EMMA GOLDBERG
À la recherche de Dieu, ou de Peter Thiel, dans la Silicon Valley

 Lorsque des manitous du monde de la technologie parlent de leur foi chrétienne, les gens les écoutent.

Emma Goldberg, The New York Times, 11/2/2025
Traduit par 
Fausto GiudiceTlaxcala

Emma Goldberg est une journaliste couvrant le monde de l’entreprise qui s’intéresse à la culture du lieu de travail et à l’évolution du travail à une époque de changements sociaux et technologiques. En savoir plus sur Emma Goldberg

Tout s’est enclenché lorsque Peter Thiel a prononcé le discours sur Dieu.

“Il s’agissait d’une fête d’anniversaire pour les 40 ans de Trae Stephens, partenaire en capital-risque de Thiel et l’un des fondateurs d’Anduril Industries, un fabricant de systèmes de défense et d’armement de haute technologie. L’événement s’est déroulé sur plusieurs jours, en 2023, au domicile de Stephens, au Nouveau-Mexique. Il a commencé par une soirée en l’honneur du quarantenaire, suivie d’une autre où l’on a porté un toast, puis d’un brunch avec caviar, mimosas et pizzas de petit-déjeuner. Lors du brunch (dont le thème était le Saint-Esprit), Thiel, milliardaire de la Silicon Valley et faiseur de rois de la droite, a prononcé un discours sur les miracles, le pardon et Jésus-Christ. Les invités ont été captivés.

« Dans la salle, plus de 220 personnes, pour la plupart issues du monde de la technologie et du capital-risque, venaient nous voir en disant : Oh, mon Dieu, je ne savais pas que Peter Thiel était chrétien” », se souvient Michelle Stephens, l’épouse de Stephens. « Il est gay et milliardaire. Comment peut-il être chrétien ? »

Cette réaction – froncements de sourcils, curiosité sincère - a donné une idée à Mme Stephens : réunir des personnes influentes, y compris dans la Silicon Valley, pour parler de la foi chrétienne. L’année dernière, elle a créé une association à but non lucratif appelée ACTS 17 Collective, qui organise des événements au cours desquels les grands noms des secteurs de la technologie et du divertissement discutent de leur foi. Pour ceux qui sont en quête de spiritualité, mais aussi de professionnalisme, c’est l’occasion de se rapprocher des demi-dieux de l’industrie.

Thiel a été l’orateur principal de la première manifestation d’ACTS 17 en mai dernier, au domicile de Garry Tan, directeur général de Y Combinator, à San Francisco. Il a expliqué comment la théologie chrétienne influence sa politique et lesquels des dix commandements sont le plus importants pour lui. ((Le premier et le dernier : Adore Dieu, et Ne convoite pas le bien d’autrui) Un DJ a mis de l’ambiance en mixant des rythmes religieux pour les plus de 200 participants.

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RODERT DRAPER
Comment Charlie Kirk est devenu l’homme qui susurre l’air de la trumperie à l’oreille des jeunes aux USA

 Sur son chemin vers le cercle intime de Trump, il a moissonné des donateurs, des électeurs, des tiktokeurs et des amis très influents

Robert Draper, The New York Times, 10/2/2025
Une version de cet article a été publiée le 16 février 2025, à la page 20 du Sunday Magazine, sous le titre : “He Always Delivers” [Il tient toujours ses promesses]

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Robert Draper couvre la politique intérieure des USA pour le Times depuis Washington. Il est l’auteur de plusieurs livres et a été journaliste pendant trois décennies. Pour cet article, il a interviewé Charlie Kirk à quatre reprises et a assisté à une réunion de donateurs et à un bal célébrant l’investiture de Donald Trump.

Environ une heure avant que Donald J. Trump ne prête serment, Charlie Kirk était assis dans la rotonde du Capitole lorsqu’il a jeté un coup d’œil à son iPhone. Ce que ce militant conservateur et personnalité des médias de 31 ans a vu l’a fait déglutir de rire. Un journaliste de The Daily Beast avait posté sur X : « ‘Charlie Kirk a de meilleures places que tous les membres du Congrès. Ça vous dit à quel point Trump ne pense pas au Congrès’, m’a dit un législateur du GOP* ». Vingt minutes plus tard, Kirk a vu qu’un sénateur républicain de l’Indiana, Jim Banks, avait posté une sorte de réfutation : « Charlie Kirk a fait plus que la plupart des membres du Congrès réunis pour que nous en soyons là aujourd’hui ».

Kirk se demandait comment tout le monde aurait réagi s’il avait pris la place beaucoup plus proche qui lui avait été offerte à l’origine. Au lieu de cela, l’événement ayant été déplacé à l’intérieur, sa femme et lui se sont retrouvés à quelques dizaines de rangées de la scène. Kirk vit à Scottsdale, en Arizona, mais il a emmené sa femme et leurs deux jeunes enfants avec lui pour séjourner pendant dix jours à l’élégant hôtel Salamander, à Washington, en janvier, lorsque l’administration Trump a pris le pouvoir, tout comme il avait déraciné sa famille trois jours après l’élection et l’avait installée pour un séjour de deux mois dans un appartement à Palm Beach, en Floride, près de la propriété de Trump à Mar-a-Lago.

Comme tant d’autres dans l’écosystème MAGA, Kirk est très à l’écoute de l’action liée à Trump. La différence, c’est que Kirk semble toujours se retrouver au cœur de l’action, chaque fois qu’il s’y présente. Pendant la première présidence de Trump, Kirk m’a dit qu’il s’était rendu à la Maison Blanche « plus d’une centaine » de fois. Quelques jours après la victoire de Trump en novembre, Kirk faisait partie d’un groupe restreint de conseillers chargés d’examiner les candidats à la Maison-Blanche pour déterminer s’ils avaient fait preuve d’une loyauté sans faille à l’égard de Trump. Selon deux sources au fait des événements, Kirk s’est retrouvé plus d’une fois dans la même pièce que le président élu pour discuter des candidats potentiels à un poste de ministre.

La proximité de Kirk avec Trump est d’autant plus notable qu’il n’a jamais exercé de fonction, travaillé à la Maison Blanche ou occupé un poste dans l’équipe de campagne. Il puise sa valeur ailleurs. Kirk est à la tête de Turning Point USA, la principale organisation de jeunes conservateurs du pays, qu’il a créée à l’âge de 18 ans. Elle possède des sections dans plus de 850 universités qui inscrivent les étudiants sur les listes électorales, font venir des conférenciers conservateurs sur les campus et organisent un réseau national de dirigeants d’associations étudiantes de droite. La demi-douzaine d’événements annuels de Turning Point, auxquels participent les plus grands noms de la droite, de Trump jusqu’au bas de l’échelle, sont des productions élégantes qui attirent des foules énormes.

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IGNACIO CEMBRERO
“Même avec trois rois, on ne pourra plus acheter de gaz” : une femme au foyer condamnée à 2 ans de prison pour une blague
On ne plaisante pas sur la monarchie marocaine

Rachida Jalali, mère de quatre enfants, purge une peine de deux ans de prison pour avoir écrit sur Facebook qu’avec un billet à l’effigie des trois derniers rois alaouites, on ne pourra plus acheter de bouteille de butane

 Ignacio Cembrero, El Confidencial, 10/2/2025

Quand elle a appris que le prix d’une bouteille de gaz de 12 kilogrammes allait dépasser les 50 dirhams (4,82 euros), Rachida Jalali, une femme au foyer marocaine, a fait une petite blague sur sa page Facebook. « Même avec trois rois, on ne pourra plus acheter de gaz », a-t-elle commenté. Elle a accompagné son message d’un billet de 50 dirhams illustré par l’effigie des trois rois que le Maroc a eus depuis son indépendance en 1956 : Mohamed V, Hassan II et l’actuel, Mohamed VI.

Son commentaire est devenu viral dans un pays où les manifestations contre la vie chère se multiplient et qui a connu mercredi 5 février son premier mouvement de grève générale en neuf ans, même s’il n’a pas été très suivi, sauf dans le secteur de l’éducation.


La popularité de la plaisanterie de Rachida Jalali a fini par éveiller, avant qu’elle ne la supprime, l’intérêt de la police qui s’est présentée à son domicile de Khouribga, dans le centre du pays, où vit désormais cette mère de quatre enfants. Elle a émigré en Italie il y a des années, mais avait décidé de revenir pour monter une entreprise dans sa ville natale. Les agents l’ont d’abord interrogée sur ses intentions en publiant ce message, pour savoir s’il s’agissait d’une critique des autorités. Ensuite, ils l’ont mise à la disposition de la justice.

La semaine dernière, Rachida Jalali a été condamnée par un tribunal de Khouribga à deux ans de prison pour « offense aux institutions de l’État », ce que le code pénal marocain punit, si elle est formulée en public, d’un à cinq ans de prison et d’une amende. Cela aurait été pire si les juges l’avaient condamnée, comme ils ont failli le faire, pour offense au roi.

« Ma cliente n’avait aucune intention malveillante », a expliqué l’avocat de Rachida Jalali aux quelques journalistes qui se sont intéressés au procès au Maroc. « Elle a fait une blague comme il s’en fait des centaines chaque jour sur les réseaux sociaux », a-t-il ajouté. « La condamner, c’est envoyer un message inquiétant à la société », a-t-il conclu.

Rachida Jalali a commencé à purger sa peine à la prison pour femmes d’Oukacha (Casablanca), d’où elle a réussi à faire passer un message audio le week-end, qui a également beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Elle y annonce qu’elle entame une grève de la faim pour protester contre une condamnation qu’elle juge injuste, mais finit par crier « Vive le roi » comme pour se faire pardonner.

La bouteille de gaz coûte désormais 50 dirhams au Maroc, mais après le ramadan, fin mars, elle passera à 60, selon les annonces de la presse, et à 70 l’année prochaine. Il s’agit d’« alléger les dépenses de la Caisse de compensation », selon le journal makhzénien Le 360, qui subventionne de nombreux produits de base. Aujourd’hui, près de la moitié du prix de la bouteille est à la charge de l’État.

Les tribunaux marocains continuent de prononcer des condamnations à caractère politique contre des militants, mais celle d’une femme au foyer est exceptionnelle. La plus légère des condamnations récentes a été infligée à IsmaelLghazaoui, un an de prison et une amende de 5 000 dirhams (482 euros) pour avoir manifesté devant le consulat des USA à Casablanca et contre un cargo MAERSK transportant des armes vers Israël et faisant escale à Tanger. La peine la plus sévère, cinq ans de prison, a été prononcée en avril contre Abderrahmane Zankad, coupable d’avoir dénoncé sur les réseaux sociaux les relations étroites entre le Maroc et Israël, dont il a imputé la responsabilité à Mohamed VI.

Les journalistes ne sont pas non plus épargnés, bien que trois d’entre eux aient été partiellement graciés par le roi en juillet et soient sortis de prison. Le dernier à avoir été condamné est Hamid El Mahdaoui, mais il pourrait peut-être échapper à la prison. Il a fait appel d’une décision qui l’a condamné en novembre à 18 mois de prison et à une lourde amende pour « diffusion de fausses allégations » et « diffamation », selon le Code pénal. Il aurait dû être jugé en vertu de la loi sur la presse et les publications, a souligné Reporters sans frontières dans un communiqué.